Au fil de mes lectures : recueil de citations de Érik Satie

Érik Satie
1866-1925

J'ai dû oublier mon parapluie dans l'ascenseur.
[...]
Mon parapluie doit être très inquiet de m'avoir perdu.
(Écrits réunis par Ornella Volta, Éditions Champ Libre, 1981, p.17)
Mon médecin m'a toujours dit de fumer. Il ajoute à ses conseils:
-Fumez, mon ami: sans cela, un autre fumera à votre place.
(Écrits réunis par Ornella Volta, Éditions Champ Libre, 1981, p. 23)
Chose curieuse: - plus un critique est bête, plus il est intelligent...
C'est à n'y rien comprendre... Évidemment....
(Écrits réunis par Ornella Volta, Éditions Champ Libre, 1981, p. 28)
Quarantaine diabolique, où nous mènes-tu?
(Écrits réunis par Ornella Volta, Éditions Champ Libre, 1981, p. 31)
Conseils: Ne respirez pas sans avoir, au préalable, fait bouillir votre air.
(Écrits réunis par Ornella Volta, Éditions Champ Libre, 1981, p. 31)
Toute ma jeunesse on me disait: Vous verrez quand vous aurez 50 ans. J'ai 50 ans. Je n'ai rien vu.
(Écrits réunis par Ornella Volta, Éditions Champ Libre, 1981, p. 45)
Si la musique ne plaît pas aux sourds, même s'ils sont muets, ce n'est pas une raison pour la méconnaître.
(Écrits réunis par Ornella Volta, Éditions Champ Libre, 1981, p. 47)
Méfions-nous de l'Art: il n'est souvent que de la Virtuosité.
(Écrits réunis par Ornella Volta, Éditions Champ Libre, 1981, p. 49)
Peu de personnes savent lire à haute voix: c'est un art, du reste.
(Écrits réunis par Ornella Volta, Éditions Champ Libre, 1981, p. 53)
Pauvres musiciens! Tout n'est pas rose, pour eux, sur cette Terre - véritable Vallée de Larmes, malgré sa rotondité rotatoire.
(Écrits réunis par Ornella Volta, Éditions Champ Libre, 1981, p. 55)
[...] moi, je n'aime pas les pédagogues: je les connais trop; car ce sont eux qui (d'une main sûre) embrouillent et ratatinent tout ce qu'ils touchent, par des pesées, des mensurations, et des dosages comiques, mais empoisonnés...
(Écrits réunis par Ornella Volta, Éditions Champ Libre, 1981, p. 59)
Le vrai sens critique ne consiste pas à se critiquer soi-même, mais à critiquer les autres: et la poutre que l'on a dans l'oeil, n'empêche nullement de voir la paille qui est dans celui de son voisin: dans ce cas, la poutre devient une longue-vue, très longue, qui grossit la paille d'une façon démesurée.
(Écrits réunis par Ornella Volta, Éditions Champ Libre, 1981, p. 79)
Sachez que le travail ... c'est la liberté..
.... la liberté.... des autres....
Pendant que vous travaillez, ....... vous n'ennuyez personne ......
(Écrits réunis par Ornella Volta, Éditions Champ Libre, 1981, p. 86)
Un vrai musicien doit être soumis à son Art; ... il doit se placer au-dessus des misères humaines; ... il doit puiser son courage en lui-même, .... rien qu'en lui-même.
(Écrits réunis par Ornella Volta, Éditions Champ Libre, 1981, p. 101)
Les Commandements du Catéchisme du Conservatoire remis à 9

1. Dieubussy seul adoreras,
Et copieras parfaitement.

2. Mélodieux point ne seras,
De fait ni de consentement.

3. De plan toujours tu t'abstiendras,
Pour composer plus aisément.

4. Avec grand soin tu violeras
Les règles du vieux rudiment.

5. Quintes de suite tu feras,
Et octaves pareillement.

6. Au grand jamais ne résoudras
De dissonance aucunement

7. Aucun morceau ne finiras
Jamais par accord consonant.

8. Les neuvièmes accumuleras,
Et sans aucun discernement.

9. L'accord parfait ne désireras
Qu'en mariage seulement.

Ad gloriam tuam
Erit Satis
Amen
(Écrits réunis par Ornella Volta, Éditions Champ Libre, 1981, p. 139)
Avant d'écrire une oeuvre, j'en fais plusieurs fois le tour, en compagnie de moi-même.
(Écrits réunis par Ornella Volta, Éditions Champ Libre, 1981, p. 143)
Je m'appelle Érik Satie comme tout le monde.
(Écrits réunis par Ornella Volta, Éditions Champ Libre, 1981, p. 152)
Le musicien est peut-être le plus modeste des animaux, mais il en est le plus fier. C'est lui qui inventa l'art sublime d'abîmer la poésie.
(Écrits réunis par Ornella Volta, Éditions Champ Libre, 1981, p. 153)
Je ne vois pas pourquoi l'argent n'aurait pas d'odeur, lui qui peut tout avoir.
(Écrits réunis par Ornella Volta, Éditions Champ Libre, 1981, p. 154)
Le piano, comme l'argent, n'est agréable qu'à celui qui en touche.
(Écrits réunis par Ornella Volta, Éditions Champ Libre, 1981, p. 154)
Quelqu'un d'instruit ne se saoulera jamais.
(Écrits réunis par Ornella Volta, Éditions Champ Libre, 1981, p. 154)
S'il me répugne de dire tout haut ce que je pense tout bas, c'est uniquement parce que je n'ai pas la voix assez forte.
(Écrits réunis par Ornella Volta, Éditions Champ Libre, 1981, p. 156)
Il faut éviter qu'une idée de derrière la tête ne vous descende dans le derrière.
(Écrits réunis par Ornella Volta, Éditions Champ Libre, 1981, p. 156)
J'ai connu autrefois un pauvre homme qui, par scrupule, n'a jamais voulu coucher chez lui, disant que son nom était un nom à coucher dehors. Ce souvenir ne m'est pas désagréable.
(Écrits réunis par Ornella Volta, Éditions Champ Libre, 1981, p. 157)
Qu'est-ce que l'homme? Un pauvre être mis sur cette terre pour embêter les autres hommes.
(Écrits réunis par Ornella Volta, Éditions Champ Libre, 1981, p. 160)
Pourquoi est-il plus facile d'ennuyer les gens que de les amuser?
(Écrits réunis par Ornella Volta, Éditions Champ Libre, 1981, p. 165)
Si j'étais riche, j'aurais peur de perdre ma fortune.
(Écrits réunis par Ornella Volta, Éditions Champ Libre, 1981, p. 167)
Quiconque habite une tour est un touriste.
(Écrits réunis par Ornella Volta, Éditions Champ Libre, 1981, p. 167)
Certains artistes veulent être enterrés vivants.
(Écrits réunis par Ornella Volta, Éditions Champ Libre, 1981, p. 171)
On a bien le temps d'être dans un cimetière.
(Écrits réunis par Ornella Volta, Éditions Champ Libre, 1981, p. 171)
L'expérience est une des formes de la paralysie.
(Écrits réunis par Ornella Volta, Éditions Champ Libre, 1981, p. 173)
Certains, jeunes gens, sont bien vieux pour leur âge.
(Écrits réunis par Ornella Volta, Éditions Champ Libre, 1981, p. 173)
Plus je connais les hommes, plus j'admire les chiens.
(Écrits réunis par Ornella Volta, Éditions Champ Libre, 1981, p. 174)
Recoins de ma vie.
Souvent, je regrette d'être venu moi-même en ce bas monde; non pas que je haïsse le monde. Non.... J'aime le monde, le grand monde et même le demi-monde, étant personnellement une sorte de demi-mondain.
Mais que je suis venu faire sur cette Terre si terrestre et si terreuse?
Y ai-je des devoirs à remplir? Y suis-je venu pour accomplir une mission - une commission?
M'y a-t-on envoyé pour m'amuser? pour me distraire un peu?... pour oublier les misères d'un au-delà dont je ne me souviens plus? N'y suis-je pas importun?
Que répondre à toutes ces questions?
Croyant bien faire, presque à mon arrivée, ici-bas, je me suis mis à jouer quelques airs de Musique que j'inventai moi-même....
Tous mes ennuis sont venus de là...
(Écrits réunis par Ornella Volta, Éditions Champ Libre, 1981, p. 176)
L'homme prétend qu'il a été créé à l'image de Dieu.
C'est possible, après tout.
(Écrits réunis par Ornella Volta, Éditions Champ Libre, 1981, p. 177)