Jobineries

Blogue de Gilles G. Jobin, Gatineau, Québec.

mardi 24 juillet 2012

Chemin faisant, page 216

Le matin, le travail est d'or, l'après-midi d'argent.

Le regret de ne pouvoir pas donner a presque la valeur du don.

Les grands rieurs nous ont amusés en nous dissimulant le prix de leurs rires.

Dieu permet toujours à un bon coeur de s'acquitter.

On dirait que la médisance est un engrais, tant elle a quelquefois réussi à ses victimes.

Le chien ronge son os sans le juger, et le cheval traîne son fardeau sans le comparer.

Anne Barratin, Chemin faisant, Ed. Lemerre, Paris, 1894

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lundi 23 juillet 2012

Chemin faisant, page 215

Le mal chronique nous garantit souvent du mal à la mode.

Il y a des notes morales qu'il faut savoir présenter.

La reconnaissance n'a jamais brûlé les doigts à personne.

Le temps est un prophète qu'on n'entend pas prêcher.

Il y a une éducation qui vient du mari, éducation délicate ou grossière dont la femme reste imprégnée toute sa vie.

La raison nous demande tout en une fois ; c'est un de ses torts.

Anne Barratin, Chemin faisant, Ed. Lemerre, Paris, 1894

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Miette 60 : On a souvent besoin d'un plus petit que soi

La fierté

On a souvent besoin d'un plus petit que soi.

Sommaire. - Éternel inconnu. - Puissant aujourd'hui, humble demain. - La joie de faire plaisir. - « Le Lion et le Rat ». - « Le Rat et le Lion ». - Grands et petits. - Petits et grands. - J'ai besoin de vous.

Demain! Que sera demain? De quoi demain sera-t-il fait? Question sans cesse renouvelée à laquelle personne ne peut répondre. Problème dont la solution n'a encore été trouvée par aucun mathématicien. C'est l'éternel inconnu. Aussi que d'imprévu, de surprises et de vicissitudes dans les événements et les situations. Les uns montent quand les autres s'abaissent, et souvent « la roche Tarpéienne est près du Capitol ».

Comme on ne sait ce que l'on sera demain, il est prudent de se concilier les bonnes grâces de tout le monde, des petits aussi bien que des grands. Les circonstances de la vie sont tellement variables et changeantes que les plus puissants seront peut-être dans le cas de recourir aux bons offices des plus humbles ; il sera donc prudent pour eux de ne pas faire fi de ces derniers, incertains du sort que l'avenir leur réserve à eux-mêmes.

Cela soit dit pour le cas où leur nature ne les engagerait pas à être bons et généreux sans esprit de retour.

Quoi de plus doux au coeur en effet, quoi de plus délicieux que de faire du bien à autrui, que d'obliger son prochain! Il semble qu'on n'ait pas de plus grande satisfaction que de faire plaisir ou de rendre service. La joie qu'on en ressent ne doit pas, pour être complète, s'accompagner d'un espoir de gratitude ou de reconnaissance quelconque.

C'est une pensée personnelle que je me permets d'exprimer ici en toute naïveté ; mais il paraît qu'elle ne répond pas au sentiment général contre lequel La Fontaine prend soin de nous mettre en garde en y insistant à deux reprises différentes1 :

Il faut autant qu'on peut obliger tout le monde :
On a souvent besoin d'un plus petit que soi.
De cette vérité deux fables feront foi,
Tant la chose en preuves abonde.2

C'est ainsi que débute sa fable « Le Lion et le Rat », dans laquelle il nous raconte que le roi des animaux fut pris dans un filet dont il ne put se dépêtrer que grâce à un tout petit rat.

Le même récit avait été fait autrefois par Marot dans une fable dont le sujet était le même, bien que les deux mots du titre soient intervertis. En voici la fin d'une naïve simplicité :

Le Rat et le Lion.

Lors le Lion ces deux grands yeux vêtit,
Et vers le rat les tourna un petit,
En lui disant : « 0 povre verminière,
Tu n'as sur toi instrument ni manière,
Tu n'as couteau, serpe ni serpillon,
Qui sut couper corde ni cordillon,
Pour me jeter de cette étroite voie.
Va te cacher que le chat ne te voie.
— Sire Lion, dit le fils de souris,
De ton propos certes je me souris :
J'ai des couteaux assez, ne te soucie,
De bel os blanc plus tranchants qu'une scie ;
Leur gaine c'est ma gencive et ma bouche.
Bien couperont la corde qui te touche
De si très près, car j'y mettrai bon ordre »

Il ne faudrait pus conclure de tout cela que les grands doivent obliger les petits parce qu'ils en auront besoin à un moment donné, et que les petits n'ont jamais besoin des grands et peuvent les négliger sans crainte de représailles. Les petits ont, bien entendu, encore plus souvent besoin des grands; le tout est de savoir attendrir leur coeur au bon moment quand l'occasion se montre favorable. Lorsqu'on a le talent de découvrir leur côté sensible on s'en tire aisément à son avantage, même quand on a quelque peccadille à se reprocher.

Un valet fainéant va vous faire connaître
D'un seul et même trait le bon coeur de son maître.
« Va-t'en, dit celui-ci, tu me mets en courroux,
Je ne puis rien gagner sur ton âme indocile.
— Monsieur, je le sais bien, je vous suis inutile,
Mais vous me garderez, car j'ai besoin de vous. »


1 Le Lion et le Rat et la Colombe et la Fourmi, livre II, fables 11 et 12.
2 Le Lion et le Rat, livre II, fable 11.

Émile Genest, Miettes du passé, Collection Hetzel, 1913. Voir la note du transcripteur.

COQ section Invitation Rondes 2-3

Championnat ouvert du Québec

Section Invitation



Toutes les parties des rondes 2 et 3. Merci à Hugh Brodie pour le dépôt de celles-ci sur ChessTalk.

Choisissez une partie :

dimanche 22 juillet 2012

Chemin faisant, page 214

Il est des sentiments qu'il faut savoir jouer quand on ne les a pas.

Il faut être dans son corps comme devant toujours en sortir, et dans son âme comme devant toujours y rester.

Quand nous touchons aux choses éternelles, Dieu se charge de nous rappeler qu'elles ne nous appartiennent pas.

L'uniforme, une apparence d'égalité.

Un des bonheurs de l'infériorité est de ne rien trouver difficile.

Venger l'ordre, c'est faire respecter ton droit et le mien.

Anne Barratin, Chemin faisant, Ed. Lemerre, Paris, 1894

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Biel : tournoi blitz en exhibition

Tournoi Blitz (Exhibition)

Biel, 22 juillet 2012


Plus de détails ici.


Source des parties : Twic.

Choisissez une partie :

samedi 21 juillet 2012

COQ section Invitation Ronde 1

Championnat Ouvert du Québec

Section Invitation


Toutes les parties de la première ronde
21 juillet 2012.

Cadence : 40c/90m+30 m/mat avec 30 sec. d'incrémentation depuis le 1er coup.
Source des parties.

Choisissez une partie :


Mise à jour du dimanche 22 juillet : Gilles Groleau m'a fait remarquer que sur la planche de résultats du COQ, la partie Hansen-Kraiouchkine est donnée nulle. Mais le pgn du source indique bien 0-1. J'ai modifié en local le pgn, mais j'ai écrit au responsable du COQ pour m'assurer qu'il faut bien remplacer le 0-1 par la nulle.

Encore une mise à jour : Finalement, Hugh Brodie (grand merci à lui) a déposé sur Chess Talk ce qui semble être la «bonne partie.» Elle s'est terminée au... 125e coup. Ah ! ces finales de Dames...

Chemin faisant, page 213

Un protestant comprendra toujours mal une vierge : témoin, Schiller devant Jeanne d'Arc.

Toutes les craintes sont comme la fièvre, sujettes à des accès.

Les promesses sont gaillardes comme les maîtresses d'auberge.

L'entrain est une qualité de l'esprit qui rejaillit sur le corps.

Anne Barratin, Chemin faisant, Ed. Lemerre, Paris, 1894

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vendredi 20 juillet 2012

Miette 59 : Il est comme le paon qui crie en voyant ses pieds

La fierté

Il est comme le paon qui crie en voyant ses pieds.

Sommaire. - Junon a sa police secrète. - Jupiter agacé. - Mercure vengeur. - La flûte complice du crime. - Métamorphose. - Les yeux de l'homme sur la queue de l'oiseau. - Réclamation mal accueillie. - Pas d'épines, rien que des roses.

Junon, la digne épouse du Maître de l'Olympe, avait sa police secrète représentée par Argus, doué de cinquante paires d'yeux.

Cela déplut un jour à Jupiter qui dépêcha son fidèle Mercure avec mission de supprimer incontinent cet importun personnage. Le divin messager endormit Argus au son de la flûte et le tua. Voyez comme c'est simple et expéditif. Mais Junon avait pris son cher Argus sous sa protection et, pour le consoler, le transforma en paon.

Je vous ai conté cette petite histoire mythologique pour vous exposer la venue du paon sur terre et la présence sur ses plumes de cette quantité d'yeux qui ne sont autres que ceux d'Argus, passés de la tête de l'homme à la queue de l'oiseau.

Se sentant ainsi dans les bonnes grâces de la Grande Déesse, à laquelle il devait sa naissance, le paon se crut tout permis et devint exigeant ; il commença par se plaindre de son chant. Junon n'aimait pas les récriminations et le reçut de façon à le décourager. En quels termes, La Fontaine nous le confie :

Oiseau jaloux et qui devrais te taire,
Est-ce à toi d'envier la voix du rossignol;
Toi que l'on voit porter à l'entour de ton col
Un arc-en-ciel nue de cent sortes de soies ;
Qui te panades, qui déploies
Une si riche queue et qui semble à nos yeux
La boutique d'un lapidaire?
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Cesse donc de te plaindre; ou bien, pour te punir,
Je t'ôterai ton plumage.1

Il n'aurait plus manqué que cela : le paon conservant son cri et perdant ses plumes ! Si son cri ne lui plaisait pas, il y avait autre chose qui le contrariait dans son académie ; ses pieds lui déplaisaient davantage ; il les trouvait lourds et patauds, et aurait été bien aise d'en changer; mais, après l'accueil plutôt froid de sa protectrice, et devant une pareille menace, il préféra se retirer en silence, se contentant de crier en voyant ses pieds. Ce fut la punition de cet oiseau glorieux et vantard ; on y fait allusion quand on montre ses défauts à un vaniteux. L'allusion n'est pas nouvelle puisqu'on la trouve déjà dans une chanson de troubadour du XIIe siècle.

Le paon, de même que le vaniteux, ferait bien mieux de prendre les choses du bon côté et d'accepter défauts et qualités, tels que le sort les a répartis, en se conformant à la douce philosophie d'Alphonse Karr :

Vous vous plaignez de voir des rosiers épineux; Moi je m'en réjouis et rends grâces aux dieux Que les épines aient des roses.


1 Le Paon se plaignant à Junon, livre II, fable 17.

Émile Genest, Miettes du passé, Collection Hetzel, 1913. Voir la note du transcripteur.

Miette 58 : Monter sur ses grands chevaux

L'orgueil

Monter sur ses grands chevaux.

Sommaire. - Palefroi et destrier. - Vaincre ou mourir. - Équitation compliquée.

Au temps où la reine Berthe filait, les chevaliers avaient à leur disposition plusieurs catégories de chevaux ; les chevaux de parade et les chevaux de bataille.

Le cheval de parade, autrement dit palefroi, fin, élégant et fringant, permettait au seigneur de « parader », et à la dame « d'étaler ses grâces ».

Le cheval de bataille, communément appelé destrier ou dextrier, parce que l'écuyer le tenait de la main droite, de la dextre, avait une taille élevée et ne servait que pour le combat. Aussi quand le chevalier l'enfourchait, il n'envisageait que la lutte, vaincre ou mourir. C'était donc fini de rire quand il montait sur son grand cheval.

On a dit monter sur ses grands chevaux, je n'ai jamais bien su pourquoi; car il me paraît difficile de monter plusieurs chevaux, de même que de courir plusieurs lièvres à la fois.

Aujourd'hui, bien qu'on ait tendance à abandonner le cheval et à ne plus vouloir monter qu'en automobile ou en aéroplane, on n'en dit pas moins encore d'une personne qui s'emporte, le prend de haut et parle avec violence, qu'elle monte sur ses grands chevaux... au figuré.

Émile Genest, Miettes du passé, Collection Hetzel, 1913. Voir la note du transcripteur.

Chemin faisant, page 210

L'honneur pour soi, la réputation pour les autres.

La dissimulation est un art que nous apprend la vie.

La prudence est une grand'mère dont nous n'aimons pas à ramasser les lunettes.

Une limite sera toujours une tentation.

Rien n'est moins à nous que notre humeur.

Ce n'est pas assez de voir avec ses yeux, il faut voir avec ceux du sens commun.

Anne Barratin, Chemin faisant, Ed. Lemerre, Paris, 1894

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jeudi 19 juillet 2012

Chemin faisant, page 209

On parle esprit aux gens avec lesquels on ne peut parler coeur.

Il est doux de montrer au monde qu'on n'est pas sa dupe.

Les grands horizons provoquent l'interrogation.

La banalité fera toujours la guerre à l'originalité.

Ronge tes poings si tu le veux, c'est ton droit, mais souffre sans témoins.

Ah! la belle chose que le repentir! On est si convaincu de ne plus recommencer !

Quand toutes nos joies sont déjà dans la bière, il n'est pas difficile d'y coucher notre corps.

Anne Barratin, Chemin faisant, Ed. Lemerre, Paris, 1894

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