Jobineries

Blogue de Gilles G. Jobin, Gatineau, Québec.

jeudi 1 mars 2012

Chemin faisant, page 63

Les vieux rêveurs entrent tôt ou tard dans la corporation des mécontents.

L'envie de briller ne donne pas l'éclat, l'envie de chanter ne donne pas la voix.

L'amour n'est pas rêveur de sa nature ; il ne se sert de la rêverie que pour arriver à ses fins.

Les bêtes font moins valoir les méchants que les méchants ne font valoir les bêtes.

Les esprits qui cherchent, les coeurs qui luttent sont ceux que la nature arme chevaliers, puisqu'elle en fait des combattants.

Le don de bien juger est un capital qui ne se transmet ni par héritage ni par éducation.

Ne pas chanter sans voix, ne pas paradoxer sans esprit, ne pas questionner sans à-propos : petites vertus de société.

Anne Barratin, Chemin faisant, Ed. Lemerre, Paris, 1894

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Comment changer l'école ?

Tantôt, j’ai vu passer plusieurs gazouillis avec le mot-clic #TEDxWB. Les participants semblaient enthousiastes. Il y a eu plusieurs évocations selon lesquelles l’école doit absolument changer.

Je n’ai lu, cependant, à peu près aucune proposition concrète d’action. Pourquoi ? Parce que je pense que personne ne croit vraiment qu’on puisse changer quelque chose.

Oh ! bien sûr, il y a quelques enseignants qui vraiment font un boulot remarquable pour amener des changements. En fait, je crois que presque tous les enseignants font un remarquable travail.

Mais, voyez-vous, ils ont les mains et les pieds liés.

Liés au programme de formation.
Liés aux impératifs administratifs (bulletins, examens, normes et modalités, critères d’évaluation, projet éducatif, gestion par les résultats, etc.)
Liés aux attentes des parents.
Liés par des contraintes technologiques.
Liés aux attentes de la ministre.
Liés.

Je ne pense pas que les changements du système, qu’ils soient ou non désirés par les enseignants, seront provoqués par ces derniers.

Non.

Les changements devront passer par les élèves eux-mêmes.

Si j’utilisais un peu de délinquance créative, je suggérerais aux élèves, surtout aux plus «forts» de refuser toute évaluation institutionnelle. Je leur dirais :

Refusez de faire des examens du MELS.
Refusez qu’on vous remette un bulletin avec des notes ridicules.
Refusez qu’on vous catégorise et qu’on vous trie selon les notes que vous obtenez.

Et exigez !

Exigez de comprendre et qu'on vous donne le temps de comprendre.
Exigez qu'on respecte votre rythme d'apprentissage.
Exigez qu'on cesse de vous préparer à des examens.
Exigez d'avoir du plaisir à apprendre.

Sans évaluation institutionnelle, croyez-moi, l’école changerait !

mercredi 29 février 2012

Chemin faisant, page 62

Ne croyez ceux qui disent : « Fi de l'or ! » que s'ils en ont des piles sous la main.

La tentation est une habile maîtresse qui nous caresse sans nous aimer, qui nous émeut sans s'émouvoir.

La vie nous demande toujours, et quand nous ne lui donnons pas, elle prend.

La vie nous oblige bien inutilement à penser à nous : personne, je crois, ne l'eût oublié.

L'esprit de sa position, la force de sa tâche, le caractère de son milieu, dons précieux du sort.

Un noble ne s'ignore jamais, un riche fort rarement, un sot toujours.

Anne Barratin, Chemin faisant, Ed. Lemerre, Paris, 1894

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mardi 28 février 2012

Chemin faisant, page 61

La logique ne colore pas, elle fait mieux : elle proportionne.

Les traditions sont de silencieuses cohortes : elles veillent sur les morts et sur leurs testaments.

Il en est du bonheur comme d'une mère, on ne le comprend bien que lorsqu'on ne l'a plus.

On est toujours riche quand on se suffit, et à peu près heureux quand on s'approuve.

Il ne faut pas juger les actions des autres d'après nos tentations, mais d'après les leurs.

On l'excuse si gentiment que le péché reste l'enfant prodigue allant toujours prodiguant.

Anne Barratin, Chemin faisant, Ed. Lemerre, Paris, 1894

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Études : Collection H. Mattison (1 - 6)

Études de Herman Mattison
Les diagrammes sont cliquables.


1. Rigasche Rundschau
1911
+
2. Rigaer Tageblatt
1912
=
3. Rigasche Rundschau
1912
=
4. Rigasche Rundschau
1912
+
5. Rigaer Tageblatt
1913
=
6. Rigaer Tageblatt (c)
1913
=




Herman Mattison (1894 - 1932), né en Lettonie, fut un grand joueur d'échecs et un brillant compositeur d'études.

En 1924, il devança Euwe et Colle au premier championnat du Monde amateur. En 1931, il représenta son pays au premier échiquier à l'Olympiade d'échecs de Prague. Il battit Rubinstein et le champion du monde de l'époque, Alexandre Alekhine.

Mattison composa de magnifiques études échiquéennes, et j'aimerais ici les republier pour, je l'espère, le plus grand plaisir de mes lecteurs amateurs du noble jeu.

Je publierai 6 études par semaine concentrées dans un seul billet.

En cliquant sur un diagramme, vous pourrez méditer sur un échiquier un peu plus large. Puis, si vous le désirez, vous pourrez suivre la solution et toutes ses variantes. Vous contrôlez la solution soit en cliquant sur un des boutons de contrôle au bas de l'échiquier, soit en cliquant sur un coup de la solution ou d'une variante. Vous pouvez aussi utiliser les touches du clavier.

Il est difficile d'atteindre sans l'ombre d'un doute la vérité dans une étude. Si vous trouvez des erreurs, n'hésitez pas à laisser un commentaire !

Pour réaliser cette page, j'ai utilisé l'excellent script PGN-VIEWER sous creative commons développé chez Chess Tempo.

lundi 27 février 2012

Chemin faisant, page 60

Notre coeur a l'âge de nos passions.

L'être qui regrette est encore bien vivant.

Le malheur donne souvent de l'esprit à ceux qui n'en ont pas, et le bonheur en ôte souvent à ceux qui en ont.

Le secret d'autrui, c'est l'enfant adopté; à lui d'abord nos attentions et nos soins.

Un bon ouvrier ne trouve pas toujours de l'ouvrage, mais un bon coeur trouve toujours de l'emploi : le malheur n'est-il pas le plus vaste de tous les ateliers?

L'épreuve nous connaît mieux que nous-même : elle nous révèle notre côté vulnérable en l'attaquant.

Anne Barratin, Chemin faisant, Ed. Lemerre, Paris, 1894

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dimanche 26 février 2012

Chemin faisant, page 59

Il est des gens qui n'ont pas volé l'oubli.

Deux débris s'étayent-ils ou croulent-ils plus vite par le rapprochement ?

On ne devrait discuter qu'avec ses égaux, car il y a des opinions de caste comme il y a des vérités de situation.

L'adresse nous sert tous les jours, l'intelligence tous les dimanches.

La discrétion qui survit à l'amitié est une rarissime vertu.

Que de coupes de ciguë rencontre le bon sens !

Que de gens on accompagne à la frontière pour voir de plus près leurs talons !

Anne Barratin, Chemin faisant, Ed. Lemerre, Paris, 1894

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samedi 25 février 2012

Jobin 0, Shirov 1



18 joueurs à la simultanée donnée par le GMI Shirov à Gatineau hier soir. Voici ma défaite :

Miette 18 : Il ressemble aux anguilles de Melun

L'ouie

Il ressemble aux anguilles de Melun.

Sommaire. — Le mutisme du poisson mort ou vif. — Conséquence d'une apostrophe.

Les anguilles se divisent en deux grandes catégories, les anguilles de mer et les anguilles d'eau douce (rivières, lacs, étangs). Toutes ces anguilles font partie des poissons et n'ont, pas plus que ceux-ci, jamais poussé le moindre cri. Qu'on les écorche ou qu'on ne les écorche pas, qu'elles soient nées natives de Melun ou d'ailleurs, qu'elles sortent de l'eau insipide ou de l'eau salée, elles sont muettes comme des carpes.

Mais, me direz-vous, pourquoi compare-t-on une personne, qui a peur avant qu'on ne lui fasse du mal et même avant qu'on ne la touche, à l'anguille de Melun « qui crie avant qu'on l'écorche » ? — Cela vient de ce qu'un propos passant de bouche en bouche est presque toujours dénaturé. Pour le comprendre, il convient de remonter à l'origine; c'est ce que je vais faire pour mes anguilles.

Au moyen âge on représentait des « mystères ». Dans la ville de Melun, figurait parmi les interprètes un jeune homme qui avait la passion du théâtre. Il s'appelait Languille. Remplissant le rôle d'un saint qu'on allait écorcher vif, il fut pris d'une telle peur à la vue des instruments de torture qu'il s'enfuit à toutes jambes en poussant des cris d'effroi. Ses camarades, moqueurs, le poursuivirent de leurs lazzis : « Voyez Languille qui crie avant qu'on l'écorche ! »

L'anecdote se propagea dans les villages voisins où l'on raconta l'histoire de Languille, celui de Melun ; elle fit le tour de la France, on comprit qu'il était question d'une anguille et non d'un homme, et l'on dit l'anguille avec une apostrophe; puis les gourmands, trouvant que, pour faire une bonne matelote, une anguille ne suffisait pas, en mirent plusieurs et voilà comment on se moque d'un homme craintif ou timoré en lui rappelant qu'à l'instar des anguilles de Melun, « il crie avant qu'on l'écorche ».

Émile Genest, Miettes du passé, Collection Hetzel, 1913. Voir la note du transcripteur.

Chemin faisant, page 58

Aimer Dieu, ce n'est pas seulement admirer toutes ses oeuvres, c'est accepter toutes ses lois.

Le goût est presque un sentiment.

Accepter la leçon que veut nous faire un ignorant, quel bon petit acte d'humilité !

Le livre qui va paraître, c'est comme la jeune fille qui va se marier; il ne faut pas trop raccourcir les fiançailles : ce qui suit vaudra-t-il ce qui précède ?

Les riches qui pensent, les pauvres qui plaignent, les jeunes qui sentent, les vieux qui aiment, tous gens d'exception.

Diminuer ses besoins, c'est remplir sa bourse.

Anne Barratin, Chemin faisant, Ed. Lemerre, Paris, 1894

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vendredi 24 février 2012

Chemin faisant, page 57

Il y a des gens qui font en souriant les plus grandes choses, comme d'autres en pleurant les plus petites.

Le caprice convient à certaines femmes comme le bijou à certaines oreilles ; il complète leur expression.

N'est-il pas pénible de se dire qu'aimer ce n'est pas toujours respecter ?

L'expérience est une ride qui vient rarement avant le temps.

Un des grands défauts des gens d'esprit, c'est de nous rapetisser les autres.

Comme à la fleur, ne demande à l'amabilité que son parfum.

Anne Barratin, Chemin faisant, Ed. Lemerre, Paris, 1894

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jeudi 23 février 2012

23 février

J'avais raté ce reportage d'Une heure sur terre. Si jamais F. Legault prend le pouvoir et applique son idée ridicule de vouloir évaluer à la performance les enseignants de la province, on voit bien à quoi cela pourrait ressembler.

Le cinéma est un hymne au mensonge fondé sur la croyance que les êtres humains sont réductibles à une projection sur deux dimensions.
Bernard Arcand, Le mensonge, p.89, De la fin du mâle, de l'emballage et autres lieux communs, Éd. Boréal.

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