Albert Cohen
1895-1981
  1. Chaque homme est seul et tous se fichent de tous et nos douleurs sont une île déserte.
    (Le livre de ma mère, p.9 Folio no. 561)
     
  2. Oui, les mots, ma patrie, les mots, ça console et ça venge.
    (Le livre de ma mère, p.10 Folio no. 561)
     
  3. On aime être ce qu'on n'est pas.
    (Le livre de ma mère, p.11 Folio no. 561)
     
  4. O curieuses pâleurs de mes amours défuntes.
    (Le livre de ma mère, p.15 Folio no. 561)
     
  5. [En parlant de la neige]
    Quel plaisir de marcher sur ce bicarbonate qui te mouille les souliers ?

    (Le livre de ma mère, p.28 Folio no. 561)
     
  6. [...] on a eu la gentille pensée de lui mettre dessus une lourde dalle de marbre, un presse-mort, pour être bien sûr qu'elle ne s'en ira pas.
    (Le livre de ma mère, p.32 Folio no. 561)
     
  7. Pleurer sa mère, c'est pleurer son enfance. L'homme veut son enfance, veut la ravoir, et s'il aime davantage sa mère à mesure qu'il avance en âge, c'est parce que sa mère, c'est son enfance. J'ai été un enfant, je ne le suis plus et je n'en reviens pas.
    (Le livre de ma mère, p.33 Folio no. 561)
     
  8. Ce qui est laid, c'est que sur cette terre il ne suffise pas d'être tendre et naïf pour être accueilli à bras ouverts.
    (Le livre de ma mère, p.48 Folio no. 561)
     
  9. Combien nous pouvons faire souffrir ceux qui nous aiment et quel affreux pouvoir de mal nous avons sur eux.
    (Le livre de ma mère, p.74 Folio no. 561)
     
  10. Le terrible des morts, c'est leurs gestes de vie dans notre mémoire. Car alors, ils vivent atrocement et nous n'y comprenons plus rien.
    (Le livre de ma mère, p.85 Folio no. 561)
     
  11. Amours de nos mères, à nul autre pareil.
    (Le livre de ma mère, p.89 Folio no. 561)
     
  12. [...] le sommeil a les avantages de la mort sans son petit inconvénient.
    (Le livre de ma mère, p.99 Folio no. 561)
     
  13. Ma souffrance est ma vengeance contre moi-même.
    (Le livre de ma mère, p.111 Folio no. 561)
     
  14. [En parlant du sommeil]
    [...] la musique des tombes [...]

    (Le livre de ma mère, p.113 Folio no. 561)
     
  15. Avoir de la douleur, c'est vivre, c'est en être, c'est y être encore.
    (Le livre de ma mère, p.141 Folio no. 561)
     
  16. De même que les pages que j'écris en ce moment, les nuits que je passe à les écrire, tout cela est si vain, si pour rien. Je mourrai. Plus de je bientôt.
    (Le livre de ma mère, p.148 Folio no. 561)
     
  17. Mais j'étais un fils. Les fils ne savent pas que leurs mères sont mortelles.
    (Le livre de ma mère, p.168 Folio no. 561)
     
  18. Nous sommes le monstre d'humanité  car nous avons déclaré combat à la nature.
    (Solal, p.49 Folio no. 1269)
     
  19. -  En somme, qu'est-ce que la vérité ? [...]
    -  C'est ce qui est entre les mots [...] et qu'on éprouve dans la joie.

    (Solal, p.53 Folio no. 1269)
     
  20. Pourquoi [gardait-il] le passeport de son grand-père mort depuis quarante ans ? Prudence. On ne sait jamais. Un passeport est toujours utile à garder. Et d'ailleurs n'est-il pas dit que les morts ressusciteront ?
    (Solal, p.93 Folio no. 1269)
     
  21. Baiser, cette soudure de deux tubes digestifs.
    (Solal, p.170 Folio no. 1269)
     
  22. L'amour du prochain réclame des poètes qui savent donner leur unique manteau.
    (Solal, p.175 Folio no. 1269)
     
  23. Le monde était tracé à la règle et Sir George était perpendiculaire au monde.
    (Solal, p.194 Folio no. 1269)
     
  24. [...] le malheur est père du bonheur de demain.
    (Solal, p.275 Folio no. 1269)
     
  25. Vois-tu, la chose importante est celle-ci : tout est simple pour qui possède le bon coeur, la noblesse des manières et la gaieté de résignation. [...] Le devoir est un grand passeport. Sol, regarde le ciel, mon chéri. Qui pourrait être plus arrogant qu'une étoile ? Et pourtant, regarde longtemps les étoiles et tu verras comme elles font honnêtement leur devoir. Aucune ne gêne l'autre, toutes s'aiment, chacune a sa place auprès de son père un soleil, et elles ne se jettent pas toutes au même endroit pour profiter, pour réussir. Mais non, tranquilles, dociles à la Loi, à la Loi Morale, à la Loi du Coeur, elles ont la gaieté de résignation. Et puis pense que tu es mortel et que tu seras poussière. C'est un bon moyen pour augmenter la gaieté de résignation. Tu comprends, on ne souffre que par orgueil et l'homme orgueilleux seul croit qu'il vivra toujours. Moi je me dis que je dois passer cette vie en homme assez bon et pur afin que je puisse goûter le bon sourire d'heure de mort. Et ce bon sourire d'heure de mort a une telle puissance, ô mon fils, qu'il s'étend sur toute notre vie du commencement à la fin et qui le connaît, avant même qu'il ne meure, connaît le royaume du Saint. Et lorsque les hommes auront compris cette vérité, ils seront tous bons.
    (Solal, p.314 Folio no. 1269)
     
  26. J'attends le miracle. Quand on attend le miracle, on ne peut pas gagner de l'argent. Que de qualités morales ils me trouveraient, de bonne foi, si j'étais riche, si j'avais un bout du veau d'or. Et puis je suis seul. Ils n'aiment pas ça, les gens de majorités. Lorsqu'ils admirent, ils disent : c'est un type, et quand ils méprisent ils disent : cet individu.
    (Solal, p.399 Folio no. 1269)
     
  27. [...] jurer est une chose, tenir parole est une deuxième chose.
    (Solal, p.442 Folio no. 1269)