Serge Bouchard
1947
  1. Dans le fait d'être champion, il y a une sorte de désespoir infini. Je suis le gagnant mais pour combien de temps? Ce soir encore, n'ai-je fait que retarder l'échéance d'une défaite ultime?
    (Le sport, in Quinze lieux communs, éd. Boréal, p.17)
     
  2. [À propos du base-ball] D'abord, cela se joue en pyjama.
    (Le sport, in Quinze lieux communs, éd. Boréal, éd. Boréal, p.20)
     
  3. Admettons-le, l'attrait du base-ball tient précisément à sa très grande platitude, qui est elle-même le gage d'une insondable subtilité.
    (Le sport, in Quinze lieux communs, éd. Boréal, éd. Boréal, p.21)
     
  4. Au fond, la calvitie, c'est comme la mort, elle vient, elle vient; il se produit quelquefois qu'elle arrive la première, c'est tout. Mais la mort nous concerne moins, nous n'avons pas à la vivre et, de toute façon, elle n'arrive qu'aux autres.
    (La calvitie, in Quinze lieux communs, éd. Boréal, éd. Boréal, p.26)
     
  5. [...] la calvitie a quelque chose à voir avec le sexe. Une tête franchement chauve est un objet dévoilé, excitant, dans ce monde appauvri où l'érotisme se résume à tout voir.
    (La calvitie, in Quinze lieux communs, éd. Boréal, éd. Boréal, p.27)
     
  6. La beauté parfaite est celle que l'on soupçonne; la plus rare est celle que l'on découvre; la plus précieuse est celle que l'on devine.
    (La calvitie, in Quinze lieux communs, éd. Boréal, éd. Boréal, p.29)
     
  7. Être beau, c'est donner de la fierté à sa grimace.
    (La calvitie, in Quinze lieux communs, éd. Boréal, éd. Boréal, p.30)
     
  8. [...] avoir des opinions dispense d'avoir des idées.
    (L'opinion, in Quinze lieux communs, éd. Boréal, éd. Boréal, p.62)
     
  9. J'ai tendance à semer le malentendu afin de m'accorder avec le plus grand nombre.
    (L'opinion, in Quinze lieux communs, éd. Boréal, éd. Boréal, p.62)
     
  10. Ne pas être du monde, c'est le rêve du moderne.
    (L'opinion, in Quinze lieux communs, éd. Boréal, éd. Boréal, p.64)
     
  11. Il n'est de sentiment plus sérieux que la joie.
    (Les enfants, in Quinze lieux communs, éd. Boréal, éd. Boréal, p.85)
     
  12. Le cri du nourrisson est le résultat de plusieurs années de recherche dans le domaine du signal d'alarme.
    (Les enfants, in Quinze lieux communs, éd. Boréal, éd. Boréal, p.90)
     
  13. [...] les enfants qui dérangent le moins sont les enfants que nous ne fréquentons pas.
    (Les enfants, in Quinze lieux communs, éd. Boréal, éd. Boréal, p.90)
     
  14. Une société qui est obligée de mettre sur papier les droits de ses enfants est une société qui mérite la tutelle.
    (Les enfants, in Quinze lieux communs, éd. Boréal, éd. Boréal, p.93)
     
  15. Il n'est rien de plus vieux qu'un vieux sans illusion.
    (La quarantaine, in Quinze lieux communs, éd. Boréal, éd. Boréal, p.102)
     
  16. Quarantaine: ne s'agirait-il pas au fond de la dernière adolescence? Tout se remet en question, nous sommes surpris par certaines de nos fragilités, tout devient grave et, surtout, nous sommes de plus en plus indécis. Dernière chance, première chance, c'est pareil. C'est la conscience au bord d'un saut. Tout est passage, alors il faut passer.
    (La quarantaine, in Quinze lieux communs, éd. Boréal, éd. Boréal, p.106)
     
  17. La quarantaine, c'est un moyen âge. L'âge moyen, l'empire du milieu.
    (La quarantaine, in Quinze lieux communs, éd. Boréal, éd. Boréal, p.106)
     
  18. Le fait d'être loin nous rappelle jusqu'à quel point nous sommes toujours ailleurs.
    (Le mal du pays, in Quinze lieux communs, éd. Boréal, éd. Boréal, p.127)
     
  19. Méfiez-vous de ces gens sans attaches, ce sont des êtres insensibles.
    (Le mal du pays, in Quinze lieux communs, éd. Boréal, éd. Boréal, p.133)
     
  20. Les occasions de nostalgies sont rares, il faut les cultiver. Car bien sûr, c'est de cela que demain sera fait.
    (Le mal du pays, in Quinze lieux communs, éd. Boréal, éd. Boréal, p.134)
     
  21. Les vendeurs sont des chanteurs de charme, des psychologues appliqués, des docteurs ès humanités, des maîtres de cérémonie, des terroristes incorporés, des amis automatiques et éphémères, qui n'aiment que le temps d'une vente.
    (Les vendeurs, in Quinze lieux communs, éd. Boréal, éd. Boréal, p.139)
     
  22. L'homme est un loup pour l'homme, ce qui, vous en conviendrez, n'est pas très gentil pour le loup.
    (Les armes, in Quinze lieux communs, éd. Boréal, éd. Boréal, p.177)
     
  23. La télévision est une plaie, une plaie d'autant plus vive que nul ne songe à la fermer. Alors, elle reste ouverte à longueur de journée et ce pâle reflet, qui ne veut pas guérir, devient un mal atroce dont on se met à jouir.
    (La télévision, in Quinze lieux communs, éd. Boréal, éd. Boréal, p.193)
     
  24. Qui n'aime pas les loups n'aime pas la nuit, la nuit pour ce qu'elle est, c'est-à-dire la face obscure de notre immense liberté.
    (Le chien et le loup, in Quinze lieux communs, éd. Boréal, éd. Boréal, p.205)
     
  25. Sachez que la caresse est une laisse, une corde, une chaîne plus solide que la plus solide des chaînes.
    (Le chien et le loup, in Quinze lieux communs, éd. Boréal, éd. Boréal, p.193)
     
  26. [...] l'impression la plus forte est l'impression la plus fuyante.
    (Le chien et le Loup, in Quinze lieux communs, éd. Boréal, éd. Boréal, p.211)
     
  27. Le savant le plus grand est celui qui connaît les limites de son savoir, c'est-à-dire l'infini de son ignorance. Voilà pourquoi vous voyez si peu de savants à la télévision alors que cette dernière convient si bien aux experts.
    (Les experts, p.17, De la fin du mâle, de l'emballage et autres lieux communs, Éd. Boréal)
     
  28. Le langage de l'expert est comme le charabia sacré du chaman algonquin qui entrait dans la tente tremblante afin de converser avec les esprits des animaux.
    (Les experts, p.21, De la fin du mâle, de l'emballage et autres lieux communs, Éd. Boréal)
     
  29. [...] nul ne peut nier que les experts d'aujourd'hui sont au moins aussi sérieux, c'est-à-dire aussi menteurs, que les sorciers d'antan.
    (Les experts, p.24, De la fin du mâle, de l'emballage et autres lieux communs, Éd. Boréal)
     
  30. La nuit est une grande consultante. Que nul ne sait plus consulter. D'où la nuée d'experts qui jactent à longueur de journée.
    (Les experts, p.24, De la fin du mâle, de l'emballage et autres lieux communs, Éd. Boréal)
     
  31. Les vieux arbres, comme les vieux en général, ont leurs habitudes et leurs certitudes. Dérangez leur routine et ils meurent.
    (Les gros arbres, p.30, De la fin du mâle, de l'emballage et autres lieux communs, Éd. Boréal)
     
  32. Nous avons tous une sensibilité de surface et nous passons d'un sujet à l'autre sans jamais nous arrêter.
    (Les gros arbres, p.34, De la fin du mâle, de l'emballage et autres lieux communs, Éd. Boréal)
     
  33. La beauté est aseptique, les produits sont hygiéniques, ils sont individualisés et cependant multipliés, les couleurs sont attrayantes, le bonheur est une affaire de symétrie.
    (L'emballage, p.46, De la fin du mâle, de l'emballage et autres lieux communs, Éd. Boréal)
     
  34. C'est l'emballage qui donne la mesure de la différence culturelle.
    (L'emballage, p.47, De la fin du mâle, de l'emballage et autres lieux communs, Éd. Boréal)
     
  35. [...] si la porte de l'histoire était battante, nous n'aurions fait que tourniquer.
    (Les portes, p.62, De la fin du mâle, de l'emballage et autres lieux communs, Éd. Boréal)
     
  36. Il est des portes ouvertes qui sont infranchissables tant elles sont bien fermées. J'ai pour ma part vu très souvent des portes fermées qui étaient des ouvertures plus qu'invitantes.
    (Les portes, p.63, De la fin du mâle, de l'emballage et autres lieux communs, Éd. Boréal)
     
  37. [...] au fond, dans la vie, dans le voyage de notre vie, tout est porte et rien n'est clé.
    (Les portes, p.67, De la fin du mâle, de l'emballage et autres lieux communs, Éd. Boréal)
     
  38. [...] la porte est un choix en ce sens qu'on peut toujours la prendre.
    (Les portes, p.70, De la fin du mâle, de l'emballage et autres lieux communs, Éd. Boréal)
     
  39. Méfiez-vous des gens qui commencent toutes leurs phrases en employant cette expression : " pour être franc et honnête... ". Ces gens-là ont quelque chose à cacher.
    (Le mensonge, p.77, De la fin du mâle, de l'emballage et autres lieux communs, Éd. Boréal)
     
  40. Le mensonge est recyclable mais il n'est pas biodégradable.
    (Le mensonge, p.82, De la fin du mâle, de l'emballage et autres lieux communs, Éd. Boréal)
     
  41. Mentons, mentons, on finira bien un jour par dire par hasard une quelconque vérité.
    (Le mensonge, p.88, De la fin du mâle, de l'emballage et autres lieux communs, Éd. Boréal)
     
  42. On occupe le temps, on l'étire, on le tue mais on ne le gère jamais.
    (L'agenda, p.99, De la fin du mâle, de l'emballage et autres lieux communs, Éd. Boréal)
     
  43. Le mâle est un éclair et la femelle un feu ; dommage que les deux s'attirent à ce point et créent constamment des liens d'amour et d'amitié.
    (La fin du mâle, p.109, De la fin du mâle, de l'emballage et autres lieux communs, Éd. Boréal)
     
  44. La femme n'est pas une poule. Mais peut-on être un homme sans être un petit coq ?
    (La fin du mâle, p.112, De la fin du mâle, de l'emballage et autres lieux communs, Éd. Boréal)
     
  45. Les êtres humains ont ce curieux penchant qui consiste à se réconcilier autour de ce qu'ils ont brisé.
    (Les gros arbre - 2è partie, p.135, De la fin du mâle, de l'emballage et autres lieux communs, Éd. Boréal)
     
  46. Gérer son stress, c'est accepter l'échec, de ses rêves notamment.
    (Le stress, p.159, De la fin du mâle, de l'emballage et autres lieux communs, Éd. Boréal)
     
  47. Gérer son stress, c'est accepter d'être parfaitement insignifiant sans pour autant blesser son image de soi. Gros contrat en vérité. Arrêtons de rêver et tout ira pour le mieux.
    (Le stress, p160, De la fin du mâle, de l'emballage et autres lieux communs, Éd. Boréal)
     
  48. Ne pas être à la vue de rien ni de personne donne des idées aux femmes comme aux hommes.
    (Le sous-sol, p.183, De la fin du mâle, de l'emballage et autres lieux communs, Éd. Boréal)
     
  49. Lorsque je suis dans un Boeing, je ne sais pas pourquoi il vole, je fais confiance à ses ailes, ses boulons, à ses moteurs, au commandant et à la Sainte Vierge Marie qui s'y connaît en matière de ciel.
    (Le sous-sol, p.188, De la fin du mâle, de l'emballage et autres lieux communs, Éd. Boréal)
     
  50. [...] la posologie que je préfère est celle qui dit " à prendre quand vous en ressentez le besoin ". Mais cette posologie est rare.
    (Les pilules, p.196, De la fin du mâle, de l'emballage et autres lieux communs, Éd. Boréal)
     
  51. Prendre des pilules et respecter sa prescription est un acte de foi en même temps qu'un travail. Une sorte de discipline.
    (Les pilules, p.196, De la fin du mâle, de l'emballage et autres lieux communs, Éd. Boréal)
     
  52. [...] la pilule est comme la mitraillette, personne ne conteste sont utilité. Il suffit d'en fabriquer en très grand nombre pour voir le marché s'exciter.
    (Les pilules, p.199, De la fin du mâle, de l'emballage et autres lieux communs, Éd. Boréal)
     
  53. Les empires pharmaceutiques travaillent à la rédemption du monde. L'espérance représente en effet tout un marché.
    (Les pilules, p.200, De la fin du mâle, de l'emballage et autres lieux communs, Éd. Boréal)
     
  54. Une aspirine en effervescence dans un immense verre d'eau, voilà la nature et la configuration originale de l'univers.
    (Les pilules, p.202, De la fin du mâle, de l'emballage et autres lieux communs, Éd. Boréal)
     
  55. Il n'est rien de plus sain que de dire n'importe quoi au beau milieu d'un monde où trop de gens sérieux ne se le permettent plus.
    (Avant-propos, p.7, De nouveaux lieux communs, Éd. Boréal)
     
  56. [Il est question de Montesquieu. - GGJ]
    [...] personne n'a suffisamment insisté jusqu'à ce jour sur l'impertinence fluette de sa nombriliste philosophie.

    (La météo, p.11, De nouveaux lieux communs, Éd. Boréal)
     
  57. La routine fut inventée avant la roue.
    (Le ciel, p.41, De nouveaux lieux communs, Éd. Boréal)
     
  58. La grande histoire de l'humanité est avant tout commerciale. Et le big bang était à l'origine un big deal, le plus gros deal qui se puisse imaginer. Le grand calme d'avant l'univers était, c'est le cas de la dire, sans intérêt.
    (Le monde des affaires, p.62, De nouveaux lieux communs, Éd. Boréal)
     
  59. La mauvaise humeur est contagieuse.
    (Les méchants, p.93, De nouveaux lieux communs, Éd. Boréal)
     
  60. S'apercevoir dans un miroir, un rasoir à la main, voilà un instant très délicat, un moment dangereux, une seconde de vérité.
    (Le rasoir, p.106, De nouveaux lieux communs, Éd. Boréal)
     
  61. Le barbier est en réalité un assassin qui ne passe jamais à l'acte.
    (Le rasoir, p.109, De nouveaux lieux communs, Éd. Boréal)
     
  62. Entre la raison et le rasoir, il y a probablement une profonde complicité. La raison se dit fine et incisive. Elle prétend à la précision chirurgicale.
    (Le rasoir, p.111, De nouveaux lieux communs, Éd. Boréal)
     
  63. Venir au monde est une première misère. Imaginez la tristesse quand, en plus, on vient au monde dans la misère.
    (la misère, p.148, De nouveaux lieux communs, Éd. Boréal)
     
  64. Plus une société est obsédée par la condition physique, plus elle est malade sous le chapeau.
    (Être en forme, p.161, De nouveaux lieux communs, Éd. Boréal)
     
  65. C'est tellement triste d'être joyeux dans un monde où le bien-être est un devoir.
    (Être en forme, p.164, De nouveaux lieux communs, Éd. Boréal)
     
  66. [...] l'homme est un singe hurleur pour l'homme. Il se jacasse tant d'amertume dans la jungle de nos insignifiances, et nous sommes si heureux de ce bruit.
    (La chicane, p.177, De nouveaux lieux communs, Éd. Boréal)
     
  67. Si l'être humain parle, ce n'est pas parce qu'il pense, comme le croient les pauvres psychologues. Si l'être humain parle, c'est parce qu'il exprime son désaccord.
    (La chicane, p.183, De nouveaux lieux communs, Éd. Boréal)
     
  68. Le bonheur étant dans l'étonnement, pourquoi faut-il que nous passions notre temps à faire comme s'il ne fallait s'étonner de rien ?
    (La différence, p.200, De nouveaux lieux communs, Éd. Boréal)
     
  69. Les cartes de crédit sont choses vivantes puisqu'elles expirent. [...] Carte expirée n'est jamais oubliée, carte expirée est très vite remplacée.
    (Les cartes, p.211, De nouveaux lieux communs, Éd. Boréal)
     
  70. L'amour, le vrai, est cannibale et destructeur. En vérité, il tue. Posséder l'autre, c'est le faire mourir. Être possédé, c'est mourir aussi. Les vrais amants se détournent du monde. Ils s'enferment pour mourir.
    (La fidélité, p.221, De nouveaux lieux communs, Éd. Boréal)
     
  71. Être fidèle, c'est s'attacher et il n'est rien de plus attachant qu'un être ligoté. Nous sommes susceptibles de nous attacher à tout, à une marque de bière, à une marque de char, et l'affaire va dans le sens du sac. Celle qui est attachée n'est pas sans attaches.
    (La fidélité, p.223, De nouveaux lieux communs, Éd. Boréal)
     
  72. La frontière qui sépare le pipi que l'on fait du pipi que l'on retient définit les premiers coups de canon de la culture.
    (Le pipi, p., in Du pipi, du gaspillage et sept autres lieux communs, Boréal, 2001)
     
  73. L'appareil photo sait le négatif des choses. Il tire son sens de la mortalité.
    (La photo, p.43, in Du pipi, du gaspillage et sept autres lieux communs, Boréal, 2001)
     
  74. Se retrouver au mur de la chambre de quelqu'un est encore plus difficile que de simplement y passer une nuit. Passer n'est rien. Être épinglé, c'est autre chose.
    (La photo, p.46, in Du pipi, du gaspillage et sept autres lieux communs, Boréal, 2001)
     
  75. Les photographes professionnels sont des artistes qui mitraillent la réalité dans l'espoir de frapper un trésor.
    (La photo, p.48, in Du pipi, du gaspillage et sept autres lieux communs, Boréal, 2001)
     
  76. Oui, le merle est au gazon ce que le mouette est à la mer.
    (La pelouse, p.67, in Du pipi, du gaspillage et sept autres lieux communs, Boréal, 2001)
     
  77. Le brin d'herbe se voit nier le droit d'être brindille. Comme ce beau brin de fille à qui l'on interdit d'être une vraie femme, ce brin de fille que l'on condamne à la minceur. Pourquoi faut-il que les canons arbitraires de la beauté en soient venus à ne reposer que sur l'impossibilité de grandir ?
    (La pelouse, p.72, in Du pipi, du gaspillage et sept autres lieux communs, Boréal, 2001)
     
  78. Tout ce qui vit est le reflet de nos idées. La nature exprime nos déceptions, nos peines mais elle exprime aussi notre beauté. Nous faisons un, mais sommes si divers.
    (Le poisson, p.90, in Du pipi, du gaspillage et sept autres lieux communs, Boréal, 2001)
     
  79. Aimer apprendre, aimer montrer à apprendre, tout cela n'est pas rien dans une société où le savoir est pourtant censé nous tenir à coeur. Mais apprendre à aimer et aimer faire apprendre ne sont plus des expressions courantes dans le lexique moderne. Je dirais même que nous touchons là des sujets tabous.
    (L'enseignement, p.105, in Du pipi, du gaspillage et sept autres lieux communs, Boréal, 2001)
     
  80. Si vous croyez que l'éducation ne sert à rien, essayez l'ignorance.
    (L'enseignement, p.108, in Du pipi, du gaspillage et sept autres lieux communs, Boréal, 2001)
     
  81. Nous savons tous ce qu'est un bon professeur, même si nous ne savons pas vraiment comment il s'y prend pour transmettre avec tant d'efficacité le savoir qu'il possède. En ces matières, la compétence se constate plus qu'elle ne s'analyse.
    Dans un autre monde, on parlerait de vocation.

    (L'enseignement, p.110, in Du pipi, du gaspillage et sept autres lieux communs, Boréal, 2001)
     
  82. [...] quand l'importance du moment rencontre l'insignifiance du temps qui passe, le court-circuit de la condition humaine se montre au plus grand jour.
    (Le scotch tape, p.142, in Du pipi, du gaspillage et sept autres lieux communs, Boréal, 2001)
     
  83. Le grand philosophe Shankara disait :« C'est immobile que tu voyages le plus, c'est dans la solitude que tu trouveras l'autre, il faut t'asseoir au lieu qui te convient. Inutile de tout lire, il faut d'abord apprendre à lire. »
    (Les bibliothécaires, p.150, in Du pipi, du gaspillage et sept autres lieux communs, Boréal, 2001)
     
  84. C'est une grande peine pour un livre que d'être abandonné en plein milieu puis d'être bêtement oublié. Cela s'appelle un rendez-vous d'amour raté, un rejet, à la limite une trahison. À cause des yeux, des mains et des doigts, à cause de la délicatesse, de l'attention et des émotions, il est convenable de dire que notre relation au livre est une relation amoureuse.
    (Les bibliothécaires, p.154, in Du pipi, du gaspillage et sept autres lieux communs, Boréal, 2001)
     
  85. Détruire une bibliothèque, c'est tenter de réduire l'histoire au silence.
    (Les bibliothécaires, p.168, in Du pipi, du gaspillage et sept autres lieux communs, Boréal, 2001)
     
  86. Le sondeur est le champion de la supercherie. Il crée le monde qu'il sonde. Et le sondage renforce le monde qu'il crée.
    (La divination, p.183, in Du pipi, du gaspillage et sept autres lieux communs, Boréal, 2001)
     
  87. La divination a de l'avenir.
    (La divination, p.186, in Du pipi, du gaspillage et sept autres lieux communs, Boréal, 2001)
     
  88. Les camions de bois sont les corbillards des arbres.
    (Le gaspillage, p.217, in Du pipi, du gaspillage et sept autres lieux communs, Boréal, 2001)
     
  89. Nous naissons avec une vie en réserve, une vie que le temps nous fera dépenser. Inventaire et vie sont deux mots qui vont d'ailleurs très bien ensemble. Chacun son lot. Nous vivons jusqu'à l'épuisement des stocks.
    (Le gaspillage, p.224, in Du pipi, du gaspillage et sept autres lieux communs, Boréal, 2001)