Eric-Emmanuel Schmitt
1960
  1. Je ne souhaite à personne de cohabiter, dès l'enfance, avec la beauté. Entrevue rarement, la beauté illumine le monde. Côtoyée au quotidien, elle blesse, brûle et crée des plaies qui ne cicatrisent jamais.
    (Lorsque j'étais une oeuvre d'art, p.23, Albin Michel, 2002)
     
  2. La force de la beauté, c'est de faire croire à ceux qui la côtoient qu'ils sont eux-mêmes devenus beaux.
    (Lorsque j'étais une oeuvre d'art, p.24, Albin Michel, 2002)
     
  3. La notoriété est un animal qui se nourrit de lui-même.
    (Lorsque j'étais une oeuvre d'art, p.95, Albin Michel, 2002)
     
  4. L'envieux ne crache que sur celui qui le dépasse.
    (Lorsque j'étais une oeuvre d'art, p.98, Albin Michel, 2002)
     
  5. Mon jeune ami, chacun de nous a trois existences. Une existence de chose : nous sommes un corps. Une existence d'esprit : nous somme une conscience. Et une existence de discours : nous sommes ce dont les autres parlent.
    (Lorsque j'étais une oeuvre d'art, p.119, Albin Michel, 2002)
     
  6. Il y a des êtres qui, de dos, nous promettent un secret. Leur nuque, leurs reins, leurs omoplates ont tellement de présence qu'ils nous remplissent d'appréhension. Lorsqu'ils se retournent, ils nous font vivre un coup de théâtre, avec ses risques : risque que nous soyons enthousiasmés, risque que nous soyons déçus.
    (Lorsque j'étais une oeuvre d'art, p.130, Albin Michel, 2002)
     
  7. [...] j'éprouvais le bonheur d'exister. La joie simple d'être au milieu d'un monde si beau. N'être pas grand-chose et beaucoup à la fois : une fenêtre ouverte sur l'univers qui me dépasse, le cadre dans lequel l'espace devient un tableau, une goutte dans océan, une goutte lucide qui se rend compte qu'elle existe et que, par elle, l'océan existe. Minuscule et grande. Intense et misérable.
    (Lorsque j'étais une oeuvre d'art, p.135, Albin Michel, 2002)
     
  8. La Terre n'est ni ronde, ni plate, Guilden. Elle est rectangulaire, de la taille d'un écran, et elle tourne lorsqu'on appuie sur une touche; on s'y déplace sur le dos d'un curseur, à la vitesse de la lumière, et l'homme n'est qu'un point lumineux.
    (Golden Joe [Joe], in Théâtre 2 p.11, Livre de Poche, n°15599)
     
  9. Vous vous comportez comme un vieux : vous avancez à pas comptés, vous prenez des assurances, vous équilibrez vos risques ... vous manquez singulièrement d'inexpérience
    (Golden Joe [Joe], in Théâtre 2 p.12, Livre de Poche, n°15599)
     
  10. [...] il n'y a rien de plus inflammable que l'opinion publique.
    (Golden Joe [Weston], in Théâtre 2 p.42, Livre de Poche, n°15599)
     
  11. C'est la vie, tuer, c'est dans l'ordre... On tue les pauvres en étant riche, on tue les vieux en étant jeune, on pousse ses parents lentement vers la tombe... Pas de vie réussie sans cadavres, les fleurs poussent sur de la charogne... c'est dans l'ordre...
    (Golden Joe [Meg], in Théâtre 2 p.61, Livre de Poche, n°15599)
     
  12. Une mère peut-elle dire à son fils que plus tard il souffrira, qu'il aimera sans être aimé, humilié, bafoué, détesté, méprisé, seul, perdu ?... Quelle mère voudra dire à son fils qu'il sortira de la vie comme un vaincu, battu par le temps et détruit par la mort... Y a-t-il une mère qui, lorsqu'elle tient ce petit bout de chair rose contre elle, lorsqu'elle regarde ces grands yeux clairs qui ne voient que depuis quelques jours, y a-t-il une mère qui a le courage d'annoncer l'avenir et son cortège d'horreurs ? Le premier acte d'amour d'une mère est le mensonge.
    (Golden Joe [Meg], in Théâtre 2 p.63, Livre de Poche, n°15599)
     
  13. Notre père le Dollar,
    Que votre cours soit respecté,
    Que votre règne dure.
    Donnez-nous aujourd'hui notre vision du jour,
    Effacez nos crédits comme nous le réclamons à tous nos débiteurs,
    Et délivrez-nous des pauvres.
    Amen.

    (Golden Joe [Cecily], in Théâtre 2 p.72, Livre de Poche, n°15599)
     
  14. On ne tue pas la misère avec la charité. Au contraire ça la fortifie.
    (Golden Joe [Guilden], in Théâtre 2 p.101, Livre de Poche, n°15599)
     
  15. C'est ça la vraie misère, monsieur, c'est l'envie.
    (Golden Joe [Arthur], in Théâtre 2 p.109, Livre de Poche, n°15599)
     
  16. Écrire, c'est rien qu'un mensonge qu'on enjolive.
    (Oscar et la dame rose, p.9, Albin Michel, 2002)
     
  17. Si je m'intéresse à ce que pensent les cons, je n'aurai plus de temps pour ce que pensent les gens intelligents.
    (Oscar et la dame rose, p.33, Albin Michel, 2002)
     
  18. Il faut distinguer deux peines [...], la souffrance physique et la souffrance morale. La souffrance physique, on la subit. La souffrance morale, on la choisit.
    (Oscar et la dame rose, p.63, Albin Michel, 2002)
     
  19. [...] la plupart des gens sont sans curiosité. Ils s'accrochent à ce qu'ils ont, comme le pou dans l'oreille d'un chauve.
    (Oscar et la dame rose, p.64, Albin Michel, 2002)
     
  20. Les questions les plus intéressantes restent des questions. Elles enveloppent un mystère. À chaque réponse, on doit joindre un « peut-être ». Il n'y a que les questions sans intérêt qui ont une réponse définitive.
    (Oscar et la dame rose, p.91, Albin Michel, 2002)
     
  21. Un peu de mystère excite, trop abrutit.
    (La Secte des égoïstes, p.13, Livre de Poche, n°14050)
     
  22. Toute haine est sans doute de l'amour déçu.
    (La Secte des égoïstes, p.106, Livre de Poche, n°14050)