Jobineries

Blogue de Gilles G. Jobin, Gatineau, Québec.

dimanche 29 octobre 2006

Citation du jour

Cet enfant joue. À partir de quel instant a-t-il des opinions qui vaillent la mort ?
Antoine de Saint-Exupéry, Carnets, p.64, Éd. Gallimard, 1953.

samedi 28 octobre 2006

Danser avec les livres

Je possède plusieurs DVD qui enseignent l'art de la danse et j'y reviendrai certainement. Cependant je ne possède aucun livre sur la danse sociale. Alors en voici deux que le père Noël (hint, hint, mes filles !) pourrait peut-être m'apporter s'il me juge assez sage.

D'abord le classique Ballroom Dancing, 10e édition d'Alex Moore. Et puis Let's dance de Paul Bottomer.

jeudi 26 octobre 2006

Les choses sont simples

Les choses sont simples.
Il y a la vie et il y a la mort.
On se trouve soit dans un bord, soit dans l'autre.
Jamais dans les deux en même temps, même si la vie et la mort sont liées.

Alors vérifiez vos gestes, dans votre manière d'envisager demain, vérifier de quel coté vous êtes, et si vous ne surprenez pas de désirs, d'envies, d'illusions et de rêves, de peurs et de tendresse, si vous ne pouvez pas vous regarder en face sans vous raconter d'histoires ou accuser quelqu'un, si vous n'avez pas d'amis parmi les femmes les hommes les enfants et quelques animaux, si vous n'êtes pas capables de vous courber pour aimer, d'honorer sans trembler, de donner sans attendre, de vous réjouir sans jalouser, c'est que vous êtes du coté de la mort…

Si vous êtes du coté de mort, alors inventez-vous des dieux qui vous laissent libres, des rêves qui vous élèvent, des peurs qui enseignent l'exigence, des peuples et des amis qui vous donnent l'exemple et le courage.
Parlez aux fleurs, aux rivières et aux vents comme si c'était vous même.
Regardez les hommes comme de petits soleils, ayez des émotions et des admirations, laissez-vous emporter par la bonté et le désir d'offrir, aimez ce qui est vivant, qui rit, qui pleure, qui chante et chantez avec eux.

Ne soyez pas tendres avec votre corps, soyez bienveillant avec tout le monde, ne vous apitoyez jamais sur vous-même, prenez la douleur comme signe de vie, les ennuis comme l'écume de l'action.
Les larmes ne servent qu'à nettoyer les yeux et utilisez les pour dégager votre cœur.
Dites-vous que personne ne peut rien pour vous, que personne n'est la cause de vos manques et souffrances, que vous êtes seul à décider si vous êtes du manger pour la mort ou du manger pour la vie.

Créez-vous une richesse qui n'a rien à voir avec les biens de ce monde, faites battre votre cœur et votre esprit.
Aimez la solitude comme on va vers les autres, conservez le silence comme on prend la parole.
Tombez quand il le faut, mais ne rester jamais à terre.
Changez tous les jours, et rester ce que vous êtes dans ce changement qui va.
Chercher chaque jour quelque chose à apprécier, quelque chose à célébrer, quelque chose à construire.

Là où il n'y a pas d'hommes, soyez des hommes.
Là où il y a des hommes, soyez des frères.
Là où il y a des frères, soyez des pairs.
Soyez dans rien pour être dans tout.
Là où l'on prie, écoutez ce qui monte, là où on ne prie pas, voyez ce qui se fait.
Là où l'on aime, aimez plus que tout au monde.
Là où on n'aime pas , chérissez la beauté, gardez un œil sur vous, un œil qui doit vous trouver beau !

Faites de manière impeccable ce que vous pouvez faire, et ça vous le pouvez !
Et je vous le dis, sacrés morpions ! La mort n'aime pas ces manières-là !
Patrick Chamoiseau, Biblique des derniers gestes.

C'est Rémi qui m'a laissé ce texte dans la section commentaire d'Au Fil de Mes Lectures. Merci à lui !

Salamandre aventureuse



Ubuntu 6.10 vient de sortir. Je télécharge... aussitôt que les serveurs se calment un p'tit peu !

mercredi 25 octobre 2006

Soupirs

Évidemment, on ne peut commenter sur toutes les niaiseries que nos éminents ministres nous servent régulièrement. Mais voyez celle-ci :
Si vous étalez la hausse de la valeur, vous ne percevez donc pas une taxe sur 100 pour 100 de la valeur. Vous la percevez sur le tiers, la première année, sur le deux tiers, la deuxième. Fondamentalement, ce que cela donne comme résultat, c'est un compte de taxe qui baisse par rapport à ce qu'il aurait été si on n'avait pas ce projet de loi-là.
Le ministre Fournier, responsable du MELS.
À croire qu'il nous prend vraiment pour des imbéciles. Notez que cette augmentation de taxes n'ajoute aucun service en éducation. Ce que la CS gagne par la taxe scolaire, le gouvernement le retire par la peréquation. Quelle merde que cette administration gouvernementale !

Deviens ce que tu es

Un matin de février 2005.

J'étais seul dans la salle du personnel, me versant un thé. Nathalie, secrétaire au service, entre pour mettre son dîner au frigo.

- Tu as l'air un peu fatigué. La fin de semaine a été dure ?

- (En souriant) J'ai aidé mes parents hier à donner les cours de danse.

- Tu es danseuse ???

- Ben oui ! Depuis plusieurs années, mes parents ont une école de danse sociale. As-tu déjà suivi des cours ?

- Eh! Eh! CERTAINEMENT PAS!

- Pourtant, tu devrais... c'est une merveilleuse activité.

Le lendemain.

Nathalie passait devant mon bureau. Je l'arrête.

- Dis donc, comment ça se passe dans les cours de danse ?

Et elle a pris plusieurs minutes pour m'expliquer la chose. Puis, vers la fin de la conversation :

- Pourquoi m'as-tu posé la question ? T'as l'intention d'en prendre ?

- En fait, j'ai dormi un peu là-dessus, et je me disais que PEUT-ÊTRE, mais vraiment PEUT-ÊTRE, ce serait un beau cadeau d'anniversaire à offrir à Marie. C'est-à-dire que je pourrais lui offrir une session de cours avec la personne de son choix...

- Et cette personne ce serait toi ?

- Ben, au cas où elle me choisirait, il faudrait que je sois prêt à subir la chose...

- Subir ? Pourtant, je te l'assure, tu vas ben aimer ça.

Et la voilà repartie sur d'autres explications.

Comme l'anniversaire de Marie est en août, j'avais du temps pour réfléchir à ce cadeau potentiel.

Pendant tout le mois de mars, j'ai interrogé mes collègues de travail : avez vous déjà suivi des cours de danse ? Avez-vous aimé ça ? C'est comment? etc.

Fin mars

J'étais décidé. Et j'annonçais à Marie que, pour la toute première fois de ma vie, je savais plusieurs mois à l'avance quel serait son cadeau d'anniversaire. Elle m'a regardé, étonnée. N'est-il pas bon qu'après 30 ans de mariage, on puisse encore surprendre son épouse ?

- Et n'essaie pas de savoir. JAMAIS tu ne pourras deviner.

À part quelques collègues, la seule personne au courant était Aurélie. Il fallait bien que j'ai son opinion sur la qualité du cadeau. Mais elle m'a assuré que sa mère serait extrêmement heureuse de la chose.

Pendant ce temps, sur ABC, la première saison de Dancing with the Stars débutait. Je me rappelle un commentaire de Marie :

- Chéri, on devrait suivre de cours de danse...

- Es-tu folle ? C'est pas pour moi ce genre de quétaineries.

Soupir de Marie. Il fallait bien qu'elle se résigne à accepter mes préjugés. Je riais intérieurement. Aurélie aussi.

Fin août 2005.

En coupant le gâteau, Marie ouvre une petite enveloppe. Froncement de sourcils.

- Je comprends pas...

- Ben voyons cocotte, c'est une session de cours de danse sociale que je t'offre. Du cha cha, rumba, valse, tout le kit quoi ! Avec qui tu veux. Évidemment, j'espère que tu vas d'abord m'offrir la place, fis-je charmeur.

La surprise était de taille. D'ailleurs, TOUT le monde était surpris. Était-il possible que Gilles Jobin apprenne à danser ???

Nous en sommes maintenant dans notre troisième session. Je suis tombé en amour avec cette activité. Mon seul et immense regret est de ne pas m'y être mis plus tôt ; c'est tellement difficile de passer par dessus celui que l'on croit être...

Allez ! je commence une nouvelle catégorie : danseries.

mardi 24 octobre 2006

Rompre en visière

Dans L'Homme singulier (1764) de Destouches, on trouve à l'acte 3, scène 7 :
Un sage suit la mode, et tout bas il s'en moque;
Il déteste l'erreur, le vice, les abus,
Mais sans rompre en visière aux hommes corrompus.
Qu'est-ce que rompre en visière ? Antidote nous répond :
rompre en visière avec qqn : le contredire avec force, en face.

Dans Le dictionnaire de L'ACADÉMIE FRANÇAISE, 5ème Edition, 1798, on trouve une explication : « Rompre en visière, se disoit autrefois au propre, quand un Gendarme rompoit sa lance dans la visière de celui contre qui il couroit; et il signifie figurément, Attaquer, contredire quelqu'un en face, brusquement et violemment. Il lui rompit en visière. »

Les cartes heuristiques

La Bulle, site d'intérêt autour du logiciel Inspiration et de sa communauté vient d'être lancé. Ce logiciel ne roule pas sous Linux, je ne le possède donc pas. Mais l'idée de cartes heuristiques en éducation est très intéressante. J'ai donc visité le site pour voir si certains projets seraient adaptables à mon environnement. La galerie offre une petite illustration des projets, illustrations toujours trop petites pour qu'on puisse y discerner le contenu de la carte. Il faut donc télécharger pour voir de quoi il en retourne. J'aurais bien aimé voir les cartes en maths... Peut-être qu'un jour les auteurs du site permettront un agrandissement de ces images ?

Mais...

Mais dans le boîte à outils, on offre une liste de liens utiles.. Et c'est de là que je suis tombé sur la page de l'Académie Montpellier consacrée aux cartes heuristiques et la prise de notes. Les exemples sont visibles en PDF et même, parfois, en version cliquable en ligne. De plus, les cartes sont créées en Freemind qui fonctionne vraiment bien sous Linux (entre autres !). Par les exemples autour de la prise de notes, on voit assez bien pourquoi chaque élève devrait avoir en tout temps un ordinateur à sa disposition.

vendredi 20 octobre 2006

ConsommActeur

Il y a deux sortes d'utilisateurs : Le consommateur et le consommActeur.

« Par ConsommActeur, il est entendu que le consommateur entre de plus en plus dans la chaîne de la valeur où il prend notamment une part active dans la finition des produits ou des services, mais également dans des formes plus élaborées comme la co-création. » Lire ici (pdf).

Lentement, la société compte de plus en plus de consommActeurs. Dans le monde de l'informatique, Linux permet de le devenir.

jeudi 19 octobre 2006

Mon utopie (Jacquard)

Alors oui, l'École continue tout le long d'une vie. Une culture bloquée sur un temps scolaire est la négation même de la culture scientifique. Il n'y a de science que par une École permanente. C'est cette école que la science doit fonder. Alors les intérêts sociaux seront définitivement inversés : la Société sera faite pour l'École et non pas l'École pour la Société.
G. Bachelard, La formation de l'esprit scientifique, 1938



[Sur un schéma où] chaque humain est un point, il faut dessiner des flèches allant de l'un à l'autre et de l'autre à l'un. La réalité d'une collectivité est dans l'entrelacs de ces flèches.
Éduquer, c'est apporter du contenu à ces liens, c'est créer des réciprocités, c'est proposer à chacun d'être l'un des dépositaires du trésor collectif, d'être de ceux qui l'enrichiront, d'être aussi face à la génération suivante, un passeur de témoin. (p. 158)

La cité idéale est celle où tout est école. (p. 160)

L'éducation est semblable à un art; elle est une création perpétuelle qui progresse en provoquant des rencontres toujours nouvelles. [...] Le système éducatif peut donc être défini comme le lieu où l'on enseigne et où l'on pratique l'art de la rencontre. (p. 163)

Or l'éducation n'a nul besoin de palmarès. À quoi peut bien servir le constat que l'élève X est « meilleur » que l'élève Y ? Ce besoin est arbitrairement suggéré par la société, qui propose en effet à chacun de se contenter du confort intellectuel qu'apporte la soumission à de multiples hiérarchies. Elle nous fait admettre qu'un parcours de vie se résume à un enchaînement de sélections. Pour jour véritablement son rôle, l'école devrait tout au contraire tenir compte du potentiel créateur de chacun. (p. 168)

Le risque est grand que l'on réfléchisse à l'éducation avec une mentalité d'ingénieur s'efforçant de produire des objets définis avec précision, ou avec un regard d'économiste, de comptable, s'efforçant de dégager la meilleure rentabilité. (p. 170)

Les examens, considérés comme des événements importants qui rythment la succession des trimestres, y tiennent une place démesurée. Charles Pepinster, du GBEN, a calculé que, compte tenu de leur préparation et de leur correction, ils représentent une durée totale de deux années sur les douze des études primaires et secondaires. Ce sont deux années inutilement consacrées non à aider les élèves, à les faire progresser mais à les juger, les sélectionner, les exclure. (p. 183)

[...] La liberté de chacun ne peut s'épanouir que si la société ne possède pas trop d'informations sur lui. « Je suis celui que l'on me croit », dit un personnage de Pirandello. Mieux encore serait : « Laissez-moi devenir celui que je choisis d'être. »(p.193)

mercredi 18 octobre 2006

Le succès

Succès : Sert aux hommes de piédestal. Il les fait paraître plus grands.
Joseph Joubert

Remarque : Cette conversation date de quelques années.

- J'ai revu un ancien élève, me lança un collègue de travail.

- Et?

- Il a trouvé un très bon boulot. Et il m'a remercié d'avoir été rigoureux avec lui. Il m'a même dit que c'était un peu beaucoup grâce à moi s'il avait obtenu son diplôme. Il me semble que ça fait du bien de voir des élèves réussir grâce à nos efforts.

Comme je ne réagissais pas, mon collègue m'a demandé :

- Tu n'es pas d'accord que ça fait du bien à notre égo?

- Non.

- ???

- Tu sais, lui dis-je, je travaille avec ceux qui en arrachent, ceux qui « l'ont facile », ceux qui ne croient pas en eux, ceux qui sont superintelligents, ceux qui sont démunis.... Et je mets des d'efforts avec eux tous. Ma satisfaction au travail ne dépend pas du succès de mes élèves. Il faut juste que je me dise, à la fin de la journée, « voilà, j'ai fait, aujourd'hui, tout ce que je pouvais faire pour cette personne. » Le reste ne m'appartient pas.

Le Judas de Léonard

Dernier roman de Perutz, Le Judas de Léonard est une fort agréable lecture. Pour sa peinture de la cène, Léonard de Vinci cherche le bon visage, celui dont les traits répondraient « au péché d'orgueil qui conduisit Judas à trahir l'amour qu'il éprouvait. » Joachim Behaim deviendra son Judas, et c'est son histoire que Perutz raconte. L'une des jolies citations du livre se trouve en page 233 où l'auteur met ces mots dans la bouche de Léonard :
« Je ne sers ni duc ni prince, et je n'appartiens à aucune ville, à aucun pays, aucun royaume. Je ne sers que ma passion d'observer, de comprendre, d'ordonner et de créer, et je n'appartiens qu'à mon oeuvre. »

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