Jean Cocteau
1889-1963
  1. Il n'existe pas d'âmes simples.
    (Les parents terribles, p.25, Livre de Poche n°128)
     
  2. Aucune mère n'est le camarade de son fils. Le fils devine vite l'espion derrière le camarade et la femme jalouse derrière l'espion.
    (Les parents terribles, p.31, Livre de Poche n°128)
     
  3. Le temps est élastique. Avec un peu d'adresse on peut avoir l'air d'être toujours dans un endroit et être toujours dans un autre.
    (Les parents terribles, p.31, Livre de Poche n°128)
     
  4. Notre pire souffrance n'est-elle pas de ne pouvoir imaginer l'endroit où ceux que nous aimons nous évitent ?
    (Les parents terribles, p.69, Livre de Poche n°128)
     
  5. Il est indispensable de se sacrifier quelquefois. C'est l'hygiène de l'âme.
    (Les parents terribles, p.140, Livre de Poche n°128)
     
  6. Se contredire, Georges. Quel luxe ! C'est mon luxe. C'est mon désordre à moi. Laisse-le-moi.
    (Les parents terribles, p.143, Livre de Poche n°128)
     
  7. Les dieux existent : c'est le diable.
    (La machine infernale (en exergue), p.7, Livre de Poche n°854)
     
  8. Pour que les dieux s'amusent beaucoup, il importe que leur victime tombe de haut.
    (La machine infernale, p.12, Livre de Poche n°854)
     
  9. Le temps des hommes est de l'éternité pliée.
    (La machine infernale, p.107, Livre de Poche n°854)
     
  10. Beaucoup d'hommes naissent aveugles et ils ne s'en aperçoivent que le jour où une bonne vérité leur crève les yeux.
    (La machine infernale, p.115, Livre de Poche n°854)
     
  11. Apprenez que tout ce qui se classe empeste la mort. Il faut se déclasser, Tirésias, sortir du rang. C'est le signe des chefs-d'oeuvre et des héros. Un déclassé, voilà ce qui étonne et ce qui règne.
    (La machine infernale, p.131, Livre de Poche n°854)
     
  12. Il fait beau croire aux prodiges lorsque les prodiges nous arrangent et lorsque les prodiges nous dérangent, il fait beau ne plus y croire et que c'est un artifice du devin.
    (La machine infernale, p.139, Livre de Poche n°854)
     
  13. C'est une chance de ne pas ressembler à ce que le monde nous croit.
    (Les monstres sacrés, p.25, in Théâtre 2, Gallimard nrf)
     
  14. Il y a trente-cinq ans qu'on me répète à propos de tout : vous verrez... vous verrez. Je n'ai rien vu.
    À rapprocher du célèbre mot d'Érik Satie : " Toute ma jeunesse on me disait: Vous verrez quand vous aurez 50 ans. J'ai 50 ans. Je n'ai rien vu. " Cocteau connaissait bien Satie qui avait composé la musique de PARADE. [GGJ]

    (Les monstres sacrés, p.53, in Théâtre 2, Gallimard nrf)
     
  15. À force de ne jamais réfléchir, on a un bonheur stupide.
    (Les monstres sacrés, p.59, in Théâtre 2, Gallimard nrf)
     
  16. Paradoxe ! Quand la vérité sort, c'est le nom qu'elle porte.
    (Les monstres sacrés, p.79, in Théâtre 2, Gallimard nrf)
     
  17. Le passé Liane, c'est du présent devenu vieux.
    (Les monstres sacrés, p.84, in Théâtre 2, Gallimard nrf)
     
  18. Le bonheur est une longue patience...
    (Les monstres sacrés, p.94, in Théâtre 2, Gallimard nrf)
     
  19. Les femmes qui disent qu'elles aiment, aiment qu'on les aime.
    (La machine à écrire, p.157, in Théâtre 2, Gallimard nrf)
     
  20. SOLANGE : Je vous croyais amoureuse de Pascal.
    MARGOT : On n'est pas amoureuse de Pascal. On aime Pascal...

    (La machine à écrire, p.172, in Théâtre 2, Gallimard nrf)
     
  21. Ceux qui ne font pas les choses les racontent. Ceux qui les font se taisent.
    (La machine à écrire, p.204, in Théâtre 2, Gallimard nrf)
     
  22. Le destin n'aime pas qu'on embrouille son fil.
    (Renaud et Armide, p.235, in Théâtre 2, Gallimard nrf)
     
  23. Pour exprimer son âme, on n'a que son visage.
    (Renaud et Armide, p.61, in Théâtre 2, Gallimard nrf)
     
  24. La prière et l'amour ont les mêmes secrets.
    (Renaud et Armide, p.282, in Théâtre 2, Gallimard nrf)
     
  25. Il me fallait inventer l'histoire, le lieu, les personnages, les héros, capables de donner le change et propres à flatter ce goût de reconnaître que le public préfère à celui de connaître, sans doute parce qu'il exige un moindre effort.
    (L'aigle à deux têtes (préface), p.301, in Théâtre 2, Gallimard nrf)
     
  26. Ne ressembler à rien. Ne ressembler à personne. Il n'existe pas d'éloge qui puisse me toucher davantage.
    (L'aigle à deux têtes, p.331, in Théâtre 2, Gallimard nrf)
     
  27. C'est en faisant un peu les choses qu'on arrive à ne rien faire du tout.
    (L'aigle à deux têtes, p.364, in Théâtre 2, Gallimard nrf)
     
  28. Le vrai drame, c'est la distance et que les êtres ne se connaissent pas.
    (L'aigle à deux têtes, p.385, in Théâtre 2, Gallimard nrf)
     
  29. Le silence fait plus peur que les cris.
    (Antigone, p.53, Folio n°908)
     
  30. Une mise en scène est un suicide. Son rôle se borne à réveiller quelques dormeurs.
    (Antigone (postface), p.59, Folio n°908)
     
  31. Le véritable symbole n'est jamais prévu. Il se dégage tout seul, pour peu que le bizarre, l'irréel, n'entrent pas en ligne de compte.
    (Les mariés de la Tour Eiffel (préface), p.63, Folio n°908)
     
  32. L'homme fat trouve toujours un dernier refuge dans la responsabilité. Ainsi, par exemple, prolonge-t-il une guerre après que le phénomène qui la décide a pris fin.
    (Les mariés de la Tour Eiffel (préface), p.64, Folio n°908)
     
  33. Toute oeuvre vivante comporte sa propre parade.
    (Les mariés de la Tour Eiffel (préface), p.66, Folio n°908)
     
  34. Une pièce de théâtre devrait être écrite, décorée, costumée, accompagnée de musique, jouée, dansée par un seul homme. Cet athlète complet n'existe pas. Il importe donc de remplacer l'individu par ce qui ressemble le plus à un individu : un groupe amical.
    (Les mariés de la Tour Eiffel (préface), p.70, Folio n°908)
     
  35. Puisque ces mystères me dépassent, feignons d'en être l'organisateur.
    (Les mariés de la Tour Eiffel, p.87, Folio n°908)
     
  36. Les mirages sont en quelque sorte le mensonge du désert.
    (Les mariés de la Tour Eiffel, p.97, Folio n°908)
     
  37. Celui qui s'imagine avoir seul la sagesse, l'éloquence, la force, s'expose au ridicule. L'intelligence permet de se contredire.
    (Antigone, p.36, Folio n°908)