William Makepeace Thackeray
1811 - 1863
  1. Une femme parfaite est, toutefois, une chose contraire à la nature, qui nous assigne quelque vice moral, comme elle nous envoie des migraines, des maladies ou la mort ; autrement, le système social ne pourrait subsister, et certaines des meilleures qualités de l'espèce humaine ne trouveraient pas à se développer.
    (Histoire de Pendennis, t.1, trad. Édouard Scheffter, p.19, Hachette, 1858)
     
  2. Si les femmes ne faisaient pas de nous des idoles, si elles nous voyaient comme nous nous voyons les uns les autres, la vie serait-elle supportable, ou la société pourrait-elle continuer ? Ce devrait être le plus ardent désir de l'homme, que la femme ne pût jamais découvrir son peu de valeur.
    (Histoire de Pendennis, t.1, trad. Édouard Scheffter, p.27, Hachette, 1858)
     
  3. Quelles brillantes couleurs avait alors votre jeunesse ! et comme vous en jouissiez ! L'homme n'a qu'un petit nombre d'années pareilles. Il ne les apprécie pas assez pendant qu'il les a. Ce n'est que lorsqu'elles sont loin derrière lui qu'il se rappelle combien elles étaient chères et heureuses.
    (Histoire de Pendennis, t.1, trad. Édouard Scheffter, p.32, Hachette, 1858)
     
  4. Sans doute il est mieux d'aimer sagement, mais mieux vaut encore aime follement que de ne pas être capable d'amour.
    (Histoire de Pendennis, t.1, trad. Édouard Scheffter, p.85, Hachette, 1858)
     
  5. [...] L'amour nous rend tous fous, petits et grands.
    (Histoire de Pendennis, t.1, trad. Édouard Scheffter, p.56, Hachette, 1858)
     
  6. La pensée du sacrifice procure à certaines femmes une sorte de sombre plaisir.
    (Histoire de Pendennis, t.1, trad. Édouard Scheffter, p.93, Hachette, 1858)
     
  7. Quand bien même on vivrait cent ans, il est certaines circonstances de notre jeunesse dont le souvenir nous transportera toujours aux premières années de notre vie.
    (Histoire de Pendennis, t.1, trad. Édouard Scheffter, p.98, Hachette, 1858)
     
  8. [...] Je ne sais rien de plus triste, pour un homme, que d'épouser une femme qui lui est supérieure par l'âge ou inférieure par le rang.
    (Histoire de Pendennis, t.1, trad. Édouard Scheffter, p.99, Hachette, 1858)
     
  9. Jamais un gentilhomme ne manque à sa parole, quand il l'a donnée librement.
    (Histoire de Pendennis, t.1, trad. Édouard Scheffter, p.108, Hachette, 1858)
     
  10. [...] Il serait difficile, je suppose, de trouver un homme qui, tôt ou tard, n'ait pas été trompé dans son amour, soit par la fatalité, soit par les circonstances, soit par la perfidie des femmes, soit par sa propre faute.
    (Histoire de Pendennis, t.1, trad. Édouard Scheffter, p.175, Hachette, 1858)
     
  11. [...] L'illusion est parfois meilleure que la vérité, et les beaux rêves sont plus doux qu'un triste réveil.
    (Histoire de Pendennis, t.1, trad. Édouard Scheffter, p.260, Hachette, 1858)
     
  12. [Les femmes] aiment à se sacrifier pour l'objet que leur instinct leur apprend à chérir. Qu'il s'agisse d'un mari indifférent, d'un fils prodigue, d'un mauvais garnement de frère, leurs coeurs ne sont-ils pas toujours prêts à verser leurs meilleurs trésors pour le bien de la personne aimée ?
    (Histoire de Pendennis, t.1, trad. Édouard Scheffter, p.265, Hachette, 1858)
     
  13. [...] La bonté et la vertu sont des plus grands avantages pour une jeune personne, que les charmes fugitifs du visage et du corps.
    (Histoire de Pendennis, t.1, trad. Édouard Scheffter, p.276, Hachette, 1858)
     
  14. [...] S'il est des hommes qui se jettent à la tête des hommes, il est des femmes aussi qui se jettent à la tête des hommes, et que l'amour est aussi inexplicable que toute autre sympathie ou antipathie physique.
    (Histoire de Pendennis, t.1, trad. Édouard Scheffter, p.279, Hachette, 1858)
     
  15. [...] Pardonner est ce que certaines femmes préfèrent à tout.
    (Histoire de Pendennis, t.1, trad. Édouard Scheffter, p.283, Hachette, 1858)
     
  16. Plus d'un jeune homme échoue par cette espèce d'orgueil qu'on appelle timidité, qui n'eût eu qu'à demander pour obtenir ce qu'il désirait.
    (Histoire de Pendennis, t.1, trad. Édouard Scheffter, p.327, Hachette, 1858)
     
  17. La mauvaise fortune fait tomber l'homme en mauvaise compagnie.
    (Histoire de Pendennis, t.2, trad. Édouard Scheffter, p.114, Hachette, 1858)
     
  18. Si les hommes se moquent, comme c'est assez notre habitude, des artifices d'une vieille élégante, de son fard, de ses parfums, de ses fausses boucles, de ces innombrables stratagèmes que nous ne connaissons pas, et au moyen desquels elle remédie, prétend-on, aux ravages du temps, et reconstruit les attraits dont les ans l'ont privée, on peut présumer que les dames, de leur côté, n'ignorent pas tout à fait que les hommes sont vains aussi, et que les vieux daims soignent leur toilette autant qu'elles-mêmes.
    (Histoire de Pendennis, t.2, trad. Édouard Scheffter, p.154, Hachette, 1858)
     
  19. Qui est avare et enferme son argent ; qui est entre les mains des usuriers et signe son noble nom au dos de lettres de change ; qui est intime avec la femme d'un tel ; qui veut faire épouser sa fille à un tel, lequel n'en veut à aucun prix : tous ces faits sont discutés confidentiellement par les serviteurs confidentiels des personnes du grand monde ; ils sont connus et examinés par quiconque a droit de prendre place dans leur élégante société.
    (Histoire de Pendennis, t.2, trad. Édouard Scheffter, p.156, Hachette, 1858)
     
  20. Un coeur généreux blessé souffre et survit à sa blessure. Celui-là n'est pas un homme, celle-là n'est pas une femme, que l'amour ne vainc pas, ou qui ne vainc pas l'amour une fois dans sa vie.
    (Histoire de Pendennis, t.2, trad. Édouard Scheffter, p.201, Hachette, 1858)
     
  21. Lequel est le plus raisonnable et fait le mieux son devoir : celui qui se tient à l'écart de la bataille de la vie qu'il contemple paisiblement, ou celui qui descend dans l'arène et prend part au combat ?
    (Histoire de Pendennis, t.2, trad. Édouard Scheffter, p.273, Hachette, 1858)
     
  22. [...] Le sommeil, ce fortifiant généreux qui nous permet d'envisager la tâche du jour avec un nouveau courage ! Belle loi de la Providence, qui crée le repos comme elle ordonne le travail !
    (Histoire de Pendennis, t.2, trad. Édouard Scheffter, p.311, Hachette, 1858)
     
  23. Les figures poétiques vivent dans notre mémoire tout autant que les personnages réels.
    (Histoire de Pendennis, t.2, trad. Édouard Scheffter, p.327, Hachette, 1858)
     
  24. Il n'est pas une femme dont le coeur ne soit accessible aux grâces aimables de l'enfance ; les humeurs les plus revêches sont toujours prêtes à se dérider en présence de ces petits êtres si charmants et si mutins.
    (La foire aux vanités, t.2, trad. Guiffrey, p.131, Hachette, 1864)
     
  25. [...] Il faut montrer les uns pour les autres beaucoup de charité et de tolérance, c'est le seul moyen de rendre la vie supportable.
    (La foire aux vanités, t.2, trad. Guiffrey, p.221, Hachette, 1864)
     
  26. Si vous avez vu des enfants pleurer pour se rendre à l'école, n'attribuez point cette sensibilité à un motif de tendresse et d'affection ; s'ils pleurent, c'est qu'ils voient devant eux l'ennui de la classe et du travail.
    (La foire aux vanités, t.2, trad. Guiffrey, p.284, Hachette, 1864)
     
  27. Le vieillard marchait très doucement, et il en profita pour raconter à son compagnon une foule d'anciennes histoires sur lui, sur sa pauvre chère épouse, sur sa prospérité passée, et enfin sur sa banqueroute. Ses pensées, comme cela arrive toujours pour les vieillards dont la mémoire faiblit, se reportaient toutes au premier temps de la vie, et le passé pour lui se résumait à peu de chose près dans la catastrophe qu'il avait subie.
    (La foire aux vanités, t.2, trad. Guiffrey, p.315, Hachette, 1864)
     
  28. De tous les vices qui dégradent la nature humaine, l'égoïsme est le plus odieux et le plus méprisable. Un amour exagéré de soi-même conduit aux crimes les plus monstrueux et occasionne les plus grands malheurs dans les États comme dans les familles. Un homme égoïste appauvrit sa famille et cause souvent sa ruine, tout comme un monarque égoïste cause la ruine de son peuple en le précipitant dans la guerre.
    (La foire aux vanités, t.2, trad. Guiffrey, p.317, Hachette, 1864)
     
  29. Ce n'est jamais du premier bond que l'on arrive au dernier degré de l'infamie et de la dégradation ; mais on y descend par une pente insensible en dépit de tous les efforts pour se retenir.
    (La foire aux vanités, t.2, trad. Guiffrey, p.376, Hachette, 1864)
     
  30. Depuis Adam, il n'y a guère eu de méfait en ce monde où une femme ne soit entrée pour quelque chose.
    (Mémoires de Barry Lyndon du Royaume d'Irlande, trad. Léon de Wailly, p.1, Hachette, 1867)
     
  31. Mais ce monde est bien variable ! quand nous considérons combien grands nous semblent nos chagrins, et combien petits ils sont en réalité, combien nous sommes persuadés que nous mourrons de douleur, et combien vite nous oublions, m'est avis que nous devrions être honteux de notre humeur volage. Car, après tout, quel besoin a le temps de nous apporter des consolations ?
    (Mémoires de Barry Lyndon du Royaume d'Irlande, trad. Léon de Wailly, p.30, Hachette, 1867)
     
  32. Les grands et les riches sont accueillis avec un sourire sur le grand escalier du monde ; celui qui est pauvre, mais ambitieux, doit grimper par-dessus le mur, ou se frayer des pieds et des mains un passage par l'escalier de derrière, ou, pardi, se hisser par quelque conduit de la maison, si sale et si étroit qu'il puisse être, pourvu qu'il mène en haut. Le paresseux sans ambition prétend que la chose n'en vaut pas la peine, se refuse entièrement à la lutte, et se décerne le nom de philosophe.
    (Mémoires de Barry Lyndon du Royaume d'Irlande, trad. Léon de Wailly, p.137, Hachette, 1867)
     
  33. Moi, qui ai plus vu de la vie que la plupart des hommes, si j'avais un fils, je le supplierais à genoux d'éviter la femme, qui est pire que le poison. Ayez une intrigue, et toute votre vie est en danger : vous ne savez pas quand le mal peu tomber sur vous, et ce qu'un moment de folie peut causer de malheurs à des familles entières, et amener de ruine sur d'innocentes têtes qui vous sont parfaitement chères.
    (Mémoires de Barry Lyndon du Royaume d'Irlande, trad. Léon de Wailly, p.144, Hachette, 1867)
     
  34. Que l'homme qui a sa fortune à faire se rappelle cette maxime : Attaquer est l'unique secret. Osez, et le monde cède toujours ; ou s'il vous bat quelquefois, osez de nouveau, et il succombera.
    (Mémoires de Barry Lyndon du Royaume d'Irlande, trad. Léon de Wailly, p.180, Hachette, 1867)
     
  35. [...] Ceux-là sont les plus jaloux qui donnent eux-mêmes le plus de sujets de jalousie.
    (Mémoires de Barry Lyndon du Royaume d'Irlande, trad. Léon de Wailly, p.223, Hachette, 1867)
     
  36. C'est étonnant combien la richesse donne de vertus à un homme, ou, au moins, leur sert de vernis et de lustre, et en fait ressortir le brillant et le coloris d'une façon dont on n'avait pas d'idée quand l'individu était plongé dans la froide et grise atmosphère de la pauvreté.
    (Mémoires de Barry Lyndon du Royaume d'Irlande, trad. Léon de Wailly, p.229, Hachette, 1867)
     
  37. La société a ses lois et son code à elle, ni plus ni moins que les gouvernements, et l'on doit s'y conformer, quand, d'autre part, on prétend faire son profit des règles établies pour le bien-être général.
    (Le livre des snobs, trad. Guiffrey, p.12, Hachette, 1873)
     
  38. Est pour nous gentilhomme qui a de l'honneur, de la loyauté, de la générosité, de la bravoure dans le coeur, de la droiture dans l'esprit, et qui, réunissant toutes ces qualités, sait les développer avec une grâce que nul n'aurait à sa sa place.
    (Le livre des snobs, trad. Guiffrey, p.16, Hachette, 1873)