Jean-François Marmontel
1723-1799
  1. Nous passons tour à tour de la crainte à l'audace,
    Et toujours incertains, et toujours curieux,
    De nos perplexités nous fatiguons les dieux.

    (Les Héraclides, acte 1, sc. 2 (Sténélus), 1752)
     
  2. [On cède quelquefois] à la nécessité;
    Mais la vertu renaît avec la liberté.

    (Les Héraclides, acte 1, sc. 3 (Sténélus), 1752)
     
  3. Toute excuse avilit la majorité suprême;
    Un roi n'a point de juge: il répond de lui-même.

    (Les Héraclides, acte 1, sc. 4 (Coprée), 1752)
     
  4. Prince, on suit à votre âge un penchant généreux,
    Sans daigner en prévoir les écueils dangereux;
    Mais de tels dévouements coûtent bien des victimes,
    Et ces grandes vertus sont souvent de grands crimes.

    (Les Héraclides, acte 2, sc. 3 (Coprée), 1752)
     
  5. Ah! loin d'appesantir cette chaîne importune,
    Dont souvent les bienfaits accablent l'infortune,
    Au moins dans le malheur respectons sa fierté,
    Et laissons à son coeur toute sa liberté.

    (Les Héraclides, acte 2, sc. 6 (Sténélus), 1752)
     
  6. Je sais que des débris du destin le plus beau,
    La gloire est le seul bien qui nous suive au tombeau.

    (Les Héraclides, acte 3, sc. 1 (Olympie), 1752)
     
  7. Des vertus d'un héros notre estime est le prix.
    (Les Héraclides, acte 3, sc. 1 (Olympie), 1752)
     
  8. Par l'excès du malheur son courage est vaincu.
    (Les Héraclides, acte 3, sc. 3 (Déjanire), 1752)
     
  9. Nous naissons pour mourir quand la gloire l'ordonne.
    (Les Héraclides, acte 3, sc. 4 (Olympie), 1752)
     
  10. La nature a ses droits sur un coeur vertueux.
    (Les Héraclides, acte 3, sc. 4 (Olympie), 1752)
     
  11. Il reste une hydre à vaincre, et cette hydre est l'erreur;
    Osez la terrasser. [...]

    (Les Héraclides, acte 4, sc. 3 (Déjanire), 1752)
     
  12. À son sort pour jamais mon sort est attaché.
    (Les Héraclides, acte 4, sc. 3 (Déjanire), 1752)
     
  13. Je ne sais point rougir d'être juste et sincère.
    (Les Héraclides, acte 4, sc. 5 (Olympie), 1752)
     
  14. La terre est un exil pour la race des dieux.
    (Les Héraclides, acte 4, sc. 6 (Olympie), 1752)
     
  15. Les Dieux à nos pareils ne sont jamais contraires.
    (Les Héraclides, acte 5, sc. 2 (Iolas), 1752)
     
  16. L'espérance adoucit le sort le plus terrible.
    (Les Héraclides, acte 5, sc. 2 (Iolas), 1752)
     
  17. Peuple, enfin vous voyez par quel art odieux,
    En trompant les humains on outrage les dieux:
    Jusqu'aux pieds des autels redoutons l'imposture,
    Et pour premier oracle écoutons la nature.

    (Les Héraclides, acte 5, sc. 5 (Démophon), 1752)
     
  18. [...] L'orgueil, dans les rois, est facile à blesser.
    (Numitor, acte 1, sc. 1 (Agénor), 1782)
     
  19. À la timide plainte il faut vous abaisser.
    C'est le destin du faible: on veut qu'il s'humilie,
    Et la force arrogante attend qu'on la supplie.

    (Numitor, acte 1, sc. 1 (Agénor), 1782)
     
  20. [...] Ah! quand des Dieux l'organe redouté
    Ose ordonner le crime, il est trop écouté!

    (Numitor, acte 1, sc. 3 (Ilie), 1782)
     
  21. Un coeur que le chagrin nuit et jour empoisonne,
    Sait-il lui-même, hélas! s'il sera généreux?

    (Numitor, acte 2, sc. 2 (Agénor), 1782)
     
  22. La clémence est toujours la vertu des heureux,
    Et, dans son désespoir, un héros qu'on accable,
    Tant qu'il est opprimé, doit se croire implacable.

    (Numitor, acte 2, sc. 2 (Agénor), 1782)
     
  23. Le coupable se perd s'il ne l'est qu'à demi;
    Et sur le crime seul le crime est affermi.

    (Numitor, acte 2, sc. 3 (Pallante), 1782)
     
  24. Comptez sur l'homme faible. Il vous rend son complice,
    Vous charge de son crime, et vous livre au supplice.

    (Numitor, acte 2, sc. 4 (Pallante), 1782)
     
  25. On obtient tout d'un roi dont on brise les fers.
    (Numitor, acte 2, sc. 4 (Pallante), 1782)
     
  26. Les bienfaits d'un tyran ne font que des ingrats.
    (Numitor, acte 2, sc. 5 (Pallante), 1782)
     
  27. La justice l'emporte, et le crime lui cède.
    (Numitor, acte 3, sc. 2 (Agénor), 1782)
     
  28. L'équité, rarement, est l'arbitre des rois.
    (Numitor, acte 4, sc. 4 (Romulus), 1782)
     
  29. Dormir au bruit des fers de son roi qu'on opprime!
    Vieillir en l'opprimant! c'est le comble du crime.

    (Numitor, acte 4, sc. 7 (Romulus), 1782)
     
  30. [...] Au crime d'un moment
    Le Ciel peut pardonner, l'homme le doit peut-être.

    (Numitor, acte 4, sc. 7 (Romulus), 1782)
     
  31. C'est aux dieux de punir, aux rois de pardonner.
    (Numitor, acte 5, sc. 11 (Amulius), 1782)
     
  32. On a vu mille fois le crime couronné.
    (Numitor, acte 5, sc. 2 (Agénor), 1782)
     
  33. Qui promet dans les fers peut manquer à sa foi;
    Et qui cède en esclave agirait mal en roi.

    (Numitor, acte 5, sc. 2 (Agénor), 1782)
     
  34. Qui se croit né d'un Dieu, veut en être l'image.
    (Numitor, acte 5, sc. 6 (Romulus), 1782)
     
  35. La grandeur est dans l'âme, ainsi que la bassesse.
    (Numitor, acte 5, sc. 6 (Romulus), 1782)