Sébastien Chamfort
1741-1794
  1. Question : Pourquoi ne donnez-vous plus rien au public ?
    [...] C'est que j'ai à travailler et que les succès perdent du temps.
    [...] C'est que j'aime mieux l'estime des honnêtes gens, et mon bonheur particulier que quelques éloges, quelques écus, avec beaucoup d'injures et de calomnies.
    [...] C'est que jamais, comme dit Bacon, on n'a vu marcher ensemble la gloire et le repos.

    (Maximes et pensées, p.17, Livre de Poche n°2782)
     
  2. La plupart des faiseurs de recueils de vers ou de bons mots ressemblent à ceux qui mangent des cerises ou des huîtres, choisissant d'abord les meilleures et finissant par tout manger.
    (Maximes et pensées, p.23, Livre de Poche n°2782)
     
  3. Il faut convenir qu'il est impossible de vivre dans le monde, sans jouer de temps en temps la comédie. Ce qui distingue l'honnête homme du fripon, c'est de ne la jouer que dans les cas forcés, et pour échapper au péril, au lieu que l'autre va au-devant des occasions.
    (Maximes et pensées, p.25, Livre de Poche n°2782)
     
  4. Celui qui ne sait point recourir à propos à la plaisanterie, et qui manque de souplesse dans l'esprit, se trouve très souvent placé entre la nécessité d'être faux ou d'être pédant, alternative fâcheuse à laquelle un honnête homme se soustrait, pour l'ordinaire, par de la grâce et de la gaieté.
    (Maximes et pensées, p.27, Livre de Poche n°2782)
     
  5. La meilleure philosophie, relativement au monde, est d'allier, à son égard, le sarcasme de la gaieté avec l'indulgence du mépris.
    (Maximes et pensées, p.29, Livre de Poche n°2782)
     
  6. On souhaite la paresse d'un méchant et le silence d'un sot.
    (Maximes et pensées, p.31, Livre de Poche n°2782)
     
  7. Il y a des sottises bien habillées, comme il y a des sots très bien vêtus.
    (Maximes et pensées, p,32, Livre de Poche n°2782)
     
  8. Notre raison nous rend quelquefois aussi malheureux que nos passions ; et on peut dire de l'homme, quand il est dans ce cas, que c'est un malade empoisonné par son médecin.
    (Maximes et pensées, p.34, Livre de Poche n°2782)
     
  9. Dans les grandes choses, les hommes se montrent comme il leur convient de se montrer ; dans les petites, ils se montrent comme ils sont.
    (Maximes et pensées, p.35, Livre de Poche n°2782)
     
  10. Qu'est-ce qu'un philosophe ? C'est un homme qui oppose la nature à la loi, la raison à l'usage, sa conscience à l'opinion, et son jugement à l'erreur.
    (Maximes et pensées, p.36, Livre de Poche n°2782)
     
  11. Ne tenir dans la main de personne, être l'homme de son coeur, de ses principes, de ses sentiments, c'est ce que j'ai vu de plus rare.
    (Maximes et pensées, p.36, Livre de Poche n°2782)
     
  12. Au lieu de vouloir corriger les hommes de certains travers insupportables à la société, il aurait fallu corriger la faiblesse de ceux qui les souffrent.
    (Maximes et pensées, p.36, Livre de Poche n°2782)
     
  13. Les trois quarts des folies ne sont que des sottises.
    (Maximes et pensées, p.36, Livre de Poche n°2782)
     
  14. L'opinion est la reine du monde, parce que la sottise est la reine des sots.
    (Maximes et pensées, p.36, Livre de Poche n°2782)
     
  15. Il faut savoir faire les sottises que nous demande notre caractère.
    (Maximes et pensées, p.36, Livre de Poche n°2782)
     
  16. L'importance sans mérite obtient des égards sans estime.
    (Maximes et pensées, p.37, Livre de Poche n°2782)
     
  17. Toutes les passions sont exagératrices, et elles ne sont des passions que parce qu'elles exagèrent.
    (Maximes et pensées, p.39, Livre de Poche n°2782)
     
  18. Le premier des dons de la nature est cette force de raison qui vous élève au-dessus de vos propres passions et de vos faiblesses, et qui vous fait gouverner vos qualités mêmes, vos talents et vos vertus.
    (Maximes et pensées, p.39, Livre de Poche n°2782)
     
  19. La plus perdue de toutes les journées est celle où l'on n'a pas ri.
    (Maximes et pensées, p.40, Livre de Poche n°2782)
     
  20. La plupart des folies ne viennent que de sottise.
    (Maximes et pensées, p.40, Livre de Poche n°2782)
     
  21. L'esprit n'est souvent au coeur que ce que la bibliothèque d'un château est à la personne du maître.
    (Maximes et pensées, p.40, Livre de Poche n°2782)
     
  22. Quand on veut devenir philosophe, il ne faut pas se rebuter des premières découvertes affligeantes qu'on fait dans la connaissance des hommes. Il faut, pour les connaître, triompher du mécontentement qu'ils donnent, comme l'anatomiste triomphe de la nature, de ses organes et de son dégoût, pour devenir habile dans son art.
    (Maximes et pensées, p.41, Livre de Poche n°2782)
     
  23. Le public ne croit point à la pureté de certaines vertus et de certains sentiments ; et, en général, le public ne peut guère s'élever qu'à des idées basses.
    (Maximes et pensées, p.43, Livre de Poche n°2782)
     
  24. Celui qui est juste au milieu, entre notre ennemi et nous, nous paraît être plus voisin de notre ennemi. C'est un effet des lois de l'optique, comme celui par lequel le jet d'eau d'un bassin paraît moins éloigné de l'autre bord que de celui où vous êtes.
    (Maximes et pensées, p.46, Livre de Poche n°2782)
     
  25. Plus un diamant est beau, plus il faut que la monture soit légère.
    (Maximes et pensées, p.48, Livre de Poche n°2782)
     
  26. Il y a peu de vices qui empêchent un homme d'avoir beaucoup d'amis, autant que peuvent le faire de trop grandes qualités.
    (Maximes et pensées, p.48, Livre de Poche n°2782)
     
  27. Il y a telle supériorité, telle prétention qu'il suffit de ne pas reconnaître pour qu'elle soit anéantie, telle autre qu'il suffit de ne pas apercevoir pour la rendre sans effet.
    (Maximes et pensées, p.48, Livre de Poche n°2782)
     
  28. Vivre est une maladie dont le sommeil nous soulage toutes les treize heures. C'est un palliatif. La mort est le remède.
    (Maximes et pensées, p.49, Livre de Poche n°2782)
     
  29. ll y a deux choses auxquelles il faut se faire, sous peine de trouver la vie insupportable : ce sont les injures du temps et les injustices des hommes.
    (Maximes et pensées, p.49, Livre de Poche n°2782)
     
  30. Je ne conçois pas de sagesse sans défiance. L'Écriture a dit que le commencement de la sagesse était la crainte de Dieu ; moi, je crois que c'est la crainte des hommes.
    (Maximes et pensées, p.49, Livre de Poche n°2782)
     
  31. Les passions font vivre l'homme, la sagesse le fait seulement durer.
    (Maximes et pensées, p.50, Livre de Poche n°2782)
     
  32. Il faudrait pouvoir unir les contraires, l'amour de la vertu avec l'indifférence pour l'opinion publique, le goût du travail avec l'indifférence pour la gloire, et le soin de sa santé avec l'indifférence pour la vie.
    (Maximes et pensées, p.50, Livre de Poche n°2782)
     
  33. Il y a à parier que toute idée publique, toute convention reçue, est une sottise, car elle a convenu au plus grand nombre.
    (Maximes et pensées, p.52, Livre de Poche n°2782)
     
  34. Il est plus facile de légaliser certaines choses que de les légitimer.
    (Maximes et pensées, p.53, Livre de Poche n°2782)
     
  35. Célébrité : l'avantage d'être connu de ceux qui ne vous connaissent pas.
    (Maximes et pensées, p.53, Livre de Poche n°2782)
     
  36. Il y a une sorte de plaisir attaché au courage qui se met au-dessus de la fortune. Mépriser l'argent, c'est détrôner un roi. Il y a du ragoût.
    (Maximes et pensées, p.54, Livre de Poche n°2782)
     
  37. [...] la récompense de ces actions est dans le coeur de celui qui les a faites. Il semble qu'en nous les payant, on nous les ôte.
    (Maximes et pensées, p.55, Livre de Poche n°2782)
     
  38. Il y a plus de fous que de sages, et dans le sage même, il y a plus de folie que de sagesse.
    (Maximes et pensées, p.56, Livre de Poche n°2782)
     
  39. Les maximes générales sont dans la conduite de la vie ce que les routines sont dans les arts.
    (Maximes et pensées, p.56, Livre de Poche n°2782)
     
  40. La conviction est la conscience de l'esprit.
    (Maximes et pensées, p.56, Livre de Poche n°2782)
     
  41. Il y a dans le monde bien peu de choses sur lesquelles un honnête homme puisse reposer agréablement son âme ou sa pensée.
    (Maximes et pensées, p.57, Livre de Poche n°2782)
     
  42. Quand on soutient que les gens les moins sensibles sont, à tout prendre, les plus heureux, je me rappelle le proverbe italien  « Il vaut mieux être assis que debout, être couché qu'assis ; mais il vaut mieux être mort que tout cela. »
    (Maximes et pensées, p.57, Livre de Poche n°2782)
     
  43. Amour, folie aimable ; ambition, sottise sérieuse.
    (Maximes et pensées, p.57, Livre de Poche n°2782)
     
  44. Préjugé, vanité, calcul, voilà ce qui gouverne le monde. Celui qui ne connaît pour règle de sa conduite que raison, vérité, sentiment, n'a presque rien de commun avec la société. C'est en lui-même qu'il doit chercher et trouver presque tout son bonheur.
    (Maximes et pensées, p.58, Livre de Poche n°2782)
     
  45. Il faut être juste avant d'être généreux, comme on a des chemises avant d'avoir des dentelles.
    (Maximes et pensées, p.58, Livre de Poche n°2782)
     
  46. Le changement de modes est l'impôt que l'industrie du pauvre met sur la vanité du riche.
    (Maximes et pensées, p.58, Livre de Poche n°2782)
     
  47. La fausse modestie est le plus décent de tous les mensonges.
    (Maximes et pensées, p.61, Livre de Poche n°2782)
     
  48. L'influence qu'exerce sur notre âme une idée morale, contrastante avec des objets physiques et matériels, se montre dans bien des occasions ; mais on ne la voit jamais mieux que quand le passage est rapide et imprévu. Promenez-vous sur le boulevard, le soir : vous voyez un jardin charmant, au bout duquel est un salon, illuminé avec goût. Vous entrevoyez des groupes de jolies femmes, des bosquets, et, entre autres, une allée fuyante où vous entendez rire : ce sont des nymphes ; vous en jugez par leur taille svelte, etc. Vous demandez quelle est cette femme, et on vous répond : «C'est Mme de B..., la maîtresse. » Il se trouve par malheur que vous la connaissez, et le charme a disparu.
    (Maximes et pensées, p.66, Livre de Poche n°2782)
     
  49. [...] si les singes avaient le talent des perroquets, on en ferait volontiers des ministres.
    (Maximes et pensées, p.67, Livre de Poche n°2782)
     
  50. Je conseillerais à quelqu'un qui veut obtenir une grâce d'un ministre de l'aborder d'un air triste, plutôt que d'un air riant. On n'aime pas à voir plus heureux que soi.
    (Maximes et pensées, p.70, Livre de Poche n°2782)
     
  51. On n'imagine pas combien il faut d'esprit pour n'être pas ridicule.
    (Maximes et pensées, p.71, Livre de Poche n°2782)
     
  52. Il me semble qu'à égalité d'esprit et de lumière, l'homme né riche ne doit jamais connaître, aussi bien que le pauvre, la nature, le coeur humain et la société. C'est que dans le moment où l'autre plaçait une jouissance, le second se consolait par une réflexion.
    (Maximes et pensées, p.78, Livre de Poche n°2782)
     
  53. Il y a des hommes qui ne sont point aimables, mais qui n'empêchent pas les autres de l'être. Leur commerce est quelquefois supportable ; il y en a d'autres qui, n'étant point aimables, nuisent encore par leur seule présence au développement de l'amabilité d'autrui ; ceux-là sont insupportables, c'est le grand inconvénient de la pédanterie.
    (Maximes et pensées, p.80, Livre de Poche n°2782)
     
  54. L'art de la parenthèse est un des grands secrets de l'éloquence dans la société.
    (Maximes et pensées, p.81, Livre de Poche n°2782)
     
  55. Des qualités trop supérieures rendent souvent un homme moins propre à la société. On ne va pas au marché avec des lingots ; on y va avec de l'argent ou de la petite monnaie.
    (Maximes et pensées, p.84, Livre de Poche n°2782)
     
  56. Quand on veut plaire dans le monde, il faut se résoudre à se laisser apprendre beaucoup de choses qu'on sait par des gens qui les ignorent.
    (Maximes et pensées, p.85, Livre de Poche n°2782)
     
  57. Les conversations ressemblent aux voyages qu'on fait sur l'eau : on s'écarte de la terre sans presque le sentir, et l'on ne s'aperçoit qu'on a quitté le bord que quand on est déjà bien loin.
    (Maximes et pensées, p.86, Livre de Poche n°2782)
     
  58. La faiblesse de caractère ou le défaut d'idées, en un mot tout ce qui peut nous empêcher de vivre avec nous-mêmes, sont des choses qui préservent beaucoup de gens de la misanthropie.
    (Maximes et pensées, p.89, Livre de Poche n°2782)
     
  59. On est plus heureux dans la solitude que dans le monde. Cela ne viendrait-il pas de ce que dans la solitude on pense aux choses, et que dans le monde on est forcé de penser aux hommes ?
    (Maximes et pensées, p.89, Livre de Poche n°2782)
     
  60. Un homme d'esprit est perdu s'il ne joint pas à l'esprit l'énergie de son caractère. Quand on a la lanterne de Diogène, il faut aussi avoir son bâton.
    (Maximes et pensées, p.90, Livre de Poche n°2782)
     
  61. On ne connaît pas du tout l'homme qu'on ne connaît pas très bien ; mais peu d'hommes méritent qu'on les étudie. De là vient que l'homme d'un vrai mérite doit avoir en général peu d'empressement d'être connu. Il sait que peu de gens peuvent l'apprécier, que dans ce petit nombre chacun a ses liaisons, ses intérêts, son amour-propre, qui l'empêchent d'accorder au mérite l'attention qu'il faut pour le mettre à sa place. Quant aux éloges communs et usés qu'on lui accorde quand on soupçonne son existence, le mérite ne saurait en être flatté.
    (Maximes et pensées, p.93, Livre de Poche n°2782)
     
  62. Savoir prononcer ce mot [non] et savoir vivre seul sont les deux seuls moyens de conserver sa liberté et son caractère.
    (Maximes et pensées, p.94, Livre de Poche n°2782)
     
  63. Il y a des hommes à qui les illusions sur les choses qui les intéressent sont aussi nécessaires que la vie. Quelquefois cependant ils ont des aperçus qui feraient croire qu'ils sont près de la vérité ; mais ils s'en éloignent bien vite, et ressemblent aux enfants qui courent après un masque, et qui s'enfuient si le masque vient à se retourner.
    (Maximes et pensées, p.96, Livre de Poche n°2782)
     
  64. Le sentiment qu'on a pour la plupart des bienfaiteurs, ressemble à la reconnaissance qu'on a pour les arracheurs de dents. On se dit qu'ils vous ont fait du bien, qu'ils vous ont délivré d'un mal, mais on se rappelle la douleur qu'ils ont causée, et on ne les aime guère avec tendresse.
    (Maximes et pensées, p.96, Livre de Poche n°2782)
     
  65. Il en est du bonheur comme des montres. Les moins compliquées sont celles qui se dérangent le moins.
    (Maximes et pensées, p.99, Livre de Poche n°2782)
     
  66. La célébrité est le châtiment du mérite et la punition du talent.
    (Maximes et pensées, p.104, Livre de Poche n°2782)
     
  67. La vie contemplative est souvent misérable. Il faut agir davantage, penser moins, et ne pas se regarder vivre.
    (Maximes et pensées, p.106, Livre de Poche n°2782)
     
  68. Un homme amoureux est un homme qui veut être plus aimable qu'il ne peut ; et voilà pourquoi presque tous les amoureux sont ridicules.
    (Maximes et pensées, p.108, Livre de Poche n°2782)
     
  69. L'amour, tel qu'il existe dans la société, n'est que l'échange de deux fantaisies et le contact de deux épidermes.
    (Maximes et pensées, p.110, Livre de Poche n°2782)
     
  70. Pour qu'une liaison d'homme à femme soit vraiment intéressante, il faut qu'il y ait entre eux jouissance, mémoire ou désir.
    (Maximes et pensées, p.112, Livre de Poche n°2782)
     
  71. Qu'est-ce que c'est qu'une maîtresse ? une femme près de laquelle on ne se souvient plus de ce qu'on sait par coeur, c'est-à-dire de tous les défauts de son sexe.
    (Maximes et pensées, p.113, Livre de Poche n°2782)
     
  72. On dit communément : « La plus belle femme du monde ne peut donner que ce qu'elle a »  ce qui est très faux : elle donne précisément ce qu'on croit recevoir, puisqu'en ce genre c'est l'imagination qui fait le prix de ce qu'on reçoit.
    (Maximes et pensées, p.114, Livre de Poche n°2782)
     
  73. Le divorce est si naturel que, dans plusieurs maisons, il couche toutes les nuits entre deux époux.
    (Maximes et pensées, p.117, Livre de Poche n°2782)
     
  74. En amour, tout est vrai, tout est faux ; et c'est la seule chose sur laquelle on ne puisse pas dire une absurdité.
    (Maximes et pensées, p.119, Livre de Poche n°2782)
     
  75. La plupart des livres d'à présent ont l'air d'avoir été faits en un jour avec des livres lus de la veille.
    (Maximes et pensées, p.125, Livre de Poche n°2782)
     
  76. On n'est point un homme d'esprit pour avoir beaucoup d'idées comme on n'est pas un bon général pour avoir beaucoup de soldats.
    (Maximes et pensées, p.129, Livre de Poche n°2782)
     
  77. C'est après l'âge des passions que les grands hommes ont produit leurs chefs-d'oeuvre, comme c'est après les éruptions des volcans que la terre est plus fertile.
    (Maximes et pensées, p.131, Livre de Poche n°2782)
     
  78. Spéron-Spéroni explique très bien comment un auteur qui s'énonce très clairement pour lui-même est quelquefois obscur pour son lecteur : « C'est, dit-il, que l'auteur va de la pensée à l'expression et que le lecteur va de l'expression à la pensée.  »
    (Maximes et pensées, p.133, Livre de Poche n°2782)
     
  79. Il n'y a d'histoire digne d'attention que celle des peuples libres. L'histoire des peuples soumis au despotisme n'est qu'un recueil d'anecdotes.
    (Maximes et pensées, p.140, Livre de Poche n°2782)
     
  80. Moi, tout ; le reste, rien : voilà le despotisme, l'aristocratie et leurs partisans. - Moi, c'est un autre ; un autre, c'est moi : voilà le régime populaire et ses partisans. Après cela décidez.
    (Maximes et pensées, p.148, Livre de Poche n°2782)
     
  81. Il y a une sorte de reconnaissance basse.
    (Maximes et pensées, p.159, Livre de Poche n°2782)
     
  82. M..., vieux célibataire, disait plaisamment que le mariage est un état trop parfait pour l'imperfection de l'homme.
    (Maximes et pensées, p.163, Livre de Poche n°2782)
     
  83. A - Vous marierez-vous ?
    B - Non.
    A - Pourquoi ?
    B - Parce que je serais chagrin.
    A - Pourquoi ?
    B - Parce que je serais jaloux.
    A - Et pourquoi seriez-vous jaloux ?
    B - Parce que je serais cocu.
    A - Qui vous a dit que vous seriez cocu ?
    B - Je serais cocu, parce que je le mériterais.
    A - Et pourquoi le mériteriez-vous ?
    B - Parce que je me serais marié.

    (Petits dialogues philosophiques, p.364, Livre de Poche n°2782)
     
  84. A - M. de R... parle mal de vous.
    B - Dieu a mis le contrepoison de ce qu'il peut dire, dans l'opinion qu'on a de ce qu'il peut faire.

    (Petits dialogues philosophiques, p.367, Livre de Poche n°2782)
     
  85. A - J'ai fait comme les gens sages, quand ils font un sottise.
    B - Que font-ils ?
    A - Ils remettent la sagesse à une autre fois.

    (Petits dialogues philosophiques, p.368, Livre de Poche n°2782)
     
  86. Dam. - Pourquoi n'avez-vous rien dit quand on a parlé de M... ?
    Clit. - Parce que j'aime mieux que l'on calomnie mon silence que mes paroles.

    (Petits dialogues philosophiques, p.372, Livre de Poche n°2782)
     
  87. A - Vous avez trop mauvaise opinion des hommes ; il se fait beaucoup de bien.
    B - Le diable ne peut pas être partout.

    (Petits dialogues philosophiques, p.379, Livre de Poche n°2782)
     
  88. A - Si vous faites cela, je ne vous le pardonnerai jamais.
    B - Parbleu ! c'est bien ce que j'espère.

    (Petits dialogues philosophiques, p.381, Livre de Poche n°2782)
     
  89. Le mépris ! ce tyran de la société,
    Ce terrible fléau, ce poids insupportable
    Dont l'homme accable l'homme et charge son semblable.

    (la Jeune Indienne, sc. 2 (Belton), 1764)
     
  90. Tu ne sais ce que c'est que l'âme paternelle.
    Dès qu'un enfant revient se ranger sous notre aile,
    On n'examine plus s'il est coupable ou non ;
    Et l'aveu de l'erreur est l'instant du pardon.

    (la Jeune Indienne, sc. 3 (Mowbrai), 1764)
     
  91. [...] L'amour sans la gaîté
    Ne peut guère suffire à la félicité.

    (la Jeune Indienne, sc. 4 (Betti), 1764)
     
  92. Du despotisme ici tel est le sort affreux :
    Ainsi que la terreur le danger l'environne :
    Tout tremble à ses genoux, il tremble sur le trône.

    (Mustapha et Zéangir, acte 1, sc. 1 (Roxelane), 1776)
     
  93. Eh ! connaît-on l'orgueil auprès de l'amitié ?
    (Mustapha et Zéangir, acte 2, sc. 3 (Le Prince), 1776)
     
  94. Pour convaincre un coupable il ne faut qu'un instant.
    (Mustapha et Zéangir, acte 3, sc. 8 (Roxelane), 1776)
     
  95. A-t-on jamais pleuré d'avoir fait son devoir ?
    (Mustapha et Zéangir, acte 3, sc. 8 (Zéangir), 1776)
     
  96. A-t-on jamais pleuré d'avoir fait son devoir ?
    (Mustapha et Zéangir, acte 3, sc. 8 (Zéangir), 1776)
     
  97. [...] Il était malheureux ;
    Dans les rigueurs du sort son âme était plus fière :
    Tels sont tous les grands coeurs [...]

    (Mustapha et Zéangir, acte 4, sc. 2 (Zéangir), 1776)
     
  98. On excuse l'orgueil qui repousse un outrage.
    (Mustapha et Zéangir, acte 4, sc. 2 (Zéangir), 1776)
     
  99. Croyez qu'il est des coeurs qu'on ne peut soupçonner.
    (Mustapha et Zéangir, acte 4, sc. 2 (Zéangir), 1776)
     
  100. [...] Un vainqueur n'est encor qu'un sujet, un soldat.
    (Mustapha et Zéangir, acte 4, sc. 4 (Soliman), 1776)
     
  101. [...] Quand un sort rigoureux
    A voulu qu'un destin terrible, dangereux,
    Devint en nos malheurs notre unique espérance,
    Il faut, pour l'assurer, consulter la prudence,
    Balancer les hasards, tout voir, tout prévenir ;
    Et si le sort nous trompe, il faut savoir mourir.

    (Mustapha et Zéangir, acte 4, sc. 7 (Roxelane), 1776)
     
  102. Est-on rebelle enfin pour pleurer l'innocence ?
    (Mustapha et Zéangir, acte 5, sc. 1 (Le Prince), 1776)