Christophe-Martin Wieland
1733-1813
  1. Le beau [...] nous plaît par un sentiment naturel, par une délicatesse d'instinct, départie à l'homme seul, à la connaissance qu'il a de plus que toutes les autres espèces d'animaux, de ce qui est beau, gracieux et régulier. Il en résulte que l'amour du beau est, dans les arts comme dans la vie, ce qui distingue l'homme civilisé, perfectionné par la société, des sauvages et des esprits incultes.
    (De l'alliance du beau et de l'utile in Mélanges littéraires, politiques et morceaux inédits, p.65, trad. A. Loève-Veimars et Saint-Maurice, éd. Vernarel et Tenon, Paris, 1824)
     
  2. [...] Tous les arts, toutes les sciences, sans exception, doivent leur extension à cet amour inné dans l'homme du beau et du parfait. Ils ne seraient jamais parvenus à ce degré de splendeur où nous les voyons en Europe, si on les avait circonscrits dans ce qui est utile et nécessaire selon la stricte acception du mot.
    (De l'alliance du beau et de l'utile in Mélanges littéraires, politiques et morceaux inédits, p.66, trad. A. Loève-Veimars et Saint-Maurice, éd. Vernarel et Tenon, Paris, 1824)
     
  3. Une belle pensée d'un auteur original se trouve souvent tellement altérée par les traducteurs successifs, qu'elle finit par être méconnaissable même aux yeux de son père.
    (Des Traducteurs in Mélanges littéraires, politiques et morceaux inédits, p.73, trad. A. Loève-Veimars et Saint-Maurice, éd. Vernarel et Tenon, Paris, 1824)
     
  4. La liberté de la presse est l'intérêt commun de tous les hommes ; c'est à cette liberté que nous devons les lumières et la civilisation dont jouit l'Europe aujourd'hui. Qu'on nous enlève cette liberté, et les lumières disparaîtront aussitôt.
    (Des droits et des devoirs des écrivains in Mélanges littéraires, politiques et morceaux inédits, p.124, trad. A. Loève-Veimars et Saint-Maurice, éd. Vernarel et Tenon, Paris, 1824)
     
  5. La science est pour la raison humaine ce que la lumière est pour les yeux, et on ne peut pas plus cacher l'une à l'oeil de l'âme qu'on ne peut cacher l'autre à notre vue. Tout ce que nous pouvons comprendre, il nous est permis de le savoir.
    (Des droits et des devoirs des écrivains in Mélanges littéraires, politiques et morceaux inédits, p.125, trad. A. Loève-Veimars et Saint-Maurice, éd. Vernarel et Tenon, Paris, 1824)
     
  6. L'homme qui n'est pas certain de sa vocation peut se faire homme de robe, homme d'église, homme d'état, homme de guerre, tout ce qu'il voudra, mais non pas poète.
    (Le Poète in Mélanges littéraires, politiques et morceaux inédits, p.132, trad. A. Loève-Veimars et Saint-Maurice, éd. Vernarel et Tenon, Paris, 1824)
     
  7. [...] L'homme ne peut créer entièrement ; il copie la nature ou ses semblables : ainsi les chefs-d'oeuvre des arts sont toujours le cachet et le gage d'une belle nature
    (De l'idéal chez les Anciens in Mélanges littéraires, politiques et morceaux inédits, p.340, trad. A. Loève-Veimars et Saint-Maurice, éd. Vernarel et Tenon, Paris, 1824)
     
  8. Une nation doit obéir à ses lois, fussent-elles fondées sur un code goth ou lombard, aussi longtemps qu'elle n'a pas la force et les lumières nécessaires pour se donner une constitution plus conforme aux progrès de sa civilisation.
    (Sur Joseph II in Mélanges littéraires, politiques et morceaux inédits, p.393, trad. A. Loève-Veimars et Saint-Maurice, éd. Vernarel et Tenon, Paris, 1824)
     
  9. La musique est le langage des passions ; mais toutes les passions ne gagnent pas à être mises en musique.
    (De l'Opéra allemand in Mélanges littéraires, politiques et morceaux inédits, p.422, trad. A. Loève-Veimars et Saint-Maurice, éd. Vernarel et Tenon, Paris, 1824)