Claude-Joseph Dorat
1734-1780
- J'estime, en ses pareils, la valeur, la prudence,
La haine des tyrans, la noble indépendance;
Mais non l'atrocité de ces tristes vertus,
Pures dans leur principe, affreuses par l'abus.
(Régulus, acte 1, sc. 1 (Marcie), 1765)
- Mercenaires errants, dont le sang mendié
Ne vaut pas même l'or de ceux qui l'on payé.
(Régulus, acte 1, sc. 5 (Régulus), 1765)
- [...] Eh! qu'est-ce que la vie,
Quand il faut la traîner avec ignominie?
(Régulus, acte 2, sc. 10 (Régulus), 1765)
- Mon coeur et ma raison, ce sont là mes augures.
(Régulus, acte 2, sc. 12 (Régulus), 1765)
- Quels que soient les débats entre Carthage et Rome,
Je ne serai jamais l'ennemi d'un grand homme.
(Régulus, acte 2, sc. 5 (Amilcar), 1765)
- Mais il est, je le sens, des devoirs révérés,
Qui, pour être cruels, n'en sont pas moins sacrés;
L'homme doit les remplir, c'est son plus beau partage.
Il doit à ses devoirs mesurer son courage;
Ou laissant le mépris s'attacher à ses pas,
Il se creuse un tombeau, même avant son trépas.
(Régulus, acte 2, sc. 7 (Régulus), 1765)
- Souffrir pour son pays n'est point l'adversité.
(Régulus, acte 2, sc. 7 (Régulus), 1765)
- Quelle est cette vertu dont l'ascendant m'étonne?
(Régulus, acte 2, sc. 7 (Amilcar), 1765)
- Je veux, pour mon pays, des succès légitimes:
Il lui faut des rivaux et non pas des victimes.
(Régulus, acte 2, sc. 7 (Amilcar), 1765)
- Il n'est rien qu'à la fin le temps n'ait abattu:
Tout périt, hors la grâce, l'honneur et la vertu.
(Régulus, acte 2, sc. 8 (Régulus), 1765)
- [...] Exempt de travaux, a-t-on droit au bonheur?
(Régulus, acte 2, sc. 9 (Régulus), 1765)
- Peut-on chérir un bien qui fait couler des larmes?
(Régulus, acte 2, sc. 9 (Marcie), 1765)
- Ces chaînes font ma gloire et la rendent plus pure.
(Régulus, acte 3, sc. 2 (Régulus), 1765)
- Amis, la tâche meurt et jamais le grand homme.
(Régulus, acte 3, sc. 2 (Régulus), 1765)
- Ne bornons point la vie au terme de nos jours.
(Régulus, acte 3, sc. 2 (Régulus), 1765)
- La vertu qu'on accuse en est plus respectable.
(Régulus, acte 3, sc. 4 (Régulus), 1765)
- L'indulgente amitié n'a jamais de fureurs,
Et ne connaît point l'art de contraindre les coeurs.
(la Feinte par amour, acte 1, sc. 3 (Damis), 1785)
- [...] Le public léger, qu'un changement réveille,
Brise, en riant, l'autel qu'il encensait la veille.
(la Feinte par Amour, acte 1, sc. 6 (Floricourt), 1785)
- [...] La coquetterie,
Jeu cruel qui bientôt mène à la perfidie,
Des plus doux sentiments corrompt la pureté,
Éteint le caractère et nuit à la beauté.
(la Feinte par Amour, acte 2, sc. 2 (Damis), 1785)
- Le temps vole, il échappe, il emporte les jeux.
(la Feinte par Amour, acte 2, sc. 7 (Floricourt), 1785)
- Le trésor d'un amant, c'est l'amour qu'il inspire.
(la Feinte par Amour, acte 2, sc. 7 (Mélise), 1785)
- D'un instant libre et pur si l'amour est le fruit,
Du moment qu'on raisonne, il est déjà détruit.
(la Feinte par Amour, acte 3, sc. 4 (Mélise), 1785)
- [...] C'est toujours l'erreur qui mène à la sagesse.
(L'Homme détrompé, p. 372 in Oeuvres diverses, Neuchatel, 1775)
- [...] On finit par où l'on devait commencer.
(L'Homme détrompé, p. 372 in Oeuvres diverses, Neuchatel, 1775)
- Qu'un homme aimable est loin d'un homme heureux.
(L'Homme détrompé, p. 373 in Oeuvres diverses, Neuchatel, 1775)
- [...] L'or a toujours raison.
(Les trois Frères, p. 416 in Collection complète des oeuvres, T. 2, Neuchatel, 1776)
- Très aisément la beauté s'enhardit.
(Les trois Frères, p. 418 in Collection complète des oeuvres, T. 2, Neuchatel, 1776)
- [...] Dieu parfois veut éprouver ses saints,
Se sert de tout pour leur faire connaître
Et son pouvoir et ses vastes desseins.
(Les trois Frères, p. 419 in Collection complète des oeuvres, T. 2, Neuchatel, 1776)
- Les rois sont quelquefois meilleurs maris que d'autres;
Et, s'ils ont leurs défauts, n'avons-nous pas les nôtres?
(Combabus, p. 425 in Collection complète des oeuvres, T. 2, Neuchatel, 1776)
- Qu'importe qu'on soit beau quand on est insensible?
(Combabus, p. 426 in Collection complète des oeuvres, T. 2, Neuchatel, 1776)
- Un cocu sur le trône est toujours redoutable,
Et quand il est jaloux, il est inexorable.
(Combabus, p. 427 in Collection complète des oeuvres, T. 2, Neuchatel, 1776)
- Les sots, presque toujours, sont fort présomptueux.
(Combabus, p. 427 in Collection complète des oeuvres, T. 2, Neuchatel, 1776)
- Par quel excès d'audace et de, témérité
Ose-t-on, sans désirs, approcher la beauté?
(Combabus, p. 428 in Collection complète des oeuvres, T. 2, Neuchatel, 1776)