Fiodor M. Dostoïevsky
1821-1881
- [...] une organisation élevée favorise parfois un penchant aux pensées cyniques, ne fût-ce qu'à raison même de sa complexité.
(Les Démons, p.50, in Les oeuvres littéraires de Dostoïevsky, vol. X, Éd. Rencontre)
- [...] on ne peut aimer ce qu'on ne connaît pas [...]
(Les Démons, p.75, in Les oeuvres littéraires de Dostoïevsky, vol. X, Éd. Rencontre)
- - L'enivrement administratif ? Je ne sais pas ce que c'est.
- C'est-à-dire... Vous êtes chez nous... En un mot, chargez la dernière des nullités de la vente de vulgaires billets de chemin de fer, et quand vous irez prendre un billet cette nullité se croira aussitôt en droit de vous regarder comme si elle était Jupiter, pour vous montrer son pouvoir.
(Les Démons, p.97, in Les oeuvres littéraires de Dostoïevsky, vol. X, Éd. Rencontre)
- Chacun ne peut juger que d'après soi-même. [...] La liberté sera entière quand il sera indifférent de vivre ou de ne pas vivre. Voilà le but de tout.
(Les Démons, p167., in Les oeuvres littéraires de Dostoïevsky, vol. X, Éd. Rencontre)
- Dieu est la souffrance de la peur de la mort. Celui qui vaincra la souffrance et la peur, celui-là sera lui-même dieu. Il y aura alors une vie nouvelle, il y aura alors un homme nouveau, tout sera nouveau...
(Les Démons, p.167, in Les oeuvres littéraires de Dostoïevsky, vol. X, Éd. Rencontre)
- [...] le mariage est la mort morale de toute indépendance.
(Les Démons, p.177, in Les oeuvres littéraires de Dostoïevsky, vol. X, Éd. Rencontre)
- Trouver n'est rien, c'est le plan qui est difficile [...]
(Les Démons, p.184, in Les oeuvres littéraires de Dostoïevsky, vol. X, Éd. Rencontre)
- [...] les poèmes sont quand même bêtises et justifient ce qui en prose serait considéré comme de l'insolence.
(Les Démons, p.186, in Les oeuvres littéraires de Dostoïevsky, vol. X, Éd. Rencontre)
- Varvara Petrovna était assise droite comme une flèche prête à s'élancer de l'arc.
(Les Démons, p.228, in Les oeuvres littéraires de Dostoïevsky, vol. X, Éd. Rencontre)
- Il y a des gens chez qui le linge propre est une indécence.
(Les Démons, p.235, in Les oeuvres littéraires de Dostoïevsky, vol. X, Éd. Rencontre)
- Il y a des choses [...] dont non seulement on ne peut pas parler intelligemment, mais dont il n'est même pas intelligent de commencer à parler.
(Les Démons, p.256, in Les oeuvres littéraires de Dostoïevsky, vol. X, Éd. Rencontre)
- C'est un peu comme pour la religion : plus l'homme vit mal ou plus opprimé et misérable est un peuple, plus obstinément il rêve à la récompense au paradis, et si en même temps mille prêtres s'en mêlent, attisant le rêve et spéculant là-dessus, alors...
(Les Démons, p.259, in Les oeuvres littéraires de Dostoïevsky, vol. X, Éd. Rencontre)
- Or un chagrin vrai, indiscutable, est parfois capable de rendre sérieux et ferme même un homme d'une phénoménale légèreté, ne fût-ce que pour un peu de temps ; bien mieux, sous l'effet d'un chagrin vrai et sincère, même des imbéciles sont parfois devenus intelligents, aussi, bien entendu, pour un temps. C'est là une propriété du chagrin.
(Les Démons, p.272, in Les oeuvres littéraires de Dostoïevsky, vol. X, Éd. Rencontre)
- [...] cette colère était froide, calme, et si l'on peut s'exprimer ainsi, raisonnable, donc la plus répugnante et la plus terrible de toutes.
(Les Démons, p.277, in Les oeuvres littéraires de Dostoïevsky, vol. X, Éd. Rencontre)
- [...] la peur de l'ennemi détruit jusqu'à la rancune à son égard.
(Les Démons, p.281, in Les oeuvres littéraires de Dostoïevsky, vol. X, Éd. Rencontre)
- Mon ami, la vérité vraie est toujours invraisemblable, le savez-vous ? Pour rendre la vérité plus vraisemblable, il faut absolument y mêler du mensonge.
(Les Démons, p.289, in Les oeuvres littéraires de Dostoïevsky, vol. X, Éd. Rencontre)
- [...] si vous avez mis la guillotine au premier plan, et avec tant d'enthousiasme, c'est uniquement parce que trancher les têtes est la chose la plus facile et avoir une idée la chose la plus difficile !
(Les Démons, p.290, in Les oeuvres littéraires de Dostoïevsky, vol. X, Éd. Rencontre)
- La meilleure solution serait de ne jouer aucun rôle, de montrer son propre visage, n'est-ce pas ? Il n'y a rien de plus astucieux que son propre visage parce que personne n'y croit.
(Les Démons, p.295, in Les oeuvres littéraires de Dostoïevsky, vol. X, Éd. Rencontre)
- [...] savoir se taire est un grand talent [...]
(Les Démons, p.295, in Les oeuvres littéraires de Dostoïevsky, vol. X, Éd. Rencontre)
- L'homme est malheureux parce qu'il ne sait pas qu'il est heureux ; uniquement à cause de cela.
(Les Démons, p.316, in Les oeuvres littéraires de Dostoïevsky, vol. X, Éd. Rencontre)
- Il faut croire qu'il est vrai que toute la seconde moitié de la vie humaine n'est faite d'ordinaire que des habitudes contractées pendant la première.
(Les Démons, p.349, in Les oeuvres littéraires de Dostoïevsky, vol. X, Éd. Rencontre)
- Il faut être un grand homme pour savoir résister même au bon sens.
(Les Démons, p.349, in Les oeuvres littéraires de Dostoïevsky, vol. X, Éd. Rencontre)
- Il y a toujours dans la charité quelque chose qui corrompt à jamais [...]
(Les Démons, p.400, in Les oeuvres littéraires de Dostoïevsky, vol. X, Éd. Rencontre)
- En général, dans tout malheur du prochain il y a toujours quelque chose qui réjouit l'oeil d'un tiers, quel qu'il soit.
(Les Démons, p.427, in Les oeuvres littéraires de Dostoïevsky, vol. X, Éd. Rencontre)
- La charité pervertit et celui qui la fait et celui qui la reçoit, et de surcroît elle n'atteint pas son but parce qu'elle ne fait qu'augmenter la mendicité.
(Les Démons, p.441, in Les oeuvres littéraires de Dostoïevsky, vol. X, Éd. Rencontre)
- J'aime qu'un homme de génie soit un peu bête.
(Les Démons, p.42, in Les oeuvres littéraires de Dostoïevsky, vol. XI, Éd. Rencontre)
- Quand le navire doit sombrer, les rats sont les premiers à le quitter.
(Les Démons, p.44, in Les oeuvres littéraires de Dostoïevsky, vol. XI, Éd. Rencontre)
- [...] il n'y a pas de préjugés anodins [...]
(Les Démons, p.73, in Les oeuvres littéraires de Dostoïevsky, vol. XI, Éd. Rencontre)
- [...] il n'y a rien de plus insupportable quand on est malheureux que de voir justement alors cent amis vous démontrer que vous avez fait une bêtise.
(Les Démons, p.112, in Les oeuvres littéraires de Dostoïevsky, vol. XI, Éd. Rencontre)
- [...] la bêtise comme le plus grand génie sont également utiles dans les destinées de l'humanité...
(Les Démons, p.182, in Les oeuvres littéraires de Dostoïevsky, vol. XI, Éd. Rencontre)
- [Il] brûlait de se précipiter à l'incendie.
(Les Démons, p.217, in Les oeuvres littéraires de Dostoïevsky, vol. XI, Éd. Rencontre)
- [...] la réalité qu'on voit de ses propres yeux a toujours en soi quelque chose de bouleversant.
(Les Démons, p.220, in Les oeuvres littéraires de Dostoïevsky, vol. XI, Éd. Rencontre)
- Stavroguine, s'il croit ne croit pas qu'il croit. Et s'il ne croit pas, il ne croit pas qu'il ne croit pas.
(Les Démons, p.346, in Les oeuvres littéraires de Dostoïevsky, vol. XI, Éd. Rencontre)
- - Si Dieu n'existe pas, je suis dieu.
- Voilà bien le point que je n'ai jamais pu comprendre chez vous : pourquoi êtes-vous dieu, vous ?
- Si Dieu existe, toute la volonté est Sienne et je ne puis sortir de Sa volonté. S'Il n'existe pas, toute la volonté est mienne et j'ai le devoir d'affirmer ma propre volonté.
- Votre propre volonté ? Pourquoi en avez-vous le devoir ?
- Parce que toute la volonté est devenue mienne. Est-il possible qu'il n'y ait personne sur cette planète qui, en ayant fini avec Dieu et ayant cru en sa propre volonté, n'ose affirmer sa propre volonté sur le point le plus absolu ? [Kirilov parle ici de la mort : il a décidé de se suicider. -GGJ] C'est comme un pauvre qui a fait un héritage et a pris peur, et n'ose s'approcher du sac, se croyant trop faible pour posséder. Je veux affirmer ma volonté. Dussé-je être le seul, je le ferai.
(Les Démons, p.347, in Les oeuvres littéraires de Dostoïevsky, vol. XI, Éd. Rencontre)
- L'homme n'a fait qu'inventer Dieu pour vivre sans se tuer ; toute l'histoire universelle jusqu'à présent est là.
(Les Démons, p.348, in Les oeuvres littéraires de Dostoïevsky, vol. XI, Éd. Rencontre)
- Tous sont malheureux parce que tous ont peur d'affirmer leur volonté. Si l'homme a été jusqu'à présent si malheureux et pauvre, c'est justement parce qu'il avait peur d'affirmer le point capital de sa volonté et qu'il en usait furtivement, comme un écolier. Je suis terriblement malheureux car j'ai terriblement peur. La peur est la malédiction de l'homme... Mais j'affirmerai ma volonté, j'ai le devoir de croire que je ne crois pas. Je commencerai, et je finirai, et j'ouvrirai la porte. Et je sauverai. Cela seul sauvera tous les hommes et, dans la génération suivante, les transformera physiquement ; car dans l'état physique actuel, j'y ai longtemps réfléchi, l'homme ne peut en aucun cas se passer de l'ancien Dieu. J'ai cherché trois ans l'attribut de ma divinité et j'ai trouvé : l'attribut de ma divinité est ma volonté ! C'est tout ce par quoi je puis manifester sur le point capital mon insoumission et ma terrible liberté nouvelle. Car elle est terrible. Je me tue pour manifester mon insoumission et ma terrible liberté nouvelle.
(Les Démons, p.350, in Les oeuvres littéraires de Dostoïevsky, vol. XI, Éd. Rencontre)
- Le plus difficile dans la vie est de vivre et de ne pas mentir... et... et de ne pas croire ses propres mensonges [...]
(Les Démons, p.388, in Les oeuvres littéraires de Dostoïevsky, vol. XI, Éd. Rencontre)
- Dieu m'est indispensable, ne serait-ce que parce que c'est l'unique être qu'on puisse aimer éternellement...
(Les Démons, p.400, in Les oeuvres littéraires de Dostoïevsky, vol. XI, Éd. Rencontre)
- Chaque minute, chaque instant de sa vie doit être pour l'homme une félicité... doit, doit absolument l'être ! C'est le devoir de l'homme lui-même de faire en sorte qu'il en soit ainsi ; c'est sa loi, secrète mais qui existe certainement...
(Les Démons, p.401, in Les oeuvres littéraires de Dostoïevsky, vol. XI, Éd. Rencontre)
- [...] le vieux proverbe russe qui dit : " Tel qui creuse un fossé pour autrui, y tombe... lui-même. "
(Les Pauvres Gens, p.70, in Les oeuvres littéraires de Dostoïevsky, vol. I, Éd. Rencontre)
- [...] l'ennui peut pousser à tout.
(Les Pauvres Gens, p.71, in Les oeuvres littéraires de Dostoïevsky, vol. I, Éd. Rencontre)
- On est toujours mieux là où l'on a déjà pris ses habitudes. On a beau y tirer le diable par la queue, on y est encore mieux qu'ailleurs.
(Les Pauvres Gens, p.131, in Les oeuvres littéraires de Dostoïevsky, vol. I, Éd. Rencontre)
- [...] c'est extraordinaire que l'on puisse vivre en ce monde sans se douter qu'il existe, à proximité, un livre où toute notre vie se trouve contée comme par un témoin.
(Les Pauvres Gens, p.139, in Les oeuvres littéraires de Dostoïevsky, vol. I, Éd. Rencontre)
- Oh ! mon ami, le malheur est une maladie contagieuse. Les malheureux et les pauvres devraient s'éviter les uns les autres, ils devraient fuir tout contact entre eux afin de ne pas accroître leurs maux en se contaminant mutuellement !
(Les Pauvres Gens, p.150, in Les oeuvres littéraires de Dostoïevsky, vol. I, Éd. Rencontre)
- C'est toujours la même chose : tout ce qui nous arrive s'accorde à notre état d'âme et quand on est triste, il ne survient que des choses désagréables.
(Les Pauvres Gens, p.174, in Les oeuvres littéraires de Dostoïevsky, vol. I, Éd. Rencontre)
- [...] on ne peut donner que ce qu'on a !
(Les Pauvres Gens, p.192, in Les oeuvres littéraires de Dostoïevsky, vol. I, Éd. Rencontre)
- La misère est toujours importune : on dirait que les gémissements des malheureux empêchent les riches de dormir !
(Les Pauvres Gens, p.195, in Les oeuvres littéraires de Dostoïevsky, vol. I, Éd. Rencontre)
- Il y a de l'inconvenance, de l'immoralité, de la bassesse à vivre plus de quarante ans !
(Dans mon souterrain, p.29, in Les oeuvres littéraires de Dostoïevsky, vol. V, Éd. Rencontre)
- Au demeurant, de quoi un honnête homme peut-il parler avec le plus de plaisir ?
Réponse : de lui-même.
(Dans mon souterrain, p.30, in Les oeuvres littéraires de Dostoïevsky, vol. V, Éd. Rencontre)
- [...] toute conscience est une maladie.
(Dans mon souterrain, p.31, in Les oeuvres littéraires de Dostoïevsky, vol. V, Éd. Rencontre)
- Mais un homme conscient de lui-même peut-il se respecter tant soit peu ?
(Dans mon souterrain, p.42, in Les oeuvres littéraires de Dostoïevsky, vol. V, Éd. Rencontre)
- Car le fruit immédiat, légal, direct de la conscience n'est-il pas l'inertie, autrement dit le " reste-assis-les-bras-croisés " conscient ?
(Dans mon souterrain, p.44, in Les oeuvres littéraires de Dostoïevsky, vol. V, Éd. Rencontre)
- Que faire si le destin véritable de toute créature intelligente est uniquement de bavarder, c'est-à-dire de faire couler du sable dans le vide ?
(Dans mon souterrain, p.45, in Les oeuvres littéraires de Dostoïevsky, vol. V, Éd. Rencontre)
- Ah ! l'ennui. Que ne nous fait-il inventer ?
(Dans mon souterrain, p.52, in Les oeuvres littéraires de Dostoïevsky, vol. V, Éd. Rencontre)
- Quel qu'il soit, toujours et partout, l'homme aime agir suivant sa volonté et non comme l'ordonnent la raison et l'intérêt. Or, on peut vouloir agir contre son propre intérêt. Parfois, même, on doit positivement agir dans le sens opposé à son intérêt (c'est déjà mon idée).
(Dans mon souterrain, p.53, in Les oeuvres littéraires de Dostoïevsky, vol. V, Éd. Rencontre)
- Je crois même que la meilleure définition de l'homme serait : créature à deux pieds et ingrate.
(Dans mon souterrain, p.57, in Les oeuvres littéraires de Dostoïevsky, vol. V, Éd. Rencontre)
- [...] l'unique effort de l'être humain consiste, peut-être, à se prouver à lui-même qu'il est un homme, et non un rouage.
(Dans mon souterrain, p.59, in Les oeuvres littéraires de Dostoïevsky, vol. V, Éd. Rencontre)
- [...] les chemins mènent toujours quelque part. L'essentiel n'est donc pas dans la direction qu'il suit, mais dans le fait que la direction existe.
(Dans mon souterrain, p.61, in Les oeuvres littéraires de Dostoïevsky, vol. V, Éd. Rencontre)
- Mais l'homme est une créature légère et illogique : semblable au joueur d'échecs, il n'aime que le processus du but à atteindre, non le but lui-même.
(Dans mon souterrain, p.61, in Les oeuvres littéraires de Dostoïevsky, vol. V, Éd. Rencontre)
- Il n'y a pas de conscience pleine et vraie sans un coeur pur.
(Dans mon souterrain, p.67, in Les oeuvres littéraires de Dostoïevsky, vol. V, Éd. Rencontre)
- Un homme cultivé et honnête ne peut être vaniteux sans exiger beaucoup de lui-même et se mépriser parfois jusqu'à la haine.
(Dans mon souterrain, p.71, in Les oeuvres littéraires de Dostoïevsky, vol. V, Éd. Rencontre)
- Et là où l'amour n'existe pas, la raison, elle aussi, est absente.
(Dans mon souterrain, p.124, in Les oeuvres littéraires de Dostoïevsky, vol. V, Éd. Rencontre)
- Car c'est dans l'amour, uniquement grâce à l'amour que réside, pour une femme, la résurrection, la délivrance de toute chute possible, la régénération spirituelle.
(Dans mon souterrain, p.156, in Les oeuvres littéraires de Dostoïevsky, vol. V, Éd. Rencontre)
- Au demeurant, je me la pose, cette question oiseuse : que doit-on préférer : un bonheur facile ou des souffrances élevées ? Répondez, lequel est préférable ?
(Dans mon souterrain, p.158, in Les oeuvres littéraires de Dostoïevsky, vol. V, Éd. Rencontre)
- [Elle] lui adressa son plus gracieux sourire, dans l'espoir de réduire son impertinence, procédé assez habituel aux femmes.
(Le crocodile, p.165, in Les oeuvres littéraires de Dostoïevsky, vol. V, Éd. Rencontre)
- [...] plus la tête d'un homme est vide et moins elle éprouve le besoin de se remplir.
(Le crocodile, p.190, in Les oeuvres littéraires de Dostoïevsky, vol. V, Éd. Rencontre)
- Il n'y a rien de plus plaisant que de ne pas se gêner devant les autres mais d'agir ouvertement et sans retenue.
(Le Joueur, p.222, in Les oeuvres littéraires de Dostoïevsky, vol. V, Éd. Rencontre)
- Mais le plaisir est toujours utile et un pouvoir absolu, sans limites, fût-ce sur une mouche, est aussi une sorte de jouissance. L'homme est un despote par nature : il aime faire souffrir.
(Le Joueur, p.246, in Les oeuvres littéraires de Dostoïevsky, vol. V, Éd. Rencontre)
- Le Français est rarement aimable de premier jet ; on dirait toujours qu'il est aimable par ordre, par calcul. Si, par exemple, il voit la nécessité d'être, à l'encontre de l'ordinaire, fantaisiste, original, la fantaisie la plus absurde et le plus artificielle revêt chez lui des formes admises d'avance et depuis longtemps ramenées au rang des banalités. À l'état naturel, le Français ressort au positivisme le plus bourgeois, le plus ennuyeux, le plus plat. C'est, somme toute, l'être le plus ennuyeux qui soit au monde.
(Le Joueur, p.259, in Les oeuvres littéraires de Dostoïevsky, vol. V, Éd. Rencontre)
- Je sais que tu as mauvais caractère... une guêpe ! Quand tu piques, ça enfle !
(Le Joueur, p.319, in Les oeuvres littéraires de Dostoïevsky, vol. V, Éd. Rencontre)
- Oui, parfois la pensée la plus folle, la plus impossible en apparence, s'implante si fortement dans votre esprit qu'on finit par la croire réalisable... Bien plus : si cette idée est liée à un désir violent, passionné, on l'accueille finalement comme quelque chose de fatal, de nécessaire, de prédestiné, comme quelque chose qui ne peut pas ne pas arriver !
(Le Joueur, p.340, in Les oeuvres littéraires de Dostoïevsky, vol. V, Éd. Rencontre)
- [...] l'art du bavardage mondain, cet art qui consiste à paraître tout naturel et sincère et à signifier en même temps par son aspect qu'on considère ses auditeurs, eux aussi, comme des personnes toutes naturelles et sincères.
(L'éternel mari, p.489, in Les oeuvres littéraires de Dostoïevsky, vol. V, Éd. Rencontre)
- [...] il m'aimait, avec haine, c'est l'amour le plus fort...
(L'éternel mari, p.537, in Les oeuvres littéraires de Dostoïevsky, vol. V, Éd. Rencontre)