Raymond Carver
1939-1988
  1. Ton coeur, je le connais comme ma poche, ne l'oublie pas. C'est une jungle, une forêt noire. Une vraie poubelle, en un mot.
    (Intimité, in Les trois roses jaunes, Folio n° 2138, trad. François Lasquin, p.71)
     
  2. Ah chéri, je suis restée inconsolable si longtemps. Inconsolable, répète-t-elle. Inscris ce mot dans ton petit carnet. C'est le mot le plus triste du monde. Je parle d'expérience.
    (Intimité, in Les trois roses jaunes, Folio n° 2138, trad. François Lasquin, p.73)
     
  3. Je n'ai plus devant moi que le néant. Et il faut que je me débrouille avec ça. Plus de destin. Juste un enchaînement de petits faits qui n'ont d'autre sens que celui qu'on veut bien leur donner. Une vie machinale, sans objet. La vie de tout le monde.
    (Menudo, in Les trois roses jaunes, Folio n° 2138, trad. François Lasquin, p.88)
     
  4. Je voudrais être semblable à n'importe quel autre habitant de ce quartier : un type normal, banal, absolument quelconque.
    (Menudo, in Les trois roses jaunes, Folio n° 2138, trad. François Lasquin, p.89)
     
  5. En les imaginant en train de se bidonner, je n'ai pu me retenir de rire tout seul. Ah ! Ah ! Ah ! C'est exactement ce son-là que j'ai émis, assis à la table de ma cuisine : Ah ! Ah ! Ah !, comme si j'avais appris à rire dans un livre.
    (L'éléphant, in Les trois roses jaunes, Folio n° 2138, trad. François Lasquin, p.124)
     
  6. Pouët-pouët. Les historiens devraient user plus souvent de ce genre d'onomatopées. Pouët-pouët. Tut-tut. Bip-bip. Surtout dans des moments graves : juste après un massacre, ou quand un terrible fléau menace d'anéantir une nation entière. C'est à de pareils moments qu'un mot comme pouët-pouët serait utile, et même salutaire.
    (Le bout des doigts, in Les trois roses jaunes, Folio n° 2138, trad. François Lasquin, p.154)
     
  7. [...] une idée germe en moi : celle que l'autobiographie est l'histoire du pauvre.
    (Le bout des doigts, in Les trois roses jaunes, Folio n° 2138, trad. François Lasquin, p.156)
     
  8. - Suppose, suppose seulement que rien ne soit jamais arrivé. Suppose que c'était la première fois. Suppose seulement. Ça ne fait de mal à personne de supposer. Disons que rien ne s'était jamais passé entre nous, avant. [...]
    - [...] Je n'ai plus le courage de faire des suppositions comme ça. On est nés ce qu'on est.

    (La maison de Chef, in Les vitamines du bonheur, Livre de Poche Bibio n° 3120, trad. Simone Hilling, p.35)
     
  9. Elle se sentait consumée de l'intérieur, consumée d'une colère qui lui donnait l'impression d'être plus grande qu'elle-même [...]
    (C'est pas grand chose, mais ça fait du bien, in Les vitamines du bonheur, Livre de Poche Bibio n° 3120, trad. Simone Hilling, p.85)