Pierre Billouet

  1. L'éducateur rousseauiste centre son action sur le développement naturel de l'enfant. Mettant l'enfant au centre (pédo-centrisme), il stimule sa curiosité innée (naturalisme). Pour juger s'il élève bien l'enfant, la confiance et le souci dont il fait preuve à son égard sont suffisants. Il est inutile de chercher à savoir comment l'éducateur fut lui-même éduqué. Inutile de lui demander des diplômes ou des références. Une mauvaise fille peut devenir bonne mère, alors qu'un diplômé peut donner de mauvais cours... À chaque génération une rupture serait donc possible, on devrait croire en l'« Homme », et se méfier des positions acquises.
    (Comment se peut-il qu'un enfant soit bien élevé par qui n'a pas été bien élevé lui-même (Rousseau), p.13, Pleins feux, coll. Variations, 2004)
     
  2. Le centrage de l'activité éducative sur l'éduqué n'a pas le même sens si l'on considère (avec Rousseau) que le développement naturel est le guide de l'éducation ou si l'on considère, inversement, que l'éducation est essentiellement une élévation culturelle. Dans le premier cas, l'enfant est d'autant mieux éduqué qu'il est plus éloigné du luxe, des arts et des sciences. Dans le deuxième, l'enfant est bien élevé parce qu'il devient plus raffiné. Faut-il mettre le développement naturel de l'enfant au centre de l'éducation, ou bien faut-il miser sur l'élévation de l'élève? Faut-il insister sur l'apprentissage et l'accompagnement de soi, ou sur l'enseignement et la transformation de soi? Nature ou Civilisation?
    (Comment se peut-il qu'un enfant soit bien élevé par qui n'a pas été bien élevé lui-même (Rousseau), p.16, Pleins feux, coll. Variations, 2004)
     
  3. Dans les dernières années de l'Ancien Régime « un débat très vif oppose deux courants éducatifs majeurs : l'un, inspiré des philosophes, place l'enfant au coeur du système, l'enfant dont la nature est la référence principale ; l'autre, issu de la tradition chrétienne, donne aux connaissances la première place, celle de Dieu, des langues françaises et savantes, des belles-lettres et des sciences. Dans cette éducation, il n'est pas aberrant de soumettre l'enfance, de la contraindre pour l'élever, la libérer de ses mauvais penchants et nourrir son esprit»  (M. Grandière, L'Idéal pédagogique en France au dix-huitième siècle.)
    (Comment se peut-il qu'un enfant soit bien élevé par qui n'a pas été bien élevé lui-même (Rousseau), p.23, Pleins feux, coll. Variations, 2004)
     
  4. L'éducation repose sur cette tendance à faire une oeuvre de soi-même.
    (Comment se peut-il qu'un enfant soit bien élevé par qui n'a pas été bien élevé lui-même (Rousseau), p.33, Pleins feux, coll. Variations, 2004)
     
  5. La pédagogie régénère la cité, et fait partie de la Révolition politique : il faut changer l'école pour changer la société, et réciproquement.
    (Comment se peut-il qu'un enfant soit bien élevé par qui n'a pas été bien élevé lui-même (Rousseau), p.38, Pleins feux, coll. Variations, 2004)