Michel Houellebecq
1958
  1. L'écriture ne soulage guère. Elle retrace, elle délimite. Elle introduit un soupçon de cohérence, l'idée d'un réalisme.
    (Extension du domaine de la lutte, p.14, Éd. J'ai Lu n°4576)
     
  2. [...] les êtres humains ont souvent à coeur de se singulariser par de subtiles et déplaisantes variations, défectuosités, traits de caractère et ainsi de suite - sans doute dans le but d'obliger leurs interlocuteurs à les traiter comme des individus à part entière.
    (Extension du domaine de la lutte, p.21, Éd. J'ai Lu n°4576)
     
  3. [...] de nos jours tout le monde a forcément, à un moment ou à un autre de sa vie, l'impression d'être un raté.
    (Extension du domaine de la lutte, p.32, Éd. J'ai Lu n°4576)
     
  4. J'ai si peu vécu que j'ai tendance à m'imaginer que je ne vais pas mourir ; il paraît invraisemblable qu'une vie humaine se réduise à si peu de chose ; on s'imagine malgré soi que quelque chose va, tôt ou tard, advenir. Profonde erreur. Une vie peut fort bien être à la fois vide et brève. Les journées s'écoulent pauvrement, sans laisser de trace ni de souvenir ; et puis, d'un seul coup, elles s'arrêtent.
    (Extension du domaine de la lutte, p.48, Éd. J'ai Lu n°4576)
     
  5. [...] l'homme est un adolescent diminué.
    (Extension du domaine de la lutte, p.92, Éd. J'ai Lu n°4576)
     
  6. Il ne faut accorder aucune confiance, en aucun cas, à une femme passée entre les mains des psychanalystes. Mesquinerie, égoïsme, sottise arrogante, absence complète de sens moral, incapacité chronique d'aimer : voilà le portrait exhaustif d'une femme " analysée ".
    (Extension du domaine de la lutte, p.103, Éd. J'ai Lu n°4576)
     
  7. S'il fallait résumer l'état mental contemporain par un mot, c'est sans doute celui que je choisirais : l'amertume.
    (Extension du domaine de la lutte, p.148, Éd. J'ai Lu n°4576)
     
  8. Apprendre à devenir poète, c'est désapprendre à vivre.
    (Rester vivant in Rester vivant et autres textes, p.11, Éd. Librio n°274)
     
  9. Écrire des poèmes n'est pas un travail ; c'est une charge.
    (Rester vivant in Rester vivant et autres textes, p.16, Éd. Librio n°274)
     
  10. N'ayez pas peur du bonheur ; il n'existe pas.
    (Rester vivant in Rester vivant et autres textes, p.21, Éd. Librio n°274)
     
  11. C'est dans la poésie, presque autant que dans la contemplation directe - et beaucoup plus que dans les philosophies antérieures - , [que les philosophes] trouveront matière à de nouvelles représentations du monde.
    (Rester vivant in Rester vivant et autres textes, p.25, Éd. Librio n°274)
     
  12. Toute grande passion débouche sur l'infini.
    (Rester vivant in Rester vivant et autres textes, p.26, Éd. Librio n°274)
     
  13. La littérature est, profondément, un art conceptuel ; c'est même, à proprement parler, le seul.
    (Approches du désarroi in Rester vivant et autres textes, p.50, Éd. Librio n°274)
     
  14. Un livre en effet ne peut être apprécié que lentement ; il implique une réflexion (non surtout dans le sens d'effort intellectuel, mais dans celui de retour en arrière) ; il n'y a pas de lecture sans arrêt, sans mouvement inverse, sans relecture. [...] Les livres appellent des lecteurs ; mais ces lecteurs doivent avoir une existence individuelle et stable ; ils ne peuvent être de purs consommateurs, de purs fantômes ; ils doivent être aussi, en quelque manière, des sujets.
    (Approches du désarroi in Rester vivant et autres textes, p.148, Éd. Librio n°274)
     
  15. Niant toute notion d'éternité, se définissant elle-même comme processus de renouvellement permanent, la publicité vise à vaporiser le sujet pour le transformer en fantôme obéissant du devenir. Et cette participation épidermique, superficielle à la vie du monde, est supposée prendre la place du désir d'être.
    (Approches du désarroi in Rester vivant et autres textes, p.52, Éd. Librio n°274)
     
  16. L'intelligence n'aide en rien à écrire de bons poèmes ; elle peut cependant éviter d'en écrire de mauvais.
    (Jacques Prévert est un con in Rester vivant et autres textes, p.68, Éd. Librio n°274)