Daniel Defoe
1660(?)-1731
  1. C'est seulement à des gens dénués et sans espérances, ou bien à des gens opulents et ambitieux, qu'il convient de chercher à s'enrichir ou à s'illustrer par des entreprises hasardeuses, hors de la route commune.
    (Aventures de Robinson Crusoé, p.2, trad. ?, Éd. H. Fournier aîné, 1811)
     
  2. Combien de rois n'ont-ils pas déploré les tristes conséquences de leur position élevée et regretté de n'être point nés entre les deux extrêmes de la grandeur et de l'obscurité ! Le plus sage des hommes montre cet état comme le seul où l'on puisse trouver le contentement sur la terre, lorsqu'il prie le ciel de ne lui donner ni pauvreté ni richesse.
    (Aventures de Robinson Crusoé, p.3, trad. ?, Éd. H. Fournier aîné, 1811)
     
  3. [...] Les classes moyennes sont dispensées d'un grand nombre de maladies ou d'infirmités de corps et d'esprit engendrées, chez les grands, par les vices, la mollesse, l'intempérance, et, chez les petits, par la mauvaise nourriture, la pénurie, le travail excessif.
    (Aventures de Robinson Crusoé, p.4, trad. ?, Éd. H. Fournier aîné, 1811)
     
  4. J'ai souvent observé [...] combien les hommes sont déraisonnables, surtout dans la jeunesse, lorsque, après avoir dévié de la bonne route, ils ont plus de honte du repentir que du péché ; ils ne rougissent point d'une action pour laquelle ils doivent être considérés justement comme des fous, et ils rougissent d'un retour qui peut seul les faire estimer sages.
    (Aventures de Robinson Crusoé, p.16, trad. ?, Éd. H. Fournier aîné, 1811)
     
  5. Les hommes devraient toujours craindre, alors qu'ils comparent leur situation à d'autres réellement plus fâcheuses, que le ciel les oblige à échanger l'une pour l'autre, et leur prouve par expérience la folie de leurs plaintes précédentes.
    (Aventures de Robinson Crusoé, p.37, trad. ?, Éd. H. Fournier aîné, 1811)
     
  6. Dans les maux, il faut considérer le bien qu'ils renferment comme les chances les plus contraires qu'ils peuvent entraîner.
    (Aventures de Robinson Crusoé, p.65, trad. ?, Éd. H. Fournier aîné, 1811)
     
  7. [...] La nature et l'expérience me montrèrent, après de justes réflexions, que les meilleures choses ne sont bonnes pour nous qu'autant qu'elles peuvent servir à notre usage, et que, de tout ce que nous amassons, nous ne pouvons tirer rien au-delà de notre jouissance personnelle.
    (Aventures de Robinson Crusoé, p.139, trad. ?, Éd. H. Fournier aîné, 1811)
     
  8. [...] Nous ne voyons jamais notre position sous un jour vrai, tant qu'elle n'est pas éclairée par des contrastes ; et nous ne savons estimer ce que nous possédons que par le sentiment de sa perte.
    (Aventures de Robinson Crusoé, p.149, trad. ?, Éd. H. Fournier aîné, 1811)
     
  9. La crainte du danger est mille fois plus terrifiante que le danger présent ; et l'anxiété que nous cause la prévision du mal est plus insupportable que le mal lui-même.
    (Aventures de Robinson Crusoé, p.169, trad. ?, Éd. H. Fournier aîné, 1811)
     
  10. Quelles ridicules résolutions nous formons sous l'influence de la peur ! Ce sentiment nous prive des moyens que la raison nous offrirait pour nous tirer de peine.
    (Aventures de Robinson Crusoé, p.169, trad. ?, Éd. H. Fournier aîné, 1811)
     
  11. Quand certains ressorts secrets de nos passions sont mis en jeu par un objet visible ou rendu présent par la puissance de l'imagination, leurs impulsions entraînent l'âme vers cet objet avec une telle force, que son absence devient insupportable.
    (Aventures de Robinson Crusoé, p.198, trad. ?, Éd. H. Fournier aîné, 1811)
     
  12. [...] Si l'excès de la joie peut conduire les hommes forts au-delà des limites de la raison, à quelles folies la colère et la vengeance ne peuvent-elles pas nous porter ? L'exemple de ces gens me prouva combien nous devions surveiller tous nos mouvements, qu'ils soient causés par la satisfaction et le bonheur, la tristesse ou la colère.
    (Aventures de Robinson Crusoé, p.343, trad. ?, Éd. H. Fournier aîné, 1811)
     
  13. Le méchant dort rarement d'un sommeil bien profond.
    (Aventures de Robinson Crusoé, p.367, trad. ?, Éd. H. Fournier aîné, 1811)
     
  14. [...] L'homme sage [doit] toujours user des moyens que la raison lui inspire pour rendre le présent plus supportable et se préparer un meilleur avenir.
    (Aventures de Robinson Crusoé, p.423, trad. ?, Éd. H. Fournier aîné, 1811)
     
  15. [...] De toutes les positions de la vie la plus complètement misérable est celle que trouble une crainte perpétuelle.
    (Aventures de Robinson Crusoé, p.541, trad. ?, Éd. H. Fournier aîné, 1811)
     
  16. [...] Les lâches deviennent hardis s'ils pensent qu'ils ne risquent rien.
    (Aventures de Robinson Crusoé, p.588, trad. ?, Éd. H. Fournier aîné, 1811)
     
  17. La vraie grandeur consiste à être maître de soi-même [...].
    (Aventures de Robinson Crusoé, p.594, trad. ?, Éd. H. Fournier aîné, 1811)
     
  18. [...] À considérer la vie de l'homme en général, que sa félicité réelle est peu dépendante du monde, et que chacun peut être heureux et satisfaire ses désirs les plus louables avec un faible secours de la part de ses semblables.
    (Aventures de Robinson Crusoé, p.594, trad. ?, Éd. H. Fournier aîné, 1811)
     
  19. Respirer un air pur, avoir des vêtements pour se couvrir, des aliments pour se nourrir, et la liberté de prendre l'exercice nécessaire à la santé : voilà, selon moi, tout ce que nous pouvons obtenir du monde.
    (Aventures de Robinson Crusoé, p.594, trad. ?, Éd. H. Fournier aîné, 1811)
     
  20. [...] Celui qui remporte la victoire sur ses désirs insensés, et prend un empire absolu sur lui-même en soumettant sa volonté à la raison, est certainement plus grand que celui qui subjugue une cité.
    (Aventures de Robinson Crusoé, p.595, trad. ?, Éd. H. Fournier aîné, 1811)
     
  21. [...] Si la grandeur, le pouvoir, les richesses et les plaisirs, dont quelques-uns jouissent, sont agréables sous certains rapports, toutes ces choses servent principalement les plus grossières de nos affections, l'ambition, l'orgueil personnel, l'avarice, la sensualité, la vanité, affections provenant des pires côtés de notre nature, et renfermant le germe de tous les crimes.
    (Aventures de Robinson Crusoé, p.595, trad. ?, Éd. H. Fournier aîné, 1811)