Marie-Joseph Chénier
1764-1811
  1. Ce n'est pas en des jours où tout est légitime,
    Qu'un chef prudent s'applique à rechercher le crime.

    (Brutus et Cassius, acte 1, sc. 3 (Cassius), 1790)
     
  2. Pour qui n'est point crédule il n'est point de merveilles.
    (Brutus et Cassius, acte 1, sc. 3 (Cassius), 1790)
     
  3. [...] La vie est d'un jour, la mort est éternelle;
    Et quand il a quitté sa dépouille mortelle,
    Non, l'homme, rassemblant des vestiges épars,
    Ne vient pas des vivants effrayer les regards.

    (Brutus et Cassius, acte 1, sc. 3 (Cassius), 1790)
     
  4. Il faut en venir tard à ces coups de vigueur,
    Et l'on doit condamner l'excès de la rigueur.

    (Brutus et Cassius, acte 1, sc. 3 (Cassius), 1790)
     
  5. Dans les temps orageux il faut de la vertu.
    (Brutus et Cassius, acte 1, sc. 3 (Brutus), 1790)
     
  6. Dans les temps orageux il faut de la souplesse.
    (Brutus et Cassius, acte 1, sc. 3 (Cassius), 1790)
     
  7. [...] Sur la plus noble cause
    Vainement quelquefois l'équité se repose.

    (Brutus et Cassius, acte 1, sc. 4 (Brutus), 1790)
     
  8. Pour des coeurs vertueux régner n'a point de charmes.
    (Brutus et Cassius, acte 2, sc. 3 (Cassius), 1790)
     
  9. [...] Le vaisseau pressé des vents et de l'orage,
    Sans un pilote habile est certain du naufrage.

    (Brutus et Cassius, acte 2, sc. 3 (Agrippa), 1790)
     
  10. Ce sont là les humains! Telle est notre faiblesse:
    Par le seul intérêt déterminé sans cesse,
    Vertueux par orgueil ou par ambition;
    Nos coeurs sont-ils jamais exempts de passion?

    (Brutus et Cassius, acte 2, sc. 3 (Agrippa), 1790)
     
  11. Lorsqu'il attend des cieux une haine éternelle,
    L'homme n'est point coupable en secouant sa chaîne.
    Un mortel vertueux, opprimé par le sort,
    Peut chercher du repos dans le sein de la mort.
    Aux dieux auteurs de l'âme il ne fait point outrage,
    Puisqu'il ne détruit point leur immortel ouvrage.

    (Brutus et Cassius, acte 2, sc. 4 (Brutus), 1790)
     
  12. [...] N'espérons rien de ces vertus tranquilles,
    Trop faibles pour brûler en des temps difficiles.

    (Brutus et Cassius, acte 2, sc. 4 (Brutus), 1790)
     
  13. Ah! des plus vils tyrans si le sort est complice,
    Que devient désormais l'éternelle justice?

    (Brutus et Cassius, acte 3, sc. 2 (Brutus), 1790)
     
  14. Et que de la raison les importants avis,
    Malgré tous nos efforts, sont lentement suivis!

    (Brutus et Cassius, acte 3, sc. 4 (Porcie), 1790)
     
  15. [...] Trouver ainsi la mort,
    N'est-ce pas triompher des tyrans et du sort?

    (Brutus et Cassius, acte 3, sc. 4 (Porcie), 1790)
     
  16. Le peuple est implacable au moment qu'on l'offense.
    (Caius Gracchus, acte 1, sc. 2 (Gracchus), 1792)
     
  17. Il sait braver, attendre, et subir les revers.
    (Caius Gracchus, acte 1, sc. 2 (Cornélie), 1792)
     
  18. Ce qu'on nomme la vie est un présent funeste;
    Mais la pitié des dieux, parmi tant de fléaux,
    Nous donna le sommeil pour soulager nos maux.

    (Caïus Gracchus, acte 1, sc. 2 (Cornélie), 1792)
     
  19. Ce qu'on nomme la vie est un présent funeste.
    (Caius Gracchus, acte 1, sc. 2 (Cornélie), 1792)
     
  20. Détruisez, renversez ces abus sacrilèges,
    Tous ces vols décorés du nom de privilèges!

    (Caius Gracchus, acte 1, sc. 4 (Gracchus), 1792)
     
  21. [...] Punir ses tyrans, c'est remplir un devoir.
    (Caius Gracchus, acte 1, sc. 4 (Gracchus), 1792)
     
  22. [...] L'aristocratie, ou le joug monarchique,
    Écraseront enfin la puissance publique.

    (Caius Gracchus, acte 2, sc. 2 (Gracchus), 1792)
     
  23. [...] Malheur à l'homicide!
    Le sang retombera sur sa tête perfide.
    Des lois et non du sang.

    (Caius Gracchus, acte 2, sc. 2 (Gracchus), 1792)
     
  24. Mais que sont, après tout, aux yeux patriciens,
    Les travaux, les sueurs, le sang des plébéiens?

    (Caïus Gracchus, acte 2, sc. 2 (Gracchus), 1792)
     
  25. [...] Il faut de l'indigent soulager les misères.
    (Caius Gracchus, acte 2, sc. 3 (Cornélie), 1792)
     
  26. La paix entre ennemis est de courte durée.
    (Caius Gracchus, acte 3, sc. 1 (Drusus), 1792)
     
  27. [...] Les dieux, les lois, consul, c'est par là qu'on séduit;
    Et c'est avec des mots que le peuple est conduit.

    (Caius Gracchus, acte 3, sc. 1 (Drusus), 1792)
     
  28. Quel est donc sur les coeurs l'ascendant du génie,
    D'une éloquente voix quelle est la tyrannie,
    Si l'orgueil irrité d'un sénat tout-puissant
    L'écoute avec respect, et cède en frémissant?

    (Caius Gracchus, acte 3, sc. 1 (Opimius), 1792)
     
  29. Mais, loin de les aigrir, il faut gagner les coeurs.
    (Caius Gracchus, acte 3, sc. 2 (Opimius), 1792)
     
  30. [...] La liberté
    Des seuls patriciens ce n'est pas le partage;
    Elle appartient au monde; et ce grand héritage
    Est à tous les humains dispensés par les Cieux,
    Tel que l'astre du jour qui luit pour tous les yeux.

    (Caius Gracchus, acte 3, sc. 2 (Gracchus), 1792)
     
  31. La pauvreté du peuple exclut-elle ses droits?
    S'il est des indigents, c'est la faute des lois.

    (Caius Gracchus, acte 3, sc. 2 (Gracchus), 1792)
     
  32. La nature aux mortels n'a point donné d'entraves;
    Elle n'a point créé des tyrans, des esclaves.

    (Caius Gracchus, acte 3, sc. 2 (Gracchus), 1792)
     
  33. À de vils préjugés rien ne peut m'asservir.
    (Caius Gracchus, acte 3, sc. 2 (Gracchus), 1792)
     
  34. Des riches en tous lieux le pauvre est dépendant.
    (Caius Gracchus, acte 3, sc. 2 (Opimius), 1792)
     
  35. La tribune est ici le chemin des honneurs.
    (Caius Gracchus, acte 3, sc. 2 (Opimius), 1792)
     
  36. [...] L'aspect du péril agrandit le courage.
    (Caïus Gracchus, acte 3, sc. 5 (Gracchus), 1792)
     
  37. Qu'un homme libre est grand au moment de sa mort!
    (Caius Gracchus, acte 3, sc. 8 (Opimius), 1792)
     
  38. Tous les coeurs ne sont pas injustes et cruels.
    (Jean Calas, acte 1, sc. 4 (La Salle), 1791)
     
  39. Le Ciel n'ordonne pas de détester son père.
    (Jean Calas, acte 1, sc. 4 (Le Religieux), 1791)
     
  40. Repoussez loin de vous ces prêtres sanguinaires
    Qui vous font désirer le trépas de vos frères,
    Qui, d'orgueil enivrés, prêchent l'humilité,
    Qui du sein des trésors préchent la pauvreté,
    Et qui trompant toujours et dévastant la terre,
    Servent le Dieu de paix en déclarant la guerre.

    (Jean Calas, acte 1, sc. 4 (La Salle), 1791)
     
  41. Tout mortel bienfaisant est un prêtre des cieux.
    Aimer le genre humain, secourir la misère,
    C'est la religion, c'est la loi tout entière,
    C'est le prétexte saint que Dieu même a dicté:
    Son culte véritable est dans l'humanité.

    (Jean Calas, acte 1, sc. 5 (Le Religieux), 1791)
     
  42. Ce Dieu dont un coeur dur méconnaît la bonté,
    Dit à chacun de nous d'être un juge équitable,
    De haïr le forfait, de plaindre le coupable,
    D'accueillir l'accusé d'un oeil compatissant,
    Et de ne point verser le sang de l'innocent.

    (Jean Calas, acte 2, sc. 1 (La Salle), 1791)
     
  43. Venger les droits du Ciel! insensés que nous sommes,
    Ne donnons point à Dieu les passions des hommes.

    (Jean Calas, acte 2, sc. 1 (La Salle), 1791)
     
  44. Un juge aux passions doit être inaccessible.
    (Jean Calas, acte 2, sc. 2 (Clérac), 1791)
     
  45. [...] Il est toujours temps de punir un coupable.
    (Jean Calas, acte 2, sc. 3 (La Salle), 1791)
     
  46. [...] Il vaut mieux être enfin l'innocent abattu,
    Mourant dans les tourments, mais avec sa vertu,
    Épuisant les horreurs d'un arrêt tyrannique,
    Que le juge souillé d'un jugement inique.

    (Jean Calas, acte 2, sc. 3 (La Salle), 1791)
     
  47. Au pied des tribunaux une fois amené,
    L'accusé, s'il est pauvre, est déjà condamné.

    (Jean Calas, acte 2, sc. 3 (La Salle), 1791)
     
  48. Nos destins sont prévus, nos moments sont comptés.
    (Jean Calas, acte 3, sc. 2 (Jean Calas), 1791)
     
  49. [...] La douleur veut être solitaire.
    (Jean Calas, acte 3, sc. 3 (Louis Calas), 1791)
     
  50. De la prévention vous connaissez l'empire.
    (Jean Calas, acte 3, sc. 3 (Le Religieux), 1791)
     
  51. C'est [la religion] pour tous les humains la mère la plus tendre,
    Et son coeur, en tout temps, est prêt à nous entendre.

    (Jean Calas, acte 3, sc. 3 (Le Religieux), 1791)
     
  52. [...] Dans les tribunaux, comme au sein des combats,
    Un mortel s'accoutume à l'aspect du trépas,
    Et, se croyant toujours entouré de coupables,
    Voit couler d'un oeil sec le sang de ses semblables.

    (Jean Calas, acte 3, sc. 4 (La Salle), 1791)
     
  53. [...] Dieu seul est infaillible.
    (Jean Calas, acte 4, sc. 1 (Le Religieux), 1791)
     
  54. Le crime ne dort pas.
    (Jean Calas, acte 4, sc. 2 (Le Religieux), 1791)
     
  55. C'est par des actions et non par des prières
    Que Dieu laisse fléchir ses jugements sévères;
    Et, si je connais bien ce Dieu mon seul appui,
    Les cultes différents sont égaux devant lui.

    (Jean Calas, acte 4, sc. 2 (Jean Callas), 1791)
     
  56. Triomphant ou puni, le coupable est infâme.
    (Jean Calas, acte 4, sc. 4 (Jean Calas), 1791)
     
  57. Quand le juste opprimé périt sans défenseur,
    La honte doit tomber sur le juge oppresseur.

    (Jean Calas, acte 4, sc. 4 (Jean Calas), 1791)
     
  58. La mort est un moment facile à supporter.
    (Jean Calas, acte 4, sc. 4 (Madame Calas), 1791)
     
  59. Pour sortir de la vie attends que Dieu t'appelle.
    (Jean Calas, acte 4, sc. 4 (Jean Calas), 1791)
     
  60. Le malheur inventa le nom de Providence:
    L'infortune qui pleure a besoin d'espérance.

    (Jean Calas, acte 4, sc. 4 (Madame Calas), 1791)
     
  61. La raison d'aujourd'hui semant pour l'avenir,
    Versant de tous côtés sa lumière féconde,
    Vaincra les préjugés, ces vieux tyrans du monde.

    (Jean Calas, acte 4, sc. 7 (Jean Calas), 1791)
     
  62. Le faste corrompt l'âme et la rend insensible.
    (Jean Calas, acte 5, sc. 2 (Madame Callas), 1791)
     
  63. Hélas! aux gens heureux la plainte est importune.
    (Jean Calas, acte 5, sc. 2 (Madame Callas), 1791)
     
  64. Ce métal, inutile aux yeux de l'avarice,
    Prodigué par l'orgueil, perdu par le caprice,
    Trop souvent des forfaits l'instrument ignoré,
    Quand il sert la vertu, devient pur et sacré.

    (Jean Calas, acte 5, sc. 2 (La Salle), 1791)
     
  65. Sous de nombreux tyrans le monde est abattu;
    Mais un sage, un grand homme, ami de la vertu,
    Faisant aux préjugés une immortelle guerre,
    Fut créé pour instruire et consoler la terre.

    (Jean Calas, acte 5, sc. 2 (La Salle), 1791)
     
  66. On hait et l'on méprise un fantôme de roi
    Qui craint et qui se venge en répandant l'effroi.

    (Cyrus, acte 1, sc. 2 (Harpage), 1804)
     
  67. Quand des rois indolents déshonorent l'empire,
    Contre eux-mêmes bientôt leur faiblesse conspire.

    (Cyrus, acte 1, sc. 2 (Harpage), 1804)
     
  68. Les guerriers à regret courbent un front soumis.
    (Cyrus, acte 1, sc. 2 (Harpage), 1804)
     
  69. En semant le bonheur un monarque est heureux.
    (Cyrus, acte 2, sc. 1 (Mondane), 1804)
     
  70. Celui qui n'aime rien n'est point aimé lui-même.
    (Cyrus, acte 2, sc. 1. (Mondage), 1804)
     
  71. Ne souillons pas l'autel par le sang des victimes.
    (Cyrus, acte 2, sc. 2. (Astyage), 1804)
     
  72. Que peut-il vous manquer quand vous avez les Cieux?
    (Cyrus, acte 2, sc. 3 (Astyage), 1804)
     
  73. Les dieux mêmes n'ont pas le droit de l'injustice:
    De verser des bienfaits se faisant un devoir,
    Ils ont, par leur bonté, limité leur pouvoir.

    (Cyrus, acte 2, sc. 4 (Élénor), 1804)
     
  74. N'est-il pas un asile où le pardon commence?
    (Cyrus, acte 2, sc. 4 (Élénor), 1804)
     
  75. [...] Jetés sur la terre à de longs intervalles,
    Où sont-ils ces mortels dont les âmes royales
    Aiment les sages lois, en respectent le frein,
    Et se font pardonner le pouvoir souverain.

    (Cyrus, acte 2, sc. 4 (Élénor), 1804)
     
  76. Les bons rois sont toujours élèves des malheurs.
    (Cyrus, acte 3, sc. 2 (Élénor), 1804)
     
  77. Trop souvent la puissance est insensible et dure.
    (Cyrus, acte 3, sc. 2 (Élénor), 1804)
     
  78. La prière tremblante est la fille des dieux.
    (Cyrus, acte 3, sc. 4 (Mandane), 1804)
     
  79. [...] Le bienfait pieux
    Est le plus pur encens qu'on puisse offrir aux dieux.

    (Cyrus, acte 3, sc. 5 (Memnon), 1804)
     
  80. En bornant le pouvoir vous le rendez durable.
    (Cyrus, acte 5, sc. 4 (Astyage), 1804)
     
  81. Le Ciel, pour être libre, a fait l'humanité:
    Ainsi que le tyran, l'esclave est un impie
    Rebelle à la Divinité.

    (Le Camp de Grand-Pré, sc. 1 (Le Choeur), 1793)
     
  82. Couvert de sang et de gloire,
    Le Français chante sa victoire,
    Et pardonne au soldat vaincu.

    (Le Camp de Grand-Pré, sc. 5 (Le Général), 1793)
     
  83. La vertu fait les vrais soldats;
    C'est dans la vertu qu'est la gloire.

    (Le Camp de Grand-Pré, sc. 6 (Le Maire), 1793)
     
  84. Il est de ces instants où l'âme anéantie,
    D'un sinistre avenir paraît être avertie;
    Et souvent, en effet, ces secrètes terreurs,
    Des désastres prochains sont les avant-coureurs.

    (Charles IX, acte 1, sc. 1 (Henri), 1789)
     
  85. L'intérêt fait lui seul les amis et les traîtres.
    (Charles IX, acte 2, sc. 1 (Catherine), 1789)
     
  86. [...] Le chef de l'État
    Ne doit point affecter les vertus d'un soldat.
    Il est d'autres honneurs, il est une autre gloire,
    Et l'art de gouverner vaut mieux qu'une victoire.

    (Charles IX, acte 2, sc. 1 (Catherine), 1789)
     
  87. On peut se méfier d'un excès de clémence.
    (Charles IX, acte 2, sc. 2 (Lorraine), 1789)
     
  88. Cependant je ne puis concevoir aisément,
    Comment le roi des rois, le Dieu juste et clément,
    Devenant tout à coup sanguinaire et perfide,
    Peut ainsi commander la fraude et l'homicide;
    Comment il peut vouloir qu'à l'ombre de la paix
    Un roi verse à longs flots le sang de ses sujets.

    (Charles IX, acte 2, sc. 2 (Charles), 1789)
     
  89. Le Dieu que nous servons est un Dieu de bonté;
    Mais dans les livres saints s'il prêche l'indulgence,
    Il commande souvent la guerre et la vengeance.

    (Charles IX, acte 2, sc. 2 (Lorraine), 1789)
     
  90. Pensez-vous qu'un monarque ait droit d'examiner
    Ce que veut l'Éternel, ce qu'il peut ordonner.

    (Charles IX, acte 2, sc. 2 (Lorraine), 1789)
     
  91. Le dieu que nous servons est un dieu de bonté;
    Mais dans les livres saints s'il prêche l'indulgence,
    Il commande souvent la guerre et la vengeance.

    (Charles IX, acte 2, sc. 2 (Lorraine), 1789)
     
  92. [...] Avant d'entreprendre il faut se consulter.
    (Charles IX, acte 2, sc. 3 (Charles), 1789)
     
  93. Quelque jour nos Français, si grands par le courage,
    Exempts du fanatisme et des dissensions,
    Pourront servir en tout d'exemple aux nations.

    (Charles IX, acte 2, sc. 3 (Coligni), 1789)
     
  94. [...] Il faut travailler au bien de la patrie.
    (Charles IX, acte 2, sc. 3 (Coligni), 1789)
     
  95. Fatigué de grandeurs, tel inspire l'envie,
    Dont les secrets ennuis méritent la pitié.

    (Charles IX, acte 2, sc. 3 (Charles), 1789)
     
  96. [...] Ces temps ne sont plus où l'Europe avilie
    Craignait les vains décrets des prêtres d'Italie.

    (Charles IX, acte 2, sc. 3 (Coligni), 1789)
     
  97. Qu'importe le pouvoir sans la douce amitié.
    (Charles IX, acte 2, sc. 3 (Charles), 1789)
     
  98. La voix du préjugé se fait moins écouter;
    L'esprit humain s'éclaire; il commence à douter.

    (Charles IX, acte 2, sc. 3 (Coligni), 1789)
     
  99. Un roi doit se venger du parti qui l'opprime.
    (Charles IX, acte 5, sc. 4 (Lorraine), 1789)
     
  100. On n'exécute rien quand on veut l'impossible.
    (Charles IX, acte 3, sc. 1 (Lorraine), 1789)
     
  101. [...] Je sais mépriser ces vains droits de noblesse
    Que la force autrefois conquit sur la faiblesse.

    (Charles IX, acte 3, sc. 1 (L'Hôpital), 1789)
     
  102. De quel droit des mortels, parlant au nom des cieux,
    Nous imposeraient-ils un joug religieux?

    (Charles IX, acte 3, sc. 1 (L'Hôpital), 1789)
     
  103. Nous sommes leurs sujets, ils [les rois] sont sujets des lois.
    (Charles IX, acte 3, sc. 1 (L'Hôpital), 1789)
     
  104. Qui dit la vérité l'écoute sans faiblesse.
    (Charles IX, acte 3, sc. 1 (Lorraine), 1789)
     
  105. La vertu des humains n'est pas dans leur croyance:
    Elle est dans la justice et dans la bienfaisance.

    (Charles IX, acte 3, sc. 1 (L'Hôpital), 1789)
     
  106. On peut, sans s'abaisser, respecter le pouvoir.
    (Charles IX, acte 3, sc. 1. (Lorraine), 1789)
     
  107. Le dernier des mortels est maître de son coeur.
    (Charles IX, acte 3, sc. 2 (L'Hôpital), 1789)
     
  108. Les crimes du Sains-Siège ont produit l'hérésie.
    (Charles IX, acte 3, sc. 2 (L'Hôpital), 1789)
     
  109. Dieu jusque dans les rois punit l'ingratitude.
    (Charles IX, acte 3, sc. 2 (Lorraine), 1789)
     
  110. Est-il d'ingratitude où le bienfait n'est pas?
    (Charles IX, acte 3, sc. 2 (L'Hôpital), 1789)
     
  111. Il faut des saintes lois implorer la puissance,
    Punir, épouvanter la désobéissance.

    (Charles IX, acte 3, sc. 2 (Lorraine), 1789)
     
  112. [...] Un mal violent veut un remède extrême.
    (Charles IX, acte 3, sc. 2 (Lorraine), 1789)
     
  113. Un prêtre audacieux fait et défait les rois.
    (Charles IX, acte 3, sc. 2 (L'Hôpital), 1789)
     
  114. Accumulant les biens, vendant les dignités,
    Ils osent [les pontifes] commander en monarques suprêmes,
    Et d'un pied dédaigneux fouler vingt diadêmes.

    (Charles IX, acte 3, sc. 2 (L'Hôpital), 1789)
     
  115. Ces pontifes cachés à l'ombre de l'autel,
    Longtemps n'avaient ouvert que les portes du Ciel:
    Ils n'étaient que sujets.

    (Charles IX, acte 3, sc. 2 (L'Hôpital), 1789)
     
  116. Écouter ses sujets est le devoir d'un roi.
    (Charles IX, acte 3, sc. 2 (Charles), 1789)
     
  117. [...] Du coeur des rois c'est le Ciel qui dispose.
    (Charles IX, acte 3, sc. 2 (Lorraine), 1789)
     
  118. J'ai besoin d'un ami dont l'austère sagesse,
    Sur le penchant du crime arrête ma jeunesse.

    (Charles IX, acte 3, sc. 2. (Charles), 1789)
     
  119. Tout le pouvoir du trône est fondé sur l'autel.
    (Charles IX, acte 3, sc. 2. (Lorraine), 1789)
     
  120. Coupable un seul moment je le serai toujours.
    (Charles IX, acte 4, sc. 1 (Charles), 1789)
     
  121. On ne fait point la paix un poignard à la main,
    Et l'intérêt d'un homme est toujours d'être humain.

    (Charles IX, acte 4, sc. 1 (Charles), 1789)
     
  122. Même avant le forfait on connaît le remords!
    (Charles IX, acte 4, sc. 1 (Charles), 1789)
     
  123. Je sens que la justice est un besoin de l'âme;
    La défense est de droit, la vengeance est infâme.

    (Charles IX, acte 4, sc. 1 (Charles), 1789)
     
  124. L'ambition souvent égare des sujets.
    (Charles IX, acte 4, sc. 2. (Catherine), 1789)
     
  125. Le soupçon ne convient qu'à des âmes timides.
    (Charles IX, acte 4, sc. 3 (Le Duc), 1789)
     
  126. [...] Excusez ma sombre défiance,
    Ce fruit amer de l'âge et de l'expérience.

    (Charles IX, acte 4, sc. 4 (Coligni), 1789)
     
  127. Ce n'est qu'aux champs d'honneur que nous devons mourir.
    (Charles IX, acte 4, sc. 4 (Guise), 1789)
     
  128. Il faut bien, malgré soi, soupçonner des perfides.
    (Charles IX, acte 4, sc. 4 (Coligni), 1789)
     
  129. Le sommeil, ce seul bien qui reste aux malheureux.
    (Charles IX, acte 5, sc. 3 (Henri), 1789)
     
  130. Les attentats des rois ne sont pas impunis!
    (Charles IX, acte 5, sc. 4 (Charles), 1789)
     
  131. Tout éprouve ici bas ses [Dieu] bontés paternelles;
    Dès que le faible oiseau peut essayer ses ailes,
    Loin du sein de sa mère il vole sans appui;
    Il est seul dans le monde; et Dieu prend soin de lui.

    (Fénelon, acte 1, sc. 2 (Amélie), 1793)
     
  132. Ce n'est pas d'un hasard que doit rougir mon front;
    Mon sort est un malheur, mais non pas un affront.

    (Fénelon, acte 1, sc. 2 (Amélie), 1793)
     
  133. L'espérance, à votre âge, est prompte à nous séduire.
    (Fénelon, acte 1, sc. 4 (Isaure), 1793)
     
  134. Partout où l'on respire on n'est heureux qu'en songe.
    (Fénélon, acte 2, sc. 3 (Héloïse), 1793)
     
  135. L'infortune aigrit l'âme, et la rend inflexible.
    (Fénelon, acte 2, sc. 3 (Amélie), 1793)
     
  136. La pitié qu'on inspire adoucit les malheurs.
    (Fénelon, acte 2, sc. 3 (Héloïse), 1793)
     
  137. Mais que peut l'opprimé contre la tyrannie?
    (Fénélon, acte 2, sc. 3 (Amélie), 1793)
     
  138. Gagnons, persuadons, n'aigrissons point les coeurs.
    (Fénelon, acte 3, sc. 1 (Fénelon), 1793)
     
  139. Gagnons, persuadons, n'aigrissons pas les coeurs.
    (Fénelon, acte 3, sc. 1 (Fénelon), 1793)
     
  140. L'erreur n'est pas un crime aux yeux de l'Éternel;
    N'exigez donc pas plus que n'exige le Ciel.

    (Fénelon, acte 3, sc. 1 (Fénelon), 1793)
     
  141. Sous nos cinq derniers rois la seule intolérance
    A fait un siècle entier les malheurs de la France.

    (Fénelon, acte 3, sc. 1 (Fénelon), 1793)
     
  142. Le ministre d'un Dieu qui vécut indigent,
    Ne doit point, croyez-moi, connaître l'opulence,
    Ni d'un luxe barbare étaler l'insolence.

    (Fénelon, acte 3, sc. 1 (Fénelon), 1793)
     
  143. [...] Jamais la rigueur n'a fait que des martyrs.
    (Fénelon, acte 3, sc. 1 (Fénelon), 1793)
     
  144. [...] À la vanité l'âme n'est point soumise.
    (Fénelon, acte 3, sc. 2 (D'Elmance), 1793)
     
  145. Je ne méprise point l'amour et ses douleurs,
    Et je n'ai point l'orgueil d'insulter à des pleurs.

    (Fénelon, acte 3, sc. 2 (Fénelon), 1793)
     
  146. Le bonheur nait souvent du sein du malheur même.
    (Fénelon, acte 3, sc. 2 (Fénelon), 1793)
     
  147. Il n'appartient qu'à Dieu de dissiper l'orage.
    (Fénelon, acte 3, sc. 2 (Fénelon), 1793)
     
  148. [La gloire] cette vaine idole,
    Même pour le plus grand homme est un ombre frivole.

    (Fénelon, acte 3, sc. 2 (Fénelon), 1793)
     
  149. [...] Tout homme ici-bas doit pleurer et mourir.
    (Fénelon, acte 3, sc. 2 (Fénelon), 1793)
     
  150. Croyez que tout mortel a besoin d'indulgence.
    (Fénelon, acte 3, sc. 2 (Fénelon), 1793)
     
  151. Dans le champ de la vie il faut semer des fleurs;
    Et c'est nous trop souvent qui faisons nos malheurs.

    (Fénelon, acte 3, sc. 2 (Fénelon), 1793)
     
  152. Nous avons oublié la nature et ses lois:
    Les cris des préjugés ont fait taire sa voix.

    (Fénelon, acte 3, sc. 2 (Fénelon), 1793)
     
  153. La vertu d'elle-même est partout respectable;
    Vous doublez son empire en la rendant aimable.

    (Fénelon, acte 3, sc. 2 (D'Elmance), 1793)
     
  154. Ce n'est que devant Dieu qu'on doit être à genoux.
    (Fénelon, acte 3, sc. 4 (Fénelon), 1793)
     
  155. [...] Servons l'humanité,
    Après nous rendrons grâce à la Divinité.

    (Fénelon, acte 3, sc. 5 (Fénelon), 1793)
     
  156. Dieu créa les mortels pour s'aimer, pour s'unir:
    Ces cloîtres, ces cahots ne sont point son ouvrage;
    Dieu fit la liberté; l'homme a fait l'esclavage.

    (Fénelon, acte 4, sc. 3 (Héloïse), 1793)
     
  157. Le reproche est permis dans ma calamité.
    (Fénelon, acte 4, sc. 3 (Héloïse), 1793)
     
  158. Mon crime fut d'aimer; le votre est de haïr.
    Dieu créa les mortels pour s'aimer, pour s'unir.

    (Fénelon, acte 4, sc. 3. (Héloïse), 1793)
     
  159. Toujours le Ciel et Dieu quand on commet des crimes!
    (Fénelon, acte 4, sc. 4 (Fénelon), 1793)
     
  160. Le ciel pardonne tout, hors l'inhumanité.
    (Fénelon, acte 4, sc. 4 (Fénelon), 1793)
     
  161. [...] Le Ciel repousse avec horreur
    Des voeux qui ne sont point partagés par le coeur.

    (Fénelon, acte 4, sc. 4 (Fénelon), 1793)
     
  162. Craignez ces passions qu'un long remords expie,
    L'ambition, l'orgueil, le fanatisme impie.

    (Fénelon, acte 5, sc. 1 (Fénelon), 1793)
     
  163. Pères, de vos enfants, ne forcez point les voeux:
    Le Ciel vous les donna, mais pour les rendre heureux.

    (Fénélon, acte 5, sc. 1 (Fénelon), 1793)
     
  164. Songez qu'au bonheur même il faut s'accoutumer.
    (Fénelon, acte 5, sc. 2 (Fénelon), 1793)
     
  165. Le malheur qui n'est plus n'a jamais existé.
    (Fénelon, acte 5, sc. 2 (D'Elmance), 1793)
     
  166. Les ministres de Dieu déshonorent ses temples;
    De sanglants tribunaux consacrent leurs succès.

    (Fénelon, acte 5, sc. 2 (D'Elmance), 1793)
     
  167. Montrez-nous moins injuste envers la Providence:
    Elle aura soin de vous, comptez sur sa clémence.

    (Fénelon, acte 5, sc. 2 (Fénelon), 1793)
     
  168. À force d'attentats ils la [la religion] feront haïr.
    (Fénelon, acte 5, sc. 2 (Fénelon), 1793)
     
  169. Un bien qu'on n'attend plus facilement s'oublie.
    (Fénelon, acte 5, sc. 4 (Héloïse), 1793)
     
  170. L'infortune, en secret, se nourrissant de pleurs,
    Saura qu'il est un Dieu témoin de ses douleurs,
    Qu'il faut se résigner devant la Providence,
    Et qu'il n'est jamais temps de perdre l'espérance.

    (Fénelon, acte 5, sc. 5 (Fénelon), 1793)
     
  171. Punir est un tourment, pardonner un plaisir.
    C'est de la royauté le droit le plus auguste,
    Un devoir aussi saint que celui d'être juste.

    (Henri VIII, acte 1, sc. 2 (Cranmer), 1791)
     
  172. Il faut plaindre le sort du prince infortuné
    Dont le coeur endurci n'a jamais pardonner.

    (Henri VIII, acte 1, sc. 2 (Cranmer), 1791)
     
  173. Heureux le sage roi qui connaît sa faiblesse,
    Et qui, laissant fléchir sa douce autorité,
    Cherche, accueille, encourage, entend la vérité!

    (Henri VIII, acte 1, sc. 2 (Cranmer), 1791)
     
  174. Un injuste soupçon peut tromper votre coeur,
    Et la prudence humaine est sujette à l'erreur.

    (Henri VIII, acte 1, sc. 2 (Cranmer), 1791)
     
  175. Malheur au souverain que la vérité blesse!
    (Henri VIII, acte 1, sc. 2 (Cranmer), 1791)
     
  176. La vertu malheureuse en est plus respectable.
    (Henri VIII, acte 2, sc. 3 (Cranmer), 1791)
     
  177. [...] Les lois
    Sont l'organe du Ciel et commandent aux rois.

    (Henri VIII, acte 2, sc. 4 (Henri), 1791)
     
  178. À sa raison timide (du vulgaire) on doit en imposer,
    Le braver, s'il le faut, mais souvent l'abuser,
    Mêler adroitement la force et la prudence,
    Éterniser l'erreur qui fait sa dépendance.

    (Henri VIII, acte 2, sc. 4 (Henri), 1791)
     
  179. Que l'hymen est puissant! que ses noeuds sont augustes!
    (Henri VIII, acte 3, sc. 1 (Boulen), 1791)
     
  180. Je plains le coeur superbe au sein de la grandeur;
    Il n'aura point d'amis dans les jours du malheur.

    (Henri VIII, acte 3, sc. 2 (Seimour), 1791)
     
  181. Hélas! à chaque instant, sur la moindre apparence,
    Un coeur infortuné ressaisit l'espérance.

    (Henri VIII, acte 3, sc. 2 (Boulen), 1791)
     
  182. Il est un tribunal qui venge la vertu;
    L'univers est soumis à ses lois redoutables:
    L'innocent condamné par des juges coupables,
    Sous leur indigne arrêt tombant désespéré,
    Va soulever contre eux ce tribunal sacré;
    Il meurt comblé de gloire au sein de l'infamie;
    Il meur, et l'échafaud, qui voit trancher sa vie,
    Le couvrant tout à coup d'un éclat immortel,
    Rend son nom pous auguste et devient un autel.

    (Henri VIII, acte 3, sc. 3 (Boulen), 1791)
     
  183. Malheur à qui peut tout! il peut vouloir un crime.
    (Henri VIII, acte 3, sc. 3 (Boulen), 1791)
     
  184. À la vertu, madame, accorder un refuge,
    C'est le plus bel emploi d'un monarque et d'un juge.

    (Henri VIII, acte 3, sc. 3 (Henri), 1791)
     
  185. Mon coeur est innocent, c'est au crime à trembler.
    (Henri VIII, acte 3, sc. 4 (Norris), 1791)
     
  186. L'innocence est toujours calme sans violence.
    (Henri VIII, acte 3, sc. 4 (Norfolk), 1791)
     
  187. Que la loi règne seule, et non pas la vengeance.
    (Henri VIII, acte 3, sc. 4 (Henri), 1791)
     
  188. [La mort] Ce moment suprême
    Où finit la puissance, où nait l'égalité,
    Où l'homme assujetti reprend sa liberté.

    (Henri VIII, acte 3, sc. 4 (Norris), 1791)
     
  189. Et permettez du moins la plainte aux malheureux.
    (Henri VIII, acte 3, sc. 4 (Seimour), 1791)
     
  190. Les maux sont ici-bas; les biens sont dans les cieux.
    Là, disparaît enfin l'orgueil du rang suprême;
    Tout renaît en Dieu seul, tout est grand par Dieu même;
    Là, jamais le coupable heureux et couronné
    N'écrase l'innocent à ses pieds prosterné.

    (Henri VIII, acte 4, sc. 2 (Boulen), 1791)
     
  191. [...] Les rois sont sans pitié:
    Ils ont reçu du Ciel un rang qui les dispense
    De vertu, de tendresse et de reconnaissance.

    (Henri VIII, acte 4, sc. 2 (Boulen), 1791)
     
  192. La vertu, sous le glaive, implore son auteur,
    Et dans le Ciel au moins cherche un consolateur.

    (Henri VIII, acte 4, sc. 2 (Boulen), 1791)
     
  193. [...] La vertu n'est pas toujours infortunée.
    (Henri VIII, acte 4, sc. 6 (Boulen), 1791)
     
  194. Qu'est-ce donc que la mort? le terme des malheurs.
    (Henri VIII, acte 4, sc. 7 (Boulen), 1791)
     
  195. Grand Dieu ! des opprimés où serait l'espérance,
    Quel prix dans le malheur soutiendrait leur constance,
    Si notre âme en quittant ce monde criminel,
    Ne trouvait devant soi qu'un néant éternel ?

    (Henri VIII, acte 4,sc. 2. (Boulen), 1791)
     
  196. Songez que Dieu punit les princes criminels.
    (Henri VIII, acte 5, sc. 2 (Cranmer), 1791)
     
  197. Si l'arrêt du trépas peut être légitime,
    Si la loi peut jamais verser du sang humain,
    C'est quand le criminel en a souillé sa main.

    (Henri VIII, acte 5, sc. 2 (Cranmer), 1791)
     
  198. J'écoute l'indulgence et non pas la justice.
    (Henri VIII, acte 5, sc. 3 (Henri), 1791)
     
  199. Des bienfaits découverts ne font jamais rougir.
    (Nathan le Sage, acte 1, sc. 1 (Nathan), Posthume 1824)
     
  200. Ce que l'on croit perdu n'est souvent qu'égaré.
    (Nathan le Sage, acte 1, sc. 1 (Brigitte), Posthume 1824)
     
  201. De l'oubli des bienfaits pourquoi faire une étude?
    Pourquoi sanctifier jusqu'à l'ingratitude?

    (Nathan le Sage, acte 1, sc. 2 (Nathan), Posthume 1824)
     
  202. [...] L'imposture nuit; l'erreur n'est bonne à rien.
    (Nathan le Sage, acte 1, sc. 2 (Nathan), Posthume 1824)
     
  203. [...] Un brave aime les braves.
    (Nathan le Sage, acte 1, sc. 4 (Montfort), Posthume 1824)
     
  204. [...] On sert quelquefois des maîtres qu'on méprise.
    (Nathan le Sage, acte 1, sc. 4 (F. Bonhome), Posthume 1824)
     
  205. [...] Un Dieu suffit: la nature l'atteste;
    Notre coeur le révèle; il faut un Dieu. Le reste...

    (Nathan le Sage, acte 2, sc. 1 (Saladin), Posthume 1824)
     
  206. Celui qui nous fait naître a compté nos journées.
    (Nathan le Sage, acte 2, sc. 1 (Saladin), Posthume 1824)
     
  207. Consolez la douleur, secourez l'indigence,
    Dans son asile obscur cherchez l'adversité,
    Et de votre manteau couvrez sa nudité.

    (Nathan le Sage, acte 2, sc. 2 (Nathan), Posthume 1824)
     
  208. Que de gens par la haine et l'orgueil séparés,
    Vivraient fort bons amis s'ils s'étaient rencontrés.

    (Nathan le Sage, acte 2, sc. 2 (Saladin), Posthume 1824)
     
  209. Malgré lui, quelquefois, un méchant fait du bien.
    (Nathan le Sage, acte 2, sc. 2 (Nathan), Posthume 1824)
     
  210. L'excès de modestie est un excès d'orgueil.
    (Nathan le Sage, acte 2, sc. 2 (Saladin), Posthume 1824)
     
  211. On peut persécuter, mais non forcer à croire.
    (Nathan le Sage, acte 2, sc. 2 (Nathan), Posthume 1824)
     
  212. [...] Chaque peuple a sa loi,
    Ses dogmes, ses martyrs, ses prophètes, sa foi.

    (Nathan le Sage, acte 2, sc. 2 (Saladin), Posthume 1824)
     
  213. Un sage avec lenteur doit tout approfondir.
    (Nathan le Sage, acte 2, sc. 2 (Saladin), Posthume 1824)
     
  214. Singulière monnaie [la vérité], elle a pu sembler belle
    Lorsqu'on l'appréciait à sa valeur réelle;
    Mais depuis bien longtemps elle a fort peu de cours,
    Et son poids est surtout ignoré dans les cours.

    (Nathan le Sage, acte 2, sc. 2 (Nathan), Posthume 1824)
     
  215. Se faire aimer, c'est là le premier bien du coeur.
    (Nathan le Sage, acte 2, sc. 2. (Nathan), Posthume 1824)
     
  216. Il y a des gens de bien sous différentes climats.
    (Nathan le Sage, acte 2, sc. 3 (Nathan), Posthume 1824)
     
  217. Les grands hommes souvent furent de grands fléaux.
    (Nathan le Sage, acte 2, sc. 3 (Nathan), Posthume 1824)
     
  218. Songez donc qu'au grand homme il faut beaucoup de place,
    Des cèdres rassemblés dans un petit espace
    Se nuisent l'un à l'autre et gênent leurs rameaux.

    (Nathan le Sage, acte 2, sc. 3 (Nathan), Posthume 1824)
     
  219. Ainsi par les humains les humains sont proscrits;
    Par le glaive sanglant les dogmes sont écrits.

    (Nathan le Sage, acte 2, sc. 3 (Montfort), Posthume 1824)
     
  220. Ah! l'orgueuil est à plaindre; il ne sait point aimer.
    Dans l'homme son égal, l'homme doit s'estimer.

    (Nathan le Sage, acte 2, sc. 3 (Nathan), Posthume 1824)
     
  221. Fûmes-nous consultés en recevant la vie?
    Qui de nous peut choisir son peuple et sa patrie?
    Nos parents, à leur gré, font un juif, un chrétien;
    Différence de mots, Dieu fait un homme. Eh bien !

    (Nathan le Sage, acte 2, sc. 3 (Nathan), Posthume 1824)
     
  222. Penser est dangereux; raisonner, inutile;
    Croire, c'est ce qu'il faut; croire est bien plus facile.

    (Nathan le Sage, acte 3, sc. 4 (Dom Tremendo), Posthume 1824)
     
  223. Qui veut régner en paix veut un peuple dévot.
    (Nathan le Sage, acte 3, sc. 4 (Dom Tremendo), Posthume 1824)
     
  224. Que de gens sont damnés pour avoir eu raison!
    (Nathan le Sage, acte 3, sc. 4 (F. Bonhome), Posthume 1824)
     
  225. Employez la raison dans les choses vulgaires;
    Mais, hors du temporel, en toutes les affaires
    De Dieu, de son Église, elle est hors de saison.

    (Nathan le Sage, acte 3, sc. 4 (Dom Tremendo), Posthume 1824)
     
  226. D'un examen stérile à quoi bon te charger?
    Jouis et bénis Dieu qui sait tout arranger.

    (Nathan le Sage, acte 3, sc. 5 (Saladin), Posthume 1824)
     
  227. En riant de ses fers, cesse-t-on d'en porter?
    (Nathan le Sage, acte 3, sc. 5 (Montfort), Posthume 1824)
     
  228. Trop souvent le même homme a différentes faces.
    (Nathan le Sage, acte 3, sc. 5 (Montfort), Posthume 1824)
     
  229. [...] Certains préjugés, sucés avec le lait,
    Deviennent nos tyrans jusque dans la vieillesse.

    (Nathan le Sage, acte 3, sc. 5 (Montfort), Posthume 1824)
     
  230. Celui qui sait rougir aime encore la vertu.
    (Nathan le Sage, acte 3, sc. 5 (Saladin), Posthume 1824)
     
  231. Sur ce point délicat (croyances religieuses) si l'on veut s'accorder,
    L'État doit tout permettre, et ne rien commander.

    (Nathan le Sage, acte 3, sc. 6 (Saladin), Posthume 1824)
     
  232. Le pouvoir des bienfaits le trouve inaccessible.
    (Philippe II, acte 1, sc. 1 (Philippe), Posthume 1824)
     
  233. Une longue indulgence est l'équité d'un père.
    (Philippe II, acte 1, sc. 3 (Philippe), Posthume 1824)
     
  234. [...] C'est en triomphant qu'un héros sait répondre.
    (Philippe II, acte 1, sc. 4 (Élisabeth), Posthume 1824)
     
  235. Qui n'a pas ses chagrins? Qui ne répand des larmes?
    (Philippe II, acte 2, sc. 2 (Élisabeth), Posthume 1824)
     
  236. [...] Un prince à l'État doit souvent s'immoler.
    (Philippe II, acte 2, sc. 2 (Élisabeth), Posthume 1824)
     
  237. [...] Pour le rang suprême,
    Ce qu'on n'aima jamais s'abandonne aisément.

    (Philippe II, acte 2, sc. 2 (Carlos), Posthume 1824)
     
  238. Une mère a le droit de consoler son fils.
    (Philippe II, acte 2, sc. 3 (Philippe), Posthume 1824)
     
  239. Un coeur pur est sensible; et tout âge a sa peine.
    (Philippe II, acte 2, sc. 3 (Carlos), Posthume 1824)
     
  240. La conscience est libre: on ne peut rien sur elle;
    Quand la bouche obéit, l'âme est encore rebelle.

    (Philippe II, acte 2, sc. 4 (D'Egmont), Posthume 1824)
     
  241. 0 [...Sur l'échafaud même on peut trouver la gloire.
    (Philippe II, acte 2, sc. 4 (D'Egmont), Posthume 1824)
     
  242. La rigueur a produit la désobéissance.
    (Philippe II, acte 2, sc. 4 (D'Egmont), Posthume 1824)
     
  243. [...] D'un long repentir une faute est suivie!
    (Philippe II, acte 3, sc. 2 (Élisabeth), Posthume 1824)
     
  244. Un trône avec le crime est à peine un asile.
    (Philippe II, acte 3, sc. 3 (Élisabeth), Posthume 1824)
     
  245. On ne descend jamais en faisant son devoir.
    (Philippe II, acte 3, sc. 3 (Élisabeth), Posthume 1824)
     
  246. Sur un commun écueil jetés par le destin,
    Deux coeurs infortunés, qu'a séparé l'orage,
    Se rapprochent encore au sein de leur naufrage.

    (Philippe II, acte 3, sc. 3 (Élisabeth), Posthume 1824)
     
  247. [...] L'amour, à son plein gré, déterminant son choix,
    Ne soit pas le caprice ou l'intérêt des rois.

    (Philippe II, acte 3, sc. 5 (Carlos), Posthume 1824)
     
  248. [...] Si j'ai bien conçu l'autorité suprême,
    Un monarque, un héros, déjà grand par lui-même,
    Devient plus grand encore en sachant pardonner,
    Et toujours la clémence est l'art de gouverner.

    (Philippe II, acte 3, sc. 5 (Carlos), Posthume 1824)
     
  249. Partout l'opinion réveille enfin le monde,
    Partout l'esprit humain sort de la nuit profonde,
    Et des tyrans sacrés rompt lentement les fers.

    (Philippe II, acte 3, sc. 5 (Carlos), Posthume 1824)
     
  250. Un monarque puissant, un héros admiré,
    Qu'entourent les flatteurs, que séduit l'imposture,
    Jamais impunément n'échappe à la nature;
    Dans sa grandeur farouche à toute heure isolé,
    Il gémit sur un trône, et n'est pas consolé.

    (Philippe II, acte 4, sc. 3 (Élisabeth), Posthume 1824)
     
  251. Si d'un âge bouillant l'impétueuse ivresse
    Dans quelques fautes même avait pu l'entrainer,
    À cet âge, au malheur on doit les pardonner:
    Un bon roi les excuse, un père les oublie.

    (Philippe II, acte 4, sc. 3 (Élisabeth), Posthume 1824)
     
  252. [...] Souvent à la cour un ami cache un traître.
    (Philippe II, acte 4, sc. 6 (Élisabeth), Posthume 1824)
     
  253. [...] Sans appui, la vertu, plus auguste,
    Rentre en sa conscience avec tranquillité,
    Et sait jouir encore de son adversité.

    (Philippe II, acte 4, sc. 6 (Élisabeth), Posthume 1824)
     
  254. Le peuple est fatigué du pouvoir despotique.
    (Tibère, acte 1, sc. 1 (Cnéius), Posthume 1819)
     
  255. Ah! parmi ces flatteurs, émules d'infamie,
    Une tête innocente est bientôt ennemie.

    (Tibère, acte 1, sc. 1 (Cnéius), Posthume 1819)
     
  256. Quand sous le crime heureux tout languit abattu,
    Malheur aux citoyens coupables de vertu!

    (Tibère, acte 1, sc. 1 (Cnéius), Posthume 1819)
     
  257. Intimide et corromps: c'est ainsi que l'on règne.
    (Tibère, acte 1, sc. 4 (Tibère), Posthume 1819)
     
  258. [...] L'équité finit où le courroux commence.
    (Tibère, acte 2, sc. 2 (Tibère), Posthume 1819)
     
  259. Quand le premier soldat n'est qu'un chef de rebelles,
    Quel chef conserverait des légions fidèles?

    (Tibère, acte 2, sc. 2 (Agrippine), Posthume 1819)
     
  260. Tout citoyen romain doit librement user
    Et du droit de défendre et du droit d'accuser.

    (Tibère, acte 2, sc. 3 (Tibère), Posthume 1819)
     
  261. Un père aux yeux d'un fils n'est jamais criminel.
    (Tibère, acte 2, sc. 4 (Agrippine), Posthume 1819)
     
  262. En pleurant un héros on devient criminel.
    (Tibère, acte 3, sc. 1 (Agrippine), Posthume 1819)
     
  263. [...] La loi ne punit que des crimes prouvés,
    Et ce sont des décrets au sénat réservés.

    (Tibère, acte 3, sc. 1 (Tibère), Posthume 1819)
     
  264. Il [le malheur] dompte la faiblesse, il cède à la constance.
    (Tibère, acte 3, sc. 1 (Tibère), Posthume 1819)
     
  265. Est-on coupable encore quand on sert la patrie?
    (Tibère, acte 3, sc. 1 (Agrippine), Posthume 1819)
     
  266. Le malheur n'est vaincu que par la résistance.
    (Tibère, acte 3, sc. 1 (Tibère), Posthume 1819)
     
  267. [...] Tout prince absolu, s'il ne veut s'affaiblir,
    Doit punir les talents qu'il ne peut avilir.

    (Tibère, acte 3, sc. 2 (Tibère), Posthume 1819)
     
  268. On peut braver la mort, mais non pas l'infamie.
    (Tibère, acte 3, sc. 3 (Tibère), Posthume 1819)
     
  269. [...] Courtisans, par intérêt soumis,
    Amis de la grandeur, mais des lois ennemis,
    Et qui, toujours du prince étudiant les vices,
    Lui vendent des forfaits qu'ils nomment leurs services.

    (Tibère, acte 4, sc. 2 (Tibère), Posthume 1819)
     
  270. Un fils craint aisément pour un père qu'il aime.
    (Tibère, acte 4, sc. 2 (Cnéius), Posthume 1819)
     
  271. Près du peuple souvent, quand la haine dénonce,
    La haine écoute encore, la haine encore prononce;
    Tandis que le sénat est pour le sénateur
    Un tribunal paisible et même protecteur.

    (Tibère, acte 4, sc. 2 (Tibère), Posthume 1819)
     
  272. Puisque les lois, les moeurs, les nobles sentiments
    Ne peuvent respirer l'air souillé par un maître,
    Puisse, puisse à jamais la liberté renaître
    Sur les sanglants débris des tyrans abattus,
    Pour que le genre humain conserve des vertus!

    (Tibère, acte 4, sc. 4 (Cnéius), Posthume 1819)
     
  273. Trop souvent un coupable est le fils d'un héros.
    (Tibère, acte 4, sc. 5 (Pison), Posthume 1819)
     
  274. Malheur à qui rampa sous un maître cruel!
    Misérable, il ne peut sortir de l'infamie;
    Avec sa conscience il a livré sa vie.

    (Tibère, acte 4, sc. 5 (Pison), Posthume 1819)
     
  275. Eh! si de la vertu, premier de leurs bienfaits,
    Un précipice affreux sépare les forfaits,
    Le remords franchissant cet intervalle immense,
    Devant ces dieux, peut-être, est encore l'innocence.

    (Tibère, acte 4, sc. 5 (Cnéius), Posthume 1819)
     
  276. Un tyran ne sait pas rougir impunément;
    Il rompt de ses forfaits le docile instrument;
    Et, faisant aux faveurs succéder les supplices,
    Avilit, récompense et punit ses complices.

    (Tibère, acte 4, sc. 5 (Pison), Posthume 1819)
     
  277. Je tremble, ô mon cher fils! le tyran te caresse.
    (Tibère, acte 4, sc. 5 (Pison), Posthume 1819)
     
  278. Mais que sont désormais les pères de l'État?
    Un fantôme avili qu'on appelle sénat.

    (Tibère, acte 5, sc. 2 (Tibère), Posthume 1819)
     
  279. Et les Romains, hélas! tremblent devant un homme!
    (Tibère, acte 5, sc. 2 (Tibère), Posthume 1819)
     
  280. Je plains l'ambitieux qui n'est pas insensible.
    (Timoléon, acte 1, sc. 1. (Timophane), 1794)
     
  281. Le succès, Timophane, est dans la confiance.
    (Timoléon, acte 1, sc. 2 (Anticlès), 1794)
     
  282. Un conjuré qui tremble est bien près de périr.
    (Timoléon, acte 1, sc. 2 (Anticlès), 1794)
     
  283. Le fer des assassins, le glaive de la loi,
    A des conspirateurs n'inspire point d'effroi.

    (Timoléon, acte 1, sc. 2 (Timophane), 1794)
     
  284. [...] Le pauvre dort au sein de sa chaumière,
    Et d'un oeil vertueux il revoit la lumière;
    Moi, puissant, mais coupable, après un lourd sommeil,
    Je trouve le remords qui m'attend au réveil.

    (Timoléon, acte 1, sc. 2 (Timophane), 1794)
     
  285. Qui ne craint point la mort peut redouter des larmes.
    (Timoléon, acte 1, sc. 2 (Timophane), 1794)
     
  286. Soit reste de vertu, soit faiblesse, peut-être,
    Je répugne à tromper, je crains le nom de traître;
    Je crains, je l'avouerai, ce reproche éternel
    Qui jusque sur le trône atteint le criminel;
    Ce tribunal secret auquel il doit répondre,
    Ces yeux de tout un peuple ouverts pour le confondre,
    Et le sort, en un mot, d'un tyran détesté,
    Obligé de frémir au nom de liberté.

    (Timoléon, acte 1, sc. 2 (Timophane), 1794)
     
  287. Quand un peuple asservi combat ses oppresseurs,
    Aussi bien que la paix, la guerre a ses douceurs.

    (Timoléon, acte 1, sc. 3 (Démariste), 1794)
     
  288. Il est beau d'obtenir, de mériter l'estime.
    (Timoléon, acte 1, sc. 6 (Démariste), 1794)
     
  289. [...] Les lois, les moeurs antiques,
    Sont l'appui de l'État dans les choses publiques.

    (Timoléon, acte 1, sc. 6 (Timoléon), 1794)
     
  290. Qu'il est doux de rentrer au sein de sa patrie,
    De revoir, d'embrasser tous ceux qu'on doit chérir,
    Lorsque devant leurs yeux on n'a point à rougir!

    (Timoléon, acte 1, sc. 6 (Timoléon), 1794)
     
  291. Laissons la vanité, l'intrigue et l'avarice,
    Sous leurs pas criminels creuser un précipice;
    Mais nous qui prétendons que les rois soient punis,
    Pour les mieux terrasser, restons toujours unis.

    (Timoléon, acte 1, sc. 6 (Timoléon), 1794)
     
  292. Aux projets du tyran sachons nous opposer.
    (Timoléon, acte 1, sc. 6 (Timoléon), 1794)
     
  293. Le crime est un torrent dont la course est rapide.
    (Timoléon, acte 2, sc. 3 (Timoléon), 1794)
     
  294. [...] L'État ne nous doit rien;
    Mais nous lui devons tout: vertus, talents, fortune;
    Tout en nous appartient à la mère commune.
    Si nous comptons un jour nul pour la liberté,
    Nous lui volons le bien qu'elle nous a prêté.

    (Timoléon, acte 2, sc. 3 (Timoléon), 1794)
     
  295. Mais surtout des flatteurs crains la langue homicide;
    Plus d'ami dangereux, de conseiller perfide;
    Rejette loin de toi ces vils séditieux,
    Ministres complaisants du moindre ambitieux.
    Nés pour la servitude, et façonnés au crime,
    Foudroyés par la loi, qu'ils tombent dans l'abîme:
    Le regret de Corinthe, à leurs derniers instants,
    Sera d'avoir produit ces indignes enfants.

    (Timoléon, acte 2, sc. 3 (Timoléon), 1794)
     
  296. Obéissez aux lois; adorez la patrie.
    Et si l'orgueil s'armait contre la liberté,
    Périssez pour le peuple et pour l'égalité.

    (Timoléon, acte 2, sc. 3 (Timoléon), 1794)
     
  297. Quelquefois, il est vrai, dans une république,
    Le peuple est travaillé d'un repos léthargique:
    Alors tous les méchants s'assemblent à grands flots;
    Alors au sein des nuits s'ourdissent les complots.
    Quand le lâche est tremblant, quand le traître conspire,
    Quand le tyran futur a la main sur l'empire,
    S'élevant tout à coup, le peuple, d'un coup d'oeil,
    Voit tous ses ennemis, et le plonge au cercueil.

    (Timoléon, acte 2, sc. 3 (Timoléon), 1794)
     
  298. Celui qui sait rougir aime encore la vertu.
    (Timoléon, acte 2, sc. 3 (Timoléon), 1794)
     
  299. [...] La vieillesse, ombrageuse et sévère,
    En de vagues soupçons se plaît à s'égarer.

    (Timoléon, acte 2, sc. 3 (Timophane), 1794)
     
  300. L'amitié de mon frère est un besoin pour moi.
    (Timoléon, acte 2, sc. 4. (Timophane), 1794)
     
  301. Jusqu'au dernier soupir, soldat de la patrie,
    Je marcherai toujours aux accents de sa voix,
    Trop heureux de mourir en défendant ses droits.

    (Timoléon, acte 2, sc. 5 (Timoléon), 1794)
     
  302. Un vrai républicain ne craint pas la lumière.
    (Timoléon, acte 2, sc. 5 (Timoléon), 1794)
     
  303. On n'est point criminel pour réclamer la paix.
    (Timoléon, acte 2, sc. 6 (Timophane), 1794)
     
  304. [...] N'oublions jamais que sans l'humanité
    Il n'est point de loi juste et point de liberté.

    (Timoléon, acte 2, sc. 6 (Démariste), 1794)
     
  305. La terreur, comprimant l'honnête homme abattu,
    Sèche l'humanité, fait taire la vertu.

    (Timoléon, acte 2, sc. 6 (Démariste), 1794)
     
  306. [...] La terreur ne fait que des esclaves.
    (Timoléon, acte 2, sc. 6 (Démariste), 1794)
     
  307. Au courage, au mérite on déclare la guerre:
    On déclare la paix aux tyrans de la terre,
    Et la discorde impie agitant ses flambeaux,
    Veut élever un trône au milieu des tombeaux.

    (Timoléon, acte 2, sc. 6 (Démariste), 1794)
     
  308. Il faut des lois, des moeurs, et non pas des victimes.
    (Timoléon, acte 2, sc. 6 (Démariste), 1794)
     
  309. [...] Du peuple assemblé vous connaissez l'empire:
    Dès que suivant les lois il a délibéré,
    La forme de l'État peut changer à son gré.
    Lorsqu'un tel changement vient du peuple lui-même,
    Nous devons respecter sa volonté suprême.

    (Timoléon, acte 3, sc. 2 (Timophane), 1794)
     
  310. Nul instant de bonheur ne console [d'un roi] sa vie;
    Il voit fuir de sa cour la vertu, l'amitié,
    Et jamais ses revers n'inspirent la pitié.
    Il dort sous le poignard qui menace sa tête:
    Du sinistre poison la coupe est toujours prête,
    Il vit dans les tourments; et, quand il a régné,
    Par le mépris public il meurt accompagné.

    (Timoléon, acte 3, sc. 2 (Démariste), 1794)
     
  311. N'est-on jamais tyran qu'avec un diadème?
    (Timoléon, acte 3, sc. 2 (Démariste), 1794)
     
  312. [...] L'ambition tourmente.
    (Timoléon, acte 3, sc. 2. (Démariste), 1794)
     
  313. Pour les républicains l'âge n'a point de glace.
    (Timoléon, acte 3, sc. 4 (Ortagoras), 1794)
     
  314. Quand l'échafaud vengeur atteint tous les forfaits,
    L'État peut prononcer; la loi décide en paix;
    Mais quand l'État n'est rien, quand la loi gémissante
    Voit tomber les débris de sa force impuissante,
    Quand il faut terminer le combat engagé
    Entre un usurpateur et le peuple outragé;
    Alors avec le fer tout citoyen décide,
    Alors tout homme libre est un tyrannicide.

    (Timoléon, acte 3, sc. 4 (Ortagoras), 1794)
     
  315. L'ami du despotisme est un monstre à mes yeux.
    (Timoléon, acte 3, sc. 5 (Timoléon), 1794)
     
  316. Alors qu'on veut séduire on farde son langage.
    (Timoléon, acte 3, sc. 5 (Timoléon), 1794)
     
  317. [...] On ne doit rien au traître.
    (Timoléon, acte 3, sc. 5 (Timoléon), 1794)
     
  318. Le crime est sur tes pas, ton châtiment s'apprête;
    Les yeux des immortels te poursuivent partout;
    Et, le glaive à la main, la vengeance est debout.

    (Timoléon, acte 3, sc. 5 (Timoléon), 1794)
     
  319. Que la loi règne seule, et fonde, parmi nous,
    Le bonheur de l'État sur la grandeur de tous.

    (Timoléon, acte 3, sc. 7 (Timoléon), 1794)
     
  320. [...] Les rois ne sont point protégés par les lois.
    (Timoléon, acte 3, sc. 7 (Ortagoras), 1794)