Jean-François Ducis
1733-1816
- [...] L'enfance à des charmes si doux.
(Abufar, acte 1, sc. 1 (Odéide), 1795)
- [...] Les malheureux sont des objets sacrés
Vers lesquels sans efforts nos coeurs sont attirés.
(Abufar, acte 1, sc. 1 (Saléma), 1795)
- Si l'on plaint d'un vieillard le sort infortuné,
On plaint également l'enfant abandonné.
(Abufar, acte 1, sc. 1 (Odéide), 1795)
- Heureux qui peut ainsi secourir la vieillesse,
Dans la force de l'âge assister la faiblesse,
Honorer le malheur par des soins consolants,
Et rendre, comme au Ciel, hommage aux cheveux blancs.
(Abufar, acte 1, sc. 1 (Saléma), 1795)
- [...] Le coeur le plus tendre et le plus généreux
Ne nous préserve pas d'un destin malheureux.
(Abufar, acte 1, sc. 2 (Saléma), 1795)
- La force trop souvent n'égale pas le zèle.
(Abufar, acte 1, sc. 2 (Odéide), 1795)
- Tous les soins d'une femme ont un charme si doux!
(Abufar, acte 1, sc. 3 (Abufar), 1795)
- Ce n'est pas le remords qui pèse à la vertu:
Le remords naît du crime.
(Abufar, acte 1, sc. 3 (Abufar), 1795)
- [...] La vertu nous suit au-delà du tombeau.
(Abufar, acte 1, sc. 3 (Abufar), 1795)
- Le vice auprès des moeurs n'est jamais sans effroi.
(Abufar, acte 1, sc. 3 (Abufar), 1795)
- [...] Des pères attendris
Tout le courroux s'éteint sur la tombe d'un fils;
Et celui qui s'armait d'un front inexorable,
Dans l'enfant qui n'est plus ne voit plus un coupable.
(Abufar, acte 1, sc. 6 (Pharasmin), 1795)
- Au fond de son tombeau trop heureux le mortel
Qu'un jour de plus peut-être eût rendu criminel.
(Abufar, acte 2, sc. 1 (Pharasmin), 1795)
- L'homme, au premier aspect des maux qu'il doit souffrir,
Se rejette en arrière, et demande à mourir.
(Abufar, acte 2, sc. 2 - variante (Saléma), 1795)
- Le bonheur est le but où tout mortel aspire,
Et le chemin des moeurs peut seul nous y conduire.
(Abufar, acte 2, sc. 7 (Abufar), 1795)
- [...] Ce n'est qu'au vrai courage
A porter du devoir l'honorable esclavage.
(Abufar, acte 2, sc. 7 (Abufar), 1795)
- Que l'aspect d'un ingrat fait souffrir la nature.
(Abufar, acte 2, sc. 7 (Abufar), 1795)
- Où la vertu n'est point la liberté n'est pas.
(Abufar, acte 2, sc. 7 (Abufar), 1795)
- [...] Eh! quels noms sur la terre
Sont plus doux que ces noms et de soeur et de frère?
(Abufar, acte 3, sc. 2 (Saléma), 1795)
- Des pères irrités la menace est terrible;
Mais leur coeur, grâce au ciel, n'est jamais inflexible.
Quels que soit leurs enfants, leur colère envers eux
Est souvent la douleur de les voir malheureux.
(Abufar, acte 3, sc. 2 (Saléma), 1795)
- Les coeurs les plus ardents ont leur mélancolie.
(Abufar, acte 3, sc. 2 - variante (Farhan), 1795)
- L'amour embellit tout, le présent, l'avenir.
(Abufar, acte 3, sc. 6 (Pharasmin), 1795)
- Le bien qu'on croit caché sort de la nuit obscure,
Et le ciel tôt ou tard le paie avec usure.
(Abufar, acte 3, sc. 6 (Pharasmin), 1795)
- Il est de ces moments où l'on n'est plus soi-même.
(Abufar, acte 4, sc. 5 (Farhan), 1795)
- Il est certains moments à saisir dans la vie.
(Abufar, acte 4, sc. 5 (Farhan), 1795)
- Les traits d'humanité sont écrits dans les cieux.
(Abufar, acte 4, sc. 9 (Abufar), 1795)
- Penses-tu que des dieux l'éternelle puissance
Daigne aux jours d'un mortel mettre tant d'importance?
Et que leur paix profonde interrompe sa loi
Pour la douleur d'un peuple ou le trépas d'un roi?
(Hamlet, acte 1, sc. 1 (Claudius), 1769)
- Tant sur l'esprit humain ont encore de pouvoir
Les spectacles frappants qu'il ne peut concevoir!
(Hamlet, acte 1, sc. 1 (Claudius), 1769)
- [...] Ses pareils outragés
Ne s'apaisent jamais que quand ils sont vengés.
(Hamlet, acte 1, sc. 1 (Polonius), 1769)
- [...] Le Ciel, qui nous met au-dessus de nos lois,
Arme au moins les remords pour se venger des rois.
(Hamlet, acte 1, sc. 2 (Gertrude), 1769)
- Va le coeur des mortels n'est pont fait pour le crime,
Et dès qu'il est coupable, il n'a pour se juger,
Qu'à descendre en lui-même, et qu'à s'interroger.
(Hamlet, acte 2, sc. 1 (Gertrude), 1769)
- Le soupçon dans les cours n'est que trop légitime;
C'est là qu'un grand secret n'est souvent qu'un grand crime.
(Hamlet, acte 2, sc. 3 (Norceste), 1769)
- Plus votre esprit le jour s'attache à ces mensonges,
Plus leur aspect la nuit vient consterner vos songes.
(Hamlet, acte 2, sc. 5 (Norceste), 1769)
- Plus les forfaits sont grands, plus il [le peuple] aime à les croire.
(Hamlet, acte 3, sc. 1 (Claudius), 1769)
- Dans nos ennuis du moins l'amitié nous soulage.
(Hamlet, acte 3, sc. 2 (Claudius), 1769)
- Les forfaits en tout temps sont l'histoire du monde.
(Hamlet, acte 3, sc. 2 (Hamlet), 1769)
- L'homme de sa raison doit toujours faire usage;
Il doit faire céder la souffrance au courage.
(Hamlet, acte 3, sc. 2 (Claudius), 1769)
- C'est pour ne craindre rien qu'il faut toujours songer
Que tout peut être à craindre et cacher un danger.
(Hamlet, acte 3, sc. 3 (Claudius), 1769)
- Redoutable avenir, tu glaces mon courage!
(Hamlet, acte 4, sc. 1 (Hamlet), 1769)
- La mort... C'est le sommeil... C'est le réveil peut-être.
(Hamlet, acte 4, sc. 1 (Hamlet), 1769)
- Sans l'effroi qu'il inspire, et la terreur sacrée
Qui défend son passage et siège à son entrée,
Combien de malheureux iraient, dans le tombeau,
De leurs longues douleurs déposer le fardeau.
(Hamlet, acte 4, sc. 1 (Hamlet), 1769)
- [...] Du bonheur les jours purs et sereins
Rarement sur la terre ont lui pour les humains.
(Hamlet, acte 4, sc. 2 (Hamlet), 1769)
- Et qu'importe à ce Dieu qu'abrégeant ma misère,
J'aie un instant de moins à gémir sur la terre?
(Hamlet, acte 4, sc. 2 (Hamlet), 1769)
- Mais si mon coeur est pur, que me fait l'apparence?
(hamlet, acte 4, sc. 3 (Hamlet), 1769)
- Ne désespérez point de la bonté céleste.
(Hamlet, acte 5, sc. 4 (Hamlet), 1769)
- Ne traitez point d'erreur ce qui semble impossible.
(Hamlet, acte 5, sc. 4 (Hamlet), 1769)
- En vain le meurtrier croit braver la vengeance.
(Hamlet, acte 5, sc. 4 (Hamlet), 1769)
- Mes malheurs sont comblés; mais ma vertu me reste.
(Hamlet, acte 5, sc. 9 (Hamlet), 1769)
- Un inconstant vieillard, lassé du diadème,
Abdique imprudemment, et s'en repend de même.
(le Roi Lear, acte 1, sc. 1 (Oswald), 1783)
- C'est là son privilège, on croit la calomnie.
(le Roi Lear, acte 1, sc. 4 (Edgard), 1783)
- Les desseins généreux ne craignent pas le jour.
(le Roi Lear, acte 1, sc. 5 (Le Comte), 1783)
- [...] Ayons dans la douleur
La fermeté de l'homme et celle du malheur.
(le Roi Lear, acte 2, sc. 4 (Le Comte), 1783)
- Mes bienfaits ont toujours cherché mes ennemis,
Et mon sort fut toujours d'accabler mes amis.
(le Roi Lear, acte 2, sc. 4 (Lear), 1783)
- L'homme est compatissant, il n'est point né barbare;
De monstres, grâce au Ciel, la nature est avare.
(le Roi Lear, acte 2, sc. 5 (Lear), 1783)
- Mes chagrins m'ont appris qu'un père infortuné
N'est qu'un fardeau pesant quand il a tout donné.
Les larmes d'un vieillard, souffert par indulgence,
Peuvent mouiller la terre, et s'y perdre en silence.
(le Roi Lear, acte 2, sc. 6 (Lear), 1783)
- Des ingrats tout puissants sont bientôt oppresseurs.
(le Roi Lear, acte 3, sc. 3 (Helmonde), 1783)
- La nature en fureur n'épargne point les rois.
(Le Roi Lear, acte 3, sc. 6 (Lear), 1783)
- [...] À leur grandeur les rois trop attachés,
Du sort des malheureux sont faiblement touchés.
(le Roi Lear, acte 3, sc. 6 (Lear), 1783)
- Ce sommeil qui, calmant les plus heureux transports,
Assoupit tout dans l'homme, excepté le remords.
(le Roi Lear, acte 4, sc. 1 (Edgard), 1783)
- [Le] sommeil dans les veines
Fait couler sa fraîcheur et l'oubli de ses peines.
(le Roi Lear, acte 4, sc. 1 (Edard), 1783)
- D'un courroux trop ardent domptons la violence.
(le Roi Lear, acte 5, sc. 2 (Régane), 1783)
- Un revers peut soudain tromper notre espérance,
Et même contre nous tourner notre puissance.
(le Roi Lear, acte 5, sc. 2 (Régane), 1783)
- Le peuple avec transport sent toujours la nature.
(le Roi Lear, acte 5, sc. 3 (Helmonde), 1783)
- Un mortel généreux connaît mal l'imposture:
Aisément dans un autre il croit voir sa droiture.
(Macbeth, acte 1, sc. 1 (Glamis), 1784)
- Quand le sort une fois a marqué sa victime,
Rien ne change l'arrêt, injuste ou légitime.
(Macbeth, acte 1, sc. 1 (Duncan), 1784)
- Vaine erreur du sommeil, triste enfant de la nuit,
Non, je ne te crois point; ma raison t'a détruit.
(Macbeth, acte 2, sc. 6 (Macbeth), 1784)
- Pour moi d'un long sommeil l'heure à grands pas s'avance.
Il est terrible au crime, et doux à l'innocence.
(Macbeth, acte 2, sc. 9 (Macbeth), 1784)
- Quelque horreur que d'abord un attentat nous donne,
Son horreur diminue alors qu'il nous couronne.
(Macbeth, acte 3, sc. 1 (Frédegonde), 1784)
- Nos songes sont souvent des délateurs secrets
De nos voeux les plus sourds confidents indiscrets.
(Macbeth, acte 3, sc. 1 (Frédegonde), 1784)
- Il est des jours d'ennui, d'abattement extrême,
Où l'homme le plus ferme est à charge à lui-même.
(Macbeth, acte 3, sc. 2 (Macbetch), 1784)
- Non, ce n'est pas en vain que notre coeur frisonne;
C'est le ciel alarmé qui l'ébranle et l'étonne.
(Macbeth, acte 3, sc. 4 (Macbeth), 1784)
- Nous aimons la valeur, mais surtout la justice.
(Macbeth, acte 4, sc. 4 (Loclin), 1784)
- Plaignez et la faiblesse et le malheur des hommes.
(Macbeth, acte 4, sc. 4 (Frédegonde), 1784)
- Ce n'est pas à demi qu'on aime un diadème.
(Macbeth, acte 4, sc. 8 (Frédegonde), 1784)
- Tout ciel est agréable où notre âme est paisible.
(Macbeth, acte 5, sc. 2 (Malcome), 1784)
- Plaignez les criminels, le remords les déchire.
(Macbeth, acte 5, sc. 2 (Macbeth), 1784)
- Ainsi, les souverains, si fiers du diadème,
Sont les esclaves nés de leur grandeur suprême.
(OEdipe à Colone, acte 1, sc. 3 (Polynice), 1797)
- N'accusons point des dieux la justice suprême:
Quels que soient nos destins elle est toujours la même.
(OEdipe à Colone, acte 3, sc. 4 (OEdipe), 1797)
- Aux dépens de son peuple on n'est point généreux.
(OEdipe chez Admète, acte 1, sc. 1 (Admète), 1778)
- Braver un souverain, c'est braver tous les autres.
(OEdipe chez Admète, acte 1, sc. 1 (Polynice), 1778)
- On peut venger les rois sans offenser les dieux.
(OEdipe chez Admète, acte 1, sc. 1 (Polynice), 1778)
- Sur sa propre innocence un mortel affermi
À sa vertu pour juge, et le Ciel pour ami.
(OEdipe chez Admète, acte 1, sc. 3 (Admète), 1778)
- [...] Sans interpréter de bizarres mensonges,
Remplissons nos devoirs, et dédaignons les songes.
(OEdipe chez Admète, acte 1, sc. 3 (Admète), 1778)
- Hélas! d'un malheureux la prudence est extrême;
Ah! son secret souvent n'est que son malheur même.
(OEdipe chez Admète, acte 1, sc. 4 (Admète), 1778)
- Je n'interroge pas les mortels malheureux.
(OEdipe chez Admète, acte 2, sc. 4 (Admète), 1778)
- Qui sait, lorsque le sort nous frappe de ses coups,
Si le plus grand malheur n'est pas un bien pour nous?
(OEdipe chez Admète, acte 3, sc. 2 (OEdipe), 1778)
- Tout trahit nos projets, tout sert à les confondre:
De nos seules vertus nous pouvons nous répondre.
(OEdipe chez Admète, acte 3, sc. 2 (OEdipe), 1778)
- Les rois que l'on chérit sont des dons assez rares,
Pour que d'un tel bienfait les destins soient avares.
(OEdipe chez Admète, acte 4, sc. 5 (Alceste), 1778)
- L'amour du peuple [...] est le trésor des rois.
(OEdipe chez Admète, acte 4, sc. 5 (Alceste), 1778)
- Mes malheurs m'ont appris à plaindre ceux des autres.
(OEdipe chez Admète, acte 5, sc. 1 (OEdipe), 1778)
- [...] L'immortalité, quand le juste succombe,
Comme un astre naissant se lève sur sa tombe.
(OEdipe chez Admète, acte 5, sc. 3 (OEdipe), 1778)
- [...] Il n'est point de malheur où survit la vertu.
(OEdipe chez Admète, acte 5, sc. 7 (OEdipe), 1778)
- [...] Dans de grands périls il nous faut de grands hommes.
(Othello, acte 1, sc. 3 (Moncénigo), 1792)
- La gloire aux criminels ne sert point de refuge.
(Othello, acte 1, sc. 6 (Odalbert), 1792)
- Du plus doux des penchants l'invincible puissance
A souvent méconnu le rang et la naissance.
L'amour, fier de ses droits, comme la liberté,
Rend l'homme à la nature, à son égalité.
(Othello, acte 1, sc. 7 (Moncénigo), 1792)
- Il n'est qu'un seul honneur: servir la république.
(Othello, acte 1, sc. 7 (Moncénigo), 1792)
- Je suis homme et soldat: ce sont-là tous mes titres.
(Othello, acte 1, sc. 7 (Othello), 1792)
- Qu'il est doux, quand le coeur, de ses ennuis pressé,
Lève à peine le poids dont il est oppressé,
De rencontrer un coeur qui sente nos alarmes,
Qui plaigne nos douleurs et s'unisse à nos larmes!
(Othello, acte 2, sc. 1 (Hédelmone), 1792)
- Le reproche se tait au bruit de la victoire.
(Othello, acte 2, sc. 1 (Hermance), 1792)
- [...] Sans y songer,
Sans le voir, quelquefois nous courons au danger.
(Othello, acte 2, sc. 2 (Hédelmone), 1792)
- La jeunesse est souvent la saison des douleurs.
(Othello, acte 2, sc. 5 (Lorédan), 1792)
- C'est cesser de souffrir que de quitter la vie.
(Othello, acte 2, sc. 5 (Lorédan), 1792)
- [...] L'État, dans nos ancêtres,
A compté des héros, et n'a point vu de traîtres.
(Othello, acte 3, sc. 3 (Hédelmone), 1792)
- [...] De leurs bienfaits les mortels généreux
N'espèrent aucun prix: ils sont payés par eux.
(Othello, acte 3, sc. 6 (Hédelmone), 1792)
- [...] L'amour fait taire la vertu;
Son pouvoir nous entraîne, et la pente est facile.
(Othello, acte 4, sc. 1 (Pézare), 1792)
- Sur la beauté trompeuse, et que le vice assiège,
On ouvre un oeil jaloux, défiant, prévenu;
Quand elle est vertueuse on croit à sa vertu.
(Othello, acte 4, sc. 1 (Pézare), 1792)
- Est-il quelque danger quand l'amour nous conduit?
(Othello, acte 4, sc. 3 (Hédelmone), 1792)
- [...] Après de longs travaux,
Notre âme et notre coeur demandent du repos.
(Othello, acte 4, sc. 6 (Othello), 1792)
- [...] Le Ciel, dans nos douleurs,
Sur nos jours passagers sème au moins quelques fleurs.
(Othello, acte 5, sc. 2 (Hermance), 1792)
- L'erreur de nos soupçons est souvent sans retour.
(Othello, acte 5, sc. 2 (Hermance), 1792)
- L'amour traîne souvent quelque crainte à sa suite.
(Othello, acte 5, sc. 4 (Othello), 1792)
- [...] Il est dans la nature
Un vengeur immortel qui punit l'imposture.
(Othello, acte 5, sc. 4 (Hédelmone), 1792)