Félix Lope de Vega
1562-1635
- Quand on est pauvre, on vous tient pour un niais ; quand on est riche, on vous regarde comme un savant.
(La Petite Niaise, acte 1, sc. 12 [Laurent] in Les chefs-d'oeuvre du théâtre espagnol ancien et moderne, tome 1, p.31, trad. Clément Rochel, Garnier-Frères, 1900)
- Il n'y a pas de tache de naissance, quelque grande soit-elle, que l'or ne couvre, et il n'y a pas de faute minuscule que la pauvreté ne découvre et n'amplifie.
(La Petite Niaise, acte 1, sc. 12 [Laurent] in Les chefs-d'oeuvre du théâtre espagnol ancien et moderne, tome 1, p.31, trad. Clément Rochel, Garnier-Frères, 1900)
- On dit qu'un homme ennuyé, que la colère transporte, se calme et se déride si on lui présente un miroir où son image se reflète.
(La Petite Niaise, acte 1, sc. 17 [Turin] in Les chefs-d'oeuvre du théâtre espagnol ancien et moderne, tome 1, p.45, trad. Clément Rochel, Garnier-Frères, 1900)
- [... Je déclare avec netteté et, en méprisant les amours folles, que peu de gens savent aimer, tant est grande l'ignorance.
(La Petite Niaise, acte 2, sc. 1 [Duart] in Les chefs-d'oeuvre du théâtre espagnol ancien et moderne, tome 1, p.48, trad. Clément Rochel, Garnier-Frères, 1900)
- Quand le printemps, avec ses pieds d'ivoire, se présente, il étend sur la rive murmurante un voile ténu de verdure ; l'eau court plus vive ; les rossignols chantent ; et les fleurs croisent à l'envie ; de même vous sortez, en semant les amours dans les âmes.
(La Petite Niaise, acte 2, sc. 2 [Duart] in Les chefs-d'oeuvre du théâtre espagnol ancien et moderne, tome 1, p.49, trad. Clément Rochel, Garnier-Frères, 1900)
- [...] De quoi te plains-tu, si tu échappes à la contagion de la bêtise ?
(La Petite Niaise, acte 2, sc. 3 [Inès] in Les chefs-d'oeuvre du théâtre espagnol ancien et moderne, tome 1, p.53, trad. Clément Rochel, Garnier-Frères, 1900)
- Il importe bien que les pères soient prudents et sages, si leurs enfants ne les écoutent pas.
(La Petite Niaise, acte 2, sc. 10 [Octave] in Les chefs-d'oeuvre du théâtre espagnol ancien et moderne, tome 1, p.63, trad. Clément Rochel, Garnier-Frères, 1900)
- Lorsque les épées sont mises à nu, hors du fourreau, il faut parler vrai, entièrement. Celui qui ment sur le terrain est le dernier des hommes !
(La Petite Niaise, acte 2, sc. 12 [Laurent] in Les chefs-d'oeuvre du théâtre espagnol ancien et moderne, tome 1, p.66, trad. Clément Rochel, Garnier-Frères, 1900)
- Le moyen souverain, voyez-vous, pour arrêter un duel, c'est de se mettre au milieu des combattants.
(La Petite Niaise, acte 2, sc. 13 [Turin] in Les chefs-d'oeuvre du théâtre espagnol ancien et moderne, tome 1, p.67, trad. Clément Rochel, Garnier-Frères, 1900)
- Amour, céleste création qui perpétue la beauté de la nature, viens-tu du hasard ou d'une volonté réfléchie ? Les efforts que ta connaissance fait naître sont étranges ; tu dissipes les ténèbres ; tu donnes la parole aux muets ; aux esprits les plus lourds tu ouvres les voies de la sagesse et de la science.
(La Petite Niaise, acte 3, sc. 1 [Finée] in Les chefs-d'oeuvre du théâtre espagnol ancien et moderne, tome 1, p.84, trad. Clément Rochel, Garnier-Frères, 1900)
- [...] C'est outrager le ciel que porter son affection sur des êtres inférieurs.
(La Petite Niaise, acte 3, sc. 4 [Lisée] in Les chefs-d'oeuvre du théâtre espagnol ancien et moderne, tome 1, p.87, trad. Clément Rochel, Garnier-Frères, 1900)
- Vouloir mettre un frein à la femme, c'est vouloir endiguer les flots. Chimère étrange ! l'amour, parce qu'il est le produit du hasard, se fixe où il lui plaît, et non où le demande la raison.
(La Petite Niaise, acte 3, sc. 4 [Inès] in Les chefs-d'oeuvre du théâtre espagnol ancien et moderne, tome 1, p.87, trad. Clément Rochel, Garnier-Frères, 1900)
- On ne doit pas se marier pour tirer vengeance d'un dédain. Jamais un mariage n'est heureux quand il est motivé par une désir de vengeance.
(La Petite Niaise, acte 3, sc. 7 [Turin] in Les chefs-d'oeuvre du théâtre espagnol ancien et moderne, tome 1, p.90, trad. Clément Rochel, Garnier-Frères, 1900)
- Les aveugles savent se conduire dans le pays où ils sont nés.
(La Petite Niaise, acte 3, sc. 10 [Finée] in Les chefs-d'oeuvre du théâtre espagnol ancien et moderne, tome 1, p.95, trad. Clément Rochel, Garnier-Frères, 1900)
- [...] Nous, les femmes, avons une nature si prompte à la dissimulation, soit par amour, soit par jalousie, que nous feignons avant de naître.
(La Petite Niaise, acte 3, sc. 10 [Finée] in Les chefs-d'oeuvre du théâtre espagnol ancien et moderne, tome 1, p.95, trad. Clément Rochel, Garnier-Frères, 1900)
- La femme précieuse peut parler à la grille, écrire, prodiguer en carrosse, au salon, ses subtilités sur l'amour, l'artifice, sur la jalousie, mais la femme simple, mariée, gouverne sa maison.
(La Petite Niaise, acte 3, sc. 10 [Laurent] in Les chefs-d'oeuvre du théâtre espagnol ancien et moderne, tome 1, p.94, trad. Clément Rochel, Garnier-Frères, 1900)
- La plus sage parole n'a pas la sainteté du silence.
(La Petite Niaise, acte 3, sc. 10 [Laurent] in Les chefs-d'oeuvre du théâtre espagnol ancien et moderne, tome 1, p.94, trad. Clément Rochel, Garnier-Frères, 1900)
- [...] Si un imbécile voyait son entendement dans un miroir, ne se fuirait-il pas lui-même ? La persuasion que l'on est un sage est le plus grand motif de contentement.
(La Petite Niaise, acte 3, sc. 12 [Pedro] in Les chefs-d'oeuvre du théâtre espagnol ancien et moderne, tome 1, p.100, trad. Clément Rochel, Garnier-Frères, 1900)
- Toutes les filles sont jolies quand on ne les voit pas.
(La Jolie Fille de Séville, acte 1, sc. 4 [Chacon] in Les chefs-d'oeuvre du théâtre espagnol ancien et moderne, tome 1, p.232, trad. Clément Rochel, Garnier-Frères, 1900)
- On dit qu'il suffit de deux beaux yeux pour faire tourner la tête.
(La Jolie Fille de Séville, acte 1, sc. 18 [Le Grand Maître] in Les chefs-d'oeuvre du théâtre espagnol ancien et moderne, tome 1, p.260, trad. Clément Rochel, Garnier-Frères, 1900)
- Les malheureux n'ont que faire de la vie !
(La Jolie Fille de Séville, acte 1, sc. 19 [Don Juan] in Les chefs-d'oeuvre du théâtre espagnol ancien et moderne, tome 1, p.266, trad. Clément Rochel, Garnier-Frères, 1900)
- Chose étrange et qui échappe à toute explication, deux personnes de nationalité différente pourraient vivre ensemble ; de même deux tigres et deux lions, un hidalgo et un paysan, deux poètes. Mais deux jolies femmes, c'est impossible ; elles se jalouseraient et se porteraient envie éternellement.
(La Jolie Fille de Séville, acte 2, sc. 1 [Don Félix] in Les chefs-d'oeuvre du théâtre espagnol ancien et moderne, tome 1, p.268, trad. Clément Rochel, Garnier-Frères, 1900)
- O liberté, il n'y a pas de trésors qui te vaillent, jamais prison même avec des grilles d'or ne fut supportable.
(La Jolie Fille de Séville, acte 2, sc. 2 [Don Juan] in Les chefs-d'oeuvre du théâtre espagnol ancien et moderne, tome 1, p.271, trad. Clément Rochel, Garnier-Frères, 1900)
- La trahison tue l'amour.
(La Jolie Fille de Séville, acte 2, sc. 2 [Don Juan] in Les chefs-d'oeuvre du théâtre espagnol ancien et moderne, tome 1, p.272, trad. Clément Rochel, Garnier-Frères, 1900)
- [...] L'amour est plus puissant que tous les poisons du monde ; aussi beaucoup l'ont nommé le frère de la mort. Oh ! combien ont péri par lui ! Que de malheurs il cause ! Que de pauvres gens deviennent ses esclaves !
(La Jolie Fille de Séville, acte 2, sc. 6 [Le Roi] in Les chefs-d'oeuvre du théâtre espagnol ancien et moderne, tome 1, p.280, trad. Clément Rochel, Garnier-Frères, 1900)
- D'habitude, les amants prétendent être indifférents pour les choses qu'ils désirent et se font prier pour les choses qu'ils ont le plus à coeur.
(La Jolie Fille de Séville, acte 2, sc. 11 [Léonel] in Les chefs-d'oeuvre du théâtre espagnol ancien et moderne, tome 1, p.289, trad. Clément Rochel, Garnier-Frères, 1900)
- Le plus brave soldat finit par se rendre et ne perd pas son honneur s'il s'est bien défendu.
(La Jolie Fille de Séville, acte 3, sc. 6 [Don Henri] in Les chefs-d'oeuvre du théâtre espagnol ancien et moderne, tome 1, p.330, trad. Clément Rochel, Garnier-Frères, 1900)
- Vous n'avez pas détruit mon amour, car l'amour n'est jamais plus grand que lorsqu'il n'est pas partagé, mais par votre courage vous avez rendu sage un insensé. Vous êtes toute en mon pouvoir et cela me suffit. Résister à sa passion est plus glorieux pour un homme que posséder par force une femme.
(La Jolie Fille de Séville, acte 3, sc. 6 [Don Henri] in Les chefs-d'oeuvre du théâtre espagnol ancien et moderne, tome 1, p.333, trad. Clément Rochel, Garnier-Frères, 1900)
- Un roi doit tenir ses engagements ; sa parole est sacrée.
(La Jolie Fille de Séville, acte 3, sc. 10 [Don Henri] in Les chefs-d'oeuvre du théâtre espagnol ancien et moderne, tome 1, p.337, trad. Clément Rochel, Garnier-Frères, 1900)
- Je crois avoir gagné plus de renom en dominant ma passion qu'en donnant satisfaction à mes désirs.
(La Jolie Fille de Séville, acte 3, sc. 14 [Don Henri] in Les chefs-d'oeuvre du théâtre espagnol ancien et moderne, tome 1, p.346, trad. Clément Rochel, Garnier-Frères, 1900)
- Le ciel n'a rien créé sur la terre de comparable à l'imagination pour troubler le repos de l'homme. Elle change le feu en glace ; elle se revêt des couleurs du désir : de là naissent la guerre et la paix, la tourmente et le calme. C'est une espèce d'âme qui déçoit plus qu'elle n'éclaire les obscures insinuations.
(Le Châtiment sans vengeance, acte 2, sc. 7 [Cassandre] in Les chefs-d'oeuvre du théâtre espagnol ancien et moderne, tome 1, p.172, trad. Clément Rochel, Garnier-Frères, 1900)
- C'est une merveilleuse invention de la nature d'avoir créé les femmes traîtresses ! Car si elles n'étaient pas fausses, - quelques-unes du moins, je ne dis pas toutes, - les hommes qui les adorent en deviendraient idolâtres.
(Le Châtiment sans vengeance, acte 2, sc. 12 [Batin] in Les chefs-d'oeuvre du théâtre espagnol ancien et moderne, tome 1, p.177, trad. Clément Rochel, Garnier-Frères, 1900)
- Tout est possible à un amour audacieux.
(Le Châtiment sans vengeance, acte 2, sc. 14 [Frédéric] in Les chefs-d'oeuvre du théâtre espagnol ancien et moderne, tome 1, p.180, trad. Clément Rochel, Garnier-Frères, 1900)
- La mélancolie altère la santé.
(Le Châtiment sans vengeance, acte 2, sc. 15 [Cassandre] in Les chefs-d'oeuvre du théâtre espagnol ancien et moderne, tome 1, p.181, trad. Clément Rochel, Garnier-Frères, 1900)
- Chez la plupart des grands, la prospérité engendre les vices, l'orgueil, le mérpis des autres.
(Le Châtiment sans vengeance, acte 3, sc. 5 [Ricardo] in Les chefs-d'oeuvre du théâtre espagnol ancien et moderne, tome 1, p.197, trad. Clément Rochel, Garnier-Frères, 1900)