Pekka Himanen
1973
  1. Saint Augustin écrivait qu'on trouverait au Paradis un dimanche éternel [...]. La vie n'est juste qu'une longue attente jusqu'au week-end.
    (L'éthique hacker, trad. Claude Leblanc, p.31, Exils Éditeur, 2001)
     
  2. Les hackers veulent réaliser leurs passions et ils sont prêts à accepter que la poursuite de tâches intéressantes ne soit pas toujours synonyme de bonheur absolu.
    (L'éthique hacker, trad. Claude Leblanc, p.35, Exils Éditeur, 2001)
     
  3. « C'est très amusant d'être un hacker, mais c'est un amusement qui demande beaucoup d'efforts » explique [Eric] Raymond dans son manuel « How to become a Hacker ».
    (L'éthique hacker, trad. Claude Leblanc, p.35, Exils Éditeur, 2001)
     
  4. Il y a une différence entre être triste en permanence et avoir trouvé une passion dans la vie pour laquelle on accepte également d'assumer des choses moins amusantes mais néanmoins nécessaires.
    (L'éthique hacker, trad. Claude Leblanc, p.35, Exils Éditeur, 2001)
     
  5. [...] dans la nouvelle économie, les véritables employeurs ne sont pas les entreprises en elles-mêmes mais les projets montés en interne ou en coopération avec d'autres sociétés.
    (L'éthique hacker, trad. Claude Leblanc, p.41, Exils Éditeur, 2001)
     
  6. Dans la culture de la vitesse, l'immobilité est pire que la lenteur.
    (L'éthique hacker, trad. Claude Leblanc, p.41, Exils Éditeur, 2001)
     
  7. Puisque la vie au travail a été optimisée au maximum, le besoin d'optimisation se propage à l'ensemble de nos autres activités. Même au repos, on n'est plus libre d'« être » ; on doit « être en train ». Par exemple, seul un néophyte se relaxe sans avoir appris les techniques de relaxation. Ça ne se fait pas d'avoir un simple violon d'Ingres.
    (L'éthique hacker, trad. Claude Leblanc, p.42, Exils Éditeur, 2001)
     
  8. La technologie sans-fil - à l'instar du téléphone portable - n'est pas en soi une technologie de liberté ; cela peut être aussi une « technologie de l'urgence ». Il arrive souvent que chaque appel devienne un appel urgent et que le téléphone mobile se transforme en un instrument de survie pour les obligations quotidiennes.
    (L'éthique hacker, trad. Claude Leblanc, p.46, Exils Éditeur, 2001)
     
  9. Seuls les monastères avaient une activité liée à l'horloge. [...] En fait, quand on parcourt les règles monastiques, on a l'impression de se trouver en face du règlement intérieur d'une grande entreprise.
    (L'éthique hacker, trad. Claude Leblanc, p.49, Exils Éditeur, 2001)
     
  10. La culture qui consiste à contrôler le temps de travail est une culture dans laquelle on considère les adultes comme des êtres incapables de prendre en main leur existence. Elle conçoit qu'il n'y a qu'une poignée de personnes suffisamment mûres au sein de certaines entreprises et administrations pour se prendre en charge et que la majorité des adultes ne peuvent pas faire de même sans être couvés par ce petit groupe doté de l'autorité. Dans cet environnement, la plupart des êtres humains se trouvent condamnés à obéir.
    (L'éthique hacker, trad. Claude Leblanc, p.53, Exils Éditeur, 2001)
     
  11. L'éthique hacker nous rappelle également que notre vie se déroule ici et maintenant au milieu de toutes ces tentatives pour minimiser l'individu et la liberté au nom du « travail ». Le travail est un élément de notre vie à l'intérieur de laquelle il doit y avoir la place pour d'autres passions. Modifier les formes du travail est un sujet lié à la fois au respect des travailleurs mais aussi au respect des êtres humains en tant que tels. Les hackers ne souscrivent pas à l'idée que « le temps, c'est de l'argent », préférant affirmer « c'est ma vie ». C'est précisément cette vie que nous devons embrasser pleinement et pas une version bêta et creuse.
    (L'éthique hacker, trad. Claude Leblanc, p.53, Exils Éditeur, 2001)
     
  12. En plus de renforcer la position de l'argent, la nouvelle économie a aussi donné plus de poids à la notion de propriété, élément clé du vieil esprit du capitalisme, en l'étendant à l'information à un degré jamais atteint. Dans l'économie de l'information, les entreprises gagnent de l'argent en essayant de posséder l'information grâce à des brevets, des marques déposées, des droits d'auteur, des accords de confidentialité et d'autres moyens. En fait, l'information est si bien gardée que lorsqu'on se rend dans une des entreprises de ce secteur, on ne peut s'empêcher d'avoir parfois l'impression qu'avec tous ces verrous destinés à protéger l'information, elles ressemblent à des prisons de haute sécurité.
    En totale contradiction avec cette éthique protestante de l'argent revue et corrigée, l'éthique hacker des informaticiens met l'accent sur l'ouverture. [...] l'éthique hacker, telle qu'elle est définie dans le « Jargon file », comprend la croyance selon laquelle « le partage de l'information est un bien positif puissant. C'est un devoir éthique pour les hackers de partager leur expertise en écrivant des logiciels libres. »

    (L'éthique hacker, trad. Claude Leblanc, p.59, Exils Éditeur, 2001)
     
  13. [...] l'être humain a besoin d'expérimenter le fait d'être un élément de Nous avec d'autres, d'être un Il ou un Elle respecté au sein d'une communauté et enfin d'être le Je particulier de quelqu'un d'autre.
    (L'éthique hacker, trad. Claude Leblanc, p.61, Exils Éditeur, 2001)
     
  14. Il est bien plus difficile d'ajouter d'autres valeurs à une vie motivée par le seul appât du gain que de rendre viable et profitable un projet personnel intéressant. Dans le premier cas, la chose que je fais même si je la trouve inintéressante sera en toute probabilité perçue de la sorte par les autres. Pour leur vendre quelque chose, je devrai les persuader que cette chose intrinsèquement inintéressante vaut en fait le déplacement (telle est la tâche du marketing).
    (L'éthique hacker, trad. Claude Leblanc, p.65, Exils Éditeur, 2001)
     
  15. Pour les hackers, le mode caractéristique de fonctionnement administratif qui consiste à avoir des réunions sans fin, à créer des commissions pour un oui ou pour un non, à rédiger des rapports sans intérêt, etc., avant que quelque chose ne soit entrepris est au moins aussi pénible que de lancer une étude de marché pour justifier une idée avant de commencer à travailler dessus. Cela irrite autant les scientifiques que les hackers quand l'université se transforme en monastère ou en bureaucratie administrative.
    Toutefois l'absence relative de structures ne signifie pas qu'il n'y en a pas. En dépit de son tumulte apparent, le hackerisme n'existerait pas plus dans un état d'anarchie que la science. Les projets hacker et scientifique ont leurs personnalités phares qui servent de guide à l'image d'un [Linus] Torvalds dont la tâche est d'aider à déterminer l'orientation et à soutenir la créativité des autres.

    (L'éthique hacker, trad. Claude Leblanc, p.80, Exils Éditeur, 2001)
     
  16. La liberté d'expression est un moyen pour devenir membre actif de la société, recevant et articulant différentes opinions. La vie privée assure à chacun la possibilité de se créer un style de vie personnel alors que la surveillance est utilisée pour persuader les gens de vivre d'une certaine façon ou pour refuser la légitimité à des modes de vie en passe de s'implanter. L'auto-activité met l'accent sur la réalisation d'une passion personnelle au lieu d'encourager une personne à être un simple receveur passif.
    (L'éthique hacker, trad. Claude Leblanc, p.108, Exils Éditeur, 2001)
     
  17. C'est seulement lorsque le travail épuise totalement et que les gens sont trop fatigués pour apprécier la poursuite de leurs passions qu'ils sont réduits à l'état de receveur passif adapté à la télévision.
    (L'éthique hacker, trad. Claude Leblanc, p.109, Exils Éditeur, 2001)
     
  18. [...] seule la mise en place d'un modèle de travail actif assure l'existence d'un loisir actif. En devenant responsables dans leur travail, les individus peuvent devenir des créateurs actifs pendant leurs loisirs.
    L'absence de passion pendant les loisirs est doublement tragique. Elle résulte d'un manque de passion pendant les heures de travail et la vie centrée autour du Vendredi est de plus en plus absurde. Gérés de façon externe dans leur travail, les gens attendent le Vendredi pour avoir plus de temps pour regarder la télévision et être divertis de façon externe. Les hackers, en revanche, utilisent leur temps libre - le Dimanche - comme une opportunité pour réaliser leurs passions personnelles différentes de celles qu'ils poursuivent dans leur travail.

    (L'éthique hacker, trad. Claude Leblanc, p.110, Exils Éditeur, 2001)
     
  19. Aujourd'hui, les portraits d'hommes d'affaires ayant réussi constituent notre hagiographie et les recueils de leurs paroles sont nos apophtegmes, les « sentences des Pères ».
    (L'éthique hacker, trad. Claude Leblanc, p.116, Exils Éditeur, 2001)
     
  20. Mais seuls ceux qui n'ont pas à se concentrer sur le « présent » pour garantir leur propre survie ont une capacité d'attention aux autres. Pour être éthique, il faut pouvoir garder la tête froide.
    (L'éthique hacker, trad. Claude Leblanc, p.130, Exils Éditeur, 2001)
     
  21. Les changements fondamentaux sont toujours venus d'individus qui prêtaient attention aux autres.
    (L'éthique hacker, trad. Claude Leblanc, p.132, Exils Éditeur, 2001)