Jobineries

Blogue de Gilles G. Jobin, Gatineau, Québec.

dimanche 29 janvier 2006

Relooking

Aujourd'hui, j'ai passé plusieurs heures au « relooking » d'Au fil de mes lectures. Cela devait bien faire quatre ou cinq ans que l'allure du site n'avait pas changé.

En gros, j'ai utilisé deux outils. D'abord, les CSS du WebProducer. Il s'agit là d'un excellent gabarit généraliste facile à personnaliser. De plus, IE et Mozilla ne s'en plaignent pas !

Ensuite, l'astuce utilisée lorsqu'un internaute choisit un auteur est une adaptation d'un article que j'ai écrit sur LinuxÉduQuébec en août 2004 : Un puissant menu expliqué pas à pas. Il fallait aussi trouver un moyen de conserver la sélection alphabétique du visiteur : un joyeux problème PHP-CSS-Javascript !

dimanche 22 janvier 2006

La politique

Demain, c'est jour d'élection au Canada. Petit florilège de citations tirées d'Au fil de mes lectures.

Diego : Mentir est toujours une sottise.
Nada : Non, c'est une politique.
Albert Camus (L'État de siège, p.44, Folio/théâtre n°52)

Quand vous écoutez un discours politique, il faut, comme à la chasse, tenir compte du vent.
Anonyme

[...] je ne discute jamais, ni sur la politique ni sur l'amour. Ce sont des sujets sur lesquels on s'est tu, pendant des siècles, et c'est depuis que tout le monde s'en mêle que rien ne va plus ! Autrefois, la politique, c'était l'affaire des ministres, et l'amour l'affaire des putains. C'étaient elles, les conseillers conjugaux, et permettez-moi de vous dire qu'elles en savaient un peu plus long que les vôtres ! Aujourd'hui, tout le monde veut être ministre et tout le monde veut être putain !
Jean Anouilh (Les poissons rouges, p.75, Folio n°6)

Mais, feindre d'ignorer ce qu'on sait, de savoir tout ce qu'on ignore ; d'entendre ce qu'on ne comprend pas, de ne point ouïr ce qu'on entend ; surtout de pouvoir au-delà de ses forces ; avoir souvent pour grand secret de cacher qu'il n'y en a point ; s'enfermer pour tailler les plumes, et paraître profond, quand on n'est, comme on dit, que vide et creux ; jouer bien ou mal un personnage ; répandre des espions et pensionner des traîtres ; amollir des cachets ; intercepter des lettres ; et tâcher d'ennoblir la pauvreté des moyens par l'importance des objets : voilà toute la politique, ou je meure !
Pierre Augustin Caron de Beaumarchais (Le mariage de Figaro, Presses-Pocket n° 6168, p.178)

Ah ! [la politique] est l'art de créer des faits ; de dominer, en se jouant, les événements et les hommes ; l'intérêt est son but ; l'intrigue son moyen : toujours sobre de vérités, ses vastes et riches conceptions sont un prisme qui éblouit.
Pierre Augustin Caron de Beaumarchais (La mère coupable,, Presses-Pocket n° 6168, p.281)

Il y a deux façons de se laisser corrompre en politique : la première, se laisser corrompre tout simplement ; l'autre, fréquenter les politiciens.
Robert Brisebois (L'Amour c'est tout, le hasard c'est autre chose, p.132, Éd. Stanké)

Les idées politiques, ce sont celles qu'adoptent les gens qui n'ont pas d'idées à eux.
Fréderic Dard (Les pensées de San-Antonio, p.59, Éd. Pocket n°10342, 1996)

Dans ce monde qui se voudrait cynique à force de réalisme, un des moteurs principaux de la politique est l'irrationnel désir de ne pas perdre la face.
Robert Escarpit (Lettre ouverte au diable, p.115 Éd. Albin Michel 1972)

Le principal ressort du pouvoir, qu'il soit religieux ou politique : sécréter la culpabilité dont il prétend nous libérer.
Roland Jaccard (Dictionnaire du parfait cynique, p.116, Livre de Poche/biblio n°4138)

Il faut savoir être un citoyen, c'est-à-dire « faire de la politique ». Certes, en faire c'est courir le risque de se tromper ; mais ne pas en faire est être sûr de se tromper.
Albert Jacquard (Petite philosophie à l'usage des non-philosophes, p. 82, Éd. Québec-Livres)

[...] les mouvements politiques ne reposent pas sur des attitudes rationnelles mais sur des représentations, des images, des mots, des archétypes dont l'ensemble constitue tel ou tel kitsch politique.
Milan Kundera (L'insoutenable légèreté de l'être, trad. François Kérel, p.373, Folio n°2077)

[...] il faut que celui qui pense ne s'efforce pas de persuader les autres de sa vérité ; il se trouverait ainsi sur le chemin d'un système ; sur le lamentable chemin de l'homme à conviction ; des hommes politiques aiment se qualifier ainsi ; mais qu'est-ce qu'une conviction ? c'est une pensée qui s'est arrêtée, qui s'est figée, et l'homme à conviction est un homme borné ; la pensée expérimentale ne désire pas persuader mais inspirer ; inspirer une autre pensée, mettre en branle le penser ; c'est pourquoi un romancier doit systématiquement désystématiser sa pensée, donner des coups de pied dans la barricade qu'il a lui-même érigée autour de ses idées.
Milan Kundera (Les testaments trahis, p.212, Folio n°2703)

Certains souffrent d'une hypertrophie des glandes politiques.
Stanislaw Jerzy Lec (Nouvelles pensées échevelées, trad. André et Zofia Kozimor, p.99, Rivages poche n°306)

En politique, nous passons le plus clair de notre temps à parler des absents, il arrive que leur présence n'y change pas grand-chose.
Daniel Pennac (La petite marchande de prose p.126, Folio n° 2342)

En politique, on ne flétrit le mensonge d'hier que pour flatter le mensonge d'aujourd'hui.
Jean Rostand (Pensées d'un biologiste, Éd. J'ai Lu, n° D5, p. 157)

En politique on n'est pas ce qu'on est ; on est ce qu'on paraît être. La déconsidération, une fois acquise, ne se perd plus.
Charles Augustin Sainte-Beuve (Pensées et maximes, p.216, Grasset 1954)

Les hommes politiques et les chefs de section, les militaires et les capitaines d'industries, les aigles de bureaux et les bâtisseurs d'entreprise sont des personnages qui me font rigoler, me paraissent infiniment ridicules avec leurs certitudes de jongler avec le monde alors qu'ils ne manient en réalité que des bulles de savon et qu'ils sont eux-mêmes des bulles de savon.
Jacques Sternberg (Vivre en survivant, p.32, Éd. Tchou)

Politique n. Lutte d'intérêts déguisée en débat de grands principes. Conduite d'affaires publiques pour un avantage privé.
Ambrose Bierce (Le dictionnaire du Diable, trad. Bernard Sallé, p.216, Rivages/Étranger, n°11)

La politique, ou l'art (ou le don) de connaître et de mener la multitude ou la pluralité. La gloire de cet art est de mener cette multitude, non pas où elle veut ni où l'on voudrait soi-même, mais où elle doit aller.
Joseph Joubert (Carnets t.2, p.523, nrf/Gallimard, 1994)

La politique, pour lui, c'était un peu comme une chouette cabane dans les arbres : une fois à l'intérieur avec les petits caïds du voisinage, il suffisait de retirer l'échelle pour laisser en bas tous les crétins.
Dennis Lehane (Ténèbres prenez-moi la main, trad. Isabelle Maillet , p.94, Rivages/noir, n°424)

[...] Monsieur Neandertal, avec trente grognements signifiants, dix consonnes et trois voyelles, pourrait aujourd'hui faire une carrière politique.
Boris Cyrulnik (L'Ensorcellement du monde, p.64, Odile Jacob n°67)

La politique est un chapitre de la météorologie.
La météorologie est la science des courants d'air.
Édouard Herriot (Notes et Maximes, p.25, Hachette, 1961)

En politique, il vaut mieux avoir tort avec ses amis que raison avec ses adversaires.
Édouard Herriot (Notes et Maximes, p.25, Hachette, 1961)

Quand un discours politique a de l'élévation, de la vigueur, de l'élégance, de la tenue, détrompons-nous ! ce n'en est pas un.
Albert Brie (Le mot du silencieux, p.178, Fides, 1978)

La plupart des gens qui se passionnent pour les luttes électorales ne portent ordinairement aucun intérêt à la vie politique dans son cours normal. En cela, ils suivent l'exemple de bon nombre de politiciens qui s'agitent avec fureur durant un ou deux mois que dure la campagne électorale. On les trouve abîmés dans un sommeil comateux pour les trois ou quatre ans qui précèdent le prochain match.
Albert Brie (Le mot du silencieux, p.186, Fides, 1978)

En politique, s'expliquer c'est mentir, mais en beaucoup plus de mots.
Albert Brie (Le mot du silencieux, p.189, Fides, 1978)

Campagne électorale : Hostilités portées sur la place publique par les partis politiques, et menées avec les armes conventionnelles du mensonge, du vol, de la haine, du préjugé, du fanatisme, de la calomnie, de la bassesse et de la canaillerie. La lutte se termine ordinairement par la victoire du parti qui a su faire le plus éclatant usage de ces vertus démocratiques.
Albert Brie (Le mot du silencieux, p.227, Fides, 1978)

Élection : Dans les démocraties évoluées, c'est-à-dire décadentes, expression du désenchantement politique de la collectivité, caractérisé par la tendance du peuple à l'aboulie que, par un retournement de sens, on appelle volonté.
Albert Brie (Le mot du silencieux, p.231, Fides, 1978)

La politique est l'art de gouverner la cité : ainsi parlaient les anciens.
Mais, hier, un homme d'État, qui est aussi un penseur et un lettré, a trouvé cette définition incomplète. Il a écrit : « La politique, c'est l'art, la volonté, la passion de gouverner. »
Ainsi a-t-il mis sur le même rang l'art et la passion du pouvoir, c'est-à-dire la capacité et l'ambition. Au vrai, l'ambition suffit, de nos jours, à un homme politique, et l'on a vu souvent, dans les plus hauts postes, des incapables.
Louis Latzarus (La politique, p.7, Librairie Hachette, 1928)

En démocratie, la politique est l'art de faire croire au peuple qu'il gouverne.
Louis Latzarus (La politique, p.7, Librairie Hachette, 1928)

Certains hommes politiques se vantent d'être des hommes tout court. Ne les croyez pas. S'ils n'étaient que des hommes, la politique les écoeurerait.
Louis Latzarus (La politique, p.9, Librairie Hachette, 1928)

Il n'en va point dans la lutte politique comme à la guerre. Le parti vaincu devient plus redoutable après sa défaite. Il lui suffit de ramasser les armes que les vainqueurs ont dû troquer contre les insignes du pouvoir.
Louis Latzarus (La politique, p.22, Librairie Hachette, 1928)

L'exercice de la démocratie directe implique le principe : l'humain prime le nombre. La mathématique appelée à trancher dans le vif des décisions politiques n'a que trop tendance à transformer chacun en élément statistique, à en faire l'objet aveugle d'une comptabilité providentielle, qui finit toujours par régir le malheur.
Raoul Vaneigem (Pour l'abolition de la société marchande pour une société vivante, p.102, Rivages poche n°480)

J'ai vu, un soir d'élection, pleurer un vieux député battu. Vingt ans auparavant, il avait écrasé son prédécesseur. Il ne pensait pas que le même destin pût jamais l'atteindre.
Louis Latzarus (La politique, p.27, Librairie Hachette, 1928)

- J'ai été sept fois ministre ! disait, dans une réunion publique, un député qui briguait sa réélection.
- Dire que c'est vrai ! cria un interrupteur.
Aussitôt, tout le monde rit.
Louis Latzarus (La politique, p.53, Librairie Hachette, 1928)

Quand nous serons tous coupables, ce sera la démocratie.
Albert Camus (La chute, p.142, Folio n°10)

La démocratie est chose trop sérieuse pour être confiée aux électeurs.
Arthur Koestler (Les call-girls, trad. Georges Fradier, p.246, Livre de Poche n°. 4101)

Tant qu'il y aura des dictatures, je n'aurai pas le coeur à critiquer une démocratie.
Jean Rostand (Inquiétudes d'un biologiste, p.103, Livre de Poche n°3634)

Dictature : pouvoir absolu d'un seul.
Démocratie : pouvoir absolu de quelques'uns.
Paul Carvel (Sel d'esprit (696), Laetoli, 2005)

Dictature : pays où les citoyens veulent voter mais ne peuvent pas.
Démocratie : pays où les citoyens peuvent voter mais ne veulent pas.
Paul Carvel (Sel d'esprit (856), Laetoli, 2005)

Tous les hommes sont en faveur de la démocratie comme tous les vers sont en faveur des pommes.
Albert Brie (Le mot du silencieux, p.177, Fides, 1978)

C'est la forme la plus exquise du comportement politicien, qui consiste à utiliser un fait vrai pour en faire un mensonge.
René Barjavel (Demain le paradis, p. 138, Denoël)

Un politicien ne peut faire carrière sans mémoire, car il doit se souvenir de toutes les promesses qu'il lui faut oublier.
Fréderic Dard (Les pensées de San-Antonio, p.73, Éd. Pocket n°10342, 1996)

Conservateur n. Politicien qui affectionne les maux existants, qu'il ne faut pas confondre avec le Libéral qui souhaite les remplacer par d'autres.
Ambrose Bierce (Le dictionnaire du Diable, trad. Bernard Sallé, p.59, Rivages/Étranger, n°11)

Phare n. Construction élevée sise au bord de la mer, dans laquelle le gouvernement entretient une lampe et l'ami d'un politicien.
Ambrose Bierce (Le dictionnaire du Diable, trad. Bernard Sallé, p.210, Rivages/Étranger, n°11)

Pour les politiciens en campagne il y a des chers concitoyens. Une fois élus, il n'y a plus que des citoyens chers et cons.
Paul Carvel (Sel d'esprit (721), Laetoli, 2005)

Tous les politiciens sont opportunistes ; les plus habiles le sont au moment opportun.
Albert Brie (Le mot du silencieux, p.184, Fides, 1978)

On sait ce que promettre veut dire. Les promesses électorales ressemblent aux serments d'amour. Elles sont un accompagnement obligé du jeu. Pour cette raison, si l'on pardonne l'aveuglement du politicien, l'amoureux a une excuse qui manque à celui-là, celle de n'abuser qu'une personne à la fois.
Albert Brie (Le mot du silencieux, p.188, Fides, 1978)

Il est bien admis que les politiciens pratiquent couramment le mensonge. Si l'un d'eux prend l'habitude de dire la vérité, le peuple peut aller jusqu'à se demander si cet original ne manque pas à son devoir professionnel.
Albert Brie (Le mot du silencieux, p.192, Fides, 1978)

samedi 21 janvier 2006

Des robots

Qui éduquera les éducateurs ?
Marx


Quand je vois ce genre de bidule, j'ai l'impression qu'on ne forme pas des enseignants, mais plutôt des portraits-robots d'enseignants. Je n'y trouve que la plus grande démotivation possible à embrasser la carrière. Où diable s'en va-t-on si les éducateurs d'éducateurs restent toujours enfoncés dans une approche scolastique de l'apprentissage ? Donnez-moi 30 compétences (ou douze, c'est quasi pareil), quatre ans, un local avec cent étudiants et je vous forme cent enseignants compétents. Quelle folle thèse foutaise !

jeudi 19 janvier 2006

Mon nébuloscope

Le Nébuloscope est un outil qui permet de visualiser sous forme de nuage le « monde lexical » d'une requête sur le Web francophone.

Nuage de Gilles Jobin

Pas si « nouvelles » que ça...

Michel Serres est un éminent penseur français. Sa conférence (1 h 38 min) intitulée Les nouvelles technologies, que nous apportent-elles ? redonne espoir. À écouter de toute urgence.

Liane : Au fil de mes lectures de Michel Serres.

dimanche 15 janvier 2006

Le «mal/bien-penser»

Éthique est le sixième et dernier volume de la célèbre Méthode d'Edgar Morin. Comme mentionné en quatrième de couverture, faire son devoir n'est souvent ni simple ni évident, mais incertain et aléatoire : c'est pourquoi l'éthique est complexe. Et ce livre explore justement cette complexité. Sa lecture est relativement facile et, à mon avis, peut être une bonne introduction à La Méthode, même s'il en constitue le point d'arrivée. N'est-ce pas là un merveilleux signe que la compréhension est complexe et peut s'aborder de plusieurs façons ?
Vous trouverez plusieurs citations sur Au fil de mes lectures, mais je ne peux vous laisser sans ce large extrait qui résume bien, à mon avis, la complexité du bien-penser. Je suggère de vous en faire une jolie copie papier que vous pourrez garder tout près : sa relecture, avant d'entamer une discussion, ne peut être que bénéfique !

Extrait des pages 64, 65 et 66 :

Le « mal-penser »

- morcelle et cloisonne les connaissances,
- tend à ignorer les contextes,
- fait le black-out sur les complexités,
- ne voit que l'unité ou la diversité, mais non l'unité de la diversité et la diversité de l'unité,
- ne voit que l'immédiat, oublie le passé, ne voit qu'un avenir à court terme,
- ignore la relation récursive passé/présent/futur,
- perd l'essentiel pour l'urgent, et oublie l'urgence de l'essentiel,
- privilégie le quantifiable et élime ce que le calcul ignore (la vie, l'émotion, la passion, le malheur, le bonheur),
- étend la logique déterministe et mécaniste de la machine artificielle à la vie sociale,
- élimine ce qui échappe à une rationalité close,
- rejette ambiguïtés et contradictions comme erreur de pensée,
- est aveugle au sujet individuel et à la conscience, ce qui atrophie la connaissance et ignore la morale,
- obéit au paradigme de simplification qui impose le principe de disjonction ou/et le principe de réduction pour connaître, et qui empêche de concevoir les liens d'une connaissance avec son contexte et avec l'ensemble dont elle fait partie,
- mutile la compréhension et handicape les diagnostics,
- exclut la compréhension humaine.

Le « travailler à bien penser »

- relie,
- décloisonne les connaissances,
- abandonne le point de vue mutilé qui est celui des disciplines séparées et cherche une connaissance polydisciplinaire ou transdisciplinaire,
- comporte une méthode pour traiter les complexités,
- obéit à un principe qui enjoint à la fois de distinguer et de relier,
- reconnaît la multiplicité dans l'unité, l'unité dans la multiplicité,
- dépasse le réductionnisme et le holisme en liant
- reconnaît les contextes et les complexes et permet donc d'inscrire l'action morale dans l'écologie de l'action,
- inscrit le présent dans la relation circulaire
- n'oublie pas l'urgence de l'essentiel,
- intègre le calcul et la quantification parmi ses moyens de connaissance,
- conçoit une rationalité ouverte,
- reconnaît et affronte les incertitudes et contradictions,
- conçoit le dialogique qui intègre et dépasse la logique classique,
- conçoit l'autonomie, l'individu, la notion de sujet, la conscience humaine,
- opère ses diagnostics en tenant compte du contexte et de la relation local-global,
- s'efforce de concevoir les solidarités entre les éléments d'un tout, et par là tend à susciter une conscience de solidarité. De même sa conception du sujet le rend capable de susciter une conscience de responsabilité ; il incite donc à ressourcer et régénérer l'éthique,
- reconnaît les puissances d'aveuglement ou d'illusion de l'esprit humain, ce qui conduit à lutter contre les déformations de la mémoire, les oublis sélectifs, la self-deception, l'auto-justification, l'auto-aveuglement.

samedi 14 janvier 2006

Vaneigem

« Ne permettez plus que les hommes politiques stigmatisent l'insupportable violence faite aux individus alors qu'ils la suscitent sciemment, dès l'enfance, vulgarisant, au nom de la rentabilité, un élevage concentrationnaire où, parqués de vingt-cinq à trente par classe, les écoliers se trouvent crétinisés par les principes de compétition et de concurrence, soumis aux lois de la prédation, initiés au fétichisme de l'argent, confits dans la peur de l'échec, infestés par l'arrivisme, livrés à des fonctionnaires amers et mal payés, moins enclins à nourrir la curiosité des jeunes générations qu'à se venger sur elle de leurs infortunes.
Les collectivités d'enseignants, de parents et d'élèves n'ont-elles pas le pouvoir d'imposer des normes scolaires répondant, non à la rentabilité des malversations budgétaires, mais au souci de confier à un grand nombre d'accompagnateurs d'apprentissage, aussi avides d'enseigner que de s'instruire, de petits groupes d'enfants et d'adolescents à qui rien de ce qui est humain ne demeurera étranger ?
Si elles ne l'ont pas, qu'elles le prennent ! Qu'elles exigent, à contre-courant des coupes et des concentrations opérées par l'économie parasitaire, la multiplication de petites écoles, permettant à l'enseignant d'individualiser son enseignement et de propager jusque dans le milieu familial et social cette intelligence sensible du vivant, seule capable de décourager la barbarie ! »
Raoul Vaneigem, Pour l'abolition de la société marchande pour une société vivante, p.108, Rivages poche n°480.

jeudi 12 janvier 2006

Dotclear et le spam : mon hack

Depuis quelques temps, plusieurs commentaires spamment mon blogue. J'utilise la version 1.2 beta de Dotclear. En attendant de trouver une meilleure solution, voici celle qui, je l'espère, fera l'affaire.
Ouvrez le fichier inc/classes/class.blog.php.
Autour de la ligne 1417, on trouve la fonction addComment. C'est cette dernière qu'il faut modifier. Mes changements sont en rouge.
L'idée est de comparer le commentaire à une liste de mots. S'il en trouve un, on s'arrange pour ne pas le publier. Par défaut, j'ai posé la variable $apublier à 1. Si elle vaut 0, le commentaire est conservé dans la base de données, mais n'est pas en ligne. C'est à l'administrateur de le supprimer de son interface d'administration. Vous pourriez cependant vous éviter cette étape, et j'indique comment le faire dans le code.
Évidemment, le problème de cette solution réside dans l'obligation de modifier le fichier à chaque fois qu'un nouveau spam contenant d'autres mots que ceux de la variable en tableau $MOT fait son apparition. Il faut alors ajouter une entrée au tableau et télécharger à nouveau le fichier sur votre serveur.
function addComment($post_id,$auteur,$email,$site,$content,$trackback=false)
{
$post_id = (integer) $post_id;
$auteur = $this->secureString($auteur);
$email = $this->secureString($email);
$site = $this->secureString($site);
$content = $content;


//Si on désire garder le commentaire, on associera zéro à cette variable.
$apublier = 1; 
// jobin : pour supprimer les spams. Je mets les mots en array
//insérez les mots que vous jugez caractéristiques du spam
$MOT = array("online discount","viagra","buy","cheap","cool site"); 
$CMOT = count ($MOT);
for ($CX=0;$CX<$CMOT;$CX++)
{
 //on garde le commentaire au cas où.
 //si vous voulez le supprimer à la place, remplacez $apublier = 0; 
 //par return false;
 if (strpos($content,$MOT[$CX])) {$apublier = 0;} 
}
    
# Vérifications
	if (!trim($post_id)) {
		$this->setError(__('No entry ID'),1000);
	}
		
	if (!trim($auteur)) {
		$this->setError(__('Empty comment author'),1000);
	}
		
	if (!trim($content)) {
		$this->setError(__('Empty comment content'),1000);
	}
		
	if ($email != '' && !$this->isEmail($email)) {
		$this->setError(__('Invalid email address'),1000);
	}
		
	if ($this->error() !== false) {
		return false;
	}
		
	$site = preg_replace('|^http://|','',$site);
		
# Insertion
	$insReq = 'INSERT INTO '.$this->t_comment.' '.
	'(post_id,comment_dt,comment_upddt,comment_auteur,comment_email,'.
	'comment_site,comment_content,comment_ip,comment_pub,'.
	'comment_trackback) VALUES '.
	'(\''.$this->con->escapeStr($post_id).'\', '.
	'SYSDATE(),SYSDATE(), '.
	'\''.$this->con->escapeStr($auteur).'\', '.
	'\''.$this->con->escapeStr($email).'\', '.
	'\''.$this->con->escapeStr($site).'\', '.
	'\''.$this->con->escapeStr($content).'\', '.
	'\''.$this->con->escapeStr(@$_SERVER['REMOTE_ADDR']).'\', '.
        $apublier.
        ','.
        (integer) $trackback.') ';

dimanche 8 janvier 2006

M30402457

Mon oncle Jacques vient tout juste de me signaler la découverte du plus grand nombre premier à ce jour. Pour rappel, un nombre premier n'est divisible que par lui-même et par 1. Par exemple, 29 est un nombre premier car on ne peut le diviser que par 29 ou par 1. 39 ne l'est pas étant divisible par 1, 3, 13 et 39.

Depuis Euclide, on sait qu'il y a une infinité de nombres premiers. La nouvelle de CNN nous apprend qu'à la mi-décembre, une équipe de la Central Missouri State University a découvert un nombre de 9,152,052 chiffres qui était premier. Ce nombre fait partie de la catégorie dite nombre de Mersenne. Un nombre de Mersenne en est un de la forme 2p-1 où p est un nombre naturel. Par exemple : 210-1 = 1023 est un nombre de Mersenne.

Vous trouverez ici la liste des 42 plus petits nombres premiers de Mersenne connus en 2005 (excluant ce M30402457 = 230402457-1). Tous les détails sur le site officiel consacré à la recherche des nombres de Mersenne premiers.

Les sept savoirs

Je suis en train de lire La Méthode 6 (L'Éthique) d'Edgar Morin. J'en reparlerai ici, mais en attendant, pourquoi ne pas (re)lire les Sept savoirs nécessaires à l'éducation du futur (Seuil, 2000) dont vous trouverez plusieurs extraits sur Au fil de mes lectures.

Voici un petit résumé de ces savoirs essentiels :

Les cécités de la connaissance : l'erreur et l'illusion

Il est nécessaire d'introduire et de développer dans l'enseignement l'étude des caractères cérébraux, mentaux et culturels des connaissances humaines, de ses processus et de ses modalités, des dispositions tant psychiques que culturelles qui lui font risquer l'erreur et l'illusion. (p.11)

Les principes d'une connaissance pertinente

Il est nécessaire de développer l'attitude naturelle de l'esprit humain à situer toutes ses informations [EM parle ici des connaissances capables de saisir les problèmes globaux et fondamentaux pour y inscricre les connaissances partielles et locales] dans un contexte et un ensemble. Il est nécessaire d'enseigner les méthodes qui permettent de saisir les relations mutuelles et influences réciproques entre parties et tout dans un monde complexe. (p12)

Enseigner la condition humaine

[...] reconnaître l'unité et la complexité humaines en rassemblant et en organisant des connaissances dispersées dans les sciences de la nature, les sciences humaines, la littérature et la philosophie, et de montrer le lien indissoluble entre l'unité et la diversité de tout ce qui est humain. (p.13)

Enseigner l'identité terrienne

Il convient d'enseigner l'histoire de l'ère planétaire qui commence avec la communication de tous les continents au XVIe siècle, et de montrer comment sont devenues inter solidaires toutes les parties du monde sans pour autant occulter les oppressions et les dominations qui ont ravagé et ravagent encore l'humanité. (p.13)

Affronter les incertitudes

Il faudrait enseigner les principes de stratégies, qui permettent d'affronter les aléas, l'inattendu et l'incertain, et de modifier leur développement, en vertu des informations acquises en cours d'action. Il faut apprendre à naviguer dans un océan d'incertitudes à travers des archipels de certitude. (p.14)

Enseigner la compréhension

La compréhension mutuelle entre humains, aussi bien proches qu'étrangers, est désormais vitale pour que les relations humaines sortent de leur état barbare d'incompréhension.
D'où la nécessité d'étudier l'incompréhension, dans ses racines, ses modalités et ses effets. (p.15)

L'éthique du genre humain

L'éthique doit se former dans les esprits à partir de la conscience que l'humain est à la fois individu, partie d'une société, partie d'une espèce. Nous portons en chacun de nous cette triple réalité. Aussi, tout développement conjoint des humains doit-il comporter le développement conjoint des autonomies individuelles, des participations communautaires et de la conscience d'appartenir à l'espèce humaine. (p.16)

vendredi 6 janvier 2006

HP4

Je suis allé voir le quatrième Harry Potter hier après-midi.

Sachez d'abord que je n'ai pas lu les romans. Et je ne suis pas du genre cinéphile. J'ai cependant apprécié les trois premiers films et, bien sûr, j'ai assisté à plusieurs conversations familiales autour de l'histoire.

Je suis sorti extrêmement déçu de cette représentation.

D'abord, j'ai trouvé qu'il n'y avait aucune, mais absolument aucune, intrigue. C'est l'histoire d'un tournoi où la compétition est à peu près absente.

Au début du film, on assiste à une destruction du site d'un championnat mondial. Harry Potter se trouve au sol, inconscient. Il y a toute cette désolation, et HP qui se relève. Il est dirait-on le seul survivant d'une espèce de catastrophe nucléaire, et là, ses copains l'appellent au loin avec les effluves du tu n'as rien?, etc. Quelle scène ridicule. D'abord, comment se fait-il qu'il ne soit rien arrivé à HP pendant son inconscience? Comment se fait-il qu'il soit seul étendu dans cette grisaille avec absolument aucun mort autour de lui? Comment se fait-il que ses copains le retrouvent si facilement? Je sais, je sais, ce n'est qu'un film, mais il doit y avoir au moins un peu de cohérence...

On se retrouve à l'école, et on assiste à l'entrée des visiteurs. D'accord, celle de l'école du nord était très réussie. Mais quand les filles sont arrivées, on aurait dit une parade d'hôtesses de l'air. C'était vraiment quétaine.

Et puis, on voit une scène avec la journaliste. Diable, lorsqu'elle a pris HP à part, j'étais convaincu qu'elle allait lui "faire une passe" (ce qui m'aurait évidemment surpris, dans un film pour enfants...). On retrouve cette journaliste niaiseuse juste avant la première épreuve d'HP. Ma question : que diable vient-elle faire dans ce film? Je suppose qu'elle joue un certain rôle dans le livre, mais, avouez-le, couper ces scènes n'aurait rien changé au film.

Dans le combat final avec le gros méchant, j'ai trouvé HP tellement.... tellement... timide. Il tient la baguette comme s'il éloignait le plus possible de lui une cuillère contenant un remède dégueulasse. C'est, à mon avis, assez raté.

Dans ce film (mais peut-être est-ce le cas dans le livre aussi), Rob et Herminone sont de pâles caractères non-joueurs. Avez-vous remarqué la scène (assez ridicule aussi) où Rob envoie Herminone à HP pour lui livrer un message? Comment se fait-il que R. soit là? Je le croyais en chicane avec HP...

Un film absolument sans intrigue qu'il faut voir juste si on aime observer les dragons s'accrocher à des toitures. Ma cote : 4.5/10 !


dimanche 1 janvier 2006

Accoucher de mèmes

Le mème est à la culture ce que le gène est à la vie.


Il est à peu près impossible que les lecteurs de ce blogue trouvent inintéressante cette introduction à la mémétique. La quatrième de couverture est ici. Profitez-en pour parcourir, sur cette même page, la liste des suggestions de lectures. Attention cependant : il est certain qu'après avoir terminé ce bouquin, vous dévouvrirez des mèmes tout autour de vous. Et, consciemment, vous deviendrez un « réplicateur ».

Lianes :
Citations tirées de ma lecture
Le blogue de Pascal Jouxtel
Le site francophone de la mémétique
Pascal Jouxtel : « l’internet, nouveau terrain de réplication »
La mèmerie