Romain Nicolas Du Houllay
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  1. Dans leurs palais pompeux la mort frappe les rois
    Ainsi que les sujets à l'ombre de leurs toits.

    (Le Léopard et le Singe, p. 104 in Fables en vers français, Paris, 1804)
     
  2. Toujours, ô mes amis, soulagez l'indigence;
    Mais ayez toujours soin que votre bienfaisance
    D'un acte humiliant ne soit l'indigne prix;
    Un bienfait ne doit point imprimer le mépris.

    (Le Léopard et le Singe, p. 105 in Fables en vers français, Paris, 1804)
     
  3. [...] Il faut peu compter sur la Fortune!
    Qu'un présent de sa main est un don passager!
    Que sa perfidie est commune!
    Que son sourire est mensonger!

    (Le jeune Rat et le vieux Rat, p. 106 in Fables en vers français, Paris, 1804)
     
  4. Le chemin du plaisir offre à l'oeil enchanté,
    Sur un gouffre profond, d'une brillante glace
    Le miroir transparent;
    D'un pied léger il nous faut en courant,
    Effleurer l'argentine et trompeuse surface.

    (La Mouche et le Vase de liqueur, p. 113 in Fables en vers français, Paris, 1804)
     
  5. [...] Pour être heureux il faut le mériter.
    (Le Boeuf et la Génisse, p. 120 in Fables en vers français, Paris, 1804)
     
  6. Tel aujourd'hui du sort se croit favorisé,
    Qui demain sous ses coups doit tomber écrasé.

    (Le Boeuf et la Génisse, p. 121 in Fables en vers français, Paris, 1804)
     
  7. Plutôt que d'implorer d'une main ennemie
    Le secours dangereux,
    Sachez, avec honneur perdre même la vie.

    (Le Renard et le Coq, p. 124 in Fables en vers français, Paris, 1804)
     
  8. Rois, tant que le destin vous rit,
    De vous plaire chacun fait son unique étude;
    Mais aussitôt qu'il vous trahit,
    Avec lui contre vous chacun se réunit.

    (Le Lion, le Taureau et le Bouc, p. 127 in Fables en vers français, Paris, 1804)
     
  9. [...] D'un méchant
    Il n'est serment qui puisse enchaîner le penchant.

    (Le Loup et la Brebis, p. 128 in Fables en vers français, Paris, 1804)
     
  10. Il n'est ruses ni tours
    Que ventre affamé n'imagine
    Pour conserver ses jours.

    (Le Milan et les petits Oiseaux, p. 128 in Fables en vers français, Paris, 1804)
     
  11. [...] Aux méchants il faut opposer la finesse.
    (Le Milan et les petits Oiseaux, p. 129 in Fables en vers français, Paris, 1804)
     
  12. Hormis les dieux, tout être est soumis à la mort.
    (l'Aigle et le Chasseur, p. 133 in Fables en vers français, Paris, 1804)
     
  13. Tout pour la vieillesse engourdie
    Des filets de la mort est plein.

    (Les deux Papillons, p. 138 in Fables en vers français, Paris, 1804)
     
  14. Quand nous ne croyons point, que ce soit à propos;
    Mais gardons-nous surtout de jamais croire à faux.

    (Les Dangers d'une aveugle confiance et d'une Défiance excessive, p. 147 in Fables en vers français, Paris, 1804)
     
  15. Pour rendre du méchant la puissance inutile,
    N'allez pas rechercher l'alliance du fort;
    La ruse est un moyen plus sûr et plus facile,
    Quand 1'union surtout en règle le ressort.

    (La Tourterelle et la Colombe, p. 152 in Fables en vers français, Paris, 1804)
     
  16. [...] Insensé qui se fie aux promesses
    Que l'excès du malheur arrache à maintes gens.

    (Le Loup ou Le Penchant invincible, p. 159 in Fables en vers français, Paris, 1804)
     
  17. De quoi ne se lasse-t-on pas?
    (Le Ruisseau ambitieux, p. 16 in Fables en vers français, Paris, 1804)
     
  18. Un bonheur trop constant devient insupportable.
    (Le Ruisseau ambitieux, p. 16 in Fables en vers français, Paris, 1804)
     
  19. Pour être homme il faut plus que de savoir parler,
    Et ce n'est pas assez que de gesticuler.

    (Le Singe et le Perroquet, p. 27 in Fables en vers français, Paris, 1804)
     
  20. Qu'il est doux de donner à l'enfant du malheur
    Un asile en son sein contre son oppresseur!

    (Le jeune Rossignol, le Vautour et Xénocrate , p. 28 in Fables en vers français, Paris, 1804)
     
  21. Pour calmer le courroux céleste,
    De tous côtés coule sur les autels
    Le sang de l'innocence et non celui du crime.

    (Les Brebis et l'Homme, p. 32 in Fables en vers français, Paris, 1804)
     
  22. Tous les maux attachés à l'état de nature
    Dans l'ordre social sont passés avant nous;
    Mais qu'ils étaient légers et doux
    Comparés avec ceux qu'en cet ordre on endure!

    (Les Brebis et 1'Homme., p. 33 in Fables en vers français, Paris, 1804)
     
  23. Le prêtre au nom des dieux dévore les gigots,
    Le feu les intestins et le ciel la fumée.

    (Les Brebis et l'Homme, p. 33 in Fables en vers français, Paris, 1804)
     
  24. Le plus pompeux dehors
    N'enrichit point l'âme commune.

    (L'Âne au festin du Lion, p. 35 in Fables en vers français, Paris, 1804)
     
  25. Hélas! que de mortels, sous des dehors aimables,
    Recèlent dans leurs coeurs des serpents redoutables!
    Envers les malheureux affectant d'être humains,
    Les perfides en sont les cruels assassins.

    (Le Voyageur, la Caverne et le Serpent, p. 37 in Fables en vers français, Paris, 1804)
     
  26. L'ennemi qui paraît le moins considérable,
    À d'autres s'unissant, devient très redoutable.

    (L'Ours et la Ruche, p. 40 in Fables en vers français, Paris, 1804)
     
  27. D'une offense légère
    Tel qui veut se venger,
    Ne parvient au contraire
    Qu'à se faire égorger.

    (L'Ours et la Ruche, p. 40 in Fables en vers français, Paris, 1804)
     
  28. En tous temps, en tous lieux, de qui l'ose outrager,
    Le mortel le plus faible a de quoi se venger.

    (L'Ours et la Ruche, p. 40 in Fables en vers français, Paris, 1804)
     
  29. De toute trahison l'on aime le profit;
    Mais rarement son auteur lui survit.

    (Le Loup, le Renard et le Berger, p. 44 in Fables en vers français, Paris, 1804)
     
  30. Du crime seul, hélas! les dieux sont doux amis!
    (L'Hirondelle et le Passereau, p. 45 in Fables en vers français, Paris, 1804)
     
  31. Qui ne fait rien ou ne sait que mal faire,
    Dans la société, ne saurait que déplaire.

    (L'Hirondelle et le Passereau, p. 45 in Fables en vers français, Paris, 1804)
     
  32. Ah! du meurtre ouvrir la carrière,
    En donner aux humains le signal sanguinaire,
    De tous les attentats est le plus odieux.

    (Astrée, les Armes et la Trompette, p. 48 in Fables en vers français, Paris, 1804)
     
  33. Avec tous nos enfants mesurons nos paroles;
    Ils sont rusés, les petits drôles;
    Et souvent leur maligne humeur
    Sait rétorquer le trait caustique
    Qu'un père sottement stoïque,
    Affecte de lancer sur eux avec hauteur.

    (Le Magistrat, son Enfant et le Chat, p. 52 in Fables en vers français, Paris, 1804)
     
  34. Pour un coeur délicat accablé par le sort,
    La peine a des douceurs, la tristesse a des charmes;
    Aux plaisirs les plus vifs il préfère les larmes,
    Avec volupté même, il contemple la mort.

    (La Tourterelle et la Pie, p. 58 in Fables en vers français, Paris, 1804)
     
  35. [...] Toujours s'affliger, c'est offenser les dieux.
    (La Tourterelle et la Pie, p. 59 in Fables en vers français, Paris, 1804)
     
  36. Du plus juste souci, l'excès le rend blâmable.
    (La Tourterelle et la Pie, p. 59 in Fables en vers français, Paris, 1804)
     
  37. Nous devons humblement, et quoi qu'il nous en coûte,
    Subir du ciel les ordres absolus;
    Croyez-moi, du bonheur c'est l'infaillible route.

    (La Tourterelle et la Pie, p. 59 in Fables en vers français, Paris, 1804)
     
  38. Sur les peuples divers soumis à votre empire
    En prince juste et bon répandez les bienfaits,
    Et vous aurez autant d'amis que de sujets.

    (Le Roi, le Courtisan et le Sage, p. 60 in Fables en vers français, Paris, 1804)
     
  39. Il est si beau de faire des ingrats!
    (La Poule et le Passereau, p. 61 in Fables en vers français, Paris, 1804)
     
  40. Rois, n'attaquez jamais deux peuples en querelle,
    Si vous ne voulez voir renaître entre eux la paix,
    Et tomber sur vous seuls les traits
    De leur haine mortelle.

    (Les deux Chiens et le Loup, p. 62 in Fables en vers français, Paris, 1804)
     
  41. De la nature apprends par mon organe
    Qu'elle n'a point fait d'êtres superflus;
    Que tout sort de sa main au coin de la sagesse,
    Et que le ciron, lui-même, a son utilité.

    (Le Platane et les deux Voyageurs, p. 64 in Fables en vers français, Paris, 1804)
     
  42. [...] La beauté sans l'esprit
    Fut toujours rien qui vaille.

    (Le Léopard et le Renard, p. 65 in Fables en vers français, Paris, 1804)
     
  43. Il ne nous faut jamais juger sur la couleur.
    (Le Paon, le Rossignol et le Voyageur, p. 70 in Fables en vers français, Paris, 1804)
     
  44. Tôt ou lard le génie
    Perce par son éclat les nuages obscurs
    Élevés contre lui par la main de l'envie,
    Et foule aux pieds le monstre et ses serpents impurs.

    (Le Rossignol et les Oiseaux jaloux, p. 8 in Fables en vers français, Paris, 1804)
     
  45. Il n'est métier bien fait,
    Que celui que l'on sait.

    (La Brebis et sa Maîtresse, p. 85 in Fables en vers français, Paris, 1804)
     
  46. Avant de rien oser connaissons notre force,
    Et de la vanité craignons la fausse amorce.

    (Le Cheval et l'Âne, p. 85 in Fables en vers français, Paris, 1804)
     
  47. En vain de pied en cap vous armez un Thersite,
    D'un Achille il ne peut revêtir la valeur.

    (Le Faon et le Cerf, p. 87 in Fables en vers français, Paris, 1804)
     
  48. Le repentir toujours
    Suit de folles amours,
    Mais jamais il n'oppresse
    Un coeur brûlant du feu d'une chaste tendresse.

    (La Violette, le Zéphir, et la Rose, p. 89 in Fables en vers français, Paris, 1804)
     
  49. Vains mortels, vils jouets d'un fol et sot orgueil,
    La mer où vous voguez renferme maint écueil,
    Où, malgré voire rare et haute suffisance,
    Se brise à l'imprévu votre frêle existence.

    (Les deux Fourmis, p. 9 in Fables en vers français, Paris, 1804)
     
  50. Tout ce qui pose sur la terre,
    Renferme dans son sein le foyer d'un volcan.

    (Le Mont orgueilleux, p. 95 in Fables en vers français, Paris, 1804)
     
  51. Homme, qui que tu sois, d'un orgueil téméraire
    Que toujours la raison sache arrêter l'élan.

    (Le Mont orgueilleux, p. 95 in Fables en vers français, Paris, 1804)
     
  52. Un aveugle souvent en veut conduire un autre.
    (La Taupe et sa Fille, p. 98 in Fables en vers français, Paris, 1804)
     
  53. Sachez et n'oubliez jamais
    Que la peine suit de près les forfaits.

    (L'Oiseleur et la Vipère, p. 99 in Fables en vers français, Paris, 1804)
     
  54. À plus instruits que vous, par l'étude ou par l'âge,
    Gardez-vous de jamais offrir
    Avis qui sente l'homme ou plus grand ou plus sage.

    (Le Taureau et le Veau, p. 99 in Fables en vers français, Paris, 1804)