Stefan Zweig
1881-1942
  1. [...] pour pouvoir aider les autres, il faut avoir soi-même ce sentiment que les autres ont besoin de vous.
    (Amok, trad. Olivier Bournac et Alzir Hella, p.54, in Amok, Livre de Poche n° 6996)
     
  2. Quand on a tout perdu, on lutte comme un désespéré pour sauver les restes suprêmes.
    (Amok, trad. Olivier Bournac et Alzir Hella, p.85, in Amok, Livre de Poche n° 6996)
     
  3. ... l'unique droit qui reste à un homme n'est-il pas de crever comme il veut ...
    (Amok, trad. Olivier Bournac et Alzir Hella, p.94, in Amok, Livre de Poche n° 6996)
     
  4. Rien sur terre ne ressemble à l'amour inaperçu d'une enfant retirée dans l'ombre; cet amour est si désintéressé, si humble, si soumis, si attentif et si passionné que jamais il ne pourra être égalé par l'amour fait de désir et malgré tout exigeant, d'une femme épanouie.
    (Lettre d'une inconnue, trad. Olivier Bournac et Alzir Hella, p.114, in Amok, Livre de Poche n° 6996)
     
  5. Le visage d'une jeune fille, d'une femme, est forcément pour un homme un objet extrêmement variable; le plus souvent, il n'est qu'un miroir où se reflète tantôt une passion, tantôt un enfantillage, tantôt une lassitude, et qu'il s'évanouit aussi facilement qu'une image dans une glace, que donc un homme peut perdre plus facilement le visage d'une femme parce que l'âge y modifie les ombres et la lumière, et que des modes nouvelles l'encadrent différemment. Les résignées, voilà celles qui ont la véritable science de la vie.
    (Lettre d'une inconnue, trad. Olivier Bournac et Alzir Hella, p.128, in Amok, Livre de Poche n° 6996)
     
  6. [...] ce béatifique sentiment de vivre la vie la plus profonde et la plus vraie au milieu des choses étrangères [...]
    (La ruelle au clair de lune, trad. Olivier Bournac et Alzir Hella, p.169, in Amok, Livre de Poche n° 6996)
     
  7. La plupart des gens n'ont qu'une imagination émoussée. Ce qui ne les touche pas directement, en leur enfonçant comme un coin aigu en plein cerveau, n'arrive guère à les émouvoir.
    (Vingt-quatre heures de la vie d'une femme, trad. Olivier Bournac et Alzir Hella, p.13, Livre de Poche n° 4340)
     
  8. [...] l'art monotone de la pêche [...]
    (Vingt-quatre heures de la vie d'une femme, trad. Olivier Bournac et Alzir Hella, p.14, Livre de Poche n° 4340)
     
  9. J'ai personnellement plus de plaisir à comprendre les hommes qu'à les juger.
    (Vingt-quatre heures de la vie d'une femme, trad. Olivier Bournac et Alzir Hella, p.26, Livre de Poche n° 4340)
     
  10. La vérité à demi ne vaut rien, il la faut toujours entière.
    (Vingt-quatre heures de la vie d'une femme, trad. Olivier Bournac et Alzir Hella, p.34, Livre de Poche n° 4340)
     
  11. Quelqu'un qui n'éprouve plus rien ne vit que par les nerfs, à travers l'agitation passionnée des autres, comme au théâtre ou dans la musique.
    (Vingt-quatre heures de la vie d'une femme, trad. Olivier Bournac et Alzir Hella, p.39, Livre de Poche n° 4340)
     
  12. [...] ceux qui tombent entraînent souvent dans leur chute ceux qui se portent à leur secours.
    (Vingt-quatre heures de la vie d'une femme, trad. Olivier Bournac et Alzir Hella, p.62, Livre de Poche n° 4340)
     
  13. [...] cet homme possédait le pouvoir magique d'exprimer ses sentiments par le mouvement et par le geste.
    (Vingt-quatre heures de la vie d'une femme, trad. Olivier Bournac et Alzir Hella, p.64, Livre de Poche n° 4340)
     
  14. [...] toute vie qui ne se voue pas à un but déterminé est une erreur.
    (Vingt-quatre heures de la vie d'une femme, trad. Olivier Bournac et Alzir Hella, p.85, Livre de Poche n° 4340)
     
  15. La reconnaissance, on la voit si rarement se manifester chez les gens!
    (Vingt-quatre heures de la vie d'une femme, trad. Olivier Bournac et Alzir Hella, p.87, Livre de Poche n° 4340)
     
  16. La gratitude rend heureux parce qu'on en fait si rarement l'expérience tangible.
    (Vingt-quatre heures de la vie d'une femme, trad. Olivier Bournac et Alzir Hella, p.94, Livre de Poche n° 4340)
     
  17. Seuls peut-être des gens absolument étrangers à la passion connaissent, en des moments tout à fait exceptionnels, ces explosions soudaines d'une passion semblable à une avalanche ou à un ouragan: alors, des années entières de forces non utilisées se précipitent et roulent dans les profondeurs d'une poitrine humaine.
    (Vingt-quatre heures de la vie d'une femme, trad. Olivier Bournac et Alzir Hella, p.111, Livre de Poche n° 4340)
     
  18. [...] cette façon magique de se tromper soi-même que nous appelons le souvenir...
    (Vingt-quatre heures de la vie d'une femme, trad. Olivier Bournac et Alzir Hella, p.113, Livre de Poche n° 4340)
     
  19. [...] toute souffrance est lâche: elle recule devant la puissance du vouloir-vivre qui est ancré plus fortement dans notre chair que toute la passion de la mort ne l'est dans notre esprit.
    (Vingt-quatre heures de la vie d'une femme, trad. Olivier Bournac et Alzir Hella, p.122, Livre de Poche n° 4340)
     
  20. [...] l'âge amortit de façon étrange tous les sentiments.
    (Vingt-quatre heures de la vie d'une femme, trad. Olivier Bournac et Alzir Hella, p.125, Livre de Poche n° 4340)
     
  21. Vieillir n'est, au fond, pas autre chose que n'avoir plus peur de son passé.
    (Vingt-quatre heures de la vie d'une femme, trad. Olivier Bournac et Alzir Hella, p.126, Livre de Poche n° 4340)
     
  22. Les monomaniaques de tout poil, les gens qui sont possédés par une seule idée m'ont toujours spécialement intrigué, car plus un esprit se limite, plus il touche par ailleurs à l'infini.
    (Le joueur d'échecs, p.20, Livre de Poche n° 6309)
     
  23. Mais n'est-ce-pas déjà le limiter injurieusement que d'appeler les échecs un jeu? N'est-ce pas aussi une science, un art, ou quelque chose qui, comme le cercueil de Mahomet entre ciel et terre, est suspendu entre l'un et l'autre, et qui réunit un nombre incroyable de contraires?
    (Le joueur d'échecs, p.22, Livre de Poche n° 6309)
     
  24. (Zweig parle ici du néant) [...] aucune chose au monde n'oppresse davantage l'âme humaine.
    (Le joueur d'échecs, p.51, Livre de Poche n° 6309)
     
  25. Mais, si dépourvues de matière qu'elles paraissent, les pensées aussi ont besoin d'un point d'appui, faute de quoi elles se mettent à tourner sur elles-mêmes dans une ronde folle.
    (Le joueur d'échecs, p.52, Livre de Poche n° 6309)
     
  26. [...] le jeu d'échecs possède cette remarquable propriété de ne pas fatiguer l'esprit et d'augmenter bien plutôt sa souplesse et sa vivacité.
    (Le joueur d'échecs, p.66, Livre de Poche n° 6309)
     
  27. [...] toute découverte, toute invention ne tient pas tant sa valeur de celui qui la réalise que de celui qui en comprend toute la signification, toute la force opérante.
    (Amerigo, trad. Dominique Autrand, p.35, Livre de Poche n° 14058)
     
  28. Il est rare que la vérité rattrape le terrain perdu sur la légende.
    (Amerigo, trad. Dominique Autrand, p.60, Livre de Poche n° 14058)
     
  29. [...] cet éternel besoin de fabriquer des héros.
    (Amerigo, trad. Dominique Autrand, p.80, Livre de Poche n° 14058)
     
  30. Car jamais un acte n'est décisif par lui-même ; ce qui compte, c'est la connaissance de cet acte, et ses conséquences.
    (Amerigo, trad. Dominique Autrand, p.121, Livre de Poche n° 14058)
     
  31. Elle n'avait jamais su l'importance que peut revêtir un individu pour un autre, car elle n'avait jamais été solitaire.
    (Histoire d'une déchéance, trad. Hélène Denis, p.35, in Un mariage à Lyon, Livre de Poche n° 13893)
     
  32. L'histoire ne tolère aucun intrus, elle choisit elle-même ses héros et rejette sans pitié les êtres qu'elle n'a pas élus, si grande soit la peine qu'ils se sont donnée.
    (Histoire d'une déchéance, trad. Hélène Denis, p.51, in Un mariage à Lyon, Livre de Poche n° 13893)
     
  33. [...] tel est bien le caractère étrange de la nature humaine que de s'adapter partout très vite et de se sentir chez soi même dans l'éphémère, comme si là était son bon droit.
    (Un mariage à Lyon, trad. Hélène Denis, p.55, in Un mariage à Lyon, Livre de Poche n° 13893)
     
  34. L'individu est toujours plus fort que l'idée, mais il faut seulement qu'il reste lui-même, qu'il n'abdique pas sa propre volonté.
    (La contrainte, trad. Hélène Denis, p.120, in Un mariage à Lyon, Livre de Poche n° 13893)
     
  35. On peut appartenir à son peuple, mais quand les peuples sont devenus fous, on n'est pas obligé de l'être en même temps qu'eux.
    (La contrainte, trad. Hélène Denis, p.135, in Un mariage à Lyon, Livre de Poche n° 13893)
     
  36. On peut se sacrifier pour ses propres idées, mais pas pour la folie des autres.
    (La contrainte, trad. Hélène Denis, p.138, in Un mariage à Lyon, Livre de Poche n° 13893)
     
  37. [...] tous ceux qui dépensent avec tant de magnificence leurs richesses dans l'art, qui mettent tous leurs sentiments dans la beauté de la musique, sont, dans la vie, sérieux et renfermés et ne se dévoilent qu'à celui qui peut les comprendre.
    (L'amour d'Erika Ewald, trad. Hélène Denis, p.14, in L'amour d'Erika Ewald, Livre de Poche n° 9520)
     
  38. [...] cette lumière paisible et mélancolique qui ne permet plus de deviner, mais tout juste de reconnaître.
    (L'amour d'Erika Ewald, trad. Hélène Denis, p.19, in L'amour d'Erika Ewald, Livre de Poche n° 9520)
     
  39. Il est des heures vides, creuses, qui portent en elles le destin.
    (L'amour d'Erika Ewald, trad. Hélène Denis, p.37, in L'amour d'Erika Ewald, Livre de Poche n° 9520)
     
  40. Il n'est rien de plus effroyable que le frisson ressenti par une vie qui, après avoir avancé avec courage, et comme elle aperçoit déjà la dernière crête à escalader, est envahie soudain par la peur d'avoir fait fausse route et perd alors la force d'accomplir les derniers pas en avant.
    (Les prodiges de la vie, trad. Hélène Denis, p.105, in L'amour d'Erika Ewald, Livre de Poche n° 9520)
     
  41. [Les miracles] ne se produisent que dans l'âme de celui qui les attend.
    (Les prodiges de la vie, trad. Hélène Denis, p.128, in L'amour d'Erika Ewald, Livre de Poche n° 9520)
     
  42. [...] c'était une faute de se préoccuper des signes, de les rechercher, au lieu d'attendre que leur heure arrive et qu'ils se révèlent [...]
    (Les prodiges de la vie, trad. Hélène Denis, p.134, in L'amour d'Erika Ewald, Livre de Poche n° 9520)
     
  43. Tous les prodiges n'avaient-ils pas leur reflet dans la réalité, et ne retrouvait-on pas dans chaque instant d'une vie naissante la splendeur de l'inaccessible et le bruissement de ce qui sera pour toujours incompréhensible ?
    (Les prodiges de la vie, trad. Hélène Denis, p.142, in L'amour d'Erika Ewald, Livre de Poche n° 9520)
     
  44. [À propos d'un livre] Tout y est vrai, seul y manque l'essentiel.
    (La confusion des sentiments, trad. Olivier Bournac et Alzir Helia, p.7, Livre de Poche n° 9521)
     
  45. [...] il y a certaines paroles qui ne sont d'une vérité profonde qu'une seule fois [...]
    (La confusion des sentiments, trad. Olivier Bournac et Alzir Helia, p.17, Livre de Poche n° 9521)
     
  46. [...] tout esprit vient du sang, toute pensée vient de la passion, toute passion de l'enthousiasme [...]
    (La confusion des sentiments, trad. Olivier Bournac et Alzir Helia, p.26, Livre de Poche n° 9521)
     
  47. La pause, elle aussi, fait partie de la musique.
    (La confusion des sentiments, trad. Olivier Bournac et Alzir Helia, p.29, Livre de Poche n° 9521)
     
  48. Rien n'est plus passionné que la vénération d'un jeune homme, rien n'est plus timide, plus féminin, que son inquiète pudeur.
    (La confusion des sentiments, trad. Olivier Bournac et Alzir Helia, p.38, Livre de Poche n° 9521)
     
  49. Celui qui n'est pas passionné devient tout au plus un pédagogue ; c'est toujours par l'intérieur qu'il faut aller aux choses, toujours, toujours en partant de la passion.
    (La confusion des sentiments, trad. Olivier Bournac et Alzir Helia, p.39, Livre de Poche n° 9521)
     
  50. Étant elle-même beauté, la jeunesse n'a pas besoin de sérénité : dans l'excès de ses forces vives, elle se laisse volontiers vampiriser par la mélancolie.
    (La confusion des sentiments, trad. Olivier Bournac et Alzir Helia, p.55, Livre de Poche n° 9521)
     
  51. [...] rien ne trouble plus puissamment quelqu'un que la réalisation subite de son ardent désir.
    (La confusion des sentiments, trad. Olivier Bournac et Alzir Helia, p.80, Livre de Poche n° 9521)
     
  52. Je me sens maudit, pareil à un malade, à un infirme, car je suis totalement différent des autres et j'ai envie de pleurer, en constatant que je suis inférieur, plus mauvais, plus inutile, je suis...
    (La scarlatine, trad. Hélène Denis, p.98 in Wondrak, Livre de Poche n°14057)
     
  53. Ô morne infini des années venues s'interposer entre hier et aujourd'hui, ô grisaille de la mer séparant des rivages perpétuellement invisibles, séparant deux coeurs !
    (Fragment d'une nouvelle, trad. Hélène Denis, p.127 in Wondrak, Livre de Poche n°14057)
     
  54. [Il] m'a enseigné deux des choses les plus difficiles de l'existence : d'abord choisir de ne pas se soumettre à la plus grande puissance en ce monde, celle de l'argent, ensuite vivre au milieu de ses semblables sans se faire jamais le moindre ennemi.
    (Un homme qu'on n'oublie pas, trad. Hélène Denis, p.181 in Wondrak, Livre de Poche n°14057)
     
  55. [...] le beau rêve des choses inachevées où l'on se contente de souhaiter sans oser exiger, de promettre sans donner.
    (Rêves oubliés, trad. Hélène Denis, p.194 in Wondrak, Livre de Poche n°14057)
     
  56. [...] que peuvent se rappeler en effet les femmes de leur âme de jeune fille assoiffée de miracles dont les songes sont pareils à des fleurs blanches, fines et délicates, emportées par le premier souffle de la réalité ?
    (Rêves oubliés, trad. Hélène Denis, p.197 in Wondrak, Livre de Poche n°14057)
     
  57. Que me sont des trésors, comparés à la lumière
    Du soleil et à des heures vécues en plein bonheur ?

    (Thersite, trad. Brigitte Vergne-Cain et Gérard Rudent, p.243 in Romans, nouvelles et théâtre 2, La Pochothèque)
     
  58. Et je sais à nouveau que dans ce vaste monde
    Le jour et la nuit ne résultent pas du seul flux des heures,
    Mais qu'il y a des hommes qui sont tels le soleil, et devant
    Qui les autres ne sont rien que des ombres...

    (Thersite, trad. Brigitte Vergne-Cain et Gérard Rudent, p.252 in Romans, nouvelles et théâtre 2, La Pochothèque)
     
  59. Qu'est-ce qu'un serment ? Un mot, emporté par le vent.
    (Thersite, trad. Brigitte Vergne-Cain et Gérard Rudent, p.286 in Romans, nouvelles et théâtre 2, La Pochothèque)
     
  60. Dans la vie de chaque homme il est une grandeur
    Qui l'inspire, et qui seule lui permet de préférer
    La vie au sommeil, à la mort, et à tous
    Les secrets de ce qui reste inerte et sans désir.

    (Thersite, trad. Brigitte Vergne-Cain et Gérard Rudent, p.327 in Romans, nouvelles et théâtre 2, La Pochothèque)