Jobineries

Blogue de Gilles G. Jobin, Gatineau, Québec.

dimanche 15 mai 2005

Une question d'orientation

Ce n'est pas qu'au Québec que la guerre des rapports traitant du logiciel libre versus le logiciel propriétaire tient place. Ici, Microsoft attaque les résultats d'un rapport anglais.

Ce qui est dommage dans tout ça, à mon avis, c'est que tout semble tourner autour de l'argent. Or l'éducation publique doit d'abord se pencher sur ses fondements philosophiques. Deux choix s'offrent à nous :
· offrir à nos enfants une société où la connaissance est ouverte et librement accessible;
· laisser le contrôle d'une partie des connaissances entre quelques personnes seulement.

Que l'on opte pour une solution ou l'autre, elle aura un coût. Un coût monétaire et psychologique. Dans ce petit billet, je n'aborderai pas l'aspect énonomique de ces choix, mais plutôt le côté psycho/pédagogique.

Dans le premier cas, il faudra lentement mais sûrement migrer vers des logiciels libres et des systèmes d'exploitation libres en éducation. Il faudra de plus éduquer les enfants à faire des choix, à les assumer et à en devenir responsables. Il faudra s'attendre à beaucoup, beaucoup d'insécurité de la part des traditionnels détenteurs de la connaissance. Il faudra préparer nos éducateurs à travailler dans un esprit de co(élaboration/coconstruction/conception) de la connaissance. Il faudra apprendre à comprendre. Comprendre les solutions des autres. Comprendre comment les autres pensent. Comprendre que la connaissance est un bien qui se partage.

Dans le second cas, il faudra continuer de payer des licences, se fier à la compétence de ceux qui ont le droit de voir le code. Nous déciderons parfois de payer pour le développement de solutions informatiques qui ne nous appartiendront pas. Pour certains problèmes, nous devrons rester dans l'ignorance des processus qui ont mené à leurs solutions. Nous dirons à nos enfants qu'on ne doit pas poser certaines questions et que certains problèmes ne sont utiles que pour leurs solutions et que la manière d'y arriver ne les concerne pas. Nous leur ferons comprendre que dans la vie, certaines choses doivent rester cachées à leur entendement.

Comme le disait Jacques Daignault, le choix technologique n'est pas neutre. Soyons-en conscients et tentons de faire un choix le plus éclairé possible. Éclairé par une idéologie philosophico/pédagogique. Éclairé par l'amour de la connaissance. Nos conceptions économiques devront s'ajuster à cette idéologie, et non l'inverse.

vendredi 13 mai 2005

GRICS, encore une fois.

Via le blogue de Michel Dumais, j'ai pu lire la réaction de la GRICS à la lettre de Louis Desjardins. L'extrait suivant indique bien l'analyse que fait la Société au regard du logiciel libre :
«Le modèle actuel de la Société GRICS permet d’assurer, à la fois, le financement de la réalisation des produits et de celui des services qui y sont associés. Qu’arriverait-il si la Société GRICS modifiait son modèle pour ne facturer que ses services ? Elle devrait trouver des sources de revenus alternatives, pour financer le coût de développement, d’entretien et d’amélioration de ses produits. Dans le monde du logiciel libre, ce financement provient de subventions, de fonds versés par des fondations ou des contributions de la communauté. Mais, qui fournirait les subventions qui seraient requises (comme dans le projet Mille), quelles fondations viendraient supporter le développement de logiciels libres en éducation, quelles communautés viendraient contribuer aux développements spécifiques attendus par les commissions scolaires du Québec ? Et, comment pourrait-on garantir la pérennité des produits et des services ?
Sans des réponses précises et concrètes à ces questions, on ne peut absolument pas juger des avantages supplémentaires que les commissions scolaires pourraient éventuellement tirer d’un tel changement.
Par contre, on peut affirmer, sans risque d’erreurs, que la très grande majorité des commissions scolaires du Québec n’ont pas les ressources pour contribuer à des développements en logiciels libres. Et, il est loin d’être acquis qu’une Société GRICS ou toute autre entreprise, qui s’appuierait sur des subventions, gagnerait en efficacité, pourrait garantir la pérennité et livrerait plus de valeur à l’ensemble des commissions scolaires du Québec.»

Bernard Létourneau (PDG de la Société GRICS) et Robert Saumur (Président CA de la Société GRICS)
Rêvons un peu, à partir d'un exemple concret, ce qui pourrait se passer. Prenons trois productions libres développées par une très petite commission scolaire de l'Outaouais : le Bulletin informatisé (alternative libre au bulletin livré avec GPI), le Cyberfolio (portfolio électronique) et le CyberPif (Plan individuel de formation électronique attaché au concept de l'approche orientante).

Imaginons un instant que la GRICS permette à ces applications de se connecter à GPI (ou à Édugroupe, leur portail) pour, entre autres, récupérer des données telles le nom des élèves, leur numéro de fiche, etc.

Ainsi, la majorité des CS qui utilisent actuellement GPI se trouveraient gagnantes puisqu'elles auraient une alternative libre aux produits propriétaires de la GRICS. Est-ce contradictoire? Pas du tout. Cela veut juste dire que les CS continueraient à développer leur GPI préféré, car, justement, on peut lui accoler des produits alternatifs qui sont susceptibles de faire l'affaire de leurs enseignants ou qui, tout au moins, leur donnent un choix. Je crois même que la Société pourrait offrir des trucs du genre : «Avec GPI, vous avez accès au Cyberfolio, à un Bulletin informatisé alternatif, etc. et nous pouvons vous offrir, moyennant un coût supplémentaire à GPI, un support pour ces produits.» Ainsi, la GRICS, sans avoir participé au développement de ces produits, pourrait même se faire un peu de sous avec la chose et elle rendrait tout le monde heureux. Quant au développement de ces produits, elle pourrait, si elle le juge opportun, décider de s'y investir ou non, car l'une des très belles caractéristiques du libre est que l'on ne s'y donne que si on juge le projet intéressant. Via leur Société, les DG pourraient donc décider, ensemble, d'investir dans le développement de ces applications pédagogiques comme ils le font maintenant pour le développement de tout autre produit vendable.

Bon, mon raisonnement est peut-être trop simpliste car, après tout, je ne suis pas économiste, mais il me semble que la diffusion potentielle de certains produits pédagogiques libres qui pourraient se «ploguer» sur la base de données de GPI serait une belle porte d'entrée dans l'exploration/exploitation du LL pour la Société. Cela leur donnerait aussi le temps de voir les répercussions sans vraiment influencer leurs autres produits : en effet, les CS qui ont GPI payent déjà pour le bulletin qui y est intégré. Le fait d'en offrir un deuxième libre ne leur enlève absolument rien. Quant à leur portfolio, les CS qui n'ont pas choisi Édugroupe doivent s'en passer. Avec le Cyberfolio, la GRICS pourrait quand même offrir à ces commissions scolaires un service payant d'un portfolio électronique libre. Ils développent donc un marché potentiel pour les non-utilisateurs de leur portail mais qui ont tout de même fait l'acquisition de GPI. Quant au CyberPif, c'est un produit tellement différent de tout ce qu'ils font, qu'il n'est pas, en lui-même, un compétiteur de quoi que ce soit.

Encore une fois, il y a peut-être plusieurs failles dans mon raisonnement. Mais il reste dans mes convictions les plus profondes que l'imposition de solutions propriétaires par les DG des CS (qui sont aussi les décideurs de la GRICS) à leurs enseignants sera bientôt absolument invivable. Et je crois que la GRICS doit immédiatement bouger pour signifier clairement si oui ou non elle permettra la diffusion de logiciels libres pouvant se connecter sur sa base de données GPI. Si elle ne désire pas faire ce pont, je crois qu'à moyen terme, leur situation deviendra intenable car on ne peut en tout temps et impunément se fier à des directives autoritaires pour imposer des solutions à des professionnels de l'enseignement.

dimanche 8 mai 2005

Politicisme

La politique est l'art d'empêcher les gens de se mêler de ce qui les regarde.
Paul Valéry


Manchette dans le Matinternet d'aujourd'hui :
Après plus de huit heures de négociations, le premier ministre de l'Ontario Dalton McGiunty a obtenu de son homologue fédéral Paul Martin 5,75 milliards $ sur cinq ans, pour combler l'écart fiscal dont la province se dit victime.
Admirable, ce huit heures pour arriver à une entente de plusieurs milliards. Explications possibles :
  • Les négociateurs sont vraiment compétents;
  • Les négociateurs sont des amis;
  • La province de l'Ontario est cruciale à la réélection de Martin.
Évidemment, je penche pour la première hypothèse car il faut être un esprit tordu pour croire un tant soit peu à la troisième possibilité.

Je réfléchis au fait qu'au Québec, on attend depuis deux ans le renouvellement de plusieurs conventions collectives. Deux ans. Explications possibles :
  • Les négociateurs sont vraiment incompétents;
  • Les négociateurs sont des amis et sont bien payés;
  • Les élections sont dans trois ans.
Voilà deux possibilités que je suggère pour accélérer un peu le processus :
  • Que des observateurs sans droit de parole puissent assister aux négos et qu'ils écrivent un petit blogue d'opinion en ce qui concerne les discussions. Plusieurs observateurs signifient plusieurs points de vue. Cela nous permettrait de poser de bonnes questions à nos représentants politiques et syndicaux.
  • Que ces négociations soient directement accessibles du web (par transcription ou par webcam) de manière à ce que tous les gens qui s'y intéressent puissent juger par eux-mêmes de la bonne foi des représentants gouvernementaux et syndicaux.
Je crois que le secret dont on tient pour acquis comme faisant partie intrinsèque de toutes négociations est un frein à l'efficacité. Je crois que comme dans le logiciel libre où le code source est toujours visible, on doit pouvoir accéder à ce qui se dit vraiment autour de ces tables.

samedi 7 mai 2005

Vivre est un art

Estéban passe la journée à la maison.

Dehors, juste avant qu'il arrive, je prenais tranquillement mon thé avec Marie. Je me disais combien j'étais chanceux d'avoir de merveilleuses filles.
- Une fille de 27 ans... déjà... Je suis vieux n'est-ce pas? dis-je à Marie.
- Tu es un jeune grand-père, me répondit-elle en souriant.
Et j'ai souri aussi.
Ce bonheur d'avoir des enfants ne s'explique pas. Quand je suis seul, au milieu d'une tâche hyperplate, il m'arrive souvent de rappeler à ma mémoire défaillante les grands yeux d'Andréanne, les sourcillements sérieux de Marie-Élaine et le regard charmeur d'Aurélie. Et alors, je me dis que ne serait-ce que pour ces instantanés, il vaut vraiment la peine de passer un petit séjour sur cette planète.

Merci la vie !

vendredi 6 mai 2005

C'était le bon temps ! J'ai trouvé.

Réçu ce matin dans un courriel :
Pourriez-vous m'aider à localiser cette citation de Rivarol ? « Ah ! c'était le bon temps ! J'étais bien malheureux. »

Avant de poursuivre plus avant la lecture de ce billet, décrivant mon processus de recherche, peut-être aimeriez-vous d'abord essayer de trouver la réponse?

Mon premier réflexe a été... Google! dans lequel j'ai entré directement la citation au cas où elle se trouverait sur le Net. Le résultat fut infructueux. J'ai alors cherché sur les deux phrases suivantes : «J'étais bien malheureux» et «c'était le bon temps». Toujours pas de réponse. Je suis donc allé dans mes bases de données. J'en ai une (tout à fait privée) de 160000 citations. Plusieurs citations contenaient les mots "malheureux" et "j'étais", mais rien ne se rapprochait de celle recherchée. Quant au Robert des citations, il y en a plusieurs de Rivarol, mais rien qui ne ressemble à l'objet convoité. J'ai laissé passer un petit cinq minutes, le temps de lire quelques billets de mon agrégateur. Puis, curieusement, j'ai eu l'idée de retourner sur Google, mais en féminisant la citation : «... j'étais bien malheureuse.» et là, Oh ! joie, une phrase de l'opéra Sophie Arnould de Pierné. (En passant, j'adore la musique de piano de ce compositeur.) Le librettiste Gabriel Nigond met la citation dans la bouche de Sophie Arnould. Comme cette dernière est une cantatrice célèbre du 18è siècle, il est donc très possible que la dame ait effectivement prononcé cette phrase. J'ai donc ouvert l'Encyclopédie des Citations de P. Dupré (1959) mais Arnould n'y est pas indexée. Par contre, l'index des mots clefs m'indique deux phrases très près de ce que je cherche :

Nous n'avions pas le sou mais nous étions contents;
Nous étions malheureux, c'était là le bon temps.
Jean-François Collin d'Harleville (1755-1806), Mes souvenirs.

Et Dupré, en bon encyclopédiste, fait le lien vers une autre citation, celle-là de Claude de Rulhière (1735-1791) : «Oh! C'était le bon temps, j'étais bien malheureuse !» tirée de Épitre. Sur le renversement de ma fortune.

J'ai ensuite vérifié dans le tome 1 des Citations Française du Robert, sous Rulhière. Il est encore plus précis :

Un jour une actrice fameuse
Me contait les fureurs de son premier amant;
Moitié riant, moitié charmant:
«Oh ! c'était le bon temps, j'étais bien malheureuse!»


L'actrice fameuse serait Sophie Arnould.

Quinze minutes après réception du courriel, mon correspondant avait sa réponse.

mardi 3 mai 2005

Je comprends!

Les « Je comprends ! » sont souvent partiellement ou totalement faux. Ce qu'on pense peut n'être qu'un mirage. Il faut absolument s'écrier « Je doute ! ». Et surtout douter de multiples façons et à toute altitude.
John Mason, L'esprit mathématique, p. 108, Modulo, 1994

lundi 2 mai 2005

Brouillamini

Obscurum per obscurius.
L'obscur par le plus obscur.


Beau proverbe latin qui se dit d'une explication qui, loin d'éclaircir une question, l'embrouille. À retenir.

Vistemboir

Qu'est-ce qu'un vistemboir? J'ai trouvé ce mot dans L'ombre du vent de Carlos Ruiz Zafón (Grasset, page 107) :
«[...] Tomás passait la plus grande partie de son temps enfermé dans sa chambre, à construire des vistemboirs incompréhensibles.»
Tous mes dictionnaires sont absolument silencieux. Cette absence est venue confirmer mon impression du vague empire du traducteur sur l'oeuvre. Je n'ai pas le livre écrit en espagnol et je me demande bien quel mot espagnol appelle cette traduction. Si jamais vous avez accès au livre dans sa langue d'origine, la phrase se trouve vers la troisième page du chapite 12 dans le paragraphe qui commence par «Malgré ses airs belliqueux, Tomás était une âme pacifique [...]». J'aimerais bien connaître le mot choisi par Zafón et sa traduction plus... traditionnelle !

Donc, absent des dictionnaires, je me suis tourné vers mon ami Google qui m'apprend, via ce site, que je ne suis pas le seul qui s'interroge sur ce mot. Une chose est assurée, je tenterai de mettre la main sur le livre de Jacques Perret (Le Machin, 1953) qui contiendrait cet étonnant néologisme. En fait, une des nouvelles du livre porterait le nom de Vistemboir !

dimanche 1 mai 2005

1 = -1

Vous voulez jouer un bon tour à votre enseignant de mathématique? Soumettez-lui ce petit paradoxe en commençant d'abord par lui demander s'il est bien d'accord avec les lois des exposants :

Extrait de la page 148 de l'excellent
Basic Concept of Elementary Mathematics de Schaaf.
Ces 6 lois se retrouvent dans
tous les bons manuels de mathématique.


Preuve n°1


Explications :

Ligne 1 : Évidemment, puisque 1 est bien égal à la branche positive de racine carrée de 1.

Nous allons maintenant manipuler le membre de droite.

Ligne 2 : Puisque -1 x -1 =1, on peut faire la substitution sous le radical.

Ligne 3 : On utilise la loi des exposants : am · an = (a)m+n. Ici, a vaut -1, m vaut 1 (car c'est l'exposant de -1) et n vaut 1.

Ligne 4 : Le passage de la ligne 3 à la ligne 4 demande un peu de culture mathématique (4e secondaire, je crois). Évidemment, vous n'êtes pas obligés de me croire. Ouvrez n'importe quel ouvrage de maths au chapitre des exposants, et vous trouverez facilement les lois des exposants. Dans le livre de Schaaf, page 148 illustrée plus haut, il s'agit de la loi VI qui permet d'écrire cette ligne.

Ligne 5 : Car 2/2 donne bien 1.

Ligne 6 : et -11 est évidemment égal à -1. CQFD !!!

Je suppose que vous ne croyez toujours pas que 1 = -1. Puisque souvent il vaut mieux deux preuves plutôt qu'une, en voici une deuxième :

Preuve n°2

Supposons a un nombre naturel quelconque différent de 0.
-1=(-1)1=(-1)(2a)/(2a)=(voir la loi V)=((-1)2a)1/(2a)=(1)1/(2a)=1
Donc -1 = 1. CQFD.

Explication sommaire de la preuve n°2 au cas où vous douteriez (!!!) de mes capacités mathématiques :
L'endroit où j'écris ((-1)(2a))1/(2a)=(1)1/(2a) est rigoureusement vraie car 2a est nécessairement un nombre pair, et (-1)un pair est nécessairement égal à 1.
Le dernier passage est aussi vrai car tout prof de math vous dira que 1 exposant n'importe quoi donne nécessairement 1.

Belle découverte

Quand je pense à tous les livres qu'il me reste à lire, j'ai la certitude d'être encore heureux.
J. Renard, Journal.


Ayant pour but de créer un fil RSS pour Au fil de mes lectures, je cherchais sur le web comment en construire un. C'est ainsi que je suis tombé sur Open Web, immense source d'apprentissage. Quand je pense à tout ce que je peux encore apprendre...

samedi 30 avril 2005

GRICS : mon point de vue

Je ne suis pas ANTIGRICS, je suis PROCHOIX.

Deux réactions intéressantes [1 et 2] à l'article de Michel Dumais m'ont aidé à mieux cerner ma pensée au regard de la Société GRICS. Je vous la dévoile ici en espérant donner un nouvel éclairage au débat.

Quelques dirigeants de CS ont créé à l'époque une société à but non lucratif dont l'objectif était le développement d'applications informatiques qui les aideraient dans la gestion de leur commission scolaire. C'est d'ailleurs des gestionnaires de CS qui composent le conseil d'administration de la Société. C'est ainsi que peu à peu, plusieurs CS ont joint les rangs de la Société (leur donnant ainsi accès au CA) et qu'on se trouve aujourd'hui avec une soixante de CS qui sont membres de la GRICS.

Mais voyez-vous, une CS, ce n'est pas que ses gestionnaires. Un CS est aussi composée de pédagogues qui ont des problèmes à résoudre et dont ces problèmes ne sont pas du tout d'ordre administratif, mais bien d'ordre pédago/technologique. Or, les outils informatiques orientés vers la pédagogie sont très différents des outils informatiques orientés "gestion". Par ailleurs, le même outil informatique orienté pédagogie peut recevoir autant d'évaluations/utilisations différentes qu'il y a d'utilisateurs (ces pédagogues ne sont pas des gérants d'estrade), car c'est l'utilisateur qui choisit les actions pédagogiques à poser à l'aide de son outil et non l'outil qui détermine les actions pédagogiques à poser. Cette distinction est très importante car, en gestion, cette préoccupation est à peu près inexistante : par exemple, dans le système de paye, on va demander au responsable d'utiliser tel logiciel de telle manière et son opinion au regard de cette utilisation n'est absolument pas importante. On le paye pour utiliser le logiciel en question, et non pour réfléchir à son utilisation. Le pédagogue qui utilise l'informatique, quant à lui, doit réfléchir à son utilisation et doit pouvoir l'adapter à ses propres besoins et aux besoins des élèves. Ce dernier point, quant à moi, suggère fortement (mais pas nécessairement) un regard vers les applications libres.

Et voilà pourquoi je crois que la GRICS ne doit pas se mêler de pédagogie : elle n'a pas été créée pour aider les pédagogues, mais pour aider des gestionnaires. Elle n'a donc pas la capacité d'adapter rapidement ses logiciels aux besoins pédagogiques des différents milieux. Prenez l'exemple du Bulletin GPI : plusieurs CS ont fait des demandes très précises à la Société pour y effectuer des changements qui le rendraient plus cohérent avec l'esprit de la Réforme. D'une CS à l'autre, ces demandes nécessairement varient, car les pédagogues qui réfléchissent à cette Réforme formulent ces demandes en réponse à leur propre réflexion. Or la GRICS tentent honnêtement de répondre à ces demandes, mais elle y arrive que très difficilement car son logiciel n'est pas prévu pour une telle différenciation : à l'origine, le bulletin était à peu près pareil partout. Aujourd'hui, cette conception est complètement dépassée.

J'ai beaucoup de respect pour la capacité de gestion des gestionnaires membres de la GRICS, mais je ne crois pas qu'ils soient les mieux placés pour décider des outils informatiques à caractère pédagogique. Je crois sincèrement que ce sont les pédagogues les mieux placés. Si les gestionnaires membres de la Société qui ont un intérêt pour l'informatique appliquée à la pédagogie (je suis convaincu qu'il y en a) désirent s'impliquer et participer aux choix des pédagogues, je crois qu'au moment du choix, ils devraient se retirer de la table car ils font partie d'une Société privée qui a aussi des offres sur la table. Il ne faut pas oublier que nous voulons tous la même chose : que nos élèves réussissent. Or, entre autres, le rôle du pédagogue est d'offrir le plus d'outils différenciés pour le faire. Il doit donc avoir un très grand mot à dire sur le choix de ses/ces outils. Et le rôle du gestionnaire est d'enlever les bâtons dans les roues aux pédagogues pour qu'ils puissent faire le plus harmonieusement possible le travail.

Si des gestionnaires de la GRICS lisent ce billet, voici ce que je suggère : que tous les logiciels à caractère pédagogique (à leurs dires, en tout cas) de la Société deviennent libres. Ainsi, les pédagogues se sentiraient à l'aise de les adapter à leur propre réalité s'ils jugent ces logiciels utiles dans leur travail. Autrement dit, que les propriétaires de la GRICS ouvrent carrément un département LL et que ce département travaille dans l'esprit du LL.

S5

La douce simplicité m'impressionne toujours.

Et c'est le cas du Simple Standards-Based Slide Show System créé par le gourou mondial du CSS, Eric Meyer. C'est une application web (HTML, CSS et un peu de JavaScript) qui permet d'afficher des présentations à l'aide d'un simple navigateur, sans greffons.

Par exemple, voyez ma présentation sur l'édition web donnée au colloque régional des RÉCIT jeudi dernier. Ou encore celle-ci préparée par Meyer qui explique son système.

Évidemment, S5 ne vous intéressera pas si vous aimez des transitions spectaculaires entre acétates ou si vous voulez des effets spéciaux. De mon côté, comme je préfère de loin les présentations où l'important est mis sur les propos du présentateur et où l'acétate agit comme léger support à ce propos, S5 est absolument parfait pour moi. Pour en savoir plus, lisez le petit tutoriel de l'auteur. S5 est livré sous licence Creative Commons : vous pouvez donc l'utiliser à condition de la respecter.

Quoique l'application telle quelle fait parfaitement mon affaire, le PHPiste en moi s'est réveillé et a rêvé d'une adaptation qui permettrait à tout utilisateur de créer sa présentation en ligne. Il serait assez aisé de reprendre la portion de code de Meyer pour lui adjoindre un système d'administration qui autoriserait la création, la modification, la suppression et l'ordonnancement des acétates. Puisque pour apprendre quoi que ce soit, il suffit de s'armer de patience et de persévérance et de se donner un projet concret et réalisable qui stimule notre intelligence, je crois qu'un tel projet pourrait être une bonne idée à suggérer à quiconque veut s'approprier le PHP et Mysql.

En passant, les écrits de Meyer sont un modèle de pédagogie. Si le CSS vous intéresse un tant soit peu, courrez vite acheter Eric Meyer on CSS et More Eric Meyer on CSS.

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