Hélène Grimaud
1969
  1. Avec le recul, je me rends compte du privilège de ces moments [d'ennui] où l'on sent presque pousser ses os. On mesure, dans la lenteur du rêve et l'épaisseur du silence, la densité du temps qui s'écoule. Les heures d'ennui de l'enfance sont les jardins du temps, bêchés d'exaspérations, labourés d'éternités ralenties, hantés par de futurs lointains...
    (Variations sauvages, p.28, Pocket n°12304)
     
  2. [...] à forcer ses désirs, on en fait des vérités, pire, des réalités.
    (Variations sauvages, p.29, Pocket n°12304)
     
  3. [...] se souvenir, c'est aussi inventer. La mémoire est l'art magique de la composition.
    (Variations sauvages, p.45, Pocket n°12304)
     
  4. [...] ce n'est que ce qu'on désire de soi à soi qui tend vraiment à être réel...

    [Jobin : en page 193, elle écrit : «[...] il n'y a que ce qu'on désire de soi à soi qui tend à être réel.»]

    (Variations sauvages, p.63, Pocket n°12304)
     
  5. [...] souvent, celui avec qui l'on s'oppose vous construit mieux que celui dont on se sent le plus proche.
    (Variations sauvages, p.65, Pocket n°12304)
     
  6. [...] nous sommes musique récitée par notre destin.
    (Variations sauvages, p.66, Pocket n°12304)
     
  7. [...] jouer la musique de Bach ou les messes de Mozart, c'est peindre des icônes avec des sons.
    (Variations sauvages, p.67, Pocket n°12304)
     
  8. Une musique sans silence, qu'est-ce, sinon le bruit ?
    (Variations sauvages, p.67, Pocket n°12304)
     
  9. Ah, les mains ! J'en suis sûre, les artistes respirent le monde par leurs paumes.
    (Variations sauvages, p.73, Pocket n°12304)
     
  10. Les paysages sont essentiellement musicaux. La montagne, que je regardais dans l'espoir d'y trouver Dieu, c'est Jean-Sébastien Bach. Plus on monte, moins on voit ce qu'il y a dessous; plus la hauteur devient propice à se retrouver soi-même. Le cours d'eau, c'est le legato. Le serpent, le mouvement continu et ininterrompu.
    (Variations sauvages, p.79, Pocket n°12304)
     
  11. Moi, ma meilleure forme de résistance fut de brandir un point de vue.
    (Variations sauvages, p.98, Pocket n°12304)
     
  12. Amour, incessante création. « Raison mystérieuse et imprévue, mesure parfaite et réinventée », comme le chante Rimbaud. Tu étais ma volonté évidente. Tu m'as fait comprendre que ce n'est pas ce qui vient à nous, mais bien ce qui vient de nous qui est la vie véritable. Je voulais être. Aimer, c'est être. Et c'est créer sa vie bien plus que de la recevoir.
    (Variations sauvages, p.132, Pocket n°12304)
     
  13. L'unique façon d'être poignante est d'être directe.
    (Variations sauvages, p.184, Pocket n°12304)
     
  14. Belle profession que celle de critique qui consiste trop souvent à trouver le pire dans le meilleur et le meilleur dans le pire, faute d'un goût personnel ou désintéressé.
    (Variations sauvages, p.185, Pocket n°12304)
     
  15. Ce que vise tout artiste véritable, c'est à animer de sa vie la vie de l'oeuvre jouée, à lui donner tout son être, dans cet abandon parfait propre à l'amour.
    (Variations sauvages, p.187, Pocket n°12304)
     
  16. La musique est un prolongement du silence, elle est aussi ce qui la précède, ce qui retentit au coeur du morceau. Elle est un accès à un ailleurs de la parole, que la parole ne peut pas dire et que le silence dit pourtant, en le taisant. Une musique sans silence ? J'appelle cela du bruit.
    (Variations sauvages, p.193, Pocket n°12304)
     
  17. [En parlant des Américains:]
    [...] s'ils sont capables de s'émerveiller de tout, ils ne s'étonnent jamais de rien.

    (Variations sauvages, p.201, Pocket n°12304)
     
  18. « On ne connaît une oeuvre complètement que quand on s'est trompé à chaque endroit possible », a dit Yehudi Menuhin.
    (Variations sauvages, p.247, Pocket n°12304)
     
  19. Nous sommes tous des mystères incarnés.
    (Variations sauvages, p.250, Pocket n°12304)