Louis Scutenaire
1905-1987
  1. Trop souvent la colère est favorable à ce qui l'enflamme.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.19, Éditions Labor, 1990)
     
  2. Cela ne m'intéresse pas, cela me hante.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.20, Éditions Labor, 1990)
     
  3. On découvre difficilement le génie des êtres que l'on fréquente. J'ai, par conséquent, du mérite à connaître que Paul Nougé en a, Paul Colinet, René Magritte et moi-même.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.22, Éditions Labor, 1990)
     
  4. La solitude et la promiscuité sont les deux contraires les plus identiques du monde.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.23, Éditions Labor, 1990)
     
  5. Je méprise trop ces gens pour me déplaire en leur compagnie.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.27, Éditions Labor, 1990)
     
  6. Mais prenez-vous la vie au sérieux, Monsieur ?
    Non, Monsieur, je la lui laisse.

    (Mes inscriptions (1943-1944), p.27, Éditions Labor, 1990)
     
  7. Je te m'aime.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.30, Éditions Labor, 1990)
     
  8. Aimer c'est perdre. Vaincre c'est occuper qui vous lasse.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.31, Éditions Labor, 1990)
     
  9. Le théâtre c'est de l'imagination pour ceux qui n'en ont pas.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.32, Éditions Labor, 1990)
     
  10. Le travail est un plaisir ; il ne faut pas abuser des plaisirs. (Jean Grimau).
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.35, Éditions Labor, 1990)
     
  11. Réfléchir c'est préférer.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.35, Éditions Labor, 1990)
     
  12. La morale est un avatar de l'instinct de conservation.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.35, Éditions Labor, 1990)
     
  13. S'ennuyer : être ennuyé par soi-même. Bigre !
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.36, Éditions Labor, 1990)
     
  14. L'univers m'étonne.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.36, Éditions Labor, 1990)
     
  15. L'inconscient se venge la nuit.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.37, Éditions Labor, 1990)
     
  16. Les imbéciles éprouvent le besoin de se renouveler.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.38, Éditions Labor, 1990)
     
  17. Je perds souvent la tête. On ne me la rapporte jamais.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.39, Éditions Labor, 1990)
     
  18. La religion est une fatigante solution de paresse.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.40, Éditions Labor, 1990)
     
  19. Le coeur pense.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.47, Éditions Labor, 1990)
     
  20. Le gâchis est un ordre donné et l'harmonie un désordre choisi.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.49, Éditions Labor, 1990)
     
  21. Grandeur de l'abstrait ; petitesse de l'abstraction.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.51, Éditions Labor, 1990)
     
  22. La liberté c'est l'indifférence.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.52, Éditions Labor, 1990)
     
  23. Je ne suis pas le plus court chemin de moi-même à moi-même.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.53, Éditions Labor, 1990)
     
  24. « Ce qui se conçoit bien s'énonce clairement
    « Et les mots pour le dire arrivent aisément. »
    Malheureusement, nous ne saurons jamais à coup sûr ce que Boileau entendait par se concevoir, bien, s'énoncer, clairement, mots, dire, arriver et aisément.

    (Mes inscriptions (1943-1944), p.53, Éditions Labor, 1990)
     
  25. Comme celles de chacun, mes idées sont des carapaces.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.53, Éditions Labor, 1990)
     
  26. Sachant ce que vous savez, comment se fait-il que vous ne le sachiez pas ?
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.53, Éditions Labor, 1990)
     
  27. L'Autriche. L'homme aussi.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.55, Éditions Labor, 1990)
     
  28. Je hais le travail au point de ne pouvoir l'exiger des autres.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.57, Éditions Labor, 1990)
     
  29. Je suis exception harmonieuse de quelques règles, et exemple désolant des autres.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.58, Éditions Labor, 1990)
     
  30. Croire en Dieu équivaut à se tuer. La foi n'est qu'un mode de suicide.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.59, Éditions Labor, 1990)
     
  31. La mort éternise.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.60, Éditions Labor, 1990)
     
  32. Il faudrait que les mots soient les cailloux blancs du Petit Poucet. Ils sont trop souvent ses miettes de pain.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.61, Éditions Labor, 1990)
     
  33. Pessimiste, je crois facilement aux bonnes fortunes d'autrui.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p., Éditions Labor, 1990)
     
  34. Si je parle mal de quelqu'un ou de quelque chose, je me plains, je ne blâme pas.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.62, Éditions Labor, 1990)
     
  35. L'infini commence où il finit.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.62, Éditions Labor, 1990)
     
  36. Je n'impose pas ma personne aux femmes, je leur impose la leur.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.62, Éditions Labor, 1990)
     
  37. Les myopes tiennent à la grandeur.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.65, Éditions Labor, 1990)
     
  38. Méfie-toi des gens sans méfiance.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.65, Éditions Labor, 1990)
     
  39. Partager mes opinions n'accrédite personne auprès de moi.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.70, Éditions Labor, 1990)
     
  40. Savoir = s'avoir.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.72, Éditions Labor, 1990)
     
  41. Au pays des muets les aveugles sont sourds.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.76, Éditions Labor, 1990)
     
  42. Je suis bête comme une étoile.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.77, Éditions Labor, 1990)
     
  43. Je suis trop honnête pour être poli.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.78, Éditions Labor, 1990)
     
  44. Chaque fois que deux peuples en sont venus aux mains, il y a eu un vainqueur et un vaincu. Il y en a même parfois deux.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.79, Éditions Labor, 1990)
     
  45. Le meilleur ciment d'un peuple est la bêtise de ceux qui en font partie.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.79, Éditions Labor, 1990)
     
  46. Hâtez-vous de patienter.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.79, Éditions Labor, 1990)
     
  47. L'opinion des autres sur moi ne m'importe qu'en fonction de la mienne sur eux.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.85, Éditions Labor, 1990)
     
  48. Abordage :
    Bonjour, Mademoiselle, puis-je accepter un verre ?

    (Mes inscriptions (1943-1944), p.87, Éditions Labor, 1990)
     
  49. La certitude ne fait pas le mystique.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.96, Éditions Labor, 1990)
     
  50. Prévoir, c'est désespérer.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.97, Éditions Labor, 1990)
     
  51. Plus on s'aime, plus on aime.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.97, Éditions Labor, 1990)
     
  52. Je viens m'ennuyer avec vous pour dissiper mon ennui.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.98, Éditions Labor, 1990)
     
  53. J'écris correctement parce que c'est plus facile.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.105, Éditions Labor, 1990)
     
  54. En dénigrant mes adversaires, je ne les sous-évalue pas, je les combats.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.115, Éditions Labor, 1990)
     
  55. Pas sceptique, hérétique à mon hérésie.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.115, Éditions Labor, 1990)
     
  56. Mille grandes amours ne valent pas une amourette. Mille amourettes ne valent pas un grand amour.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.115, Éditions Labor, 1990)
     
  57. La personnalité est la garde-robe du moi.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.118, Éditions Labor, 1990)
     
  58. La futilité des gens sérieux vaut le sérieux des gens futiles.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.119, Éditions Labor, 1990)
     
  59. Devant l'impossibilité de tout savoir, la plupart ont choisi de ne savoir rien.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.121, Éditions Labor, 1990)
     
  60. Je n'aime pas les idées générales sur le particulier.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.122, Éditions Labor, 1990)
     
  61. Nos ennemis nous fournissent nos meilleurs armes.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.126, Éditions Labor, 1990)
     
  62. Les auteurs de journaux intimes avouent sans trop de façon leurs manques physiques, moraux ou psychologiques. C'est qu'ils sentent que leurs lecteurs ne peuvent être que défaillants comme eux ; les hommes sains ne s'intéressent pas aux confessions des autres.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.129, Éditions Labor, 1990)
     
  63. Je suis partagé entre mon goût pour les faits et mon goût pour l'effet.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.136, Éditions Labor, 1990)
     
  64. On ne se monte pas la tête. On se monte son absence de tête.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.139, Éditions Labor, 1990)
     
  65. Argument excellent ne veut pas dire argument valable.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.142, Éditions Labor, 1990)
     
  66. Je me répète parfois. C'est pour contrebalancer mes contradictions.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.144, Éditions Labor, 1990)
     
  67. Je crois qu'à un grand désert vide, je préfère un désert coupé par une voie de chemin de fer en ruine.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.145, Éditions Labor, 1990)
     
  68. C'est toujours dans le désert que l'on casse sa bouteille d'eau.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.146, Éditions Labor, 1990)
     
  69. Je voudrais vivre assez vieux pour savoir ce que je deviendrai.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.147, Éditions Labor, 1990)
     
  70. Chapardage et héritage sont les deux mamelles de la richesse.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.147, Éditions Labor, 1990)
     
  71. Dieu, le meilleur des gargarismes.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.147, Éditions Labor, 1990)
     
  72. L'anxieux, lorsqu'il éprouve ne rien trouver pour nourrir son angoisse, a trouvé.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.161, Éditions Labor, 1990)
     
  73. Souvent, au lieu de penser, on se fait des idées.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.162, Éditions Labor, 1990)
     
  74. Préfère une injure qui délie à une louange qui enchaîne.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.162, Éditions Labor, 1990)
     
  75. Une odeur de bruit.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.164, Éditions Labor, 1990)
     
  76. Le dialogue intérieur, dit-on.
    Y en aurait-il un autre ?

    (Mes inscriptions (1943-1944), p.173, Éditions Labor, 1990)
     
  77. Il est plus flatteur d'être distingué par une dévergondée que par une chaste, car la première fait un vrai choix.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.173, Éditions Labor, 1990)
     
  78. L'essentiel est de parvenir à s'imaginer capable de mourir tranquille sans quelqu'un à son chevet.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.174, Éditions Labor, 1990)
     
  79. Je ne déteste pas nuire au monde, mais je déteste me trouver nuisant au monde.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.174, Éditions Labor, 1990)
     
  80. Quelle connerie a-t-il encore bien pu te dire pour que tu sois si heureuse ?
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.175, Éditions Labor, 1990)
     
  81. L'humour est une façon de se tirer d'embarras sans se tirer d'affaire.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.177, Éditions Labor, 1990)
     
  82. L'amour est aussi un effort.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.177, Éditions Labor, 1990)
     
  83. La seule bonne étude qui ait paru sur Balzac est son oeuvre.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.178, Éditions Labor, 1990)
     
  84. L'amour est bien plus rare que le génie.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.180, Éditions Labor, 1990)
     
  85. L'être sensible se détourne du malheureux. Il faut être impitoyable pour se pencher sur une blessure.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.182, Éditions Labor, 1990)
     
  86. Je pense vraiment que le seul moyen efficace de s'évader est de s'enfoncer au plus profond de son être. Croyez-moi, ainsi l'on peut tout fuir, et soi-même en premier.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.184, Éditions Labor, 1990)
     
  87. L'homme sans Dieu est misérable ? Possible, mais l'homme avec Dieu est un misérable.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.185, Éditions Labor, 1990)
     
  88. La vie est une mauvaise nuit dont on ne se réveille pas.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.186, Éditions Labor, 1990)
     
  89. Le plus sûr éloge que l'on puisse faire de mes ouvrages est d'estimer qu'ils ne signifient rien, les égalant ainsi à l'univers.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.190, Éditions Labor, 1990)
     
  90. On regarde moins ce que l'on voit que ce que l'on espère.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.191, Éditions Labor, 1990)
     
  91. Ne cherchez pas, attendez.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.201, Éditions Labor, 1990)
     
  92. Je trouve souvent ce que j'écris dans ce que je voudrais aimer.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.201, Éditions Labor, 1990)
     
  93. Surveillons notre style, c'est notre chien.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.203, Éditions Labor, 1990)
     
  94. À quoi sert-il d'écrire un poème, d'achever un blessé, de bâtir une cabane ?
    À écrire un poème, achever un blessé, bâtir une cabane.

    (Mes inscriptions (1943-1944), p.204, Éditions Labor, 1990)
     
  95. Les femmes ne doivent rien aux hommes. Tout ce qu'elles leur donnent, c'est une grâce qu'elles leur font.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.208, Éditions Labor, 1990)
     
  96. Le contraire est toujours vrai.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.209, Éditions Labor, 1990)
     
  97. La poésie, c'est la liberté d'esprit.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.209, Éditions Labor, 1990)
     
  98. S'il vous plaît de vraiment gagner, ne réfutez point, parlez d'autre chose.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.210, Éditions Labor, 1990)
     
  99. L'homme qui a peur découvre son visage d'homme.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.210, Éditions Labor, 1990)
     
  100. On n'est jamais abandonné de tous, mais on est toujours abandonné de tout.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.211, Éditions Labor, 1990)
     
  101. Deux philosophes ne peuvent se regarder en riant.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.212, Éditions Labor, 1990)
     
  102. Moins tu diffères d'un contradicteur, moins tu aimes sa contradiction.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.215, Éditions Labor, 1990)
     
  103. Tolérant égale prévoyant.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.215, Éditions Labor, 1990)
     
  104. Rigoureuse ment.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.216, Éditions Labor, 1990)
     
  105. Il y en a qui croient, il y en a qui doutent, il y en a qui pensent. Je suis de ceux qui pensent : je pense que je crois que je doute.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.217, Éditions Labor, 1990)
     
  106. Je ne sais rien.
    Mais comme non plus je ne devine et ne pressens rien, je dois avoir une faculté prodigieuse d'intuition.
    Mais nier c'est affirmer. Et si l'on s'affirme, l'on affirme et c'est que de soi l'on doute. Douter de soi sous-entend faculté prodigieuse d'intuition.
    Et de la sorte l'intuition nous souffle que rien n'existe si ce n'est quelque chose.

    (Mes inscriptions (1943-1944), p.222, Éditions Labor, 1990)
     
  107. Je serais si heureux que l'on ne m'entende qu'à mon signal, que l'on me croie sur silence.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.224, Éditions Labor, 1990)
     
  108. Crie « Au secours ! », tout le monde viendra t'en demander.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.225, Éditions Labor, 1990)
     
  109. « L'avenir est un mort qui s'étendant revient. » (Forneret)
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.226, Éditions Labor, 1990)
     
  110. En cachant quelque chose, vous vous découvrez.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.229, Éditions Labor, 1990)
     
  111. Je prends le monde tel que je suis.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.229, Éditions Labor, 1990)
     
  112. Plus un espoir est vague, mieux et plus longtemps il soutient. Et se soutient. Ainsi les croyances les moins formulables - car toute foi est un espoir - sont les plus solides et les plus chéries.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.229, Éditions Labor, 1990)
     
  113. Le misanthrope est celui qui reproche aux hommes d'être ce qu'il est.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.233, Éditions Labor, 1990)
     
  114. Affirmer est hasardeux. Gardez-vous donc de nier.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.239, Éditions Labor, 1990)
     
  115. Vous ne me changez pas, je me prête.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.240, Éditions Labor, 1990)
     
  116. Au contraire de son contraire, le complexe d'infériorité n'est jamais gratuit.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.241, Éditions Labor, 1990)
     
  117. La science et l'ignorance, voilà deux prisons.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.244, Éditions Labor, 1990)
     
  118. Il n'a pas une grande facilité pour écrire, il a une grande difficulté à ne pas écrire.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.244, Éditions Labor, 1990)
     
  119. Si un maître dit, parlant de son disciple : « Je lui mis la main sur l'épaule pour le guider », il convient qu'il ajoute : « et pour qu'il me conduise. ».
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.250, Éditions Labor, 1990)
     
  120. L'oeil est-il un soleil, un miroir ou lui-même ?
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.257, Éditions Labor, 1990)
     
  121. Il se compromet, qui compromet.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.264, Éditions Labor, 1990)
     
  122. Les sciences sont des lunettes pour grossir les problèmes.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.268, Éditions Labor, 1990)
     
  123. Une pensée est la trajectoire d'une flèche, inséparable de la flèche.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.268, Éditions Labor, 1990)
     
  124. La science est l'art des accolades.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.270, Éditions Labor, 1990)
     
  125. L'amour tient aussi du défaut de scrupules.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.276, Éditions Labor, 1990)
     
  126. Je suis un système solaire. Malheureusement, je ne suis peut-être pas le seul.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.280, Éditions Labor, 1990)
     
  127. Les chats ont de la veine : l'obscurité ne les empêche pas de lire.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.281, Éditions Labor, 1990)
     
  128. Jamais une appréciation favorable ne m'est inspirée par la bienveillance pure ; si je loue quelque chose ou quelqu'un, c'est toujours avec l'intention précise ou vague de blâmer ailleurs.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.288, Éditions Labor, 1990)
     
  129. Il y a des gens à qui leur mort donne l'existence.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.289, Éditions Labor, 1990)
     
  130. Je m'objective.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.291, Éditions Labor, 1990)
     
  131. Beaucoup d'athées sont des gens qui sont très en colère après le Bon Dieu.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.291, Éditions Labor, 1990)
     
  132. La seule liberté concevable est la liberté envers soi-même.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.291, Éditions Labor, 1990)
     
  133. L'on veut être pour paraître.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.293, Éditions Labor, 1990)
     
  134. Les fenêtres s'ouvrent toujours sur elles-mêmes, et les mots sont des fenêtres.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.297, Éditions Labor, 1990)
     
  135. L'invisibilité est un moment de la vitesse et celle-ci un moment de la visibilité.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.300, Éditions Labor, 1990)
     
  136. Je suis très ennuyé par les gens qui s'ennuient et je les ennuierais volontiers.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.304, Éditions Labor, 1990)
     
  137. L'homme est un enfant qui s'est bouché.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.304, Éditions Labor, 1990)
     
  138. La bêtise est le meilleur des tremplins, tant pour celui qui l'observe que pour celui qui est bête.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.305, Éditions Labor, 1990)
     
  139. Avarice est prudence, et prudence avarice.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.305, Éditions Labor, 1990)
     
  140. C'est mon opinion ; et je ne la partage pas.
    [Clin d'oeil à Henri Monnier : « C'est mon opinion, et je la partage. » -GGJ]

    (Mes inscriptions (1943-1944), p.305, Éditions Labor, 1990)
     
  141. Pauvre petite tête d'homme amoureuse de bornes, pourquoi supposer l'infini serait-il supposer Dieu ?
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.306, Éditions Labor, 1990)
     
  142. Qui aime vraiment la vie ne peut haïr la mort.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.312, Éditions Labor, 1990)
     
  143. Un homme précis ou clair, dans la conversation ou la composition, possède en conséquence un avantage très important, - plus spécialement en fait de logique. Quand il développe une argumentation, son interlocuteur l'accepte parce qu'il la comprend parfaitement, et souvent pour cette seule raison. Très peu d'esprits, en réalité, peuvent apercevoir sur-le-champ la différence entre comprendre une proposition et soumettre leur esprit à la chose proposée. Heureux de comprendre, nous sommes souvent si excités que nous prenons cela pour un assentiment. Des écrivains lumineux peuvent ainsi se permettre longtemps sans être découverts, de purs sophismes. (Edgar Poe)
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.313, Éditions Labor, 1990)
     
  144. J'accepte que l'on soit rusé mais non que l'on soit fier de l'être, car user de la ruse est reconnaître des limites à sa puissance.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.314, Éditions Labor, 1990)
     
  145. L'homme serait probablement un animal assez supportable s'il consentait un peu moins à se laisser emmerder par ceux qui veulent faire son bonheur.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.316, Éditions Labor, 1990)
     
  146. Hélas ! hélas ! celui qui ne croit en rien crée un dieu, et celui qui croit en un dieu ne crée rien.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.317, Éditions Labor, 1990)
     
  147. Tu n'apportes rien.
    Mais si, j'apporte mes mains vides.

    (Mes inscriptions (1943-1944), p.331, Éditions Labor, 1990)