Edme Pierre Chauvot de Beauchêne
1780-1830
  1. L'homme reçoit avec la vie le principe de sa destruction. Il est placé dans la prédominance du tempérament que la nature lui a donné, et se développe en raison des circonstances physiques ou morales qui l'environnent, et qui agissent plus ou moins fortement sur lui. S'il savait reconnaître ce principe, le favoriser dans ce qu'il a d'utile, et le combattre dans ce qu'il a de nuisible, il jouirait d'une meilleure santé, vivrait plus longtemps, et sans doute serait plus heureux.
    (Maximes, réflexions et pensées diverses, Chap. 1 : Considérations sur l'homme, 3e édition, Paris, 1819)
     
  2. L'éducation, les institutions sociales dirigent les penchants primitifs de l'homme; la religion seule peut lui donner la force de les combattre, et les vaincre quand ils sont vicieux.
    (Maximes, réflexions et pensées diverses, Chap. 1 : Considérations sur l'homme, 3e édition, Paris, 1819)
     
  3. Les qualités de l'homme sont comme les filons d'une mine, il y eu a de plus riches les unes que les autres; ce sont celles-là qu'il faut exploiter.
    (Maximes, réflexions et pensées diverses, Chap. 1 : Considérations sur l'homme, 3e édition, Paris, 1819)
     
  4. En cherchant à connaître le coeur de l'homme, si vous découvrez d'abord quelques bonnes qualités, gardez-vous de pénétrer plus avant: l'esprit et le parfum résident à la surface du vase, la lie est au fond.
    (Maximes, réflexions et pensées diverses, Chap. 1 : Considérations sur l'homme, 3e édition, Paris, 1819)
     
  5. L'homme est placé entre deux écueils, sa grandeur et sa bassesse; pour les éviter tous deux, il faut les envisager ensemble.
    (Maximes, réflexions et pensées diverses, Chap. 1 : Considérations sur l'homme, 3e édition, Paris, 1819)
     
  6. Quand on veut se conduire sagement dans le chemin de la vie, il faut plus souvent regarder derrière soi que devant: le passé ne trompe point, il parle toujours le langage de la vérité; l'avenir, au contraire, n'offre qu'incertitude et mensonge; mais comme un brillant météore placé dans le lointain, on y voit l'espérance.
    (Maximes, réflexions et pensées diverses, Chap. 1 : Considérations sur l'homme, 3e édition, Paris, 1819)
     
  7. Dans les villes, où les hommes vivent entassés, les liens qui les unissent sont faibles; il est rare que la morale en serre les noeuds ; ils attachent plus d'importance aux choses qu'aux personnes, dont ils ne se rapprochent le plus souvent que pour l'intérêt de leurs passions. Dans les lieux, au contraire, où les hommes vivent éloignés, les liens sociaux sont plus fermes, à cause de la réciprocité des besoins et des services; ils s'occupent plus volontiers de leurs intérêts mutuels, et sont mieux disposés aux sacrifices qu'exige l'état social; ce qui prouve assez bien que si la société est naturelle aux hommes, il n'est pas moins certain que de trop grands rapprochements entre eux leur sont funestes. On peut même ajouter qu'ils sont évidemment la cause des révolutions (car les hommes trop rapprochés se nuisent, et ceux qui se nuisent ne sont pas loin de se battre.)
    (Maximes, réflexions et pensées diverses, Chap. 1 : Considérations sur l'homme, 3e édition, Paris, 1819)
     
  8. La révolution, en effaçant les lignes de démarcation qui étaient établies dans la société, a augmenté les vices des petits, diminué les vertus des grands, et les philosophes révolutionnaires ont appelé cela une régénération.
    (Maximes, réflexions et pensées diverses, Chap. 1 : Considérations sur l'homme, 3e édition, Paris, 1819)
     
  9. Si nous nous consolons facilement de voir des hommes élevés au-dessus de nous, c'est parce qu'il leur reste beaucoup de côtés par lesquels nous sommes tous aussi petits les uns que les autres.
    (Maximes, réflexions et pensées diverses, Chap. 1 : Considérations sur l'homme, 3e édition, Paris, 1819)
     
  10. Il n'est pas toujours prudent d'afficher trop de luxe dans la douleur; il y a tant de circonstances qui peuvent abréger la durée des chagrins les plus cuisants qu'il est sage de les prévoir, afin d'éviter le ridicule de finir comme tout le monde, quand on a commencé d'une manière si différente.
    (Maximes, réflexions et pensées diverses, Chap. 1 : Considérations sur l'homme, 3e édition, Paris, 1819)
     
  11. Les signes extérieurs d'une grande affliction sont pour les vivants ce que les mausolées sont pour les morts; ils attestent souvent plus d'orgueil que de douleur ou de vertu.
    (Maximes, réflexions et pensées diverses, Chap. 1 : Considérations sur l'homme, 3e édition, Paris, 1819)
     
  12. Les gens qui aiment et cherchent la solitude sont presque toujours ceux qui en ont le moins besoin; car, pour fuir les hommes, il faut avoir de la vertu, du courage, de la grandeur d'âme; or, avec ces qualités, que ne peut-on pas faire même au milieu d'eux?
    (Maximes, réflexions et pensées diverses, Chap. 1 : Considérations sur l'homme, 3e édition, Paris, 1819)
     
  13. L'amitié véritable est l'oubli de soi-même pour ne vivre que dans un autre. C'est un sentiment noble et généreux dont les hommes se vantent sans cesse, et qu'ils ne justifient presque jamais; c'est une association dans laquelle les produits sont pour le vice, et les pertes pour la vertu.
    (Maximes, réflexions et pensées diverses, Chap. 1 : Considérations sur l'homme, 3e édition, Paris, 1819)
     
  14. Le coeur de l'homme est trop corrompu pour être capable des sacrifices sublimes qu'exige l'amitié.
    (Maximes, réflexions et pensées diverses, Chap. 1 : Considérations sur l'homme, 3e édition, Paris, 1819)
     
  15. On ne désire d'être aimé des autres que parce qu'on s'aime soi-même, et pour avoir un motif de s'aimer davantage.
    (Maximes, réflexions et pensées diverses, Chap. 1 : Considérations sur l'homme, 3e édition, Paris, 1819)
     
  16. Il se glisse à notre insu tant de recherches secrètes dans nos affections, que c'est véritablement nous que nous aimons dans les autres, et que nous n'aimons d'eux que les sentiments favorables qu'ils ont pour nous.
    (Maximes, réflexions et pensées diverses, Chap. 1 : Considérations sur l'homme, 3e édition, Paris, 1819)
     
  17. Pour que l'amitié fût possible, il faudrait que les amis n'eussent qu'une seule volonté, et qu'elle fût toujours la même.
    (Maximes, réflexions et pensées diverses, Chap. 1 : Considérations sur l'homme, 3e édition, Paris, 1819)
     
  18. Cléon se vante d'avoir des amis, mais essayez de les louer, et vous verrez son embarras.
    (Maximes, réflexions et pensées diverses, Chap. 1 : Considérations sur l'homme, 3e édition, Paris, 1819)
     
  19. Les anciens et les modernes nous ont tracé de magnifiques images de l'amitié; ils ont composé à sa louange des tableaux enchanteurs auxquels il ne manquait que des modèles qui, sans doute, seraient encore plus difficiles à rencontrer aujourd'hui. Le bel idéal avait séduit leur imagination. Parlons avec vénération de l'amitié, mais gardons-nous d'y croire *.
    * Les Romains, en passant devant le temple de faux dieux auxquels ils ne croyaient pas, les saluaient par respect pour l'opinion de ceux qui y croyaient.

    (Maximes, réflexions et pensées diverses, Chap. 1 : Considérations sur l'homme, 3e édition, Paris, 1819)
     
  20. L'honneur est comme une pierre précieuse; la tache la plus légère en ternit l'éclat et lui ôte presque tout son prix.
    (Maximes, réflexions et pensées diverses, Chap. 1 : Considérations sur l'homme, 3e édition, Paris, 1819)
     
  21. Quand l'honneur et la vie sont mis en balance, préférer l'honneur, ce n'est pas mépriser la vie, mais l'apprécier ce qu'elle vaut.
    (Maximes, réflexions et pensées diverses, Chap. 1 : Considérations sur l'homme, 3e édition, Paris, 1819)
     
  22. L'honneur est l'instinct de la vertu; et quoiqu'il soit une qualité naturelle, il se développe par l'éducation, se soutient par les principes et se fortifie, par l'exemple.
    (Maximes, réflexions et pensées diverses, Chap. 1 : Considérations sur l'homme, 3e édition, Paris, 1819)
     
  23. Si l'homme éprouve au-dedans de lui une foule de sensations dont il ne peut se rendre compte, c'est qu'il est trop borné pour se comprendre lui-même.
    (Maximes, réflexions et pensées diverses, Chap. 1 : Considérations sur l'homme, 3e édition, Paris, 1819)
     
  24. Nous aimons, nous cherchons la simplicité partout, et nous n'en mettons nulle part, pas même dans nos lois. Que de contradiction entre les principes de l'homme et sa conduite!
    (Maximes, réflexions et pensées diverses, Chap. 1 : Considérations sur l'homme, 3e édition, Paris, 1819)
     
  25. Le luxe flatte la vanité des riches, mais il tarit la source des vertus qui leur sont si nécessaires pour se faire pardonner leurs richesses.
    (Maximes, réflexions et pensées diverses, Chap. 1 : Considérations sur l'homme, 3e édition, Paris, 1819)
     
  26. L'estime des sots n'est rien; l'estime des gens d'esprit peu de chose; l'estime des honnêtes gens est la seule dont on puisse s'applaudir.
    (Maximes, réflexions et pensées diverses, Chap. 1 : Considérations sur l'homme, 3e édition, Paris, 1819)
     
  27. Il est des choses que nous ne faisons pas, précisément parce que nous nous persuadons qu'elles sont impossibles. Cette persuasion est plus souvent la preuve de la faiblesse de notre caractère que de la justesse de notre esprit*.
    *Le Cardinal de Retz a dit : qu'il avait presque toujours vu l'impossible réussir.

    (Maximes, réflexions et pensées diverses, Chap. 1 : Considérations sur l'homme, 3e édition, Paris, 1819)
     
  28. Celui qui se croit plus fin que tous les autres est presque toujours le plus facile à tromper.
    (Maximes, réflexions et pensées diverses, Chap. 1 : Considérations sur l'homme, 3e édition, Paris, 1819)
     
  29. La raison nous éclaire plus souvent qu'elle ne nous décide: un principe plus puissant nous dirige habituellement et même à notre insu; il est le résultat immédiat du caractère.
    (Maximes, réflexions et pensées diverses, Chap. 1 : Considérations sur l'homme, 3e édition, Paris, 1819)
     
  30. On n'estime pas toujours ceux qui ont des vertus, on ne méprise pas toujours ceux qui ont des vices, mais on ne fait jamais aucun cas de ceux qui n'ont ni vices ni vertus.
    (Maximes, réflexions et pensées diverses, Chap. 1 : Considérations sur l'homme, 3e édition, Paris, 1819)
     
  31. Si vous reprochez à votre ami ses défauts ou ses vices, vous courez risque de vous brouiller avec lui; si vous l'avertissez de ses ridicules, vous pouvez être certain qu'il ne vous le pardonnera pas.
    (Maximes, réflexions et pensées diverses, Chap. 1 : Considérations sur l'homme, 3e édition, Paris, 1819)
     
  32. Comptez sur la reconnaissance de ceux à qui vous avez rendu de petits services; mais craignez l'ingratitude de ceux qui vous ont de grandes obligations.
    (Maximes, réflexions et pensées diverses, Chap. 1 : Considérations sur l'homme, 3e édition, Paris, 1819)
     
  33. La modestie doit tenir le milieu entre la vanité et l'humilité; mais elle est souvent plus près de l'une que de l'autre
    (Maximes, réflexions et pensées diverses, Chap. 1 : Considérations sur l'homme, 3e édition, Paris, 1819)
     
  34. Les métaphysiciens, en plaçant les forces de l'âme dans le raisonnement, ôtent au sentiment ce qu'ils donnent à l'esprit.
    (Maximes, réflexions et pensées diverses, Chap. 1 : Considérations sur l'homme, 3e édition, Paris, 1819)
     
  35. Analogie dans les sentiments, dissemblance dans les caractères: voilà les conditions indispensables pour que les affections soient réciproques, et surtout fortes et durables.
    (Maximes, réflexions et pensées diverses, Chap. 1 : Considérations sur l'homme, 3e édition, Paris, 1819)
     
  36. Il est des tempéraments qui, à certaines époques de la vie, éprouvent dans leurs prédominances des changements bien marqués, qui se font également sentir dans les caractères.
    (Maximes, réflexions et pensées diverses, Chap. 1 : Considérations sur l'homme, 3e édition, Paris, 1819)
     
  37. Espérer rendre bon un mauvais caractère au moyen de bons conseils et de bons exemples, c'est croire qu'en arrosant un sauvageon, et en le changeant d'exposition, on lui fera porter des fruits doux.
    (Maximes, réflexions et pensées diverses, Chap. 1 : Considérations sur l'homme, 3e édition, Paris, 1819)
     
  38. Les sens sont à l'âme ce que les ministres sont au Souverain : les uns et les autres ont les mêmes fonctions à remplir, celles d'éclairer leur maître; mais de combien d'erreurs ne sont-ils pas la cause.
    (Maximes, réflexions et pensées diverses, Chap. 1 : Considérations sur l'homme, 3e édition, Paris, 1819)
     
  39. Les hommes chez lesquels l'éducation corrige la nature paraissent meilleurs au-dehors qu'ils ne le sont au-dedans; ceux, au contraire, en qui la bonté du naturel a triomphé de la mauvaise éducation, sont meilleurs au-dedans qu'ils ne le paraissent au-dehors.
    (Maximes, réflexions et pensées diverses, Chap. 1 : Considérations sur l'homme, 3e édition, Paris, 1819)
     
  40. Celui qui contrarie sans cesse dans la société intime, en détruit tout le charme, en éloigne la confiance; les petites blessures qu'il fait occasionnent de l'aigreur; l'aigreur produit la haine, et la haine excite à la vengeance; alors, une foule de passions mises en jeu font à jamais disparaître la tranquillité et le bonheur.
    (Maximes, réflexions et pensées diverses, Chap. 1 : Considérations sur l'homme, 3e édition, Paris, 1819)
     
  41. On pardonne plus difficilement une injustice à ses amis qu'à ses ennemis.
    (Maximes, réflexions et pensées diverses, Chap. 1 : Considérations sur l'homme, 3e édition, Paris, 1819)
     
  42. Il est peut-être plus facile d'être généreux que juste.
    (Maximes, réflexions et pensées diverses, Chap. 1 : Considérations sur l'homme, 3e édition, Paris, 1819)
     
  43. L'homme vivant en société, environné d'une foule d'objets qui l'attirent ou le repoussent, livré à des passions qui le tourmentent sans cesse est facilement entraîné par elles. La morale peut sans doute en affaiblir la funeste influence, en diminuer les dangers; mais une passion forte ne peut, le plus souvent, être détruite que par une passion plus forte encore, et l'homme n'est pas toujours maître de faire usage d'un pareil remède.
    (Maximes, réflexions et pensées diverses, Chap. 1 : Considérations sur l'homme, 3e édition, Paris, 1819)
     
  44. La langue est à l'état social des nations, ce que la musique est à leurs moeurs ; l'une et l'autre s'enrichissent dans la proportion que les moeurs se dépravent.
    (Maximes, réflexions et pensées diverses, Chap. 1 : Considérations sur l'homme, 3e édition, Paris, 1819)
     
  45. Quand la société est profondément corrompue, les succès qu'on y obtient sont plus souvent la récompense du vice que de la vertu.
    (Maximes, réflexions et pensées diverses, Chap. 1 : Considérations sur l'homme, 3e édition, Paris, 1819)
     
  46. L'orgueil et la paresse sont le plus ordinairement la cause des faux jugements que nous portons des autres.
    (Maximes, réflexions et pensées diverses, Chap. 1 : Considérations sur l'homme, 3e édition, Paris, 1819)
     
  47. L'homme riche s'environne facilement de l'estime publique, même sans la mériter; l'homme qui n'est pas riche parvient difficilement à l'obtenir, lors même qu'il la mérite.
    (Maximes, réflexions et pensées diverses, Chap. 1 : Considérations sur l'homme, 3e édition, Paris, 1819)
     
  48. La politesse est une espèce de fausse monnaie que l'éducation a introduite dans la société, et à laquelle on a aisément donné de la valeur, en convenant de la prendre pour argent comptant.
    (Maximes, réflexions et pensées diverses, Chap. 1 : Considérations sur l'homme, 3e édition, Paris, 1819)
     
  49. Dans la société, la politesse est une espèce de passeport dont la vertu même a besoin, et dont le vice s'autorise.
    (Maximes, réflexions et pensées diverses, Chap. 1 : Considérations sur l'homme, 3e édition, Paris, 1819)
     
  50. L'exagération des bons principes convient, et même sied bien à la jeunesse ; l'avenir ne les affaiblira que trop, pour les soumettre à l'empire des circonstances.
    (Maximes, réflexions et pensées diverses, Chap. 1 : Considérations sur l'homme, 3e édition, Paris, 1819)
     
  51. Appréhender le mépris, c'est l'avoir déjà mérité.
    (Maximes, réflexions et pensées diverses, Chap. 1 : Considérations sur l'homme, 3e édition, Paris, 1819)
     
  52. Rechercher l'estime des autres pour se placer ensuite au-dessus d'eux, c'est s'en rendre indigne.
    (Maximes, réflexions et pensées diverses, Chap. 1 : Considérations sur l'homme, 3e édition, Paris, 1819)
     
  53. L'honnête homme mérite l'estime de tout le monde, et n'a besoin de celle de personne; la sienne seule lui suffit.
    (Maximes, réflexions et pensées diverses, Chap. 1 : Considérations sur l'homme, 3e édition, Paris, 1819)
     
  54. Les privilèges que l'on accorde choquent généralement, parce que l'orgueil supporte plus difficilement une préférence qu'une injustice.
    (Maximes, réflexions et pensées diverses, Chap. 1 : Considérations sur l'homme, 3e édition, Paris, 1819)
     
  55. On juge les choses avec son esprit, et les personnes avec son coeur ; c'est ce qui fait que dans la société les hommes, même doués d'un esprit juste, sont portés à déprécier ceux qu'ils n'aiment pas, et à faire valoir ceux qu'ils aiment.
    (Maximes, réflexions et pensées diverses, Chap. 1 : Considérations sur l'homme, 3e édition, Paris, 1819)
     
  56. Si la timidité est si difficile à corriger, c'est qu'elle prend sa source dans le caractère et dans l'amour-propre,
    (Maximes, réflexions et pensées diverses, Chap. 1 : Considérations sur l'homme, 3e édition, Paris, 1819)
     
  57. Les projets de l'homme ressemblent à des fusées qui s'élèvent avec rapidité dans l'air, et qui retombent de même après avoir réjoui un instant la vue par leur fugitif éclat.
    (Maximes, réflexions et pensées diverses, Chap. 1 : Considérations sur l'homme, 3e édition, Paris, 1819)
     
  58. Les gens médiocres sont tranchants, parce qu'ils ne savent rien faire de mieux.
    (Maximes, réflexions et pensées diverses, Chap. 1 : Considérations sur l'homme, 3e édition, Paris, 1819)
     
  59. Il est des hommes qui paraissent plus grands que les autres dans le danger; ce n'est pas que leur taille ait changé, c'est parce que la peur a tout rapetissé autour d'eux.
    (Maximes, réflexions et pensées diverses, Chap. 1 : Considérations sur l'homme, 3e édition, Paris, 1819)
     
  60. Dire et parler ne sont pas synonymes ; beaucoup disent pour parler, peu parlent pour dire.
    (Maximes, réflexions et pensées diverses, Chap. 1 : Considérations sur l'homme, 3e édition, Paris, 1819)
     
  61. Les jeunes gens qui sont embarrassés, timides en entrant dans le monde, doivent donner une bonne opinion d'eux; ceux, au contraire, qui prennent un maintien assuré, un air capable, seront dans la suite sots ou impertinents, et peut-être l'un et l'autre.
    (Maximes, réflexions et pensées diverses, Chap. 1 : Considérations sur l'homme, 3e édition, Paris, 1819)
     
  62. Celui qui est déjà un petit homme à quinze ans ne sera de sa vie un grand homme.
    (Maximes, réflexions et pensées diverses, Chap. 1 : Considérations sur l'homme, 3e édition, Paris, 1819)
     
  63. L'élévation des sentiments est une sorte de parure qui donne de l'éclat aux bonnes qualités.
    (Maximes, réflexions et pensées diverses, Chap. 1 : Considérations sur l'homme, 3e édition, Paris, 1819)
     
  64. Pour se bien conduire dans la vie, ce qui vaut le mieux, c'est un petit nombre de principes auxquels on tienne fortement. Le doute et l'hésitation augmentent à mesure que les règles se multiplient, parce qu'il n'est pas toujours facile de les accorder. On peut donc en conclure une vérité, confirmée par l'expérience: c'est que le caractère s'affaiblit souvent dans la même proportion que les lumières se multiplient.
    (Maximes, réflexions et pensées diverses, Chap. 1 : Considérations sur l'homme, 3e édition, Paris, 1819)
     
  65. Les hommes, dont les opinions se sont formées par la seule force de leur pensée, et qui s'y sont attachés sans avoir égard aux résultats, sont toujours doués d'une grande force de caractère.
    (Maximes, réflexions et pensées diverses, Chap. 1 : Considérations sur l'homme, 3e édition, Paris, 1819)
     
  66. La compassion que nous montrons pour les malheureux se rapporte à nous par un retour secret ; nous prenons parti contre le mal comme ennemi commun.
    (Maximes, réflexions et pensées diverses, Chap. 1 : Considérations sur l'homme, 3e édition, Paris, 1819)
     
  67. Il est des gens qui s'aperçoivent de tout, on ne peut rien leur cacher; il en est d'autres qui ne voient rien et pas même ce qu'on leur montre.
    (Maximes, réflexions et pensées diverses, Chap. 1 : Considérations sur l'homme, 3e édition, Paris, 1819)
     
  68. La présence d'esprit est un pilote qui nous garantit du naufrage. Il ne quitte pas le gouvernail, et ne s'abandonne jamais à la merci des flots au milieu des tempêtes de la vie.
    (Maximes, réflexions et pensées diverses, Chap. 1 : Considérations sur l'homme, 3e édition, Paris, 1819)
     
  69. Flatter maladroitement, c'est flatter en pure perte. On ne vous tient aucun compte du fonds que l'on regarde comme sien, et l'on vous fait mauvais gré de la façon qui est vôtre.
    (Maximes, réflexions et pensées diverses, Chap. 1 : Considérations sur l'homme, 3e édition, Paris, 1819)
     
  70. Dans le fond du coeur, le panégyriste et le héros sont rarement d'accord sur la mesure de la louange; l'un regrette ce qu'il croit donner de trop, l'autre ce qu'il croit mériter de plus.
    (Maximes, réflexions et pensées diverses, Chap. 1 : Considérations sur l'homme, 3e édition, Paris, 1819)
     
  71. Savoir mettre en harmonie ses besoins et ses facultés, c'est avoir trouvé la source la plus féconde de richesses et de bonheur.
    (Maximes, réflexions et pensées diverses, Chap. 1 : Considérations sur l'homme, 3e édition, Paris, 1819)
     
  72. Les affections douces et bienveillantes de l'âme se trouvent presque toujours réunies chez le même homme, avec l'imagination la plus exaltée, sans doute, pour en détruire la funeste influence; c'est ainsi que la nature toujours bienfaisante a souvent mis le remède près du mal, et qu'elle a sans doute voulu, en éclairant l'esprit au moyen du coeur, ménager à la raison un de ses plus beaux triomphes.
    (Maximes, réflexions et pensées diverses, Chap. 1 : Considérations sur l'homme, 3e édition, Paris, 1819)
     
  73. Nous parlons de nous avec complaisance ; nous écoutons à peine ceux qui parlent d'eux; voilà bien l'égoîsme.
    (Maximes, réflexions et pensées diverses, Chap. 1 : Considérations sur l'homme, 3e édition, Paris, 1819)
     
  74. L'adversité conduit les esprits faibles au désespoir; elle fortifie les âmes élevées.
    (Maximes, réflexions et pensées diverses, Chap. 1 : Considérations sur l'homme, 3e édition, Paris, 1819)
     
  75. La prospérité et l'adversité sont souvent pour l'âme une épreuve également redoutable.
    (Maximes, réflexions et pensées diverses, Chap. 1 : Considérations sur l'homme, 3e édition, Paris, 1819)
     
  76. Ce n'est pas une petite affaire que de savoir être malheureux ; en comparaison, savoir mourir n'est rien.
    (Maximes, réflexions et pensées diverses, Chap. 1 : Considérations sur l'homme, 3e édition, Paris, 1819)
     
  77. Il y a autant de noblesse à obliger sans promesse, que de bassesse à promettre sans obliger.
    (Maximes, réflexions et pensées diverses, Chap. 1 : Considérations sur l'homme, 3e édition, Paris, 1819)
     
  78. Les richesses donnent de l'orgueil, quand on n'a pas à se glorifier d'autre chose; alors on fait parade de son opulence, on s'enivre des jouissances qu'elle procure, et l'on ne rougit pas des moyens que l'on a employés pour l'obtenir.
    (Maximes, réflexions et pensées diverses, Chap. 1 : Considérations sur l'homme, 3e édition, Paris, 1819)
     
  79. Une fortune rapidement faite donne de l'ostentation, parce que la manière dont on l'a acquise ne peut faire naître un plus noble sentiment; tandis, au contraire, que la fortune qui est le prix de longs et utiles travaux peut motiver des prétentions plus élevées,
    (Maximes, réflexions et pensées diverses, Chap. 1 : Considérations sur l'homme, 3e édition, Paris, 1819)
     
  80. Le commerce et l'industrie sont la source de la richesse.
    La finance n'est que le canal propre à la circulation de l'argent.

    (Maximes, réflexions et pensées diverses, Chap. 1 : Considérations sur l'homme, 3e édition, Paris, 1819)
     
  81. La fortune des financiers est le témoignage de leur adresse ; celle des négociants est le témoignage d'une longue et honorable industrie dont ils doivent être d'autant plus fiers, qu'elle tourne toujours au profit de leurs concitoyens.
    (Maximes, réflexions et pensées diverses, Chap. 1 : Considérations sur l'homme, 3e édition, Paris, 1819)
     
  82. Il est plus facile de faire sa fortune que de la conserver; car le caractère propre à amasser n'est point celui qu'il faut pour conserver. L'un consiste à aller en avant, et l'autre à s'arrêter; et ces deux qualités opposées ne se rencontrent que très rarement chez le même homme.
    (Maximes, réflexions et pensées diverses, Chap. 1 : Considérations sur l'homme, 3e édition, Paris, 1819)
     
  83. Les riches sont portés à croire qu'ils sont supérieurs aux autres hommes, et l'on fait tout ce qu'il faut pour leur persuader qu'ils n'ont pas tort.
    (Maximes, réflexions et pensées diverses, Chap. 1 : Considérations sur l'homme, 3e édition, Paris, 1819)
     
  84. L'or s'éprouve par le feu, l'homme par la prospérité.
    (Maximes, réflexions et pensées diverses, Chap. 1 : Considérations sur l'homme, 3e édition, Paris, 1819)
     
  85. Les portes des palais sont moins hautes qu'on ne pense; on n'y passe guère qu'en se baissant.
    (Maximes, réflexions et pensées diverses, Chap. 1 : Considérations sur l'homme, 3e édition, Paris, 1819)
     
  86. L'homme est si peu né pour être heureux sur la terre, que souvent le bonheur même est un malheur pour lui.
    (Maximes, réflexions et pensées diverses, Chap. 1 : Considérations sur l'homme, 3e édition, Paris, 1819)
     
  87. Les longues prospérités amènent ordinairement de grands maux; elles rendent la félicité insipide par l'habitude d'en jouir, et le malheur insupportable par sa nouveauté.
    (Maximes, réflexions et pensées diverses, Chap. 1 : Considérations sur l'homme, 3e édition, Paris, 1819)
     
  88. Le plaisir est l'ennemi du bonheur.
    (Maximes, réflexions et pensées diverses, Chap. 1 : Considérations sur l'homme, 3e édition, Paris, 1819)
     
  89. L'ennui est une maladie dont le plaisir est plus souvent la cause que le remède.
    (Maximes, réflexions et pensées diverses, Chap. 1 : Considérations sur l'homme, 3e édition, Paris, 1819)
     
  90. L'esprit est un ressort propre à augmenter la force de la vertu comme celle du vice; il est semblable à ces liqueurs fortes qui, par leur mélange avec d'autres substances, en développent le parfum.
    (Maximes, réflexions et pensées diverses, Chap. 1 : Considérations sur l'homme, 3e édition, Paris, 1819)
     
  91. La raillerie est d'autant plus cruelle qu'on a plus de raison pour ne pas répondre à celui qui raille.
    (Maximes, réflexions et pensées diverses, Chap. 1 : Considérations sur l'homme, 3e édition, Paris, 1819)
     
  92. Trop de mots pour une pensée remarquable, c'est une pièce d'or changée en monnaie de billon.
    (Maximes, réflexions et pensées diverses, Chap. 1 : Considérations sur l'homme, 3e édition, Paris, 1819)
     
  93. L'esprit fin est souvent faux, précisément parce qu'il est fin.
    (Maximes, réflexions et pensées diverses, Chap. 1 : Considérations sur l'homme, 3e édition, Paris, 1819)
     
  94. La finesse est un mensonge en action.
    (Maximes, réflexions et pensées diverses, Chap. 1 : Considérations sur l'homme, 3e édition, Paris, 1819)
     
  95. Le mensonge, lors même qu'il est officieux, a toujours quelque chose qui répugne à l'homme délicat.
    (Maximes, réflexions et pensées diverses, Chap. 1 : Considérations sur l'homme, 3e édition, Paris, 1819)
     
  96. Si les gens d'esprit ne savaient pas tirer parti des sots, à quoi leur servirait leur esprit.
    (Maximes, réflexions et pensées diverses, Chap. 1 : Considérations sur l'homme, 3e édition, Paris, 1819)
     
  97. La naîveté est l'expression la plus simple et la plus naturelle d'une idée dont le fond peut être fin et délicat: cette expression est le chef-d'oeuvre de l'art, quand elle n'est pas un don de la nature.
    (Maximes, réflexions et pensées diverses, Chap. 1 : Considérations sur l'homme, 3e édition, Paris, 1819)
     
  98. Il y a plus d'esprit chez les gens vifs que chez les autres; mais aussi l'esprit leur est plus nécessaire.
    (Maximes, réflexions et pensées diverses, Chap. 1 : Considérations sur l'homme, 3e édition, Paris, 1819)
     
  99. La vivacité nuit souvent à la justesse de l'esprit, en le poussant au-delà des bornes; elle est dans ce cas une preuve de faiblesse, car il faut plus de force pour savoir s'arrêter au but que pour le passer.
    (Maximes, réflexions et pensées diverses, Chap. 1 : Considérations sur l'homme, 3e édition, Paris, 1819)
     
  100. Il ne suffit pas d'avoir de l'esprit pour n'être pas bête, il faut encore savoir s'en servir.
    (Maximes, réflexions et pensées diverses, Chap. 1 : Considérations sur l'homme, 3e édition, Paris, 1819)
     
  101. Tout ce que l'homme d'esprit peut faire de mieux, c'est de se bien connaître, de consulter ses forces, et de compter ensuite avec son caractère.
    (Maximes, réflexions et pensées diverses, Chap. 1 : Considérations sur l'homme, 3e édition, Paris, 1819)
     
  102. La réflexion perfectionne le caractère sans le changer, comme les règles servent au génie sans l'inspirer.
    (Maximes, réflexions et pensées diverses, Chap. 1 : Considérations sur l'homme, 3e édition, Paris, 1819)
     
  103. L'honneur et la crainte sont deux garants de nos promesses ; lequel est le plus sûr?
    (Maximes, réflexions et pensées diverses, Chap. 1 : Considérations sur l'homme, 3e édition, Paris, 1819)
     
  104. Trop de sagesse nuit aux esprits médiocres; un peu de folie leur convient mieux.
    (Maximes, réflexions et pensées diverses, Chap. 1 : Considérations sur l'homme, 3e édition, Paris, 1819)
     
  105. Rien de plus insupportable que l'homme qui n'a jamais tort, si ce n'est celui qui croit toujours avoir raison.
    (Maximes, réflexions et pensées diverses, Chap. 1 : Considérations sur l'homme, 3e édition, Paris, 1819)
     
  106. Les hommes qui parlent le plus haut dans la société et avec le plus de chaleur ne sont pas toujours les plus polis; mais il est rare qu'ils ne soient pas les plus honnêtes.
    (Maximes, réflexions et pensées diverses, Chap. 1 : Considérations sur l'homme, 3e édition, Paris, 1819)
     
  107. Se ressembler peu est peut-être une raison pour se convenir beaucoup.
    (Maximes, réflexions et pensées diverses, Chap. 1 : Considérations sur l'homme, 3e édition, Paris, 1819)
     
  108. On ne s'ennuie jamais plus qu'avec ceux qu'on ne peut amuser.
    (Maximes, réflexions et pensées diverses, Chap. 1 : Considérations sur l'homme, 3e édition, Paris, 1819)
     
  109. Savoir se connaître et tirer parti de sa médiocrité, vaut mieux à l'usage qu'une supériorité mal employée.
    (Maximes, réflexions et pensées diverses, Chap. 1 : Considérations sur l'homme, 3e édition, Paris, 1819)
     
  110. Les gens heureux ont un défaut dont ils ne se corrigent jamais; c'est de croire que les malheureux le sont toujours par leur faute.
    (Maximes, réflexions et pensées diverses, Chap. 1 : Considérations sur l'homme, 3e édition, Paris, 1819)
     
  111. J'aime les idées chevaleresques dans un prince, elles tournent presque toujours au profit de la vertu.
    (Maximes, réflexions et pensées diverses, Chap. 1 : Considérations sur l'homme, 3e édition, Paris, 1819)
     
  112. Régler son imagination, c'est tarir la source de ses espérances.
    (Maximes, réflexions et pensées diverses, Chap. 1 : Considérations sur l'homme, 3e édition, Paris, 1819)
     
  113. Les pensées viennent souvent sans qu'on y pense, et, si l'on n'y prend garde, s'en vont de même.
    (Maximes, réflexions et pensées diverses, Chap. 1 : Considérations sur l'homme, 3e édition, Paris, 1819)
     
  114. L'admiration est un ancien tribut qu'on ne paye plus. On ne cherche plus à la mériter aujourd'hui, parce que personne n'en veut plus accorder; les niveleurs ont tout rabaissé afin de tout réduire à leur taille.
    (Maximes, réflexions et pensées diverses, Chap. 1 : Considérations sur l'homme, 3e édition, Paris, 1819)
     
  115. II est des gens qui sont ennemis de toute espèce de gouvernement. Abusés par de faux calculs d'orgueil ou d'intérêt, ils ne s'aperçoivent pas qu'ils sont à la fois déraisonnables, ridicules et mauvais citoyens.
    (Maximes, réflexions et pensées diverses, Chap. 1 : Considérations sur l'homme, 3e édition, Paris, 1819)
     
  116. Se montrer avec éclat, donner au mensonge les couleurs de la vérité, exciter l'imagination en éblouissant la raison, connaître les faiblesses des autres, dissimuler les siennes : voilà la théorie du charlatanisme.
    (Maximes, réflexions et pensées diverses, Chap. 1 : Considérations sur l'homme, 3e édition, Paris, 1819)
     
  117. Les grands parleurs sont dans la société ce que les gourmands sont dans un repas ; ils dévorent eux seuls un bon mets dont chacun aurait voulu goûter.
    (Maximes, réflexions et pensées diverses, Chap. 1 : Considérations sur l'homme, 3e édition, Paris, 1819)
     
  118. Aller, venir, marcher sans dessein, sans but; si c'est là ce qu'on appelle se promener, je ne vois pas ce que les automates pourraient envier aux promeneurs.
    (Maximes, réflexions et pensées diverses, Chap. 1 : Considérations sur l'homme, 3e édition, Paris, 1819)
     
  119. Pourquoi ce sauvage supporte-t-il la douleur ? brave-t-il la mort avec tant de courage et d'énergie? c'est qu'il n'est qu'un sauvage; la civilisation n'a point agi sur ses organes. Chez les nations policées, elle augmente l'intensité de la douleur comme celle du plaisir.
    (Maximes, réflexions et pensées diverses, Chap. 1 : Considérations sur l'homme, 3e édition, Paris, 1819)
     
  120. Il est aussi naturel de mourir que de naître, et peut-être souffre-t-on plus en naissant qu'en mourant.
    (Maximes, réflexions et pensées diverses, Chap. 1 : Considérations sur l'homme, 3e édition, Paris, 1819)
     
  121. La mort ne doit pas être considérée comme une ennemie bien redoutable, puisque nous avons toujours en nous le pouvoir de vaincre la crainte qu'elle nous inspire.
    L'amour la méprise, l'honneur la brave, la douleur la désire, la foi la reçoit avec joie.

    (Maximes, réflexions et pensées diverses, Chap. 1 : Considérations sur l'homme, 3e édition, Paris, 1819)
     
  122. La mort est égale pour le vieillard et pour le jeune homme; l'un et l'autre ne perdent que le moment présent : car l'un n'a pas plus de droit sur l'avenir que l'autre n'en a sur le passé.
    (Maximes, réflexions et pensées diverses, Chap. 1 : Considérations sur l'homme, 3e édition, Paris, 1819)
     
  123. L'instinct est aux animaux ce que la raison est à l'homme.
    L'animal n'a été doué par le Créateur que de la faculté de sentir.
    L'homme seul, au contraire, a des idées, juge et raisonne.
    L'instinct est une espèce d'habitude physique dont la nature a fait tous les frais.
    La raison tient à la faculté que possède l'homme de comparer ses sensations, ses idées et de les juger.
    La raison se perfectionne, l'instinct est immuable.
    L'instinct d'un animal est plus ou moins développé, suivant la perfection de ses organes et suivant l'importance que la nature attache.à la conservation de son espèce. Le genre d'éducation dont il est susceptible, consiste à diriger son instinct vers des objets qui n'étaient pas de son domaine immédiat.
    La raison de l'homme est d'autant plus forte qu'il a reçu plus d'esprit de la nature, et qu'il l'a cultivé davantage par son éducation; elle se perfectionne par l'habitude de la réflexion : l'imagination en est souvent la plus redoutable ennemie. Quelle que soit la force de l'instinct dans les animaux, il n'a d'autre but que la conservation et la propagation de leur espèce.
    La raison chez l'homme n'est pas renfermée dans de semblables limites: elle s'applique à tout, elle s'étend sur toutes les opérations de l'esprit; elle exerce son empire selon sa volonté sur toutes ses actions. C'est elle enfin qui donne à l'homme cette supériorité si remarquable sur tous les autres animaux qui ne perfectionnent rien, quel que soit leur instinct, et qui le rattache pour ainsi dire à la Divinité dont il émane.
    Entre l'instinct des animaux et la raison de l'homme, la distance est incommensurable ; et cette distance suffit seule pour prouver que l'homme, chef-d'oeuvre du Créateur, a des destinées immortelles à remplir.

    (Maximes, réflexions et pensées diverses, Chap. 1 : Considérations sur l'homme, 3e édition, Paris, 1819)
     
  124. La force physique sans intelligence est si peu de chose, que l'homme le plus faible maîtrisera toujours l'animal le plus fort.
    Quel argument contre l'opinion de certains philosophes, qui ont voulu mettre sur la même ligne l'instinct de la brute et la raison de l'homme.

    (Maximes, réflexions et pensées diverses, Chap. 1 : Considérations sur l'homme, 3e édition, Paris, 1819)
     
  125. La religion est à la fois la base et la perfection de la morale.
    (Maximes, réflexions et pensées diverses, Chap. 2 : Morale, 3e édition, Paris, 1819)
     
  126. La religion est à l'âme, ce que la lumière est à l'oeil; l'une et l'autre viennent des Cieux et dissipent les ténèbres.
    (Maximes, réflexions et pensées diverses, Chap. 2 : Morale, 3e édition, Paris, 1819)
     
  127. La religion est l'âme du corps social ; il languit quand elle s'affaiblit, il meurt quand elle se retire.
    (Maximes, réflexions et pensées diverses, Chap. 2 : Morale, 3e édition, Paris, 1819)
     
  128. Vivre sans religion, c'est naviguer sur une mer orageuse, sans pilote et sans boussole.
    (Maximes, réflexions et pensées diverses, Chap. 2 : Morale, 3e édition, Paris, 1819)
     
  129. L'homme sans religion vit aux dépens des gens religieux, comme le pauvre aux dépens des riches.
    (Maximes, réflexions et pensées diverses, Chap. 2 : Morale, 3e édition, Paris, 1819)
     
  130. Que de personnes se jetteraient dans la dévotion, si on pouvait rendre l'impiété ridicule.
    (Maximes, réflexions et pensées diverses, Chap. 2 : Morale, 3e édition, Paris, 1819)
     
  131. Nier des vérités parce qu'on ne les comprend pas, c'est orgueil, et non pas sagesse.
    (Maximes, réflexions et pensées diverses, Chap. 2 : Morale, 3e édition, Paris, 1819)
     
  132. Le premier qui appela Dieu son père fut le plus éclairé des philosophes.
    (Maximes, réflexions et pensées diverses, Chap. 2 : Morale, 3e édition, Paris, 1819)
     
  133. Les lois humaines définissent et règlent les droits et les devoirs des hommes dans l'état de société, mais c'est aux lois divines qu'il appartient de les consacrer et de les rendre plus inviolables en y mettant le sceau de la Divinité.
    (Maximes, réflexions et pensées diverses, Chap. 2 : Morale, 3e édition, Paris, 1819)
     
  134. Pardonnez-leur, Seigneur, ils ne savent ce qu'ils font... Ces paroles sont d'un Dieu.
    Trouvez-vous donc qu'on n'ait pas assez versé de sang en France..... Ces paroles sont d'un Roi.(*)
    (*) C'est ce que répondit Louis XVIII, en Angleterre, quand on lui parla de la punition des assassins de son frère.

    (Maximes, réflexions et pensées diverses, Chap. 2 : Morale, 3e édition, Paris, 1819)
     
  135. L'essence de tout sentiment religieux, c'est de nous faire reconnaître dans tous les événements de la vie, l'Arbitre suprême de cet Univers.
    (Maximes, réflexions et pensées diverses, Chap. 2 : Morale, 3e édition, Paris, 1819)
     
  136. Dans la jeunesse nos jouissances les plus vives sont hors de nous : à mesure que nous avançons dans la vie, nous apprenons mieux que le bonheur ne se trouve qu'en nous-mêmes, et surtout dans notre conscience où le Ciel l'a placé, afin de nous y ramener sans cesse comme à un point de départ pour une meilleure vie.
    (Maximes, réflexions et pensées diverses, Chap. 2 : Morale, 3e édition, Paris, 1819)
     
  137. La médecine de l'âme a beaucoup de ressemblance avec celle du corps: ni l'une ni l'autre ne peut garantir l'efficacité de ses remèdes, ni préserver des rechutes.
    (Maximes, réflexions et pensées diverses, Chap. 2 : Morale, 3e édition, Paris, 1819)
     
  138. Quel est donc le motif si puissant qui retient ce malheureux prêt à commettre un crime? Est-ce l'honneur? Est-ce la religion? Enfin est-ce la crainte du supplice? Non; c'est un fantôme qui se compose de tous ces éléments, qui sort du fond des ténèbres, désarme l'assassin et lui ravit sa victime. Philosophes, soyez moins confiants dans vos lumières; les préjugés sont souvent plus utiles aux hommes que vos belles maximes.
    (Maximes, réflexions et pensées diverses, Chap. 2 : Morale, 3e édition, Paris, 1819)
     
  139. On pourrait tout étudier, tout apprendre dans les livres saints; et après avoir bien compris et surtout bien pratiqué ce qu'ils enseignent, si l'on n'était pas le plus savant des hommes, on en serait du moins le meilleur et le plus heureux.
    (Maximes, réflexions et pensées diverses, Chap. 2 : Morale, 3e édition, Paris, 1819)
     
  140. La religion et l'honneur, sans nous guider par les mêmes motifs, nous conduisent souvent au même but; l'une et l'autre ont des disciples zélés; l'une et l'autre font des martyrs.
    (Maximes, réflexions et pensées diverses, Chap. 2 : Morale, 3e édition, Paris, 1819)
     
  141. La philosophie, au lieu de nous éclairer, nous environne presque toujours d'une foule de systèmes; c'est un guide qui nous laisse le choix entre mille routes inconnues, au milieu desquelles la raison est incertaine.
    La religion, au contraire, n'indique qu'un seul chemin, mais elle en répond ; elle nous offre une philosophie à la portée de tous les hommes, et une science supérieure à toutes les conceptions de l'esprit humain.

    (Maximes, réflexions et pensées diverses, Chap. 2 : Morale, 3e édition, Paris, 1819)
     
  142. Écrire sur les moeurs, sans avoir vécu dans la société et sans l'avoir bien étudiée, c'est rendre compte d'une pièce de théâtre saus l'avoir vu représenter.
    (Maximes, réflexions et pensées diverses, Chap. 2 : Morale, 3e édition, Paris, 1819)
     
  143. La dévotion est le sentiment le plus pur et le plus vif que l'âme puisse éprouver; elle est aussi la source la plus féconde du bonheur, parce qu'elle nous rend presque toujours contents de nous-mêmes et rarement mécontents des autres.
    (Maximes, réflexions et pensées diverses, Chap. 2 : Morale, 3e édition, Paris, 1819)
     
  144. La vie, dépouillée des espérances éternelles, est une suite non interrompue d'ennuis, de contrariétés, de chagrins et de malheurs, auxquels la mort seule peut mettre un terme.
    (Maximes, réflexions et pensées diverses, Chap. 2 : Morale, 3e édition, Paris, 1819)
     
  145. Les philosophes chrétiens qui ont dit que cette vie n'était qu'un temps d'épreuves, qu'un passage pour arriver à une meilleure vie, ont consacré la vérité la plus consolante et rendu le plus bel hommage aux attributs de la Divinité.
    (Maximes, réflexions et pensées diverses, Chap. 2 : Morale, 3e édition, Paris, 1819)
     
  146. Si les hommes, en matière de religion, ont naturellement l'esprit porté à critiquer ce qu'ils ne comprennent pas, c'est que la religion est une règle de conduite ainsi que de croyance : leur esprit ne veut pas admettre des vérités qui condamneraient le coeur à des sacrifices trop pénibles.
    (Maximes, réflexions et pensées diverses, Chap. 2 : Morale, 3e édition, Paris, 1819)
     
  147. Le goût du merveilleux peut être utile à l'homme tant qu'il n'agit que sur son coeur ; il le pénètre d'enthousiasme et le porte à aimer les belles, les sublimes vérités que la religion dévoile, et qui sont les véritables éléments de son bonheur.
    (Maximes, réflexions et pensées diverses, Chap. 2 : Morale, 3e édition, Paris, 1819)
     
  148. L'esprit de l'homme le porte naturellement vers l'avenir; il y vit plus que dans le présent, parce qu'il y découvre des consolations à ses peines secrètes, et surtout l'espérance, qui lui montre le bonheur; mais le bonheur fuit sans cesse devant lui, sans doute pour lui faire comprendre qu'il ne doit pas le rencontrer ici-bas, et pour lui révéler que le Ciel est sa véritable patrie, et le seul but vers lequel doivent tendre toutes ses pensées, toutes ses actions et toutes ses espérances.
    (Maximes, réflexions et pensées diverses, Chap. 2 : Morale, 3e édition, Paris, 1819)
     
  149. L'innocence opprimée par la calomnie est peut-être moins malheureuse qu'on ne pense; la patience la soutient, l'espérance la console; elle sait d'avance que la vérité la justifiera et que la justice la vengera.
    (Maximes, réflexions et pensées diverses, Chap. 2 : Morale, 3e édition, Paris, 1819)
     
  150. La vie la plus douce est remplie d'amertumes : l'immortalité seule peut nous en consoler.
    (Maximes, réflexions et pensées diverses, Chap. 2 : Morale, 3e édition, Paris, 1819)
     
  151. Les hommes s'agitent et se tourmentent sans cesse les uns les autres dans le chemin de la vie, où ils sont jetés, pour arriver au même but ; ils feraient mieux de s'aider mutuellement que de se nuire pendant le voyage.
    (Maximes, réflexions et pensées diverses, Chap. 2 : Morale, 3e édition, Paris, 1819)
     
  152. Le temps est un grand bien, mais de courte durée; le passé n'est plus rien pour nous; le présent est un éclair qui fuit avec la rapidité de la pensée, à laquelle même il échappe; l'avenir nous reste, mais il tient si rarement ce qu'il promet!
    (Maximes, réflexions et pensées diverses, Chap. 2 : Morale, 3e édition, Paris, 1819)
     
  153. Quand les devoirs sont présentés comme des moyens d'être heureux, on se détermine plus facilement à les remplir ; l'idée du bonheur est comme une essence dont le parfum corrige l'amertume des simples sans altérer leur propriété : c'est le miel mis sur les bords du vase qui contient la médecine.
    (Maximes, réflexions et pensées diverses, Chap. 2 : Morale, 3e édition, Paris, 1819)
     
  154. La probité est la vertu des pauvres: la vertu doit être la probité des riches.
    (Maximes, réflexions et pensées diverses, Chap. 2 : Morale, 3e édition, Paris, 1819)
     
  155. La clémence est le plus bel ornement des Rois, parce que c'est elle qui les rapproche de la Divinité.
    (Maximes, réflexions et pensées diverses, Chap. 2 : Morale, 3e édition, Paris, 1819)
     
  156. Les révolutions sont des épidémies morales qui tuent la raison, empoisonnent le coeur, et brisent tous les liens sociaux.
    Hippocrate fit cesser l'épidémie qui ravageait Athènes, en faisant brûler une vaste forêt qui avoisinait cette ville. Il est des révolutions qu'on aurait pu empêcher ou détruire à meilleur marché.

    (Maximes, réflexions et pensées diverses, Chap. 2 : Morale, 3e édition, Paris, 1819)
     
  157. Chez les peuples corrompus, les révolutions prennent un caractère d'atrocité, parce que toutes les passions déchaînées n'ont plus d'autre guide que l'intérêt particulier.
    (Maximes, réflexions et pensées diverses, Chap. 2 : Morale, 3e édition, Paris, 1819)
     
  158. Les Italiens ont trop de statues, trop de superbes tableaux et de bonne musique pour avoir de bonnes moeurs.
    (Maximes, réflexions et pensées diverses, Chap. 2 : Morale, 3e édition, Paris, 1819)
     
  159. Les Anglais ont trop d'orgueil pour n'avoir pas l'apparence de bonnes moeurs; mais ils sont réellement trop corrompus, pour que l'officieux manteau dont ils se couvrent puisse cacher toute leur nudité.
    (Maximes, réflexions et pensées diverses, Chap. 2 : Morale, 3e édition, Paris, 1819)
     
  160. Les Français ont trop de légèreté dans l'esprit et trop d'irrésolution dans le caractère pour être profondément vicieux ou essentiellement vertueux.
    (Maximes, réflexions et pensées diverses, Chap. 2 : Morale, 3e édition, Paris, 1819)
     
  161. Les défauts et les vices sont contagieux pour l'homme, de même que certaines maladies.
    (Maximes, réflexions et pensées diverses, Chap. 2 : Morale, 3e édition, Paris, 1819)
     
  162. L'homme faible a besoin d'appui; ainsi que le mouton, il cherche ses semblables pour marcher en troupe avec eux; l'homme fort, au contraire, s'isole, et, semblable au lion, il marche seul et se plaît dans la solitude.
    (Maximes, réflexions et pensées diverses, Chap. 2 : Morale, 3e édition, Paris, 1819)
     
  163. Le peu d'appareil dont la loi accompagne la cérémonie du mariage civil, pourrait lui donner l'air d'une prostitution légale, si l'on n'y ajoutait la majesté des cérémonies religieuses,
    (Maximes, réflexions et pensées diverses, Chap. 2 : Morale, 3e édition, Paris, 1819)
     
  164. Plus les peuples sont corrompus, et plus le lien du mariage doit être environné de tout ce qui peut en attester la sainteté.
    (Maximes, réflexions et pensées diverses, Chap. 2 : Morale, 3e édition, Paris, 1819)
     
  165. Les pratiques religieuses,en s'identifiant avec les actions des hommes, peuvent seules leur donner de longs et puissants souvenirs. (*)
    (*) La durée des lois de Moïse et de Mahomet en sont des preuves irrécusables.

    (Maximes, réflexions et pensées diverses, Chap. 2 : Morale, 3e édition, Paris, 1819)
     
  166. En révolution, la modération et la bonté sont seules capables de faire cesser les réactions, parce que le temps, qui ramène tout au niveau de la justice et de la raison, doit nécessairement éclairer les hommes sur leurs véritables intérêts.
    (Maximes, réflexions et pensées diverses, Chap. 2 : Morale, 3e édition, Paris, 1819)
     
  167. Les empires s'écroulent quand la religion cesse de leur prêter son inébranlable appui. Elle est la seule garantie de la morale, et la morale est le seul lien de tous les intérêts sociaux. Ce lien une fois brisé, ce serait en vain que les philosophes offriraient aux Souverains toutes les ressources de leur génie ; si la religion ne les éclaire pas eux-mêmes, leurs efforts ne serviront qu'à confondre leur propre orgueil et à précipiter la chute des Rois.
    (Maximes, réflexions et pensées diverses, Chap. 2 : Morale, 3e édition, Paris, 1819)
     
  168. L'ingratitude recèle le germe de tous les vices; sans doute elle cache aussi celui de bien des crimes, car les Grecs avaient porté une loi qui prononçait la peine de mort contre les ingrats.
    (Maximes, réflexions et pensées diverses, Chap. 2 : Morale, 3e édition, Paris, 1819)
     
  169. Celui qui fait toujours ce qu'il veut fait rarement ce qu'il doit.
    (Maximes, réflexions et pensées diverses, Chap. 2 : Morale, 3e édition, Paris, 1819)
     
  170. La modération est la vertu de la prospérité; la résignation est la vertu du malheur.
    (Maximes, réflexions et pensées diverses, Chap. 2 : Morale, 3e édition, Paris, 1819)
     
  171. La vérité est comme un diamant; s'il n'est pas placé dans le jour qui lui est favorable, les pierres fausses qui l'environnent jetteront plus d'éclat que lui.
    (Maximes, réflexions et pensées diverses, Chap. 2 : Morale, 3e édition, Paris, 1819)
     
  172. En fait de religion, ne rien croire, c'est folie et perversité. Croire tout et ne rien pratiquer, c'est sottise et inconséquence. Croire avec discernement, et pratiquer ce qu'on croit, c'est sagesse.
    (Maximes, réflexions et pensées diverses, Chap. 2 : Morale, 3e édition, Paris, 1819)
     
  173. Parler mal de ses amis, c'est perfidie; critiquer sans raison ceux qui nous sont indifférents, c'est malice, médire de ses ennemis, c'est lâcheté.
    (Maximes, réflexions et pensées diverses, Chap. 2 : Morale, 3e édition, Paris, 1819)
     
  174. Tout le monde sait que les apparences sont souvent trompeuses, et cependant on se déclare plus facilement pour celles qui sont mauvaises que pour celles qui sont bonnes.
    (Maximes, réflexions et pensées diverses, Chap. 2 : Morale, 3e édition, Paris, 1819)
     
  175. Rechercher le côté faible d'une bonne action, c'est au moins un travers de l'esprit, quand ce n'est pas un vice du coeur.
    (Maximes, réflexions et pensées diverses, Chap. 2 : Morale, 3e édition, Paris, 1819)
     
  176. Le Ciel est plus soigneux de la santé de notre âme que de celle de notre corps, car celui-ci tire ses remèdes de dehors, et l'autre les trouve en elle-même.
    (Maximes, réflexions et pensées diverses, Chap. 2 : Morale, 3e édition, Paris, 1819)
     
  177. Rien ne contribue davantage au bonheur du jour que le bien qu'on a fait la veille.
    (Maximes, réflexions et pensées diverses, Chap. 2 : Morale, 3e édition, Paris, 1819)
     
  178. La vie la plus conforme à la vertu est à la longue la plus agréable de toutes.
    (Maximes, réflexions et pensées diverses, Chap. 2 : Morale, 3e édition, Paris, 1819)
     
  179. L'économie tient le juste milieu entre l'avarice et la prodigalité; elle doit se tenir ferme, afin de ne pencher ni d'un côté ni de l'autre.
    (Maximes, réflexions et pensées diverses, Chap. 2 : Morale, 3e édition, Paris, 1819)
     
  180. Connaître son tempérament, c'est avoir trouvé le meilleur médecin.
    (Maximes, réflexions et pensées diverses, Chap. 2 : Morale, 3e édition, Paris, 1819)
     
  181. Consulter sa conscience, c'est suivre le meilleur guide pour sa conduite morale.
    (Maximes, réflexions et pensées diverses, Chap. 2 : Morale, 3e édition, Paris, 1819)
     
  182. L'âme est véritablement grande quand elle sait se posséder, et qu'elle est peu troublée par les orages de la vie; elle ressemble à la mer, dont la surface est agitée pendant la tempête, tandis que le fond reste tranquille.
    (Maximes, réflexions et pensées diverses, Chap. 2 : Morale, 3e édition, Paris, 1819)
     
  183. Considérez un athée, un déiste et un chrétien dans l'adversité; le premier se désespère; le second blasphème; le troisième est calme; il s'appuie sur la Providence; elle est tout pour lui.
    (Maximes, réflexions et pensées diverses, Chap. 2 : Morale, 3e édition, Paris, 1819)
     
  184. Ôtez à Louis XVI, marchant à la mort, l'image d'un Dieu mourant sur la Croix, que lui reste-t-il?
    (Maximes, réflexions et pensées diverses, Chap. 2 : Morale, 3e édition, Paris, 1819)
     
  185. La résignation religieuse n'existe que chez les hommes vertueux; elle n'est point favorable, comme on l'a dit, à la tyrannie; elle peut en être la victime: ce sont les vices des hommes qui font la force des tyrans.
    (Maximes, réflexions et pensées diverses, Chap. 2 : Morale, 3e édition, Paris, 1819)
     
  186. Travailler à éclairer son esprit et son coeur, à se former des principes propres à régler sa conduite, c'est la plus noble des occupations; c'est exister, c'est jouir de la dignité de son être.
    (Maximes, réflexions et pensées diverses, Chap. 2 : Morale, 3e édition, Paris, 1819)
     
  187. Une indulgence inépuisable, une sensibilité toujours active et toujours désintéressée : tel est l'amour d'un père pour sa fille; la nature en est toute divine, et la tendresse qu'il inspire doit être la plus profonde de toutes, parce que toujours elle échauffe le coeur et jamais ne le tourmente.
    (Maximes, réflexions et pensées diverses, Chap. 2 : Morale, 3e édition, Paris, 1819)
     
  188. À cinquante ans on commence à se lasser du monde; à soixante le monde se lasse de vous : il faut donc, quand on est arrivé à ce terme, savoir se suffire à soi-même.
    (Maximes, réflexions et pensées diverses, Chap. 2 : Morale, 3e édition, Paris, 1819)
     
  189. Quand les passions ont cessé de tourmenter notre vie, le repos est le plus grand de tous les biens : heureux celui qui peut se le procurer! et pour y parvenir, il faut renoncer entièrement et sans retour à tout ce que le monde appelle honneurs, grandeurs, fortune; vivre peu avec les autres, beaucoup avec soi-même et toujours en présence de Dieu.
    (Maximes, réflexions et pensées diverses, Chap. 2 : Morale, 3e édition, Paris, 1819)
     
  190. Les cheveux blancs d'un vieillard sans reproche sont une couronne dont le temps a orné sa tête.
    (Maximes, réflexions et pensées diverses, Chap. 2 : Morale, 3e édition, Paris, 1819)
     
  191. La tragédie exagère les passions, les vertus ou les vices; elle s'élance hardiment hors des limites de la nature : la comédie, au contraire, s'y renferme; l'une nous enlève à nous-mêmes, l'autre nous y ramène. La première donne de fortes secousses à notre âme, la seconde en remue doucement les ressorts. Si l'une des deux peut produire quelques bons effets sur le spectateur, sans doute c'est la comédie, parce qu'un héros est un modèle inutile à bien des gens, et parce qu'un honnête homme est un modèle utile à tout le monde.
    (Maximes, réflexions et pensées diverses, Chap. 2 : Morale, 3e édition, Paris, 1819)
     
  192. On critique souvent très amèrement les vieillards, parce qu'ils ont conservé quelques-unes des habitudes de la jeunesse ; hélas! pourquoi ne veut-on pas voir en eux des hommes qui se noient et qui s'accrochent aux branches.
    (Maximes, réflexions et pensées diverses, Chap. 2 : Morale, 3e édition, Paris, 1819)
     
  193. Les vieillards sont comme ces monuments que le temps a ravagés, et qui conservent quelque empreinte de leur noble origine.
    (Maximes, réflexions et pensées diverses, Chap. 2 : Morale, 3e édition, Paris, 1819)
     
  194. Un vieillard flétri par l'orage des passions qui ont tourmenté sa vie, abattu par le temps, n'offre plus, à la fin de sa carrière, que les débris d'un grand naufrage: ses défauts ou ses vices paraissent avec toute leur difformité, parce qu'ils n'ont plus d'excuse ; mais celui qui toujours pratiqua le bien, parvient aux limites de la vie environné de l'éclat de ses vertus, et présente moins l'image de la mort que l'aurore de l'éternité.
    (Maximes, réflexions et pensées diverses, Chap. 2 : Morale, 3e édition, Paris, 1819)
     
  195. Dans la jeunesse nous changeons parce que nous quittons les choses; dans la vieillesse parce que les choses quittent.
    (Maximes, réflexions et pensées diverses, Chap. 2 : Morale, 3e édition, Paris, 1819)
     
  196. L'épitaphe est la dernière des vanités de l'homme; elle est une marque bien plus certaine de l'orgueil des vivants que des vertus des morts.
    (Maximes, réflexions et pensées diverses, Chap. 2 : Morale, 3e édition, Paris, 1819)
     
  197. La vie est un fonds que Dieu a confié à l'homme pour le faire valoir, dont il use le plus souvent comme s'il n'en devait jamais rendre compte.
    (Maximes, réflexions et pensées diverses, Chap. 2 : Morale, 3e édition, Paris, 1819)
     
  198. Si l'opinion est la reine du monde, on peut dire que la mode en est le tyran, et même qu'elle choisit ses victimes parmi ses plus zélés sectateurs.
    (Maximes, réflexions et pensées diverses, Chap. 2 : Morale, 3e édition, Paris, 1819)