Jean Racine
1639-1699
  1. Un moment quelquefois éclaircit plus d'un doute.
    (Iphigénie, p.157, in Théâtre 2, Garnier-Flammarion, n° 37)
     
  2. Je perds trop de moments en des discours frivoles :
    Il faut des actions, et non pas des paroles.

    (Iphigénie, p.170, in Théâtre 2, Garnier-Flammarion, n° 37)
     
  3. Je veux fléchir des Dieux la puissance suprême :
    Ah ! quels Dieux me seraient plus cruels que moi-même ?

    (Iphigénie, p.182, in Théâtre 2, Garnier-Flammarion, n° 37)
     
  4. Hélas ! je me consume en impuissants efforts,
    Et rentre au trouble affreux dont à peine je sors.
    Mourrai-je tant de fois sans sortir de la vie ?

    (Iphigénie, p.189, in Théâtre 2, Garnier-Flammarion, n° 37)
     
  5. Aux pieds de l'Éternel je viens m'humilier,
    Et goûter le plaisir de me faire oublier.

    (Esther, p.266, in Théâtre 2, Garnier-Flammarion, n° 37)
     
  6. Quel carnage de toutes parts !
    On égorge à la fois les enfants, les vieillards,
    Et la soeur et le frère,
    Et la fille et la mère,
    Le fils dans les bras de son père.
    Que de corps entassés ! Que de membres épars,
    Privés de sépulture !
    Grand Dieu ! tes saints sont la pâture
    Des tigres et des léopards.

    (Esther, p.272, in Théâtre 2, Garnier-Flammarion, n° 37)
     
  7. Ma vie à peine a commencé d'éclore.
    Je tomberai comme une fleur
    Qui n'a vu qu'une aurore.

    (Esther, p.272, in Théâtre 2, Garnier-Flammarion, n° 37)
     
  8. La vengeance trop faible attire un second crime.
    (Esther, p.277, in Théâtre 2, Garnier-Flammarion, n° 37)
     
  9. Un je ne sais quel trouble empoisonne ma joie.
    (Esther, p.278, in Théâtre 2, Garnier-Flammarion, n° 37)
     
  10. L'avenir l'inquiète, et le présent le frappe ;
    Mais plus prompt que l'éclair, le passé nous échappe.

    (Esther, p.279, in Théâtre 2, Garnier-Flammarion, n° 37)
     
  11. Il est des contretemps qu'il faut qu'un sage essuie.
    Souvent avec prudence un outrage enduré
    Aux honneurs les plus hauts a servi de degré.

    (Esther, p.290, in Théâtre 2, Garnier-Flammarion, n° 37)
     
  12. Les malheurs sont souvent enchaînés l'une à l'autre;
    (Esther, p.291, in Théâtre 2, Garnier-Flammarion, n° 37)
     
  13. J'admire un roi victorieux,
    Que sa valeur conduit triomphalement en tous lieux;
    Mais un roi sage et qui hait l'injustice,
    Qui sous la loi du riche impérieux
    Ne souffre point que le pauvre gémisse,
    Est le plus beau présent des cieux.

    (Esther, p.295, in Théâtre 2, Garnier-Flammarion, n° 37)
     
  14. Un coeur noble ne peut soupçonner en autrui
    La bassesse et la malice
    Qu'il ne sent point en lui.

    (Esther, p.303, in Théâtre 2, Garnier-Flammarion, n° 37)
     
  15. La vérité s'accorde avec la renommée.
    (Bajazet, p.17, in Théâtre 2, Garnier-Flammarion, n° 37)
     
  16. Mon unique espérance est dans mon désespoir.
    (Bajazet, p.20, in Théâtre 2, Garnier-Flammarion, n° 37)
     
  17. Mais qu'aisément l'amour croit tout ce qu'il souhaite !
    (Bajazet, p.21, in Théâtre 2, Garnier-Flammarion, n° 37)
     
  18. Que sais-je ? À ma douleur je chercherai des charmes.
    (Bajazet, p.32, in Théâtre 2, Garnier-Flammarion, n° 37)
     
  19. Je n'examine point ma joie ou mon ennui :
    J'aime assez mon amant pour renoncer à lui.

    (Bajazet, p.36, in Théâtre 2, Garnier-Flammarion, n° 37)
     
  20. Mais, hélas ! de l'amour ignorons-nous l'empire ?
    (Bajazet, p.43, in Théâtre 2, Garnier-Flammarion, n° 37)
     
  21. Ils ont beau se cacher. L'amour le plus discret
    Laisse par quelque marque échapper son secret.

    (Bajazet, p.44, in Théâtre 2, Garnier-Flammarion, n° 37)
     
  22. Je ne vous ferai point de reproches frivoles :
    Les moments sont trop chers pour les perdre en paroles.

    (Bajazet, p.58, in Théâtre 2, Garnier-Flammarion, n° 37)
     
  23. Couronnez un héros dont vous serez chérie.
    J'aurai soin de ma mort, prenez soin de sa vie.

    (Bajazet, p.62, in Théâtre 2, Garnier-Flammarion, n° 37)
     
  24. Amant avec transport mais jaloux sans retour,
    Sa haine va toujours plus loin que son amour.

    (Mithridate, p.85 in Théâtre 2, Garnier-Flammarion, n° 37)
     
  25. D'autres temps, d'autres soins !
    (Mithridate, p.98 in Théâtre 2, Garnier-Flammarion, n° 37)
     
  26. Annibal l'a prédit, croyons-en ce grand homme,
    Jamais on ne vaincra les Romains que dans Rome.

    (Mithridate, p.100 in Théâtre 2, Garnier-Flammarion, n° 37)
     
  27. Quoi ! de quelque côté que je tourne ma vue,
    La foi de tous les coeurs est pour moi disparue ?
    Tout m'abandonne ailleurs ? Tout me trahit ici ?

    (Mithridate, p.105 in Théâtre 2, Garnier-Flammarion, n° 37)
     
  28. L'amour avidement croit tout ce qui le flatte.
    (Mithridate, p.105 in Théâtre 2, Garnier-Flammarion, n° 37)
     
  29. Et cet aveu honteux, où vous m'avez forcée,
    Demeurera toujours présent à ma pensée.
    Toujours je vous croirais incertain de ma foi ;
    Et le tombeau, Seigneur, est moins triste pour moi
    Que le lit d'un époux qui m'a fait cet outrage,
    Qui s'est acquis sur moi ce cruel avantage,
    Et qui, me préparant un éternel ennui,
    M'a fait rougir d'un feu qui n'était pas pour lui.

    (Mithridate, p.115 in Théâtre 2, Garnier-Flammarion, n° 37)
     
  30. J'ai vengé l'univers autant que j'ai pu :
    La mort dans ce projet m'a seule interrompu.

    (Mithridate, p.125 in Théâtre 2, Garnier-Flammarion, n° 37)
     
  31. Tout m'afflige et me nuit, et conspire à me nuire.
    (Phèdre, p.206 in Théâtre 2, Garnier-Flammarion, n° 37)
     
  32. Noble et brillant auteur d'une triste famille,
    Toi, dont ma mère osait se vanter d'être fille,
    Qui peut-être rougis du trouble où tu me vois,
    Soleil, je te viens voir pour la dernière fois.

    (Phèdre, p.206 in Théâtre 2, Garnier-Flammarion, n° 37)
     
  33. Mais ne différez point : chaque moment vous tue.
    Réparez promptement votre force abattue,
    Tandis que de vos jours, prêts à se consumer,
    Le flambeau dure encore, et peut se rallumer.

    (Phèdre, p.207 in Théâtre 2, Garnier-Flammarion, n° 37)
     
  34. Le voici. Vers mon coeur tout mon sang se retire.
    J'oublie, en le voyant, ce que je viens lui dire.

    (Phèdre, p.219 in Théâtre 2, Garnier-Flammarion, n° 37)
     
  35. Est-ce un malheur si grand que de cesser de vivre ?
    La mort aux malheureux ne cause point d'effroi.

    (Phèdre, p.228 in Théâtre 2, Garnier-Flammarion, n° 37)
     
  36. Un père en punissant, Madame, est toujours père :
    Un supplice léger suffit à sa colère.

    (Phèdre, p.229 in Théâtre 2, Garnier-Flammarion, n° 37)
     
  37. Avec quelle rigueur, Destin, tu me poursuis !
    Je ne sais où je vais, je ne sais où je suis.

    (Phèdre, p.233 in Théâtre 2, Garnier-Flammarion, n° 37)
     
  38. Examinez ma vie, et songez qui je suis.
    Quelques crimes toujours précèdent les grands crimes.
    Quiconque a pu franchir les bornes légitimes
    Peut violer enfin les droits les plus sacrés ;
    Ainsi que la vertu, le crime a ses degrés ;
    Et jamais on n'a vu la timide innocence
    Passer subitement à l'extrême licence.

    (Phèdre, p.235 in Théâtre 2, Garnier-Flammarion, n° 37)
     
  39. Un jour seul ne fait point d'un mortel vertueux
    Un perfide assassin, un lâche incestueux.

    (Phèdre, p.236 in Théâtre 2, Garnier-Flammarion, n° 37)
     
  40. Le jour n'est pas plus pur que le fond de mon coeur.
    (Phèdre, p.236 in Théâtre 2, Garnier-Flammarion, n° 37)
     
  41. Que ne peut la frayeur sur l'esprit des mortels ?
    (Athalie, p.333 in Théâtre 2, Garnier-Flammarion, n° 37)
     
  42. Hâtons-nous aujourd'hui de jouir de la vie ;
    Qui sait si nous serons demain ?

    (Athalie, p.344 in Théâtre 2, Garnier-Flammarion, n° 37)
     
  43. La peur d'un vain remords trouble cette grande âme :
    Elle flotte, elle hésite ; en un mot, elle est femme.

    (Athalie, p.346 in Théâtre 2, Garnier-Flammarion, n° 37)
     
  44. Quelle main en un jour t'a ravi tous tes charmes ?
    Qui changera mes yeux en deux sources de larmes
    Pour pleurer ton malheur ?

    (Athalie, p.355 in Théâtre 2, Garnier-Flammarion, n° 37)
     
  45. Est-il d'autre bonheur que la tranquille paix
    D'un coeur qui t'aime ?

    (Athalie, p.358 in Théâtre 2, Garnier-Flammarion, n° 37)
     
  46. Par cette fin terrible, et due à ses forfaits,
    Apprenez, roi des Juifs, et n'oubliez jamais
    Que les rois dans le ciel ont un juge sévère,
    L'innocence un vengeur, et l'orphelin un père.

    (Athalie, p.378 in Théâtre 2, Garnier-Flammarion, n° 37)
     
  47. La victoire, Créon, n'est pas toujours si belle :
    La honte et les remords vont souvent après elle.

    (La Thébaïde, p.47 in Théâtre 1, Garnier-Flammarion, n° 27)
     
  48. La honte suit toujours le parti des rebelles ;
    Leurs grandes actions sont les plus criminelles :
    Ils signalent leur crime en signalant leur bras,
    Et la gloire n'est point où les rois ne sont pas.

    (La Thébaïde, p.49 in Théâtre 1, Garnier-Flammarion, n° 27)
     
  49. Plus l'offenseur m'est cher, plus je ressens l'injure.
    (La Thébaïde, p.49 in Théâtre 1, Garnier-Flammarion, n° 27)
     
  50. Est-ce au peuple, Madame, à se choisir un maître ?
    Sitôt qu'il hait un roi, doit-on cesser de l'être ?

    (La Thébaïde, p.56 in Théâtre 1, Garnier-Flammarion, n° 27)
     
  51. Le moindre des tourments que mon coeur a soufferts
    Égale tous les maux que l'on souffre aux enfers.
    [...]
    [Les dieux] Prennent-ils donc plaisir à faire des coupables,
    Afin d'en faire après d'illustres misérables ?

    (La Thébaïde, p.60 in Théâtre 1, Garnier-Flammarion, n° 27)
     
  52. Et le sang d'un héros, auprès des Immortels,
    Vaut seul plus que celui de mille criminels.

    (La Thébaïde, p.62 in Théâtre 1, Garnier-Flammarion, n° 27)
     
  53. [...] un trône est plus pénible à quitter que la vie :
    La gloire bien souvent nous porte à la haïr ;
    Mais peu de souverains font gloire d'obéir.

    (La Thébaïde, p.64 in Théâtre 1, Garnier-Flammarion, n° 27)
     
  54. L'on hait avec excès lorsque l'on hait un frère.
    (La Thébaïde, p.69 in Théâtre 1, Garnier-Flammarion, n° 27)
     
  55. Quelque haine qu'on ait contre un fier ennemi,
    Quand il est loin de nous on la perd à demi.

    (La Thébaïde, p.69 in Théâtre 1, Garnier-Flammarion, n° 27)
     
  56. Tous les premiers forfaits coûtent quelques efforts ;
    Mais, Attale, on commet les seconds sans remords.

    (La Thébaïde, p.69 in Théâtre 1, Garnier-Flammarion, n° 27)
     
  57. Une extrême justice est souvent une injure.
    (La Thébaïde, p.74 in Théâtre 1, Garnier-Flammarion, n° 27)
     
  58. Si la vertu se perd quand on gagne l'empire,
    Lorsque vous régnerez, que serez-vous, hélas !
    Si vous êtes cruel quand vous ne régnez pas ?

    (La Thébaïde, p.74 in Théâtre 1, Garnier-Flammarion, n° 27)
     
  59. [...] on veut régner toujours quand on règne une fois.
    (La Thébaïde, p.78 in Théâtre 1, Garnier-Flammarion, n° 27)
     
  60. Il se vit terrassé d'un bras victorieux ;
    Et la foudre en tombant lui fit ouvrir les yeux.

    (Alexandre Le Grand, p.114 in Théâtre 1, Garnier-Flammarion, n° 27)
     
  61. L'audace et le mépris sont d'infidèles guides.
    (Alexandre Le Grand, p.115 in Théâtre 1, Garnier-Flammarion, n° 27)
     
  62. Je crains que satisfait d'avoir conquis un coeur,
    Vous ne l'abandonniez à sa triste langueur ;
    Qu'insensible à l'ardeur que vous aurez causée,
    Votre âme ne dédaigne une conquête aisée.
    On attend peu d'amour d'un héros tel que vous :
    La gloire fit toujours vos transports les plus doux;
    Et peut-être, au moment que ce grand coeur soupire,
    La gloire de me vaincre est tout ce qu'il désire.

    (Alexandre Le Grand, p.135 in Théâtre 1, Garnier-Flammarion, n° 27)
     
  63. Je l'aime ; et quand les voeux que je pousse pour elle
    N'en obtiendraient jamais qu'une haine immortelle,
    Malgré tous ses mépris, malgré tous vos discours,
    Malgré moi-même, il faut que je l'aime toujours.

    (Alexandre Le Grand, p.145 in Théâtre 1, Garnier-Flammarion, n° 27)
     
  64. Qu'une âme généreuse est facile à séduire !
    (Alexandre Le Grand, p.150 in Théâtre 1, Garnier-Flammarion, n° 27)
     
  65. [Racine parle des personnages dans les tragédies]
    [Aristote] ne veut pas qu'ils soient extrêmement bons, parce que la punition d'un homme de bien exciterait plutôt l'indignation que la pitié du spectateur ; ni qu'ils soient méchants par excès, parce qu'on n'a point pitié d'un scélérat. Il faut donc qu'ils aient une bonté médiocre, c'est-à-dire une vertu capable de faiblesse, et qu'ils tombent dans le malheur par quelque faute qui les fasse plaindre sans les faire détester.

    (Andromaque (première préface), p.168 in Théâtre 1, Garnier-Flammarion, n° 27)
     
  66. Lui qui me fut si cher, et qui m'a pu trahir,
    Ah  ! je l'ai trop aimé pour ne le point haïr.

    (Andromaque, p.185 in Théâtre 1, Garnier-Flammarion, n° 27)
     
  67. L'amour n'est pas un feu qu'on renferme en une âme ;
    Tout nous trahit, la voix, le silence, les yeux ;
    Et les feux mal couverts n'en éclatent que mieux.

    (Andromaque, p.190 in Théâtre 1, Garnier-Flammarion, n° 27)
     
  68. Que ne peut l'amitié conduite par l'amour ?
    (Andromaque, p.197 in Théâtre 1, Garnier-Flammarion, n° 27)
     
  69. L'amour ne règle pas le sort d'une princesse :
    La gloire d'obéir est tout ce qu'on nous laisse.

    (Andromaque, p.198 in Théâtre 1, Garnier-Flammarion, n° 27)
     
  70. Il faut se croire aimé pour se croire infidèle.
    (Andromaque, p.216 in Théâtre 1, Garnier-Flammarion, n° 27)
     
  71. Ma foi, sur l'avenir bien fou qui se fîra :
    Tel qui rit vendredi, dimanche pleurera.

    (Les Plaideurs, p.235 in Théâtre 1, Garnier-Flammarion, n° 27)
     
  72. On apprend à hurler [...] avec les loups.
    (Les Plaideurs, p.235 in Théâtre 1, Garnier-Flammarion, n° 27)
     
  73. Mais sans argent l'honneur n'est qu'une maladie.
    (Les Plaideurs, p.235 in Théâtre 1, Garnier-Flammarion, n° 27)
     
  74. Qu'est-ce qu'un gentilhomme ? Un pilier d'antichambre.
    (Les Plaideurs, p.239 in Théâtre 1, Garnier-Flammarion, n° 27)
     
  75. Si vous parlez toujours, il faut que je me taise.
    (Les Plaideurs, p.247 in Théâtre 1, Garnier-Flammarion, n° 27)
     
  76.     ISABELLE
    Hé ! Monsieur, peut-on voir souffrir des malheureux ?
        DANDIN
    Bon ! cela fait toujours passer une heure ou deux.

    (Les Plaideurs, p.283 in Théâtre 1, Garnier-Flammarion, n° 27)
     
  77. La modération n'est qu'une vertu ordinaire quand elle ne se rencontre qu'avec des qualités ordinaires.
    (Britannicus (À Monseigneur le Duc de Chevreuse), p.295 in Théâtre 1, Garnier-Flammarion, n° 27)
     
  78. Ceux qui voient le mieux nos défauts sont ceux qui les dissimulent le plus volontiers. Ils nous pardonnent les endroits qui leur ont déplu, en faveur de ceux qui leur ont donné du plaisir. Il n'y a rien, au contraire, de plus injuste qu'un ignorant. Il croit toujours que l'admiration est le partage des gens qui ne savent rien.
    (Britannicus (Première préface), p.300 in Théâtre 1, Garnier-Flammarion, n° 27)
     
  79. Croyez-moi, quelque amour qui semble vous charmer,
    On n'aime point, Seigneur, si l'on ne veut aimer.

    (Britannicus, p.333 in Théâtre 1, Garnier-Flammarion, n° 27)
     
  80. De combien de soupirs interrompant le cours
    Ai-je évité vos yeux que je cherchais toujours !
    Quel tourment de se taire en voyant ce qu'on aime  !
    De l'entendre gémir, de l'affliger soi-même,
    Lorsque par un regard on peut le consoler !

    (Britannicus, p.340 in Théâtre 1, Garnier-Flammarion, n° 27)
     
  81. Heureux ou malheureux, il suffit qu'on me craigne.
    (Britannicus, p.342 in Théâtre 1, Garnier-Flammarion, n° 27)
     
  82. J'embrasse mon rival, mais c'est pour l'étouffer.
    (Britannicus, p.350 in Théâtre 1, Garnier-Flammarion, n° 27)
     
  83. Je ne connais Néron et la cour que d'un jour ;
    Mais (si je l'ose dire){, hélas ! dans cette cour
    Combien tout ce qu'on dit est loin de ce qu'on pense !
    Que la bouche et le coeur sont peu d'intelligence !
    Avec combien de joie on y trahit sa foi !

    (Britannicus, p.357 in Théâtre 1, Garnier-Flammarion, n° 27)
     
  84. Ce n'est point nécessité qu'il y ait du sang et des morts dans une tragédie ; il suffit que l'action en soit grande, que les acteurs en soient héroïques, que les passions y soient excitées, et que tout s'y ressente de cette tristesse majestueuse qui fait tout le plaisir de la tragédie.
    (Bérénice (Préface), p.377 in Théâtre 1, Garnier-Flammarion, n° 27)
     
  85. [Dans une pièce]
    La principale règle est de plaire et de toucher.

    (Bérénice (Préface), p.379 in Théâtre 1, Garnier-Flammarion, n° 27)
     
  86. Que ne fait point un coeur
    Pour plaire à ce qu'il aime, et gagner son vainqueur ?

    (Bérénice, p.398 in Théâtre 1, Garnier-Flammarion, n° 27)
     
  87. Ah lâche ! fais l'amour, et renonce à l'Empire.
    Au bout de l'univers va, cours te confiner,
    Et fais place à des coeurs plus dignes de régner.

    (Bérénice, p.416 in Théâtre 1, Garnier-Flammarion, n° 27)
     
  88. Je sens bien que sans vous je ne saurais plus vivre,
    Que mon coeur de moi-même est prêt à s'éloigner ;
    Mais il ne s'agit plus de vivre, il faut régner.

    (Bérénice, p.418 in Théâtre 1, Garnier-Flammarion, n° 27)
     
  89. Ah, Rome ! Ah, Bérénice ! Ah, prince malheureux !
    Pourquoi suis-je empereur ? Pourquoi suis-je amoureux ?

    (Bérénice, p.422 in Théâtre 1, Garnier-Flammarion, n° 27)
     
  90. Tous mes moments ne sont qu'un éternel passage
    De la crainte à l'espoir, de l'espoir à la rage.

    (Bérénice, p.425 in Théâtre 1, Garnier-Flammarion, n° 27)