Jobineries

Blogue de Gilles G. Jobin, Gatineau, Québec.

samedi 28 janvier 2012

Chemin faisant, page 29

On est généralement plus content d'avoir dit la vérité que de l'avoir entendue.

Tous les bonheurs se paient, si tous les malheurs ne se méritent pas.

C'est le cœur qu'on tend souvent au collier, et pas toujours le cou.

Pourquoi craint-on sa conscience? Parce que c'est un créancier.

Les larmes, en confondant les castes, démentent les préjugés.

Qu'il y a de genres de solitudes produites par cet état unique : être seul !

Anne Barratin, Chemin faisant, Ed. Lemerre, Paris, 1894

Lire le premier billet consacré à cette série.

Citations quotidiennes 28.01.12

[...] la vertu consiste d'abord à prendre son temps.
André Dhôtel (Le pays où l'on n'arrive jamais, p.129, Librio n°276)

Dieu est la commode sténographie qui réunit, en une seule étreinte, l'origine et le destin. Concilier ces deux instances est l'effort immémorial de l'espèce.
Carlos Fuentes (Diane ou La chasseresse solitaire, trad. Céline Zins, p.10, nrf Gallimard)

Si tu prends un rôle au-dessus de tes forces, non seulement tu y fais pauvre figure, mais celui que tu aurais pu remplir, tu le laisses de côté.
Epictète ( Manuel, trad. Mario Meunier, p.226 Éd. Garnier-Flammarion n°16)

C'est une chose étonnante de constater avec quel acharnement nous refusons la fatalité du provisoire.
Hervé Bazin (Ce que je crois, p.75, Livre de Poche n°5141)

[...] un vieux proverbe mozarabe : « Le flambeau n'éclaire pas sa base. »
Auguste Villiers de l'Isle-Adam (Deux augures, p. 52 Contes Cruels, éd. Classiques Français.)

Voir Au fil de mes lectures.

vendredi 27 janvier 2012

Chemin faisant, page 28

Même quand on croit avoir conquis le bonheur, il faut savoir le perdre.

Qu'est-ce que le découragement? Une intermittence de l'espérance.

Le cœur n'a pas besoin d'attendre le soir pour avoir fait sa journée.

On est encore riche avec des regrets, puisqu'il y a des remords.

Il est encore plus consolant de voir le vice puni que la vertu récompensée.

Tous les bonheurs qui se connaissent, comme toutes les vertus qui s'ignorent, ont chance de durer.

Anne Barratin, Chemin faisant, Ed. Lemerre, Paris, 1894

Lire le premier billet consacré à cette série.

Miette 10 : L'appétit vient en mangeant

Le goût

L'appétit vient en mangeant

Sommaire. — La cloche sonne. — Le rat du poète Horace. — Conscience pure, estomac plein. — L'ivresse ou l'indigestion vous guette. — Théorie du domestique. — Béatitude du maître.

« Le Créateur, en obligeant l'homme à manger pour vivre, l'y invite par l'appétit, et l'en récompense par le plaisir. »1 a

La cloche du dîner vient de sonner; vous vous dirigez à pas lents et comme attristés vers la salle à manger. Vous n'avez pas faim ! Vous vous mettez tout de même à table.

Vous goûtez au premier mets, dente superbo, « d'une dent dédaigneuse », comme le rat d'Horace; cela vous semble assez bon, vous y prenez goût ; de même au second service et ainsi de suite jusqu'à la fin du repas que vous quittez d'un pas allègre et d'un air réjoui, satisfait du devoir accompli, la conscience pure et l'estomac plein.

C'est en mangeant que peu à peu l'appétit vous est venu.

De même dans le courant de l'existence, quand on trouve du plaisir à une chose, on est enclin à vouloir l'accentuer et en jouir le plus possible.

Quo plus sunt potae, plus sitiunlur aquae.2 b

« Plus on a bu, plus on a soif. » Plus on a du bien, plus on veut en avoir. Ce n'est pas toujours raisonnable, car on atteint aisément l'exagération qui mène à l'ivresse ou à l'indigestion.

Pour l'accroissement de sa fortune on se donne aussi beaucoup de mal, on passe beaucoup de nuits sans sommeil ; la tranquillité et le bonheur ne sont pas fatalement au bout.

C'était la théorie d'un domestique observateur qui l'exposait d'une façon assez réjouissante quoique paradoxale : « Les maîtres sont les parias de la société, c'est nous qui sommes les privilégiés. Voyez plutôt : un maître se tue au travail; quelle est son ambition ? De nourrir un domestique ! Il se remet au travail pour nourrir un second domestique. Quand un maître peut arriver à nourrir six domestiques, il est au comble de ses voeux ! »


1 Brillat-Savarin, Physiologie du goût.
a [GGJ] Jean Anthelme Brillat-Savarin, né le 2 avril 1755 à Belley et mort le 1er février 1826 à Paris, fut un illustre gastronome français. - Wikipédia
2 Ovide.
b [GGJ] Tiré de Les Fastes, I, 216.


Émile Genest, Miettes du passé, Collection Hetzel, 1913. Voir la note du transcripteur.

Citations quotidiennes 27.01.12

Celui qui s'attarde trop à examiner ses projets ne les exécute pas. Pas de meilleure recette pour écrire que l'écriture.
Adolfo Bioy Casares (Nouvelles démesurées, trad. Eduardo Jimenez, p.111, Éd. Robert Laffont, coll. Pavillons,1989)

Mari qu'on n'aime pas, le paiera cher un jour.
Fabre d'Églantine (L'Intrigue Épistolaire, acte 4, sc. 6 (La Soeur), 1791)

Je crois profondément que nos civilisations humaines sont à la recherche, parce qu'elles en ont avidement besoin, d'une attitude permettant à chacun de mieux se situer dans l'immense aventure cosmologique, en mettant en harmonie ce qu'elles savent avec ce qu'elles sentent.
Jean E. Charon (L'esprit cet inconnu, p.21, Éd. Albin-Michel)

[...] il vient dans la vie une heure [...] où les yeux las ne tolèrent plus qu'une lumière, celle qu'une belle nuit comme celle-ci prépare et distille avec l'obscurité, où les oreilles ne peuvent plus écouter de musique que celle que joue le clair de lune sur la flûte du silence.
Marcel Proust (Du côté de chez Swann, p.154, Folio n°821)

Bien des hommes ont été tout aussi troublés moralement et spirituellement que tu l'es en ce moment. Par chance, quelques-uns ont écrit le récit de leurs troubles. Si tu le veux, tu apprendras beaucoup en les lisant. De même que d'autres, un jour, si tu as quelque chose à offrir, d'autres apprendront en te lisant. Et ce n'est pas de l'éducation. C'est de l'histoire. C'est de la poésie.
Jerome David Salinger (L'attrape-coeurs, trad. Annie Saumont, p.228, Livre de Poche n°2108)

Voir Au fil de mes lectures.

jeudi 26 janvier 2012

Citations quotidiennes 26.01.12

Comment peut-on exciter la curiosité chez des êtres tourmentés par l'angoisse de la faute et la peur des sanctions? Certes, il existe des professeurs assez enthousiastes pour passionner leur auditoire et faire oublier un instant les détestables conditions qui dégradent leur métier. Mais combien, et pendant combien d'années?
Raoul Vaneigem (Avertissement aux écoliers et lycéens, p.27, Mille et une nuits, n°69)

L'érotisme est une pornographie de classe.
Robert Escarpit (Lettre ouverte au diable, p.78 Éd. Albin Michel 1972)

Vous savez, tout prédicateur un peu ambitieux, pour peu qu'on l'écoute et que cela lui monte à la tête, commence toujours par dire que la religion fout le camp. C'est leur fonds de commerce.
Orhan Pamuk (Mon nom est Rouge, trad. Gilles Authier, p.288, Folio n°3840)

Une chose m'inquiète : si le Paradis a une porte, c'est qu'il y a des murs...
Grégoire Lacroix (Les Euphorismes de Grégoire (238), p.39, Max Milo, 2006)

On est tous frères, c'est entendu. Mais on n'est pas jumeaux.
Louis Pauwels (Blumroch l'admirable, Éd. Gallimard, p. 37)

Voir Au fil de mes lectures.

Chemin faisant, page 27

Ne sois pas chose, ô femme! même dans les mains de celui que tu aimes ; sois être.

Aimer et jouer l'indifférence, le plus difficile de tous les jeux.

Il ne faut que trois violettes pour parfumer une chambre, il ne faut qu'un regard pour changer le cours d'une vie.

Chaque amoureux croit prendre un brevet d'invention.

Si la beauté nous donne des succès, l'intelligence nous donne des revanches.

Les heures nous restent pour pleurer les instants.

Anne Barratin, Chemin faisant, Ed. Lemerre, Paris, 1894

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mercredi 25 janvier 2012

Chemin faisant, page 26

L'homme qui nous oublie nous rend souvent un signalé service.

L'Amour à l'Amitié : Ote-toi de là que je m'y mette ! Mets-toi là que je m'en aille !

Quelle est la femme qui n'a pas rêvé d'habiter quelques instants l'âme de son mari?

En vieillissant il faut s'arranger de ce qui reste, sans songer à ce qu'il y avait.

Si j'étais jeune, je dirais : Le bouquet que tu m'offres, à qui pensais-tu quand tu l'as cueilli ?

Flair de femme se trompe encore moins que palais de gourmand.

La physionomie est comme l'atout de la laideur; la nature semble lui dire : Tâche avec cela de gagner ta partie.

Anne Barratin, Chemin faisant, Ed. Lemerre, Paris, 1894

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Deuxième essai HTML5

Mon deuxième essai en HTML5 avec Hype. Plusieurs scènes à ajouter, mais ça donne une bonne idée de ce qu'on pourrait faire pour enseigner des concepts importants.

Citations quotidiennes 25.01.12

[...] j'ai visité l'appartement de John Clive, l'historien, après sa mort en 1990, pour emballer ses livres et les apporter à la librairie. [...] Disperser sa bibliothèque c'était comme incinérer un corps et éparpiller ses cendres au vent. J'étais très triste. Je compris alors que la valeur des livres d'un individu réside dans la façon dont ils coexistent avec les autres et qu'en perdant leur contexte ils perdaient aussi leur sens.
Anne Fadiman (Adam, un ami de l'auteur, cité dans Ex-libris, trad. Catherine Pierre , p.188, Mille et une nuits, 2004)

L'incorrigible fierté des racines.
Daniel Pennac (Monsieur Malaussène, p.317 Éd. Gallimard)

Le style ne peint pas seulement l'homme : il peint aussi son époque.
Lucien Duc (Étude raisonnée de la versification française, p.70, Bibliothèque de la province, 1889)

La prudence, mon fils, jointe avec la valeur,
Peut toujours surmonter le plus cruel malheur.
Charles-Claude Genest (Pénélope, acte 4 sc. 7 (Ulysse), p.146, in Théâtre du Second Ordre, tragédies tome 1, 1810)

[...] la magie et la sorcellerie sont des explications commodes lorsqu'on s'aperçoit que l'on a tiré des inductions erronées.
Bertrand Russell (L'Art de philosopher, trad. Michel Parmentier , p.41, PUL, coll. Zêtêsis, 2005)

Voir Au fil de mes lectures.

mardi 24 janvier 2012

Miette 9 : La faim assaisonne tous les mets

Le goût

La faim assaisonne tous les mets

Sommaire. — Condition essentielle. — Utiles préceptes. Application recommandée. — Denys le Tyran reçoit une leçon. — Sûr d'un régal. — Pour manger un canard, il faut être deux. — Le suisse du maréchal de Villars.

Un a beau vous servir les mets les plus succulents préparés avec les raffinements les plus perfectionnés, si vous n'avez pas faim, vous ne les apprécierez pas; vous y toucherez à peine.

Si, au contraire, vous avez bon appétit, les plats les plus simples, les mets les plus modestes vous sembleront délicieux.

La première condition à remplir avant de se mettre à table est donc de s'y présenter avec la faim.

Désireux

Que je puisse toujours après avoir dîné
Bénir le cuisinier que le ciel m'a donné.1

je m'applique à gagner cet appétit indispensable pour savourer les bonnes choses que l'art culinaire confectionne si habilement, à la plus grande joie des gourmets et des gourmands. Afin d'y arriver, je me suis pénétré de certains préceptes, dont je vous recommande l'application ; vous vous en trouverez bien. Aussi je vous les transcris tout au long, sans en omettre le moindre détail gastronomique.

D'un utile appétit, munissez-vous d'avance ;
Sans lui vous gémirez au sein de l'abondance.
Il est un moyen sûr d'acquérir ce trésor...
L'exercice, Messieurs, et l'exercice encor.
Allez tous les matins sur les pas de Diane,
Armés d'un long fusil ou d'une sarbacane,
Épier le canard au bord de vos marais ;
Allez lancer la biche au milieu des forêts ;
Poursuivez le chevreuil s'élançant dans la plaine ;
Suivez vos chiens ardents que leur courage entraîne.
Que si vous n'avez pas les talents du chasseur,
Allez faire visite à l'humble laboureur ;
Voyez sur son palier la famille agricole,
Que votre abord enchante et votre voix console ;
Ensuite, parcourant vos terres, vos guérets,
Du froment qui végète admirez les progrès ;
Maniez la charrue et dirigez ses ailes;
Essayez de tracer des sillons parallèles;
Partagez sans rougir de champêtres travaux,
Et ne dédaignez pas on la bêche ou la faux ;
Facilitez le cours d'une onde bienfaitrice
Dans vos prés desséchés par les feux du solstice ;
Montez sur le coursier, impétueux, ardent,
À la croupe docile, au naseau frémissant :
Dans les champs que le soc a marqué de sa trace,
Domptez ses mouvements, réprimez son audace....
Vous obtiendrez alors cet heureux appétit,
Et reviendrez à table en recueillir le fruit.2

Pour avoir méconnu cette saine doctrine et s'être laissé entraîné à un élan de curiosité gastronomique, Denys le Tyran s'exposa à recevoir une leçon d'hygiène qui dut coûter cher à son amour-propre.

On sait que, pour les Lacédémoniens, le plus exquis de tous les mets était ce qu'ils appelaient la sauce noire, plus connue sous le nom de « brouet ». Mais j'aime mieux, pour la suite du récit, passer la plume à Joseph Berchoux ; vous n'y perdrez pas, et ma paresse y gagnera :

... Ce brouet, alors très renommé,
Des citoyens de Sparte était fort estimé ;
Ils se faisaient honneur de cette sauce étrange,
De vinaigre et de sel détestable mélange.
On dit à ce sujet, qu'un monarque gourmand3
De ce breuvage noir, qu'on lui dit excellent,
Voulut goûter un jour. Il lui fut bien facile
D'obtenir en ce genre un cuisinier habile.
Sa table en fut servie. 0 surprise ! ô regrets !
À peine le breuvage eut touché son palais,
Qu'il rejeta bientôt la liqueur étrangère.
« On m'a trahi! dit-il, transporté de colère.
« — Seigneur, lui répondit le cuisinier tremblant,
« Il manque à ce ragoût un assaisonnement.
« — Eh! d'où vient? Avez-vous négligé de l'y mettre?
« — Il y manque, Seigneur, si vous voulez permettre,
« Les préparations que vous n'emploierez pas,
« L'exercice et surtout les bains de l'Eurotas. »4

Jean-Jacques Rousseau, sans être aussi frugal qu'un Spartiate, se plaisait à une nourriture simple et comptait également sur l'appétit pour en faire le principal assaisonnement.

« Je ne connais pas, disait-il, de meilleure chère qu'un repas rustique. Avec du laitage, des oeufs, des herbes, du fromage, du pain bis et du vin passable, on est toujours sûr de bien me régaler. Mon bon appétit fera le reste quand un maître d'hôtel et des laquais autour de moi ne me rassasieront pas de leur importun aspect. »5

S'il est des gens qui se contentent d'aliments peu recherchés et en petite quantité, s'il en est d'autres qui ont besoin d'exercice pour exciter leur appétit, il en est dont l'estomac réclame et accueille le plus naturellement du monde force victuailles exquises et copieuses.

Dans mon enfance, j'ai connu un vieux monsieur qui disait, avec un rire énorme, que pour manger un canard il fallait être deux, le canard et soi, et je le regardais avec des yeux effarés, le prenant pour un ogre, et m'écartant avec effroi.

Ce n'était cependant qu'un enfant auprès de bien d'autres dont on m'a révélé depuis les exploits de véritables engloutissements stomachiques.

Dans le nombre, je n'en veux retenir que le cas du suisse du maréchal de Villars, qui a pour lui une certaine authenticité.

Ce suisse mangeait énormément. Le maréchal un jour le fit venir : « Combien mangerais-tu d'aloyaux? lui dit-il — Ah! Monseigneur, pour moi falloir pas beaucoup, cinq à six tout au plus. — Et combien de gigots? — De gigots! pas beaucoup, sept à huit. — Et de poulardes? — Oh! pour les poulardes, pas beaucoup, une douzaine. — Et de pigeons? — Oh! pour ce qui est de pigeons, Monseigneur, pas beaucoup, quarante, peut-être cinquante, selon l'appétit. — Et des alouettes? — Des alouettes, Monseigneur, toujours. »


1 Joseph Berchoux, La Gastronomie, chant II.
2 Joseph Berchoux, La Gastronomie, chant II.
3 Denys le Tyran.
4 Joseph Berchoux, La Gastronomie, chant I.
5 Les Confessions, partie I, livre II.

Chemin faisant, page 25

Il y a bien des manières d'être jolie, il n'y a qu'une manière d'être digne.

Il faut être aimée à son goût, et louée au goût des autres.

Être prise pour son argent, et encore quand on en a pour son argent !

La coquette grignote l'amour.

Le bruit des pas qu'on aime est le plus cher des bruits.

En amour, toi et moi forment un pronom de la même personne.

Vaut-il mieux être la première ou la dernière fleur du papillon ?

Anne Barratin, Chemin faisant, Ed. Lemerre, Paris, 1894

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