Chevalier de Méré
1607 - 1684
  1. La cour est une mer orageuse sur laquelle on voyage pour acquérir des honneurs et des biens, et on y fait souvent naufrage.
    (Nouvelles maximes, sentences et réflexions morales et politiques (1), trad. /Graphie moderne G. Jobin , p.3, Delespine (Paris), 1702)
     
  2. Le trône élève les rois au-dessus des autres hommes autant que le vol de l'aigle l'élève au-dessus des autres oiseaux.
    (Nouvelles maximes, sentences et réflexions morales et politiques (2), trad. /Graphie moderne G. Jobin , p.3, Delespine (Paris), 1702)
     
  3. Ce serait un grand plaisir de régner, mais c'est une grande peine d'avoir à contenter tout le monde.
    (Nouvelles maximes, sentences et réflexions morales et politiques (3), trad. /Graphie moderne G. Jobin , p.4, Delespine (Paris), 1702)
     
  4. L'éclat de la grandeur ressemble à une beauté rare ; la vue en est charmante et l'approche très délicate.
    (Nouvelles maximes, sentences et réflexions morales et politiques (4), trad. /Graphie moderne G. Jobin , p.4, Delespine (Paris), 1702)
     
  5. Les ministres sont les tuteurs de l'État ; ils ont cela en commun avec les autres tuteurs que les peuples croient toujours qu'ils leur font injustice.
    (Nouvelles maximes, sentences et réflexions morales et politiques (5), trad. /Graphie moderne G. Jobin , p.4, Delespine (Paris), 1702)
     
  6. Les hommes sentent qu'ils sont nés libres et ils deviennent esclaves par leur ambition ou par leurs besoins.
    (Nouvelles maximes, sentences et réflexions morales et politiques (6), trad. /Graphie moderne G. Jobin , p.5, Delespine (Paris), 1702)
     
  7. Ceux qui savent cacher leurs défauts veulent passer pour vertueux ; mais ce n'est pas l'être que de ne pas sentir au-dedans ce que l'on veut paraître au-dehors.
    (Nouvelles maximes, sentences et réflexions morales et politiques (7), trad. /Graphie moderne G. Jobin , p.5, Delespine (Paris), 1702)
     
  8. On déteste le vice, on le punit et cependant nous y sommes si fort enclins que nous lui laissons prendre et commettons le crime en l'apercevant.
    (Nouvelles maximes, sentences et réflexions morales et politiques (8), trad. /Graphie moderne G. Jobin , p.5, Delespine (Paris), 1702)
     
  9. On connaît le fond de son coeur quand on a donné sa parole et qu'il en doit coûter pour la tenir.
    (Nouvelles maximes, sentences et réflexions morales et politiques (9), trad. /Graphie moderne G. Jobin , p.6, Delespine (Paris), 1702)
     
  10. Les tempéraments emportés et violents sont incapables de dissimulation ; c'est pourquoi les tranquilles les dominent.
    (Nouvelles maximes, sentences et réflexions morales et politiques (10), trad. /Graphie moderne G. Jobin , p.6, Delespine (Paris), 1702)
     
  11. L'envie fait trouver des défauts au mérite distingué ; quand elle ne lui en trouve pas, elle lui en suppose qui s'impriment par un effet de la haine et de la faculté à croire le mal.
    (Nouvelles maximes, sentences et réflexions morales et politiques (11), trad. /Graphie moderne G. Jobin , p.6, Delespine (Paris), 1702)
     
  12. L'on se marie ou par inclination ou pour faire un établissement ; l'amour passe bien vite, l'établissement est rare : quand il se fait, c'est aux dépens de son repos et les autres en jouissent.
    (Nouvelles maximes, sentences et réflexions morales et politiques (12), trad. /Graphie moderne G. Jobin , p.6, Delespine (Paris), 1702)
     
  13. Les enfants et les domestiques en veulent toujours à notre bien ; ils ne l'ont jamais assez tôt ; et si nous n'en avons point, ils nous méprisent.
    (Nouvelles maximes, sentences et réflexions morales et politiques (13), trad. /Graphie moderne G. Jobin , p.7, Delespine (Paris), 1702)
     
  14. La vanité a autant de part que la tendresse aux établissements que les pères et mères procurent à leurs enfants.
    (Nouvelles maximes, sentences et réflexions morales et politiques (14), trad. /Graphie moderne G. Jobin , p.7, Delespine (Paris), 1702)
     
  15. Le caprice est la raison de la plupart des femmes ; la parure en fait l'occupation et la légèreté achève leur imperfection.
    (Nouvelles maximes, sentences et réflexions morales et politiques (15), trad. /Graphie moderne G. Jobin , p.7, Delespine (Paris), 1702)
     
  16. Les hommes reprochent de grandes faiblesses aux femmes et s'en laissent séduire à tout moment.
    (Nouvelles maximes, sentences et réflexions morales et politiques (16), trad. /Graphie moderne G. Jobin , p.8, Delespine (Paris), 1702)
     
  17. L'amour est contraire à notre fortune et à notre repos ; le dégoût ou la trahison en sont le prix et la récompense.
    (Nouvelles maximes, sentences et réflexions morales et politiques (17), trad. /Graphie moderne G. Jobin , p.8, Delespine (Paris), 1702)
     
  18. La colère de l'amour trahi et de l'honneur outragé n'a point de bornes.
    (Nouvelles maximes, sentences et réflexions morales et politiques (18), trad. /Graphie moderne G. Jobin , p.8, Delespine (Paris), 1702)
     
  19. Nous décidons de tout pour faire voir notre capacité ; c'est ce qui nous marque plutôt notre ignorance puisqu'il y a une infinité de choses au-dessus de notre portée.
    (Nouvelles maximes, sentences et réflexions morales et politiques (19), trad. /Graphie moderne G. Jobin , p.8, Delespine (Paris), 1702)
     
  20. Les gens élevés prétendent toujours que leurs sentiments prévalent sur ceux d'autrui pour ne pas diminuer leur autorité.
    (Nouvelles maximes, sentences et réflexions morales et politiques (20), trad. /Graphie moderne G. Jobin , p.9, Delespine (Paris), 1702)
     
  21. C'est rarement le mérite qui nous fait parvenir aux grands emplois ; c'est plutôt l'usage que ceux qui les procurent veulent faire de nous quand nous les aurons ou la proximité que nous avons avec eux.
    (Nouvelles maximes, sentences et réflexions morales et politiques (21), trad. /Graphie moderne G. Jobin , p.9, Delespine (Paris), 1702)
     
  22. Il est bon de savoir en quelle réputation nous sommes pour nous bien conduire dans le monde.
    (Nouvelles maximes, sentences et réflexions morales et politiques (22), trad. /Graphie moderne G. Jobin , p.9, Delespine (Paris), 1702)
     
  23. Les reproches de nos ennemis font plus d'impression sur nous que les conseils de nos amis.
    (Nouvelles maximes, sentences et réflexions morales et politiques (23), trad. /Graphie moderne G. Jobin , p.10, Delespine (Paris), 1702)
     
  24. Tel paraît être heureux, qui souvent ne l'est qu'en apparence ; il feint quelquefois de l'être par nécessité ou bien nous en jugeons par ce que nous voyons ; si nous savions l'état de ses affaires et celui de son coeur, nous y trouverions bien du désordre et du chagrin.
    (Nouvelles maximes, sentences et réflexions morales et politiques (24), trad. /Graphie moderne G. Jobin , p.10, Delespine (Paris), 1702)
     
  25. Nous prétendons faire passer notre opiniâtreté pour fermeté ; on s'aperçoit de notre vanité et nous ne nous apercevons point de notre faiblesse.
    (Nouvelles maximes, sentences et réflexions morales et politiques (25), trad. /Graphie moderne G. Jobin , p.10, Delespine (Paris), 1702)
     
  26. Nous croyons en bien des rencontres suivre le bon conseil et nous suivons le mauvais ; l'événement nous l'apprend à nos dépens.
    (Nouvelles maximes, sentences et réflexions morales et politiques (26), trad. /Graphie moderne G. Jobin , p.11, Delespine (Paris), 1702)
     
  27. Nous donnons des avis aux autres dont nous ne savons point nous servir pour nous-mêmes.
    (Nouvelles maximes, sentences et réflexions morales et politiques (27), trad. /Graphie moderne G. Jobin , p.11, Delespine (Paris), 1702)
     
  28. La prévention nous aveugle à notre égard et à celui des autres.
    (Nouvelles maximes, sentences et réflexions morales et politiques (28), trad. /Graphie moderne G. Jobin , p.11, Delespine (Paris), 1702)
     
  29. L'air important tient de l'arrogant ; il ne faut pas se faire valoir ; il est bon seulement de connaître ce qu'on vaut.
    (Nouvelles maximes, sentences et réflexions morales et politiques (29), trad. /Graphie moderne G. Jobin , p.11, Delespine (Paris), 1702)
     
  30. Rien n'est si sensible que le mépris ; nous nous l'attirons quelquefois nous-mêmes, d'autres fois sans le mériter nous ne pouvons l'éviter.
    (Nouvelles maximes, sentences et réflexions morales et politiques (30), trad. /Graphie moderne G. Jobin , p.12, Delespine (Paris), 1702)
     
  31. L'oubli qu'on fait de nous est un signal pour battre la retraite ; nous sommes inutiles, il faut songer à notre fin.
    (Nouvelles maximes, sentences et réflexions morales et politiques (31), trad. /Graphie moderne G. Jobin , p.12, Delespine (Paris), 1702)
     
  32. Il y a des fronts d'airain que rien ne peut ébranler : tels sont les scélérats ; d'autres rougissent pour une bonne cause : c'est l'effet de la modestie.
    (Nouvelles maximes, sentences et réflexions morales et politiques (32), trad. /Graphie moderne G. Jobin , p.12, Delespine (Paris), 1702)
     
  33. L'ascendant nous déconcerte et la hardiesse et la confiance déconcertent ceux qui ont de l'ascendant.
    (Nouvelles maximes, sentences et réflexions morales et politiques (33), trad. /Graphie moderne G. Jobin , p.12, Delespine (Paris), 1702)
     
  34. L'impatience nous rend incapables des grands ouvrages et la trop grande vivacité nous empêche d'approfondir les choses.
    (Nouvelles maximes, sentences et réflexions morales et politiques (34), trad. /Graphie moderne G. Jobin , p.13, Delespine (Paris), 1702)
     
  35. Ne vous reposez pas entièrement sur la réputation acquise: on la perd aussi aisément qu'on a de peine à l'acquérir.
    (Nouvelles maximes, sentences et réflexions morales et politiques (35), trad. /Graphie moderne G. Jobin , p.13, Delespine (Paris), 1702)
     
  36. Les présents faits à propos font de grands effets et ils deviennent nuisibles quand on les fait à contretemps.
    (Nouvelles maximes, sentences et réflexions morales et politiques (36), trad. /Graphie moderne G. Jobin , p.13, Delespine (Paris), 1702)
     
  37. L'espoir du gain nous fait donner dans l'embuscade ; si on l'évite, ce n'est pas sans danger.
    (Nouvelles maximes, sentences et réflexions morales et politiques (37), trad. /Graphie moderne G. Jobin , p.14, Delespine (Paris), 1702)
     
  38. On n'a point envie de s'engager ; on commence et on ne peut plus s'en défendre.
    (Nouvelles maximes, sentences et réflexions morales et politiques (38), trad. /Graphie moderne G. Jobin , p.14, Delespine (Paris), 1702)
     
  39. Il y a un art d'obéir et de commander ; personne ne veut obéir et peu savent commander.
    (Nouvelles maximes, sentences et réflexions morales et politiques (39), trad. /Graphie moderne G. Jobin , p.14, Delespine (Paris), 1702)
     
  40. Pour être obéi sans répugnance, il faut commander par l'exemple.
    (Nouvelles maximes, sentences et réflexions morales et politiques (40), trad. /Graphie moderne G. Jobin , p.14, Delespine (Paris), 1702)
     
  41. C'est un grand supplice de vivre avec des gens qu'on n'aime pas naturellement et qui nous donnent sujet de les haïr.
    (Nouvelles maximes, sentences et réflexions morales et politiques (41), trad. /Graphie moderne G. Jobin , p.15, Delespine (Paris), 1702)
     
  42. Comme il y a un langage pour chaque nation, il y en a de même pour chaque personne en particulier.
    (Nouvelles maximes, sentences et réflexions morales et politiques (42), trad. /Graphie moderne G. Jobin , p.15, Delespine (Paris), 1702)
     
  43. Défiez-vous de ceux qui vous font de petites confidences ; c'est pour en tirer de vous de plus grandes.
    (Nouvelles maximes, sentences et réflexions morales et politiques (43), trad. /Graphie moderne G. Jobin , p.15, Delespine (Paris), 1702)
     
  44. Ceux qui cherchent à brouiller causent beaucoup de désordre ; ils en profitent peu ou n'en jouissent pas longtemps.
    (Nouvelles maximes, sentences et réflexions morales et politiques (44), trad. /Graphie moderne G. Jobin , p.15, Delespine (Paris), 1702)
     
  45. Éclaicissez-vous des rapports avant que d'y ajouter foi ; autrement ils vous causeront beaucoup de querelles et d'inimitiés.
    (Nouvelles maximes, sentences et réflexions morales et politiques (45), trad. /Graphie moderne G. Jobin , p.16, Delespine (Paris), 1702)
     
  46. Il y a des personnes à qui il est dangereux de faire beaucoup de caresses ; cela les enhardit à vous faire des demandes qu'ils n'oseraient faire autrement et que vous ne pouvez plus leur refuser.
    (Nouvelles maximes, sentences et réflexions morales et politiques (46), trad. /Graphie moderne G. Jobin , p.16, Delespine (Paris), 1702)
     
  47. Quand nous sommes en place, il semble à nos parents que nous devons employer tout notre crédit pour les avancer et ils nous commettent à tout moment ; le sang veut qu'on leur rende service et la raison qu'on donne des bornes à leurs désirs.
    (Nouvelles maximes, sentences et réflexions morales et politiques (47), trad. /Graphie moderne G. Jobin , p.16, Delespine (Paris), 1702)
     
  48. La générosité ressent autant de plaisir à donner que la nécessité en a à recevoir.
    (Nouvelles maximes, sentences et réflexions morales et politiques (48), trad. /Graphie moderne G. Jobin , p.17, Delespine (Paris), 1702)
     
  49. Quand on fait des grâces, il est bon de choisir les sujets pour éviter les reproches et l'ingratitude.
    (Nouvelles maximes, sentences et réflexions morales et politiques (49), trad. /Graphie moderne G. Jobin , p.17, Delespine (Paris), 1702)
     
  50. La bonté veut qu'on fasse différence de ce qu'il faut accorder ou refuser ; car c'est plutôt faiblesse que bonté de ne pouvoir rien refuser.
    (Nouvelles maximes, sentences et réflexions morales et politiques (50), trad. /Graphie moderne G. Jobin , p.17, Delespine (Paris), 1702)
     
  51. Les choses ne font plaisir que dans l'instant qu'on les désire ; cet instant passé, on n'y est plus sensible.
    (Nouvelles maximes, sentences et réflexions morales et politiques (51), trad. /Graphie moderne G. Jobin , p.18, Delespine (Paris), 1702)
     
  52. Nous faisons valoir beaucoup ce que nous faisons pour les autres ; et nous estimons peu ce que les autres font pour nous.
    (Nouvelles maximes, sentences et réflexions morales et politiques (52), trad. /Graphie moderne G. Jobin , p.18, Delespine (Paris), 1702)
     
  53. Rien ne coûte pour notre plaisir ; et quand il s'agit d'en faire aux autres, les moyens nous manquent.
    (Nouvelles maximes, sentences et réflexions morales et politiques (53), trad. /Graphie moderne G. Jobin , p.18, Delespine (Paris), 1702)
     
  54. Nous travaillons tous les jours à nous faire des amis ; de ceux que nous choisissons pour cet effet, une partie sont faux ou tièdes, une autre partie meurt et le reste s'absente ou nous nous absentons nous-mêmes. Ainsi, il y en a très peu sur qui nous puissions faire fonds.
    (Nouvelles maximes, sentences et réflexions morales et politiques (54), trad. /Graphie moderne G. Jobin , p.19, Delespine (Paris), 1702)
     
  55. On s'attache souvent, pour faire la fortune, à des gens qui loin de nous la faire sont cause que nous ne la faisons point d'ailleurs.
    (Nouvelles maximes, sentences et réflexions morales et politiques (55), trad. /Graphie moderne G. Jobin , p.19, Delespine (Paris), 1702)
     
  56. Le jour tire son éclat du soleil et nous tirons le nôtre des gens qui nous protègent.
    (Nouvelles maximes, sentences et réflexions morales et politiques (56), trad. /Graphie moderne G. Jobin , p.19, Delespine (Paris), 1702)
     
  57. Il est bon avec la protection d'avoir de la capacité et de l'application ; parce que si l'une nous manque, les autres nous soutiennent.
    (Nouvelles maximes, sentences et réflexions morales et politiques (57), trad. /Graphie moderne G. Jobin , p.20, Delespine (Paris), 1702)
     
  58. Nous nous appliquons ordinairement aux choses inutiles plus qu'à celles qui nous sont nécessaires.
    (Nouvelles maximes, sentences et réflexions morales et politiques (58), trad. /Graphie moderne G. Jobin , p.20, Delespine (Paris), 1702)
     
  59. La faveur fait la fortune et la fortune soutient la faveur.
    (Nouvelles maximes, sentences et réflexions morales et politiques (59), trad. /Graphie moderne G. Jobin , p.20, Delespine (Paris), 1702)
     
  60. La prudence est nécessaire, mais il faut souvent donner au hasard.
    (Nouvelles maximes, sentences et réflexions morales et politiques (60), trad. /Graphie moderne G. Jobin , p.20, Delespine (Paris), 1702)
     
  61. Le vrai moyen que les gens nous rendent service, c'est de les contregager
    .
    * Contregager : Engager quelqu'un avec qui reciproquement on s'engage. - GGJ *(Nouvelles maximes, sentences et réflexions morales et politiques (61), trad. /Graphie moderne G. Jobin , p.21, Delespine (Paris), 1702)
     
  62. Il vaut mieux être prolixe qu'obscur ; mais si l'on veut être écouté des grands, il faut être bref dans les discours.
    (Nouvelles maximes, sentences et réflexions morales et politiques (62), trad. /Graphie moderne G. Jobin , p.21, Delespine (Paris), 1702)
     
  63. Quand on nous prie de demander une grâce et qu'on ne l'octroie pas, quoique nous ayons fait tout ce que nous avons pu pour l'obtenir, on croit qu'il y a de notre faute.
    (Nouvelles maximes, sentences et réflexions morales et politiques (63), trad. /Graphie moderne G. Jobin , p.21, Delespine (Paris), 1702)
     
  64. Ceux qui ont le coeur bas et rampant obtiennent plus souvent ce qu'ils demandent que ceux qui sont sensibles aux injures et aux affronts qui les rebutent.
    (Nouvelles maximes, sentences et réflexions morales et politiques (64), trad. /Graphie moderne G. Jobin , p.21, Delespine (Paris), 1702)
     
  65. L'espoir de la récompense fait agir et la crainte du châtiment retient ; c'est pourquoi la récompense doit être tardive et le châtiment toujours prêt.
    (Nouvelles maximes, sentences et réflexions morales et politiques (65), trad. /Graphie moderne G. Jobin , p.22, Delespine (Paris), 1702)
     
  66. La délicatesse est à l'esprit ce que la bonne grâce est au corps.
    (Nouvelles maximes, sentences et réflexions morales et politiques (66), trad. /Graphie moderne G. Jobin , p.22, Delespine (Paris), 1702)
     
  67. Pour plaire, il faut être au goût de ceux à qui l'on veut plaire.
    (Nouvelles maximes, sentences et réflexions morales et politiques (67), trad. /Graphie moderne G. Jobin , p.22, Delespine (Paris), 1702)
     
  68. On plaît par la beauté, par la douceur, par la ressemblance, par la complaisance et surtout par être nécessaire ; un peu de jalousie ou de défiance détruit toutes ces qualités et nous attire la haine.
    (Nouvelles maximes, sentences et réflexions morales et politiques (68), trad. /Graphie moderne G. Jobin , p.23, Delespine (Paris), 1702)
     
  69. Les grands parleurs tombent dans la redite, dans la raillerie ou dans la médisance et empêchent les autres de parler, ce qui les rend odieux.
    (Nouvelles maximes, sentences et réflexions morales et politiques (69), trad. /Graphie moderne G. Jobin , p.23, Delespine (Paris), 1702)
     
  70. Quand on parle peu et qu'on sait garder le secret, on n'est point sujet aux explications.
    (Nouvelles maximes, sentences et réflexions morales et politiques (70), trad. /Graphie moderne G. Jobin , p.23, Delespine (Paris), 1702)
     
  71. Il y a bien des gens qui sont incapables de comprendre les bonnes choses ; c'est les ennuyer que de leur en parler.
    (Nouvelles maximes, sentences et réflexions morales et politiques (71), trad. /Graphie moderne G. Jobin , p.24, Delespine (Paris), 1702)
     
  72. Si nous ne savons point profiter de nos talents, ceux qui nous connaissent s'en servent.
    (Nouvelles maximes, sentences et réflexions morales et politiques (72), trad. /Graphie moderne G. Jobin , p.24, Delespine (Paris), 1702)
     
  73. Le mérite sans bien est obligé de céder au bien sans mérite.
    (Nouvelles maximes, sentences et réflexions morales et politiques (73), trad. /Graphie moderne G. Jobin , p.24, Delespine (Paris), 1702)
     
  74. Le bon goût ordinairement se décide en faveur du général, mais il n'est pas fixé pour cela ; chacun ne parle que ce qu'il aime ; ceux qui aiment le faste parlent sans cesse de grandeurs ; au contraire, ceux qui sont modèles et bornés les blâment et n'ont en vue que la simplicité ; les jeunes gens sont pour le plaisir et la dépense ; ceux qui ont de l'expérience sont pour la modération et l'économie. Il faut garder un milieu en toutes choses et c'est ce milieu qui fait le bon goût.
    (Nouvelles maximes, sentences et réflexions morales et politiques (74), trad. /Graphie moderne G. Jobin , p.24, Delespine (Paris), 1702)
     
  75. L'esprit et le jugement sont également nécessaires pour donner conseil et le choisir ; chacun en veut donner et peu en veulent recevoir.
    (Nouvelles maximes, sentences et réflexions morales et politiques (75), trad. /Graphie moderne G. Jobin , p.25, Delespine (Paris), 1702)
     
  76. Pour ne pas se tromper dans les conseils qu'on nous donne, il faut examiner avec beaucoup plus de soin les motifs qui font agir ceux qui nous conseillent que leurs conseils.
    (Nouvelles maximes, sentences et réflexions morales et politiques (76), trad. /Graphie moderne G. Jobin , p.25, Delespine (Paris), 1702)
     
  77. C'est une force d'esprit d'avouer ses fautes et son ignorance ; il y a même plus d'avantage squ'à les excuser par de mauvaises raisons.
    (Nouvelles maximes, sentences et réflexions morales et politiques (77), trad. /Graphie moderne G. Jobin , p.26, Delespine (Paris), 1702)
     
  78. La difficulté de bien vivre ensemble provient de ce que nous voulons qu'on nous passe toutes choses et que nous ne voulons rien passer aux autres.
    (Nouvelles maximes, sentences et réflexions morales et politiques (78), trad. /Graphie moderne G. Jobin , p.26, Delespine (Paris), 1702)
     
  79. Nous ne sommes point attentifs quand on nous parle, à moins que ce ne soit de nos plaisirs ou de nos intérêts, parce que nous en avons l'esprit rempli, ou de ce que nous voulons dire nous-mêmes.
    (Nouvelles maximes, sentences et réflexions morales et politiques (79), trad. /Graphie moderne G. Jobin , p.26, Delespine (Paris), 1702)
     
  80. Nous étudions sans cesse les défauts des autres pour avoir prise sur eux et nous cachons les nôtres avec soin pour les empêcher d'en faire autant ; c'est ce qui fait que les hommes sont toujours masqués.
    (Nouvelles maximes, sentences et réflexions morales et politiques (80), trad. /Graphie moderne G. Jobin , p.27, Delespine (Paris), 1702)
     
  81. On a souvent en mer la sonde à la main ; il faudrait l'avoir toujours dans le monde parce que les écueils y sont plus fréquents.
    (Nouvelles maximes, sentences et réflexions morales et politiques (81), trad. /Graphie moderne G. Jobin , p.27, Delespine (Paris), 1702)
     
  82. On se sert de la modestie dans bien des rencontres pour établir sûrement l'autorité et la fourberie.
    (Nouvelles maximes, sentences et réflexions morales et politiques (82), trad. /Graphie moderne G. Jobin , p.27, Delespine (Paris), 1702)
     
  83. La louange est une récompense du mérite ; la sincère est pour les gens d'esprit et la fausse pour les simples ; pour la bien connaître, il faut se détacher de l'amour propre.
    (Nouvelles maximes, sentences et réflexions morales et politiques (83), trad. /Graphie moderne G. Jobin , p.28, Delespine (Paris), 1702)
     
  84. Nous nous trompons souvent dans la comparaison que nous faisons de nous aux autres parce qu'en la faisant nous voulons toujours nous mettre au-dessus de ce que nous sommes.
    (Nouvelles maximes, sentences et réflexions morales et politiques (84), trad. /Graphie moderne G. Jobin , p.28, Delespine (Paris), 1702)
     
  85. Nous nous efforçons de témoigner de la joie à nos amis de leur avancement et nous en ressentons du chagrin dans l'intérieur parce qu'ils s'élèvent au-dessus de nous ou deviennent nos égaux.
    (Nouvelles maximes, sentences et réflexions morales et politiques (85), trad. /Graphie moderne G. Jobin , p.28, Delespine (Paris), 1702)
     
  86. Nous n'apercevons bien nos défauts que quand nous sommes dans l'adversité.
    (Nouvelles maximes, sentences et réflexions morales et politiques (86), trad. /Graphie moderne G. Jobin , p.29, Delespine (Paris), 1702)
     
  87. On ne saurait faire assez d'attention à ses manières ; elles éloignent les gens de nous ou nous les approchent.
    (Nouvelles maximes, sentences et réflexions morales et politiques (87), trad. /Graphie moderne G. Jobin , p.29, Delespine (Paris), 1702)
     
  88. Il ne faut point maltraiter ceux qui font leur devoir, ni soupçonner ceux qui sont fidèles parce que cela les rebute.
    (Nouvelles maximes, sentences et réflexions morales et politiques (88), trad. /Graphie moderne G. Jobin , p.29, Delespine (Paris), 1702)
     
  89. Nous ne profitons des exemples d'autrui que quand les maux parviennent jusqu'à nous ou que nous commettons les mêmes fautes.
    (Nouvelles maximes, sentences et réflexions morales et politiques (89), trad. /Graphie moderne G. Jobin , p.30, Delespine (Paris), 1702)
     
  90. Le sage n'a d'autre vue dans ses actions que la satisfaction de son coeur ; il craint ce juge sévère qui voit tout et ne pardonne rien.
    (Nouvelles maximes, sentences et réflexions morales et politiques (90), trad. /Graphie moderne G. Jobin , p.30, Delespine (Paris), 1702)
     
  91. Notre sort est en nos mains : pourquoi nous en plaindre ? s'il n'est pas tout à fait heureux, rendons-nous dignes de l'être et nous serons contents.
    (Nouvelles maximes, sentences et réflexions morales et politiques (91), trad. /Graphie moderne G. Jobin , p.30, Delespine (Paris), 1702)
     
  92. Nos soins les plus importants sont d'amasser du bien ; la jeunesse se passe à travailler; on a peur de manquer dans la vieillesse et nous ne jouissons jamais.
    (Nouvelles maximes, sentences et réflexions morales et politiques (92), trad. /Graphie moderne G. Jobin , p.31, Delespine (Paris), 1702)
     
  93. Le repos n'est qu'une idée ; on a beau le chercher, on est trop ennemi de soi-même pour le trouver.
    (Nouvelles maximes, sentences et réflexions morales et politiques (93), trad. /Graphie moderne G. Jobin , p.31, Delespine (Paris), 1702)
     
  94. Les mouvements du coeur dépendent de ceux de la fortune ; nous sommes gais ou tristes selon qu'elle nous est favorable ou contraire.
    (Nouvelles maximes, sentences et réflexions morales et politiques (94), trad. /Graphie moderne G. Jobin , p.31, Delespine (Paris), 1702)
     
  95. Chacun voudrait avoir une religion qui s'accommodât avec ses inclinations ; il est très difficile de soumettre les inclinations à la religion et il est impossible de soumettre la religion aux inclinations.
    (Nouvelles maximes, sentences et réflexions morales et politiques (95), trad. /Graphie moderne G. Jobin , p.32, Delespine (Paris), 1702)
     
  96. Quoique la probité nous expose à être trompés tous les jours, il ne faut pas laisser de la pratiquer puisqu'elle est respectée des nations les plus sauvages et que les fripons même veulent paraître en avoir.
    (Nouvelles maximes, sentences et réflexions morales et politiques (96), trad. /Graphie moderne G. Jobin , p.32, Delespine (Paris), 1702)
     
  97. La trahison ne demeure point longtemps impunie et la fidélité sans récompense.
    (Nouvelles maximes, sentences et réflexions morales et politiques (97), trad. /Graphie moderne G. Jobin , p.33, Delespine (Paris), 1702)
     
  98. Le plaisir est nécessaire à l'homme ; il n'en trouve point de parfait parce qu'il est déréglé dans la manière de le prendre.
    (Nouvelles maximes, sentences et réflexions morales et politiques (98), trad. /Graphie moderne G. Jobin , p.33, Delespine (Paris), 1702)
     
  99. La sobriété et la continence sont nécessaires à la santé et la santé à l'esprit et au jugement.
    (Nouvelles maximes, sentences et réflexions morales et politiques (99), trad. /Graphie moderne G. Jobin , p.33, Delespine (Paris), 1702)
     
  100. Le jeu ne devrait être qu'un amusement ; on en fait un commerce où plusieurs personnes se ruinent.
    (Nouvelles maximes, sentences et réflexions morales et politiques (100), trad. /Graphie moderne G. Jobin , p.33, Delespine (Paris), 1702)
     
  101. Quelque précaution qu'on apporte à cacher ses inclinations, le penchant que nous y avons les fait découvrir.
    (Nouvelles maximes, sentences et réflexions morales et politiques (101), trad. /Graphie moderne G. Jobin , p.34, Delespine (Paris), 1702)
     
  102. On ne devine point nos pensées, mais on y pénètre par nos paroles et par nos actions.
    (Nouvelles maximes, sentences et réflexions morales et politiques (102), trad. /Graphie moderne G. Jobin , p.34, Delespine (Paris), 1702)
     
  103. Parmi les braves comme parmi les savants, il y en a qui ont un empire absolu sur les autres ; on leur cède le premier rang pour avoir moins de valeur et de science ou pour vivre en paix.
    (Nouvelles maximes, sentences et réflexions morales et politiques (103), trad. /Graphie moderne G. Jobin , p.34, Delespine (Paris), 1702)
     
  104. La gloire et le péril nous font faire des choses au-delà de nos forces.
    (Nouvelles maximes, sentences et réflexions morales et politiques (104), trad. /Graphie moderne G. Jobin , p.35, Delespine (Paris), 1702)
     
  105. La plus belle action diminue de son prix pour la trop vanter.
    (Nouvelles maximes, sentences et réflexions morales et politiques (105), trad. /Graphie moderne G. Jobin , p.35, Delespine (Paris), 1702)
     
  106. Le tour qu'on donne aux choses les fait valoir ou les diminue ; il ne convient pas à un chacun de le donner.
    (Nouvelles maximes, sentences et réflexions morales et politiques (106), trad. /Graphie moderne G. Jobin , p.35, Delespine (Paris), 1702)
     
  107. La mode est un tyran ; les plus sages ne peuvent s'en garantir et les fous en sont idolâtres.
    (Nouvelles maximes, sentences et réflexions morales et politiques (107), trad. /Graphie moderne G. Jobin , p.35, Delespine (Paris), 1702)
     
  108. La nouveauté nous amuse, mais elle ne plaît pas toujours ; son règne qui est de peu de durée ne laisse pas de ternir les bonnes choses.
    (Nouvelles maximes, sentences et réflexions morales et politiques (108), trad. /Graphie moderne G. Jobin , p.36, Delespine (Paris), 1702)
     
  109. Dans toutes les choses de la vie, il faut se faire un arrangement dans l'esprit pour que l'exécution réussisse.
    (Nouvelles maximes, sentences et réflexions morales et politiques (109), trad. /Graphie moderne G. Jobin , p.36, Delespine (Paris), 1702)
     
  110. Qui se fait une peine du travail se fait un supplice de son devoir.
    (Nouvelles maximes, sentences et réflexions morales et politiques (110), trad. /Graphie moderne G. Jobin , p.36, Delespine (Paris), 1702)
     
  111. Quasi la moitié du temps s'emploie pour les nécessités de la vie ; celui du bas âge se passe à s'instruire et celui de la vieillesse à ne rien faire ; il nous en reste très peu pour travailler et de ce peu on nous en dérobe une partie.
    (Nouvelles maximes, sentences et réflexions morales et politiques (110), trad. /Graphie moderne G. Jobin , p.36, Delespine (Paris), 1702)
     
  112. Il faut tant qu'on peut faire ses affaires soi-même ; si vous les laissez faire par d'autres, elles sont négligées.
    (Nouvelles maximes, sentences et réflexions morales et politiques (112), trad. /Graphie moderne G. Jobin , p.37, Delespine (Paris), 1702)
     
  113. Si l'on ne sait point prendre son partie, on manque l'occasion.
    (Nouvelles maximes, sentences et réflexions morales et politiques (113), trad. /Graphie moderne G. Jobin , p.37, Delespine (Paris), 1702)
     
  114. La précipitation gâte plus d'affaires que la précaution et la diligence n'en font réussir.
    (Nouvelles maximes, sentences et réflexions morales et politiques (114), trad. /Graphie moderne G. Jobin , p.37, Delespine (Paris), 1702)
     
  115. La grande habileté dans le maniement des affaires consiste dans la réussite ; on fait plus de cas de ceux qui réussissent sans être fort habiles que de ceux qui le sont et ne réussissent pas.
    (Nouvelles maximes, sentences et réflexions morales et politiques (115), trad. /Graphie moderne G. Jobin , p.38, Delespine (Paris), 1702)
     
  116. À la guerre comme dans les autres entreprises de la vie, la hardiesse contribue beaucoup à la réussite.
    (Nouvelles maximes, sentences et réflexions morales et politiques (116), trad. /Graphie moderne G. Jobin , p.38, Delespine (Paris), 1702)
     
  117. Quand on dépense au-delà de son pouvoir, on est contraint d'importuner ses amis et l'on devient gueux à la fin.
    (Nouvelles maximes, sentences et réflexions morales et politiques (117), trad. /Graphie moderne G. Jobin , p.38, Delespine (Paris), 1702)
     
  118. Il vient un temps qui nous fait changer d'inclinations ; tel était libéral qui ayant reconnu la dureté et l'avarice des autres devient aussi avare.
    (Nouvelles maximes, sentences et réflexions morales et politiques (118), trad. /Graphie moderne G. Jobin , p.39, Delespine (Paris), 1702)
     
  119. Pour se passer aisément des gens, il faut savoir se passer de peu.
    (Nouvelles maximes, sentences et réflexions morales et politiques (119), trad. /Graphie moderne G. Jobin , p.39, Delespine (Paris), 1702)
     
  120. Pour vivre en homme privé dans le temps où nous sommes, il faut beaucoup de bien et de savoir, ou se résoudre à languir.
    (Nouvelles maximes, sentences et réflexions morales et politiques (120), trad. /Graphie moderne G. Jobin , p.39, Delespine (Paris), 1702)
     
  121. Nous voulons que les autres se contentent à moins que nous, et nous ne sommes jamais contents.
    (Nouvelles maximes, sentences et réflexions morales et politiques (121), trad. /Graphie moderne G. Jobin , p.39, Delespine (Paris), 1702)
     
  122. Un grand coeur dans l'adversité ne cherche point à exciter la pitié ; il tire du secours de sa fermeté.
    (Nouvelles maximes, sentences et réflexions morales et politiques (122), trad. /Graphie moderne G. Jobin , p.40, Delespine (Paris), 1702)
     
  123. Deux coeurs aliénés se réunissent par l'intérêt.
    (Nouvelles maximes, sentences et réflexions morales et politiques (123), trad. /Graphie moderne G. Jobin , p.40, Delespine (Paris), 1702)
     
  124. Si vous avez un différent avec quelqu'un qui fasse de l'éclat, ayez soin de vous justifier sinon l'on vous donnera le tort.
    (Nouvelles maximes, sentences et réflexions morales et politiques (124), trad. /Graphie moderne G. Jobin , p.40, Delespine (Paris), 1702)
     
  125. La vengeance se déguise en amitié pour se mieux faire sentir et plus promptement.
    (Nouvelles maximes, sentences et réflexions morales et politiques (125), trad. /Graphie moderne G. Jobin , p.40, Delespine (Paris), 1702)
     
  126. Nous disons du bien ou du mal des gens à proportion que nous les aimons ou haïssons.
    (Nouvelles maximes, sentences et réflexions morales et politiques (126), trad. /Graphie moderne G. Jobin , p.41, Delespine (Paris), 1702)
     
  127. Il faut rendre justice au mérite, quelque sujet que nous ayons de nous plaindre. Autrement nous agissons par vengeance et non par raison.
    (Nouvelles maximes, sentences et réflexions morales et politiques (127), trad. /Graphie moderne G. Jobin , p.41, Delespine (Paris), 1702)
     
  128. L'inégalité marque du dérèglement dans le coeur et qu'on n'est point capable d'attachement ; elle empêche qu'on en ait pour nous et est cause qu'on nous abandonne quand nous ne sommes plus nécessaires.
    (Nouvelles maximes, sentences et réflexions morales et politiques (128), trad. /Graphie moderne G. Jobin , p.41, Delespine (Paris), 1702)
     
  129. Les fous disent de bons mots et les sages font des folies.
    (Nouvelles maximes, sentences et réflexions morales et politiques (129), trad. /Graphie moderne G. Jobin , p.42, Delespine (Paris), 1702)
     
  130. En naissant, nous avons besoin de tout ; nous passons la vie dans l'agitation pour remplir ce besoin et nous mourons sans rien emporter.
    (Nouvelles maximes, sentences et réflexions morales et politiques (130), trad. /Graphie moderne G. Jobin , p.42, Delespine (Paris), 1702)
     
  131. La morale ne nous ôte pas les inclinations naturelles, non plus que les passions. Mais elle corrige les vicieuses et en forme des vertus.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (1), p.1, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  132. C'est la raison qui persuade les vertus comme la foi établit la religion et la loi le devoir.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (2), p.2, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  133. La raison n'est pas toujours ce qui persuade ; il est de l'adresse de gagner les esprits suivant le faible de leur opinion.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (3), p.2, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  134. Nous paraissons assez courageux quand tout nous vient à souhait, mais le moindre déplaisir fait voir ce que nous sommes.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (4), p.2, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  135. Il n'est pas juste, dit Platon, que les Dieux changent les ordres secrets et inconnus de leur providence pour nous satisfaire ; c'est à nous en vivant bien de rendre heureuse notre destinée ; une vie exempte de reproche l'est toujours de malheur.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (5), p.3, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  136. La véritable morale sert à ne souffrir du mal que ce qui est mal sans y mêler une douleur imaginaire, et à ne goûter du bien que ce qui est bien sans y faire entrer des douceurs qui ne furent jamais.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (6), p.4, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  137. La considération de ce qui est honnête et de ce qui ne l'est pas doit faire toute l'étude et toute la conduite de notre vie.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (7), p.4, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  138. La plupart de ceux qui s'efforcent de se distinguer du côté de l'honnêteté sont plus excités par les agréments qui en sont inséparables que par la satisfaction de n'avoir rien à se reprocher.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (8), p.5, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  139. Tous les hommes sont imparfaits et le plus accompli, c'est celui qui a moins de défaut.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (9), p.5, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  140. Il y a des gens qui aiment mieux demeurer dans leurs défauts que de se donner la peine de les corriger.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (10), p.6, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  141. Pour réparer la perte du temps passé, il faut bien employer le présent et ne souhaiter l'avenir que pour en faire un bon usage.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (11), p.6, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  142. Une grande dignité est une grande servitude.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (12), p.6, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  143. Il faut aimer sa réputation plus que sa propre vie ; celle-ci est malheureuse si l'autre n'est grande.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (13), p.7, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  144. L'honneur n'est pas toujours le prix du mérite ; il est aussi souvent le partage du crime que la récompense de la vertu.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (14), p.7, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  145. Les vertus éclatantes font l'éclat des honnêtes gens comme la fleur fait la lutte des fruits qui la portent.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (15), p.7, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  146. Les maux tournent en biens aux personnes vertueuses et les vicieuses souvent changent les biens en maux.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (16), p.8, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  147. C'est une extrême folie de ne vouloir point ce que Dieu veut et de vouloir ce qu'il ne veut pas.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (17), p.8, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  148. Les hommes sont d'ordinaire aussi curieux de savoir la vie d'autrui que négligents de corriger la leur propre.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (18), p.8, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  149. Le Ciel pour mieux châtier les coupables les laisse régner quelque temps.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (19), p.9, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  150. Ce n'est pas la crainte de la peine qui doit rendre l'homme bon, mais l'amour de la justice.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (20), p.9, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  151. La perfection de la justice consiste à aimer beaucoup les choses grandes et peu les petites.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (21), p.9, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  152. Il ne faut jamais rien faire dont on puisse avoir regret ; celui qui doit suivre son action se rend deux fois coupable avant que de l'être une seule.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (22), p.10, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  153. On excuse les fautes qui se commettent sans y penser quoi que c'en soit une nouvelle et même très grande que de n'y penser pas.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (23), p.10, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  154. Celui qui pense à tout ce qu'il fait ne fait jamais rien qu'à propos ; le malheur du succès vient d'ordinaire de n'y pas avoir pensé.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (24), p.11, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  155. Un homme d'honneur ne fait jamais rien qui ne soit digne d'être fait en public ; soit qu'il ait des témoins ou qu'il n'en ait pas, sa présence le justifie partout des reproches qu'on lui pourrait faire.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (25), p.11, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  156. Caton se prenait toujours à témoin lui-même contre lui-même pour ne rien faire indigne de lui. Comme son nom était son espion domestique, il lui faisait prendre garde à tout ce qu'il faisait pour en éviter la censure.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (25), p.12, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  157. Il faut toujours épargner les défauts d'autrui et jamais les siens.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (26), p.12, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  158. Le fruit de la faute est la douleur et celui des bonnes actions le plaisir.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (27), p.13, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  159. Les grands ne sauraient rendre leurs fautes illustres quoi qu'ils pensent quelquefois les rendre excusables ; elles ne sont jamais plus laides que lorsqu'elles approchent de la grandeur. On peut ailleurs les cacher, mais elles paraissent avec toutes leurs difformités dans un lieu qui est regardé de tout le monde.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (28), p.13, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  160. Quand un homme ne veut plus faire de faute, le repentir de celles qu'il a faites lui sert d'excuse et de lumière pour n'en plus commettre.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (29), p.14, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  161. Ce qui paraît générosité n'est souvent qu'une ambition déguisée qui méprise de petits intérêts pour aller à de plus grands.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (27), p.14, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  162. Une âme se peut dire généreuse quand elle prend plus de plaisir à donner qu'à recevoir.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (31), p.15, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  163. Une belle âme ne tient jamais compte de ses bienfaits ; l'oubli en augmente le mérite et le souvenir en diminue la gloire.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (32), p.15, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  164. La vraie générosité consiste à faire plaisir sans espérance de revanche.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (33), p.15, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  165. Quand le coeur devance la main à nous faire un présent, nous en recevons deux à la fois et nous en sommes doublement redevables.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (34), p.16, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  166. Comme le zèle est beaucoup plus considérable que l'action qui le suit, c'est à lui à qui nous en devons la première reconnaissance.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (35), p.16, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  167. Il faut recevoir les choses avec le même esprit qu'on les donne et moins considérer leur valeur que la manière de les donner.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (36), p.16, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  168. S'il y a de la gloire a faire un présent, il y en a souvent davantage à le refuser.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (37), p.17, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  169. Celui qui ne pense qu'à recevoir oublie aisément les choses qu'il a reçues ; il cesse d'en tirer du plaisir quand il en jouit et ayant toutes ses pensées dans l'avenir, il se croit malheureux au milieu de toutes ses richesses.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (38), p.17, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  170. La plupart des bienfaits ressemblent aux fleurs qui n'ont d'odeur qu'autant qu'elles ont de nouveauté. Elles cessent d'être agréables sitôt qu'elles ne sont plus nouvelles.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (39), p.18, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  171. Il y a de la différence entre les bienfaiteurs et celui qui reçoit le bienfait: que le premier ne s'en doit point souvenir ni le second en perdre jamais la mémoire.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (40), p.18, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  172. Il y a des manières d'accorder les grâces qui sont plus insupportables que le refus.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (41), p.19, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  173. Les bienfaits accompagnés d'orgueil sont souvent payés de haine.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (42), p.19, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  174. L'orgueil ne réussit jamais mieux que quand il se couvre de modestie.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (43), p.19, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  175. Ceux qui font profession de mépriser la vaine gloire se glorifient souvent de ce mépris avec encore plus de vanité.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (44), p.20, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  176. L'orgueilleux a le malheur de déplaire à tout le monde et de ne plaire qu'à lui-même.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (45), p.20, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  177. L'orgueil est une enflure de coeur qui ne gâte pas moins toutes les bonnes qualités de l'esprit que l'enflure de l'estomac altère toutes les bonnes dispositions du corps.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (46), p.20, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  178. L'orgueil des grands est de même nature que celui des riches ; l'idée qu'il nous donne de nous=même n'est qu'une fausse idée de mérite et de grandeur.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (47), p.21, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  179. L'orgueil ne saurait avoir de plus juste châtiment que le mépris qui s'en fait. Et sans inventer des supplices pour le punir, il suffit de l'abandonner à lui-même pour le rendre malheureux.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (48), p.21, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  180. L'envie ordinairement détruit tout ce qu'elle ne peut acquérir.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (49), p.22, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  181. L'envie est une passion honteuse qui ne peut compatir avec la générosité.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (50), p.22, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  182. L'envie est un feu qui dessèche et qui porte avec soi le châtiment de l'envieux ; il ne laisse reposer ni le jour ni la nuit. C'est comme une fièvre étique qui mine peu à peu et qu'il est difficile de chasser quand on a souffert qu'elle se soit enracinée.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (51), p.22, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  183. La prodigalité est un vice pompeux et magnifique ; l'avarice en est un lâche et sordide ; le premier est la marque des grandes fortunes et le second des viles et des abjectes ; Themistocle commanda à son valet d'amasser une bourse qu'il rencontra à ses pieds parce qu'il n'était pas Themistocle.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (52), p.23, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  184. Quelques passions que l'avare ait pour les biens, il ne laisse pas d'en connaître la bassesse ; il tâche d'en déguiser l'indignité sous le nom d'une honnête économie et après qu'il se l'est persuadé à lui-même, il voudrait bien le persuader aux autres.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (53), p.24, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  185. Ce ne sont pas les biens qui rendent l'homme riche, mais le bon usage qu'il en fait.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (54), p.25, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  186. L'intérêt est cause que les hommes ne sont pas aussi scrupuleux sur l'honnêteté qu'ils le devraient être.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (55), p.25, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  187. Rien ne nuit tant aux personnes de qualité que le trop d'attachement aux biens.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (56), p.25, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  188. L'on est toujours assez riche quand on est content de peu.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (57), p.26, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  189. Une grande fortune est moins à désirer qu'une médiocre ; comme l'esprit se perd dans le luxe, il se forme dans la frugalité.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (58), p.26, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  190. Celui qui préfère la pauvreté aux richesses de ce monde se peut dire plus heureux que le plus riche de tous les hommes.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (59), p.26, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  191. La condition des pauvres donne moins d'inquiétude que celle des riches. Ceux-ci doivent craindre au lieu que les autres n'ont qu'à espérer.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (60), p.27, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  192. Le sage suit tout ce que le peuple estime, tout ce que le hasard donne et tient pour suspects tous les présents de la fortune.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (61), p.27, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  193. Comme la fortune est sujette à beaucoup de révolutions, il y a peu d'événements sur lesquels on ne doive être préparé.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (62), p.27, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  194. Un grand coeur ne se dénie jamais, ni dans la bonne ni dans la mauvaise fortune ; l'une et l'autre le touche si peu qu'il est impossible d'en connaître l'atteinte.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (63), p.28, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  195. Les grandes adversités sont pour les grands hommes ; elles accablent les lâches et encouragent les généreux.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (64), p.28, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  196. Les hommes vertueux pâtissent ordinairement plus que les méchants. La fortune favorise les lâches et persécute les héros.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (65), p.29, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  197. Il n'est rien de si aisé que de prêcher la patience aux affligés quand on est dans la prospérité, mais rien de si difficile à pratiquer du moment que l'on est dans la même peine.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (66), p.29, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  198. Un bon pilote doit s'accommoder au changement des vents ; et un sage à la fortune.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (67), p.30, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  199. Les malheurs mous mettent à l'épreuve aussi bien que la bonne fortune. Il faut que le moins autant de prudence quand elle nous favorise que de courage quand elle devient notre ennemie.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (68), p.30, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  200. Le souvenir des maux est agréable à ceux qui les ont passés et ajoute quelques douceurs aux félicités dont ils jouissent.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (69), p.31, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  201. Les maux de l'imagination n'ont d'entrée dans l'esprit qu'autant que la faiblesse leur en veut donner.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (70), p.31, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  202. La crainte aguerrit contre les maux et en évite la surprise.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (71), p.31, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  203. Le temps qui apporte des remèdes aux maux les rend quelquefois incurables.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (72), p.32, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  204. Une belle vie fait mépriser la mort et une belle mort fait mépriser la vie.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (73), p.32, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  205. La crainte de la mort fait oublier tous les maux et toutes les incommodités de la vie.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (74), p.32, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  206. Si la mort paraît effroyable aux riches, elle doit bien consoler les malheureux.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (75), p.33, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  207. La crainte de la mort est plus sensible que la mort même.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (76), p.33, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  208. La nécessité de mourir n'est supportable qu'à celui qui la regarde comme telle. Quand la soumission de l'esprit devance l'exécution de la loi, on la subit sans peine.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (77), p.33, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  209. Il faut songer quelquefois à la mort parce que cette seule pensée est capable de nous apprendre à bien vivre.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (78), p.34, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  210. L'importance de la vie ne doit pas se mesurer sur le temps, mais sur l'étude qu'il faut de bien vivre pour bien mourir.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (79), p.34, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  211. La bonté de la vie fait la bonté de la mort.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (80), p.35, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  212. Il faut vivre comme l'on voudrait avoir vécu lorsqu'on sera prêt de mourir.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (81), p.35, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  213. C'est mal vivre que de commencer toujours à vivre parce que la vie est toujours imparfaite et qu'il n'y a point d'apparence qu'un homme qui commence à vivre se puisse préparer à mourir.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (82), p.35, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  214. De toutes les lois, celle de mourir est la seule inviolable et qui ne souffre point d'exception.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (83), p.36, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  215. L'étude du temps est la plus utile de toutes: elle nous enseigne le moyen d'en faire un bon usage et c'est de là que dépendent tous les biens ou tous les maux de la vie.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (84), p.36, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  216. Rien n'est plus précieux que le temps et c'est à quoi l'on pense le moins. Quand on l'a une fois perdu, on ne le recouvre jamais ; un nouveau gain peut réparer une vieille perte, mais celle du temps est irréparable.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (85), p.37, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  217. Le choix d'un bon livre n'est pas moins difficile que la lecture en est agréable. Le meilleur de tous est celui qui convient le mieux à notre profession.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (86), p.37, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  218. Une grande bibliothèque est un honteux ornement de cabinet quand toute la science de son propriétaire est dans les livres.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (87), p.38, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  219. Trois choses font un savant et habile homme  ;: la lecture, la conversation et la rêverie ; l'une enrichit la mémoire, l'autre polit son esprit et la dernière forme son jugement.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (88), p.38, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  220. La philosophie naturelle nous fait savants ; la morale nous rend sages ; l'histoire judicieux, la poésie agréables ; la rhétorique éloquents ; la cosmographie éclairés et l'étude des saintes lettres pieux et dévots.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (89), p.39, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  221. La philosophie ne nous apprend pas seulement toutes les sciences ; elle nous montre encore à triompher des disgrâces de la mauvaise fortune et à souffrir sans murmurer les faiblesses de la nature qui font de véritables maux.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (90), p.39, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  222. Arriston de Chio disait que ceux qui quittaient la philosophie pour s'adonner aux mathématiques ressemblaient aux amoureux de Pénélope qui ne pouvant jouir d'abord de leurs maîtresses courtisaient les servantes.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (91), p.40, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  223. La nature judicieuse en tout ce qu'elle fait a mis plus de gloire où il y a plus de dangers ; comme les sciences, plus elles sont difficiles et plus elles donnent de réputation.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (92), p.40, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  224. Celui qui ne veut pas se hasarder ne doit pas songer à s'élever.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (93), p.41, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  225. La vertu n'a point de condition affectée ; tel est d'une basse naissance, qui par des actions héroïques s'élève au comble des grandeurs.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (94), p.41, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  226. Il faut être hardi pour devenir heureux.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (95), p.42, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  227. Qui a de la bravoure le fait paraître en son temps ; un coeur généreux s'expose au danger dans les occasions et il ne le recherche point lorsqu'elles ne se présentent pas.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (96), p.42, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  228. Le moyen d'arriver à la gloire est d'être tel que l'on veut paraître.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (97), p.42, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  229. La valeur qui n'a jamais souffert d'attaque ne mérite guère de louanges, mais celui qui s'est exposé courageusement au péril et qui en est sorti victorieux ne peut être assez loué.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (98), p.43, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  230. Un grand coeur doit être insensible à tout ce qui ne regarde pas ou le devoir, ou la gloire.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (99), p.43, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  231. La crainte cherche le mal pour s'en affliger avant qu'il soit arrivé ; elle ne s'entretient que d'illusions et de fantômes ; la hardiesse au contraire ne s'étonne jamais: elle se nourrit d'espérance et trouve son divertissement dans les rencontres et dans les périls.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (100), p.44, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  232. La crainte est le plus grand de tous les maux ; pendant que les autres ont quelques intervalles, celui-ci dure toujours.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (101), p.44, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  233. Il ne faut jamais craindre que les maux qu'on peut éviter ; l'amertume de ceux qui sont inévitables s'augmente par la peur que nous en avons.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (102), p.45, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  234. Il n'est pas de la peur comme des autres passions: celui qui en a le moins en donne toujours le plus.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (103), p.45, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  235. Qui veut attaquer son ennemi doit témoigner beaucoup de résolution en sa présence ; une contenance ferme l'étonne, un regard fixe et assuré l'ébranle ; une parole hardie et bien soutenue le ruine à moitié ; et de cette manière l'on est presque aussitôt victorieux que vaillant.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (104), p.45, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  236. Trois choses se trouvent rarement dans une même personne: la prudence dans les entreprises, la fermeté dans l'exécution et l'intrépidité dans les périls.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (105), p.46, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  237. Comme l'imprudence est la source de toutes les disgrâces de la vie, la prudence en fait tout le bonheur.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (106), p.47, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  238. Celui qui commence une affaire sans jugement ne doit pas être surpris si elle finit sans succès.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (107), p.47, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  239. L'imprudent qui ne fait qu'une faute mérite une excuse ; celui qui pèche pour la seconde fois doit souffrir double peine: l'une pour son crime et l'autre pour son indiscrétion.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (108), p.47, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  240. Comme une faute ouvre souvent le pas à une autre, quelquefois aussi elle sert d'instruction à l'homme ; parce qu'en lui découvrant son faible, elle lui apprend à le fortifier.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (109), p.48, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  241. Ce n'est pas assez que d'avoir de la prudence pour entreprendre: il faut du bonheur pour réussir.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (110), p.48, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  242. Le temporisement assaisonne les résolutions et mûrit les secrets au lieu que la précipitation ruine toutes les affaires.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (111), p.49, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  243. Il faut penser à loisir et exécuter promptement.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (112), p.49, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  244. La diligence qui n'est point dirigée par la lenteur n'a pas toujours un succès favorable.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (113), p.49, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  245. La modestie est une gêne au voluptueux et le travail un supplice au fainéant. Le délicat plaint le laborieux et l'ignorant celui qui étudie.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (114), p.50, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  246. L'homme qui étudie pour passer le temps est un curieux qui travaille en vain et qui perdra le temps et l'étude ; mais celui qui étudie pour apprendre se rendra savant et habile homme.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (115), p.50, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  247. De savoir parler et agir est une qualité fort nécessaire à l'homme. La science qui ne se produit pas en acte et qui ne se communique point est inutile. Et d'être seulement pour soi, c'est vouloir n'être pour personne.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (116), p.51, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  248. Quelque facilité que l'on ait à s'exprimer, il faut toujours dire beaucoup de choses en peu de mots, et se souvenir que la conversation n'est pas comme un état monarchique où un seul a droit de parler, mais comme une espèce de république où tous ceux qui la composent peuvent dire ce qu'ils pensent.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (117), p.52, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  249. C'est un grand défaut dans la conversation que d'y vouloir toujours briller et s'y faire plus écouter que les autres.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (118), p.52, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  250. Parle peu et à ton rang, dit le Sage. Écoute beaucoup et ne répond qu'à propos.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (119), p.52, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  251. Tous ceux qui parlent peu parlent bien parce qu'ils songent longtemps à ce qu'ils doivent dire.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (120), p.53, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  252. On ne condamne jamais le silence de personne, mais tout le monde se plaint de ceux qui parlent trop.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (121), p.53, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  253. Périclès et Pisistratus furent insupportables à leur siècle parce que l'un se rendait trop importun par ses grands discours et l'autre fatiguait tout le monde du long récit de ses victoires.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (122), p.53, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  254. L'entretien des personnes d'autorité doit tenir plus du philosophe que de l'orateur ; on perd le temps par le délai lorsqu'il doit plutôt être employé dans les pensées que dans les paroles et dans le précieux que dans le magnifique.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (123), p.54, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  255. Tout le monde écrit à sa manière et chacun croit avoir raison. Pour moi, j'estime qu'il faut écrire comme l'on parle et parler comme l'on voudrait écrire ; que le discours soit d'un style vif et coupé ; que les pensées soient plutôt liées par le sens que par les paroles ; et que la netteté, la délicatesse et la force soient les trois Grâces qui règnent dans tout le raisonnement.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (124), p.55, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  256. Trois choses ne se reconnaissent bien qu'en trois lieux différents : la hardiesse dans le péril, l'ami dans le besoin et la sagesse dans les attaques de la colère.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (125), p.56, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  257. Il est inutile de se mettre en colère quand on n'a le moyen, n'y de se venger, ni de pousser à bout son ressentiment.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (126), p.56, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  258. Quoique la colère soit capable de tout entreprendre, elle fait d'ordinaire plus de bruit que de mal.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (127), p.57, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  259. Celui qui s'abandonne à la colère n'a presque plus rien de l'homme ; cette passion est si furieuse qu'elle trouble l'esprit et se répandant au dehors défigure le visage.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (128), p.57, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  260. Quoique la colère ne soit qu'une courte fureur, les effets souvent sont de longues folies.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (129), p.57, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  261. Celui qui se met souvent en colère n'est raisonnable que par intervalle.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (130), p.58, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  262. Le secret pour maîtriser sa colère, c'est de remettre au lendemain l'exécution de ce qu'elle nous inspire.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (131), p.58, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  263. Les passions sont faibles dans leurs naissances ; elles s'échauffent dès leur sortie et se fortifient dans leurs progrès. Il est plus facile de les rebuter quand elles se présentent que de les chasser quand elles sont entrées.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (132), p.58, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  264. Les passions qu'on flatte le plus sont celles que l'on cache davantage.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (133), p.59, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  265. Les passions sont comme des plantes qui fléchissent dans leurs printemps sous la main du jardinier et se raidissent dans leurs automnes de telle sorte qu'il a de la peine à les manier.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (134), p.59, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  266. L'on n'a point de plus grand ennemi que soi-même lorsqu'on n'est pas le maître de sa passion.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (135), p.60, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  267. La raison distingue l'homme de l'animal, mais la passion le confond avec lui.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (136), p.60, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  268. L'affectation dégénère facilement en désespoir sitôt qu'elle n'a plus d'espérance ; elle veut tout perdre quand elle ne peut rien gagner.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (137), p.60, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  269. Qui commence à aimer doit se préparer à souffrir.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (138), p.61, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  270. Certains maux se laissent guérir ou du moins soulager par les remèdes, mais le mal de l'amour charme ceux qui en sont atteints et leur fait craindre la guérison.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (139), p.61, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  271. L'amour est l'occupation de ceux qui n'en ont pas.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (140), p.61, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  272. Les premiers traits de l'amour partent des yeux et les seconds de la parole.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (141), p.62, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  273. Le coeur est souvent la dupe des yeux.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (142), p.62, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  274. La sagesse et l'amour ne s'accordent jamais.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (143), p.62, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  275. L'amour est semblable au feu : il brille et plaît quand on en est éloigné, mais il brûle et consume quand on s'en approche de trop près.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (144), p.62, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  276. Si l'on dépeint l'amour tout nu, c'est pour montrer qu'il met en chemise ceux qui le suivent.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (145), p.63, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  277. La dépense pour les femmes empêche de connaître si l'on en est considéré pour son mérite.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (146), p.63, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  278. Tous les hommes et toutes les femmes cherchent à se tromper les uns et les autres puisque chacun cherche sa dupe.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (147), p.63, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  279. Les femmes ont plus d'intérêt à la constance que les hommes parce qu'elles sont plutôt passées.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (148), p.64, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  280. La beauté ressemble à la rose : elle est belle un jour et passe le lendemain.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (149), p.64, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  281. La plupart des femmes doivent leurs gloires à leurs ajustements et la plus grande partie de leur beauté à l'opinion de leurs esclaves.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (150), p.64, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  282. L'amour est le faible des jeunes gens, le vice des hommes plus avancés en âge, et la honte des vieillards.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (151), p.65, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  283. Si l'amour nous est représenté sans yeux, c'est pour montrer qu'il est capable d'aveugler tous les hommes.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (152), p.65, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  284. Les femmes pleurent la mort de leurs amants moins par le regret de leur perte que pour faire croire que leur fidélité mérite de nouveaux amants.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (153), p.66, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  285. Les femmes ressemblent à l'ombre : elles suivent ceux qui les fuient et fuient ceux qui les suivent.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (154), p.66, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  286. L'ambition des femmes n'a non plus de bornes que leurs autres vices ; elles veulent tout ce qu'elles veulent et ne sont jamais contentes si elles ne sont absolues.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (155), p.66, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  287. Les femmes ne doivent pas toujours attribuer à leur mérite ce que font pour elles ceux qui les aiment.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (156), p.67, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  288. Les femmes sont semblables à la mer qui prodigue sur ses bords d'inutiles coquilles tandis que dans son sein elle engloutit les plus riches trésors.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (157), p.67, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  289. Si le ciel a mis quelque beauté sur le visage des femmes, c'est pour punir la folie des indiscrets et des curieux.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (158), p.68, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  290. Les jeunes femmes n'ont pas assez d'esprit et celles qui sont âgées n'ont pas assez de beauté.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (159), p.68, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  291. Les femmes ont ordinairement des défauts secrets plus grands que les beautés qui paraissent.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (160), p.68, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  292. L'homme est la dupe des plaisirs.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (161), p.69, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  293. Les plus grands plaisirs durent le moins et sont presque semblables aux éclairs et aux météores qui passent aussi vite qu'ils frappent la vue.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (162), p.69, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  294. Pour peu que les plaisirs durent, ils cessent d'être plaisirs et quand ils durent trop longtemps, ils deviennent des supplices.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (163), p.69, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  295. Celui qui préfère son plaisir à son devoir imite le chien d'Ésope qui aima mieux l'ombre que le corps et l'apparence que la vérité.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (164), p.70, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  296. Ceux qui aiment les plaisirs n'ont guère d'amour pour la gloire ; ils font plus d'état de leur vie que de leur réputation.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (165), p.70, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  297. Celles qui n'aiment que leurs plaisirs aiment toutes sortes de personnes sans en aimer aucune en particulier.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (166), p.71, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  298. La nécessité n'a pas d'ordinaire la même étendue que le plaisir ; il y a souvent assez pour le nécessaire qu'il y en a peu pour l'agréable.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (167), p.71, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  299. Les gens de guerre n'ont point de plus grand ennemi que le plaisir : sitôt qu'il touche leurs coeurs, il émousse leurs courages.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (168), p.71, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  300. Hannibal, qui n'avait point cédé au fer de Rome, céda aux délices de Capoue : les voluptés de cette ville ravirent à ce généreux guerrier la gloire qu'il s'était acquise aux journées de Cannes et de Trasimène.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (169), p.72, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  301. L'amour excite le courage quand il est dans la modération, mais sitôt qu'il porte un homme jusque dans la volupté, il le ramollit, bien loin de le rendre vigoureux.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (170), p.72, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  302. Quand l'amour s'est rendu maître d'un coeur, ce coeur ne connaît plus d'autre félicité que l'amour. Cette passion a été l'écueil des plus grands hommes. Pour elle le premier des philosophes donna de l'encens à la beauté qui lui avait donné de l'amour ; et en fit sa divinité : pour elle, Hercule changea sa massue en quenouille ; Achille servit à genoux Polixène, adoration qui lui coûta la vie ; et je ne sais par quel destin fatal à la gloire des conquérants, Massinisse et Antoine ne furent jamais si fort haïs de leurs soldats que lorsqu'ils furent les plus aimés : l'un de Sophonisbé, et l'autre de Cléopâtre.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (171), p.73, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  303. Tous les amants ressemblent à ces anciens idolâtres qui se faisaient des Dieux à leurs fantaisies ; et quoique ces faux objets de divinité remplissent leur imagination de fausses idées, ils ne laissaient pas de leur dresser des autels dans leurs coeurs. Les amoureux en sont réduits au même point : ils se font des maîtresses comme il leur plaît et après qu'ils leur ont donné plus de perfections qu'elles n'ont de défauts, ils les aiment uniquement, sans considérer qu'en eux ni en elles, on n'y peut trouver rien de plus véritable que la commune erreur dont ils sont également convaincus.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (172), p.73, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  304. Tous les amants sont visionnaires : la moindre apparence les fait beaucoup craindre et beaucoup espérer.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (173), p.76, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  305. L'amour est le fils de la vue ; les yeux le conçoivent avant le coeur : il pousse ses conquêtes par la parole et les achève par la volonté.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (174), p.76, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  306. La femme est souvent une aide et souvent ennemie ; et le mariage est tantôt un port favorable et tantôt un naufrage malheureux.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (176), p.77, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  307. Le mariage est un jardin où il croit tant d'épines et si peu de fleurs, tant de fruits amers et si peu de doux qu'on a raison de lier ceux à qui l'on permet d'y entrer pour cueillir les fleurs et pour goûter ses fruits ; s'ils n'étaient liés comme ils le sont, le dégoût qu'ils y trouvent en ferait sortir la plupart presque aussitôt qu'ils y sont entrés.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (177), p.77, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  308. Il n'y a point de félicité parfaite dans ce monde ; les deux vases, l'un de miel et l'autre de fiel, qui étaient à l'entrée du grand Olympe et dont Jupiter remplissait tous les mortels, donnèrent sujet à Plutarque de dire que personne ne jouissait purement du bonheur de la vie.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (178), p.78, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  309. Les rois ressemblent aux amoureux : ils ne peuvent souffrir de compagnons ni de rivaux.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (179), p.79, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  310. C'est avoir l'esprit mal fait de prendre à notre désavantage ce qui nous doit être indifférent : nous sommes si faibles de croire que personne ne marche après nous quand quelqu'un nous devance ; comme si le mérite ne faisait pas les rangs plutôt que les qualités.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (180), p.79, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  311. La jalousie est un témoin irréprochable de notre faiblesse ; si elle vient de l'amour, elle est imprudente et si le bonheur de notre prochain l'a produite, elle est lâche ; enfin de quelque côté qu'on la considère, elle porte avec soi et son crime et son aveuglement.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (181), p.80, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  312. La jalousie est un mal à qui toutes choses servent de nourriture et pas un de remède.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (182), p.81, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  313. La crainte qui accompagne la jalousie lui agrandit les moindres objets et lui représente les maux autres qu'ils ne sont.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (183), p.81, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  314. La jalousie étouffe souvent la tendresse du coeur quand elle vient à quelque excès. Mais quand elle est modérée, elle sert d'assaisonnement et de pointe aux désirs ; c'est comme un vent qui allume le feu qui ne brûle qu'à demi dans le coeur d'un amant.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (184), p.81, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  315. Rien n'est plus difficile à trouver qu'un véritable ami ; il est presque aussi rare dans la société que la pierre philosophale dans la chimie.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (185), p.82, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  316. La fidélité devient quelquefois infidèle ; et comme l'on aime plus son intérêt que son ami, il faut se défier souvent pour n'être guère trompé.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (186), p.83, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  317. Qui se confie sans connaissance court risque de s'en repentir avec raison.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (187), p.83, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  318. Où l'intérêt domine, la raison a beau parler, elle n'est guères écoutée.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (188), p.83, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  319. La confiance produit la fidélité dans les magnanimes et excite la trahison dans les lâches.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (189), p.84, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  320. Celui qui découvre son faible apprend ce qui le doit vaincre et par où il peut être vaincu ; Samson ne l'aurait jamais été s'il ne s'était découvert à sa maîtresse.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (190), p.84, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  321. Quelque ami qu'on ait, il ne lui faut jamais confier un secret où il y va de l'honneur où de la vie parce que le dommage de son infidélité ne se peut réparer.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (191), p.84, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  322. Un secret qui passe à un tiers n'est plus un secret.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (192), p.85, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  323. Comme l'odeur se dissipe si elle n'est bien fermée, de même un conseil s'évente s'il n'est bien secret.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (193), p.85, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  324. Les grands desseins doivent ressembler aux fontaines qui ne se purifient jamais mieux qu'en passant sous la masse des montagnes, et après avoir été longtemps cachés dans des canaux souterrains qui leur ont comme servi d'alambics, elles paraissent tout d'un coup au pied d'un rocher ; de même, les grands desseins doivent demeurer longtemps cachés et ils ne réussissent jamais mieux que quand on en ressent l'effet avant que de les avoir aperçus.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (194), p.86, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  325. Il est des héros de pensées et il en est d'action ; ceux-là conçoivent les grandes idées du bien et ceux-ci en produisent les oeuvres ; le bonheur appartient aux seconds et le mérite aux premiers.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (195), p.87, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  326. Le vulgaire ne juge jamais des choses que par l'événement ; il croit que rien n'est bien médité si l'effet ne suit l'intention ; mais les personnes d'esprit en jugent d'une autre manière et voient souvent plus de conduite et de courage dans un effort stérile que dans un succès avantageux.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (196), p.87, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  327. Les ordres des souverains doivent être considérés avec respect et jamais avec curiosité ; c'est au vassal d'obéir et non pas de juger.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (197), p.87, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  328. L'obéissance aveugle est le partage des sujets comme l'absolue volonté est celle des monarques.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (198), p.88, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  329. Si les souverains sont justes ou tyrans, le blâme ou la louange qui leur est due ne dépend pas plus de leurs sujets que la récompense ou la punition, mais de la puissance de Dieu qui tient le coeur des rois en sa main et qui les meut comme il lui plaît.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (199), p.89, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  330. Les rois ne doivent jamais être seuls ni oisifs ; dans leurs cabinets, la prudence doit être avec eux et dans le repos leur étude.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (200), p.89, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  331. C'est une grande oisiveté à un grand prince que de penser aux victoires de l'avenir et sans répandre une goutte de sang, de défaire des troupes qui ne sont pas encore levées ; sans quitter son fauteuil courir partout le monde sur une carte, prendre les places qui bornent les frontières, soumettre les villes qui peuvent arrêter les armées et, pour tout dire en peu de mots, gagner autant de batailles et de provinces qu'il fait de bonnes méditations.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (201), p.90, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  332. Qui travaille pendant le repos de la paix se repose pendant le travail de la guerre.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (202), p.91, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  333. Archimède ne fut jamais plus heureux ni plus tranquille que lorsqu'il fit jouer ses machines de guerre contre Marcellus au siège de Siracuse parce qu'il les avait conçues à loisir et fait fabriquer dans l'apparente oisiveté du cabinet.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (203), p.91, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  334. Une sage retraite vaut mieux qu'une opiniâtre résistance ; c'est suivre la victoire de reculer à propos et courir à la mort de tenir ferme hors de raison.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (204), p.92, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  335. Il y a grande différence entre une déroute et une retraite : celle-ci voit l'honneur qui va devant elle ; et celle-là la laisse derrière soi. Qui se retire veut vaincre et celui qui fuit veut vivre.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (205), p.92, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  336. Les grands courages aiment mieux mourir avec gloire que de vivre sans honneur.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (206), p.93, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  337. Quand il faut absolument mourir, il faut le faire généreusement ; mais si l'on peut fuir la mort sans honte, on doit le faire sans crainte. Il n'appartient qu'aux rochers et à ceux qui ont leur dureté de résister aux tempêtes.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (207), p.93, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  338. Un brave homme souffre autant de reproches de sa conscience quand il a manqué de vaincre que quand il est vaincu. Si ce dernier malheur montre sa faiblesse, le premier découvre son imprudence.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (208), p.94, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  339. Celui qui entreprend doit mesurer son pouvoir avant que d'irriter celui des autres sinon il court risque d'être deux fois vaincus : la première par son ambition et la seconde par la force de son adversaire.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (209), p.94, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  340. L'on peut quelquefois excuser l'infortune d'un homme, mais l'on ne doit jamais excuser sa témérité.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (210), p.95, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  341. L'homme est obligé d'être sage et non pas d'être heureux ; s'il a de la vertu, on ne lui doit jamais reprocher son infortune.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (211), p.95, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  342. Il n'est pas bon d'être malheureux, mais il est bon de l'avoir été.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (212), p.96, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  343. L'affliction est une excellente maîtresse : elle nous corrige de nos défauts et nous instruit autant pour notre bien que pour celui des autres.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (213), p.96, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  344. Qui voit avec indifférence les malheurs de son prochain ne doit pas trouver étrange si l'on regarde les siens sans compassion.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (214), p.96, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  345. Souvent nos amis nous deviennent indifférents sitôt que nous ne leur pouvons plus être utiles.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (215), p.97, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  346. L'on connaît les amis durant le besoin et les ennemis durant le malheur.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (216), p.97, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  347. Une honnêteté qui ne se fait point attendre en vaut deux ; et c'est faire un présent que d'avancer le paiement d'une dette.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (217), p.97, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  348. Qui méconnaît ses amis dans la prospérité mérite de n'en point trouver dans ses malheurs.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (218), p.98, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  349. L'on ne haït pas moins une personne qui nous refuse sa protection que celle qui nous persécute ; la raison est que nous jugeons bien qu'on nous désire le mal puisqu'on peu et qu'on ne veut pas nous en défendre.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (219), p.98, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  350. L'on dit bien vrai qu'on n'adore que le soleil levant ; celui qui se couche n'est regardé que pour tirer des présages du lendemain. De même, l'amitié de nos amis ne dure qu'autant de temps que notre fortune subsiste, celle-là s'évanouit d'abord que celle-ci diminue.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (220), p.99, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  351. Comme l'esprit de l'homme n'a pas moins d'inconstance que son coeur a d'infidélité, il faut penser également aux moyens qui empêchent la légèreté et qui forment la gratitude.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (221), p.99, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  352. Il est plus fâcheux d'avoir mal employé un bienfait que de n'en recevoir jamais ; c'est souvent la faute d'autrui quand on ne nous en fait pas, mais c'est toujours la nôtre quand nous choisissons mal ceux à qui nous en voulons faire.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (222), p.100, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  353. L'ingratitude est le vice des âmes basses ; ceux qui ne savent pas reconnaître les grâces qu'ils ont reçues montrent qu'ils ne méritaient pas d'en avoir.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (223), p.100, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  354. Le plus méconnaissant n'est pas celui qui oublie le bienfait : ce peut être aussitôt un défaut de sa mémoire qu'un crime de sa volonté. Mais de jouir d'un bien reçu, de l'avoir toujours présent et de le dissimuler ou de mépriser celui qui en est l'auteur, c'est la dernière marque d'ingratitude.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (224), p.101, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  355. Il est mal aisé qu'un homme soit sage qui n'a point été trompé.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (225), p.102, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  356. La meilleure politique pour éviter les accidents de la vie est de ne faire amitié qu'avec les gens de bien.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (226), p.102, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  357. La fin qu'on se propose est la règle des actions, celui qui n'en a point mené une vie inconstante et pleine d'erreurs.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (227), p.102, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  358. La prévoyance va au-devant du péril pour le connaître ; la circonspection le regarde de tous les côtés et la précaution se met à couvert de ses attaques.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (228), p.103, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  359. La malice n'est agréable qu'à ceux qui s'en servent.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (229), p.103, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  360. Celui qui se plaint des maux qu'il souffre ne se souvient pas de ceux qu'il a faits.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (230), p.103, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  361. Quand un homme est affligé, il se doit interroger lui-même : le mal qu'il a pu faire lui représentera la justice de celui qu'il endure.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (231), p.104, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  362. Les peines et les souffrances que Dieu nous envoie dans ce monde sont autant de marques certaines qu'il nous veut épargner dans l'autre.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (232), p.104, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  363. Dieu n'a mis l'homme sur la terre que pour lui donner le moyen de mériter le Ciel. Qu'il ne s'étonne donc pas si l'injuste préférence qu'il fait des richesses d'ici-bas à celles de là-haut lui donne autant de peines et d'inquiétudes ; c,est la punition qui est attachée à ce faux plaisir afin que les sujets de ses égarements deviennent les instruments de ses souffrances.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (233), p.104, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  364. Dieux, pour empêcher que nous le quittions pour suivre des créatures, nous laisse persécuter par celles que nous aimons afin que voulant fuir leur tyrannie, nous retournions vers sa bonté.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (234), p.105, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  365. L'on s'approche de Dieu à mesure qu'on s'éloigne du monde.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (235), p.106, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  366. Plus notre croix paraît grande et plus elle s'approche du Ciel.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (236), p.106, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  367. Il n'y a rien en cette vie qui ne soit d'autant plus déplorable qu'on le pleure moins et qui ne le soit d'autant moins qu'on le pleure davantage.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (237), p.106, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  368. Si Démocrite avait raison de rire de la folie des hommes, Héraclite n'avait pas tort d'en pleurer ; ceux qui ont de l'amitié pour leur prochain sont touchés de compassion quand ils se représentent son aveuglement volontaire.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (238), p.107, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  369. Que l'homme est malheureux et que son sort est à plaindre : tantôt il déplore la vie, et tantôt il appréhende la mort ; il est toujours irrésolu et l'état le plus heureux ne saurait le satisfaire.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (239), p.107, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  370. Il n'y a rien au monde qui ne soit sujet au changement ; ce qui est agréable aujourd'hui ne l'est pas demain : le gouvernement le plus doux devient fâcheux, la grandeur la moins vaine paraît superflue et la meilleure compagnie est ennuyeuse quand elle est ordinaire.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (240), p.108, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  371. Toutes les choses ont leur période et rien ne fait tant craindre leur décadence que le dernier point de leur grandeur.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (241), p.109, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  372. Le jugement est la chose du monde la mieux partagée ; les plus difficiles à se contenter n'ont pas accoutumé d'en désirer d'avantage.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (242), p.109, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  373. La plupart des actions des hommes sont fardées et n'ont rien que l'apparence.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (243), p.110, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  374. Les habits magnifiques et l'air de qualité ne sont pas toujours des marques que l'on sait ce qu'on affecte de paraître.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (244), p.110, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  375. Il y a des gens naturellement stupides qui croient bien cacher leurs défauts par une gravité apparente ; mais comme ils ressemblent au Geai de la fable paré d'un plumage étranger, bientôt on les reconnaît pour ce qu'ils sont.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (245), p.110, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  376. Il y a des gens qu'on estime malhonnêtes qui ne le sont que par grossièreté, ne sachant pas tous les devoirs de la bienséance.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (246), p.111, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  377. La véritable honnêteté est toujours simple : elle fuit l'ostentation et il y en a quelquefois autant à se taire qu'à parler.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (247), p.111, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  378. Il n'y a point de sage qui n'ait été fou et de fou qui ne puisse devenir sage.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (248), p.112, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  379. Les fous sont plus utiles aux sages que les sages aux fous ; parce que les sages observent bien les dérèglements des fous et les fous ne peuvent pas discerner les bons exemples des sages.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (249), p.112, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  380. Il ne faut pas s'étonner s'il y a si peu de sages : tout le monde le croit être et c'est assez pour ne l'être pas.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (250), p.112, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  381. La vie est une espèce de comédie qui n'est pas plutôt achevée que chaque personnage reprend sa première condition, et tous se trouvent égaux après la fin de la pièce.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (251), p.113, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  382. Il ne faut jamais juger du mérite des hommes par l'éclat de leurs emplois.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (252), p.113, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  383. Il faut apprendre à se connaître soi-même avant que de connaître les autres.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (253), p.114, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  384. La faiblesse de l'esprit tourmente le corps aussi bien que la haute suffisance : l'une mine par le désespoir ce que l'autre perd par des entreprises trop violentes.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (253 bis), p.114, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  385. La plus belle victoire est de se vaincre soi-même ; et lorsqu'on a cet avantage, on l'a souvent sur les autres.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (254), p.114, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  386. Ce ne sont pas toujours les offenses qui nous tourmentent, mais l'imagination de les avoir reçues.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (255), p.115, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  387. Les esprits qui s'irritent par les offenses se peuvent adoucir par les services.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (256), p.115, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  388. Il y a des gens qui ne sont honnêtes que dans le discours.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (257), p.115, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  389. Le silence des méchants est une occupation dangereuse : ils cherchent souvent à se méconnaître et à dépayser les autres sur ce qu'ils font.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (258), p.116, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  390. Les artificieux sont bien représentés par le noeud gordien : ils se couvent avec tant d'adresse et cherchent tant de détours pour n'être pas découverts que c'est perdre le temps de les vouloir étudier. Il faut que l'exemple d'Alexandre, qui trancha cette difficulté d'un seul coup d'épée, serve de leçon aux sages pour rompre d'abord tout commerce avec eux.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (259), p.116, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  391. Un méchant qui veut s'élever se fait des degrés de toute chose : il tâche de monter par le crime quand il ne le peut par la vertu ; mais souvent son élévation cause son abaissement ; et comme elle n'est fondée que sur un appui ruineux, il ne touche le faite que pour tomber dans le précipice.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (260), p.117, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  392. L'esprit et le coeur sont les deux sources principales de notre bien ou de notre mal.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (261), p.118, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  393. Pour être sage, il faut que l'esprit et la raison soumettent le coeur ; et pour être méchant, il faut que le coeur domine la raison et l'esprit.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (262), p.118, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  394. Il faut être bien avec les honnêtes gens et jamais mal avec les autres.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (263), p.118, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  395. Pour ne souffrir pas l'injure, il ne faut pas se l'attirer.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (264), p.119, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  396. Les prétextes sont aux méchants ce que les forêts sont aux voleurs pour exercer leur cruauté.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (265), p.119, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  397. Les injures sont toujours sensibles et laissent d'ordinaire un désir de vengeance à ceux qui les ont reçues.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (266), p.119, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  398. Ceux qui offensent ne pardonnent point parce que sachant bien qu'on ne peut oublier une injure, ils craignent toujours la vengeance de celles qu'ils ont faites. Le désespoir du pardon leur inspire souvent le dessein de quelque nouvel outrage.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (267), p.120, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  399. Celui qui aime bien n'offense point et ne peut être offensé.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (268), p.120, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  400. Les illustres ne sont jamais méprisés que par ceux qui sont méprisables.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (269), p.121, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  401. Le mépris que nous faisons de nos ennemis est souvent la cause de notre perte.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (270), p.121, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  402. Il faut repousser la force par la force et souvent l'injure par le mépris.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (271), p.121, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  403. Rien n'est plus capable de faire cesser la calomnie que le mépris qu'on en fait.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (272), p.122, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  404. Qui peut sacrifier aux grâces peut être assuré de l'amour.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (273), p.122, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  405. Il n'y a point de plus grande haine que celle qui succède à une grande amitié.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (274), p.122, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  406. Il faut aimer comme si l'on devait haïr et haïr comme si l'on devait aimer.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (275), p.122, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  407. L'amitié sans la crainte produit le mépris et la crainte sans l'amitié engendre la haine.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (276), p.123, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  408. Celui qui ne sait pas se faire respecter est souvent regardé comme un cadavre ; et celui qui est haï, comme un tyran.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (277), p.123, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  409. Il faut souffrir quand on ne peut punir.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (278), p.124, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  410. Qui ne peut empêcher une chose sans danger en doit dissimuler la connaissance et souffrir de petits maux pour en éviter de plus grands.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (279), p.124, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  411. Celui qui dissimule un affront fait croire qu'il ne le connaît pas ou bien qu'il le méprise ; et celui qui veut se venger, et qui ne le peut, montre sa faiblesse et s'expose à d'autres injures.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (280), p.124, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  412. On ne saurait mieux punir ses ennemis qu'on leur faisant du bien.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (281), p.125, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  413. La clémence est la vertu des rois : elle les rend, disait un Ancien, semblables aux dieux. Il n'y a rien de si beau que de pardonner quand on le peut sans injustice. Alexandre le Grand disait que la valeur était plus nécessaire pour mépriser ou pour souffrir une offense que pour s'en venger. L'un, suivant PIthacus, est un effet d'humanité et l'autre souvent de barbarie.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (282), p.125, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  414. Si c'est une haute vertu de pardonner. Comme disent les lois, ce n'est pas un crime de punir quand la punition est légitime.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (283), p.126, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  415. Il se trouve un funeste enchaînement entre les crimes et une charmante société entre les vertus bien qu'elles semblent en quelque façon opposés comme ont toujours paru la charité et la justice ; l'une est tendre, l'autre insensible ; l'une est douce, l'autre sévère ; l'une est soumise, l'autre impérieuse ; et toutes deux conduisent par différentes voies à la perfection qui doit être notre fin.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (284 ), p.126, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  416. Ceux qui épargnent ne sont pas toujours amis et ceux qui frappent ne sont pas toujours ennemis : Un médecin est rude à un frénétique et un père à un enfant vicieux ; l'un lie et l'autre bat ; cependant, ils ne laissent pas que d'aimer tous deux.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (285), p.127, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  417. Le respect que doivent avoir les enfants pour leur père pendant la vie devient en quelque façon consacré et passe en vénération après son décès ; l'honneur qu'on rend à leurs personnes est un genre de piété, mais le respect qu'on garde pour leur mémoire est une espèce de religion.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (286), p.128, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  418. L'ingratitude des enfants envers les pères et mères mérite châtiment ; en perdant le respect, ils perdent le droit de leur naissance et ils ne doivent plus être considérés comme des enfants, mais comme des étrangers.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (287), p.128, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  419. Il faut plaindre les personnes qui souffrent des maux qu'elles n'ont point mérités et qui leur sont insupportables ; mais non pas ceux qui sont coupables de leur malheur et qui portent la peine de leurs offenses.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (288), p.129, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  420. C'est une horrible injustice de vouloir être méchant et de ne vouloir pas être puni.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (289), p.130, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  421. Beaucoup de coupables évitent la peine, mais peu en évitent la crainte.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (290), p.130, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  422. Le crime est le châtiment du crime ; les coupables sont eux-mêmes les artisans de leur supplice et leur conscience en est le bourreau.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (291), p.130, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  423. Les méchants persécutent les bons et le mal poursuit les méchants.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (292), p.131, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  424. Le méchant est d'autant plus malheureux qu'il ne saurait oublier son crime.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (293), p.131, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  425. Il est juste pour sa punition qu'ayant été conçu dans son coeur, il ne s'efface jamais de sa mémoire.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (294), p.131, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  426. Le méchant a beau se cacher, il ne saurait être en sûreté dans quelque lieu où il se trouve.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (295), p.132, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  427. Il n'y a rien de caché que le Ciel ne découvre quand il veut quelques ténèbres qu'on répande sur ses actions pour les obscurcir ; Dieu est lumière pour les éclairer.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (296), p.132, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  428. La justice divine ne s'abuse jamais et son retardement à punir les coupables n'est pas une marque de leur pardon.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (297), p.132, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  429. Que sert de faire des voeux pour une longue vie si nous n'avons dessein de la rendre meilleure ?
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (298), p.133, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  430. Il faut que la raison cède à la religion, mais la dévotion et le zèle doivent céder à la raison.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (299), p.133, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  431. »Tout le monde raisonne, mais il y a peu de gens raisonnables.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (300), p.134, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  432. Une âme libre et généreuse ne se soumet jamais aux volontés d'autrui qu'elle ne se soit soumise à la raison.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (301), p.134, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  433. Ce n'est pas être vaincu que de se rendre à la raison.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (302), p.134, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  434. L'obéissance qu'on rend à la raison couronne toujours ceux qu'elle captive.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (303), p.135, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  435. L'obéissance volontaire est toujours agréable ; c'est assez de savoir ce qu'on doit faire ; le devoir sert de guide à nous montrer le chemin qu'il faut tenir.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (304), p.135, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  436. Les actions que l'amour et le devoir produisent sont toujours plus belles et ont souvent des succès plus heureux que celles que la crainte et la force nous font faire.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (305), p.135, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  437. La manière d'obéir fait le mérite de l'obéissance.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (306), p.136, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  438. Tout le monde peut obéir, mais il n'appartient qu'aux belles âmes d'obéir de bonne grâce.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (307), p.136, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  439. Les pierres des grands sont des commandements absolus.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (308), p.136, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  440. Les officieux ne manquent jamais d'amis et ceux qui ne manquent point d'amis manquent rarement de fortune.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (309), p.137, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  441. Il faut avoir du respect pour nos supérieurs, de la déférence pour nos égaux et de l'honnêteté pour ceux sont au-dessous ne nous.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (310), p.137, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  442. Si l'affection qu'on a pour ses amis n'est accompagnée de civilité, on court risque de n'être pas longtemps en bonne intelligence avec eux.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (311), p.137 Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  443. Il ne faut jamais familiariser avec les personnes supérieures et de la haute condition à moins que d'elles-mêmes elles ne s'abaissent et prennent plaisir avec leurs inférieurs.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (312 (321 dans le texte-GGJ)), p.138, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  444. Ceux qui sont de naissance content bien faux lorsqu'ils croient pouvoir se relâcher des égards qu'ils doivent avoir pour ceux qui sont d'une condition inférieure à la leur.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (313), p.138, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  445. Si l'on veut que la civilité de ceux qu'on pratique devienne un devoir envers nous, il faut leur en donner l'exemple par une conduite envers eux.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (314), p.139, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  446. La complaisance et la douceur sont les moyens propres à vaincre et à se faire aimer.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (315), p.139, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  447. Le roi des abeilles fait plus de sujets avec son miel qu'il n'en ferait tout couvert d'aiguillons ; la nature lui a donné aussi plus de corps qu'aux autres afin qu'amassant plus de douceur, sa puissance soit plus grande et son empire plus étendu.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (316), p.140, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  448. Tous ceux qu'on caresse ne sont pas toujours aimés. Une douceur trop apparente cache souvent d'étranges cruautés.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (317), p.141, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  449. L'affection qu'on porte au mari n'est souvent que la couverture de l'amour qu'on a pour sa femme.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (318), p.141, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  450. David flatta Urie au retour de l'armée et ne le convia d'aller prendre son repos avec Bersabé qu'afin de chercher des assurances pour continuer sa débauche ou des voiles pour couvrir son adultère.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (319), p.141, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  451. Le moyen de découvrir une fourberie est de n'en point faire paraître de soupçon.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (320), p.142, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  452. Si l'on n'avait à passer la vie qu'avec des gens de bien et d'honnêtes personnes, on ne serait pas obligé à tant de précautions.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (321), p.142, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  453. Il est de la prudence de ne se fier jamais à ceux qui nous ont une fois trompé.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (322), p.142, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  454. Il n'y a point d'ennemis plus à craindre que ceux qu'on ne craint pas.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (323), p.143, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  455. Le véritable ami ressemble au remède qui blesse, mais qui guérit ; et le flatteur au pavot, qui endort, et qui tue.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (324), p.143, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  456. Il n'est point de venin plus dangereux à l'âme que celui de la flatterie ; comme il est composé de tout ce qui peut plaire, les plus éclairés même sont souvent tentés de ne le refuser pas.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (325), p.143, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  457. Les corbeaux arrachent aux morts les yeux dont ils n'ont plus que faire, mais les flatteurs ruinent les âmes des vivants et leur crèvent les yeux de l'entendement.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (326), p.144, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  458. Les grands coeurs ne savent non plus céder à la douceur des caresses qu'à la violence des menaces.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (327), p.144, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  459. Quand on se laisse préoccuper, on est souvent trompé ; il faut examiner les choses avant que de les condamner, et croire plutôt la vérité que les faux rapports.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (328), p.145, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  460. Les mauvais conseils perdent ordinairement les personnes et l'on est souvent malheureux pour avoir été trop crédule.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (329), p.145, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  461. Les fautes qu'on fait par conseil diminuent beaucoup le repentir qui les suit.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (330), p.146, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  462. Celui qui croit facilement tout ce qu'on lui dit ressemble au caméléon : il rend et quitte toute sorte d'opinions ; il les a toutes et il n'en a point ; et n'est pas plus fixe en ce qu'il conçoit que cet animal l'est en ce qu'il représente.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (331), p.146, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  463. Il faut se défier de la raison quand on emploie trop d'artifice ou qu'on veut la faire goûter d'autorité.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (332), p.147, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  464. L'admiration est fille de l'ignorance.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (333), p.147, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  465. Peu de gens sont exempts de dire des fadaises ; et le malheur est qu'on leur veut dire agréablement.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (334), p.147, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  466. Qui veut qu'on suive ses sentiments doit feindre d'entrer dans ceux des autres.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (335), p.148, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  467. La contradiction passe pour une offense parce que c'est condamner le jugement d'autrui ; pour bien faire, il faut éviter autant de contredire que d'être contredit.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (336), p.149, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  468. Il y a des gens si étranges que pour se distinguer, ils condamnent tout ce que les autres approuvent ; le singulier leur paraît toujours le plus beau ; il est vrai que par là, ils se font connaître, mais c'est plutôt pour être moqués que pour être estimés.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (337), p.148, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  469. Il ne faut jamais s'engager dans l'entretien de ceux qui ne suivent que leur caprice.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (338), p.149, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  470. Ne dis que ce que tu sais et pense à ce que tu dis.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (339), p.149, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  471. Pour devenir sage facilement, corrige-toi sur les fautes d'autrui.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (340), p.150, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  472. C'est un trait de sagesse de ne point donner son avis sans en être prié.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (341), p.150, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  473. Il faut qu'une juste connaissance de ce que nous sommes précède le jugement que nous en faisons.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (342), p.150, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  474. Il ne faut jamais être juge en sa propre cause à moins qu'on ne se soit oublié soi-même.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (343), p.151, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  475. On peut juger de la grandeur de notre amour-propre puisqu'il nous persuade d'aimer jusque'à nos défauts.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (344), p.151, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  476. Ceux qui s'aiment trop sont en grand danger d'être haïs de tout le monde.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (345), p.151, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  477. L'amour-propre est le tyran de la raison.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (346), p.152, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  478. Ceux qui se rendent redoutables ne sont jamais sans crainte ; et quand on cesse de se faire aimer, on commence à se faire haïr.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (347), p.152, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  479. Il faut parler modérément de son mérite et fortement de celui des autres.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (348), p.152, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  480. Celui qui exagère ses bonnes qualités en ôte le mérite par son orgueil ; et celui qui cache les siennes leur donne un nouveau prix par sa modestie.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (349), p.153, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  481. Les louanges communes ne plaisent guères à personne ; et celles qui sont excessives n'ont pas un meilleur succès.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (350), p.153, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  482. On ne loue ordinairement que pour être loués.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (351), p.153, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  483. Il y a peu de louanges désintéressées.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (352), p.154, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  484. Celui qui loue pour plaire fait de son jugement la dupe de sa complaisance.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (353), p.154, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  485. L'on juge mal de l'esprit d'un homme qui ne s'occupe qu'à des bagatelles.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (354), p.154, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  486. Un honnête homme s'attache plus à faire son devoir qu'à faire entendre qu'il n'y manque point.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (355), p.154, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  487. Peu de personnes font leur devoir par le seul plaisir de le faire.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (356), p.155, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  488. Celui qui oublie souvent son devoir perd à la fin la volonté de s'en acquitter.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (357), p.155, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  489. Celui qui fait ce qu'il défend ou n'exécute pas ce qu'il ordonne décrédite son ordonnance par ses actions ou ses actions par son ordonnance ; il fait voir que sa loi est injuste ou que sa vie est déréglée.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (358 (368 dans le texte - GGJ)), p.155, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  490. L'honnête homme ne doit jamais lier de commerce avec les personnes décriées.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (359), p.156, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  491. Les grands négligent facilement leurs biens pour conserver leur réputation ; ils croient avoir assez de richesses quand ils ne manquent point de gloire.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (360), p.156, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  492. Comme la clarté de la lumière est plus grande dans son décours que dans sa plénitude, de même le coeur de l'homme doit avoir plus de force dans sa mauvaise fortune que dans la possession des richesses de ce monde.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (361), p.156, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  493. Jamais on n'est plus malheureux qu'alors qu'on le croit être.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (362), p.157, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  494. Ceux qui se plaignent de leurs malheurs en augmentent le nombre par leurs plaintes.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (363), p.157, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  495. Plus un homme est raisonnable et moins il est malheureux puisqu'il tire de la force de son raisonnement ; ce qui peut le consoler dans ses disgrâces.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (364), p.158, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  496. Comme la parfaite raison fait la parfaite félicité, on se peut dire heureux à proportion qu'on est raisonnable.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (365), p.158, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  497. Il est bien plus glorieux de borner ses désirs que de les satisfaire.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (366), p.158, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  498. Qui sait régler ses désirs n'a pas besoin d'étudier en mathématique : le compas de sa prudence est plus juste que celui des mathématiciens.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (367), p.159, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  499. Le désir regarde toujours ce qu'on ne possède pas et qu'on n'a que par degrés comme toutes les autres choses du monde ; nous ne souhaitons pas directement la félicité, mais ce qui nous y peut conduire ; si nous augmentons nos bienfaits, nous en augmentons aussi le désir de celui qui les reçoit. La possession ôte souvent le goût de ce que nous avons désiré ; et comme l'on s'imagine toujours que les choses sont plus agréables qu'on ne les trouve en effet, la bizarrerie de notre humeur nous fait toujours chercher le bien que nous n'avons pas dans celui que nous avons.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (368), p.159, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  500. La fortune ne doit jamais être plus suspecte que quand elle est arrêtée.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (369), p.161, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  501. Les longues prospérités causent de grands maux : elles rendent la félicité comme insipide par l'habitude et le malheur insupportable à cause de sa nouveauté.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (370), p.161, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  502. Il serait bien meilleur pour la pureté de l'esprit de l'homme que le bonheur et le malheur lui sussent donner alternativement comme le jour et la nuit.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (371), p.161, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  503. Il n'y a point de plus grand bien que la vertu, ni de plus grand mal que le vice. ; l'une donne pour récompense des félicités éternelles et l'autre procure pour châtiments des peines qui ne finissent jamais.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (372), p.162, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  504. Le vice se maintient bien plus par notre faiblesse que par la force ; et ce qui fait que la vertu est si mal suivie, c'est qu'elle n'est pas bien persuadée.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (373), p.162, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  505. La réflexion d'un bon précepte n'est pas moins utile que l'objet d'un bon exemple.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (374), p.163, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  506. Comme le véritable philosophe doit enseigner la pratique des vertus plutôt par ses exemples que par ses paroles : on ne saurait être bien son disciple qu'en faisant ce qu'il fait après être persuadé de ce qu'il dit.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (375), p.163, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  507. S'il y a beaucoup de gloire d'enseigner la vertu, il y a bien plus de profit à la pratiquer.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (376), p.164, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  508. La vertu croît à mesure qu'elle est choquée ; semblable à la palme qui s'élève plus on l'abaisse ; tout ce qu'on peut dire contre elle ne sert qu'à lui donner plus de brillant et d'éclat.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (377), p.164, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  509. La vertu est un flambeau qui n'illumine pas seulement celui qui la possède, mais encore celui qui la regarde. Son éclat est si grand qu'il sert de guide à toutes les actions louables et de lumière dans les plus grandes obscurités. Il n'y a point de chemin si rude qu'elle n'affranchisse et d'entreprise si difficile qu'elle n'exécute ; enfin celui, qui la possède est au-dessus des misères de ce monde et triomphe des injures du temps.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (378), p.165, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  510. La vertu ne sera jamais sans persécution ni le mérite sans jalousie.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (379), p.166, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  511. Le mépris qu'on fait de la vertu vient de ce qu'on voit souvent misérables ceux qui en font profession.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (380), p.166, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  512. Si c'est une haute folie de combattre ceux qui sont sous la protection de Dieu, ce n'en est pas une moindre de croire qu'on puisse bien résister sans sa défense.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (381), p.166, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  513. Dieu fait souvent peur aux hommes afin de les rendre plus sages ; le commencement d'une bonne vie finit sa colère et il ne continue de nous affliger que quand nous continuons de lui déplaire.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (382), p.167, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  514. Le désir ardent d'avoir injustement des biens est souvent puni par la perte de ceux qu'on possède avec justice.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (383), p.167, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  515. La fortune caresse souvent ceux qu'elle prétend trahir ; elle ne les couronne de ses saveurs que pour rendre leurs pertes plus éclatantes ; en sorte que plus ses victimes avancent vers leur triomphe, plus elles approchent de l'anéantissement qui les attend.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (384), p.168, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)