Jobineries

Blogue de Gilles G. Jobin, Gatineau, Québec.

mardi 24 mai 2011

Les TIC, le TBI et le RÉCIT

La semaine prochaine, j’assiste à un atelier RÉCIT ayant pour titre Le tableau blanc interactif (TBI) dans le paradigme de l'apprentissage.

Je m’y suis inscrit surtout par curiosité parce que TBI et apprentissage sont deux termes qui m'apparaissent contradictoires. Me tromperais-je ?

Je m’explique.

Un tableau blanc interactif est essentiellement un outil d’enseignement. Or, pour moi, enseigner ne veut pas dire qu’il y ait apprentissage. Enseigner veut tout simplement dire qu’une personne (le prof) donne de la matière (avec toutes ses ressources didactiques, psychologiques, etc.) du mieux qu’il le peut. Dans ma tête, pour qu’il y ait apprentissage, il faut que l’élève soit actif et engagé.

Et tout le débat est là, car on m’a souvent répété que ce n’est pas parce qu’un élève écoute un prof qu’il n’est pas « actif » dans ses apprentissages. D'ailleurs, tout l’enseignement traditionnel est basé sur cette idée. Et ceux qui y croient (la grande majorité en fait) font partie du paradigme de l’enseignement.

Une minorité (d’après mes observations) ne sont pas de cet avis. Ils croient plutôt que l’élève doit être au centre de son processus d’apprentissage devenant ainsi un constructeur investigateur, un coopérateur actif et un acteur à part entière de sa formation.

Le problème est que même les tenants du paradigme de l’enseignement nous disent croire aussi à l’élève constructeur et me racontent souvent qu’il n’y a pas contradiction entre ces deux positions. Et, du coup, je ne comprends plus. Je ne comprends pas comment on peut affirmer que l’élève apprend beaucoup mieux lorsqu’il est actif et, du même souffle, me dire qu’un élève apprend aussi très bien quand c’est le prof qui parle. Pour moi, si on croit vraiment qu’un élève doit être actif, alors on doit tout faire en tout temps pour qu’il le soit, actif !

À cet égard, le TBI est une immense perte de temps, car, pendant qu’une ou deux ou trois personnes s’en servent, les autres doivent ÉCOUTER. Bien entendu, c’est ok pour la personne qui s’en sert car elle est active. Mais alors pourquoi ne pas avoir un ou deux ordinateurs en classe (branchés sur un canon pour éventuellement faire une présentation) au lieu d’un TBI ?

Et le RÉCIT dans tout cela ?

Faut-il vraiment s’occuper de donner de la formation sur cet outil ? Ne faudrait-il pas plutôt se pencher sur la formation des enseignants pour les amener à développer des situations où tous les élèves de la classe seraient actifs dans leurs apprentissages ? Ne faudrait-il pas faire découvrir aux enseignants l’immense potentiel pédagogique que possède un ordinateur quand il est entre les mains de l'élève ? Ne faudrait-il pas que le RÉCIT puisse répondre à la question suivante : « Comment puis-je rendre les élèves actifs avec une dizaine d’ordinateurs branchés en permanence sur Internet dans ma classe ? » Vous pourriez y répondre, vous, à cette dernière question ?

Moi, je pense qu’au RÉCIT, nous sommes majoritairement dans le paradigme de l’enseignement, et que la venue du TBI nous conforte dans ce qu’on fait de mieux : ENSEIGNER !

Une suite

Voici le problème du jour sur Prise2Tête.

Soit la suite : 1 3 4 5 7 9 11 12 13 15 16 17 19 ...

Quel est le 1999ième nombre présent?

Une fois la règle trouvée, j'ai voulu programmer le tout en PHP, mais je me suis rapidement ravisé en pensant aux fameuses listes de Scratch. D'où ce rapide script qui résout la question. N'est-ce pas un bon exemple de résolution de problème à l'aide de la « computational thinking » ?

Ici, suite est une liste et nbre est une variable. Comprenez-vous que ce script génère bel et bien la suite demandée ?

lundi 23 mai 2011

Une page titre ? Non merci !

En lisant l’entrevue de M. Francoeur, ma première réaction fut de me dire qu’il était bien vieux, notre bon poète. En fait, on y trouve la réaction typique d’un enseignant de français qui est vraiment dépassé par la puissance des outils modernes.

Par ailleurs, je suis convaincu que les élèves d’aujourd’hui ne sont pas très différents des élèves d’hier. Une page titre, fouiller dans le dictionnaire, rendre en simple ou double interligne, c’était plate dans mon temps et c’est toujours le cas. Sauf que dans mon temps, les profs pouvaient nous donner des points sur ces insignifiances qui n’ont aucun rapport avec une appréciation littéraire.

Aujourd’hui, faire une page titre est devenue une activité obsolète. Qui donc, à la rédaction d’un billet de blogue, prend le temps d’en faire une ? Qui donc, à la rédaction d’une page web, prend le temps de faire une page titre pour tous les fichiers html (du contenu donc !) de son site. Ce serait une pure perte de temps et obligerait un clic supplémentaire pour atteindre le contenu choisi. Une personne qui pense « web » ne voit aucune utilité à une page titre.

Quant à la recherche dans un dictionnaire papier, franchement, c’est complètement dépassé. J’ai certainement plus de 30 dictionnaires en format papier ici. Et je ne les ouvre JAMAIS. J’utilise soit les dictionnaires sur Internet, soit Google, soit Antidote. Franchement, obliger des élèves à connaître tous les symboles d’un dictionnaire papier est, quant à moi, une pure perte de temps.

Voici donc des suggestions plus «modernes» pour que les élèves veuillent bien assister plus de 12 minutes à votre cours, M. Francoeur :

  1. Amener des élèves à transcrire et à jouer sous forme théâtrale un chapitre d’une lecture imposée ;
  2. Amener des élèves à twitter leurs questions et leurs réflexions au fur et à mesure de la lecture ;
  3. Amener les élèves à bloguer la lecture ;
  4. Ouvrir et diriger un groupe facebook sur l’auteur, ou le personnage principal du livre ;
  5. Amener des élèves à illustrer le livre ;
  6. Amener des élèves à pasticher un chapitre ;
  7. Amener des élèves à créer une oeuvre musicale inspirée de la lecture.
Aujourd’hui, les élèves ont tous les outils pour faire de la création. Se plaindre qu’ils sont incapables de faire une page titre ou d’écrire en double interligne est contre-productif. On doit les guider vers des niveaux intellectuels supérieurs et c’est seulement en les mettant en projets qui ont du sens pour eux qu’on y arrivera.

jeudi 12 mai 2011

L'enfant pigeon

« The phrase, technology and education usually means inventing new gadgets to teach the same old stuff in a thinly disguised version of the same old way. Moreover, if the gadgets are computers, the same old teaching becomes incredibly more expensive and biased towards its dumbest parts, namely the kind of rote learning in which measurable results can be obtained by treating the children like pigeons in a skinner box. »
S. Papert, Teaching Children Thinking, 1970.

En 2011, peut-on laisser les pigeons s'envoler ?