Jobineries

Blogue de Gilles G. Jobin, Gatineau, Québec.

jeudi 30 novembre 2006

À Québec

Je viens de passer deux jours à Québec. J'en ai profité pour faire ma tournée des librairies.

Chez un bouquiniste, j'avais réservé le Propos de O. L. Barenton, confiseur de Detoeuf. C'était ma deuxième visite en deux ans chez ce libraire qui a, pour le moins, des opinions très arrêtées (Il n'y a plus de lecteurs! Il n'y a plus de libraires ! Les politiciens sont tous des imbéciles qui ont à peine 90 de QI! L'éducation est le grand crime du siècle ! etc.) Il m'a dit que la seule chose qu'il lui restait à faire était le suicide.
- Mais, cher monsieur, vous m'aviez dit la même chose il y a deux ans déjà. Pourtant, vous êtes toujours là...
Et j'ai quitté le magasin.

Plus loin, dans une rue perpendiculaire à Cartier, un autre bouquiniste. J'y ai trouvé le théâtre d'Aristophane en deux volumes, et le théâtre de Terence aussi en deux volumes publiés chez Garnier-Frères.

Au Comptoir du livre, sur St-Jean, j'ai trouvé quasi à l'état de neuf, Le Prophète de Gibran dans l'édition Casterman, celle que je préfère. Bel achat qui ira rejoindre ma copie qui date de 1970 et tombe en morceaux...

J'ai aussi acheté Stallone d'Emmanuèle Berheim, petit livre de 50 pages que j'ai eu le temps de lire en attendant le début d'un atelier auquel je devais assister. J'aime beaucoup les personnages principaux des romans de Bernheim.

J'ai aussi mis la main sur quatre petits volumes de la collection Noms de Dieux : Colette Nys-Mazure (Les ombres et les jours), Henry Bauchau (La blessure qui guérit), Paul Ricoeur (L'unique et le singulier) et Catherine Clément (Éprouver mais n'en rien savoir). Finalement, j'ai déniché pour quelques dollars Le Violon du fou de Selma Lagerlöf, chez Actes Sud.

Évidemment, impossible d'être à Québec sans rendre visite à ma librairie préférée : la Librairie Pantoute.

Sur le promontoire des nouveautés, j'ai trouvé le tout nouveau Saramago avec un titre à la Kundera : La Lucidité. La quatrième de couverture est prometteuse :
Au lendemain des élections municipales organisées dans la capitale sans nom d'un pays sans nom, la stupeur s'empare du gouvernement: 83 % des électeurs ont voté blanc. Incapables de penser qu'il puisse s'agir d'un rejet démocratique et citoyen de leur politique, les dirigeants soupçonnent une conspiration organisée par un petit groupe de subversifs, voire un complot anarchiste international. Craignant que cette " peste blanche " ne contamine l'ensemble du pays, le gouvernement évacue la capitale. L'état de siège est décrété et un commissaire de police chargé d'éliminer les coupables - ou de les inventer. Aussi, lorsqu'une lettre anonyme suggère un lien entre la vague de votes blancs et la femme qui, quelques années auparavant, a été la seule à ne pas succomber à une épidémie de cécité, le bouc émissaire est tout trouvé. La presse se déchaîne. La machine répressive se met en marche. Et, contre toute attente, éveille la conscience du commissaire.
Je vais le lire dans les prochaines semaines.

J'ai aussi acheté le très beau livre de Philippe Claudel : Le monde sans les enfants que j'ai eu le temps de lire dans ma chambre d'hôtel. N'hésitez pas à vous le procurer. Il s'agit de vingt courtes histoires sur le thème des enfants. Un petit bijou.

Finalement, je n'ai pu résister aux Euphorismes de Grégoire (G. Lacroix). En payant, le libraire m'a indiqué que c'était un joyeux petit livre. Voyez l'euphorisme 682 :

Viagra : la seule aide véritable à la réinsertion.

Ou encore :

Pour la femme, rien ne se perd rien de secret. (n. 155)
Faire un régime me pèse (n. 146)
La compagnie de gens qui se croient cultivés peut être source d'un ennui de grande qualité. (n. 787)

vendredi 24 novembre 2006

Et nos DG?

L'inconvénient de parler trop vite,
c'est qu'après avoir dit des choses,
on se met dans l'embarras de les penser.
Albert Brie


Il m'est toujours difficile d'en laisser passer une...

Par exemple, cette nouvelle rapportée sur plusieurs sites, mais ente autres, celui de Zone Libre en Éducation (Grics).

L'auteur de l'article signale qu'au regard de l'implantation du logiciel libre dans l'administration publique « la France est très nettement en avance sur le Québec dans ce domaine. » De la part d'un leader dans le monde de l'informatique scolaire, je me bidonne quand je vois une réflexion pareille. Qu'attend donc cette société à but non lucratif pour installer Linux dans les portables des directeurs généraux des commissions scolaires ? Si des députés peuvent comprendre Linux, me semble que nos DG n'auront certainement pas de problèmes eux non plus ! C'est beau de parler, de vanter les mérites du libre, mais tant qu'on ne fait que parler, les choses n'avancent pas vraiment. Et pourtant la GRICS, dont je le rappelle le conseil d'administration est composé de DG des CS, a le pouvoir de changer ces choses.

Bischoff

Le Père Bischoff, Rédemptoriste, a publié en 1899 un petit recueil de citations appelé Une Gerbe d'Or. 155 pages de pensées, souvent plus catholiques les unes que les autres du genre :
Voulez-vous être purs ? Soyez charitables.

Est bien puissant quiconque veut toujours ce que Dieu veut. (Sainte Mathilde)

Tous les hommes peuvent être utiles, Dieu seul vous est indispensable.

Le blasphème porte malheur.
Ce qui n'empêche pas de trouver parfois des citations intéressantes :
De la plus douce raillerie à l'offense, il n'y a qu'un pas.

L'égoïsme est comme l'embonpoint; plus on en a, plus on est gêné par celui des autres. (J. Lemaître).
Cependant, en page 104, on trouve celle-ci :
L'esprit humain est pendu à l'infini par sa racine. (Flatons)
Ma question, encore sans réponse : qui est donc ce monsieur Flatons ? N'hésitez pas à laisser un commentaire si vous trouvez !

jeudi 23 novembre 2006

Une mode disparue

En tombant sur cette intéressante page de citations, je suis remonté vers la page d'accueil. Elles sont de plus en plus rares les pages avec des cadres. Les frames ont eu une courte heure de gloire, remplacés avantageusement par les pseudoframes que génèrent les langages de scripts. Il faut aussi noter que la mise en page à l'aide des balises de tableaux tend à disparaître, une grande quantité de sites préférant le positioning-CSS

mardi 21 novembre 2006

Detoeuf

Je viens de tomber sur quelques citations d'Auguste Detoeuf, essayiste français mort en 1947.
  • La publicité s'impose ou n'est pas. On ne réussit pas auprès de la foule par la discrétion et le marivaudage. La publicité, c'est le viol.
  • J'ai souvent vu des techniciens avoir des avis contraires, je n'en ai jamais vu avoir tort.
  • CONSULTER.- Façon respectueuse de demander à quelqu'un d'être de votre avis.
J'ai commandé son Propos d’O.L. Barenton, confiseur chez un bouquiniste de Québec.

dimanche 19 novembre 2006

Challenge ABC 2007 : liste préliminaire

La volonté trouve, la liberté choisit.
Trouver et choisir, c'est penser.
Victor Hugo


Je me donne encore quelques semaines avant de fixer définitivement mes choix du Challenge 2007. En ce moment, je songe à la liste donnée un peu plus bas. Fort probablement que les titres uniques se retrouvant sous une lettre seront de mon défi.

Le livre de Mortimer Adler date de 1964 et chaque fois que je le feuillette, j'y trouve des pages intéressantes. Alors pourquoi ne pas le lire en entier ?

À part La flamme d'une chandelle, je n'ai rien lu du côté rêverie chez Bachelard. Le Bosco est sur ma liste, car, justement, Bachelard y fait référence dans La flamme... Le Beckett attend depuis plusieurs mois. Le choix sera difficile.

Je possède 5 Chapelan. Je vais sans doute commencer par son Lire et Écrire.

Peu de Québécois sur ma liste. Mais je vais me faire un point d'honneur de lire le Ducharme. Il y a aussi, dans les M, le Gilles Marcotte qui me tente énormément. Et le Canadien Findley dans les F. Mais ce dernier est en forte compétition avec Fénelon.

Ésope et Eça de Queirós? Fort probablement ce dernier. Avec le Huysman, j'aurai un petit aperçu de la fin du 19e siècle.

Gontcharov est un classique. Le Guitton aussi, mais d'un tout autre ordre.

Les trois H me tentent. L'essai de Handy m'apprendra beaucoup. Le Horace est aussi un incontournable.

Comment choisir entre Illich et Irving? Peut-être ne vaut-il pas mieux ne pas choisir et les lire tous les deux?

Jankélévitch est un philosophe inclassable. Et puis, c'était un amoureux du piano. Pour Kafka, ce sera une relecture. Probablement que je vais commencer par Le Procès.

J'ai du théâtre sur cette liste : La Harpe et Quinault sont du 18è siècle. Quant au Nivoix, c'est une vieille pièce des années 20. Je possède les deux volumes publiés chez Gallimard du Théâtre de Yourcenar. Et Yourcenar, ça commence par un Y!

J'aime l'écriture de Mercier. Il est en forte compétition avec le déjà mentionné Marcotte.

Onfray est un philosophe incontournable. Comme plusieurs me le conseillent, autant en profiter!

Dans les P, mon coeur balance vers Pessoa. Mais je journal de Pavese m'attire énormément aussi. Quant à l'essai de Pena-Ruiz, il me permettrait de mieux comprendre l'influence des mythes dans notre société.

Rabelais ou Robidoux? Rabelais sans doute. Je pense lire le Robidoux aux toilettes.

Dans les S, trois auteurs. Savater et son essai sur l'éducation. J'ai aussi deux autres livres de lui qui m'attendent. J'avais commencé la lecture du Witt mais abandonné après une trentaine de pages, m'y ennuyant. Pourquoi ne pas réessayer de le lire? Quant au classique Le Rouge et le Noir, c'est là qu'on y trouve l'expression Chien de lisard...

Taine ou Tirtiaux. Probablement Taine, que je n'ai jamais lu.

Dans les U, Updike. Il a beaucoup écrit. J'opte pour Épouse-moi.

Le Vincenot est un cadeau de Monique. Il attend depuis quasi 10 ans sur une étagère. C'est dans ce livre qu'on trouve cette belle phrase que j'aimerais bien ajouter à ma collection :
Ce qui compte ce n'est ni le chandelier ni le cierge, ce n'est ni l'or ni la cire : ce qui compte, c'est la flamme du cierge ! le bois que tu touches, mon fils, n'est plus du bois, c'est de l'âme !
Woolf ou Warhol ? Je ne sais pas encore.

Le Xiaolong est le seul polar de ma liste.

J'avais déjà commencé sans la terminer la lecture de Zorn.

Liste préliminaire

A
Adler, M., Comment lire les grands auteurs

B
Bachelard, G., L'eau et les rêves
Beckett, S., Molloy
Bosco, H., L'Âne culotte

C
Chapelan, M., Lire et écrire

D
Ducharme, R., L'Avalée des avalés

E
Ésope, Fables.
Eça de Queirós, 202, Champs Élysées

F
Fénelon, Télémaque
Findley, T., Pilgrim

G
Guitton, J., Le travail intellectuel
Gontcharov : Oblomov

H
Handy, C. Le temps des paradoxes
Horace, Épîtres
Huysmans, J. K., À rebours

I
Irving, J., L'OEuvre de Dieu, la part du Diable
Illich : La perte des sens

J
Jankélévitch, V., La Musique et l'Ineffable.

K
Kafka, Le Procès
Kafka, Le Château

L
La Harpe, Théâtre

M
Mercier, L. S. Dictionnaire d'un polygraphe
Marcotte, G., Les livres et les jours

N
Nivoix, Paul, Ève toute nue

O
Onfray, M., Le désir d'être un volcan

P
Pena-Ruiz, H., Le roman du monde
Pavese, Le métier de vivre
Pessoa, Le livre de l'Intranquillité

Q
Quinault, Le Mère coquette (Pìèce du XVIII)
Quignard, P., La Haine de la musique

R
Rabelais, F., Gargantua
Robidoux, L.-P., Feuilles Volantes

S
Savater, F., Pour l'Éducation
Sharpe, T., Witt 1
Stendhal, Le Rouge et le Noir

T
Taine, Pages choisies
Tirtiaux, Les sept couleurs du vent

U
Updike, John, Épouse-moi

V
Vincenot, H., Le Pape des Escargots

W
Woolf, V., La promenade au phare
Warhol, Ma philosophie de A à B et vice-vera

X
Xiaolong, Qiu, Mort d'une héroïne rouge

Y
Yourcenar, Théâtre

Z
Zorn, F., Mars

samedi 18 novembre 2006

De deux choses lune

Et vous, qu'auriez-vous répondu ?

Blogospherus

La blogosphère est-elle réelle ? Premier test de viralité pure de la blogosphère francophone.

Le test m'intéresse, d'autant plus qu'une jolie citation du Peuple des Connecteurs (quelques autres ) est en épigraphe du commentaire original.

mercredi 15 novembre 2006

Idiot-proof

Je pense qu'il faut réfléchir sur la fermeture d'un produit en éducation. On parle souvent de logiciel idiot-proof, c'est-à-dire d'un produit que même un imbécile ne pourra détourner des fonctionnalités prévues.

Squeak a cet immense avantage d'être dans le parfait opposé : on peut en effet à peu près tout « briser » dans cet univers. Cela a pour effet de déstabiliser grandement les enseignants qui ont besoin de sécurité quand ils mettent les enfants devant la machine. Cette dernière, pour eux, n'est souvent qu'un ustensile servant à exécuter certaines tâches précises plutôt qu'un outil permettant l'exploration d'idées. À l'école, on applique des idées et il viendrait à très peu de gens qu'on peut aussi en explorer à l'aide de l'informatique.

Le LOGO possédait (et possède toujours) cette capacité. Je me rappelle, au début des années 80, un conseiller pédagogique qui a rédigé un pas à pas pédagoplate pour sécuriser, non pas les élèves, mais les enseignants. Mais ce sont évidemment les élèves qui étaient pognés à suivre ce pas à pas. Ce conseiller était complètement à côté de la track. 25 ans plus tard, a-t-on vraiment évolué ?

Mais comment peut-on penser que ces enseignants développeront, dans le cadre de leur travail, la culture de la machine source d'exploration d'idées puissantes si on ne leur fournit pas un ordinateur personnel et s'ils restent toujours dépendants des services informatiques ?

À mon sens, donner à chaque enseignant de la province un ordinateur portable est une condition essentielle à l'application du programme de formation. Tant qu'elle ne sera pas remplie, on en restera à l'ordi-ustensile. Et on se reverra dans 25 ans...

mardi 14 novembre 2006

Déjà 30 ans

À tous ceux pour qui le 15 novembre est un 1er janvier, bonne et heureuse année.
Albert Brie, Le mot du silencieux (Affaire de perspective), Le Devoir
Je n'ai plus l'année précise où se trouve dans Le Devoir cette citation d'Albert Brie. Mais c'était probablement autour de 1977 ou 1978. Brie voulait signaler la prise du pouvoir par le PQ en 1976.

J'avais voté à Québec. Je pense que j'ai fait un beau X à côté du nom de Claude Morin, celui qui était, on l'a su plus tard, à la solde de la GRC.

En 83 lors de la négociation au secteur public, Lévesque et sa gang diminuaient mon salaire de 20%. Mais ce que je n'ai jamais digéré est la campagne de dénigrement menée par le gouvernement au regard de la profession enseignante. ll ne faut pas oublier que si le PQ avait été porté au pouvoir c'était en grande partie grâce à un appui massif des enseignants. Il m'est vraiment impossible d'oublier cet affront dégradant... Depuis, je sais que les politiciens sont tous pareils. À cet égard, je cite souvent Herriot:
Dans les ruines du théâtre romain de Vaison, on a trouvé des statues de personnages municipaux à têtes interchangeables. Comment ne pas admirer la sagesse de cette invention ?
Le 15 novembre n'est pas un premier janvier pour moi. Ce n'est qu'un 15 novembre, comme tous les autres.

Gricsomanie

Il m'a bien fait rire cet article de la GRICS (Zone libre en éducation) sur le syndrome Bayrou. L'article se termine par un précieux conseil : « Sachez qu’il vaut mieux avouer sa dépendance aux logiciels propriétaires que de tomber dans le piège du syndrome Bayrou. »

Paraphrasons : « Sachez qu’il vaut mieux avouer sa dépendance à la GRICS que de procéder à une véritable implantation du logiciel libre dans le système d'éducation. »

samedi 11 novembre 2006

Quatre jours

Le système de livraison postale m'intriguera toujours. Le lundi 6 novembre, j'ai commandé chez la librairie Paroles d'Avignon en France le Lire et Écrire de Maurice Chapelan. Il était dans ma boîte vendredi.


C'est dans ce livre qu'on trouve la citation très connue :
Instruction : des pierres dans un sac. Culture : une graine dans un pot.
Peu savent toutefois qu'elle continue ainsi :
Si grand le sac et nombreuses les pierres, rien n'y pousse. Si modeste la graine et petit le pot, cela germe, croît et fleurit. Et c'est parce que les esprits sont ou des sacs ou des pots, qu'il arrive qu'on rencontre plus de culture chez un cordonnier de village que sous la toque d'un professeur en Sorbonne.
Glanés dans le bouquin, ces quelques autres extraits :
Je lis, élis, relie et relis.
Les meilleurs livres sont ceux que nous choisissons parce que nous avons le sentiment que leur auteur nous a choisis : ils nous parlent à l'oreille.
J'écris pour me surprendre, c'est-à-dire à la fois pour me découvrir et pour m'étonner.
Le plus difficile est de faire sourire, surtout de ce sourire des yeux qui est la marque du contentement de la raison.
Presque rien n'a été assez bien dit.

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