Je suis préteur* en Grèce. - Toi préteur ? Et sais-tu juger ? Où as-tu donc appris cette science ? - J'ai la patente de César - Et si César t'avait envoyé une patente pour juger de la musique, à toi qui n'en as jamais appris une note, qu'en ferais-tu, et à quoi te servirait-elle ? Mais je passe là-dessus. Je te demande seulement par quelles voies tu as obtenu ta charge. Qui te l'a procurée ? À qui as-tu baisé la main ? À quelle porte as-tu couché ? À qui as-tu fait des présents ? Par quelles bassesses, par quelles indignités, par quelles faussetés l'as-tu achetée ? Épictète, Entretiens, Livre III, XII.
* Dans la Rome antique, magistrat chargé de rendre la justice ou responsable de l’administration d’une province. - Antidote
« Alors Almitra parla de nouveau et dit, et le mariage, Maître ?
Et il répondit, disant :
Vous êtes nés ensemble et ensemble vous resterez pour toujours.
Vous resterez ensemble quand les blanches ailes de la mort disperseront vos jours.
Oui, vous serez ensemble jusque dans la silencieuse mémoire de Dieu.
Mais qu'il y ait des espaces dans votre communion,
Et que les vents du ciel dansent entre vous.
Aimez-vous l'un l'autre, mais ne faites pas de l'amour une entrave :
Qu'il soit plutôt une mer mouvante entre les rivages de vos âmes.
Emplissez chacun la coupe de l'autre mais ne buvez pas dans la même coupe.
Partagez votre pain mais ne mangez pas de la même miche.
Chantez et dansez ensemble et soyez joyeux, mais demeurez chacun seul,
De même que les cordes d'un luth sont seules cependant qu'elles vibrent de la même harmonie.
Donnez vos coeurs, mais non pas à la garde l'un de l'autre.
Car seule la main de la Vie peut contenir vos coeurs.
Et tenez-vous ensemble, mais pas trop proches non plus :
Car les piliers du temple s'érigent à distance,
Et le chêne et le cyprès ne croissent pas dans l'ombre l'un de l'autre. »
Khalil Gibran, Le Prophète, trad. Camille Aboussouan, Casterman 1956
Marie et moi avons lu ce texte le 22 mai 1976.
34 ans plus tard, grâce à Marie, je suis toujours l'être le plus heureux du monde.
Mon bureau est dans une école. Juste en sortant, je vois cette jeune fille de deuxième cycle, accotée au mur, un portable sur les genoux. Je me suis dit que ça ferait une belle photo...
« Lorsque je vois à la télévision un débile de notre classe politique, je ne lui pardonne pas d’être aussi débile, aussi lâche, et surtout de nous prendre pour des idiots, de raconter n’importe quoi, donc de nous prendre pour n’importe qui, et d’y croire lui-même. La seule chose impardonnable, comme le pensait Flaubert, c’est la bêtise. La bêtise est inacceptable. »
Jean BAUDRILLARD (Le pardon – Paysage sublunaire et atonal)