Albert Guinon
1863 - 1923
  1. En politique, la seule honnêteté possible est peut-être l'illusion.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 6 juin 1908)
     
  2. Les gens qui font constamment de l'ironie, même très spirituelle, sont aussi agaçants que ces chanteurs qui, avec une voix admirable, chantent pendant toute une soirée un demi-ton au-dessous.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 6 juin 1908)
     
  3. Certains ne sont sévères contre eux-mêmes que pour pouvoir plus librement rabaisser les autres.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 6 juin 1908)
     
  4. C'est un mélange très savoureux que d'avoir en même temps du laisser aller dans les manières et une parfaite correction dans les procédés.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 6 juin 1908)
     
  5. L'indulgence même que nous témoignons à l'envieux se retourne contre nous. C'est une qualité de plus qu'il ne peut pas nous pardonner.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 6 juin 1908)
     
  6. La plupart du temps, quand un célibataire d'âge mûr est amoureux d'une femme très jeune, c'est moins par libertinage que par une déviation du sentiment paternel resté, chez lui, sans emploi.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 6 juin 1908)
     
  7. Le besoin de l'autorité est si naturel à l'homme, que le premier acte de ceux qui se révoltent contre elle est de prendre un chef.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 6 juin 1908)
     
  8. Il arrive souvent que les indépendants aiment beaucoup moins l'imprévu que les réguliers de l'existence car, pour ceux-ci, l'imprévu est la seule forme de la liberté.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 6 juin 1908)
     
  9. L'automobile, pour l'homme, c'est de la vitesse; pour la femme, c'est quelquechose de plus, c'est une sorte d'évasion.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 6 juin 1908)
     
  10. La clairvoyance ne vous empêche pas d'aimer vos semblables; mais elle vous les fait aimer comme on aime les pauvres ou les infirmes.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 6 juin 1908)
     
  11. La dérogation au mariage qui bouleverse le moins le bon ordre social est encore l'adultère.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 6 juin 1908)
     
  12. Les partis pris des sceptiques sont les seuls vraiment intolérables.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 6 juin 1908)
     
  13. La diction est à l'interprète ce que la forme est à l'auteur.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 6 juin 1908)
     
  14. Chez certains, l'air distrait n'est qu'un moyen commode de ne pas avoir à saluer au passage ce qu'autrui dira de remarquable.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 6 juin 1908)
     
  15. La qualité essentielle de l'homme du monde, c'est l'indifférence.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 6 juin 1908)
     
  16. Le seul art qui puisse devenir vraiment populaire est la musique. Car, en musique, il n'est pas besoin de comprendre: il suffit que chacun sente à sa mesure.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 6 juin 1908)
     
  17. C'est pourquoi les oeuvres littéraires qui plaisent au peuple sont celles qui, par leur tour oratoire, lui rappellent le rythme musical.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 6 juin 1908)
     
  18. La vraie supériorité des gens du monde sur les petites gens, c'est de savoir discerner quand ils vous ennuient.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 6 juin 1908)
     
  19. Que de gens vous trouvent prétentieux, quand vous vous contentez de leur être supérieur!
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 6 juin 1908)
     
  20. Quand ils se mettent à être jaloux, les maris complaisants vont, du coup, jusque au crime. Ils précipitent toute leur jalousie en une fois.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 6 juin 1908)
     
  21. Pour le citadin, aimer vraiment la campagne, ce s'est pas en goûter les aspects, c'est en apprécier les occupations.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 6 juin 1908)
     
  22. Pour qui sait regarder, le nez est un des traits les plus parlants du visage. Certains nez sont honnêtes, d'autres sont équivoques ; il y a des nez vifs, des nez tranquilles des nez soupçonneux, des nez confiants, des nez qui semblent donner des ordres et des nez qui ont l'air de présenter des excuses. Ce qui fait la signification particulière du nez, c'est qu'il est peut-être le seul trait qui ne puisse se déguiser par un jeu de physionomie.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 6 juin 1908)
     
  23. Il est bien plus facile de rajeunir que de savoir vieillir.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 6 juin 1908)
     
  24. Le faux règne tellement en maître que, quand on va dire une chose juste et réfléchie, on s'en excuse d'avance en constatant qu'on va faire un peu scandale.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 6 juin 1908)
     
  25. Savoir le vrai sens des mots, voilà ce qui contribue le plus à vous donner des idées.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 6 juin 1908)
     
  26. Certes, on est son meilleur ami mais non pas toujours le plus sûr.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 6 juin 1908)
     
  27. Un même homme peut s'exprimer dans beaucoup de langues, il peut même penser dans plusieurs; mais sa vraie langue est celle dans laquelle il rêve.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 6 juin 1908)
     
  28. En face de certaines amitiés qu'on voit se nouer à la vie à la mort, on ne peut s'empêcher de penser quelle admirable brouille cela prépare !
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 6 juin 1908)
     
  29. Partois un seul mot révèle tout un caractère, comme un éclair suffit à illuminer tout un ciel.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 6 juin 1908)
     
  30. La civilisation consiste bien plus à créer des besoins nouveaux qu'à pouvoir les satisfaire.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 6 juin 1908)
     
  31. Parfois la passion nous élève, comme le navire monte sur la vague.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 6 juin 1908)
     
  32. En supprimant la guillotine, on supprime la seule chose qui pouvait contribuer à réhabiliter un assassin : la mort.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 6 juin 1908)
     
  33. Quelquefois, l'exactitude n'est qu'un besoin de se délivrer.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 6 juin 1908)
     
  34. Chez certains, le principal attrait de lapropriété n'est pas de jouir d'une chose qui leur appartient, mais plutôt d'en priver les autres.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 6 juin 1908)
     
  35. Une des plus grandes forces et une des plus grandes faiblesses de l'homme, c'est de tout ramener à ce qu'il connaît déjà.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 6 juin 1908)
     
  36. Quelquefois il faut plus d'énergie pour l'abstention que pour l'acte.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 6 juin 1908)
     
  37. Il arrive presque toujours qu'en analysant sa peine on l'augmente, et qu'en analysant son bonheur on le diminue.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 6 juin 1908)
     
  38. Les gens qui cherchent à établir des systèmes politiques ou sociaux sans tenir compte de la psychologie essentielle de l'homme ne sont pas des esprits généreux épris de progrès, mais de véritables malfaiteurs.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 6 juin 1908)
     
  39. Admirons Molière et Corneille en nous courbant; mais admirons Racine à genoux.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 6 juin 1908)
     
  40. Bien souvent, quand il nous arrive ce qu'on est convenu d'appeler un bonheur, nous nous en réjouissons uniquement pour ne pas avoir l'air de dédaigner ce qui ferait tant de plaisir aux autres.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 6 juin 1908)
     
  41. En général, les romanciers qui font du théâtre ont des qualités de premier acte.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 6 juin 1908)
     
  42. La plus belle carrière pour un écrivain, c'est de produire des ouvrages dont on discute passionnément les idées, mais non pas la valeur.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 6 juin 1908)
     
  43. Pour certains hommes le contact de la femme est délicieux, et sa présence insupportable.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 6 juin 1908)
     
  44. L'homme qu'une femme a le plus aimé est celui devant qui elle a honte de ses amants d'ensuite.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 6 juin 1908)
     
  45. Dans une liaison, quand l'un des deux amants est quitté par l'autre, il arrive parfois qu'il regrette moins d'être abandonné que d'avoir été devancé dans l'abandon.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 6 juin 1908)
     
  46. Il en est du talent littéraire comme de la voix : le grand point, c'est d'avoir les notes du milieu.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 6 juin 1908)
     
  47. Vu le nombre de ceux qui les obtiennent, les distinctions honorifiques sont presque toujours une leçon de modestie.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 6 juin 1908)
     
  48. Au théâtre, l'art vraiment supérieur consiste à ne jamais abuser d'une situation sûre, et à traiter ce. qui est facile par la difficulté.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 6 juin 1908)
     
  49. Rester soi-îmême en se donnant, voilà l'idéal d'une belle vie.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 6 juin 1908)
     
  50. Rien n'est plus intolérable qu'une canaille qui a bon coeur.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 6 juin 1908)
     
  51. Vieillir est horrible ; avoir vieilli doit être délicieux.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 6 juin 1908)
     
  52. Il y a des gens qui s'épuisent davantage à esquiver les responsabilités qu'à les encourir.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 6 juin 1908)
     
  53. Presque toujours, il y a aux brouilles des raisons profondes, et aux réconciliations des raisons superficielles.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 6 juin 1908)
     
  54. Nul ne devient, aussi facilement que l'indépendant la proie d'une habitude, parce qu'il est victime de cette illusion qu'il sera toujours libre d'en changer.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 6 juin 1908)
     
  55. La doctrine utilitaire est plus fausse encore qu'elle n'est basse. Car l'utilité des choses compte au dernier degré dans leur valeur. Le charbon est nécessaïre le diamant est inutile.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 6 juin 1908)
     
  56. L'artiste amateur n'est modeste au premier abord que pour se faire accepter plus facilement par les professionnels. Mais sa vanité intime reprend vite le dessus, la vanité de l'homme qui, au fond, pense honorer l'art en daignant y participer.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 6 juin 1908)
     
  57. Quelques politiciens seraient amusants comme des clowns si les destinées de la
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 6 juin 1908)
     
  58. France pouvaient faire un numéro de cirque.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 6 juin 1908)
     
  59. Le Français est plus travailleur; l'Anglais plus agissant.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 6 juin 1908)
     
  60. L'obstination dans les vétilles est une des formes de la mauvaise éducation.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 6 juin 1908)
     
  61. Parmi les auteurs aussi, il y a les pur-sang et les chevaux de service.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 6 juin 1908)
     
  62. Pour pouvoir aimer vraiment le peuple, il faut se tenir à distance de lui. On peut ainsi compatir à sa misère sans être offusqué par sa bassesse.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 6 juin 1908)
     
  63. La blague n'est souvent qu'une basse revanche contre ce qu'on ne peut pas s'empêcher de respecter.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 6 juin 1908)
     
  64. Combien de gens gaspillent dans la badauderie tout leur pouvoir de curiosité !
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 6 juin 1908)
     
  65. Dans une liaison, celui des deux amants qui rompt le premier est cruel mais, s'il ne rompt pas, combien il est plus cruel encore!
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 6 juin 1908)
     
  66. Quand il est bien entendu qu'on ne peut pas se corriger d'un défaut, on doit le porter sans fausse honte, - à la boutonnière.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 6 juin 1908)
     
  67. Ce que la démocratie a de grand, elle l'emprunte au catholicisme.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 6 juin 1908)
     
  68. La bonté supérieure ne consiste pas à penser du bien des gens, mais à en dire.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 6 juin 1908)
     
  69. Quelques auteurs dramatiques confondent la passipn avec l'engueulade.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 6 juin 1908)
     
  70. Au théâtre, les plus beaux rôles sont peut-être ceux qui excitent à la fois chez le spectateur, l'antipathie morale et l'intérêt intellectuel.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 6 juin 1908)
     
  71. De quel coeur on s'armerait contre l'injustice, si l'on n'était pas sûr d'avance qu'elle sera remplacée par une injustice équivalente!
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 6 juin 1908)
     
  72. Quand on passe par l'étranger, on évite ses compatriotes; quand on y séjourne, on les recherche.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 29 mai 1909)
     
  73. Quelques auteurs dramatiques disent du mal de Dumas fils comme on médit d'un créancier auquel on doit trop.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 29 mai 1909)
     
  74. Les Italiens sont souvent féminins, et les Italiennes sont souvent viriles.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 29 mai 1909)
     
  75. Venise vous saisit; Florence vous conquiert ; Rome vous pénètre.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 29 mai 1909)
     
  76. Quand on a tout le monde contre soi, c'est qu'on a tout à fait tort ou tout à fait raison.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 29 mai 1909)
     
  77. Un bon commerçant au détail est presque toujours un bon psychologue.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 29 mai 1909)
     
  78. Les pièces de théâtre réussissent quelquefois par leurs scènes accessoires; mais quand elles restent, c'est par leurs scènes principales.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 29 mai 1909)
     
  79. En entendant certains auteurs dramatiques parler de leur art, on croirait entendre une femme galante.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 29 mai 1909)
     
  80. Ce qui est exquis - et unique - en France, c'est ce qu'on pourrait appeler la moyenne de charme des femmes.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 29 mai 1909)
     
  81. Reposant exclusivement sur le choix, l'amitié est, de tous les sentiments, celui qui fait la plus grande part à l'égoïsme.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 29 mai 1909)
     
  82. II y a toute une catégorie de spectateurs auxquels le véritable auteur dramatique ne demande pas leur suffrage, mais seulement leur présence.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 29 mai 1909)
     
  83. L'argent n'est jamais dépensé inutilement, puisqu'il va toujours entre les mains de quelqu'un.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 29 mai 1909)
     
  84. Sur certaines questions essentielles, le plus grand cerveau doit tenir à honneur de sentir comme le petit épicier.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 29 mai 1909)
     
  85. Au théâtre, lorsqu'il faut absolument choisir entre l'invraisemblance matérielle et l'invraisemblance morale, l'art supérieur choisit toujours la première.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 29 mai 1909)
     
  86. Quand certaines femmes vous parlent de leur mari, on sent que ce n'est pas une façon de se mettre en garde, mais tout simplement une manière de vous encourager.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 29 mai 1909)
     
  87. L'auteur dramatique a le droit - et même le beau devoir - d'exposer, tout palpitant, son coeur d'homme. Mais les personnages de son oeuvre doivent être suffisamment déguisés pour qu'aux malotrus tentés de cligner de l'oeil en lui posant des questions il puisse répondre de très haut « Je ne vous, comprends pas !»
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 29 mai 1909)
     
  88. Pour éviter d'être méfiant, il faut savoir être secret.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 29 mai 1909)
     
  89. Souvent une oeuvre d'art ne heurte les gens ou les idées que pour mieux rebondir : ce qu'elle a heurté ne lui fait pas obstacle, mais tremplin.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 29 mai 1909)
     
  90. Seule, l'intelligence doit être payée cher, parce qu'elle est seule au monde à ne pouvoir être remplacée par une machine.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 29 mai 1909)
     
  91. N'être jamais content de soi est le comble de l'orgueil, puisqu'en somme c'est se mettre trop haut.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 29 mai 1909)
     
  92. Quelquefois l'affection que nous avons pour un ami s'épuise à essayer d'aimer aussi ceux qu'il aime.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 29 mai 1909)
     
  93. La supériorité de la religion catholique, c'est qu'elle est, à la fois, très rigoureuse sur le dogme et très flexible aux cas particuliers.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 29 mai 1909)
     
  94. Le but du vrai artiste étant bien plus de plaire que de s'enrichir, les gens qui marchandent l'éloge au talent sont les plus laids des avares.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 29 mai 1909)
     
  95. Les Italiens ne donnent la nuance que dans les choses de pure finesse. Dans la passion, ils donnent toute l'intensité en une fois.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 29 mai 1909)
     
  96. Le théâtre ne corrige pas les moeurs : il aime mieux les refléter.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 29 mai 1909)
     
  97. Les promesses formelles sont celles auxquelles on manque le plus facilement. L'énergie avec laquelle on les formule vous semble déjà une façon de les tenir.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 29 mai 1909)
     
  98. Le plus sûr moyen de ne pas se brouilier avec les gens, c'est de les aimer sans excès.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 29 mai 1909)
     
  99. Avec les femmes, dans la jeunesse, on est contrit de ses défaites, et, dans l'âge mûr, de ses victoires.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 29 mai 1909)
     
  100. Quelle poignante expression que l'expression « gagner sa vie ! »
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 29 mai 1909)
     
  101. En art, la copie servile de la réalité est la plus pauvre dès maladresses. Rien n'est plus scrupuleusement exact que la photographie instantanée d'un cheval lancé au galop; or il semble à la fois immobile et estropié.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 29 mai 1909)
     
  102. Il y a des gens qui rendent l'amitié aussi orageuse que l'amour, sans la beauté de la passion.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 29 mai 1909)
     
  103. On trouve beaucoup de femmes qui sont franches; on n'en trouve guère qui soient précises.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 29 mai 1909)
     
  104. En art dramatique, les mots scène longue, scène courte, sont des mots vides de sens. Une scène décrit sa trajectoire ou ne la décrit pas, voilà tout.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 29 mai 1909)
     
  105. Chez certains, le métier de critique n'est que la forme aigrie du renoncement.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 29 mai 1909)
     
  106. La classe populaire, quand elle cesse de lutter pour des idées et ne revendique plus que du bien-être, est incapable de faire une vraie révolution. La première forme du bien-être, c'est de ne pas risquer sa peau.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 29 mai 1909)
     
  107. Au lieu d'en être sottement flatté, l'homme vraiment digne de ce nom est agacé qu'on lui prête une bonne fortune qu'il n a pas eue. Il lui semble que cela fait tort à toutes celles qu'il a eues réellement.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 29 mai 1909)
     
  108. Quand une femme dit d'un homme « C'est lui le seul qui m'aime », on peut être à peu près sûr que c'est celui-là qu'elle n'aime pas.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 29 mai 1909)
     
  109. Chez beaucoup, la fidélité en amitié n'est qu'une sorte de paresse du coeur.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 29 mai 1909)
     
  110. En amour, l'avenir est toujours atroce.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 29 mai 1909)
     
  111. La plus irréductible de toutes les haines est la haine par différence.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 29 mai 1909)
     
  112. C'est surtout quand les gens nous sentent très indifférents à leur opinion qu'ils sont enclins à nous être favorables. C'est, pour eux, le seul moyen de s'assurer notre attention.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 29 mai 1909)
     
  113. Une femme qui s'éprend de nous, quand nous avons passé un certain âge, aime surtout en nous notre passé d'amour.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 29 mai 1909)
     
  114. L'habileté la plus redoutable est l'habileté austère.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 29 mai 1909)
     
  115. Le véritable orgueil est tellement rare qu'il passe pour de la modestie.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 29 mai 1909)
     
  116. Habituons les enfants à faire le bien sans réfléchir. C'est plus sûr.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 29 mai 1909)
     
  117. Toute mise va bien aux Parisiennes. Quand la mode est gracieuse, elles sont charmantes par harmonie ; quand la mode est sans grâce, elles sont charmantes par contraste.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 29 mai 1909)
     
  118. Chaque amour nouveau, c'est comme un voyage à l'étranger.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 29 mai 1909)
     
  119. On peut aimer plusieurs fois, mais on ne fait qu'une fois la découverte énivrée de son propre coeur.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 7 mai 1910)
     
  120. Certains faux habiles perdent leur temps et leur peine à essayer en vain de ramener leurs ennemis, au lieu de s'appuyer sur ces inimitiés mêmes pour accroître le nombre de leurs amis.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 7 mai 1910)
     
  121. En somme, il n'y a guère de différence entre les gouvernants d'une république et ceux d'une monarchie, car les uns et les autres sont bien moins les ministres de deux régimes opposés que les gérants d'un
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 7 mai 1910)
     
  122. état social qui est le même.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 7 mai 1910)
     
  123. Rien n'est plus joli qu'une jolie comparaison, car elle jette de la poésie sur de la justesse.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 7 mai 1910)
     
  124. L'avare est presque toujours opiniâtre; car l'avarice est déjà un entêtement.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 7 mai 1910)
     
  125. Ce qu'il y a au monde de plus âprement énergique, c'est un homme très patient qui a fixé une limite à sa patience.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 7 mai 1910)
     
  126. En France, on prend facilement pour lyrique ce qui n'est que déclamatoire.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 7 mai 1910)
     
  127. L'esprit humain est ainsi fait et c'est peut-être son honneur qu'il préfère une explication fausse à l'absence d'explication,
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 7 mai 1910)
     
  128. L'Anglais aime se servir des choses le Français aime les posséder et les réserver.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 7 mai 1910)
     
  129. Dans une oeuvre de théâtre, on peut être aussi fin qu'on veut, pourvu que ce soit dans le direct.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 7 mai 1910)
     
  130. Une dépense faite par autrui sous les yeux de l'avare lui devient presque une souffrance personnelle.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 7 mai 1910)
     
  131. Les gens qui ne peuvent pas supporter la solitude sont précisément les moins agréables des compagnons.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 7 mai 1910)
     
  132. La grâce anglaise garde toujours un peu de brusquerie.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 7 mai 1910)
     
  133. Il y a quelque chose de pire que les trouble-fête, ce sont les trouble-rêve.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 7 mai 1910)
     
  134. Savoir clarifier et limiter, c'est l'essence même de l'auteur dramatique.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 7 mai 1910)
     
  135. Ce qui fit, de tout temps, la grandeur française, ce fut un mélange presque miraculeux d'idéalisme et de bon sens. Ce dosage sans pareil existe-t-il encore?
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 7 mai 1910)
     
  136. L'homme vraiment digne de ce nom, quand il cesse d'être aimé d'une femme, espère au moins cette dernière joie d'être détesté par elle.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 7 mai 1910)
     
  137. Dans une oeuvre de théâtre, la force la plus rare et la plus belle, la vraie force enfin, est la force interne.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 7 mai 1910)
     
  138. Se mettre au-dessus de ce que pensent les autres, voilà la meilleure forme de la tolérance.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 7 mai 1910)
     
  139. L'amour de l'argent, tant décrié chez la femme galante, est cependant le seul lien qui la rattache à la vie régulière.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 7 mai 1910)
     
  140. Il y a des gens avec qui l'on voudrait être lié rien que pour avoir la joie de se brouiller avec eux.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 7 mai 1910)
     
  141. Le théâtre est un jeu particulier où la première des règles est une continuelle tricherie.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 7 mai 1910)
     
  142. Ce qu'il y a d'exquis dans la danseuse, c'est que, chez elle, le talent implique presque fatalement la grâce.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 7 mai 1910)
     
  143. L'art supérieur consiste à se refuser certains moyens d'expression.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 7 mai 1910)
     
  144. Quand on aime, si l'on n'est pas malheureux, ça n'est pas vraiment de l'amour.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 7 mai 1910)
     
  145. L'avarice et le jeu n'inspirent que des pièces de théâtre sans vraie beauté, parce que ce sont des passions solitaires.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 7 mai 1910)
     
  146. Certains amis ont la rage de vous prodiguer leurs consolations pour des malheurs que vous n'avez pas eus.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 7 mai 1910)
     
  147. Lorsqu'on quitte une femme avec fureur, on la reprend presque toujours.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 7 mai 1910)
     
  148. Pourquoi faut-il que la jeunesse ait le privilège des illusions, elle qui pourrait si bien s'en passer ?
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 7 mai 1910)
     
  149. Il y a des écrivains qui vivent dans une tour d'ivoire, mais qui ont soin d'y installer une boutique. On en cite même qui ont une demoiselle de magasin.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 7 mai 1910)
     
  150. Une des choses les plus exquises du monde, c'est la timidité du coeur chez un homme à bonnes fortunes.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 7 mai 1910)
     
  151. La démocratie a le plus bas des idéals, qui est de ne décourager personne.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 7 mai 1910)
     
  152. Quelle forte saveur a le caractère italien, à la fois passionné, fataliste, et roublard !
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 7 mai 1910)
     
  153. La plupart du temps, chez un critique, la partialité ne vient point d'un sentiment bas : elle est l'instinctif soubresaut de l'auteur qui s'agite en lui.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 7 mai 1910)
     
  154. Le point d'honneur n'existe qu'entre gens d'une même catégorie sociale.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 7 mai 1910)
     
  155. Dans les pays de soleil, la pluie a l'air d'un châtiment.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 7 mai 1910)
     
  156. Certains auteurs écrivent des ouvrages trop longs dont tous les développements sont trop courts.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 7 mai 1910)
     
  157. Cette assertion que « les amis de nos amis sont nos amis » supprime simplement ce qui est l'essence même de l'amitié, c'est-à-dire le choix.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 7 mai 1910)
     
  158. Ce qu'il y a d'exquis dans les voyages, c'est qu'on y goûte des plaisirs d'homme avec l'intensité naïve des joies d'enfant.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 7 mai 1910)
     
  159. Il semble que le rôle de certains diplomates soit de solenniser les coups de pied reçus par leur pays.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 7 mai 1910)
     
  160. L'avare est souvent amateur d'antiquités; elles caressent son regard comme des économies faites par le temps.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 7 mai 1910)
     
  161. Les grands orgueilleux ne daignent pas lutter pour leur intérêt.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 7 mai 1910)
     
  162. Si les Anglais furent les premiers à réhabiliter le comédien et à lui donner la place qu'il mérite, c'est-à-dire celle de tout le monde, ce fut, pour une grande part, l'hommage d'un peuple sportif à une profession dont la base est, en somme, essentiellement corporelle.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 7 mai 1910)
     
  163. Certains yeux de femme sont des chercheurs d'impossible.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 7 mai 1910)
     
  164. En général, les sports font le jeune Anglais digne et le jeune Français vulgaire.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 7 mai 1910)
     
  165. Lorsqu'il ne peut se dispenser de payer, le vrai avare préfère s'acquitter tout de suite, de même que, dans certaines séparations, l'on souffre moins cruellement quand l'objet aimé est parti que quand il est encore là.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 7 mai 1910)
     
  166. Il y a des moments où l'on traverse, vis-à-vis de ses amis, ce qu'on pourrait appeler des crises d'indifférence.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 7 mai 1910)
     
  167. Le théâtre étant un art essentiellement logique, toute critique qui ne s'appuie pas sur un raisonnement n'est qu'une fantaisie personnelle à laquelle l'auteur est en droit d'opposer la fantaisie contraire.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 7 mai 1910)
     
  168. Dans un pays, un mouvement religieux n'est décisif que s'il se confond avec un mouvement national.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 7 mai 1910)
     
  169. Socialement, l'ouvrier doit être aussi loin de l'idole qu'on encense que de l'animal qu'on attelle.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 7 mai 1910)
     
  170. Il y a des gens qui, au lieu d'écouter ce qu'on leur dit, écoutent déjà ce qu'ils vont dire.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 7 mai 1910)
     
  171. À la dernière des femmes la pudeur vient avec l'amour.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 7 mai 1910)
     
  172. Souvent, que de tendresse de coeur chez les violents d'esprit !
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 7 mai 1910)
     
  173. Il y a des carrières littéraires qui sont truquées comme de faux objets d'art.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 7 mai 1910)
     
  174. Ne nous hâtons pas trop de croire à la malfaisance des gens: souvent, ce qui serait une méchanceté dans notre bouche n'est qu'une bêtise dans la leur.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 7 mai 1910)
     
  175. Pour pouvoir être vraiment juste, il est nécessaire de vivre seul.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 7 mai 1910)
     
  176. Dans bien des cas, rien n'est plus souhaitable qu'un amour sans espoir; au moins, on est tranquille.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 7 mai 1910)
     
  177. En art, pour être original, il faut être de quelque part.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 7 mai 1910)
     
  178. Certains bas esprits se disent libérés. Oui, comme des forçats !
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 7 mai 1910)
     
  179. En art et en lettres, la volonté d'innover conduit presque roujours à un résultat piteux. Le vrai novateur ne sait pas qu'il innove. Quelquefois même, il croit imiter.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 7 mai 1910)
     
  180. Dans certains cas, le fait qu'on le croie capable de donner de l'argent est, pour l'avare, une véritable injure, exactement comme pour l'homme normal, le fait qu'on le croie capable de n'en pas donner.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 7 mai 1910)
     
  181. Il y a des gens qui battent monnaie, même avec leur ridicule.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 7 mai 1910)
     
  182. Quelques auteurs dramatiques, qui passent pour particulièrement adroits dans leur art, ne sont pas plus adroits que tels autres. Mais ils n'ont que de l'adresse, et ça se voit davantage.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 7 mai 1910)
     
  183. Pour jouir profondément de l'amour, il faut savoir être un peu jobard.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 7 mai 1910)
     
  184. Les femmes qui font des métiers masculins ne sauraient prétendre à occuper une place d'homme tout en continuant à recueillir les hommages spéciaux qu'on accorde aux femmes et qui ne sont que l'habituelle rançon d'une infériorité prétendue.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 7 mai 1910)
     
  185. Le bluff n'a jamais été une chose française, - excepté quand il devient de l'héroïsme !
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 7 mai 1910)
     
  186. Toute habitude est un empoisonnement.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 7 mai 1910)
     
  187. L'ignoble boue des villes semble de la fange humaine, tandis que la boue de la campagne rappelle encore la bonne terre nourricière.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 7 mai 1910)
     
  188. Dès qu'on a le sentiment du ridicule dans la passion, c'est que la passion n'existe plus.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 7 mai 1910)
     
  189. L'avare éprouve à la fois tous les soucis du riche et tous les tourments du pauvre.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 7 mai 1910)
     
  190. Il ne faut jamais perdre de vue que les lois sont édictées, non pas au nom de la morale, mais au nom de l'ordre.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 7 mai 1910)
     
  191. Rien n'égale la modestie des auteurs très féconds, puisque, dans le pêle-mêle de leurs travaux, ils confient au public le soin d'un triage qu'ils ne se reconnaissent pas capables de faire eux-mêmes.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 7 mai 1910)
     
  192. Il ne faut pas que la bonté privée s'aveulisse en relâchement social.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 7 mai 1910)
     
  193. Quand on donne un ordre, on peut presque toujours le corriger d'un sourire.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 7 mai 1910)
     
  194. Les fils d'hommes connus qui embrassent la même carrière que leur papa ont besoin d'un grand tact un peu à la façon de ces jeunes acrobates qui se maintiennent en équilibre sur la tête glissante de leur père.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 7 mai 1910)
     
  195. Chez un écrivain, l'autorité est quelque chose de plus hautemeut personnel que le talent, car le talent n'est qu'un des éléments qui la composent.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 7 mai 1910)
     
  196. Avec leurs reflets dorés, les vieux palais romains ont la beauté des couchers de soleil.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 7 mai 1910)
     
  197. Dans une église, l'incroyant d'âme délicate se confie en quelque sorte à ceux qui prient.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 7 mai 1910)
     
  198. La conception militaire des socialistes, c'est la nation armée - et ne se battant pas.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 7 mai 1910)
     
  199. Quand le Français regarde une femme, c'est un hommage qu'il lui rend ; quand un Italien la regarde, c'est un hommage qu'il a l'air de se rendre à lui-même.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 7 mai 1910)
     
  200. On peut être amoureux du charme que dégage une femme sans être amoureux de sa personne...
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 7 mai 1910)
     
  201. Par le suffrage universel, la plèbe domine les autres classes sans pouvoir se dominer elle-même.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 7 mai 1910)
     
  202. On aime sa France - la France de l'Histoire - glorieuse et rieuse, auguste et charmante, orageuse et tendre, d'un amour qui est plus que le simple patriotisme.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 7 mai 1910)
     
  203. On aime sa France à la fois comme une mère et comme une petite femme.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 7 mai 1910)
     
  204. Ce qu'il y a de très savoureux chez les méridionaux, c'est qu'ils ont renversé les conditions ordinaires du mensonge : chez eux, c'est le menteur qui croit ce qu'il dit et l'auditeur qui ne le croit pas.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 6 mai 1911)
     
  205. Quand ils cherchent à deviner quelle impression nous avons d'eux, les gens arrivent à tout prévoir, sauf qu'ils nous ennuient.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 6 mai 1911)
     
  206. Ainsi qu'on fait une saison d'eaux, il est des femmes à l'égard de qui il faut faire, de temps à autre, une saison d'indifférence.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 6 mai 1911)
     
  207. La vie en société est ainsi faite qu'on est obligé d'avoir trois sortes d'amis : les amis qu'on aime, les amis qu'on n'aime pas et les amis qu'on ne peut pas souffrir.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 6 mai 1911)
     
  208. L'amitié avec quelqu'un qui a des relations très nombreuses est rarement agréable. Même quand il vient seul, il amène trop de monde avec lui.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 6 mai 1911)
     
  209. Comparé au solide orgueilleux, le vaniteux a la faiblesse équivoque de la femme habillée en homme.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 6 mai 1911)
     
  210. En art, un beau succès vaut mieux qu'un gros succès.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 6 mai 1911)
     
  211. Il est agréable de donner de l'argent, il est insupportable de payer.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 6 mai 1911)
     
  212. L'art ne doit, pas s'absorber dans les faits, mais seulement s'y appuyer.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 6 mai 1911)
     
  213. La souffrance d'amour exalte l'homme dans la jeunesse; et, dans la vieillesse, elle le rajeunit. Mais, dans l'âge mûr, elle le supprime.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 6 mai 1911)
     
  214. Chez les gens vraiment spirituels, l'esprit n'est que le sourire du bon sens.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 6 mai 1911)
     
  215. Il y a beaucoup de façons de gouverner mal; il n'y en a guère qu'une de gouverner bien.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 6 mai 1911)
     
  216. Un des signes les plus sûrs de l'homme vraiment courageux, c'est qu'il prête naturellement du courage à tout le monde.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 6 mai 1911)
     
  217. Les hommes très inexacts ont fréquemment une nature de femme.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 6 mai 1911)
     
  218. Une des plus graves erreurs des sceptiques est de croire que l'indifférence est la meilleure condition pour voir juste.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 6 mai 1911)
     
  219. Le résultat le plus fréquent de l'indifférence, c'est un aveuglement continuel et doux.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 6 mai 1911)
     
  220. Presque toujours, le défaut des gens qui sont partis de très bas, c'est qu'ils sont d'un entêtement intolérable.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 6 mai 1911)
     
  221. Il sied d'en finir avec cette convention facile qui tend à comparer nos militants socialistes aux premiers chrétiens. Les premiers chrétiens avaient soif des joies
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 6 mai 1911)
     
  222. éternelles, tandis que nos socialistes demandent simplement de l'augmentation.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 6 mai 1911)
     
  223. C'est sur les données des écrivains observateurs de la nature humaine que devrait travailler le législateur. Nous sommes faits pour jeter la semence psychologique des lois.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 6 mai 1911)
     
  224. Une femme discerne bien rarement quand on lui fait une scène de jalousie par politesse.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 6 mai 1911)
     
  225. Au point de vue social, un manque de tenue est souvent pire qu'un manque de conduite.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 6 mai 1911)
     
  226. Le pacifisme ne serait vraiment une noble doctrine que si l'on était pacifiste par générosité pour l'adversaire, et non par crainte pour soi-même.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 6 mai 1911)
     
  227. Où la Française s'en tire avec de la finesse, l'Anglaise s'en tire avec du quant-à-soi.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 6 mai 1911)
     
  228. La femme du peuple est essentiellement modérée et conservatrice. En vain, croirat-on prouver le contraire en alléguant que, dans certaines grèves, il arrive que sa violence dépasse encore celle de l'homme. La fureur combative de la femme du peuple, dans une grève, n'est, la plupart du temps, que le désespoir de n'avoir pu l'empêcher.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 6 mai 1911)
     
  229. Par une simple exagération de leur zèle cordial, ceux qui nous aiment voient souvent un malheur dans ce qui nous arrive d'heureux.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 6 mai 1911)
     
  230. L'habitude de vivre seul diminue la fidélité aux sentiments et augmente la fidélité aux idées.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 6 mai 1911)
     
  231. Si les gens capables d'attention sont tellement rares, c'est que l'attention est déjà un don de soi.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 6 mai 1911)
     
  232. Nulle part la hiérarchie n'est plus implacable que dans le peuple.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 6 mai 1911)
     
  233. Certains auteurs dramatiques sont uniquement des auteurs pour pièces en un acte. Leurs pièces en un acte en ont quelquefois plusieurs, voilà tout.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 6 mai 1911)
     
  234. Grâce à l'instruction, il y a moins d'illettrés, et plus d'imbéciles.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 6 mai 1911)
     
  235. Ne nous moquons jamais des gens qui croient au merveilleux. En fait de miracle, laissons chacun croire ce que son pauvre coeur désire.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 6 mai 1911)
     
  236. Le fruste plébéien est d'une honnêteté ou d'une malhonnêteté totales. Les gens des classes plus élevées, au contraire, glissent de l'habitude des nuances intellectuelles à l'habitude des nuances morales, c'est-à-dire à la pratique des petites vilenies intermédiaires.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 6 mai 1911)
     
  237. La passion de la courtisane amoureuse a parfois la violence désolée d'un suicide.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 6 mai 1911)
     
  238. La meilleure chance qu'on ait encore trouvée de ne pas être battu, c'est de se battre.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 6 mai 1911)
     
  239. Les auteurs nerveux restent, en vieillissant, égaux à eux-mêmes. Car leurs nerfs, en s'apaisant, les enrichissent.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 6 mai 1911)
     
  240. La plus jolie marque du courage, c'est précisément d'accepter des risques auxquels il pourrait logiquement se soustraire.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 6 mai 1911)
     
  241. Sauf quelques exceptions clairsemées à travers les siècles, les auteurs très féconds travaillent contre leur propre situation artistique. À valeur égale, la qualité des oeuvres paraît plus haute lorsque la quantité en est moindre.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 6 mai 1911)
     
  242. L'amour que nous porte une femme beaucoup plus jeune que nous a, pour notre coeur, même en pleine joie, toute l'angoisse d'une agonie.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 6 mai 1911)
     
  243. Tels romanciers qui se hasardent ou qui s'acharnent à écrire des pièces et qui déplorent naïvement « les nécessités du théâtre » ne soupçonnent pas qu'ils méconnaissent toute une part de sa beauté. Car la meilleure parure d'un art est dans ses contraintes, comme la plus fine grâce d'une femme est dans sa pudeur.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 6 mai 1911)
     
  244. Dans les sports, l'Anglais cherche la joie physique, et le Français l'ivresse de la bataille.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 6 mai 1911)
     
  245. Dans une scène décisive, une réplique mal placée suffit parfois à engorger la scène entière, comme il suffit d'un caillot de sang pour arrêter toute la circulation.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 6 mai 1911)
     
  246. Les femmes habituées à plaire prennent facilement, chez un homme, l'indifférence pour de la timidité.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 6 mai 1911)
     
  247. Il y a des gens qui se flattent d'avoir bien travaillé, lorsqu'ils ont travaillé mal à beaucoup de choses.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 6 mai 1911)
     
  248. Les vrais indépendants sont rarement méchants. Pour être méchant, il faut déjà prendre sur sa liberté.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 6 mai 1911)
     
  249. Dire qu'à l'apparition des deux ouvrages, la Phèdre de Pradon fut préférée à celle de Racine!... Méditons cet exemple entre mille; et gardons une sage réserve dans la joie que nous inspire le succès même celui des autres.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 6 mai 1911)
     
  250. La forme de Racine est parfois flottante, mais elle se condense à chaque instant et s'accentue en une précision sans égale.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 6 mai 1911)
     
  251. Elle rappelle ces robes féminines un peu lâche qui savent si bien accuser, aux bons moments, la ferme beauté des contours.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 6 mai 1911)
     
  252. Les femmes de certains écrivains doivent joindre à l'amour conjugal toute l'indulgence endolorie des mères d'infirmes.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 6 mai 1911)
     
  253. En général, l'optimiste a le coeur sec, parce qu'il est décidé à ne s'embarrasser de rien.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 6 mai 1911)
     
  254. Le trait distinctif d'un régime de liberté, c'est que c'est celui sous lequel il faut interdire le plus de choses.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 6 mai 1911)
     
  255. Rien n'a fait plus de tort à Marivaux - ce neveu souriant de Racine - que l'invention du mot « marivaudage ».
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 6 mai 1911)
     
  256. Les hommes de haute valeur qui, par une fausse acception de la largeur d'esprit, se sont éloignés du patriotisme, finissent toujours par y revenir..
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 6 mai 1911)
     
  257. Les pires maladresses sont souvent les plus raisonnables.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 6 mai 1911)
     
  258. En général, quand un malheur arrive, la bassesse humaine le pardonne moins facilement à celui qui a été l'occasion qu'à celui qui a été la cause.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 6 mai 1911)
     
  259. Le charme le plus aigu des femmes est souvent fait d'avoir tort.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 6 mai 1911)
     
  260. Il y a des gens qu'on n'aime plus et que, cependant, on aime encore : on s'attache à eux comme à un tombeau.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 6 mai 1911)
     
  261. La plupart du temps, nous plaignons, non pas ceux qui sont malheureux, mais ceux qui comprennent le bonheur autrement que nous. Et notre compassion est encore de l'égoïsme.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 6 mai 1911)
     
  262. Le théâtre, c'est la proportion dans l'exagération.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 6 mai 1911)
     
  263. Les réponses des femmes sont parfois à redouter, mais jamais autant que leurs silences.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 6 mai 1911)
     
  264. L'aveugle est généralement serein, car la condition même de sa vie est la confiance et le sourd est généralement sombre, parce qu'il demeure juste assez armé pour être défiant.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 6 mai 1911)
     
  265. Le visage des sourds a l'air d'une horloge qui ne serait jamais à l'heure.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 6 mai 1911)
     
  266. Je me sens plus près d'un animal de France que d'un homme étranger.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 6 janvier 1912)
     
  267. Introduire des habiletés scéniques dans l'art dramatique de forme classique, c'est le dégrader. Le cristal veut le moins possible de monture.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 6 janvier 1912)
     
  268. Quand nous aimons une femme beaucoup plus jeune que nous, nous éprouvons comme un plaisir attendri à la voir malade. Il nous semble que sa chère fatigue vient compenser délicatement notre âge.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 6 janvier 1912)
     
  269. Au théâtre, les écrivains de passion savent passionner même le comique.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 6 janvier 1912)
     
  270. De même que les journaux les plus influents ont souvent un tirage assez limité, de même les pièces de théâtre qui ont la plus grande portée artistique ont souvent un nombre assez restreint de représentations.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 6 janvier 1912)
     
  271. La conscience littéraire est un étau qui ne nous lâche pas mais c'est un étau d'or pur.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 6 janvier 1912)
     
  272. Le patriotisme qui raffine cherche déjà des excuses...
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 6 janvier 1912)
     
  273. L'intelligence - qui supplée à tant de choses - ne peut suppléer ni au charme, ni à la sensibilité. Bien au contraire, plus elle s'y efforce, plus elle s'en éloigne.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 6 janvier 1912)
     
  274. Tout se tient. Certaines pièces de théâtre, ronflantes et trépidantes, d'un mauvais goût écrasant, d'un faux lyrisme à faire trembler les vitres, sont bien les soeurs dramatiques de l'autobus.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 6 janvier 1912)
     
  275. Dans le peuple, les différends conjugaux s'enveniment beaucoup moins que dans le monde, parce qu'on y a moins de loisirs.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 6 janvier 1912)
     
  276. Dans une pièce de théâtre, la familiarité primesautière de certains détails doit être encadrée par la rigueur volontaire de l'ensemble.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 6 janvier 1912)
     
  277. Dans la vie intime, certaines femmes avisées, délicates et douces sont à côté de nous comme des lampes.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 6 janvier 1912)
     
  278. Quand la trop jeune femme, aimée par nous dans notre âge mûr, nous déclare gentiment que « les cheveux gris adoucissent les traits », cette simple phrase nous tombe sur le coeur comme un coup! Qu'as-tu donc de commun avec la douceur, ô amour, toi le triomphe du plus dur instinct?...
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 6 janvier 1912)
     
  279. Dans le théâtre classique, la nuance la plus subtile est encore à base de force. Il est impossible d'être plus fin que Marivaux mais il est fin comme est l'acier.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 6 janvier 1912)
     
  280. Chez quelques comédiens roublards, la nonchalance semble de la puissance qui se retient.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 6 janvier 1912)
     
  281. Un peuple qui a la liberté de la presse et la liberté du théâtre arrive à tout supporter de ses gouvernants. Car ces libertés-là sont comme le virus atténué des révolutions.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 6 janvier 1912)
     
  282. En France, l'humour dramatique - importation essentiellement étrangère - n'est, bien souvent, que de l'esprit qui n'aboutit pas - quelque chose comme de l'esprit sourd-muet.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 6 janvier 1912)
     
  283. Il y a une fausse prospérité qui est pour les peuples ce que l'obésité est pour les individus.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 6 janvier 1912)
     
  284. Un homme d'État gouverne avec son caractère bien plus qu'avec ses opinions.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 6 janvier 1912)
     
  285. Les comédiens de premier ordre interprètent le personnage d'un rôle; les autres interprètent le rôle du personnage.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 6 janvier 1912)
     
  286. La grande force du peuple anglais, c'est qu'il a le culte d'un certain nombre d'idées essentielles, et, cependant, contradictoires.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 6 janvier 1912)
     
  287. Il y a une mauvaise éducation qui n'est que de la timidité agressive.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 6 janvier 1912)
     
  288. Qnand on veut écrire une oeuvre de théâtre d|gne de ce nom, il faut supposer qu'on travaille en vue d'une lointaine reprise.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 6 janvier 1912)
     
  289. La vérité, mot vide de sens. Il faut des vérités diverses pour les différents degrés d'intelligence.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 6 janvier 1912)
     
  290. Les gens à muscles ont souvent une sorte de fraîcheur morale. Il y a ce qu'on pourrait appeler l'ingénuité sportive.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 6 janvier 1912)
     
  291. Ce qu'il y a d'exquis dans la grâce parisienne, c'est qu'elle est justement la grâce française poussée jusqu'à sa fleur.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 6 janvier 1912)
     
  292. Il y a tel auteur de qui le public accueille tout en souriant d'avance - un peu comme les rois de jadis s'amusaient de tout ce que lançaient leurs fous, ou comme on admet tout d'un petit animal familier.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 6 janvier 1912)
     
  293. Le patriotisme des Anglais a une sorte de gravité violente.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 6 janvier 1912)
     
  294. Il est très difficile de fixer exactement, chez l'être humain, l'époque de l'âge de raison. Il est vrai que, pour l'âge de déraison, il n'y a que l'embarras du choix.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 6 janvier 1912)
     
  295. S'apitoyer sur le compte des gens dont on ne peut soulager la misère n'est, la plupart du temps, qu'une forme de la lâcheté.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 6 janvier 1912)
     
  296. Les humoristes sont les taquins de l'intelligence.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 6 janvier 1912)
     
  297. Le grand théâtre consiste à ajouter aux propos que les personnages tiendraient dans la vie certains propos qu'ils ne tiendraient pas. Car son rôle est non seulement de reproduire les discours des êtres, mais aussi de leur extirper leurs vraies pensées.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 6 janvier 1912)
     
  298. Il n'y a pas beucoup de gens réellement méchants. La vraie méchanceté, la méchanceté terrible, se fonde dans le dédaint ; et bien peu savent dédaigner.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 6 janvier 1912)
     
  299. En dépit de la vaine apparence, l'originalité n'est, généralement, que de la logique supérieure. Et c'est justement ce qui la rend trop forte pour l'illogisme effaré des esprits médiocres.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 6 janvier 1912)
     
  300. Une des plus grandes joies féminines, c'est d'inquiéter.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 6 janvier 1912)
     
  301. La plupart du temps, dans l'art dramatique classique - c'est-à-dire l'art par excellence - le dénouement est net comme un tour de clef qui ferme la pièce sur hier et l'ouvre sur demain,
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 6 janvier 1912)
     
  302. Ne pas tolérer certaines offenses qui, au fond; nous laissent indifférents, c'est précisément toute la noblesse du point d'honneur.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 6 janvier 1912)
     
  303. L'observateur qui a démêlé les petitesses morales de ses amis, ne les en aime pas moins ; mais eux lui en veulent de se sentir pénétrés.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 6 janvier 1912)
     
  304. En art dramatique, il y a tel succès dont on félicite un confrère, tout en ayant froid dans le dos à la seule pensée d'être à sa place.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 6 janvier 1912)
     
  305. Le goût effréné de certains hommes craintifs pour le spectacle des sports violents est du plus savoureux comique : on dirait qu'ils se font une moyenne de courage sur le dos des autres...
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 6 janvier 1912)
     
  306. Le peuple allemand, quand, on refuse son amitié, éprouve l'étonnement naïf du parvenu qui n'admet pas qu'on l'évite.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 6 janvier 1912)
     
  307. Souvent les défauts d'un ami ne nous apparaissent que quand nous le voyons avec un autre de ses amis.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 6 janvier 1912)
     
  308. Nos amis s'imaginent assez volontiers que nous sommes aimés d'eux seuls, pour pouvoir se donner l'affectueuse illusion d'être nos champions contre les autres.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 6 janvier 1912)
     
  309. Quand il s'agit de pièces de théâtre, à travers bluffs, boniments et mirages, une seule loi s'impose, invincible, inéluctable; il y a les pièces qu'on oublie quand elles ont quitté l'affiche, et celles qu'on n'oublie-pas.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 6 janvier 1912)
     
  310. Les hommes ont une peur insurmontable de la vérité : ils restent, pendant toute leur vie de grands enfants qui jouent à cache-cache.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 6 janvier 1912)
     
  311. Un des plus sûrs moyens de plaire aux femmes, c'est de se montrer, à leur égard, l'opposé des hommes de leur monde.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 6 janvier 1912)
     
  312. Dans une comédie d'observation, il peut y avoir comme un lyrisme de la clairvoyance.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 6 janvier 1912)
     
  313. Dans bien des cas, la vraie tolérance n'est pas de savoir comprendre, mais de savoir y renoncer.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 6 janvier 1912)
     
  314. Il est un certain théâtre qui esquive constamment les situations décisives, tandis que l'art supérieur consiste les évoquer, à les inventer au besoin, et à les aborder pleinement dans toute leur âpreté meurtrissante, mais aussi avec tous leurs beaux avantages. Laissons à d'autres le théâtre en biais, le théâtre qui rase les murs. Par contre, comme il est artificiel aussi, ce théâtre constamment excessif, qui s'empare du spectateur en l'étourdissant de violences! Cet art-là, c'est comme le vol à la bousculade. Entre ces deux pôles : théâtre de fuite, théâtre à mains plates, le vrai théâtre, le grand théâtre développe en liberté son noble et durable univers.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 6 janvier 1912)
     
  315. En art, certains esprits indigents ne comprennent la puissance que jointe à la vulgarité.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 1 juin 1912)
     
  316. Les natures basses croient prouver leur indépendance par la contradiction. Et c'est aussi de cette façon-là que les sots croient prouver leur intelligence,
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 1 juin 1912)
     
  317. Dans l'oeil ébloui du nouveau-né, il y a déjà toute l'illusion humaine, et, dans sa petite bouche tordue, il y a déjà toute la souffrance.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 1 juin 1912)
     
  318. La vérité n'est qu'une convention fixe.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 1 juin 1912)
     
  319. La grande supériorité de la lâcheté sur l'héroïsme, c'est que la lâcheté trouve toujours une explication.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 1 juin 1912)
     
  320. Il est des gens à qui l'on tend la main comme on donne deux sous à un pauvre.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 1 juin 1912)
     
  321. Comme tout ce qui est près de la nature, la pureté de l'enfant a quelque chose d'impérieux.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 1 juin 1912)
     
  322. Le tic-tac d'une pendule est odieux : il retentit à nos oreilles comme une continuelle marche à la mort.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 1 juin 1912)
     
  323. Certaines vieilles amitiés ne sont que des maladies chroniques.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 1 juin 1912)
     
  324. Quand le public, après s'être engoué d'un écrivain, l'abandonne brusquement, il ne faut pas toujours crier à l'injustice. Quelquefois, c'est la justice qui commence.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 1 juin 1912)
     
  325. Certains dénoncent leur bassesse par leur hâte à se croire méprisés.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 1 juin 1912)
     
  326. La meilleure façon de respecter ce qu'un écrivain laisse inachevé à sa mort, c'est de le détruire.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 1 juin 1912)
     
  327. Aujourd'hui les aventuriers font de la politique ; autrefois ils faisaient la guerre. Au moins, ils risquaient la mort : c'était plus propre.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 1 juin 1912)
     
  328. La seule revanche des gens médiocres, c'est de parvenir à agacer les gens supérieurs et d'obtenir ainsi les honneurs de leur colère.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 1 juin 1912)
     
  329. La tendance qu'ont certaines personnes de notre entourage à nous diminuer dans leurs propos n'est souvent qu'une forme de l'affection chez les natures basses ne pouvant s'égaler à nous, elles ont ainsi l'illusion de nous faire descendre à elles.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 1 juin 1912)
     
  330. II y a des femmes dont la voix est souple et moite comme de la chair.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 1 juin 1912)
     
  331. On prend plutôt les collectivités par l'intérêt, et les individus par l'amour-propre.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 1 juin 1912)
     
  332. Le vrai écrivain est celui qui sait rendre avec force ce qu'il lui a suffi de sentir faiblement.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 1 juin 1912)
     
  333. La plupart du temps, le grand point n'est pas d'être le plus fort, mais d'être le plus en colère.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 1 juin 1912)
     
  334. Lorsque vous êtes amoureux d'une comédienne, sa servilité pour plaire au public vous cause un dégoût inexprimable.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 1 juin 1912)
     
  335. Dans la vie, il sied d'être optimiste à l'endroit des faits et pessimiste à l'endroit des gens.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 1 juin 1912)
     
  336. Si encore les étrangers pouvaient n'avoir que leurs défauts !
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 1 juin 1912)
     
  337. Chaque époque dramatique a son romantisme car, à dire vrai, le romantisme, c'est la boursouflure. Notre époque a le romantisme apache.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 1 juin 1912)
     
  338. Un des caractères propres de la jeune fille est d'accomplir avec passion des actes indifférents.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 1 juin 1912)
     
  339. Certaines pièces où sont mis en scène tels personnages du passé devraient être punies comme une violation de sépulture.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 1 juin 1912)
     
  340. La rapidité des moyens de communication a développé l'inexactitude.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 1 juin 1912)
     
  341. Les gens qui sont insupportables en famille sont souvent ceux qui montrent le plus de bonne grâce à l'égard des étrangers. Ils sont un peu comme les criminels qui soignent leur alibi.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 1 juin 1912)
     
  342. On peut tondre la France; il ne faut pas la raser.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 1 juin 1912)
     
  343. Il se peut que les Français soient négligents mais ils ont volontiers la négligence héroïque.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 1 juin 1912)
     
  344. Le vrai critique - celui qui n'est pas un simple faiseur de comptes rendus - est souvent en désaccord avec le gros public. Car, si le droit de la foule est de juger au comptant, le rôle du critique, au contraire, est de juger à terme.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 1 juin 1912)
     
  345. Quand on est avec un sot, il faut s'asseoir à côté de lui; quand on est avec un méchant, il faut s'asseoir en face.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 1 juin 1912)
     
  346. Dans la langue française, si nette, si droite, si peu faite pour cette mystification intellectuelle qu'est l'humour, les humoristes - quelle que soit la valeur de tel, ou tel, - écrivent, en général, assez médiocrement. On dirait que, sous l'influence de leur tour d'esprit spécial, ils sont atteints d'une déviation de la forme.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 1 juin 1912)
     
  347. Lorsqu'on vient, sans s'en douter, d'échapper à quelque grand péril, deux indices certains vous en font comprendre, après coup, toute la gravité: c'est la tendresse particulière qui éclate dans le regard des uns, et l'espèce de désappointement glacé qui perce dans le regard des autres.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 1 juin 1912)
     
  348. L'extrême réserve avec laquelle la plupart des gens s'expriment sur le compte des ouvrages qu'ils admirent rappelle cette habitude, prise par eux dans la vie quotidienne, de parler froidement des belles choses dont ils ont envie, pour tâcher de les payer moins cher.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 1 juin 1912)
     
  349. Les longs projets sont beaux comme un horizon sur la mer,
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 1 juin 1912)
     
  350. Combien une femme déteste d'avance l'homme à qui elle sent qu'elle ne va pas plaire !
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 1 juin 1912)
     
  351. L'orgueil a la noblesse des sentiments constants; ce qui est insupportable, avant tout, dans la vanité, c'est son intermittence.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 1 juin 1912)
     
  352. Plus un public est bas socialement ou moralement, plus il cherche, au théâtre, à s'oublier lui-même.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 1 juin 1912)
     
  353. Certains hommes n'aiment leur femme que parce qu'ils aiment tout ce qui est à eux.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 1 juin 1912)
     
  354. La pire souffrance, c'est d'avoir raison contre son coeur.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 1 juin 1912)
     
  355. Il faudrait faire comprendre à tous les gens qui vivent en société que, contrairement aux illusions d'une chevalerie équivoque, la dénonciation, quand il s'agit d'un criminel, est le plus honorable des devoirs.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 1 juin 1912)
     
  356. Dans la vie, celui qui pense est seul comme un gardien de phare.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 1 juin 1912)
     
  357. Quand une femme vraiment méchante a l'air de s'amender, c'est qu'elle craint de vous amener à ce degré d'indifférence méprisante où sa méchanceté ne porterait plus.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 1 juin 1912)
     
  358. Les gens qui ont à se plaindre de l'existence sont souvent ceux qui tiennent le plus à la vie. C'est qu'ils voudraient ne pas mourir avant d'avoir été heureux.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 1 juin 1912)
     
  359. L'oeuvre qui se livre toute entière du premier coup ne saurait être une grande oeuvre.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 1 juin 1912)
     
  360. Certains écrivains sont sensibles - mais seulement comme des plaques photographiques.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 1 juin 1912)
     
  361. N'adoucissons jamais les violents; ils deviennent venimeux.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 1 juin 1912)
     
  362. Souvent, rien n'est plus comique et plus tragique à la fois que le contraste entre les paroles dénigrantes de l'envieux et son regard qui, malgré tout, voit clair, admire, et meurt d'admirer.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 1 juin 1912)
     
  363. Les gens mariés sont tout aussi égoïstes que les célibataires, mais pas au même âge...
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 1 juin 1912)
     
  364. En supprimant quelques conventions un peu épaisses - l'aparté, par exemple - le théâtre contemporain a bien agi. Mais il est à craindre qu'en renonçant au monologue il n'ait commis une sottise, - au moins dans les oeuvres de sentiment, de passion, ou de caractères. - À certains moments d'une pièce, le monologue permettait de communiquer aux spectateurs ce qui s'agite dans l'âme d'un personnage livré à lui-même, en le faisant penser tout haut. Le moyen était excellent, puisqu'il se fondait sur la plus juste psychologie, et la convention n'était pas trop forte, puisque le personnage était seul sur le théâtre. Bref, de même que la mise en scène abat fatalement un pan de mur de la chambre où se passe la pièce, le monologue abattait, en quelque sorte, un pan de mur du personnage.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 1 juin 1912)
     
  365. La plus cruelle punition qu'on puisse infliger à un méchant, c'est de faire semblant de le prendre pour un imbécile.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 1 juin 1912)
     
  366. L'écrivain ou l'artiste, si haut qu'il soit, peut et doit, jusqu'à son dernier souffle, progresser par quelque point. Michel-Ange avait plus de quatre-vingt-dix ans lorsqu'il fit la Pieta de Florence, et cette oeuvre dernière marque, chez lui, dans la profondeur de l'émotion humaine, un progrès presque stupéfiant.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 1 juin 1912)
     
  367. Rien n'est plus touchant qu'un couple d'amoureux très laids qui se considèrent avec ivresse. On dirait que la force de. leur regard, traversant leur laideur, va jusqu'à leur amour.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 1 juin 1912)
     
  368. Ceux qui prétendent que le patriotisme doit être discret font preuve, en ce jugement, de la plus périlleuse naïveté. La discrétion pour trente-neuf millions de personnes, c'est le renoncement.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 31 mai 1913)
     
  369. Le succès de certaines pièces frénétiquement violentes n'est que la contagion d'une crise de nerfs.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 31 mai 1913)
     
  370. Certaines basses de Beethoven sont comme des battements de coeur.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 31 mai 1913)
     
  371. Une femme méchante est bonne en comparaison d'une femme dédaignée.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 31 mai 1913)
     
  372. L'argent est à un tel point le but de tous les hommes, que le désintéressement semble une forme de la modestie, quand il est, au contraire, un des plus hauts aspects de l'orgueil.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 31 mai 1913)
     
  373. Justement parce qu'on s'y laisse aller à toutes les impulsions de sa pensée, c'est dans l'intimité qu'on dit le plus de choses qu'on ne pense pas.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 31 mai 1913)
     
  374. Le vrai auteur dramatique entend ses personnages comme Jeanne d'Arc entendait les voix.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 31 mai 1913)
     
  375. Quand les Italiens manquent de tact, c'est par passion; les Allémands, c'est par lourdeur.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 31 mai 1913)
     
  376. Quoi qu'en pensent trop de gens, l'amitié ne doit pas exclure la politesse ; elle doit l'absorber.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 31 mai 1913)
     
  377. N'empêchons jamais les femmes de suivre la mode : c'est à peu près la seule discipline qui leur reste encore...
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 31 mai 1913)
     
  378. La sincérité en art, c'est le faux personnel.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 31 mai 1913)
     
  379. L'éternel malentendu entre les Français et les étrangers, c'est qu'en France la blague n'empêche pas le respect.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 31 mai 1913)
     
  380. Moralement, les solitaires demeurent très longtemps jeunes, car l'impression du temps nous vient surtout du contact avec les autres.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 31 mai 1913)
     
  381. Si, comme le prétendent quelques intéressés, le grand théâtre n'était qu'un mot, pourquoi certains auteurs seraient-ils si ulcérés par la bassesse de leurs victoires?
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 31 mai 1913)
     
  382. Il y a quelque chose de pire encore qu'une majorité qui opprime, c'est une minorité qui se venge.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 31 mai 1913)
     
  383. Les écrivains observateurs sont des enfants terribles conscients.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 31 mai 1913)
     
  384. Le patriotisme ne consiste pas à dénigrer bassement les autres nations au bénéfice de son propre pays mais il consiste à préférer fidèlement certaines faiblesses de sa patrie à toutes les qualités étrangères.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 31 mai 1913)
     
  385. Souvent, chez les natures simples, la moquerie n'est qu'une forme de la défiance.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 31 mai 1913)
     
  386. Pour être bienfaisante, l'influence de l'État doit se faire sentir à côté, jamais pour.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 31 mai 1913)
     
  387. L'écueil du drame philosophique, c'est que le drame y fait la philosophie rudimentaire, et que la philosophie y fait le drame insuffisant.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 31 mai 1913)
     
  388. Quand nous parlons à des envieux de ce qui fait l'intérêt, la joie et l'orgueil de notre vie, il y a du poison jusque dans leur façon d'écouter.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 31 mai 1913)
     
  389. Comme c'est laid, une canaille qui a vieilli.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 31 mai 1913)
     
  390. Chez les comédiens, il arrive que les défauts naturels deviennent l'origine des meilleures qualités artistiques. Ainsi, le nasillement peut aider à la passion; et, parfois, l'imposante sobriété du geste dissimule tout simplement des bras trop courts ou mal attachés.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 31 mai 1913)
     
  391. Certains, quand ils se taisent, croient mourir.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 31 mai 1913)
     
  392. Hélas la vie est trop courte pour qu'on puisse donner des larmes à tout ce qui en mériterait.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 31 mai 1913)
     
  393. En théâtre, il faut se méfier des oeuvres étrangères, un peu comme de ces endroits où l'on souhaiterait d'habiter, quand on y passe en yoyage.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 31 mai 1913)
     
  394. Le romancier écrit à chevrotines, et l'auteur dramatique, à balles.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 31 mai 1913)
     
  395. En général, rien n'est plus dangereusement faux que les opinions des marins de l'État sur les peuples étrangers. Car ils jugent un pays sur ce qu'il a de moins sincère : son accueil officiel, et de moins national: ses grands ports.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 31 mai 1913)
     
  396. Dans une oeuvre de théâtre - n'en déplaise quelques auteurs dramatiques qui voudraient se faire une parure de leur français de cuisine - ce qui donne l'impression du langage parlé, c'est bien moins le style d'un dialogue que son mouvement.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 31 mai 1913)
     
  397. Nous confondons facilement nos habitudes avec nos droits.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 31 mai 1913)
     
  398. Au fond, les seuls auteurs qui aient à se plaindre d'une injustice sont ceux dont le succès commercial empêche qu'on rende pleine justice à leur vrai mérite littéraire.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 31 mai 1913)
     
  399. Quand ils s'y mettent, artistes ou auteurs sont les hommes les plus dangereusement malhonnêtes en affaires; car ils excellent à donner à leur indélicatesse le faux air de la fantaisie.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 31 mai 1913)
     
  400. Lorsqu'on n'élit pas le plus bête, il semble que ce ne soit plus la démocratie.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 31 mai 1913)
     
  401. La grande supériorité du public des concerts sur celui des théâtres, c'est que le premier se compose uniquement d'auditeurs passionnés pour l'art musical, tandis que le second renferme bien des spectateurs à qui l'art dramatique est tout à fait indifférent.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 31 mai 1913)
     
  402. À aller contre les préjugés il y a une personne qui a du courage pour mille qui n'ont que du sans-gêne.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 31 mai 1913)
     
  403. C'est souvent la plus grande amitié qui meurt de la plus petite atteinte.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 31 mai 1913)
     
  404. Dans une oeuvre de théâtre, les esprits simples - en général peu aptes à la synthèse - prennent facilement pour contradictoire ce qui est complexe.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 31 mai 1913)
     
  405. Les gens qui. font des métiers quelconques aiment assez faire entendre à l'écrivain ou à l'artiste que sa notoriété, si enviable qu'elle soit, n'atteint cependant pas celle de certains produits pharmaceutiques ou de quelques assassins véritablement universels...
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 31 mai 1913)
     
  406. Si trop de politiciens ont si peu le sentiment de la dignité nationale, c'est que, dans les perpétuelles concessions de la politique, ils ont d'abord perdu le sentiment de la dignité personnelle.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 31 mai 1913)
     
  407. Être copié, pour un commerçant, c'est un dommage, et pour un auteur, un hommage.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 31 mai 1913)
     
  408. En amour, il y a des regards qui crient.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 31 mai 1913)
     
  409. Au lecteur qui juge fausse telle observation d'un auteur de haute classe, il ne manque, pour avoir raison, que de valoir cet auteur.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 31 mai 1913)
     
  410. En dépit de toutes les phrases sur la dignité du citoyen libre, la démocratie est le plus vil des régimes, parce que rien n'y fait contrepoids à la toute-puissance ignoble de l'argent.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 31 mai 1913)
     
  411. Malgré leur talent, certaines comédiennes, à qui manquent, d'une part, l'ingénuité suffisante, et, d'autre part, l'intensité d'accent nécessaire, jouent les rôles de jeunes filles comme des femmes manquées et les rôles de femmes comme des jeunes filles rancies.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 31 mai 1913)
     
  412. Quand défile un régiment, il y a des gens qui, pour se découvrir devant l'étendard, font un petit geste mou, d'une politesse vague. Ce geste est laid. On ne doit pas saluer le drapeau comme un enterrement.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 31 mai 1913)
     
  413. Pour un auteur, le plus belle victoire et qui vaut plus que tout l'or du monde c'est d'être haut situé à la fois par la génération littéraire qui le précède et par celle qui le suit.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 31 mai 1913)
     
  414. Une pièce où la nature du personnage principal demeure un mystère jusque dans la dernière partie, - alors que, jusque là, les différentes actions par lesquelles il se manifeste pourraient être attribuées à de tout autres causes, - une telle, pièce peut être un drame très bien corsé ou une comédie très intéressante mais elle n'est, en aucune façon, une comédie ou un drame de caractère. La pièce de caractère, en effet, ne prend pas cette qualité d'une manière rétrospective, et la nature du personnage principal y est l'enjeu du sujet. Elle consiste donc, par essence, dans le développement d'un caractère donné, et non pas dans le développement d'une combinaison dramatique dont la nature du personnage vient simplement fournir, après coup, une des explications possibles. Car, comment le public pourrait-il suivre et juger l'analyse d'un caractère tant qu'il ignore quel caractère l'auteur a prétendu lui présenter?... En somme, dans la pièce de caractère, l'auteur - et c'est précisément la hauteur - de son art - fait du spectateur un partenaire qui, dès le début, a le droit de contrôle, et non pas une démi-dupe qui est forcée d'attendre onze heures du soir pour savoir à quoi l'on a joué.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 31 mai 1913)
     
  415. Certains gouvernants excellent à échapper aux dangers parlementaires mais c'est par l'escalier de service.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 31 mai 1913)
     
  416. Dans certains morceaux de Beethoven, la conclusion arrêtée net fait penser au dernier coup de hache qui abat un chêne.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 31 mai 1913)
     
  417. De tous les partis politiques, les socialistes sont peut-être le seul qui ne devrait pas tenir rigueur à l'homme qui a quitté leurs rangs. Car de quel droit ceux qui croient si lourdement à l'évolution des sociétés refusent-ils donc de croire à l'évolution des personnes?
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 31 mai 1913)
     
  418. C'est mauvais signe pour un régime quand les ministres se préoccupent de tomber dignement.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 31 mai 1913)
     
  419. Le mot « honorable ». a deux sens :le sens parlementaire et le sens français.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 31 mai 1913)
     
  420. Pour consoler un coeur qui souffre, il faut pouvoir y pénétrer sans réserve, ainsi qu'on entre sans frapper dans la chambre d'un malade.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 10 janvier 1914)
     
  421. Chez beaucoup de gens, la sociabilité n'est que le besoin constant d'un appui.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 10 janvier 1914)
     
  422. Dans une pièce, l'humour est très commode pour masquer l'indigence - ou l'absene - des scènes principales.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 10 janvier 1914)
     
  423. L'erreur des Allemands est de croire que, dans les relations de peuple à peuple, il n'y ait à opter qu'entre la menace ou le sourire : ils oublient la politesse, et qu'elle peut être glaciale...
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 10 janvier 1914)
     
  424. Ceux qui parlent beaucoup ont souvent l'occasion de s'écrier : « Je l'avais bien dit ! » Mais, généralement, ils avaient dit aussi le contraire...
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 10 janvier 1914)
     
  425. Il n'y a pas de plaisir plus hautin que de rassurer ceux qui nous envient.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 10 janvier 1914)
     
  426. Ce qu'il y a de particulier chez les gens très instruits, c'est que même leur façon de ne pas savoir est encore du savoir.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 10 janvier 1914)
     
  427. Le naïf dépit de certains auteurs qui ont à se plaindre de la critique rappelle un peu trop la mauvaise humeur d'une petite femme dont on a déchiré la robe...
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 10 janvier 1914)
     
  428. Le vulgaire prend trop facilement les gens occupés pour de gens travailleurs.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 10 janvier 1914)
     
  429. Il n'y a que le Parisien qui sache vraiment cligner de l'oeil.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 10 janvier 1914)
     
  430. N'en déplaise aux personnes « pratiques », la démonstration par les faits est la moins décisive de toutes. Car, dans bien des cas, elle n'a que la brutalité frappante d'un accident.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 10 janvier 1914)
     
  431. L'humour, chez tel comédien, n'est que le raisonnement par l'absurde constamment appliqué au jeu.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 10 janvier 1914)
     
  432. Tel dramaturge, fait pour le style commun et les effets vulgaires, arbore - quand il veut soigner sa forme - un dialogue endimanché.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 10 janvier 1914)
     
  433. En vivant solitaire, on a chance de garder intacts à la fois sa passion et son jugement.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 10 janvier 1914)
     
  434. À valeur égale, le théâtre est, de toutes les formes littéraires, celle où un personnage peut livrer le plus ouvertement les mouvements secrets de son âme : car le langage parlé finit souvent par entraîner, presque malgré elle, la pensée qui se retient.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 10 janvier 1914)
     
  435. La seule préparation que les femmes vous offrent jamais, c'est une réparation par les larmes.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 10 janvier 1914)
     
  436. À l'audition de certaines pièces prétentieuses et mornes, le public apporte une résignation d'abattoir.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 10 janvier 1914)
     
  437. Le plus plein de lui n,est pas le plus sûr de lui...
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 10 janvier 1914)
     
  438. Il sied qu'un mari trompé ne soit pas trop fort aux armes :mieux vaut faire penser à Sganarelle qu'a Saltabadil.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 10 janvier 1914)
     
  439. La femme vraiment amoureuse d'un homme ne veut plaire aux autres qu'à travers son amour.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 10 janvier 1914)
     
  440. Les gens qui savent très bien l'histoire ont un grave défaut ; ils excellent à transformer leur science du passé en erreurs sur le présent.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 10 janvier 1914)
     
  441. Dans certains cas, céder est moins dur qu'avouer.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 10 janvier 1914)
     
  442. Parfois, dans une oeuvre de théâtre, ce que le public appelle « aller trop loin », c'est simplement aller au fond.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 10 janvier 1914)
     
  443. Les mauvais écrivains aiment écrire au pluriel les mots abstraits. Ils oublient qu'un mot abstrait au singulier est déjà une synthèse de pluriels.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 10 janvier 1914)
     
  444. Il arrive souvent que les plus âpres misanthropes fassent preuve, envers les hommes pris individuellement, de la plus scrupuleuse bonté. On dirait qu'il y a là, de leur part, comme une souveraine coquetterie - la coquetterie de celui qui, n'aimant pas l'humanit, tient à se montrer meilleur qu'elle...
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 10 janvier 1914)
     
  445. Il y a des gens qui deviennent réactionnaires un peu comme les vieilles dames galantes deviennent dévotes.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 10 janvier 1914)
     
  446. La première preuve d'amitié à donner à nos amis, c'est de faire ce qu'ils désirent - même quand ils désirent que nous les aimions un peu moins...
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 10 janvier 1914)
     
  447. Un des plus grands charmes des vieilles villes italiennes, c'est la place superbement perdue.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 10 janvier 1914)
     
  448. Pour un peuple, une civilisation trop rapide est comme un habit spmptueux endossé à même la peau.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 10 janvier 1914)
     
  449. En art dramatique, c'est encore l'étrangeté qui aboutit le plus vite à la banalité.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 10 janvier 1914)
     
  450. Ce que le débutant dramaturge appelle fièrement « un sujet de pièce qui n'a jamais été traité », est, en général, un sujet sur lequel il faut se garder avec soin de faire une pièce.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 10 janvier 1914)
     
  451. Les pires rancunes sont de province - à cause du manque de distractions.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 10 janvier 1914)
     
  452. Les grands coeurs paraissent dûrs.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 10 janvier 1914)
     
  453. Ce que les femmes méprisent le plus au monde, c'est un acte d'honnêteté qui nous éloigne d'elles...
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 10 janvier 1914)
     
  454. Un peu de bien-être moralise l'homme ; beaucoup de bien-être le démoralise.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 10 janvier 1914)
     
  455. Avec les femmes, quand on a passé un certain âge, ce qui vous pousse aux pires folies, ce n'est pas l'amour, c'est la pitié.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 10 janvier 1914)
     
  456. Dans Beethoven, certains accords semblent arrachés - comme des lambeaux de chair...
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 10 janvier 1914)
     
  457. Au fond, nul n'est plus prétentieux qu'un sceptique : car son habitude de ne jamais prendre parti lui donne facilement l'illusion de n'avoir jamais tord.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 10 janvier 1914)
     
  458. La vogue est comme la vague : d'abord elle vous soulève ; ensuite, elle vous roule.
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 10 janvier 1914)
     
  459. Les grandes coquettes, lorsqu'elles sont amoureuses, se plaisent à devenir naïves. Elles rappellent ces prestigieux acrobates qui font si subtilement exprès de manquer un tour...
    (Remarques dans Le Figaro - Supplément littéraire, 10 janvier 1914)