Jobineries

Blogue de Gilles G. Jobin, Gatineau, Québec.

lundi 18 février 2013

De toutes les Paroisses, page 168

Efforce-toi de te suffire, si la vie t'a fait solitaire ; on y arrive en souffrant et en saignant.

L'âme souffre des souffrances du corps par pitié.

Habitue ton âme à être sobre dans la joie.

En gagnant la raison, ne perds pas la pitié.

Les veufs ont reçu le don de consolation.

Un jeune qui pense, un vieux qui chante font exception.

Un bouquet dans une main, une faulx dans l'autre, c'est l'inattendu ; il réjouit ou il tue.

Anne Barratin, De toutes les Paroisses, Ed. Lemerre, Paris, 1913

dimanche 17 février 2013

De toutes les Paroisses, page 167

Un trait d'esprit préparé n'est guère de l'esprit : l'esprit doit se surprendre lui-même.

Châtiment : le trompeur a toujours peur d'être trompé.

C'est doux de revenir d'une antipathie, comme d'un voyage ennuyeux.

Chercher beaucoup et trouver toujours la même chose, c'est le sort du philosophe.

Remercie chaque jour qui passe sans malheur, il a été généreux.

Y a-t-il des présences aussi douces que certaines absences ?

Anne Barratin, De toutes les Paroisses, Ed. Lemerre, Paris, 1913

samedi 16 février 2013

De toutes les Paroisses, page 166

Tout ce que fait l'abeille c'est en songeant à l'essaim.

Que de catégories de maris! Choisissez bien, pauvres femmes, le tas n'est pas fameux.

Il y a des gens qui compliquent tout, qui font des problèmes de tout, ils alourdiraient l'idéal même.

Aime où tu peux, respecte où tu dois.

Que c'est friand d'intriguer un curieux !

Rien ne s'ébruite plus que l'argent.

La souplesse est le mouvement de la grâce.

Anne Barratin, De toutes les Paroisses, Ed. Lemerre, Paris, 1913

Miette 80 : Les courtisans et les favoris sont comme les jetons : ils sont presque tous faux

L'expérience

Les courtisans et les favoris sont comme les jetons : ils sont presque tous faux.

Sommaire. — Sans valeur. — Sans estime. — Un choix significatif. — Le madrigal du roi. — Conseils du grand prêtre Joad. — La treille de sincérité. — Ce qu'un jeune prince apprend le mieux.

Le jeton est un petit disque en métal, bois, ivoire ou nacre, dont on se sert pour marquer et payer au jeu ; il n'a par lui-même aucune valeur, et serait traité de fausse monnaie si on l'employait comme telle.

Après avoir défini le jeton, nous devons une définition du favori; nous y serons aidé par J.-B. Rousseau dans cette épigramme :

Ami, crois-moi, cache bien à la cour
Les grands talents qu'avec toi l'on vit naître:
C'est le moyen d'y devenir un jour
Puissant seigneur et favori peut-être.
Et favori ? Qu'est-ce là ? C'est un être
Qui ne connaît rien de froid ni de chaud
Et qui se rend précieux à son maître
Par ce qu'il coûte et non par ce qu'il vaut.1

Brébeuf hasarde une comparaison :

Les courtisans sont des jetons,
Leur valeur dépend de leur place :
Dans la faveur, des millions,
Et des zéros, dans la disgrâce.

Comme on l'a vu plus haut, le jeton n'a pas de valeur, et faux comme un jeton est un axiome; quand on lui compare le courtisan, ce n'est pas pour décerner à celui-ci un brevet de franchise et de loyauté. Ceux qui approchent les grands de la terre ont en effet pour habitude de leur cacher la vérité et de les flatter.

Henri III, voulant un jour récompenser un prévôt de Paris, lui présenta deux bourses, remplies l'une de pièces d'or, l'autre de jetons. Le prévôt choisit cette dernière. Étonnement du roi. « Sire, je cherche à suivre votre exemple; Votre Majesté fait de même quand elle prend un favori ou un courtisan. »

Le roi sourit, et le prévôt n'y perdit pas.

Il n'en reste pas moins avéré que les rois ont bien du mal à savoir l'opinion de ceux qui les entourent.

Mme de Sévigné conte une petite historiette très vraie, qui vous divertira, (c'est la spirituelle marquise qui parle) : « Le roi2 se mêle depuis peu de faire des vers. Il fit l'autre jour un petit madrigal que lui-même ne trouva pas trop joli. Un matin, il dit au maréchal de Gramont : « Monsieur le Maréchal, lisez, je vous prie, ce petit madrigal et voyez si vous en avez jamais vu un si impertinent. » Le maréchal, après avoir lu, dit au roi : « Sire, Votre Majesté juge divinement bien de toutes choses; il est vrai que voilà le plus sot et le plus ridicule madrigal que j'aie jamais lu. » Le roi a fort ri de cette folie. Pour moi, qui aime toujours à faire des réflexions, je voudrais que le roi en fît là-dessus, et qu'il jugeât par là combien il est loin de connaître jamais la vérité. »

Ce sont peut-être les mêmes vers qui ont amené la réponse de Boileau : « Sire, rien n'est impossible à Votre Majesté, elle a voulu faire de mauvais vers, elle y a réussi. »

Le désir de Mme de Sévigné était partagé par Racine quand il dicte au grand prêtre Joad les conseils adressés au jeune roi Joas pour le prémunir contre les dangers de la flatterie3:

Loin du trône nourri, de ce fatal honneur,
Hélas ! vous ignorez le charme empoisonneur ;
De l'absolu pouvoir vous ignorez l'ivresse,
Et des lâches flatteurs la voix enchanteresse.
Bientôt ils vous diront que les plus saintes lois,
Maîtresses du vil peuple, obéissent aux rois;
Qu'un roi n'a d'autre frein que sa volonté même ;
Qu'il doit immoler tout à sa grandeur suprême ;
Qu'aux larmes, au travail, le peuple est condamné,
Et d'un sceptre de fer veut être gouverné;
Que, s'il n'est opprimé, tôt ou tard il opprime.
Ainsi, de piège en piège, et d'abîme en abîme,
Corrompant de vos moeurs l'aimable pureté,
Ils vous feront enfin haïr la vérité.

Toutes ces recommandations restent malheureusement stériles depuis qu'est morte la treille de sincérité, cette treille mirifique dont Désaugiers nous a chanté la vertu magique4; en mordant à la grappe on disait forcément la vérité :

Mais hélas ! par l'ordre du prince
Ce raisin justement vanté
Un jour du fond de sa province
Près du trône fut transplanté.
Pauvre treille autrefois si belle,
Que venais-tu faire à la cour?
L'air en fut si malsain pour elle
Qu'elle y mourut le premier jour.
Nous n'avons plus cette merveille
Ce phénomène regretté,
La treille
De sincérité.

Dès lors, les rois n'ont qu'une ressource et une consolation, c'est la certitude de pouvoir devenir bons cavaliers.

« En effet, disait mon vieux maître de manège, l'équitation est ce qu'un jeune prince apprend le mieux, parce que son cheval ne le flatte pas ! »


1. J.-B. Rousseau, Épigrammes, liv. II, 14.
2. Louis XIV (1643-1715)
3. Athalie, tragédie de Racine, acte IV, scène iii.
4. La Treille de sincérité, chanson.

Émile Genest, Miettes du passé, Collection Hetzel, 1913. Voir la note du transcripteur.

vendredi 15 février 2013

De toutes les Paroisses, page 165

Il faut attendre en priant ou en agissant, tromper l'attente.

Il est des gens qui semblent nés pour engraisser l'ennui.

Tièdement vouloir, c'est offenser la volonté.

Pour savoir se taire que faut-il? être convaincu de la sottise de beaucoup de gens qui parlent.

C'est lâche de trop se préoccuper de l'opinion, c'est fou de se boucher les oreilles pour ne pas l'entendre; se moquer d'elle en faisant son devoir.

Anne Barratin, De toutes les Paroisses, Ed. Lemerre, Paris, 1913

jeudi 14 février 2013

De toutes les Paroisses, page 164

Par habileté certains médisants ne vont pas jusqu'au bout, mais ils montrent le chemin.

C'est toujours juteux de faire pâlir un envieux.

Les Scandinaves semblent être enfants du clair de lune.

Sois bon, à rendre les anges jaloux.

Toutes les hautes vertus qui tombent éteignent une étoile.

Juge avec douceur pour n'entendre que la justice.

Tous les grands dons sont effrayants dans la vie : la grande beauté, la grande fortune, le grand pouvoir, quels nids à tentations !

Anne Barratin, De toutes les Paroisses, Ed. Lemerre, Paris, 1913

mercredi 13 février 2013

De toutes les Paroisses, page 163

Comment comprendre qu'une tyrannie douce puisse manquer quand elle s'éloigne ?

Que de pauvres maris donnent toute leur sueur à la mode !

Que de petites gens sont devenus de grands morts devant l'Éternel !

Nos altesses sont très arrangeantes aujourd'hui; elles donneraient des leçons aux bourgeoises.

L'ironie ne va pas à la vieillesse : elle aggrave ses rides.

Il y a des étoiles dans le repentir.

Anne Barratin, De toutes les Paroisses, Ed. Lemerre, Paris, 1913

mardi 12 février 2013

De toutes les Paroisses, page 162

Comme il y a manière de porter la toilette, il y a manière d'être duchesse.

Un coeur sans verrou, fi de ce coeur!

Les dames de compagnie, comme les dentelles, demandent le choix.

La jeunesse se regarde pleurer, tant les larmes l'étonnent.

Où prend-on son opinion? Bien moins dans son raisonnement que dans son humeur.

La première infidélité que tu commets, avec un peu de complaisance on peut la mettre sur le dos de la nature, la seconde franchement sur le tien.

Anne Barratin, De toutes les Paroisses, Ed. Lemerre, Paris, 1913

lundi 11 février 2013

De toutes les Paroisses, page 161

Ce que je trouve léger sur ton dos, sur le mien comme c'est lourd!

Une simple rougeur ouvre le secret d'une âme.

La pudeur ne sait pas toujours le pourquoi de sa crainte, elle sent qu'il y a à craindre.

Donner tort à ce qu'on aime, comme c'est aimer le juste!

Il y a bien des êtres qu'on n'a pas besoin de voir souvent, mais de savoir là ; il faut la mort, hélas ! pour nous apprendre ce qu'ils nous étaient.

On profite du prestige des gens avec lesquels on vit, et on s'en pourlèche.

Anne Barratin, De toutes les Paroisses, Ed. Lemerre, Paris, 1913

2013.6

Rencontre avec la DEAAC (Direction de l'Éducation des Adultes et de l'Action Communautaire) à Hull. Ils voulaient entendre différents intervenants de la FGA sur la mise en oeuvre du Renouveau pédagogique. J'ai profité de l'occasion pour passer mon message : Prière de briser le sacro-saint processus

1, Fais ton livre ;
2. Fais un pré-test;
3. Fais le test standardisé ;
4. Si tu as eu 60%, recommence à l'étape 1 avec un autre livre. Sinon, fais plein d'exercices supplémentaires et reviens à l'étape 2.

À tort, cet algorithme est appelé par plusieurs l'enseignement individualisé.

Comme au Centre où je travaille, nous avons laissé complètement tomber les «livres» en troisième secondaire (en français seulement) pour entrer en plein dans le Renouveau - sommes-nous les seuls au Québec qui avons ainsi plongé ? -, je crois que le MELS a écouté avec intérêt notre suggestion : Ne plus fournir d'examens standardisés pour enfin permettre une évaluation des compétences par portfolio. D'ailleurs, dans notre implantation, c'est en ENTREVUE que l'élève doit nous démontrer l'atteinte de ses compétences. Pour voir (un peu) ce que donne tout ça, jetez un oeil sur les blogues des élèves ; c'est sur eux qu'ils s'appuient en entrevue. Ils sont en troisième secondaire, et certains n'ont jamais autant lu et écrit !

Stéfany Nault , ôz Lisez son Éloge Funèbre. En entrevue, nous avons signalé à Stéphanie qu'elle n'avait pas accordé au féminin ses participes passés. Et de nous expliquer : « C'est normal ! Dans tous les textes que j'ai lu sur Walt Disney, j'ai remarqué qu'il y avait très très peu de femmes. Je me suis donc mise dans la peau d'UN ami d'enfance pour faire son éloge ! »
Lucyluv
Beauté fatale
XLQUIKILLERLX
Audrey
Sam199603
Mélissa
Groupe Momentum
N.Michaud
Jessica
Gin-Seng
Sandy
Janicko
Show
Le blogue de Krystophe
Bubble
Popularpop
Marc Hotte
Kawaii Skittles
Éric Abbott
Le blog
Hairspray mauve
Jasah
Lincoln


Pour rester dans le même sujet, je viens de lire cet article concernant quelques enseignants aux États-Unis qui se rebellent contre l'administration de tests standardisés.

Cette semaine, j'ai (re)consulté les 10 commandements de G. Polya pour les enseignants. Il faut absolument lire « How to solve it » : c'est un bijou en didactique des mathématiques !

Citation

« Si vous ne pouvez résoudre un problème, alors il y en a un plus simple que vous pouvez résoudre. Trouvez-le ! » (G. Polya)

Échecs.

Bon, j'ai gagné ma partie de mardi soir. Vous pouvez la rejouer et suivre mes commentaires ici. Après quatre rondes, je suis à 3 points soit 1/2 point derrière les meneurs.

Sur Matoutaouais, Thierry Le Gleuher nous offre un excellent problème à résoudre. Essayez-le en prenant l'attitude qu'un problème n'est pas un problème mais plutôt une opportunité d'apprendre ! M. Le Gleuher est un ex-champion du monde en analyse rétrograde.

WW

Ça commence bien avec une assez bonne perte dans les premiers 10 jours. Et je me suis inscrit sur leur excellent site. Weight Watchers, ce n'est pas un régime, c'est une diète pour la vie. Et comme je veux devenir un beau p'tit vieux...

dimanche 10 février 2013

De toutes les Paroisses, page 160

La flânerie qui dure est de la paresse qui commence.

Un acte est une idée mise sur ses jambes.

Dans sa conversation, un banquier sent toujours un peu le billet de banque.

Les vraies larmes ont de la mémoire.

Dans les bons mariages on se partage le fardeau des ennuis, ou on se le passe; dans les mauvais un seul le porte.

On a l'indifférence plus ou moins épaisse, comme on a la peau plus ou moins fine.

Anne Barratin, De toutes les Paroisses, Ed. Lemerre, Paris, 1913

samedi 9 février 2013

De toutes les Paroisses, page 159

On peut se laisser si facilement attaquer ! mais ceux qu'on aime !

Aimer en majeur, détester en mineur.

Modernisme. Touchante demande avant de se fiancer : Quel âge ont le père et la mère?

Si vouloir n'est pas toujours pouvoir, c'est du moins montrer qu'on est là.

Il faut renouveler ses bonnes résolutions chaque matin pour les tenir fraîches, comme on change l'eau des bouquets.

Triste condition du talent : il doit plaire.

Anne Barratin, De toutes les Paroisses, Ed. Lemerre, Paris, 1913

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