Gustav Meyrinck
1868-1932
  1. Dès notre jeunesse nous sommes comme des agonisants dont les doigts palpent les couvertures avec inquiétude, sans savoir à quoi se raccrocher - des agonisants qui tout à coup prennent conscience que la mort est dans leur chambre et qu'elle s'inquiète bien peu de savoir s'ils joignent les mains ou serrent les poings.
    (Le cardinal Napellus, Éd. Retz-Franco Maria Ricci, trad. Marcel Schneider, p.17)
     
  2. [...] la science est une chose accessoire... Appelez-la de son véritable nom: la science n'est pour nous que prétexte; pour faire quelque chose, n'importe quoi. La vie, la terrible, l'horrible vie nous a desséché l'âme, elle nous a violé notre propre moi intime et, pour ne pas devoir gémir sans cesse dans notre détresse, nous courons après des caprices d'enfant, pour oublier ce que nous avons perdu. Seulement pour oublier! Mais nous n'arrivons pas à nous tromper nous-même.
    (Le cardinal Napellus, Éd. Retz-Franco Maria Ricci, trad. Marcel Schneider, p.22)
     
  3. [...] tout acte que nous accomplissons a un second sens magique, nous ne pouvons rien accomplir qui ne soit magique...
    (Le cardinal Napellus, Éd. Retz-Franco Maria Ricci, trad. Marcel Schneider, p.22)
     
  4. Je compris avec épouvante que ma vie entière avait consisté à attendre, toutes les formes de l'attente, et seulement à attendre dans une sorte de perpétuelle hémorragie, et que tout le temps qui me restait pour percevoir le présent ne pouvait plus se compter qu'en heures. Le contenu de ma vie m'apparut pareil à une bulle de savon qui éclatait devant moi. Je vous le déclare: quoi que nous fassions en ce bas monde engendre une nouvelle attente, un nouvel espoir. L'univers est imprégné du souffle pestilentiel qui s'exhale de la lente agonie d'un présent à peine né. Qui n'a jamais ressenti l'énervante faiblesse qui nous submerge dans le salon d'attente d'un médecin, d'un avocat, d'un fonctionnaire? C'est cela que nous appelons la vie: c'est le salon d'attente de la mort.
    (Les sangsues du temps, Éd. Retz-Franco Maria Ricci, trad. Marcel Schneider, p.47)
     
  5. [...] la plus insigne perfidie du Diable est de faire croire qu'il n'existe pas.
    (Les sangsues du temps, Éd. Retz-Franco Maria Ricci, trad. Marcel Schneider, p.48)
     
  6. [...] l'homme ne représente en lui-même qu'une chose à moitié faite, quelque chose qui est destiné à devenir un jour un mécanisme d'horlogerie.
    (Les quatres frères du la lune. Un document, Éd. Retz-Franco Maria Ricci, trad. Marcel Schneider, p.59)
     
  7. Dans l'univers entier, il n'existe pas une seule chose qui soit.
    (Les quatres frères du la lune. Un document, Éd. Retz-Franco Maria Ricci, trad. Marcel Schneider, p.60)
     
  8. Les influences qu'on n'arrive pas à discerner sont les plus puissantes.
    (Les quatres frères du la lune. Un document, Éd. Retz-Franco Maria Ricci, trad. Marcel Schneider, p.74)