Pierre-Laurent De Belloy
1727-1775
  1. [...] La bienfaisance est un besoin de l'âme.
    Heureux, elle nous rend notre bonheur plus doux,
    L'étend, le multiplie, en prévient les dégoûts;
    Malheureux, elle charme et suspend nos misères:
    On ressent moins ses maux en consolant ses frères.

    (Gabrielle de Vergy, acte 1, sc. 3 (Gabrielle), 1777)
     
  2. Hélàs! qu'aux coeurs heureux les vertus sont faciles!
    (Gabrielle de Vergy, acte 2, sc. 6 (Fayel), 1777)
     
  3. [...] Ne gardons rien qui puisse entretenir
    La dangereuse erreur d'un fatal souvenir.

    (Gabrielle de Vergy, acte 2, sc. 6 (Gabrielle), 1777)
     
  4. Tant la reconnaissance a d'invincibles droits
    Par qui l'humanité nous rappelle à ses lois!

    (Gabrielle de Vergy, acte 3, sc. 6 (Coucy), 1777)
     
  5. Quelquefois l'adultère entraîne au parricide...
    (Gabrielle de Vergy, acte 3, sc. 8. (Fayel), 1777)
     
  6. On revient d'une erreur à force d'en rougir.
    (Gabrielle de Vergy, acte 4, sc. 1 (Gabrielle), 1777)
     
  7. Les grandes passions naissent dans un grand coeur:
    Qui les sent fortement sait en être vainqueur.

    (Gabrielle de Vergy, acte 4, sc. 2 (Gabrielle), 1777)
     
  8. L'attente de la mort fait mourir mille fois.
    (Gabrielle de Vergy, acte 5, sc. 8 (Gabrielle), 1777)
     
  9. Bayard a-t-il jamais compté ses ennemis?
    (Gaston et Bayard, acte 1, sc. 1 (Avogare), 1771)
     
  10. Mépriser notre vie est l'art de la sauver.
    (Gaston et Bayard, acte 1, sc. 1 (Bayard), 1771)
     
  11. [...] On cache aux coeurs timides
    Un péril qu'on avoue aux âmes intrépides.

    (Gaston et Bayard, acte 1, sc. 1 (Bayard), 1771)
     
  12. Prêtons à la valeur l'appui de la prudence.
    (Gaston et Bayard, acte 1, sc. 1 (Bayard), 1771)
     
  13. Mourir pour ce qu'on aime, en servant la patrie,
    C'est la plus digne fin de la plus belle vie.

    (Gaston et Bayard, acte 1, sc. 2 (Bayard), 1771)
     
  14. L'amour dans un grand coeur sait doubler le courage.
    (Gaston et Bayard, acte 1, sc. 2. (Bayard), 1771)
     
  15. Le crime avilit-il la loi qui le condamne?
    (Gaston et Bayard, acte 1, sc. 4 (Bayard), 1771)
     
  16. [...] Un grand homme appartient à qui le récompense.
    (Gaston et Bayard, acte 1, sc. 4 (Urbin), 1771)
     
  17. De la même beauté quand leurs coeurs sont épris,
    Il ne faut qu'un regard pour perdre deux amis !

    (Gaston et Bayard, acte 1, sc. 8. (Altémore), 1771)
     
  18. Il n'est point de pardon que ne puisse obtenir
    L'amour mêlant ses pleurs à ceux du repentir.

    (Gaston et Bayard, acte 2, sc. 1 (Euphémie), 1771)
     
  19. Souvent à se venger mettant sa seule étude,
    De ce noir sentiment on fait une habitude.

    (Gaston et Bayard, acte 2, sc. 1 (Euphémie), 1771)
     
  20. Hélas ! à s'enflammer la passion la plus lente
    Dans un âme sévère en est plus violente.

    (Gaston et Bayard, acte 2, sc. 1. (Euphémie), 1771)
     
  21. Quand c'est pour la beauté qu'ils courent à la gloire,
    Les Français font voler le char de la victoire...

    (Gaston et Bayard, acte 2, sc. 3 (Gaston), 1771)
     
  22. La gloire des Français égale leur valeur.
    (Gaston et Bayard, acte 2, sc. 3 (Bayard), 1771)
     
  23. On plaît à la beauté quand on sert la patrie.
    (Gaston et Bayard, acte 2, sc. 3 (Gaston), 1771)
     
  24. Ah! qui versa des pleurs tremble d'en voir couler,
    Et plus on a souffert, mieux on sait consoler.

    (Gaston et Bayard, acte 2, sc. 5 (Gaston), 1771)
     
  25. Toujours par un malheur un autre est amené,
    Et l'infortune encor cherche l'infortuné.

    (Gaston et Bayard, acte 2, sc. 5 (Euphémie), 1771)
     
  26. Ah! qui versa des pleurs tremble d'en voir couler.
    (Gaston et Bayard, acte 2, sc. 5 (Gaston), 1771)
     
  27. Quand on se combat bien, l'on est sûr de se vaincre.
    (Gaston et Bayard, acte 3, sc. 5 (Bayard), 1771)
     
  28. Ah! souvent aux vainqueurs le sort cache un écueil,
    Dans leur char de triomphe il place leur cercueil.

    (Gaston et Bayard, acte 3, sc. 9 (Euphémie), 1771)
     
  29. Les coeurs des citoyens sont bien dus aux guerriers...
    (Gaston et Bayard, acte 4, sc. 10 (Gaston), 1771)
     
  30. [...] La fortune est prompte en ses retours;
    Quand on veut toujours vaincre, il faut veiller toujours.

    (Gaston et Bayard, acte 4, sc. 11 (Gaston), 1771)
     
  31. C'est aux mains de l'amour à parer la victoire.
    (Gaston et Bayard, acte 4, sc. 7 (Euphémie), 1771)
     
  32. [...] Tels sont les vrais guerriers,
    Rivaux au champ de Mars, amis dans leurs foyers.

    (Gaston et Bayard, acte 5, sc. 1 (Bayard), 1771)
     
  33. Le crime à force d'art parvient à se trahir.
    (Gaston et Bayard, acte 5, sc. 10 (Bayard), 1771)
     
  34. L'impétueux Français ignore les détours;
    Son âme est dans ses yeux et passe en ses discours.
    Soit fierté, soit faiblesse, il ne peut se contraindre;
    L'éclat de ses transports avertit de les craindre.

    (Gaston et Bayard, acte 5, sc. 10 (Altémore), 1771)
     
  35. Quand un soldat français, au péril va s'offrir,
    Daigne-t-il s'informer s'il peut en revenir?

    (Gaston et Bayard, acte 5, sc. 4 (Le Vieillard), 1771)
     
  36. C'est par les grands malheur qu'on apprend ses ressources.
    (le Siège de Calais, acte 1, sc. 1 (Saint-Pierre), 1765)
     
  37. Malheur aux nations qui cédant à l'orage,
    Laissent par les revers avilir leur courage,
    N'osent braver le sort qui vient les opprimer,
    Et pour dernier affront cessent de s'estimer!

    (le Siège de Calais, acte 1, sc. 1 (Saint-Pierre), 1765)
     
  38. Va, le nom des héros par un traître porté
    N'arrive pas moins pur à l'immortalité.

    (le Siège de Calais, acte 2, sc. 3 (Aliénor), 1765)
     
  39. Ce n'est point à mourir que la gloire convie,
    C'est à rendre sa mort utile à sa patrie.
    Un aveugle courage est-il une vertu?
    Qui ne sait que mourir, ne sait qu'être vaincu.

    (le Siège de Calais, acte 2, sc. 5 (Amblétuse), 1765)
     
  40. Sous des chevaux blanchis la valeur est tranquille:
    Elle perd quelque éclat et devient plus utile...

    (le Siège de Calais, acte 2, sc. 5 (Saint-Pierre), 1765)
     
  41. Un roi punit toujours ceux qu'il a rendu traîtres...
    (le Siège de Calais, acte 3, sc. 10 (Harcourt), 1765)
     
  42. Quand il est dédaigné, l'amour devient fureur.
    (le Siège de Calais, acte 3, sc. 2. (Édouard), 1765)
     
  43. [...] À tout mortel l'erreur est excusable.
    Un prince y peut tomber sans devenir coupable;
    Il l'est si sa fierté refuse d'en sortir.

    (le Siège de Calais, acte 3, sc. 9 (Harcourt), 1765)
     
  44. On pleure sa victoire en domptant la nature;
    Jamais un coeur français ne la peut étouffer.

    (le Siège de Calais, acte 4, sc. 1 (Saint-Pierre), 1765)
     
  45. Je hais ces coeurs glacés et morts pour leur pays,
    Qui, voyant ses malheurs dans une paix profonde,
    S'honorent du grand nom de citoyens du monde,
    Feignent dans tout climat, d'aimer l'humanité
    Pour ne la point servir dans leur propre cité;
    Fils ingrats, vils fardeaux du sein qui les fit naître,
    Et dignes du néant par l'oubli de leur être.

    (le Siège de Calais, acte 4, sc. 2 (Mauni), 1765)
     
  46. Chez les Français toujours l'excès du sentiment
    Augmente le bonheur, rend le malheur plus grand.

    (le Siège de Calais, acte 4, sc. 4 (Saint-Pierre), 1765)
     
  47. [...] Souvent, en effet,
    Le sort des souverains dépend d'un seul sujet.

    (le Siège de Calais, acte 4, sc. 4 (Aliénor), 1765)
     
  48. Tel brave les tourments, qu'un bienfait peut séduire.
    (le Siège de Calais, acte 5, sc. 1 (Édouard), 1765)
     
  49. Gloire, idole des rois, le peuple est ta victime...
    (le Siège de Calais, acte 5, sc. 10 (Édouard), 1765)
     
  50. Le Ciel fit pour s'aimer les coeurs qui se ressemblent.
    (le Siège de Calais, acte 5, sc. 10 (Aliénor), 1765)
     
  51. S'il n'est un don des coeurs, le sceptre peut-il plaire?
    (le Siège de Calais, acte 5, sc. 10 (Édouard), 1765)
     
  52. Va, les seuls rois heureux ont une cour fidèle.
    (le Siège de Calais, acte 5, sc. 2 (Édouard), 1765)
     
  53. Dieu! que la politique avilit la couronne!
    Que la probité simple honorerait le trône!

    (le Siège de Calais, acte 5, sc. 2 (Saint-Pierre), 1765)
     
  54. Ennemis généreux, nous savons admirer
    De vertueux rivaux, les vaincre et les pleurer.

    (Pierre le Cruel, acte 1, sc. 2 (Édouard), 1772)
     
  55. [...] La valeur suprême
    Pour commander au sort, se commande à soi-même.

    (Pierre le Cruel, acte 1, sc. 2 (Édouard), 1772)
     
  56. Pour remonter au trône il faut régner sur soi.
    (Pierre le Cruel, acte 1, sc. 4 (Édouard), 1772)
     
  57. Dans les malheurs publics, un monarque économe
    Doit-il prodiguer l'or aux besoins d'un seul homme?

    (Pierre le Cruel, acte 2, sc. 1 (Du Guesclin), 1772)
     
  58. Grâce à la politique, à sa fausse grandeur,
    La gloire des héros n'est pas toujours l'honneur.

    (Pierre le Cruel, acte 2, sc. 1 (Du Guesclin), 1772)
     
  59. Les vrais pressentiments sont un don de l'amour.
    (Pierre le Cruel, acte 2, sc. 3 (Henri), 1772)
     
  60. Deux coeurs qu'un même sang forma pour se chérir,
    Oseront s'immoler, s'ils osent se haïr.
    Une fois affranchis des noeuds de la nature,
    Nos fureurs sont sans frein, nos crimes sans mesure.

    (Pierre le Cruel, acte 2, sc. 4 (Édouard), 1772)
     
  61. [...] Après la bienfaisance,
    Le plus grand des plaisirs est la reconnaissance.

    (Pierre le Cruel, acte 2, sc. 4 (Henri), 1772)
     
  62. À sa témérité je reconnais l'amour.
    (Pierre le Cruel, acte 2, sc. 4 (Édouard), 1772)
     
  63. [...] Qui perd des lauriers, s'instruit à les reprendre.
    (Pierre le Cruel, acte 3, sc. 4 (Henri), 1772)
     
  64. Abjurant le nom d'homme on perd le nom de roi.
    (Pierre le Cruel, acte 3, sc. 4 (Du Guesclin), 1772)
     
  65. L'amour, le choix du peuple a fait les premiers princes.
    (Pierre le Cruel, acte 3, sc. 4 (Henri), 1772)
     
  66. Un vrai roi ne connaît ni protecteurs ni maîtres.
    (Pierre le Cruel, acte 3, sc. 4 (D. Pèdre), 1772)
     
  67. Les Titus craignent-ils le destin des Nérons?
    (Pierre le Cruel, acte 3, sc. 4 (Du Guesclin), 1772)
     
  68. Il est donc des mortels fiers de leur infamie!
    (Pierre le Cruel, acte 4, sc. 3 (Édouard), 1772)
     
  69. Quand le juste aux méchants tend ses mains secourables,
    Ils se servent de lui pour perdre ses semblables.

    (Pierre le Cruel, acte 4, sc. 7 (Édouard), 1772)
     
  70. Rien n'accable un ingrat comme un nouveau bienfait.
    (Pierre le Cruel, acte 5, sc. 3 (D. Pèdre), 1772)
     
  71. Plus on est bienfaisant et plus on fait d'ingrats.
    (Titus, acte 2, sc. 3 (Annius), 1759)
     
  72. On redoute un complot qu'on cherche à découvrir.
    (Titus, acte 3, sc. 4 (Titus), 1759)
     
  73. On hérite du crime en recueillant ses fruits.
    (Titus, acte 3, sc. 7 (Vitellie), 1759)
     
  74. Toujours l'humanité plaint ceux qu'il faut détruire;
    Et plus leur crime est grand, plus la vertu soupire.

    (Titus, acte 5, sc. 1 (Titus), 1759)
     
  75. Un perfide toujours soupçonne son complice,
    Et quiconque trahit craint qu'on ne le trahisse.

    (Titus, acte 2, sc. 2 (Sextus), 1759)
     
  76. [...] Les mortels, vertueux ou coupables,
    Dans les autres toujours pensent voir leurs semblables.

    (Zelmire, acte 1, sc. 1 (Zelmire), 1762)
     
  77. La nature alarmée enfante des miracles.
    (Zelmire, acte 1, sc. 1 (Zelmire), 1762)
     
  78. [...] L'inflexible airain de l'âme la plus dure
    S'ébranle et s'amollit au cri de la nature.

    (Zelmire, acte 1, sc. 1 (Zelmire), 1762)
     
  79. Que fait la renommée au coeur qui la dément?
    En paix avec soi-même on la brave aisément;
    Mais on souffre en tremblant sa faveur infidèle,
    Lorsqu'un témoin secret vient déposer contre elle...

    (Zelmire, acte 1, sc. 2 (Zelmire), 1762)
     
  80. Hélas! des meilleurs rois c'est le commun malheur:
    On dédaigne le sage et l'on court au vainqueur...

    (Zelmire, acte 1, sc. 2 (Zelmire), 1762)
     
  81. Que par le choix d'un peuple il est doux de régner!
    (Zelmire, acte 1, sc. 5 (Anténor), 1762)
     
  82. L'infamie est ici la route du bonheur.
    (Zelmire, acte 1, sc. 7 (Rhamnès), 1762)
     
  83. Dans ce siècle coupable à quoi sert la vertu?
    (Zelmire, acte 1, sc. 7 (Rhamnès), 1762)
     
  84. Qu'il en coûte, ô vertu, pour étouffer ta voix!...
    (Zelmire, acte 1, sc. 7 (Rhamnès), 1762)
     
  85. Les dieux savent forcer le crime à se trahir.
    (Zelmire, acte 2, sc. 1 (Anténor), 1762)
     
  86. Quand ce sexe timide, à ses devoirs fidèle,
    Suit de ses douces moeurs la pente naturelle,
    Ce sentiment plus tendre en son coeur répandu
    Par sa délicatesse épure la vertu;
    Mais quand cette douceur, avec peine abjurée,
    Laisse aux fureurs du crime une femme livrée,
    S'irritant par l'effort que ce pas à coûté,
    Son âme, avec plus d'art, a plus de cruauté...

    (Zelmire, acte 3, sc. 2 (Ilus), 1762)
     
  87. Que le remords s'éveille aux cris de la nature.
    (Zelmire, acte 4, sc. 8 (Zelmire), 1762)
     
  88. [...] L'assassin féroce est un guerrier timide.
    (Zelmire, acte 4, sc. 9 (Ilus), 1762)
     
  89. Le crime couronné craint l'innocence aux fers...
    (Zelmire, acte 4, sc. 9 (Polydore), 1762)
     
  90. [...] L'opprobre n'est point pour la vertu sublime
    Qui, parmi ses bourreaux, s'applaudit et s'estime;
    Il est pour le coupable, au faîte du bonheur,
    Qui ne peut sans frémir descendre dans son coeur...

    (Zelmire, acte 5, sc. 4 (Polydore), 1762)
     
  91. Eh! quel père offensé se souvent de sa haine
    Pour des fils égarés, que l'amour lui ramène?

    (Zelmire, acte 5, sc. 6 (Polydore), 1762)