Jules Richard
1825-1899
  1. Le collectionneur aime surtout ce qu'il connaît peu, et adore ce qu'il ne connaît point.
    (L'art de former une bibliothèque, p.11, Éd. Rouveyre & G. Blond, 1883)
     
  2. On sait quand on commence une collection, on ne sait jamais quand on la finira ; c'est là le plaisir.
    (L'art de former une bibliothèque, p.16, Éd. Rouveyre & G. Blond, 1883)
     
  3. Voici bientôt trente ans que j'aime les livres, que je m'en occupe, que je les palpe et que j'en achète. [...] Je ne suis pas un savant, je suis un fervent.
    (L'art de former une bibliothèque, p.19, Éd. Rouveyre & G. Blond, 1883)
     
  4. [...] un amateur jaloux fera toujours bien de se souvenir de ces deux vers que Guilbert de Pixérécourt avait fait insérer sur le fronton de sa bibliothèque :
    Tel est le triste sort de tout livre prêté :
    Souvent il est perdu, toujours il est gâté.

    (L'art de former une bibliothèque, p.,40 Éd. Rouveyre & G. Blond, 1883)
     
  5. Notre siècle est favorable aux dictionnaires. On disait autrefois des églises qu'elles étaient les livres de ceux qui ne savaient pas lire ; on peut dire aujourd'hui des dictionnaires, qu'ils sont les bibliothèques de ceux qui ignorent tout. Sans oublier qu'ils font souvent faute à ceux qui croient savoir. Que de discussions inutiles, n'engage-t-on point sur une date ou sur un fait, ou même sur l'orthographe d'un nom de localité ! J'en ai vu des déjeuners empoisonnés et des soirées compromises, et cela faute d'un dictionnaire...
    (L'art de former une bibliothèque, p.54, Éd. Rouveyre & G. Blond, 1883)
     
  6. Un livre est un être vivant, il faut qu'il respire.
    (L'art de former une bibliothèque, p.56, Éd. Rouveyre & G. Blond, 1883)
     
  7. La bibliomanie c'est la maladie ; la bibliophilie c'est la science. La première est la parodie de la seconde.
    (L'art de former une bibliothèque, p.88, Éd. Rouveyre & G. Blond, 1883)
     
  8. Si ma mémoire ne me trompe pas, on doit avoir écrit un volume sur LES LIVRES QUI N'EXISTENT PAS, ou qui n'ont existé que dans l'imagination d'orateurs peu scrupuleux et d'écrivains menteurs.
    (L'art de former une bibliothèque, p.99, Éd. Rouveyre & G. Blond, 1883)
     
  9. [...] ce sont les fausses pistes qui font les grands savants. C'est rarement - dans la biographie comme dans les autres sciences - en cherchant une chose qu'on la trouve ; c'est presque toujours en en cherchant une autre. N'appelez pas cela hasard. Il n'y a pas de hasard en bibliographie. On trouve parce que l'on cherche et quand on cherche avec flair, instinct et intelligence, on prend des notes.
    Ces notes précieuses se rapprochent à un certain jour d'autres notes et forment un tout lumineux.

    (L'art de former une bibliothèque, p.106, Éd. Rouveyre & G. Blond, 1883)
     
  10. [...] les meilleurs livres de bibliographie sont écrits par des gens qui auraient pu gagner cent mille francs de rentes en se faisant épiciers et qui ont préféré gagner deux à trois mille francs par an comme bibliothécaires, afin de vivre au milieu des livres qu'ils aiment.
    Tout amateur est en germe un écrivain bibliographe.

    (L'art de former une bibliothèque, p.106, Éd. Rouveyre & G. Blond, 1883)
     
  11. L'amour du livre est le commencement de la perfection.
    (L'art de former une bibliothèque, p.108, Éd. Rouveyre & G. Blond, 1883)
     
  12. Le goût du livre est enfanté par le goût de la lecture et il ne faut pas que le goût de la lecture soit entravé par les apparences repoussantes du livre.
    (L'art de former une bibliothèque, p.120, Éd. Rouveyre & G. Blond, 1883)
     
  13. [...] la vie d'un livre est aussi accidentée que celle d'une jolie femme.
    (L'art de former une bibliothèque, p.126, Éd. Rouveyre & G. Blond, 1883)
     
  14. Le vieux Royer-Collard répondait à Alfred de Vigny venant solliciter sa voix pour l'Académie et lui demandant s'il avait lu ses oeuvres :
    « À mon âge, Monsieur, on ne lit plus, on relit. »
    Je parodierai son mot en disant : un bibliophile ne conserve par les livres qu'on lit une fois mais seulement ceux qu'on relit avec plaisir et que, par conséquent, on relie... plus ou moins richement.

    (L'art de former une bibliothèque, p.138, Éd. Rouveyre & G. Blond, 1883)
     
  15. La manie, la monomanie du bouquin a engendré une belle et grande science : la science de la littérature.
    (L'art de former une bibliothèque, p.141, Éd. Rouveyre & G. Blond, 1883)
     
  16. Au jeu, on ne gagne pas toujours ; avec les femmes la vieillesse arrive avant la satiété. Il y a bien aussi la table ! Mais quand on a bu et mangé pendant deux heures, il faut s'arrêter. La pêche ! La chasse ! dira-t-on. - Pour la pêche, il faut de la patience et... du poisson ; pour la chasse, il faut des jambes et du gibier.
    Pour le livre, il ne faut que le livre.

    (L'art de former une bibliothèque, p.153, Éd. Rouveyre & G. Blond, 1883)