Citations ajoutées le 13 avril 2015

Alexander Pope

  1. Un sot est plus affairé que l'abeille la plus diligente. De tels instruments sont pourtant nécessaires aux politiques. Il en est peut-être des états comme des horloges, qui demandent plusieurs poids de plomb pour aider et pour rendre régulier le mouvement des parties les plus déliées et les plus nécessaires.
    (Mélanges - Pensées diverses in Oeuvres choisies de Pope, T.3, p.66, Trad. ?, Paris, 1800.)
     
  2. La modestie ne peut jamais produire que de bons effets, et par rapport à nous-mêmes, et vis-à-vis du public. Un homme qui prétend à peu, vit tranquille; un glorieux, au contraire, est continuellement dans la gêne, pour paraître ce qu'il n'est pas. Si nous avons du génie et des talents, notre modestie est ce qui le prouve le mieux aux autres; si nous sommes dépourvus de lumières et d'esprit, notre modestie est encore le meilleur moyen de cacher ce qui nous manque de ce côté-là. Car, de même que la pudeur peut quelquefois faire prendre une fille publique pour une honnête femme, ainsi la modestie peut faire prendre un sot pour un homme d'esprit.
    (Mélanges - Pensées diverses in Oeuvres choisies de Pope, T.3, p.66, Trad. ?, Paris, 1800.)
     
  3. Excuser dans nous-mêmes les sottises que nous ne pouvons souffrir dans autrui, c'est aimer mieux être sot soi-même que de voir les autres tels.
    (Mélanges - Pensées diverses in Oeuvres choisies de Pope, T.3, p.67, Trad. ?, Paris, 1800.)
     
  4. Un homme ne devrait jamais rougir d'avouer qu'il a tort; car en faisant cet aveu, c'est comme s'il disait qu'il est plus sage aujourd'hui qu'il ne l'était hier.
    (Mélanges - Pensées diverses in Oeuvres choisies de Pope, T.3, p.67, Trad. ?, Paris, 1800.)
     
  5. Le meilleur moyen de prouver les lumières et la netteté de son esprit, c'est de convenir de ses défauts; de même qu'un ruisseau qui découvre la bourbe qu'il a au fond, nous montre mieux la transparence et la pureté de ses eaux.
    (Mélanges - Pensées diverses in Oeuvres choisies de Pope, T.3, p.67, Trad. ?, Paris, 1800.)
     
  6. Nos passions sont comme des accès de fièvre ardente. Quoiqu'elles nous rendent plus forts dans le moment même de l'accès, cependant elles nous rendent plus faibles après.
    (Mélanges - Pensées diverses in Oeuvres choisies de Pope, T.3, p.68, Trad. ?, Paris, 1800.)
     
  7. Ce que Cicéron dit de la guerre peut s'appliquer à la dispute. La guerre devrait être toujours tellement ménagée, qu'on se souvînt qu'elle n'a pour but que la paix. Mais généralement parlant, les vrais disputeurs sont comme les vrais chasseurs, dont tout le plaisir est dans la poursuite.
    (Mélanges - Pensées diverses in Oeuvres choisies de Pope, T.3, p.68, Trad. ?, Paris, 1800.)
     
  8. Ceux qui sont continuellement occupés à observer les actions des autres ressemblent à ceux qui sont toujours hors de leur maison, et qui vont dans celles d'autrui où ils arrangent tout, tandis que la leur tombe en ruine.
    (Mélanges - Pensées diverses in Oeuvres choisies de Pope, T.3, p.68, Trad. ?, Paris, 1800.)
     
  9. Les vieillards qui vantent continuellement le passé, voudraient presque nous persuader qu'il n'y avait point de sots de leur temps ; mais malheureusement ils sont restés pour prouver le contraire.
    (Mélanges - Pensées diverses in Oeuvres choisies de Pope, T.3, p.68, Trad. ?, Paris, 1800.)
     
  10. Il faut de nécessité ou se moquer du monde, ou se fâcher contre lui. Si nous nous en moquons, on dit que nous sommes orgueilleux; si nous nous fâchons, on nous accuse de misanthropie.
    (Mélanges - Pensées diverses in Oeuvres choisies de Pope, T.3, p.68, Trad. ?, Paris, 1800.)
     
  11. Le monde se scandalise si l'on rit de quelque événement qu'il regarde comme très sérieux. Supposons que j'aie demain la tête tranchée, et que tout le monde en parle, ne puis-je pas en rire, et penser que voilà bien du bruit pour une tête ?
    (Mélanges - Pensées diverses in Oeuvres choisies de Pope, T.3, p.69, Trad. ?, Paris, 1800.)
     
  12. Le plus grand avantage qu'il y ait à passer pour un bel esprit est que ce titre nous donne une pleine liberté de faire impunément des sottises.
    (Mélanges - Pensées diverses in Oeuvres choisies de Pope, T.3, p.69, Trad. ?, Paris, 1800.)
     
  13. Toutes les fois que je trouve beaucoup de reconnaissance dans un homme dénué des biens de la fortune, je tiens pour certain que, s'il était riche, il serait aussi généreux qu'il est reconnaissant.
    (Mélanges - Pensées diverses in Oeuvres choisies de Pope, T.3, p.69, Trad. ?, Paris, 1800.)
     
  14. Les fleurs de rhétorique, dans les sermons et dans les discours graves, sont comme les fleurs bleues et rouges dans un champ de bled. Elles sont agréables à ceux qui n'y viennent que pour s'amuser, mais nuisibles à celui qui veut tirer du profit de sa moisson.
    (Mélanges - Pensées diverses in Oeuvres choisies de Pope, T.3, p.69, Trad. ?, Paris, 1800.)
     
  15. Celui qui dit un mensonge ne sent pas le travail qu'il entreprend, car il faut qu'iI en invente mille autres pour soutenir le premier.
    (Mélanges - Pensées diverses in Oeuvres choisies de Pope, T.3, p.70, Trad. ?, Paris, 1800.)
     
  16. Donner des conseils n'est souvent que s'attribuer le privilège de dire soi-même des sottises, sous prétexte d'empêcher les autres d'en faire.
    (Mélanges - Pensées diverses in Oeuvres choisies de Pope, T.3, p.70, Trad. ?, Paris, 1800.)
     
  17. Un homme qui se mêle toujours des affaires des autres, ressemble à celui qui observe trop curieusement le travail des abeilles : il en est souvent piqué pour sa curiosité.
    (Mélanges - Pensées diverses in Oeuvres choisies de Pope, T.3, p.70, Trad. ?, Paris, 1800.)
     
  18. Un homme extrêmement occupé peut parler de la philosophie; celui qui n'a point d'affaires peut la pratiquer.
    (Mélanges - Pensées diverses in Oeuvres choisies de Pope, T.3, p.70, Trad. ?, Paris, 1800.)
     
  19. Il y a plusieurs solitaires qui ont quitté le monde, seulement comme Eve quitta Adam, pour aller converser en particulier avec le diable.
    (Mélanges - Pensées diverses in Oeuvres choisies de Pope, T.3, p.70, Trad. ?, Paris, 1800.)
     
  20. Toute la différence qu'il y a entre ce qu'on appelle bonne compagnie et compagnie ordinaire est que les mêmes choses se disent dans une petite chambre ou dans un grand salon, à une petite table ou une grande, devant deux chandelles ou devant vingt bougies.
    (Mélanges - Pensées diverses in Oeuvres choisies de Pope, T.3, p.70, Trad. ?, Paris, 1800.)
     
  21. Deux femmes deviennent rarement intimes, si ce n'est aux dépens d'une troisième. Elles s'unissent entr'elles comme les rois de l'ancien temps se liguaient entr'eux. Ils sacrifiaient quelque pauvre animal pour prélude de leur alliance : de même deux femmes, après avoir mis en pièces quelqu'une de leur sexe, s'unissent d'une vive amitié.
    (Mélanges - Pensées diverses in Oeuvres choisies de Pope, T.3, p.71, Trad. ?, Paris, 1800.)
     
  22. Faire emplette de livres qu'on est incapable d'entendre et de goûter, les acheter seulement parce qu'ils ont été mis au jour par un auteur célèbre, c'est comme si un homme achetait des habits qui ne lui iraient pas, par la raison que ces habits ont été faits par un fameux tailleur.
    (Mélanges - Pensées diverses in Oeuvres choisies de Pope, T.3, p.71, Trad. ?, Paris, 1800.)
     
  23. Il est aussi offensant de parler avec esprit quand on est avec des sots, qu'il serait impoli de parler à l'oreille. Le sot est également blessé de ces deux choses, parce qu'il ignore également ce qu'on dit.
    (Mélanges - Pensées diverses in Oeuvres choisies de Pope, T.3, p.71, Trad. ?, Paris, 1800.)
     
  24. Les vieilles gens sont comme les vieilles chroniques, pour la plupart. Elles renferment des récits ennuyeux, mais vrais, du temps passé, et ne valent la peine d'être consultées que pour cela.
    (Mélanges - Pensées diverses in Oeuvres choisies de Pope, T.3, p.72, Trad. ?, Paris, 1800.)
     
  25. L'esprit de la conversation n'est autre chose que la promptitude, la vivacité des pensées et la facilité de l'expression, ou, pour parler le langage des sages-femmes, une conception prompte et une délivrance aisée.
    (Mélanges - Pensées diverses in Oeuvres choisies de Pope, T.3, p.72, Trad. ?, Paris, 1800.)
     
  26. Nous devrions ménager nos pensées dans nos poèmes, comme les bergers en usent avec des fleurs lorsqu'ils composent une guirlande. Ils choisissent d'abord les plus belles, ensuite ils les mettent à la place qui leur convient; de sorte qu'elles donnent du lustre aux autres. C'est ainsi que les plumes, dans les couronnes indiennes, sont tellement arrangées, que chacune réfléchit sur sa voisine, une partie de sa couleur et de sa beauté.
    (Mélanges - Pensées diverses in Oeuvres choisies de Pope, T.3, p.72, Trad. ?, Paris, 1800.)
     
  27. Comme de beaux enfants font plus de tort à un père laid, que des enfants laids eux-mêmes, parce qu'alors ils lui ressemblent : de même de belles pensées, employées par un méchant écrivain, lui font plus de déshonneur que ses propres pensées mauvaises. Quand nous rencontrons un pauvre superbement vêtu, nous voyons évidemment que ses habits ne lui appartiennent pas.
    (Mélanges - Pensées diverses in Oeuvres choisies de Pope, T.3, p.72, Trad. ?, Paris, 1800.)
     
  28. Faites lire vos ouvrages à vos ennemis, si vous voulez les corriger; car votre ami est tellement un autre vous-même, que son jugement se rapportera au vôtre.
    (Mélanges - Pensées diverses in Oeuvres choisies de Pope, T.3, p.73, Trad. ?, Paris, 1800.)
     
  29. Les femmes regardent les amants du même oeil que des cartes. Elles s'en servent pour jouer pendant quelque temps ; et lorsqu'elles ont gagné, elles les jettent, en demandent de neuves, et souvent perdent avec ces neuves tout ce qu'elles avaient gagné avec les vieilles.
    (Mélanges - Pensées diverses in Oeuvres choisies de Pope, T.3, p.73, Trad. ?, Paris, 1800.)
     
  30. Une femme galante traite les hommes comme un habile joueur d'échecs en use avec ses pions. Elle ne s'attache pas assez à un seul, pour n'avoir pas l'oeil sur un autre qui pourrait lui procurer de plus grands avantages.
    (Mélanges - Pensées diverses in Oeuvres choisies de Pope, T.3, p.73, Trad. ?, Paris, 1800.)
     
  31. Les femmes sont comme des énigmes, et, en général, elles ont cela de commun avec les énigmes, qu'elles cessent de plaire après qu'on les a devinées.
    (Mélanges - Pensées diverses in Oeuvres choisies de Pope, T.3, p.74, Trad. ?, Paris, 1800.)
     
  32. Un homme qui voit une belle femme n'a pas plus de raison de souhaiter d'être son mari, qu'un homme qui aurait admiré les pommes d'or du jardin des Hespérides, en aurait eu de désirer d'être le dragon qui les gardait.
    (Mélanges - Pensées diverses in Oeuvres choisies de Pope, T.3, p.74, Trad. ?, Paris, 1800.)
     
  33. Le mot d'honneur dans la bouche d'une femme est comme le mot de probité dans celle d'un malhonnête homme. Ces mots sont toujours les plus employés par ceux en qui la chose est la plus suspecte.
    (Mélanges - Pensées diverses in Oeuvres choisies de Pope, T.3, p.74, Trad. ?, Paris, 1800.)
     
  34. Ce qui est généralement regardé comme vertu dans les femmes, est bien différent de ce que l'on regarde comme tel dans les hommes. Ce qu'on appelle une femme vertueuse, serait un homme bien médiocre.
    (Mélanges - Pensées diverses in Oeuvres choisies de Pope, T.3, p.74, Trad. ?, Paris, 1800.)
     
  35. Une famille n'est, le plus souvent, qu'une république de gens qui cherchent à se nuire. Les liens du sang, ou de l'alliance, ne sont autre chose que des intérêts opposés qui se combattent. Le fils souhaite la mort de son père; le plus jeune des frères celle de son aîné; l'aîné regarde avec envie les dots de ses soeurs, et les donne à regret. Quand quelqu'un d'eux se marie, c'est une nouvelle source de divisions et d'animosités. Il n'y a rien de plus naturel et de plus raisonnable que de s'attendre à de pareilles suites; et cependant je ne sais pourquoi nous sommes tous portés à croire qu'il n'y a de vrai bonheur, de vraie tranquillité que dans le sein des familles.
    (Mélanges - Pensées diverses in Oeuvres choisies de Pope, T.3, p.74, Trad. ?, Paris, 1800.)
     
  36. Il est impossible qu'un homme de mauvais naturel aime le bien public. Car comment pourrait-il aimer un million d'hommes, lui qui n'a jamais aimé personne ?
    (Mélanges - Pensées diverses in Oeuvres choisies de Pope, T.3, p.75, Trad. ?, Paris, 1800.)
     
  37. Il ne faut, pour rendre d'une seule religion tous les gens sensés et désintéressés, que les faire converser ensemble tous les jours.
    (Mélanges - Pensées diverses in Oeuvres choisies de Pope, T.3, p.75, Trad. ?, Paris, 1800.)
     
  38. Le moyen le plus court et le plus sûr d'acquérir la réputation d'un homme sage et prudent, c'est, lorsque quelqu'un vous dit son sentiment, d'y souscrire.
    (Mélanges - Pensées diverses in Oeuvres choisies de Pope, T.3, p.75, Trad. ?, Paris, 1800.)
     
  39. Les gens qui méritent le moins qu'on leur rende service sont ceux qui en demandent le plus, et qui importunent davantage.
    (Mélanges - Pensées diverses in Oeuvres choisies de Pope, T.3, p.76, Trad. ?, Paris, 1800.)
     
  40. Les conversations les plus agréables sont composées de civilités et de faussetés.
    (Mélanges - Pensées diverses in Oeuvres choisies de Pope, T.3, p.76, Trad. ?, Paris, 1800.)
     
  41. Quelques gens se font une réputation d'esprit, à cause d'une certaine gaîté étourdie, qui ne mérite pas plus le nom d'esprit que l'ivresse.
    (Mélanges - Pensées diverses in Oeuvres choisies de Pope, T.3, p.76, Trad. ?, Paris, 1800.)
     
  42. Quiconque a flatté son ami avec succès, doit se regarder comme un malhonnête homme, et son ami comme un sot.
    (Mélanges - Pensées diverses in Oeuvres choisies de Pope, T.3, p.76, Trad. ?, Paris, 1800.)
     
  43. On peut voir le peu de cas que Dieu fait des richesses par les gens à qui il les donne.
    (Mélanges - Pensées diverses in Oeuvres choisies de Pope, T.3, p.76, Trad. ?, Paris, 1800.)
     
  44. Le cri général est contre l'ingratitude ; mais ces clameurs sont déplacées. Le cri général devrait être contre la vanité. Il n'y a que de malhonnêtes gens qui soient capables d'une ingratitude marquée et volontaire. Mais il n'y a presque personne qui ne pense qu'il a fait plus que celui à qui il a rendu service ne méritait ; tandis que ce dernier, de son côté, croit qu'il a reçu beaucoup moins qu'il ne lui était dû.
    (Mélanges - Pensées diverses in Oeuvres choisies de Pope, T.3, p.76, Trad. ?, Paris, 1800.)
     
  45. La plupart des décisions des casuistes, qui ne tendent qu'à multiplier les péchés, peuvent être appelées des additions et des corrections aux dix commandements.
    (Mélanges - Pensées diverses in Oeuvres choisies de Pope, T.3, p.77, Trad. ?, Paris, 1800.)
     
  46. Les femmes, en général, aiment mieux les tragédies que les comédies. En voici peut-être la raison : c'est que dans les tragédies, leur sexe, pour l'ordinaire, est adoré, déifié; au lieu que dans les comédies il est tourné en ridicule.
    (Mélanges - Pensées diverses in Oeuvres choisies de Pope, T.3, p.77, Trad. ?, Paris, 1800.)
     
  47. La réputation d'avare s'acquiert plus par des économies dans de petites choses qu'en s'épargnant des dépenses considérables. Une légère somme par an exempterait bien des gens de la honte de passer pour avares.
    (Mélanges - Pensées diverses in Oeuvres choisies de Pope, T.3, p.77, Trad. ?, Paris, 1800.)
     
  48. L'esprit de quelque personne est comme une lanterne sourde qui ne sert qu'à celui qui la porte, et qui n'éclaire que son chemin.
    (Mélanges - Pensées diverses in Oeuvres choisies de Pope, T.3, p.77, Trad. ?, Paris, 1800.)
     
  49. Il arrive quelquefois que les plus honnêtes gens sont ceux dont la réputation est le plus en butte aux traits de la calomnie : comme nous voyons communément que les meilleurs fruits sont ceux qui ont été becquetés par les oiseaux et rongés par les vers.
    (Mélanges - Pensées diverses in Oeuvres choisies de Pope, T.3, p.77, Trad. ?, Paris, 1800.)
     
  50. Ce peuple immense, qui accourt à la capitale, est comme l'affluence des esprits animaux au coeur ; c'est une marque que le corps est en danger, que la constitution est menacée.
    (Mélanges - Pensées diverses in Oeuvres choisies de Pope, T.3, p.78, Trad. ?, Paris, 1800.)
     
  51. Nous sommes souvent étonnés de voir des gens qui ont fait les actions les plus basses, pleins d'orgueil et de vanité. Nous ne faisons pas attention que le remords d'avoir fait des bassesses, et la honte d'en entendre parler, entrent dans la composition de ce que nous appelons orgueil.
    (Mélanges - Pensées diverses in Oeuvres choisies de Pope, T.3, p.78, Trad. ?, Paris, 1800.)
     
  52. Les hommes les plus décisifs sont les plus crédules, puisqu'ils ne s'en rapportent qu'à eux-mêmes, et qu'ils ne consultent que leurs flatteurs les plus faux et leur ennemi le plus mortel, qui est leur amour-propre.
    (Mélanges - Pensées diverses in Oeuvres choisies de Pope, T.3, p.78, Trad. ?, Paris, 1800.)
     
  53. C'est une vérité certaine qu'on n'est jamais plus tranquille ni moins trompé qu'en vivant avec des gens d'un bon esprit. Il en coûte beaucoup plus de peine pour être admis et pour se conserver dans une mauvaise compagnie que dans une bonne. Comme la mauvaise a plus de vanité que d'esprit et de raison, il faut bien des soins pour lui plaire, et ce n'est pas une petite affaire que d'entretenir un sot en bonne humeur avec lui-même et avec les autres.
    (Mélanges - Pensées diverses in Oeuvres choisies de Pope, T.3, p.78, Trad. ?, Paris, 1800.)
     
  54. Il en est des petites âmes comme des petites bouteilles qui ont le goulot étroit; moins elles renferment de liqueur, plus elles font de bruit en la répandant.
    (Mélanges - Pensées diverses in Oeuvres choisies de Pope, T.3, p.79, Trad. ?, Paris, 1800.)
     
  55. On voit un grand nombre de personnes capables de faire une action sage : on en voit un plus grand nombre capables de faire une action pleine d'esprit et d'adresse : mais bien peu sont capables de faire une action généreuse.
    (Mélanges - Pensées diverses in Oeuvres choisies de Pope, T.3, p.79, Trad. ?, Paris, 1800.)
     
  56. Un athée n'est qu'un fou ridicule qui se moque de la divinité. Un hypocrite se fait un jeu plus grave et plus affreux de Dieu et de la religion. Il trouve plus aisé de se baisser pour se mettre à genoux, que de se lever pour faire une bonne action ; semblable à un impudent débiteur, qui va chaque jour trouver son créancier et lui parler familièrement, sans lui payer jamais ce qu'il lui doit.
    (Mélanges - Pensées diverses in Oeuvres choisies de Pope, T.3, p.79, Trad. ?, Paris, 1800.)
     
  57. Un homme qui se trouve sur le bord de l'eau pour la passer, est entouré d'une multitude de bateliers : chacun s'empresse autour de lui, chacun lui offre ses services ; enfin il semble que toute affaire cesse en sa faveur, et qu'on n'est occupé que de lui. Ce même homme, dès qu'il est arrivé à l'autre bord, ne cause plus de bruit, personne ne prend garde à lui, et on le laisse aller tout seul. C'est l'image d'un ministre, lorsqu'il entre en place, et lorsqu'il en sort.
    (Mélanges - Pensées diverses in Oeuvres choisies de Pope, T.3, p.80, Trad. ?, Paris, 1800.)