Heinz Pagels
1939-1988
  1. Les difficultés qu'éprouvent les physiciens et bien d'autres personnes à accepter la réalité quantique me rappellent la façon dont réagissent les enfants lorsqu'ils sont confrontés à un concept qu'ils n'ont pas encore assimilé.
    (L'Univers Quantique, InterÉditions, trad. Jacques Corday, p.64)
     
  2. On peut se représenter les niveaux d'énergie de l'atome de Bohr en comparant celui-ci à un instrument de musique à cordes, du type harpe, par exemple. Lorsqu'on le pince, chaque corde émet une vibration, un son bien précis. De même, toutes les fois qu'un électron change d'orbite dans un atome, il se produit une émission d'ondes lumineuses dont la vibration, la couleur, est bien définie. Telle est l'origine du spectre lumineux discret.
    (L'Univers Quantique, InterÉditions, trad. Jacques Corday, p.70)
     
  3. La nouvelle mécanique des matrices ne permettait pas aux physiciens de se faire une image de l'atome et des processus quantiques; elle avait été inventée précisément pour éviter d'avoir à se faire une telle représentation.
    (L'Univers Quantique, InterÉditions, trad. Jacques Corday, p.78)
     
  4. Non seulement les expérimentateurs humains doivent abandonner l'espoir de savoir quand un atome donné va rayonner ou quand un noyau va connaître une désintégration radioactive mais, de plus, ces événements sont inconnus, même de l'esprit omniscient de Dieu. Qu'ils soient croyants ou pas, les physiciens se donnent la liberté d'invoquer Dieu lorsque des questions de principe sont en jeu, car le Dieu des physiciens n'est autre que l'ordre cosmique. L'indéterminisme propre à la théorie quantique est un indéterminisme de principe, qui porte sur ce que l'on peut ou ne peut pas savoir et ne concerne pas les techniques expérimentales... Dieu en personne ne peut nous donner autre chose que la probabilité pour que tel événement arrive, jamais une certitude.
    (L'Univers Quantique, InterÉditions, trad. Jacques Corday, p.83)
     
  5. Le désordre au niveau individuel entraîne un déterminisme collectif.
    (L'Univers Quantique, InterÉditions, trad. Jacques Corday, p.114)
     
  6. Ce que l'individu perçoit comme une liberté n'est rien de plus qu'une nécessité du point de vue collectif.
    (L'Univers Quantique, InterÉditions, trad. Jacques Corday, p.115)
     
  7. Il semble bien qu'il existe deux types d'hommes: en poussant les choses à l'extrême, il y a ceux qui pensent que tout événement survenant dans le monde a une cause et une finalité, et ceux qui croient que Dieu joue aux dés et que les événements sont tous parfaitement aléatoires. Les déterministes ont du mal à accepter le côté aléatoire de certains événements, parce que leur esprit refuse le désordre, l'absence de cause. La plupart des gens sont naturellement enclins au déterminisme, par besoin de sécurité; ce qui les incite à rechercher les 'raisons' pour lesquelles les choses arrivent, même si ces raisons sont parfois extrêmement 'tirées par les cheveux'.
    (L'Univers Quantique, InterÉditions, trad. Jacques Corday, p.115)
     
  8. Ceux qui se réclament d'une certaine conscience collective, de la 'volonté du peuple', par exemple, le font habituellement pour servir leurs propres opinions politiques ou sociales.
    (L'Univers Quantique, InterÉditions, trad. Jacques Corday, p.118)
     
  9. Je me suis bien souvent trouvé en présence de personnes... qui manifestaient leur incrédulité devant le manque de culture des scientifiques. Une ou deux fois, il m'est arrivé, me sentant attaqué, de leur demander si elles pouvaient m'énoncer le deuxième principe de la thermodynamique. Leur réponse fut ...négative. Et pourtant, ce que je leur demandais était l'équivalent pour la science de : avez-vous déjà lu une ligne de Shakespeare?
    (C.P.Snow, The Two Cultures. citation en exergue donnée par H.Pagels dans L'univers quantique, trad. Jacques Corday, p.119)
     
  10. La nature ignore l'imperfection: l'imperfection est une notion de l'homme qui perçoit la nature. Dans la mesure où nous faisons partie de la nature, nous sommes également parfaits; c'est notre humanité qui est imparfaite.
    (L'Univers Quantique, InterÉditions, trad. Jacques Corday, p.133)
     
  11. Pour découvrir ce qu'est le monde de la réalité quantique, il ne faut pas se l'imaginer, mais plutôt spécifier très exactement comment nous l'observons.
    (L'Univers Quantique, InterÉditions, trad. Jacques Corday, p.142)
     
  12. L'électron ne semble exister en tant qu'objet réel que lorsque nous l'observons![...] La réalité quantique est rationnelle, mais elle n'est pas visualisable.
    (L'Univers Quantique, InterÉditions, trad. Jacques Corday, p.143)
     
  13. [...] la raison humaine est capable de comprendre le monde lorsque nos sens ne peuvent y parvenir.
    (L'Univers Quantique, InterÉditions, trad. Jacques Corday, p.144)
     
  14. Nous pouvons apprivoiser le monde quantique à l'aide de nos mathématiques, mais cela ne l'empêche pas d'être étrange, plus étrange même que tout ce que peut nous proposer notre imagination.
    (L'Univers Quantique, InterÉditions, trad. Jacques Corday, p.145)
     
  15. C'est de l'identité qu'est née la différence.
    (L'Univers Quantique, InterÉditions, trad. Jacques Corday, p.283)
     
  16. Dieu a utilisé de merveilleuses mathématiques pour créer le monde.
    (Paul Dirac, cité dans L'Univers Quantique, InterÉditions, trad. Jacques Corday, p.290)
     
  17. Les mathématiques sont une invention humaine, inspirée par notre capacité innée à étudier avec précision des idées abstraites, alors que la physique a pour objet le monde matériel, que nous n'avons absolument pas créé. Le rapport entre la logique interne et la logique de la création matérielle paraît tout à fait gratuit.
    (L'Univers Quantique, InterÉditions, trad. Jacques Corday, p.299)
     
  18. Le travail des physiciens modernes consiste à découvrir les symétries du monde.
    (L'Univers Quantique, InterÉditions, trad. Jacques Corday, p.324)
     
  19. Je suis impressionné par la façon dont notre esprit résiste aux nouvelles idées, mais aussi par la facilité avec laquelle il les admet lorsqu'il le désire ou s'y trouve obligé.
    (L'Univers Quantique, InterÉditions, trad. Jacques Corday, p.328)
     
  20. L'essence de la méthode scientifique est un certain désir de mettre en danger ses propres idées. Pour être modifiable, une théorie doit être précise du point de vue de la logique et dépourvue de toute ambiguïté. Autrement elle ne peut même pas être fausse! Pour atteindre ce manque d'ambiguïté, la physique s'exprime dans la langue très précise des mathématiques.
    (L'Univers Quantique, InterÉditions, trad. Jacques Corday, p.329)
     
  21. Pour être théoricien, il faut à la fois avoir étudié les mathématiques et posséder beaucoup d'intuition. On ne saurait sous-estimer le rôle de l'intuition et de l'imagination dans les sciences. Les étudiants qui réussissent à tous les examens ne sont pas nécessairement les chercheurs les plus créatifs. Lors d'un examen, il faut résoudre un problème spécifique mais, dans le monde de la recherche théorique, le véritable problème consiste à découvrir quel est le problème. Alors seulement peut-on le formuler de manière précise et le résoudre grâce à des techniques mathématiques appropriées. Poser la bonne question requiert beaucoup d'imagination.
    (L'Univers Quantique, InterÉditions, trad. Jacques Corday, p.333)
     
  22. Les créations humaines les plus profondes sont belles, et les théories physiques ne font pas exception à la règle. Une théorie 'laide' possède une sorte de lourdeur conceptuelle, qui fait que l'esprit ne peut la retenir très longtemps. C'est pourquoi le sens du beau joue un tel rôle dans l'élaboration des théories physiques. Un jour, les physiciens comprendront vraiment la logique interne du cosmos, et celle-ci sera splendide - l'attirance pour le beau, le cohérent et le simple, est au coeur même de la capacité humaine à comprendre rationnellement le monde matériel.
    (L'Univers Quantique, InterÉditions, trad. Jacques Corday, p.334)
     
  23. La beauté est indissociable du regard de celui qui voit. Certains sont attirés par l'esthétique visuelle de la géométrie; pour d'autres, la beauté s'incarne dans le monde abstrait des symboles. Dans la physique quantique moderne, le sentiment esthétique est conceptuel, contrairement à une époque où la capacité du physicien à visualiser le monde de la nature jouait un rôle important. Les images ont cédé la place à des symétries mathématiques: le monde quantique des particules élémentaires s'organise selon des principes de symétrie à la fois complexes et merveilleux.
    (L'Univers Quantique, InterÉditions, trad. Jacques Corday, p.334)