Jean-Benjamin de Laborde
1734-1794
  1. Le sage parle peu de ce qu'il sait, et jamais de ce qu'il ignore.
    (Pensées et maximes, p.1, Lamy, 1802)
     
  2. L'amour est le roi des jeunes gens, et le tyran des vieillards.
    (Pensées et maximes, p.1, Lamy, 1802)
     
  3. Vouloir qu'on soit amoureux avec mesure, c'est vouloir qu'on soit fou avec raison.
    (Pensées et maximes, p.1, Lamy, 1802)
     
  4. Témoigner aux autres qu'ils nous offensent, c'est presque toujours les offenser.
    (Pensées et maximes, p.1, Lamy, 1802)
     
  5. On aime à blâmer les vices que l'on n'a point, parce que c'est une manière tacite de se louer.
    (Pensées et maximes, p.2, Lamy, 1802)
     
  6. Oh ! combien la vie serait courte, si l'espérance ne lui donnait de l'étendue !
    (Pensées et maximes, p.2, Lamy, 1802)
     
  7. Nous pardonnons souvent à ceux qui nous ennuient, mais jamais à ceux que nous ennuyons.
    (Pensées et maximes, p.2, Lamy, 1802)
     
  8. Nous promettons selon nos espérances, et nous tenons selon nos craintes.
    (Pensées et maximes, p.2, Lamy, 1802)
     
  9. L'esprit sans bonté n'est propre qu'à faire du mal ; la bonté sans esprit ne peut jamais nuire.
    (Pensées et maximes, p.2, Lamy, 1802)
     
  10. Deux choses manquent ordinairement à la fortune ; de l'avoir bien acquise, et d'en user sagement.
    (Pensées et maximes, p.2, Lamy, 1802)
     
  11. C'est à tort qu'on prétend que la fortune change les moeurs, elle ne fait que les découvrir.
    (Pensées et maximes, p.3, Lamy, 1802)
     
  12. Quand l'esprit pourrait s'acheter, le débit n'en serait pas grand. Qui est-ce qui ne s'en croit pas suffisamment ?
    (Pensées et maximes, p.3, Lamy, 1802)
     
  13. On est dans la solitude, n'importe en quel endroit, dès que l'on ne vit plus avec ce que l'on aime.
    (Pensées et maximes, p.3, Lamy, 1802)
     
  14. La modestie est une vertu qui tient lieu de mérite à ceux qui la possèdent, mais qui ternit et efface celui des personnes à qui elle manque.
    (Pensées et maximes, p.3, Lamy, 1802)
     
  15. Du vice au crime, l'occasion est le degré.
    (Pensées et maximes, p.3, Lamy, 1802)
     
  16. Ôtez du monde l'amour propre et l'intérêt, vous en ôterez l'apparence de bien des vertus, et presque tous les vices.
    (Pensées et maximes, p.3, Lamy, 1802)
     
  17. Beaucoup de gens vivent sans penser à une autre vie ; très peu meurent sans la craindre.
    (Pensées et maximes, p.4, Lamy, 1802)
     
  18. Il est plus aisé de faire prendre une opinion nouvelle, que de détruire une opinion reçue.
    (Pensées et maximes, p.4, Lamy, 1802)
     
  19. Le plaisir est comme une fleur dont l'odeur est délicate, et qu'il faut sentir légèrement si on veut lui trouver toujours le même parfum.
    (Pensées et maximes, p.4, Lamy, 1802)
     
  20. Voulez-vous faire une insulte à l'équité de quelqu'un sans qu'il s'en offense ? flattez-le.
    (Pensées et maximes, p.4, Lamy, 1802)
     
  21. Le dégoût ôte ce que la fortune donne.
    (Pensées et maximes, p.4, Lamy, 1802)
     
  22. Quand nos amis sont associés à notre gloire, la modestie ne nous est plus permise.
    (Pensées et maximes, p.4, Lamy, 1802)
     
  23. La modestie fait des vols à l'esprit, mais le coeur le dédommage de ses pertes.
    (Pensées et maximes, p.5, Lamy, 1802)
     
  24. On est vengé dès qu'on est maître de l'être.
    (Pensées et maximes, p.5, Lamy, 1802)
     
  25. Le corps fait en l'absence de l'esprit, ce que les valets font en l'absence de leur maître.
    (Pensées et maximes, p.5, Lamy, 1802)
     
  26. On loue souvent des personnes dans le dessein d'en offenser d'autres.
    (Pensées et maximes, p.5, Lamy, 1802)
     
  27. On ne méprise ordinairement sa réputation, que quand on l'a perdue.
    (Pensées et maximes, p.5, Lamy, 1802)
     
  28. Il y a des gens qui croient sans examen ce qu'on leur dit d'autrui, pourvu que ce ne soit pas un éloge.
    (Pensées et maximes, p.5, Lamy, 1802)
     
  29. Si vous voulez savoir ce qu'on dit de vous en votre absence, écoutez ce qu'on dit des autres en votre présence.
    (Pensées et maximes, p.5, Lamy, 1802)
     
  30. Le souverain bonheur consiste à posséder ce que l'on aime, et à aimer ce qu'on possède.
    (Pensées et maximes, p.6, Lamy, 1802)
     
  31. Les hommes deviendraient aisément vertueux, s'ils donnaient autant de soin à l'être qu'ils en prennent à le paraître.
    (Pensées et maximes, p.6, Lamy, 1802)
     
  32. Certaines femmes portent la vanité au point d'aimer mieux qu'on dise du mal d'elles, que de n'en point parler.
    (Pensées et maximes, p.6, Lamy, 1802)
     
  33. L'argent est un bon serviteur, mais un mauvais maître.
    (Pensées et maximes, p.6, Lamy, 1802)
     
  34. On ne s'ennuie jamais autant, qu'avec les personnes à qui on ne peut pas le dire.
    (Pensées et maximes, p.6, Lamy, 1802)
     
  35. Le mépris que les jeunes gens ont pour la vieillesse n'est qu'une insulte qu'ils se font d'avance.
    (Pensées et maximes, p.6, Lamy, 1802)
     
  36. Le crime fait des esclaves, la vertu n'a que des sujets.
    (Pensées et maximes, p.7, Lamy, 1802)
     
  37. Une femme qui sait mal est moins supportable qu'une qui ne sait rien.
    (Pensées et maximes, p.7, Lamy, 1802)
     
  38. La vieillesse est un tyran qui défend sous peine de la vie les plaisirs de la jeunesse.
    (Pensées et maximes, p.7, Lamy, 1802)
     
  39. L'état monarchique est le meilleur parce qu'il ressemble le mieux à l'ordre que Dieu s'est prescrit en créant l'univers, dont l'harmonie dépend du rapport de toutes les parties à un centre.
    (Pensées et maximes, p.7, Lamy, 1802)
     
  40. Notre ignorance nous ferait pitié si notre vanité ne nous en dérobait la connaissance.
    (Pensées et maximes, p.7, Lamy, 1802)
     
  41. Il faut voir nos amis dans la prospérité lorsqu'ils nous en prient, mais voler vers eux avant qu'ils nous appellent dès qu'ils sont dans l'adversité.
    (Pensées et maximes, p.7, Lamy, 1802)
     
  42. Les grandes passions qui s'affaiblissent sont semblables à des songes dont l'idée s'efface à mesure qu'on se réveille.
    (Pensées et maximes, p.8, Lamy, 1802)
     
  43. On croit toujours avoir raison lorsque l'on est heureux.
    (Pensées et maximes, p.8, Lamy, 1802)
     
  44. Tel a assez de force pour supporter une disgrâce, qui en manque pour supporter la prospérité.
    (Pensées et maximes, p.8, Lamy, 1802)
     
  45. Les poètes auraient mieux fait de placer le fleuve Léthé dans le palais de la Fortune que dans celui de Pluton ; car, aussitôt qu'on y est entré, on oublie tout, naissance, parents, amis, et surtout les services.
    (Pensées et maximes, p.8, Lamy, 1802)
     
  46. Les confidences sont quelquefois des artifices dont on se sert pour sonder les replis du coeur.
    (Pensées et maximes, p.8, Lamy, 1802)
     
  47. Le vice ne fait pas ressembler le vulgaire aux grands hommes, mais les grands hommes au vulgaire.
    (Pensées et maximes, p.9, Lamy, 1802)
     
  48. La plupart des auteurs sont comme la plupart des filles de théâtre ; ils ont autant d'intérêt à n'être connus que par leurs ouvrages que celles-ci à n'être vues que sur la scène.
    (Pensées et maximes, p.9, Lamy, 1802)
     
  49. Un sot sera plutôt admis dans une société de gens d'esprit, qu'un homme d'esprit dans une société de sots.
    (Pensées et maximes, p.9, Lamy, 1802)
     
  50. Pourquoi rougir d'avouer qu'on s'est trompé ? n'est-ce pas déclarer qu'on est plus sage aujourd'hui qu'on ne l'était hier ?
    (Pensées et maximes, p.9, Lamy, 1802)
     
  51. Se mettre en colère, c'est punir sur soi les fautes d'autrui.
    (Pensées et maximes, p.9, Lamy, 1802)
     
  52. On combat l'amour par la fuite, et la colère par le silence.
    (Pensées et maximes, p.10, Lamy, 1802)
     
  53. L'envie s'attache à la réputation des hommes vertueux comme les oiseaux et les vers s'attachent aux meilleurs fruits.
    (Pensées et maximes, p.10, Lamy, 1802)
     
  54. Quel est le prix de la valeur ? une vie un peu plus longue dans l'histoire et un peu plus courte sur la terre.
    (Pensées et maximes, p.10, Lamy, 1802)
     
  55. Le flambeau de la critique s'allume plus souvent pour détruire que pour éclairer.
    (Pensées et maximes, p.10, Lamy, 1802)
     
  56. Qu'est-ce que l'esprit de parti ? un serment de fidélité à la persécution de tout ce qui le contredit.
    (Pensées et maximes, p.10, Lamy, 1802)
     
  57. L'amitié reçoit les confidences de l'amour ; l'amour reçoit-il les conseils de l'amitié ?
    (Pensées et maximes, p.10, Lamy, 1802)
     
  58. Qu'est-ce que l'ennui ? l'inclination douloureuse d'une âme qui a eu des plaisirs et qui a des besoins.
    (Pensées et maximes, p.11, Lamy, 1802)
     
  59. Il faut rassurer par nos égards ceux à qui l'adversité fait craindre nos mépris.
    (Pensées et maximes, p.11, Lamy, 1802)
     
  60. L'envie est la preuve de notre faiblesse ; l'émulation est la preuve de notre force. L'une est le désespoir de l'impuissance, l'autre est l'essor du talent.
    (Pensées et maximes, p.11, Lamy, 1802)
     
  61. Deux lois gouvernent le monde ; la loi du plus fort et celle du plus fin.
    (Pensées et maximes, p.11, Lamy, 1802)
     
  62. En ne faisant rien, on apprend à mal faire.
    (Pensées et maximes, p.11, Lamy, 1802)
     
  63. Deux choses peuvent causer beaucoup de peine ; un ami chagrin, et un ennemi joyeux.
    (Pensées et maximes, p.11, Lamy, 1802)
     
  64. Nous nous tenons sur nos gardes dès que quelqu'un nous a trompés une fois ; cependant nous nous trompons tous les jours, et jamais nous ne nous défions de nous-mêmes.
    (Pensées et maximes, p.12, Lamy, 1802)
     
  65. Le coeur de l'insensé est dans sa bouche, et la langue du sage est dans son coeur.
    (Pensées et maximes, p.12, Lamy, 1802)
     
  66. La vraie philosophie consiste à chercher toujours le bien, et à attendre toujours le mal.
    (Pensées et maximes, p.12, Lamy, 1802)
     
  67. On n'est jamais si ridicule par les défauts que l'on a que par les qualités que l'on affecte d'avoir.
    (Pensées et maximes, p.12, Lamy, 1802)
     
  68. La plupart des hommes se figurent qu'on les prive des louanges que l'on donne aux autres, et qu'on ajoute quelque chose à leurs perfections quand on découvre les défauts d'autrui.
    (Pensées et maximes, p.12, Lamy, 1802)
     
  69. L'amour propre est la source de tous les égarements du coeur, et la prévention, l'origine de tous les égarements de l'esprit.
    (Pensées et maximes, p.13, Lamy, 1802)
     
  70. On n'est pas digne de commander si on n'est meilleur que ceux à qui on commande.
    (Pensées et maximes, p.13, Lamy, 1802)
     
  71. On peut être prudent sans finesse mais on ne peut être fin sans prudence.
    (Pensées et maximes, p.13, Lamy, 1802)
     
  72. La libéralité donne, mais la prodigalité perd.
    (Pensées et maximes, p.13, Lamy, 1802)
     
  73. Le véritable philosophe est celui qui sait se réjouir sans dissipation, s'attrister sans abattement, désirer sans inquiétude, acquérir sans injustice, posséder sans orgueil, et perdre sans douleur.
    (Pensées et maximes, p.13, Lamy, 1802)
     
  74. Il faut avoir dans le bonheur la modestie d'un homme malheureux, et dans le malheur l'assurance d'un homme heureux.
    (Pensées et maximes, p.13, Lamy, 1802)
     
  75. Les autres veulent bien oublier ce que nous avons été quand nous avons le soin de ne le pas oublier nous-mêmes.
    (Pensées et maximes, p.14, Lamy, 1802)
     
  76. Les hommes ne vivraient pas longtemps en société s'ils n'étaient la dupe les uns des autres.
    (Pensées et maximes, p.14, Lamy, 1802)
     
  77. On fait bien de se fier aux hommes, mais on fait encore mieux de s'en défier.
    (Pensées et maximes, p.14, Lamy, 1802)
     
  78. Un bienfait est assez payé par la supériorité qu'il nous donne sur celui qui le reçoit.
    (Pensées et maximes, p.14, Lamy, 1802)
     
  79. Se venger de quelqu'un, c'est vouloir le forcer à se repentir du tort qu'il nous a fait ; quel moyen plus efficace que de lui pardonner ?
    (Pensées et maximes, p.14, Lamy, 1802)
     
  80. Le mariage est un pays qui n'est guère bon que pour les étrangers.
    (Pensées et maximes, p.15, Lamy, 1802)
     
  81. Le mérite a besoin du voile de la modestie pour conserver son éclat.
    (Pensées et maximes, p.15, Lamy, 1802)
     
  82. Si nous nous voyions des mêmes yeux dont les autres nous voient, nous serions plus modestes.
    (Pensées et maximes, p.15, Lamy, 1802)
     
  83. La raison éclaire, mais elle ne conduit pas.
    (Pensées et maximes, p.15, Lamy, 1802)
     
  84. Combien d'actions seraient moins vantées, si l'on en connaissait les motifs.
    (Pensées et maximes, p.15, Lamy, 1802)
     
  85. Peu de gens savent écouter, ce qui fait que peu de gens savent bien répondre.
    (Pensées et maximes, p.15, Lamy, 1802)
     
  86. Il est des yeux avec qui on entre d'abord en conversation.
    (Pensées et maximes, p.15, Lamy, 1802)
     
  87. Les faux amis sont comme les faux braves, ils abandonnent toujours dans le besoin.
    (Pensées et maximes, p.15, Lamy, 1802)
     
  88. Deux infortunés se plaignent et se consolent ; deux heureux se haïssent et se méprisent.
    (Pensées et maximes, p.16, Lamy, 1802)
     
  89. Celui qui se plonge dans le superflu, pleure un jour le nécessaire.
    (Pensées et maximes, p.16, Lamy, 1802)
     
  90. La colère commence dans la folie, elle finit dans le repentir.
    (Pensées et maximes, p.16, Lamy, 1802)
     
  91. L'homme d'esprit donne des préceptes, le sage donne des exemples.
    (Pensées et maximes, p.16, Lamy, 1802)
     
  92. Il ne faut beaucoup lire que quand on sait beaucoup oublier.
    (Pensées et maximes, p.16, Lamy, 1802)
     
  93. La postérité paie aux grands hommes l'intérêt de la gloire que leur ont refusée leurs contemporains.
    (Pensées et maximes, p.16, Lamy, 1802)
     
  94. L'homme dans la postérité méconnaît tout le monde, et dans l'adversité n'est connu de personne.
    (Pensées et maximes, p.17, Lamy, 1802)
     
  95. Il faut être un peu trop bon, pour l'être assez.
    (Pensées et maximes, p.17, Lamy, 1802)
     
  96. Le mariage est le lien le plus général, le plus étendu de la société ; et c'est cependant celui qui unit le plus rarement un homme à une femme.
    (Pensées et maximes, p.17, Lamy, 1802)
     
  97. Le comble de l'infortune, c'est d'avoir été heureux.
    (Pensées et maximes, p.17, Lamy, 1802)
     
  98. La plupart des femmes ressemblent aux énigmes, qui cessent de plaire dès qu'elles sont devinées.
    (Pensées et maximes, p.17, Lamy, 1802)
     
  99. Il n'y a de vraiment malheureux, que ceux qui envient le bonheur des autres.
    (Pensées et maximes, p.17, Lamy, 1802)
     
  100. La médisance est un vice que les femmes ont donné aux hommes ; en échange elles ont reçu la flatterie : le joli commerce.
    (Pensées et maximes, p.18, Lamy, 1802)
     
  101. L'art de cacher l'humiliation est un triomphe ; mais cet art ne peut être acquis par l'habitude d'être humilié.
    (Pensées et maximes, p.18, Lamy, 1802)
     
  102. La sympathie est une confidence tacite.
    (Pensées et maximes, p.18, Lamy, 1802)
     
  103. Un infidèle n'est coupable que quand il est regretté.
    (Pensées et maximes, p.18, Lamy, 1802)
     
  104. Les jolies femmes sont si excédées de ne s'entendre dire que de jolies phrases, qu'avant peu on pourra risquer de leur parler raison.
    (Pensées et maximes, p.18, Lamy, 1802)
     
  105. On n'est point à plaindre dans l'infortune, quand on peut s'envelopper des charmes de l'amitié et des consolations de la vertu.
    (Pensées et maximes, p.18, Lamy, 1802)
     
  106. Les rois se donnent le nom de frères ; ne peut-on pas les appeler les frères ennemis ?
    (Pensées et maximes, p.19, Lamy, 1802)
     
  107. La loi est le fourneau où le puissant forge les fers du faible
    (Pensées et maximes, p.19, Lamy, 1802)
     
  108. Le fanatisme est, à la religion, ce que la jalousie est à l'amour.
    (Pensées et maximes, p.19, Lamy, 1802)
     
  109. On apprend à parler en écoutant, comme à commander en obéissant.
    (Pensées et maximes, p.19, Lamy, 1802)
     
  110. Un homme d'esprit dit une chose sans y penser ; un sot la dit sans la penser.
    (Pensées et maximes, p.19, Lamy, 1802)
     
  111. Un homme d'esprit n'est jamais plus mal à son aise qu'avec un autre homme d'esprit, qu'il n'aime pas.
    (Pensées et maximes, p.19, Lamy, 1802)
     
  112. L'homme à talents se trouve souvent déplacé ; l'homme de bien est toujours à sa place.
    (Pensées et maximes, p.19, Lamy, 1802)
     
  113. Quel honnête homme en place n'a pas été blâmé ? quel scélérat n'a pas été loué ?
    (Pensées et maximes, p.20, Lamy, 1802)
     
  114. Pour cesser de craindre, il faut cesser d'espérer.
    (Pensées et maximes, p.20, Lamy, 1802)
     
  115. Quelque jeune que l'on soit, on arrive bien vite à la vieillesse, quand on y va par la voie des plaisirs. Les excès font plus de vieillards que les années.
    (Pensées et maximes, p.20, Lamy, 1802)
     
  116. Souvent l'esprit ne produit sa fleur, que quand le corps a perdu la sienne. C'est un dédommagement que la nature accorde à l'âge mûr.
    (Pensées et maximes, p.20, Lamy, 1802)
     
  117. Un vieillard qui se trouve bien avec les autres et encore mieux avec lui-même, est semblable à un temple antique qui a résisté aux injures du temps et dont on admire encore les précieux restes.
    (Pensées et maximes, p.20, Lamy, 1802)
     
  118. Le feu qui ne peut brûler le bois, le noircit ; voilà l'image du médisant.
    (Pensées et maximes, p.21, Lamy, 1802)
     
  119. Vouloir, ce n'est pas être libre ; c'est au plus être libre de faire ce qu'on veut, mais non de vouloir.
    (Pensées et maximes, p.21, Lamy, 1802)
     
  120. On a donné aux choses le nom de bonnes lorsqu'on les désire, de mauvaises lorsqu'on les craint.
    (Pensées et maximes, p.21, Lamy, 1802)
     
  121. L'imagination est une sensation qui s'apaise et s'évanouit par l'absence de son objet et par le présence d'un autre.
    (Pensées et maximes, p.21, Lamy, 1802)
     
  122. L'expérience est la mémoire de beaucoup de choses.
    (Pensées et maximes, p.21, Lamy, 1802)
     
  123. Le discours ou le raisonnement sur un événement imprévu, forme la prévoyance.
    (Pensées et maximes, p.21, Lamy, 1802)
     
  124. La vérité consiste dans une juste application des mots. De-là, nécessité de les définir.
    (Pensées et maximes, p.21, Lamy, 1802)
     
  125. Il n'y a point d'homme vertueux qui n'ait quelque vice, ni de méchant quelque vertu.
    (Pensées et maximes, p.22, Lamy, 1802)
     
  126. La tempérance est le milieu entre la privation et l'excès de la volupté.
    (Pensées et maximes, p.22, Lamy, 1802)
     
  127. La mémoire est un moule où les objets changent de forme très aisément.
    (Pensées et maximes, p.22, Lamy, 1802)
     
  128. L'insensé est l'homme qui se croit sage.
    (Pensées et maximes, p.22, Lamy, 1802)
     
  129. On s'enrichit en appauvrissant ses désirs.
    (Pensées et maximes, p.22, Lamy, 1802)
     
  130. Une femme sans pudeur est un mets fade et sans sel.
    (Pensées et maximes, p.22, Lamy, 1802)
     
  131. Le monde n'est éternel pour personne : laisse-le passer, et t'attache à celui qui l'a fait.
    (Pensées et maximes, p.22, Lamy, 1802)
     
  132. L'avare est un arbre stérile.
    (Pensées et maximes, p.23, Lamy, 1802)
     
  133. Le secret est ton esclave si tu le gardes, tu deviens le sien s'il t'échappe.
    (Pensées et maximes, p.23, Lamy, 1802)
     
  134. L'homme instruit qui ne fait rien, est une nue qui passe et n'arrose point.
    (Pensées et maximes, p.23, Lamy, 1802)
     
  135. Le plus méchant des hommes est l'homme qui sait qu'il est méchant.
    (Pensées et maximes, p.23, Lamy, 1802)
     
  136. L'ignorant est orphelin.
    (Pensées et maximes, p.23, Lamy, 1802)
     
  137. La vie de l'ignorant ne pèse pas une heure de l'homme qui sait.
    (Pensées et maximes, p.23, Lamy, 1802)
     
  138. Celui qui nous entretient des défauts d'autrui, entretient autrui des nôtres.
    (Pensées et maximes, p.23, Lamy, 1802)
     
  139. Dieu nous garde de ceux auxquels nous nous fions ! nous nous garderons bien de ceux dont nous nous défions.
    (Pensées et maximes, p.23, Lamy, 1802)
     
  140. Un fonds de modestie rapporte un grand intérêt.
    (Pensées et maximes, p.24, Lamy, 1802)
     
  141. La vie est une espèce de sommeil dont on ne se réveille qu'à la mort.
    (Pensées et maximes, p.24, Lamy, 1802)
     
  142. Quand on donne, il faut que la main soit ouverte, mais non percée ; qu'il en sorte quelque chose, mais qu'il n'en tombe rien.
    (Pensées et maximes, p.24, Lamy, 1802)
     
  143. La libéralité donne, la prodigalité perd.
    (Pensées et maximes, p.24, Lamy, 1802)
     
  144. Les jeunes gens disent ce qu'ils font, les vieillards ce qu'ils ont fait, les sots ce qu'ils ont envie de faire, et les avantageux ce qu'ils ne font pas.
    (Pensées et maximes, p.24, Lamy, 1802)
     
  145. On ne doit pas publier l'injure qu'on ne veut pas venger.
    (Pensées et maximes, p.24, Lamy, 1802)
     
  146. Un vieux soldat fait pitié, un vieil amant fait rire.
    (Pensées et maximes, p.25, Lamy, 1802)
     
  147. On éprouve l'or et l'argent avec une pierre de touche, mais c'est par le moyen de l'or et de l'argent que l'on éprouve les hommes.
    (Pensées et maximes, p.25, Lamy, 1802)
     
  148. Faites du bien à vos amis et à vos ennemis ; vous conserverez les uns, et peut-être vous gagnerez les autres.
    (Pensées et maximes, p.25, Lamy, 1802)
     
  149. Pour juger sainement d'un conseil, il faudrait pouvoir comprendre tous les différents intérêts de celui qui le donne.
    (Pensées et maximes, p.25, Lamy, 1802)
     
  150. On n'oblige aujourd'hui que ceux qui sont à même de payer comptant.
    (Pensées et maximes, p.25, Lamy, 1802)
     
  151. Jamais une âme bien amoureuse n'est juste ; elle trouve son bonheur trop petit, et son malheur trop grand.
    (Pensées et maximes, p.25, Lamy, 1802)
     
  152. On corrige plutôt les vices que les faiblesses.
    (Pensées et maximes, p.26, Lamy, 1802)
     
  153. Notre ignorance nous ferait pitié, si notre vanité ne nous en ôtait la connaissance.
    (Pensées et maximes, p.26, Lamy, 1802)
     
  154. La cour est un pays où les joies sont visibles, mais fausses ; et où les chagrins sont cachés, mais réels.
    (Pensées et maximes, p.26, Lamy, 1802)
     
  155. En vivant suivant la nature, on n'est jamais pauvre ; en vivant selon l'opinion, on n'est jamais riche.
    (Pensées et maximes, p.26, Lamy, 1802)
     
  156. L'espérance rend prodigue, la crainte rend avare.
    (Pensées et maximes, p.26, Lamy, 1802)
     
  157. C'est en pensant, qu'on apprend à penser.
    (Pensées et maximes, p.26, Lamy, 1802)
     
  158. En lisant les anciens, on est presque sûr de savoir ce qu'ont écrit les modernes.
    (Pensées et maximes, p.27, Lamy, 1802)
     
  159. Tout est au-dessus de l'homme vicieux, tout est au-dessous de l'homme vertueux.
    (Pensées et maximes, p.27, Lamy, 1802)
     
  160. Exiger de la reconnaissance, c'est en exempter.
    (Pensées et maximes, p.27, Lamy, 1802)
     
  161. Que de biens dont nous ignorons le prix, parce que nous n'en avons jamais été privés !
    (Pensées et maximes, p.27, Lamy, 1802)
     
  162. Le peuple ne croirait point du tout en Dieu, si on ne lui permettait d'y croire mal.
    (Pensées et maximes, p.27, Lamy, 1802)
     
  163. La grande poltronnerie suspend chez quelques hommes les effets de la grande méchanceté.
    (Pensées et maximes, p.27, Lamy, 1802)
     
  164. La sagesse distingue le bien, la vertu le pratique.
    (Pensées et maximes, p.27, Lamy, 1802)
     
  165. Les esprits forts sont, en fait de religion, ce que sont les beaux esprits en fait de littérature.
    (Pensées et maximes, p.28, Lamy, 1802)
     
  166. Entrez l'émulation sur un bon naturel, si vous ne voulez pas la voir dégénérer en envie.
    (Pensées et maximes, p.28, Lamy, 1802)
     
  167. La justice naît du rapport qui est entre les choses ; la loi est la mesure de ce rapport. Les esprits forts sont comme les gens ivres, qui veulent toujours faire boire les autres.
    (Pensées et maximes, p.28, Lamy, 1802)
     
  168. La flatterie est une mine que creuse le vice pour faire écrouler la vertu.
    (Pensées et maximes, p.28, Lamy, 1802)
     
  169. Il faut être né bien heureusement, pour être philosophe sans avoir été malheureux.
    (Pensées et maximes, p.28, Lamy, 1802)
     
  170. Lorsque les larmes sont l'expression de la tendresse, elles sont à l'amour ce qu'est la rosée aux fleurs, elles le nourrissent et le raniment.
    (Pensées et maximes, p.28, Lamy, 1802)
     
  171. La marche du génie est comme celle d'un corps élastique ; le moment où il se ralentit touche au moment où il s'arrête.
    (Pensées et maximes, p.29, Lamy, 1802)
     
  172. Le zèle ne diffère de la passion, qu'en ce qu'il a un objet louable.
    (Pensées et maximes, p.29, Lamy, 1802)
     
  173. Qui craint l'avenir ou regrette le passé, jouit mal du présent.
    (Pensées et maximes, p.29, Lamy, 1802)
     
  174. Ceux qui sont incapables de faire de grandes fautes, sont peu capables de faire de grandes choses.
    (Pensées et maximes, p.29, Lamy, 1802)
     
  175. On est presque consolé des fautes qu'on a faites, lorsqu'on songe combien il est aisé d'en faire de plus grandes.
    (Pensées et maximes, p.29, Lamy, 1802)
     
  176. Il est aussi ennuyeux de voir souvent ceux qu'on n'aime guère, que difficile d'aimer beaucoup ceux que l'on voit souvent.
    (Pensées et maximes, p.29, Lamy, 1802)
     
  177. Le besoin de compagnie vient presque toujours de celui de parler.
    (Pensées et maximes, p.30, Lamy, 1802)
     
  178. Il semble que l'on accorde du mérite à certaines gens comme l'on fait l'aumône à certains pauvres, uniquement parce que l'on est las de les refuser.
    (Pensées et maximes, p.30, Lamy, 1802)
     
  179. La honte d'ignorer, est le contre-poids de la peine d'apprendre.
    (Pensées et maximes, p.30, Lamy, 1802)
     
  180. Les français sont dans la société des nations, ce qu'est une coquette aimable dans le monde.
    (Pensées et maximes, p.30, Lamy, 1802)
     
  181. Le sot dort, le fou rêve ; la vie de l'un est une léthargie perpétuelle, l'autre a quelquefois des songes agréables.
    (Pensées et maximes, p.30, Lamy, 1802)
     
  182. L'amour de la gloire est dans les monarchies, ce qu'est dans les républiques l'amour de la liberté.
    (Pensées et maximes, p.30, Lamy, 1802)
     
  183. La dissipation est le bonheur de ceux que ne savent pas penser.
    (Pensées et maximes, p.31, Lamy, 1802)
     
  184. La censure est une taxe que le public impose sur le mérite.
    (Pensées et maximes, p.31, Lamy, 1802)
     
  185. La plupart des vieillards ressemblent aux vieilles chroniques, elles instruisent, mais ennuient.
    (Pensées et maximes, p.31, Lamy, 1802)
     
  186. L'amour du repos tient les hommes dans une agitation continuelle.
    (Pensées et maximes, p.31, Lamy, 1802)
     
  187. Si l'on n'a pas de plus grand plaisir que d'être seul avec ce qu'on aime, pourquoi peut-on rester si rarement avec soi-même ?
    (Pensées et maximes, p.31, Lamy, 1802)
     
  188. La naissance et les dignités sont de beaux masques, qu'il faut rarement s'aviser de lever.
    (Pensées et maximes, p.31, Lamy, 1802)
     
  189. Celui qui entre dans le chemin de la fortune, s'il ne veut pas reculer, doit se mettre comme elle un bandeau sur les yeux.
    (Pensées et maximes, p.32, Lamy, 1802)
     
  190. La critique est un remède, et la satyre un poison.
    (Pensées et maximes, p.32, Lamy, 1802)
     
  191. S'il est difficile de plaire à ceux qui ne nous plaisent pas, c'est par l'extrême difficulté de leur cacher qu'ils nous déplaisent.
    (Pensées et maximes, p.32, Lamy, 1802)
     
  192. On voit difficilement les défauts des personnes qu'on aime, mais on les sent plus vivement.
    (Pensées et maximes, p.32, Lamy, 1802)
     
  193. Il vaut mieux diminuer ce qui nous nuit, qu'augmenter ce qui nous est avantageux.
    (Pensées et maximes, p.32, Lamy, 1802)
     
  194. La mémoire ressemble aux filets, qui retiennent les choses les plus considérables et laissent échapper les moindres.
    (Pensées et maximes, p.32, Lamy, 1802)
     
  195. Croire sans examen, c'est croire que l'on croit.
    (Pensées et maximes, p.33, Lamy, 1802)
     
  196. Ce que l'on souffre en soi, pourquoi le blâmer dans les autres ?
    (Pensées et maximes, p.33, Lamy, 1802)
     
  197. La raison ne connaît bien ses forces, qu'après avoir tenté au-delà.
    (Pensées et maximes, p.33, Lamy, 1802)
     
  198. Ceux que nous méprisons injustement, ont droit de nous mépriser avec justice.
    (Pensées et maximes, p.33, Lamy, 1802)
     
  199. Celui qui a de l'esprit et n'en fait point d'usage, ressemble à la terre qui ne rapporte aucun fruit.
    (Pensées et maximes, p.33, Lamy, 1802)
     
  200. La mauvaise compagnie est comme un arbre enflammé, dont une branche met le feu à l'autre.
    (Pensées et maximes, p.33, Lamy, 1802)
     
  201. Le sage ne doit pas penser à ce qu'il a perdu, mais à tâcher de conserver ce qu'il possède.
    (Pensées et maximes, p.33, Lamy, 1802)
     
  202. La sagesse est un bien qu'on ne peut jamais perdre.
    (Pensées et maximes, p.34, Lamy, 1802)
     
  203. La fin de l'indignation est d'avoir honte de soi.
    (Pensées et maximes, p.34, Lamy, 1802)
     
  204. On doit compatir au malheur de trois sortes de personnes ; d'un riche devenu pauvre, d'un homme d'honneur méprisé, et d'un sage moqué par un ignorant.
    (Pensées et maximes, p.34, Lamy, 1802)
     
  205. Le plus faible de tous les hommes est celui qui ne peut garder son secret ; le plus fort, celui qui peut être maître de son courroux ; le plus patient, celui qui sait bien supporter la pauvreté ; et le plus modéré, celui qui est content du peu qu'il a.
    (Pensées et maximes, p.34, Lamy, 1802)
     
  206. Les malheurs affermissent l'âme, mais malheureusement endurcissent le coeur.
    (Pensées et maximes, p.34, Lamy, 1802)
     
  207. Dans la jeunesse on jouit sans posséder ; dans la vieillesse on possède sans jouir.
    (Pensées et maximes, p.34, Lamy, 1802)
     
  208. Les vertus sont le nerf des sociétés, les qualités agréables en sont le lien.
    (Pensées et maximes, p.35, Lamy, 1802)
     
  209. Les sens s'usent plutôt que le coeur, et le coeur plus rapidement que l'esprit.
    (Pensées et maximes, p.35, Lamy, 1802)
     
  210. Le coeur est plutôt désabusé, que l'amour propre.
    (Pensées et maximes, p.35, Lamy, 1802)
     
  211. L'amour propre est la plus intempérante des passions, elle n'est jamais rassasiée.
    (Pensées et maximes, p.35, Lamy, 1802)
     
  212. On loue quelquefois le courage des infortunés, pour s'autoriser à ne les pas secourir.
    (Pensées et maximes, p.35, Lamy, 1802)
     
  213. Les connaissances sont à une tête mal organisée, ce qu'est la lumière aux vues faibles ; elles l'égarent plus qu'elles ne l'éclairent.
    (Pensées et maximes, p.35, Lamy, 1802)
     
  214. L'amitié exige plus de soins, plus d'égards, plus de ménagements que l'amour, parce qu'elle n'a pas les mêmes moyens pour réparer l'offense.
    (Pensées et maximes, p.35, Lamy, 1802)
     
  215. À coup sûr, un présomptueux n'a vu que la surface de son coeur.
    (Pensées et maximes, p.36, Lamy, 1802)
     
  216. Il y a des gens dont le mérite est comme ces fleurs qui de loin répandent une odeur agréable, mais qui portent à la tête dès qu'on en approche de trop près.
    (Pensées et maximes, p.36, Lamy, 1802)
     
  217. On doit à son bon sens de mépriser les sots, et à son repos de ne pas trop le faire voir.
    (Pensées et maximes, p.36, Lamy, 1802)
     
  218. Chaque homme a précisément autant de vanité qu'il lui manque de bons sens.
    (Pensées et maximes, p.36, Lamy, 1802)
     
  219. On affecte de mépriser ceux qui nous méprisent parce que, forcé de se passer de leur crime, on veut au moins en rabattre le prix.
    (Pensées et maximes, p.36, Lamy, 1802)
     
  220. Comme la rougeur peut quelquefois faire prendre une courtisane pour une honnête femme, la modestie peut faire passer pour un homme d'esprit, celui qui ne l'est pas.
    (Pensées et maximes, p.37, Lamy, 1802)
     
  221. Un brave homme insulté se trouve à l'instant supérieur à celui qui l'insulte parce qu'il peut pardonner.
    (Pensées et maximes, p.37, Lamy, 1802)
     
  222. Tout excès de plaisir est balancé par un degré de peine. C'est un homme qui dépense dans l'année la moitié du revenu de l'année suivante.
    (Pensées et maximes, p.37, Lamy, 1802)
     
  223. Il y a une différence bien singulière entre un poète et un historien. Le poète s'immortalise tandis que l'historien n'immortalise que ses héros : c'est Homère et Virgile, mais non pas Achille ni Énée, qui nous inspirent du respect et de la vénération ; au lieu qu'on admire Alexandre sans presque songer à Quinte-Curce.
    (Pensées et maximes, p.37, Lamy, 1802)
     
  224. La raison pour laquelle on voit si peu de mariages heureux est que les jeunes filles emploient tous les efforts à faire des filets et qu'elles ne pensent point à faire des cages.
    (Pensées et maximes, p.38, Lamy, 1802)
     
  225. Les visages les plus gais se voient dans les carrosses de deuil.
    (Pensées et maximes, p.38, Lamy, 1802)
     
  226. Il n'y a personne qui ne souhaite de vivre longtemps ; et personne ne veut être vieux.
    (Pensées et maximes, p.38, Lamy, 1802)
     
  227. Les lâches sont comme les mauvais chevaux qui ont précisément autant de vivacité qu'il en faut pour être vicieux.
    (Pensées et maximes, p.38, Lamy, 1802)
     
  228. Il y a des gens dont l'esprit ressemble à une lanterne sourde qui ne sert qu'à guider celui qui la porte.
    (Pensées et maximes, p.38, Lamy, 1802)
     
  229. Les petits maîtres sont précisément de la même utilité qu'étaient à Sparte les esclaves que l'on enivrait pour inspirer aux enfants l'horreur de l'ivrognerie.
    (Pensées et maximes, p.38, Lamy, 1802)
     
  230. Les prétendus amis qui ne parlent que de leur sensibilité ressemblent à ces poltrons qui ne parlent que de leur bravoure.
    (Pensées et maximes, p.39, Lamy, 1802)
     
  231. Un sage à la cour est semblable à un voyageur qui examine les moeurs des pays étrangers sans être assujetti à y payer les impôts.
    (Pensées et maximes, p.39, Lamy, 1802)
     
  232. On avoue quelques défauts pour faire croire qu'on n'a que ceux-là.
    (Pensées et maximes, p.39, Lamy, 1802)
     
  233. Il y a des gens si humbles qu'ils en sont orgueilleux quand ils y pensent.
    (Pensées et maximes, p.39, Lamy, 1802)
     
  234. On s'accuse de défauts qu'on n'a pas pour se faire louer des vertus qu'on a.
    (Pensées et maximes, p.39, Lamy, 1802)
     
  235. L'amour de la gloire fait les héros ; le mépris de la gloire fait les grands hommes.
    (Pensées et maximes, p.39, Lamy, 1802)
     
  236. Le soleil et la fortune font briller les insectes.
    (Pensées et maximes, p.40, Lamy, 1802)
     
  237. On travaille toute sa vie pour être mieux et l'on meurt sans avoir été bien.
    (Pensées et maximes, p.40, Lamy, 1802)
     
  238. Un homme d'esprit est bien moins étonné d'être trompé par un sot qu'un sot n'est surpris d'être la dupe d'un homme d'esprit.
    (Pensées et maximes, p.40, Lamy, 1802)
     
  239. Il est rare que l'expérience qui nous apprend à nous méfier des autres ne nous apprenne pas à les tromper.
    (Pensées et maximes, p.40, Lamy, 1802)
     
  240. Il est quelquefois agréable à un mari d'avoir une femme jalouse ; il entend toujours parler de la personne qu'il aime.
    (Pensées et maximes, p.40, Lamy, 1802)
     
  241. Quand les femmes cessent d'être aimables, pourquoi s'efforcent-elles encore de plaire ? Lorsqu'une pièce de théâtre est finie et que la toile est baissée, ne serait-ce pas une folie à un acteur de venir sur le bord des lampes pour y jouer encore une scène ?
    (Pensées et maximes, p.40, Lamy, 1802)
     
  242. Ceux qui n'aiment pas n'ont jamais de grandes joies ; ceux qui aiment ont souvent de grandes tristesses.
    (Pensées et maximes, p.41, Lamy, 1802)
     
  243. Il n'est pas sûr que l'amour fondé sur la beauté dure autant qu'elle ; mais il n'est pas douteux qu'il n'expire avec elle.
    (Pensées et maximes, p.41, Lamy, 1802)
     
  244. Qui veut être aimé, sans aimer, ressemble à celui qui veut allumer un flambeau avec une torche éteinte.
    (Pensées et maximes, p.41, Lamy, 1802)
     
  245. Les premières passions sont si bien les plus fortes que plus on aime, moins on sait aimer.
    (Pensées et maximes, p.41, Lamy, 1802)
     
  246. Dans quelque état que l'on naisse, on est presque toujours fâché de n'être pas né dans un autre.
    (Pensées et maximes, p.41, Lamy, 1802)
     
  247. On doit plaindre également un riche qui n'a qu'une bonne table et un pauvre qui n'a que de l'appétit.
    (Pensées et maximes, p.42, Lamy, 1802)
     
  248. La raillerie est un discours en faveur de son esprit contre son bon naturel.
    (Pensées et maximes, p.42, Lamy, 1802)
     
  249. Une nation où les femmes donnent le ton est une nation paresseuse.
    (Pensées et maximes, p.42, Lamy, 1802)
     
  250. La dévotion est une croyance que l'on vaut mieux qu'un autre.
    (Pensées et maximes, p.42, Lamy, 1802)
     
  251. Il faut demander des services le moins que l'on peut ; et en rendre le plus qu'il est possible.
    (Pensées et maximes, p.42, Lamy, 1802)
     
  252. Savez-vous pourquoi les sots réussissent souvent dans leurs entreprises ? c'est que ne s'apercevant pas lorsqu'ils sont impétueux, jamais ils ne s'arrêtent.
    (Pensées et maximes, p.42, Lamy, 1802)
     
  253. Les histoires sont des faits faux composés sur des vrais.
    (Pensées et maximes, p.43, Lamy, 1802)
     
  254. Pour réussir dans le monde, il faut avoir l'air d'être fou et être sage.
    (Pensées et maximes, p.43, Lamy, 1802)
     
  255. Le succès de la plupart des choses dépend de savoir combien il faut de temps pour réussir.
    (Pensées et maximes, p.43, Lamy, 1802)
     
  256. La pudeur sied bien à tout le monde ; mais il faut savoir la vaincre et jamais ne la perdre.
    (Pensées et maximes, p.43, Lamy, 1802)
     
  257. Les observations sont l'histoire de la physique et les systèmes en sont la fable.
    (Pensées et maximes, p.43, Lamy, 1802)
     
  258. Il ne faut être amoureux que de l'amitié.
    (Pensées et maximes, p.43, Lamy, 1802)
     
  259. Les gens d'esprit sont gouvernés par des valets et les sots par des gens d'esprit.
    (Pensées et maximes, p.43, Lamy, 1802)
     
  260. Ce qui manque aux orateurs en profondeur, ils vous le donnent en longueur.
    (Pensées et maximes, p.44, Lamy, 1802)
     
  261. C'est un grand malheur qu'il y ait trop peu d'intervalle entre le temps où l'on est trop jeune et celui où l'on est trop vieux.
    (Pensées et maximes, p.44, Lamy, 1802)
     
  262. Montesquieu disait à madame de Châtelet : Vous vous empêchez de dormir pour apprendre la philosophie ; il faudrait au contraire étudier la philosophie pour apprendre à dormir.
    (Pensées et maximes, p.44, Lamy, 1802)
     
  263. Quand on court après l'esprit, on attrape la sottise.
    (Pensées et maximes, p.44, Lamy, 1802)
     
  264. Les grands seigneurs ont des plaisirs, le peuple seul a de la joie.
    (Pensées et maximes, p.44, Lamy, 1802)
     
  265. Aimer à lire, c'est faire un échange des heures d'ennui contre des heures délicieuses.
    (Pensées et maximes, p.44, Lamy, 1802)
     
  266. Le bonheur fuit devant ceux qui le cherchent, et court se réfugier dans les bras de celui qui l'attend.
    (Pensées et maximes, p.45, Lamy, 1802)
     
  267. La jalousie grossière est une défiance de l'objet aimé ; la jalousie délicate est une défiance de soi-même.
    (Pensées et maximes, p.45, Lamy, 1802)
     
  268. On prend de l'amour auprès d'une femme de vingt ans ; une de trente en donne.
    (Pensées et maximes, p.45, Lamy, 1802)
     
  269. Ce n'est pas la jalousie que les femmes haïssent, c'est la manière dont les hommes sont jaloux.
    (Pensées et maximes, p.45, Lamy, 1802)
     
  270. Le sage se prête au monde ; il se livre à la solitude.
    (Pensées et maximes, p.45, Lamy, 1802)
     
  271. L'amour exige des sacrifices ; l'amitié s'en offense et les prévient.
    (Pensées et maximes, p.45, Lamy, 1802)
     
  272. On est presque toujours plus choqué de n'avoir point été préféré que l'on n'eût été flatté du contraire.
    (Pensées et maximes, p.45, Lamy, 1802)
     
  273. On s'aime longtemps quand on a vécu longtemps ensemble sans s'aimer.
    (Pensées et maximes, p.46, Lamy, 1802)
     
  274. On cherche la vérité, on ne la trouve point, mais on aperçoit des erreurs ; c'est beaucoup.
    (Pensées et maximes, p.46, Lamy, 1802)
     
  275. On fuit le monde quand on en connaît les vices. Comment le quitter quand on en connaît les agréments ?
    (Pensées et maximes, p.46, Lamy, 1802)
     
  276. On se plaint tous les jours du mal que font ceux qui gouvernent ; je trouve qu'on doit bien plus les louer de celui qu'ils ne font pas.
    (Pensées et maximes, p.46, Lamy, 1802)
     
  277. On est bien plus près du bonheur des gens riches quand on est né dans la pauvreté qu'on ne l'est dans ce dernier état dans l'indigence des biens qu'on a eus.
    (Pensées et maximes, p.46, Lamy, 1802)
     
  278. Un méchant homme conçoit plus aisément qu'on peut être vertueux qu'un homme de bien ne conçoit qu'on peut être méchant.
    (Pensées et maximes, p.47, Lamy, 1802)
     
  279. L'occasion vole vers nous à reculons : nous ne la reconnaissons que lorsqu'elle nous a passés.
    (Pensées et maximes, p.47, Lamy, 1802)
     
  280. Au moment d'une longue absence, la raison nous dit que nous serons oubliés et l'amour nous assure que nous n'oublierons jamais.
    (Pensées et maximes, p.47, Lamy, 1802)
     
  281. Au moment d'une disgrâce, ce n'est point la part que nos amis y prennent, c'est celle qu'y prennent nos ennemis qui nous occupe.
    (Pensées et maximes, p.47, Lamy, 1802)
     
  282. Deux vrais amis n'ont rien à se reprocher parce qu'ils ne peuvent jamais s'offenser.
    (Pensées et maximes, p.47, Lamy, 1802)
     
  283. Si l'on désire de voir son ami se corriger de ses défauts, ce ne peut être que par rapport à lui ; car on l'aime autant que s'il ne les avait pas.
    (Pensées et maximes, p.48, Lamy, 1802)
     
  284. Il est facile de persuader aux hommes ce qu'ils souhaitent ; il l'est encore plus de leur persuader ce qu'ils craignent.
    (Pensées et maximes, p.48, Lamy, 1802)
     
  285. Le désir de la gloire est la faiblesse des grands hommes.
    (Pensées et maximes, p.48, Lamy, 1802)
     
  286. La distance des grands hommes à nous paraît d'abord immense, mais l'égalité naturelle se retrouve dans le prix qu'ils mettent à notre opinion.
    (Pensées et maximes, p.48, Lamy, 1802)
     
  287. On peut quelquefois compter sur la discrétion d'un traître, jamais sur celle d'un étourdi.
    (Pensées et maximes, p.48, Lamy, 1802)
     
  288. Le plus grand des hommes, c'est-à-dire le plus sage est certainement mort ignoré.
    (Pensées et maximes, p.48, Lamy, 1802)
     
  289. L'absence peut guérir de l'amour : mais quel remède ! il est aussi lent que les plus doux et aussi douloureux que les plus vifs.
    (Pensées et maximes, p.49, Lamy, 1802)
     
  290. Pourquoi les mêmes égards que l'on se croit dus lorsqu'un grand les refuse semblent-ils une grâce lorsqu'il les accorde ?
    (Pensées et maximes, p.49, Lamy, 1802)
     
  291. On ne dispute point pour s'instruire, mais pour faire voir que l'on sait.
    (Pensées et maximes, p.49, Lamy, 1802)
     
  292. La plus forte épreuve de la vertu est l'occasion où, pour la conserver, il faut en perdre l'apparence.
    (Pensées et maximes, p.49, Lamy, 1802)
     
  293. L'honneur est un moyen adroit par lequel on est venu à bout de faire produire à la vanité les effets de la vertu.
    (Pensées et maximes, p.49, Lamy, 1802)
     
  294. L'avare est comme ces amants qu'un excès d'amour empêche de jouir.
    (Pensées et maximes, p.50, Lamy, 1802)
     
  295. Que fuyez-vous quand vous croyez que l'amour vous poursuit ? si vous n'êtes pas atteint, ce n'était pas lui.
    (Pensées et maximes, p.50, Lamy, 1802)
     
  296. La vertu dans l'indigence est comme un voyageur que le vent ou la pluie contraignent de s'envelopper de son manteau.
    (Pensées et maximes, p.50, Lamy, 1802)
     
  297. Un bon père n'a peut-être pas été un bon fils. Un bon fils sera sûrement un bon père.
    (Pensées et maximes, p.50, Lamy, 1802)
     
  298. On est encore dans l'âge d'aimer longtemps après avoir passé l'âge de plaire. Ainsi le soleil porte ses mourants rayons sur la terre longtemps après qu'il ne l'échauffe plus.
    (Pensées et maximes, p.50, Lamy, 1802)
     
  299. Une chose adoucit l'humiliation de se justifier, c'est que cela ne saurait se faire sans parler beaucoup de soi-même, et que c'est peut-être la seule circonstance où l'on puisse honnêtement en parler avec éloge.
    (Pensées et maximes, p.50, Lamy, 1802)
     
  300. La pensée de la mort est une lumière dans la vie semblable à cette clarté qu'un milieu de la nuit un incendie répand sur des objets qu'il va bientôt dévorer.
    (Pensées et maximes, p.51, Lamy, 1802)
     
  301. Le moins bien se plaint ; le moins mal se félicite.
    (Pensées et maximes, p.51, Lamy, 1802)
     
  302. Les vertus du sage sont comme les diamants dont une femme est parée et que seule leur éclat n'éblouit point.
    (Pensées et maximes, p.51, Lamy, 1802)
     
  303. La gloire est comme la religion dont il ne faut parler aux hommes que pour la leur faire aimer.
    (Pensées et maximes, p.51, Lamy, 1802)
     
  304. L'étourdi soutient une erreur avec l'assurance d'un homme qui ne se trompe jamais ; l'homme sensé soutient une vérité avec la circonspection d'une personne qui se trompe souvent.
    (Pensées et maximes, p.51, Lamy, 1802)
     
  305. L'amitié ne commence guère sans qu'on y pense. L'amour commence toujours sans réflexion.
    (Pensées et maximes, p.52, Lamy, 1802)
     
  306. Quand on sait se faire des amis par ses bienfaits plutôt que par son mérite, on peut être digne d'en avoir, mais on n'en a pas toujours pour cela.
    (Pensées et maximes, p.52, Lamy, 1802)
     
  307. Si l'on doit éprouver celui qui ne hait que comme pouvant aimer un jour, il faut détester celui qui n'aimerait que comme devant un jour haïr.
    (Pensées et maximes, p.52, Lamy, 1802)
     
  308. La modestie est une vertu qu'on ne trouve ordinairement que dans ceux qui ont de véritables sacrifices à lui faire.
    (Pensées et maximes, p.52, Lamy, 1802)
     
  309. Les moines sont les comédiens de la religion et ce sont des acteurs bien médiocres.
    (Pensées et maximes, p.52, Lamy, 1802)
     
  310. Ceux qui n'aiment pas ont rarement de grands plaisirs ; ceux qui aiment ont souvent de grandes peines.
    (Pensées et maximes, p.53, Lamy, 1802)
     
  311. La passion du jeu est nécessairement la plus forte, car elle est composée de deux pages, l'avidité du gain, et la fureur de la perte.
    (Pensées et maximes, p.53, Lamy, 1802)
     
  312. Qui aime est bien plus heureux que qui est aimé.
    (Pensées et maximes, p.53, Lamy, 1802)
     
  313. Les confidences se font souvent par intérêt, plus souvent par imprudence, quelquefois par trahison, rarement par amitié.
    (Pensées et maximes, p.53, Lamy, 1802)
     
  314. On n'est pas au comble de la douleur quand on a la force de se plaindre.
    (Pensées et maximes, p.53, Lamy, 1802)
     
  315. Les regrets de ce qui n'est plus sont presque toujours des plaintes de ce qui est.
    (Pensées et maximes, p.54, Lamy, 1802)
     
  316. La nature livre la jeunesse à l'erreur pour avoir à donner à la vieillesse la vérité en dédommagement de tout ce qu'elle lui fait perdre.
    (Pensées et maximes, p.54, Lamy, 1802)
     
  317. Il en coûte moins à la plupart des hommes pour condamner un ami que pour absoudre un animal.
    (Pensées et maximes, p.54, Lamy, 1802)
     
  318. L'opinion persuade les sots et entraîne les gens d'esprit.
    (Pensées et maximes, p.54, Lamy, 1802)
     
  319. La coquetterie est un piège que la vanité des femmes tend à la nôtre.
    (Pensées et maximes, p.54, Lamy, 1802)
     
  320. Ordinairement, pour faire fortune, ce n'est pas de l'esprit qu'il faut, c'est de la délicatesse qu'il ne faut pas.
    (Pensées et maximes, p.54, Lamy, 1802)
     
  321. On ne souhaite jamais ardemment ce qu'on souhaite par raison.
    (Pensées et maximes, p.55, Lamy, 1802)
     
  322. Un flatteur regarde celui qu'il loue comme un moulin qui ne donne de la farine qu'autant qu'on lui donne de vent.
    (Pensées et maximes, p.55, Lamy, 1802)
     
  323. Tel croit haïr la flatterie qui ne hait que la manière dont on le flatte.
    (Pensées et maximes, p.55, Lamy, 1802)
     
  324. Nous poussons seulement la porte à la flatterie, mais nous ne la fermons jamais.
    (Pensées et maximes, p.55, Lamy, 1802)
     
  325. La générosité a cela de singulier que, quand elle fait un plaisir, elle n'attend point de retour.
    (Pensées et maximes, p.55, Lamy, 1802)
     
  326. Toute l'étude de notre vie doit se renfermer à la finir heureusement.
    (Pensées et maximes, p.55, Lamy, 1802)
     
  327. La prospérité est un beau portrait exposé dans un faux jour qui cache les traits du modèle.
    (Pensées et maximes, p.56, Lamy, 1802)
     
  328. Il est souvent très bon de rire avec sa pensée et très souvent utile de ne pas rire avec celle des autres.
    (Pensées et maximes, p.56, Lamy, 1802)