Anne Barratin (2)
1845-1911
  1. AU LECTEUR
    Étudier l'homme, le scruter dans ses pensées et dans ses actes, chercher à le connaître mieux, ce n'est pas se condamner à l'aimer moins ; c'est apprendre à le plaindre dans toutes ses défaillances, à l'excuser dans beaucoup de ses erreurs, à juger de plus près les difficultés de la lutte, et à lui tenir compte de ses efforts.

    (Chemin faisant, p.1, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  2. L'expérience est un vieux professeur qui aime moins sa science que son enseignement.
    (Chemin faisant, p.5, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  3. Penser ! c'est sentir les souffles de la vie nous pénétrer, les horizons se colorer, l'espace nous appartenir, les mondes se grouper autour de nous, les éléments invisibles nous envelopper.
    (Chemin faisant, p.5, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  4. Rêver, c'est prendre l'air dans l'infini.
    (Chemin faisant, p.6, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  5. Une tête sans imagination, un arbre sans nid d'oiseau.
    (Chemin faisant, p.6, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  6. Le bonheur est une partie de whist : en compromettant son jeu on compromet celui des autres.
    (Chemin faisant, p.6, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  7. Heureux ceux qui conservent jusqu'à l'hiver quelque cigale dans le coeur et dans la voix !
    (Chemin faisant, p.6, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  8. Il faut mourir de bas en haut.
    (Chemin faisant, p.6, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  9. Une seule chose que nous puissions donner sans l'avoir : le bonheur.
    (Chemin faisant, p.6, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  10. Nous avons le droit de regretter les services de celui qui se rappelle nous les avoir rendus.
    (Chemin faisant, p.6, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  11. Le bonheur fait quelquefois comme le beau monde, il arrive sur le tard.
    (Chemin faisant, p.7, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  12. L'espérance est la seule femme dont on aime les cheveux blancs.
    (Chemin faisant, p.7, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  13. Pour être belle ruine, on n'a pas besoin d'avoir été beau monument.
    (Chemin faisant, p.7, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  14. Je préfère les inflexibles aux impitoyables.
    (Chemin faisant, p.7, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  15. Il est plus difficile d'être grand que d'être sublime.
    (Chemin faisant, p.7, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  16. La pauvreté connaît ses plaies, mais elle a des privilèges qu'elle ne se connaît pas.
    (Chemin faisant, p.7, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  17. Les choses en leur temps ont la saveur des fruits en leur saison.
    (Chemin faisant, p.7, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  18. Ne pars avec le rêve que si tu peux rentrer avec la raison.
    (Chemin faisant, p.8, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  19. Le caprice est toujours un changement, mais le changement n'est pas toujours un caprice.
    (Chemin faisant, p.8, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  20. Un joli tableau : la jeunesse heureuse, la vieillesse résignée.
    (Chemin faisant, p.8, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  21. Trois catégories de gens autour de moi : les amis, les relations, les chaises louées.
    (Chemin faisant, p.8, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  22. Il y a quelque chose de plus triste à voir que les fleurs fanées, ce sont les fleurs qu'on arrache.
    (Chemin faisant, p.8, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  23. Une passion qui juge ressemble à la soif voulant analyser l'eau.
    (Chemin faisant, p.8, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  24. Il y a des sciences dont nous ne pouvons user et que nous ne pouvons transmettre ; et ce ne sont pas celles qui nous ont coûté le moins.
    (Chemin faisant, p.8, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  25. Reprocher à quelqu'un de ne plus nous aimer, c'est chercher querelle à qui n'entend plus.
    (Chemin faisant, p.9, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  26. Que j'aime à voir les belles nappes vertes de la vallée ! Il me semble que le soleil vient de mettre le couvert pour les indigents.
    (Chemin faisant, p.9, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  27. Il suffit d'un sourire pour nous dévoiler, d'un mot pour nous peindre.
    (Chemin faisant, p.9, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  28. La puissance sans la justice est aussi dangereuse que le plaisir sans la raison.
    (Chemin faisant, p.9, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  29. Oh ! pourquoi puis-je moins croire, puisque je puis autant aimer ?
    (Chemin faisant, p.9, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  30. Ce n'est qu'en touchant l'ortie qu'on sait qu'elle pique.
    (Chemin faisant, p.10, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  31. Imposer aux grands et se faire respecter des petits.
    (Chemin faisant, p.10, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  32. On a de la voix sans portée, comme on a de l'esprit sans autorité.
    (Chemin faisant, p.10, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  33. On a l'aplomb de ses millions bien avant d'en avoir l'esprit.
    (Chemin faisant, p.10, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  34. Si les châteaux croulent, les ruines se relèvent : le temps marche pour détruire et pour venger.
    (Chemin faisant, p.10, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  35. Il y a des choses si dures à entendre et si douces à dire !
    (Chemin faisant, p.10, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  36. Rien de plus insupportable qu'un chasseur, si ce n'est son lièvre.
    (Chemin faisant, p.10, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  37. Le hasard a sauvé plus de gens que la prudence.
    (Chemin faisant, p.11, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  38. Un beau matin est une promesse, un beau soir est une bénédiction.
    (Chemin faisant, p.11, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  39. Le fait sauve souvent l'intention.
    (Chemin faisant, p.11, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  40. L'espérance et le souvenir ne se nuisent pas plus que deux jumeaux sur les mêmes genoux.
    (Chemin faisant, p.11, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  41. Les projets sont les relais du chemin.
    (Chemin faisant, p.11, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  42. Le coeur de l'enfant est comme ces montagnes où le mineur va mettre la pioche; que donnera-t-il ? de l'or, de l'argent, ou du cuivre ?
    (Chemin faisant, p.11, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  43. Les convenances sociales sont des sottises qui ont fait leur chemin.
    (Chemin faisant, p.11, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  44. Le caprice est le revolver de la coquette.
    (Chemin faisant, p.12, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  45. Ce qu'il y a de dangereux, c'est ce qu'on ne voit pas venir.
    (Chemin faisant, p.12, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  46. Il y a des gens qu'on aime et qu'on ne supporte pas.
    (Chemin faisant, p.12, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  47. L'ennui n'est admissible qu'en société.
    (Chemin faisant, p.12, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  48. Si vous voulez punir un bavard, devancez-le.
    (Chemin faisant, p.12, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  49. Un des torts de la jeunesse, c'est qu'on ne puisse pas en faire cadeau.
    (Chemin faisant, p.12, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  50. Les feuilles mortes du coeur s'appellent déceptions.
    (Chemin faisant, p.12, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  51. Il faut avoir l'air de ne savoir que ce qu'on nous dit.
    (Chemin faisant, p.13, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  52. Plaire n'est jamais si doux que déplaire à certaines gens.
    (Chemin faisant, p.13, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  53. Il est de ces bonheurs qui défient le rêve.
    (Chemin faisant, p.13, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  54. On vendait un jour de l'esprit sur le marché d'Athènes, mais tous s'en trouvant, personne ne se présenta pour en acheter.
    (Chemin faisant, p.13, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  55. Le goût est à l'art ce que le jugement est à l'esprit.
    (Chemin faisant, p.13, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  56. La seule phrase que le bavard ne puisse dire : Je ne sais pas.
    (Chemin faisant, p.13, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  57. Un homme sans opinion : un logement toujours prêt aux mauvais locataires.
    (Chemin faisant, p.13, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  58. Il faut se juger à jeun, et juger les autres après dîner. =
    (Chemin faisant, p.14, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  59. Bien agir se passe de bien penser, mais non bien penser de bien agir.
    (Chemin faisant, p.14, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  60. Un marché aux fleurs me fait toujours l'effet d'un champ de rêves humains.
    (Chemin faisant, p.14, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  61. J'irai bâiller à Londres, souper à Madrid, rire à Paris, discuter à Munich, dépenser à Pétersbourg, pleurer à Rome, oublier à Venise, aimer partout où je trouverai un coeur à aimer.
    (Chemin faisant, p.14, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  62. On n'est jamais assez petit chez les autres ni assez grand chez soi.
    (Chemin faisant, p.14, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  63. L'esprit a la foi, le coeur a l'amour.
    (Chemin faisant, p.14, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  64. Le bon désir qui ne décuple pas nos forces est comme le fruit qui sèche au lieu de mûrir.
    (Chemin faisant, p.15, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  65. Chaque fois que nous nous faisons servir, prenons garde d'abaisser notre semblable et d'avilir en lui notre dignité.
    (Chemin faisant, p.15, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  66. Ce qui est encore plus lourd que de s'ennuyer c'est de voir s'ennuyer les autres.
    (Chemin faisant, p.15, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  67. Quelque chose doit être plus exigeant que nous-même, c'est notre dignité.
    (Chemin faisant, p.15, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  68. Si notre inexactitude n'est point corrigée par l'exactitude d'autrui, elle ne le sera jamais.
    (Chemin faisant, p.15, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  69. Charmer, c'est conquérir sans bruit.
    (Chemin faisant, p.15, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  70. Un titre ressemble à une perruque ; il faut qu'il soit posé droit.
    (Chemin faisant, p.16, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  71. Il est bien difficile d'être adroit dans le malheur, mais il n'est pas rare d'être maladroit dans le bonheur.
    (Chemin faisant, p.16, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  72. Comme toutes les courses, la vie est surtout difficile à finir.
    (Chemin faisant, p.16, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  73. Vous êtes un original pour tous ceux qui ne peuvent vous suivre.
    (Chemin faisant, p.16, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  74. On espère devant une jeune figure, mais on pense devant une vieille.
    (Chemin faisant, p.16, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  75. J'aime la fleur qui cherche son terrain, le baiser qui choisit sa joue.
    (Chemin faisant, p.16, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  76. Il n'est pas de grand coeur sans abandon, ni de grand caractère sans retenue.
    (Chemin faisant, p.17, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  77. Deux choses difficiles aux artistes, forcer le silence par le succès ou savoir s'en passer.
    (Chemin faisant, p.17, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  78. Pourquoi ne pas appeler le sexe masculin le sexe-loi ?
    (Chemin faisant, p.17, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  79. Un niais vit sans voir, un sot voit sans comprendre.
    (Chemin faisant, p.17, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  80. La justice a le droit de me faire souffrir et ne me laisse que celui de l'en louer.
    (Chemin faisant, p.17, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  81. Le souvenir est un cimetière où les morts se tiennent debout.
    (Chemin faisant, p.17, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  82. Ce qui glorifie le talent c'est qu'il est synonyme de persévérance.
    (Chemin faisant, p.17, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  83. La vraie tolérance consiste à voir large sans perdre la mesure.
    (Chemin faisant, p.18, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  84. On n'apprend pas à sentir, donc on n'apprend pas le tact.
    (Chemin faisant, p.18, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  85. Est-il plus facile de vaincre une antipathie que de maîtriser une sympathie ?
    (Chemin faisant, p.18, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  86. Une antipathie commune nous lie presque autant qu'une sympathie partagée
    (Chemin faisant, p.18, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  87. Une indiscrétion permise : la pénétration.
    (Chemin faisant, p.18, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  88. Il y a le littérateur et le littérâtre, comme il y a l'homme beau et le bellâtre.
    (Chemin faisant, p.18, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  89. Une des bonnes jouissances d'Adam : avoir pensé dans un monde tout neuf et tout silencieux.
    (Chemin faisant, p.18, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  90. Il y a des yeux qui demandent et d'autres qui prennent.
    (Chemin faisant, p.19, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  91. Il faut quelquefois être indiscret pour être assez affectueux.
    (Chemin faisant, p.19, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  92. Considère l'humanité comme un malade pour t'étonner peu et supporter beaucoup.
    (Chemin faisant, p.19, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  93. Nous prenons quelquefois les gens en horreur en raison de ce que notre imprudence leur a confié.
    (Chemin faisant, p.19, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  94. Que de gens, pour se plaindre, n'attendent que la complaisance d'un écho !
    (Chemin faisant, p.19, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  95. Les conquérants veulent des témoins, voilà pourquoi les conquêtes sur nous-même nous affriandent peu.
    (Chemin faisant, p.19, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  96. Il vaut mieux chanter avec son esprit qu'avec son coeur, parce qu'en chantant le coeur peut finir par se prendre au sérieux.
    (Chemin faisant, p.19, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  97. Une activité inoccupée souffre plus qu'une paresse qui s'emploie.
    (Chemin faisant, p.20, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  98. Folie réussie ne justifie pas la folie.
    (Chemin faisant, p.20, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  99. Être grand, c'est avoir dépassé le niveau de la faiblesse sans l'avoir oublié.
    (Chemin faisant, p.20, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  100. Ne prenons pas nos dons pour des mérites, prenons plutôt nos mérites pour des dons.
    (Chemin faisant, p.20, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  101. Ne blâmons que ce qui est mal, et non ce qui est étrange; l'étrange a parfois tant souffert !
    (Chemin faisant, p.20, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  102. De la jeunesse de reste, c'est souvent plus gênant qu'une vieillesse précoce.
    (Chemin faisant, p.20, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  103. Sagesse ne veut pas plus dire cheveux blancs que cheveux blancs sagesse.
    (Chemin faisant, p.21, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  104. Un rêve est un capital placé sur la déception.
    (Chemin faisant, p.21, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  105. Quand la tâche ne nous grandit pas, elle nous écrase.
    (Chemin faisant, p.21, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  106. Mets ton or près de ton coeur, et tu verras combien peu il a le pouvoir de consoler.
    (Chemin faisant, p.21, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  107. Il est des gens qui ont peur d'un souvenir comme d'un mort : plutôt craindre une espérance comme un vivant.
    (Chemin faisant, p.21, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  108. Les patiences accumulées, comme les rivières endiguées, produisent les plus grands débordements.
    (Chemin faisant, p.21, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  109. Les philosophes sont bien plus facilement amoureux que les amoureux philosophes.
    (Chemin faisant, p.21, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  110. Un homme qui rêve, c'est généralement le feu qui commence à prendre à la maison.
    (Chemin faisant, p.22, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  111. Les Anglais ont inventé le mot « shocking » pour les autres plus que pour eux-mêmes, les inventeurs ne profitant pas toujours de leurs inventions.
    (Chemin faisant, p.22, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  112. Les compagnons du rêve sont comme les compagnons de la débauche ; au réveil, on leur en veut toujours un peu.
    (Chemin faisant, p.22, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  113. Que tu le veuilles ou que tu ne le veuilles pas, si je suis estimable je t'impose l'estime.
    (Chemin faisant, p.22, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  114. Il y a de ces choses qu'on dit pour qu'elles ne nous soient jamais redites; c'est a l'amitié de les sentir et de les respecter.
    (Chemin faisant, p.22, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  115. On espère quelquefois moins par espérance que par besoin d'espérer.
    (Chemin faisant, p.22, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  116. Le spectacle d'une force qui faiblit n'afflige que les grandes âmes ; elle console les petites.
    (Chemin faisant, p.23, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  117. Les gens qui font de l'égoïsme d'ensemble, s'entendent comme d'excellents musiciens.
    (Chemin faisant, p.23, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  118. La nature nous donnant quelquefois toutes les tendresses, nous demande toutes les forces.
    (Chemin faisant, p.23, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  119. Il y a bien moins de manières d'être honnête femme que d'être bon mari.
    (Chemin faisant, p.23, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  120. Il est des âmes qui attirent et font peur; elles donnent la sensation d'un précipice.
    (Chemin faisant, p.23, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  121. Le bonheur n'est pas plus une question de mérite que l'amour n'est une question de beauté.
    (Chemin faisant, p.23, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  122. Quand une femme a permis la seconde liberté, elle a autorisé la dernière.
    (Chemin faisant, p.24, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  123. Est-ce par oubli que la plupart des veuves se remarient, ou par souvenir ?
    (Chemin faisant, p.24, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  124. Les hommes sont comme les enfants ; ils sentent quelquefois le besoin d'aller dîner à la cuisine.
    (Chemin faisant, p.24, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  125. Certains hommages donnent la sensation d'un gigot après dîner.
    (Chemin faisant, p.24, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  126. Une femme qui n'a peur de rien, est aussi antipathique qu'un homme qui à peur de tout.
    (Chemin faisant, p.24, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  127. Simplement jeune, franchement vieille, doucement belle, discrètement riche.
    (Chemin faisant, p.24, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  128. Il y a bien des manières d'être jolie, il n'y a qu'une manière d'être digne.
    (Chemin faisant, p.25, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  129. Il faut être aimée à son goût, et louée au goût des autres.
    (Chemin faisant, p.25, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  130. Être prise pour son argent, et encore quand on en a pour son argent !
    (Chemin faisant, p.25, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  131. La coquette grignote l'amour.
    (Chemin faisant, p.25, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  132. Le bruit des pas qu'on aime est le plus cher des bruits.
    (Chemin faisant, p.25, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  133. En amour, toi et moi forment un pronom de la même personne.
    (Chemin faisant, p.25, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  134. Vaut-il mieux être la première ou la dernière fleur du papillon ?
    (Chemin faisant, p.25, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  135. L'homme qui nous oublie nous rend souvent un signalé service.
    (Chemin faisant, p.26, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  136. L'Amour à l'Amitié : Ôte-toi de là que je m'y mette ! Mets-toi là que je m'en aille !
    (Chemin faisant, p.26, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  137. Quelle est la femme qui n'a pas rêvé d'habiter quelques instants l'âme de son mari ?
    (Chemin faisant, p.26, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  138. En vieillissant il faut s'arranger de ce qui reste, sans songer à ce qu'il y avait.
    (Chemin faisant, p.26, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  139. Si j'étais jeune, je dirais : Le bouquet que tu m'offres, à qui pensais-tu quand tu l'as cueilli ?
    (Chemin faisant, p.26, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  140. Flair de femme se trompe encore moins que palais de gourmand.
    (Chemin faisant, p.26, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  141. La physionomie est comme l'atout de la laideur; la nature semble lui dire : Tâche avec cela de gagner ta partie.
    (Chemin faisant, p.26, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  142. Ne sois pas chose, ô femme ! même dans les mains de celui que tu aimes ; sois être.
    (Chemin faisant, p.27, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  143. Aimer et jouer l'indifférence, le plus difficile de tous les jeux.
    (Chemin faisant, p.27, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  144. Il ne faut que trois violettes pour parfumer une chambre, il ne faut qu'un regard pour changer le cours d'une vie.
    (Chemin faisant, p.27, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  145. Chaque amoureux croit prendre un brevet d'invention.
    (Chemin faisant, p.27, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  146. Si la beauté nous donne des succès, l'intelligence nous donne des revanches.
    (Chemin faisant, p.27, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  147. Les heures nous restent pour pleurer les instants.
    (Chemin faisant, p.27, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  148. Même quand on croit avoir conquis le bonheur, il faut savoir le perdre.
    (Chemin faisant, p.28, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  149. Qu'est-ce que le découragement ? Une intermittence de l'espérance.
    (Chemin faisant, p.28, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  150. Le coeur n'a pas besoin d'attendre le soir pour avoir fait sa journée.
    (Chemin faisant, p.28, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  151. On est encore riche avec des regrets, puisqu'il y a des remords.
    (Chemin faisant, p.28, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  152. Il est encore plus consolant de voir le vice puni que la vertu récompensée.
    (Chemin faisant, p.28, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  153. Tous les bonheurs qui se connaissent, comme toutes les vertus qui s'ignorent, ont chance de durer.
    (Chemin faisant, p.28, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  154. On est généralement plus content d'avoir dit la vérité que de l'avoir entendue.
    (Chemin faisant, p.29, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  155. Tous les bonheurs se paient, si tous les malheurs ne se méritent pas.
    (Chemin faisant, p.29, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  156. C'est le coeur qu'on tend souvent au collier, et pas toujours le cou.
    (Chemin faisant, p.29, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  157. Pourquoi craint-on sa conscience ? Parce que c'est un créancier.
    (Chemin faisant, p.29, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  158. Les larmes, en confondant les castes, démentent les préjugés.
    (Chemin faisant, p.29, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  159. Qu'il y a de genres de solitudes produites par cet état unique : être seul !
    (Chemin faisant, p.29, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  160. La plus riche de toutes les vertus : le détachement.
    (Chemin faisant, p.30, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  161. On revient de bien des choses, mais on revient encore plus de bien des gens.
    (Chemin faisant, p.30, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  162. Les larmes sont comme le collier de perles : moins il y en a, plus on y croit.
    (Chemin faisant, p.30, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  163. Être bon n'est un mérite que quand on est né méchant.
    (Chemin faisant, p.30, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  164. Ne nous fait pas souffrir qui veut.
    (Chemin faisant, p.30, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  165. Pour être bien rempli, chaque jour de notre vie doit avoir entrevu le dernier.
    (Chemin faisant, p.30, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  166. Il faut considérer la joie comme une étrangère, et la peine comme une fille de la maison.
    (Chemin faisant, p.30, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  167. Il faut se sentir d'aplomb sur sa morale, comme un cavalier sur son étrier.
    (Chemin faisant, p.31, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  168. Mets le ciel dans ta vie, pour retrouver ta vie dans le ciel.
    (Chemin faisant, p.31, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  169. Il faut, dans toutes nos actions, donner tant pour cent à la mort, et lui faire en sus quelques cadeaux.
    (Chemin faisant, p.31, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  170. Il y a de ces âmes qui font à notre âme ce que le bruit de l'eau fait à notre corps fatigué; même de loin elles nous rafraîchissent.
    (Chemin faisant, p.31, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  171. L'espérance et le souvenir m'ont trompée tous les deux, sans que j'aie pu me corriger ni de me souvenir ni d'espérer.
    (Chemin faisant, p.31, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  172. Les miettes deviennent bonnes quand on n'a plus de morceaux.
    (Chemin faisant, p.31, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  173. Pour aimer il faut un coeur, pour consoler il faut une âme et un coeur.
    (Chemin faisant, p.32, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  174. Le temps est le tunnel qui conduit au grand jour.
    (Chemin faisant, p.32, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  175. Oui ! promesses humaines, c'est vous qui nous avez appris le mensonge et la duplicité.
    (Chemin faisant, p.32, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  176. Souviens-toi d'occuper ton esprit, de conduire ton coeur, de respecter ta raison.
    (Chemin faisant, p.32, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  177. Craindre après la chute c'est être sage, craindre avant la chute c'est être saint.
    (Chemin faisant, p.32, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  178. Chaque douleur que je supporte me laisse dans l'âme un orgueil inconscient dont mon humilité ne rougit pas.
    (Chemin faisant, p.32, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  179. Il y a des gens qui nous font trouver le ciel bien haut.
    (Chemin faisant, p.33, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  180. Une preuve de l'estime de Dieu pour l'homme, c'est d'avoir voulu qu'il conquît le ciel par l'effort.
    (Chemin faisant, p.33, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  181. Combien il faut que le ciel soit riche pour remplacer à lui seul la foi et l'espérance qui n'existeront plus !
    (Chemin faisant, p.33, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  182. Le devoir, c'est l'amour de Dieu sous tous les noms.
    (Chemin faisant, p.33, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  183. Deux espèces de gens redoublent notre ferveur : les impies par pitié, les saints par admiration.
    (Chemin faisant, p.33, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  184. Vivons les mains ouvertes pour mourir les mains pleines.
    (Chemin faisant, p.33, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  185. Ce qui distingue l'homme, c'est moins la manière de pécher que la manière de se repentir.
    (Chemin faisant, p.34, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  186. Quel luxe de conscience que de pouvoir attendre la mort tous les jours !
    (Chemin faisant, p.34, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  187. La vertu n'est pas l'ennemie de nos joies puisqu'elle les rationne.
    (Chemin faisant, p.34, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  188. Souffrir serait encore plus dur si faire souffrir n'existait pas.
    (Chemin faisant, p.34, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  189. Étrange effet de la douleur : je suis bien où j'étais mal, je suis mal où j'étais bien.
    (Chemin faisant, p.34, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  190. La douleur est comme la noblesse; elle n'accepte de comparaison qu'avec ses pairs.
    (Chemin faisant, p.34, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  191. Comme on serait moins fier de sa supériorité, si on ne l'était qu'en raison du bonheur qu'elle nous donne !
    (Chemin faisant, p.34, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  192. Toutes les vertus ont leur mise en scène, même le courage.
    (Chemin faisant, p.35, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  193. Sur la litière de la douleur on fait encore des envieux.
    (Chemin faisant, p.35, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  194. Le riche qui se plaint oublie sa béquille : l'argent.
    (Chemin faisant, p.35, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  195. En fait de plaisirs, il n'y a de charmant que ce qui ne dure pas trop.
    (Chemin faisant, p.35, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  196. La bêtise n'est pas un vice puisqu'elle peut encore mériter l'estime.
    (Chemin faisant, p.35, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  197. On a la foi sans la résignation, mais on a plus rarement la résignation sans la foi.
    (Chemin faisant, p.36, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  198. L'ordre est l'harmonie des choses, le bonheur est l'harmonie des êtres.
    (Chemin faisant, p.36, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  199. La modération est l'arme des forts.
    (Chemin faisant, p.36, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  200. Obtenir, c'est bien plus souvent oser que mériter.
    (Chemin faisant, p.36, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  201. Il n'est rien comme certaines fidélités pour faire valoir l'indifférence.
    (Chemin faisant, p.39, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  202. L'oubli est le plus sincère de tous les pardons.
    (Chemin faisant, p.39, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  203. Considère toujours ton projet comme un enfant de sept mois.
    (Chemin faisant, p.39, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  204. Se déchaîner contre la vie, c'est aboyer contre son maître.
    (Chemin faisant, p.39, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  205. Le souvenir me semble être de plus noble race que l'espérance.
    (Chemin faisant, p.40, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  206. On est juste sans être bon, et l'on est bon sans être juste : qu'est-ce donc que la justice ? une rectitude de l'esprit.
    (Chemin faisant, p.40, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  207. Être amoureux, c'est avoir perdu pied complètement.
    (Chemin faisant, p.40, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  208. Être amoureux, c'est commencer à être infirme et ne pouvoir plus marcher qu'à deux.
    (Chemin faisant, p.40, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  209. L'inexact est un égoïste qui fait passer son petit bien-être avant les convenances d'autrui.
    (Chemin faisant, p.40, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  210. Les millions parlent mal quand ils se mêlent de la conversation.
    (Chemin faisant, p.40, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  211. Le prêt est le plus ingrat dé tous les dons.
    (Chemin faisant, p.41, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  212. L'imagination ? Appelle-la, elle fuit; fuis-la, elle vient; tiens-la, elle s'échappe; ne lui parle pas, elle interroge : crois-moi, aie toujours son couvert à ta table, sans la solliciter jamais.
    (Chemin faisant, p.41, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  213. Les hommes croient aimer, ils désirent.
    (Chemin faisant, p.41, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  214. Le coeur ? le plus encombrant de tous les amis.
    (Chemin faisant, p.41, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  215. La louange a bien des manières de se faire payer ses caresses.
    (Chemin faisant, p.41, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  216. Aimer, c'est chercher à égaler.
    (Chemin faisant, p.41, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  217. La sérénité des vieux est un enseignement pour les jeunes.
    (Chemin faisant, p.41, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  218. Il n'y a d'être inutile que celui qui le veut bien.
    (Chemin faisant, p.42, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  219. Le silence est un mépris, un moyen, un art, une paresse, une crainte, ou une dignité : il joue tous les rôles sous le même habit.
    (Chemin faisant, p.42, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  220. Il n'est pas rare de voir la calomnie, comme l'adultère, punie dans plusieurs générations.
    (Chemin faisant, p.42, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  221. On sort de la douleur comme on sort d'un antre obscur, toujours un peu surpris.
    (Chemin faisant, p.42, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  222. On ne se noie pas à la même profondeur de l'eau, on ne se blase pas à la même hauteur de la coupe.
    (Chemin faisant, p.42, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  223. Le monde est impitoyable, surtout à ceux-là qui le craignent.
    (Chemin faisant, p.42, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  224. Se venger ! Est-ce cicatriser sa plaie ?
    (Chemin faisant, p.43, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  225. Qui fait des admirateurs fait des disciples.
    (Chemin faisant, p.43, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  226. Le conseil est une sorte de paternité ; il engage celui qui le donne.
    (Chemin faisant, p.43, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  227. Le désir n'est pas toujours un coupable, mais c'est toujours un gourmand.
    (Chemin faisant, p.43, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  228. Quand nous vieillissons, les souvenirs nous entourent comme les lierres entourent les vieilles maisons.
    (Chemin faisant, p.43, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  229. Avoir l'air convaincu, n'est-ce pas la plus aimable de nos politesses ?
    (Chemin faisant, p.43, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  230. Nos goûts sont généralement servis avant nos devoirs.
    (Chemin faisant, p.43, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  231. La sympathie a le don de subite naturalisation.
    (Chemin faisant, p.44, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  232. L'art et la vertu s'acquièrent par pièces et par morceaux.
    (Chemin faisant, p.44, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  233. Nos prétentions augmentent bien plus en raison de nos succès, qu'en raison de nos mérites.
    (Chemin faisant, p.44, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  234. On ne peut bien consoler que ce qu'on comprend, mais on peut aimer ce qu'on ne comprend pas.
    (Chemin faisant, p.44, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  235. Une année sans printemps ressemble à une jeunesse sans amour : il lui manque toujours quelque chose.
    (Chemin faisant, p.44, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  236. Aimer un pays plus que le sien, c'est voler sa mère pour faire l'aumône. ^
    (Chemin faisant, p.44, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  237. Il ne faut pas permettre aux mauvais outils de nous dégoûter du travail ni de l'oeuvre.
    (Chemin faisant, p.45, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  238. Un intime reproche : l'accomplissement de notre devoir par un autre.
    (Chemin faisant, p.45, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  239. Que de chers petits égoïsmes, ô prudence ! se sont abrités dans ton sein !
    (Chemin faisant, p.45, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  240. L'hommage ! Le centime accepté par les plus riches mains.
    (Chemin faisant, p.45, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  241. En pensant nous sommes aussi souvent avec les pécheurs qu'avec les saints.
    (Chemin faisant, p.45, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  242. La peur est un évanouissement subit du courage.
    (Chemin faisant, p.45, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  243. Les jeunes croient facilement que nous avons toujours été vieux.
    (Chemin faisant, p.45, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  244. J'ai plus de dédain que de pitié pour les gens qui s'ennuient.
    (Chemin faisant, p.46, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  245. On ne devient pas philosophe sans blessures et sans cicatrices, bien que blessures et cicatrices ne tournent pas toutes à la philosophie.
    (Chemin faisant, p.46, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  246. Nos jouissances dépendent moins de notre éducation que de nos goûts et de nos instincts.
    (Chemin faisant, p.46, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  247. On n'offre son intimité aux gens que lorsqu'on veut accepter la leur.
    (Chemin faisant, p.46, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  248. Les gens qui ne savent pas s'en aller sont au moins aussi insupportables que ceux qu'il faut attendre.
    (Chemin faisant, p.46, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  249. La couleur est l'esprit des choses.
    (Chemin faisant, p.46, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  250. Il y a tant de manières d'être utile que le bien s'impose à chacun de nous.
    (Chemin faisant, p.47, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  251. Il est bien plus facile de vivre avec les qualités des autres qu'avec leurs vertus.
    (Chemin faisant, p.47, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  252. Il faut parler juste au chagrin ou ne pas s'en mêler : que de gens écorchent la plaie en voulant la panser !
    (Chemin faisant, p.47, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  253. Les rassasiés sont toujours les plus intolérants.
    (Chemin faisant, p.47, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  254. Le duo a été créé par la nature et le trio par la société.
    (Chemin faisant, p.47, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  255. Penser, c'est voyager à prix réduit.
    (Chemin faisant, p.47, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  256. Donner ! Aimer ! C'est la même chose sous un autre nom.
    (Chemin faisant, p.48, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  257. Que ferait le courage si la vie était facile ! Le voyez-vous vivre en se croisant les bras ?
    (Chemin faisant, p.48, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  258. Dans la douleur, derrière tout ce que nous pouvons dire, il y a tout ce que nous devons taire.
    (Chemin faisant, p.48, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  259. Une demande en mariage à un certain âge c'est le fer rouge sur notre dignité.
    (Chemin faisant, p.48, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  260. L'envieux est le plus pauvre de tous les pauvres ; il ne se réchauffe à aucun soleil, il ne se réjouit à aucun foyer; il est pauvre en naissant, pauvre en vivant, pauvre en mourant.
    (Chemin faisant, p.48, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  261. Le plus malin de tous est encore le plus soumis.
    (Chemin faisant, p.48, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  262. Traîner une peine c'est la porter deux fois.
    (Chemin faisant, p.48, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  263. Nos forces sont des témoins que nous ne consultons pas assez souvent.
    (Chemin faisant, p.48, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  264. L'hypothèque de la mort : la maladie.
    (Chemin faisant, p.49, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  265. Nos actions sont des pensées que nous mettons sur des jambes.
    (Chemin faisant, p.49, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  266. Les larmes dépouillent à la frontière terrestre toute leur humilité et arrivent à Dieu en vainqueurs.
    (Chemin faisant, p.49, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  267. Si le riche a le monde à ses pieds, il a la trahison au-dessus de sa tête.
    (Chemin faisant, p.49, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  268. Croire trop peu, c'est douloureux; croire trop, c'est dangereux.
    (Chemin faisant, p.49, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  269. Un homme riche ne doit jamais se demander pourquoi on l'aime.
    (Chemin faisant, p.49, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  270. Le pardon qu'on demande n'est généralement pas plus sincère que celui qu'on accorde.
    (Chemin faisant, p.49, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  271. Un sot qui va ouvrir la bouche nous suspend à ses lèvres par l'effroi.
    (Chemin faisant, p.50, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  272. La vraie charité, obligée de révéler ses actes, est aussi malheureuse que la chasteté sous des voiles en lambeaux.
    (Chemin faisant, p.50, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  273. La superstition est un reste de barbarie, sans que le superstitieux soit un barbare.
    (Chemin faisant, p.50, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  274. Tout vieillit, mais tout ne se ride pas !
    (Chemin faisant, p.50, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  275. Le blasé a l'air de boire la joie dans un crâne.
    (Chemin faisant, p.50, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  276. Il est peu de satisfactions aussi douces que celle de se sentir à la hauteur de l'attaque.
    (Chemin faisant, p.50, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  277. La médisance est comme la note à payer ; quand on a monnaie en poche elle inquiète peu.
    (Chemin faisant, p.50, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  278. Il y a des erreurs qui sont saintes tant elles sont généreuses, et qu'il faut savoir respecter quand on ne peut pas ou qu'on ne doit pas dire la vérité.
    (Chemin faisant, p.51, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  279. On estime l'homme avec lequel on s'explique.
    (Chemin faisant, p.51, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  280. L'indécision nous rend mineurs toute notre vie.
    (Chemin faisant, p.51, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  281. Il y a de pénibles jouissances, de doux regrets, d'affectueuses séparations, de charitables ironies, de luxueuses détresses ; qu'est-ce qu'il n'y a pas ici-bas ?
    (Chemin faisant, p.51, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  282. Aimer, ce n'est pas toujours absoudre l'être aimé, c'est regretter de ne pouvoir toujours le faire.
    (Chemin faisant, p.51, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  283. La nature se sert des gens vulgaires pour faire souffrir ceux qui ne le sont pas.
    (Chemin faisant, p.51, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  284. La douleur qui se compare est déjà sur le chemin de la résignation.
    (Chemin faisant, p.52, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  285. On ne montre ses plaies cachées qu'aux âmes de choix.
    (Chemin faisant, p.52, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  286. Pour certaines âmes basses la médisance est un métier, j'ai presque dit un gagne-pain.
    (Chemin faisant, p.52, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  287. Que de charités on exerce en se respectant simplement soi-même !
    (Chemin faisant, p.52, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  288. S'écarter le plus possible des gens vulgaires, c'est la meilleure réplique à leur donner.
    (Chemin faisant, p.52, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  289. Toute chose tire son importance de celui qui s'en sert.
    (Chemin faisant, p.52, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  290. Il ne faut pas faire avec la Providence comme ces enfants qui ne veulent que le jouet de leur goût; acceptons le bonheur qu'elle nous donne, si elle ne nous offre pas mieux.
    (Chemin faisant, p.52, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  291. Rien n'est plus à nous que notre chagrin.
    (Chemin faisant, p.53, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  292. Que d'ingrédients divers entrent dans la composition de la louange : la vérité, le mensonge, l'envie, l'affection, la banalité, l'indifférence, sans oublier le parfum à la mode !
    (Chemin faisant, p.53, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  293. O chagrin ! si tu peux t'épancher franchement, ne te plains pas, tu as encore la partie belle et le sort t'est généreux.
    (Chemin faisant, p.53, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  294. La gloire est toujours pauvre à côté du bonheur.
    (Chemin faisant, p.53, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  295. Il y a de l'audace à vouloir sonder sa douleur.
    (Chemin faisant, p.53, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  296. L'audace est une impatience du courage.
    (Chemin faisant, p.54, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  297. La mort de l'enfant et la trahison de l'ami, deux douleurs auxquelles on ne peut pas se préparer.
    (Chemin faisant, p.54, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  298. Rêver, c'est jeter la bride sur le cou de son désir ; c'est le voir s'agiter en tous sens, l'entendre rire autour de soi ; c'est le surprendre dans tous les coins de son coeur, dans tous les replis de sa pensée ; c'est oublier pour une heure les rancunes d'hier, les injustices du jour, les luttes du lendemain ; c'est rapprocher le possible de l'impossible, le fini de l'infini ; c'est visiter toutes les fantaisies et c'est n'aborder nulle part.
    (Chemin faisant, p.54, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  299. Vouloir être seul, c'est toujours vouloir donner rendez-vous à un quelqu'un ou à un quelque chose.
    (Chemin faisant, p.54, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  300. En amour, les vieux baisers sentent les vieilles loques ; ils ont un air tout aussi fripé.
    (Chemin faisant, p.54, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  301. On n'est jamais seul avec l'imagination, souvent même elle convie autour de vous trop nombreuse compagnie.
    (Chemin faisant, p.55, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  302. Nous devons à l'opinion tout ce que notre conscience lui accorde, - pas plus que cela.
    (Chemin faisant, p.55, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  303. L'étonnement est une sorte de pudeur, une espèce d'innocence, un reste de jeunesse, que quelques âmes privilégiées conservent jusqu'à la fin.
    (Chemin faisant, p.55, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  304. On a souvent de la sagesse pour les autres tout en n'ayant pour soi que de la folie.
    (Chemin faisant, p.55, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  305. L'imagination n'est pas une menteuse de race : elle ment moins pour nous tromper que pour nous distraire ; à nous de savoir en user.
    (Chemin faisant, p.55, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  306. Juger, la plupart du temps, c'est barboter.
    (Chemin faisant, p.55, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  307. C'est diminuer son repos que d'augmenter l'importance des petites choses, que d'exiger l'acte de naissance de toutes les intentions.
    (Chemin faisant, p.56, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  308. Pour vivre, tout a besoin d'amour et de soins l'homme, le nid, la plante, la vertu.
    (Chemin faisant, p.56, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  309. L'oubli se loge dans chaque respiration du temps.
    (Chemin faisant, p.56, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  310. Si les temps héroïques revenaient, le déchaînement des idées les surprendrait plus que le déchaînement des passions.
    (Chemin faisant, p.56, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  311. Comparer, c'est toujours faire une victime.
    (Chemin faisant, p.56, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  312. Tout ce qui nous résiste crée en nous un embryon de vice ou de vertu.
    (Chemin faisant, p.56, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  313. Il y a des gens qui font en souriant les plus grandes choses, comme d'autres en pleurant les plus petites.
    (Chemin faisant, p.57, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  314. Le caprice convient à certaines femmes comme le bijou à certaines oreilles ; il complète leur expression.
    (Chemin faisant, p.57, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  315. N'est-il pas pénible de se dire qu'aimer ce n'est pas toujours respecter ?
    (Chemin faisant, p.57, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  316. L'expérience est une ride qui vient rarement avant le temps.
    (Chemin faisant, p.57, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  317. Un des grands défauts des gens d'esprit, c'est de nous rapetisser les autres.
    (Chemin faisant, p.57, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  318. Comme à la fleur, ne demande à l'amabilité que son parfum.
    (Chemin faisant, p.57, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  319. Aimer Dieu, ce n'est pas seulement admirer toutes ses oeuvres, c'est accepter toutes ses lois.
    (Chemin faisant, p.58, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  320. Le goût est presque un sentiment.
    (Chemin faisant, p.58, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  321. Accepter la leçon que veut nous faire un ignorant, quel bon petit acte d'humilité !
    (Chemin faisant, p.58, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  322. Le livre qui va paraître, c'est comme la jeune fille qui va se marier; il ne faut pas trop raccourcir les fiançailles : ce qui suit vaudra-t-il ce qui précède ?
    (Chemin faisant, p.58, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  323. Les riches qui pensent, les pauvres qui plaignent, les jeunes qui sentent, les vieux qui aiment, tous gens d'exception.
    (Chemin faisant, p.58, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  324. Diminuer ses besoins, c'est remplir sa bourse.
    (Chemin faisant, p.58, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  325. Il est des gens qui n'ont pas volé l'oubli.
    (Chemin faisant, p.59, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  326. Deux débris s'étayent-ils ou croulent-ils plus vite par le rapprochement ?
    (Chemin faisant, p.59, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  327. On ne devrait discuter qu'avec ses égaux, car il y a des opinions de caste comme il y a des vérités de situation.
    (Chemin faisant, p.59, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  328. L'adresse nous sert tous les jours, l'intelligence tous les dimanches.
    (Chemin faisant, p.59, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  329. La discrétion qui survit à l'amitié est une rarissime vertu.
    (Chemin faisant, p.59, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  330. Que de coupes de ciguë rencontre le bon sens !
    (Chemin faisant, p.59, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  331. Que de gens on accompagne à la frontière pour voir de plus près leurs talons !
    (Chemin faisant, p.59, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  332. Notre coeur a l'âge de nos passions.
    (Chemin faisant, p.60, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  333. L'être qui regrette est encore bien vivant.
    (Chemin faisant, p.60, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  334. Le malheur donne souvent de l'esprit à ceux qui n'en ont pas, et le bonheur en ôte souvent à ceux qui en ont.
    (Chemin faisant, p.60, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  335. Le secret d'autrui, c'est l'enfant adopté; à lui d'abord nos attentions et nos soins.
    (Chemin faisant, p.60, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  336. Un bon ouvrier ne trouve pas toujours de l'ouvrage, mais un bon coeur trouve toujours de l'emploi : le malheur n'est-il pas le plus vaste de tous les ateliers?
    (Chemin faisant, p.60, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  337. L'épreuve nous connaît mieux que nous-même : elle nous révèle notre côté vulnérable en l'attaquant.
    (Chemin faisant, p.60, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  338. La logique ne colore pas, elle fait mieux : elle proportionne.
    (Chemin faisant, p.61, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  339. Les traditions sont de silencieuses cohortes : elles veillent sur les morts et sur leurs testaments.
    (Chemin faisant, p.61, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  340. Il en est du bonheur comme d'une mère, on ne le comprend bien que lorsqu'on ne l'a plus.
    (Chemin faisant, p.61, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  341. On est toujours riche quand on se suffit, et à peu près heureux quand on s'approuve.
    (Chemin faisant, p.61, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  342. Il ne faut pas juger les actions des autres d'après nos tentations, mais d'après les leurs.
    (Chemin faisant, p.61, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  343. On l'excuse si gentiment que le péché reste l'enfant prodigue allant toujours prodiguant.
    (Chemin faisant, p.61, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  344. Ne croyez ceux qui disent : « Fi de l'or ! » que s'ils en ont des piles sous la main.
    (Chemin faisant, p.62, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  345. La tentation est une habile maîtresse qui nous caresse sans nous aimer, qui nous émeut sans s'émouvoir.
    (Chemin faisant, p.62, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  346. La vie nous demande toujours, et quand nous ne lui donnons pas, elle prend.
    (Chemin faisant, p.62, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  347. La vie nous oblige bien inutilement à penser à nous : personne, je crois, ne l'eût oublié.
    (Chemin faisant, p.62, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  348. L'esprit de sa position, la force de sa tâche, le caractère de son milieu, dons précieux du sort.
    (Chemin faisant, p.62, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  349. Un noble ne s'ignore jamais, un riche fort rarement, un sot toujours.
    (Chemin faisant, p.62, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  350. Les vieux rêveurs entrent tôt ou tard dans la corporation des mécontents.
    (Chemin faisant, p.63, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  351. L'envie de briller ne donne pas l'éclat, l'envie de chanter ne donne pas la voix.
    (Chemin faisant, p.63, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  352. L'amour n'est pas rêveur de sa nature ; il ne se sert de la rêverie que pour arriver à ses fins.
    (Chemin faisant, p.63, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  353. Les bêtes font moins valoir les méchants que les méchants ne font valoir les bêtes.
    (Chemin faisant, p.63, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  354. Les esprits qui cherchent, les coeurs qui luttent sont ceux que la nature arme chevaliers, puisqu'elle en fait des combattants.
    (Chemin faisant, p.63, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  355. Le don de bien juger est un capital qui ne se transmet ni par héritage ni par éducation.
    (Chemin faisant, p.63, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  356. Ne pas chanter sans voix, ne pas paradoxer sans esprit, ne pas questionner sans à-propos : petites vertus de société.
    (Chemin faisant, p.63, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  357. L'ironie est aussi difficile à manier que le scalpel.
    (Chemin faisant, p.64, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  358. Dans nos grandes douleurs, la consolation nous semble d'abord un blasphème ; mais nous avons beau nous raidir contre son secours, elle est décrétée : petit à petit, elle fera son oeuvre.
    (Chemin faisant, p.64, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  359. Passer aux yeux de sa domesticité pour un être juste, c'est avoir gagné les plus beaux galons qu'un maître puisse souhaiter.
    (Chemin faisant, p.64, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  360. Un libre penseur écrivant la vie d'un saint : un poulailler qui a la prétention de loger un aigle.
    (Chemin faisant, p.64, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  361. Le talent a besoin d'un peu d'audace, mais l'audace aurait surtout besoin de talent.
    (Chemin faisant, p.64, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  362. Que de gens sont heureux d'être les enfants de leur père, les neveux de leur oncle et même les filleuls de leur parrain !
    (Chemin faisant, p.65, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  363. Les grands sentiments sont des océans qui montent jusqu'à ce que toute la plage soit à eux.
    (Chemin faisant, p.65, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  364. On aime le peuple en masse plus qu'en particulier.
    (Chemin faisant, p.65, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  365. Les gens qui blâment sont comme les mouches : toutes ne piquent pas.
    (Chemin faisant, p.65, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  366. On peut être amoureux de tout, excepté de ses défaites.
    (Chemin faisant, p.65, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  367. La chanson du coeur commence au berceau et ne finit qu'à la tombe.
    (Chemin faisant, p.65, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  368. Se plaindre et gémir, deux éternelles faiblesses, deux éternelles pauvretés !
    (Chemin faisant, p.66, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  369. Avec un peu d'effort, on peut laisser parler le bavard comme on laisse coasser la grenouille, miauler le chat et aboyer le chien.
    (Chemin faisant, p.66, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  370. Personne comme nos folies pour se faire payer capital et intérêts.
    (Chemin faisant, p.66, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  371. L'obstacle est la borne où l'homme constate son humanité.
    (Chemin faisant, p.66, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  372. On admet une chose, et l'on s'en étonne cependant.
    (Chemin faisant, p.66, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  373. La sagesse ne connaît pas le bonheur d'un bon acte de contrition.
    (Chemin faisant, p.66, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  374. Une Anglaise ne vit pas de votre vie, elle vit de la sienne autour de vous.
    (Chemin faisant, p.67, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  375. Aimer beaucoup et demander peu, un problème difficile à résoudre.
    (Chemin faisant, p.67, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  376. Il est aussi naturel à une Anglaise d'être baroque qu'à une Italienne d'avoir de jolis yeux.
    (Chemin faisant, p.67, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  377. Être accessible à tous, mais comprise par peu.
    (Chemin faisant, p.67, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  378. Il y a des qualités d'entresol dont on ne devrait pas faire fi au premier.
    (Chemin faisant, p.67, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  379. Le siècle le plus secoué peut enfanter le plus tranquille.
    (Chemin faisant, p.67, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  380. Que j'aime les gens qui s'occupent de leurs propres affaires et veulent bien, sans s'en mêler, permettre aux autres de s'occuper des leurs !
    (Chemin faisant, p.67, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  381. Nos peines ont aussi leur jour de joie, et ce jour est le dernier de la vie.
    (Chemin faisant, p.68, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  382. Des débris de ton coeur fais de la miséricorde et de la pitié.
    (Chemin faisant, p.68, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  383. Tous ceux qui ont un souvenir sans mélange ont du pain pour les jours malheureux.
    (Chemin faisant, p.68, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  384. La patience se nomme martyre quand une mère attend la guérison de son enfant.
    (Chemin faisant, p.68, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  385. Dieu s'est réservé l'explication du Pourquoi.
    (Chemin faisant, p.68, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  386. Les plus belles qualités mènent bien moins au bonheur que les beaux yeux à l'amour.
    (Chemin faisant, p.68, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  387. L'égoïste peut être heureux, si le bonheur peut exister sans rayonnement.
    (Chemin faisant, p.69, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  388. On a le même titre, la même fortune, le même entourage, sans avoir le même prestige ; donc, le prestige vient surtout de nous-même.
    (Chemin faisant, p.69, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  389. Je crois aux revanches de la vie, parce que je crois à l'utilité de l'effort.
    (Chemin faisant, p.69, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  390. C'est sur les peines des autres qu'on exerce surtout la puissance de sa philosophie.
    (Chemin faisant, p.69, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  391. L'argent nous est bien moins cher par l'indépendance qu'il donne que par l'indifférence qu'il permet.
    (Chemin faisant, p.69, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  392. Vouloir, c'est régner sur soi.
    (Chemin faisant, p.69, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  393. Vouloir, non, ce n'est pas toujours pouvoir; mais c'est faire trembler l'ennemi.
    (Chemin faisant, p.70, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  394. Les vertus sans qualités sont des beautés sans grâce.
    (Chemin faisant, p.70, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  395. Dans l'indépendance du qu'en dira-t-on il n'y a que le premier pas qui coûte ; on s'amuse ensuite de la chanson et même de la variété de ses couplets.
    (Chemin faisant, p.70, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  396. La vie a tous les aspects de nos sentiments.
    (Chemin faisant, p.70, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  397. Un bon coeur allemand, comme un bon musicien allemand, ne ressemble à aucun autre; il a dix fois la puissance de sentir, d'aimer et d'exprimer : le tout est de le trouver.
    (Chemin faisant, p.70, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  398. Nos forces doivent céder avant notre courage.
    (Chemin faisant, p.70, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  399. Reprendre sans amertume sa béquille devant ceux qui marchent tout seuls, endosser doucement son deuil devant des habits de fête, voir son désir le plus légitime aux bras de tous sans pouvoir le saisir jamais, et donner encore aux autres sa pitié ; je ne crois pas que l'héroïsme du coeur puisse aller plus loin.
    (Chemin faisant, p.71, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  400. On poétise même la flèche empoisonnée quand on est jeune; on voudrait mourir de telle et telle mort, on voudrait mourir de telle et telle main : jeunes âmes, restez-en là!
    (Chemin faisant, p.71, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  401. L'envie n'est pas méchante : donne-moi ce que tu as et je ne te ferai pas de mal.
    (Chemin faisant, p.71, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  402. Ballotter son coeur en tous sens, le promener ici, le ramener là, chercher à le tromper parce qu'on n'ose pas l'entendre, lui donner tort parce qu'on ne doit pas lui donner raison, l'accuser quand il se plaint justement, c'est pourtant ainsi qu'il faut le traiter dans certaines occasions.
    (Chemin faisant, p.71, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  403. On garde toujours mal un secret quand on ne le garde pas par respect pour soi-même.
    (Chemin faisant, p.72, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  404. Au mot de génie, les fronts se découvrent d'eux-mêmes, les étoiles s'inclinent, et les cieux se demandent ce que l'élu fera du don.
    (Chemin faisant, p.72, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  405. Pour louer la création, les oiseaux ont leurs chants, les fleurs leurs parfums, les éléments leurs mystères et l'homme son coeur.
    (Chemin faisant, p.72, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  406. On ne peut pas pleurer pour l'assassin et pour la victime ; il y a une logique dans les larmes.
    (Chemin faisant, p.72, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  407. Un bel automne ne fait pas plus oublier un vilain été qu'une caresse ne fait oublier une injure.
    (Chemin faisant, p.72, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  408. Un riche qui pleure fait toujours plaisir à quelqu'un.
    (Chemin faisant, p.72, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  409. Si la ronce me déchire, je m'en prends à la ronce et non au chemin ; si l'homme me blesse, pourquoi en accuserais-je la vie?
    (Chemin faisant, p.73, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  410. Derrière mon dos c'est votre champ, mes amis ; mais devant moi, c'est le mien !
    (Chemin faisant, p.73, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  411. Le monde nous permet le bonheur jusqu'à un certain point et devient nerveux si nous le dépassons.
    (Chemin faisant, p.73, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  412. La patience n'a qu'un mot dans son code : attendre! Oh! le cruel mot qui vous cloue les bras, qui compte lentement vos pulsations, qui s'amuse de vos larmes, qui semble se réjouir de vos angoisses!
    (Chemin faisant, p.73, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  413. Dans tout ce qu'on nous offre de bon coeur, n'acceptons tout au plus que la moitié.
    (Chemin faisant, p.73, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  414. En voyage un Anglais veut tout voir, un Français tout essayer, un Allemand tout avaler.
    (Chemin faisant, p.74, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  415. De même qu'un bon livre n'instruit pas toujours, un voyage n'aère pas toujours intellectuellement.
    (Chemin faisant, p.74, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  416. Quand on espère, deux et deux ne font plus quatre, mais huit.
    (Chemin faisant, p.74, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  417. Justice des choses ! vous nous récompensez de l'injustice des vivants.
    (Chemin faisant, p.74, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  418. Nos forces nous convient quand nous sommes jeunes, et plus tard c'est nous qui les convions.
    (Chemin faisant, p.74, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  419. Aimer, c'est assujettir son coeur et ne rien préférer à cet assujettissement.
    (Chemin faisant, p.74, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  420. Les chances du revoir sont aussi capricieuses que les lèvres de Vénus à son réveil.
    (Chemin faisant, p.75, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  421. La douleur et la joie n'ont qu'un sillon : le coeur.
    (Chemin faisant, p.75, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  422. Ménager le coeur d'une femme et flageller l'ambition d'un homme, on peut plus mal rêver.
    (Chemin faisant, p.75, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  423. Il y a des âmes qui ont l'air d'être couvées sous le même rayon.
    (Chemin faisant, p.75, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  424. Un jaloux, une cheminée qui fume toujours.
    (Chemin faisant, p.75, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  425. On est jaloux de l'âme de son ami, et ce n'est pas sans douleur qu'on la voit déchoir.
    (Chemin faisant, p.75, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  426. S'habituer à se suffire, le premier commandement de l'indépendance.
    (Chemin faisant, p.75, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  427. Il est des peines où les autres ne peuvent nous suivre, même les plus compatissants.
    (Chemin faisant, p.76, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  428. Les ruines valent un sermon pour tout être qui pense.
    (Chemin faisant, p.76, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  429. Aimer, c'est plus que donner, c'est accepter.
    (Chemin faisant, p.76, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  430. S'avilir, c'est mettre l'intérêt à la place de la conscience.
    (Chemin faisant, p.76, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  431. Être faussement accusé pour l'être qu'on aime, une vraie bouchée de gourmet.
    (Chemin faisant, p.76, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  432. Le souvenir aime le silence, comme l'oiseau des bois l'ombre des hautes futaies.
    (Chemin faisant, p.79, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  433. La raison, du pain rassis à manger toute sa vie.
    (Chemin faisant, p.79, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  434. Aucun foin fleuri, aucune rose épanouie, aucun lilas en fleur n'a le parfum d'une juste revanche.
    (Chemin faisant, p.79, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  435. Il y a de la générosité à sortir de la règle par exception.
    (Chemin faisant, p.79, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  436. Le pardon n'empêche pas plus le souvenir de se réveiller que l'éclipse n'empêche le jour de reparaître.
    (Chemin faisant, p.80, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  437. Fleurs et femmes s'aiment et s'entendent comme la branche et le nid.
    (Chemin faisant, p.80, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  438. La pitié déplacée est une des causes les plus profondes des erreurs du jugement.
    (Chemin faisant, p.80, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  439. La beauté est surtout belle la bouche close.
    (Chemin faisant, p.80, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  440. Deux jolies femmes se regardant produisent un orage.
    (Chemin faisant, p.80, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  441. La douleur aime les fins morceaux sans dédaigner les autres.
    (Chemin faisant, p.80, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  442. Est-il plus dur de perdre l'amour lui-même ou l'optique qu'il nous crée?
    (Chemin faisant, p.80, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  443. Tous les avantages qui ne servent pas, toutes les prétentions qui n'aboutissent pas, quel monde devant et derrière soi !
    (Chemin faisant, p.81, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  444. Réjouir vaut mieux qu'étonner.
    (Chemin faisant, p.81, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  445. Il y a de si douces indifférences qu'on craint de les remuer de peur de les déplacer.
    (Chemin faisant, p.81, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  446. Le retardataire est comme l'ivrogne, il ne recommencera plus.
    (Chemin faisant, p.81, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  447. Être l'esclave de sa femme de chambre, c'est avoir par trop perdu le sens de la liberté.
    (Chemin faisant, p.81, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  448. Toutes les infériorités sont nées jalouses, toutes les supériorités ne sont pas nées humbles ; jugez du conflit.
    (Chemin faisant, p.81, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  449. Tant que le bruit aura de la voix le charlatan aura de la chance.
    (Chemin faisant, p.82, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  450. Rien ne vaut le baiser d'un enfant; c'est pourquoi il faut être indulgent pour les femmes qui ne l'ont pas connu.
    (Chemin faisant, p.82, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  451. Faire tout ce qu'on peut, c'est faire encore si peu quand on aime !
    (Chemin faisant, p.82, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  452. De l'esclave à l'homme complètement libre, qu'il y a d'étapes et de degrés !
    (Chemin faisant, p.82, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  453. « J'ai dit tout ce que j'ai pensé. » - Qui vous l'a demandé, madame?
    (Chemin faisant, p.82, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  454. Voyez-vous ce petit minois fin, coquet, heureux, bien portant, inventant des sourires et creusant des fossettes sur les joues des mortels? c'est l'oubli.
    (Chemin faisant, p.82, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  455. La brume se déride, l'air joue avec la plante, la corolle ouvre son corsage, l'espérance s'habille à neuf, les caresses sortent de leur sommeil, les rêves voltigent dans l'air, la nature se réveille et le printemps naît.
    (Chemin faisant, p.83, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  456. Nos idées sont-elles le résultat de nos forces, ou nos forces le résultat de nos idées?
    (Chemin faisant, p.83, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  457. Dans certaines circonstances, qu'il est bon, non seulement d'être indifférent, mais de le montrer !
    (Chemin faisant, p.83, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  458. On déveloute la pureté rien qu'en en parlant !
    (Chemin faisant, p.83, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  459. Pour devenir riche, nos talents nous servent plus que nos qualités.
    (Chemin faisant, p.83, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  460. Il est aussi difficile de raisonner ce qu'on aime qu'aimer ce qu'on raisonne.
    (Chemin faisant, p.83, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  461. Nos passions se rhabillent avec nous tous les matins.
    (Chemin faisant, p.84, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  462. Les grandes espérances, comme les grands lévriers, aiment les grands chemins.
    (Chemin faisant, p.84, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  463. Le Français s'écoute, l'Anglais se mesure, l'Allemand se pèse, l'Italien se mire, l'Espagnol se glorifie.
    (Chemin faisant, p.84, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  464. Le dernier mot de l'analyse, c'est le dégoût ou le pardon.
    (Chemin faisant, p.84, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  465. Les principes sont des points de refuge, où l'homme se gare de la passion.
    (Chemin faisant, p.84, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  466. Il est difficile de porter l'automne d'un coeur qui n'a pas eu de printemps.
    (Chemin faisant, p.84, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  467. Une oeuvre de pure imagination doit rappeler le boudoir d'une coquette : un peu de désordre n'en diminue pas l'agrément.
    (Chemin faisant, p.85, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  468. J'ai quelquefois éprouvé une vigoureuse jouissance à être mal jugée.
    (Chemin faisant, p.85, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  469. Les vieilles épaules devraient se cacher, car elles n'ont même pas pour elles les vieux démons.
    (Chemin faisant, p.85, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  470. L'élégance est moins capricieuse que la mode ; elle a des lois.
    (Chemin faisant, p.85, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  471. Les enfants trop doux me font peur ; les couleurs trop tendres, je les admire en gémissant.
    (Chemin faisant, p.85, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  472. Les fleurs demandèrent un jour la parole aux dieux, et c'était pour défendre les papillons !
    (Chemin faisant, p.85, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  473. Il y a mille beautés, il n'y a qu'une logique.
    (Chemin faisant, p.86, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  474. Faire la guerre à l'amour, c'est avoir contre soi toutes les forces de la nature, tous les courroux de la jeunesse, toutes les malédictions de l'espérance.
    (Chemin faisant, p.86, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  475. Comme on fait son lit on se couche, mais on se couche souvent dans un lit tout fait.
    (Chemin faisant, p.86, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  476. La vie est un bienfait dont le meilleur bienfait est la mort : ne plus craindre pour ceux qu'on aime!
    (Chemin faisant, p.86, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  477. On ne redresse pas un bossu, on ne désaltère pas un ambitieux.
    (Chemin faisant, p.86, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  478. Quelle agréable intimité entre soi et sa plume ! le ménage de deux tourtereaux.
    (Chemin faisant, p.86, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  479. Il est nécessaire d'être bon, digne d'être juste, avantageux d'être sobre, charmant d'être braque de temps en temps.
    (Chemin faisant, p.87, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  480. D'aplomb sur sa selle on peut braver le danger, le tout est de s'y mettre d'aplomb.
    (Chemin faisant, p.87, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  481. Partout où vous demanderez, on vous demandera.
    (Chemin faisant, p.87, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  482. Les sottises humaines, lasses d'aller à pied, se promènent quelquefois sur des échasses.
    (Chemin faisant, p.87, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  483. Le sacrifice, c'est comme le sinapisme, on en parle à son aise quand on ne le sent pas.
    (Chemin faisant, p.87, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  484. Devoir avec bonheur, que c'est aimer avec force !
    (Chemin faisant, p.87, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  485. Les grelots s'attachent à toutes les choses à la mode.
    (Chemin faisant, p.88, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  486. Le chant du serin ne gêne pas le rossignol, et le chant du rossignol ne gêne pas le serin.
    (Chemin faisant, p.88, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  487. L'oiseau couve, l'amour vagabonde, la sève se dépense, les vieux membres souffrent : c'est le renouveau.
    (Chemin faisant, p.88, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  488. Les hésitants encombrent le chemin.
    (Chemin faisant, p.88, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  489. Il en coûte souvent beaucoup à nos forces pour sortir de leur fourreau.
    (Chemin faisant, p.88, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  490. Toutes nos joies frétillent, tous nos désirs lèvent la tête quand vient le printemps.
    (Chemin faisant, p.88, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  491. On a toujours un désir malicieux embusqué dans quelque coin.
    (Chemin faisant, p.89, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  492. Le public est comme la mer, il gronde sans savoir pourquoi.
    (Chemin faisant, p.89, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  493. Les vallées suivent fidèlement les fleuves, mais les fleuves, j'en suis sûre, ont bien souvent envie de quitter les vallées.
    (Chemin faisant, p.89, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  494. On regrette presque d'avoir dit la vérité quand on ne vous a pas cru.
    (Chemin faisant, p.89, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  495. Le sort du navire est entre les mains de celui qui le dirige, et chacun de nous est capitaine d'un navire.
    (Chemin faisant, p.89, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  496. Pour éviter une scène, faites-la. r
    (Chemin faisant, p.89, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  497. Il ne faut rien aimer, même son pays, plus que son honneur.
    (Chemin faisant, p.90, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  498. Il est aussi antipathique de penser avec certaines gens que de se laisser embrasser par certaines lèvres.
    (Chemin faisant, p.90, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  499. Un coeur tendre a toujours besoin d'adoption.
    (Chemin faisant, p.90, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  500. La mort se met en route tous les matins et tous les soirs, et comme tout se gare à son approche, elle n'a jamais de retard.
    (Chemin faisant, p.90, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  501. De même que les oiseaux aiment tout ce qui chante, les serpents aiment tout ce qui rampe, les loups tout ce qui hurle.
    (Chemin faisant, p.90, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  502. La souffrance est une pourpre pour le saint.
    (Chemin faisant, p.90, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  503. Une chose très pénible à constater quand on a beaucoup souffert, c'est d'avoir perdu de sa pitié.
    (Chemin faisant, p.91, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  504. La magie des mots a fait autant que la puissance de la logique.
    (Chemin faisant, p.91, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  505. Faire le tour d'un esprit c'est quelquefois plus difficile que de faire le tour du monde.
    (Chemin faisant, p.91, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  506. Je n'aime pas plus les roses déformées par la culture que je n'aime les jeunes filles émancipées par la société.
    (Chemin faisant, p.91, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  507. Pour dominer une position il faut être fort; pour dominer un homme, ce n'est pas nécessaire.
    (Chemin faisant, p.91, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  508. Tout s'apprend, surtout l'art de vivre.
    (Chemin faisant, p.91, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  509. Le désir qu'une veuve exprime de se remarier ne devrait pas plus se dire qu'un secret de cabinet de toilette.
    (Chemin faisant, p.91, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  510. On jouit plus de son luxe quand on sent qu'il ne vous est pas indispensable.
    (Chemin faisant, p.92, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  511. L'homme qui croit entre en intimité avec son Dieu.
    (Chemin faisant, p.92, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  512. Qu'il y a de puissance dans un regard, de mystère dans un sourire, d'amertume dans une larme !
    (Chemin faisant, p.92, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  513. Le tact a la prudence de l'aïeul et la sensibilité de l'enfant.
    (Chemin faisant, p.92, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  514. Des yeux secs sont souvent plus navrants à voir que des yeux pleins de larmes.
    (Chemin faisant, p.92, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  515. Laissons venir les ans, comme Notre-Seigneur laissait venir à lui les petits enfants.
    (Chemin faisant, p.93, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  516. Partout où je vois le bon sens, je me sens en sûreté.
    (Chemin faisant, p.93, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  517. Tous les témoignages ne nous flattent pas, toutes les parures ne nous vont pas.
    (Chemin faisant, p.93, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  518. L'observateur est comme l'armateur : tous les voyages ne l'enrichissent pas.
    (Chemin faisant, p.93, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  519. De vieux yeux avides, de vieilles mains cramponnantes, de vieilles soifs haletantes, je ne sache rien de plus odieux.
    (Chemin faisant, p.93, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  520. On n'est pas plus sûr de trouver la simplicité derrière une fille pauvre que le bonheur derrière une fille riche.
    (Chemin faisant, p.93, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  521. Les gens ruinés sont comme les malades, ils n'intéressent pas tous au même titre : ne pas confondre prodigalités et revers.
    (Chemin faisant, p.94, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  522. Jouir seul est presque aussi difficile que souffrir seul : pauvre humanité !
    (Chemin faisant, p.94, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  523. On jouit de sa liberté sans s'en servir.
    (Chemin faisant, p.94, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  524. Les regrets font-ils marcher plus lentement le corbillard et le mort en est-il moins cahoté?
    (Chemin faisant, p.94, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  525. Il y a de la cruauté à tenter l'ancien coupable.
    (Chemin faisant, p.94, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  526. Ce n'est qu'au retour de Capoue qu'on peut se dire vertueux.
    (Chemin faisant, p.94, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  527. On a de la désinvolture dans l'esprit comme dans le corps.
    (Chemin faisant, p.94, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  528. Ce qu'il y a toujours de plus incontestablement vrai dans l'intérêt qu'on nous montre, c'est le nez de la curiosité.
    (Chemin faisant, p.95, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  529. Il y a des mots qui ordonnent, qui tranchent, qui coupent; d'autres qui font l'effet de lanières sur le coeur humain.
    (Chemin faisant, p.95, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  530. C'est une infériorité du blason que de ne pouvoir être comme l'or vérifié par le titre.
    (Chemin faisant, p.95, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  531. Que de femmes on mettrait bien en pantalon, et que d'hommes en jupon !
    (Chemin faisant, p.95, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  532. Oh! les belles heures, où l'âme est jeune, où le coeur est libre, où l'esprit est frais comme un bouton entr'ouvert ! Aucune poussière ne s'est montrée sur la route, aucune ride sur la joue de l'espérance ; la joie carillonne dans l'air, et la confiance bat de l'aile avec défi.
    (Chemin faisant, p.95, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  533. La souffrance à l'âme chrétienne : Je te veux le matin, je te veux le soir, je te veux à toute heure, je te veux quand je te veux.
    (Chemin faisant, p.96, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  534. Il ne faut jamais vouloir donner aux autres une leçon, même utile, au détriment de qui que ce soit.
    (Chemin faisant, p.96, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  535. Chacun de nous doit tremper son suaire de larmes avant d'en être enveloppé.
    (Chemin faisant, p.96, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  536. C'est toujours amusant d'entendre qui veut éclairer ou instruire plus éclairé ou plus instruit que soi.
    (Chemin faisant, p.96, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  537. Le jour où vous portez fièrement votre douleur, bourdonne dans l'air l'essaim des envieux.
    (Chemin faisant, p.96, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  538. Revenir à la jeunesse, peut-être; à la naïveté, jamais !
    (Chemin faisant, p.96, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  539. Après une grande douleur, rien ne nous étonne plus, si ce n'est de l'avoir supportée.
    (Chemin faisant, p.97, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  540. Il est aussi difficile de se faire oublier quand on a de l'argent, que de faire songer à soi quand on n'en a pas.
    (Chemin faisant, p.97, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  541. Le sceptique qui admet des exceptions n'est pas malade jusqu'à la moelle ; et, comme le poitrinaire au premier degré, il peut se guérir dans un chaud milieu.
    (Chemin faisant, p.97, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  542. Que je plains les gens qui ont besoin du silence d'un domestique !
    (Chemin faisant, p.97, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  543. On a beau dire, l'argent, c'est un bon dos de montagne où s'appuyer.
    (Chemin faisant, p.97, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  544. Je remercie ceux que j'ai admirés dans ma vie; je bénis moins ceux que j'ai aimés.
    (Chemin faisant, p.97, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  545. Otez la justice à la bonté, vous en faites une passion.
    (Chemin faisant, p.98, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  546. On ne reconnaît malheureusement pas le menteur à la lèvre comme le travailleur à l'échiné.
    (Chemin faisant, p.98, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  547. Apprendre à ne se désintéresser de personne, voilà la vraie charité.
    (Chemin faisant, p.98, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  548. Il y a souvent autant de fierté que de générosité à payer généreusement ce qu'on doit.
    (Chemin faisant, p.98, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  549. Quand on est tête de ligne, il faut savoir être tête de courage.
    (Chemin faisant, p.98, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  550. C'est un succès de bon ton que de céder devant un entêté.
    (Chemin faisant, p.98, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  551. Si les vrais amis doivent nous chercher dans la peine, ils doivent savoir nous attendre dans la joie.
    (Chemin faisant, p.98, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  552. Les plus honnêtes des tyrans sont dangereux comme les plus innocentes des coquettes.
    (Chemin faisant, p.99, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  553. On peut être maître et tendre, comme on peut être esclave et digne.
    (Chemin faisant, p.99, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  554. Ta langue c'est le lion de la ménagerie ; qu'elle ne t'échappe pas !
    (Chemin faisant, p.99, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  555. Ton malheur fait des heureux ; auras-tu jamais la générosité d'en souffrir moins?
    (Chemin faisant, p.99, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  556. Il y a des gens qui ont l'air mystérieux pour ne rien dire et ne rien penser; c'est un des mille refuges de la bêtise.
    (Chemin faisant, p.99, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  557. Près d'une affection, la seconde place n'est pas facilement acceptable quand on a eu la première.
    (Chemin faisant, p.100, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  558. La retraite est une solution silencieuse.
    (Chemin faisant, p.100, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  559. L'amitié repose sur deux colonnes : la franchise et la discrétion.
    (Chemin faisant, p.100, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  560. On lutte'avec son esprit en l'amusant, avec son coeur en le berçant, avec son corps en le domptant.
    (Chemin faisant, p.100, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  561. Il y a des mots qui valent tout un poème, et des poèmes qui ne valent pas un mot.
    (Chemin faisant, p.100, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  562. Quand la vie dit : « Je ne veux pas, » que répondre? faire la révérence et accepter.
    (Chemin faisant, p.100, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  563. Il y a des non qu'il faut prendre pour des oui, des oui pour des non : à nous de deviner.
    (Chemin faisant, p.101, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  564. L'audace c'est le courage en colère.
    (Chemin faisant, p.101, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  565. Les tyrans ribotent avec le sang.
    (Chemin faisant, p.101, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  566. Une dangereuse lassitude, celle de soi-même.
    (Chemin faisant, p.101, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  567. Les faiblesses de nos amis, quand elles restent orthodoxes, quelle charmante occasion pour nous de leur complaire !
    (Chemin faisant, p.101, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  568. Sainte Thérèse se régalait de la souffrance : puissions-nous seulement nous en contenter !
    (Chemin faisant, p.101, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  569. Même dans l'armoire les uniformes allemands sont des personnages.
    (Chemin faisant, p.101, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  570. Le noble se hausse sur ses quartiers, le millionnaire sur ses sacs, le sage sur ses réflexions.
    (Chemin faisant, p.102, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  571. Ce n'est pas tout de prendre le galop, il faut le soutenir.
    (Chemin faisant, p.102, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  572. Douter n'est pas plus un crime que mal digérer ; ce qui ne nous dispense pas de lutter contre le doute et contre la mauvaise digestion.
    (Chemin faisant, p.102, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  573. Rappelons-nous que chaque approbation est un encouragement.
    (Chemin faisant, p.102, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  574. Un ami en moins me peinera toujours, un ennemi en plus ne me fait plus rien.
    (Chemin faisant, p.102, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  575. Le port du malheur s'appelle résignation.
    (Chemin faisant, p.102, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  576. Dans le rêve d'un ami unique, il y a plus de besoin d'amour que de besoin d'amitié.
    (Chemin faisant, p.103, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  577. Ma dernière coquetterie sera pour mon courage, car il sera mon dernier ami ici-bas.
    (Chemin faisant, p.103, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  578. La justice a plus de droits à notre reconnaissance que la générosité.
    (Chemin faisant, p.103, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  579. La critique est comme la toux ; pour s'en impressionner, il faut savoir d'où elle vient.
    (Chemin faisant, p.103, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  580. Nos sacrifices sont comme nos folies ; ils nous entraînent.
    (Chemin faisant, p.103, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  581. On peut arriver à se passer de bonheur pour soi, mais pour ceux qu'on aime que c'est difficile !
    (Chemin faisant, p.103, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  582. Testament de l'amour : Je lègue tout à la dernière.
    (Chemin faisant, p.104, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  583. Les caresses ont des griffes : jeunes gens, approchez!
    (Chemin faisant, p.104, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  584. Les illusions auront toujours des joues de quinze ans.
    (Chemin faisant, p.104, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  585. L'homme qui n'a jamais pleuré, l'enfant qui n'a jamais brisé son jouet, la femme qui n'a jamais menti, sont les débiteurs de l'occasion.
    (Chemin faisant, p.104, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  586. Dieu ne demande pas de la patience à ceux qui en ont, mais à ceux qui n'en ont pas.
    (Chemin faisant, p.104, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  587. Quand un être ne sait pas parler, essayez de le faire chanter et vous lui trouverez de la voix; la nature ne boude aucun de ses enfants.
    (Chemin faisant, p.104, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  588. Comme le silence de certains amis vaut mieux que leurs louanges! 0 silence! salut à ta bouche close.
    (Chemin faisant, p.105, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  589. Voir en grand, faire en large, construire en beau avec la bourse des autres, que de gens sont généreux a ce prix-là !
    (Chemin faisant, p.105, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  590. Quand on est logique, on est toujours fort : c'est être botté pour la descente et pour la montée.
    (Chemin faisant, p.105, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  591. Les gens qui n'en savent pas plus long, peut-on leur en demander plus large ?
    (Chemin faisant, p.105, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  592. Oh! que c'est commode, un bavard, quand on en sait tirer parti ! On peut lui faire dire tant de choses qu'on n'aimerait pas à dire soi-même, et en apprendre tant d'autres qu'on n'aimerait pas à demander !
    (Chemin faisant, p.105, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  593. Heureux ceux qui ont peur du port ! ils l'aborderont humblement. Le port, mes amis, cache des dragons sous ses ondes : tâchez d'arriver quand ils sont endormis.
    (Chemin faisant, p.106, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  594. C'est le sentiment du juste, mis en nous par Dieu même, qui nous fait si facilement trembler quand nous sommes heureux.
    (Chemin faisant, p.106, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  595. Il faut toujours parler avec une pédale douce quand on demande, même pour les autres.
    (Chemin faisant, p.106, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  596. Les habitudes sont le contraire des vieilles femmes : elles gagnent du charme en vieillissant.
    (Chemin faisant, p.106, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  597. Les Allemands croient en Dieu, puis en leur empereur, qui est leur Saint-Esprit.
    (Chemin faisant, p.106, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  598. Les temps sont devenus plus exigeants depuis Chamfort. Il faut maintenant savoir avaler chaque matin, comme fortifiants, le crapaud et sa famille.
    (Chemin faisant, p.106, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  599. Ce ne sont pas les vieux qui ne s'entendent pas toujours, c'est la place de leurs bizarreries qui se trouve souvent trop étroite entre eux.
    (Chemin faisant, p.107, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  600. À côté de la source, à côté du plat, toujours à côté! c'est la part de beaucoup de mortels.
    (Chemin faisant, p.107, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  601. Une caisse à demi vide nous apprend à compter, une vie à demi usée nous enseigne la valeur du temps.
    (Chemin faisant, p.107, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  602. Use plus généreusement de ta monnaie que de ton droit.
    (Chemin faisant, p.107, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  603. Qu'est-ce qu'un Geburtstag allemand? Une erreur d'éducation envers l'enfant, dont on fait un personnage et un centre une fois par an. La plus innocente de nos actions, il me semble, c'est de naître, et le moindre de nos mérites c'est de prendre une année au bout de douze mois. Le Geburtstag est d'une poésie toute charnelle. Quelle différence de délicatesse avec la fête du nom, qui nous rapproche du ciel par notre Patronne, et nous recommande à son intercession!
    (Chemin faisant, p.107, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  604. Il est beau de sauver une vie physique et une vie morale en gardant un secret que seul nous connaissons : tenir un honneur vivant entre ses mains I
    (Chemin faisant, p.108, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  605. Il est des êtres qui me feraient détester le devoir, à la manière dont ils s'en acquittent.
    (Chemin faisant, p.108, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  606. Ah! qu'il est las, celui qui ne s'aperçoit plus du passage du printemps à l'été, ni de l'automne à l'hiver! Pitié, mon Dieu, pour les pauvres courbaturés !
    (Chemin faisant, p.108, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  607. Nous cachons tant de choses inutiles à cacher, nous en dévoilons tant d'autres inutiles à dévoiler!
    (Chemin faisant, p.109, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  608. Pour être agréables aux autres, nos qualités ne doivent pas peser plus que leur poids.
    (Chemin faisant, p.109, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  609. Nous ne sommes pas fiers avec le bonheur : il a beau nous tourner le dos, nous voulons toujours de lui, comme certaines femmes du mari dont elles sont battues.
    (Chemin faisant, p.109, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  610. De grosses larmes tombaient le long de ses ailes scintillantes; pauvre papillon! Pour une course un peu trop vagabonde, le roi des bêtes venait de le condamner à confectionner un nid.
    (Chemin faisant, p.109, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  611. Revanche du sort : Personne ne sait mieux se faire servir qu'un domestique à l'hôtel.
    (Chemin faisant, p.109, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  612. Les années s'habillent et se déshabillent chez le grand costumier le Temps.
    (Chemin faisant, p.110, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  613. La tâche est comme la belle-mère, déjà dure à accepter de nom.
    (Chemin faisant, p.110, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  614. C'est si juteux, une bonne réplique! Jamais pêche de Montreuil n'a été si savoureuse.
    (Chemin faisant, p.110, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  615. On aime quelquefois plus à être calomnié que plaint : affaire de goût.
    (Chemin faisant, p.110, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  616. La reconnaissance et la générosité ont besoin de promptitude pour garder tout leur parfum.
    (Chemin faisant, p.110, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  617. Tous ceux qui sortent d'un nid devraient savoir aimer et plaindre ceux qui n'ont pas connu la douceur de ses plumes.
    (Chemin faisant, p.110, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  618. On ne gagne pas toutes ses parties avec la franchise, mais on se retire toujours avec l'honneur.
    (Chemin faisant, p.111, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  619. La curiosité s'égare dans l'ardeur de sa fièvre ; elle voit un théorème là où il n'y aurait qu'à faire une simple addition ou une soustraction.
    (Chemin faisant, p.111, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  620. Que j'ai peur du silence, quand il est fatigué de se taire!
    (Chemin faisant, p.111, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  621. Une des plus dures morsures est celle du remords : comment Dante n'en a-t-il pas puni quelques-uns de ses réprouvés ?
    (Chemin faisant, p.111, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  622. Les actes de piété ne m'édifient pas plus qu'un baiser ne me convainc : ce qui m'édifie chez une dévote, c'est la générosité de la langue; et combien de fameuses dévotes, cotées même, en manquent!
    (Chemin faisant, p.111, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  623. Je ne peux pas prier pour les belles âmes ; il me semble que je diminue la miséricorde de Dieu.
    (Chemin faisant, p.112, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  624. L'approche du bonheur est comme un premier baiser, il rend un peu timide et confond : soyez sans inquiétude, on s'y habitue.
    (Chemin faisant, p.112, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  625. Et même d'un empereur tout chamarré de gloire, la Mort ne fait qu'une bouchée!
    (Chemin faisant, p.112, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  626. Il est difficile de bien se tenir devant un bonheur qu'on est obligé de blâmer, comme devant une inconvenance à laquelle on ne peut pas répondre.
    (Chemin faisant, p.112, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  627. Ce n'est rien d'être bon, c'est tout de le rester.
    (Chemin faisant, p.112, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  628. Ce n'est pas la peur de voir notre secret connu qui nous le fait toujours taire, c'est souvent parce que nous sentons qu'il ne doit pas être dit par notre bouche.
    (Chemin faisant, p.112, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  629. Le jour où les capitaux s'en vont d'une maison, les relations les suivent, ne cesse-t-on de dire aux gens riches, pour les prévenir; mais que ferait-on des relations sans les capitaux? je vous le demande. C'est fort heureux que le déménagement soit complet.
    (Chemin faisant, p.113, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  630. Imagination! on m'avait toujours dit que tu existais en moi, et cependant je t'ai reniée longtemps, pardonne-le-moi. Au déclin de ma vie, je sens que tu as illuminé beaucoup d'heures tristes, adouci beaucoup d'amertumes ; que ton souffle a souvent aéré mon esprit, ta présence souvent trompé mon coeur. Je ne serai donc jamais de ceux qui te jettent aux gémonies, tout en plaignant ceux qui ne savent pas, sans en tomber, s'amuser à ton balcon.
    (Chemin faisant, p.113, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  631. Je m'habitue difficilement à voir dans la chambre d'une femme le portrait du premier mari accroché à côté de celui du second ; et vous, lecteur?
    (Chemin faisant, p.113, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  632. La reconnaissance nous ouvre tantôt la bouche et tantôt nous la ferme.
    (Chemin faisant, p.114, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  633. Le travail ne laisse que de bons souvenirs : les gens qui ont beaucoup travaillé voudraient pour la plupart recommencer la vie.
    (Chemin faisant, p.114, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  634. Nos besoins savent rarement parler à la troisième personne.
    (Chemin faisant, p.114, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  635. Il n'est pas long le catéchisme de la vie : supporte !
    (Chemin faisant, p.114, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  636. Ne lasser personne de soi, même ceux qui nous aiment, que c'est difficile !
    (Chemin faisant, p.114, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  637. Ce n'est pas d'être sans caprices qui fait notre mérite, c'est de savoir les étrangler.
    (Chemin faisant, p.114, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  638. Les retours sur les peines endurées sont des poisons lents pour le courage.
    (Chemin faisant, p.115, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  639. Oui, certaines insolences sentent vraiment bon.
    (Chemin faisant, p.115, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  640. Il est plus ordinaire de ne pas être de son âge dans la vieillesse que dans la jeunesse
    (Chemin faisant, p.115, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  641. Frôler le mensonge sans le commettre, c'est une adresse plus qu'une vertu.
    (Chemin faisant, p.115, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  642. J'ai été disposée à pardonner plus facilement ce que j'ai deviné; est-ce parce que j'y étais préparée ou parce que la perspicacité était flattée en moi?
    (Chemin faisant, p.115, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  643. La tentation dédaigne certains êtres, comme le goût certains palais.
    (Chemin faisant, p.115, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  644. Entre relations, il est doux de s'entendre, il est intéressant de se comprendre, il est charmant de se deviner.
    (Chemin faisant, p.116, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  645. Il est des gens qui inspirent tant de confiance qu'on voudrait avoir un secret à leur confier.
    (Chemin faisant, p.116, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  646. Dans un moment d'exaltation filiale, j'ai entendu une fille dire à sa mère : « Que n'ai-je un péché d'amour à te pardonner ! »
    (Chemin faisant, p.116, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  647. Tous les vieux se font professeurs à leur insu.
    (Chemin faisant, p.116, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  648. Il faut du courage, et il en faut de rechange.
    (Chemin faisant, p.116, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  649. La laideur est le moins réclamé de tous les droits.
    (Chemin faisant, p.116, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  650. Attention devant qui tu pleures ; ne te désarme pas devant l'inconnu.
    (Chemin faisant, p.117, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  651. On est généralement prodigue en avril, quand les jeunes pousses se lèvent : j'ai connu un avare qui se rasait deux fois par semaine dans ce mois charmant.
    (Chemin faisant, p.117, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  652. Les déceptions sont comme les chauves-souris ; elles viennent furtivement.
    (Chemin faisant, p.117, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  653. Il ne faut pas vouloir écrire une pensée, il faut que la pensée force notre main.
    (Chemin faisant, p.117, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  654. L'amour qui analyse la chanson est déjà vieux.
    (Chemin faisant, p.117, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  655. Il y a des gens qui font avec notre douleur ce que certains gourmets font avec la salade; ils la tournent en tous sens par leurs questions, pour que le poivre et le vinaigre ne perdent rien de leur saveur.
    (Chemin faisant, p.117, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  656. Toutes les circonstances où les autres m'ont fait souffrir m'avertissent de ne pas provoquer chez eux les mêmes souffrances.
    (Chemin faisant, p.118, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  657. L'âge nous change plus que la réflexion.
    (Chemin faisant, p.118, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  658. Les positions extrêmes enrichissent nos vices ou nos vertus.
    (Chemin faisant, p.118, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  659. Pour se protéger, les araignées ont leur toile ; les chats, leurs griffes; les punaises, leur odeur; l'homme, son mépris.
    (Chemin faisant, p.118, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  660. Le beau temps nous réconcilie avec la vie et même avec la mort.
    (Chemin faisant, p.118, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  661. L'attente du pire nous fait les plus belles surprises.
    (Chemin faisant, p.119, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  662. Ces duels tacites entre deux êtres qui s'étudient, qui s'attendent, qui se jugent, comme ils sont plus intéressants que les duels à l'épée!
    (Chemin faisant, p.119, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  663. Toutes les fois que nous nous payons de mots, nous faisons injure à notre intelligence.
    (Chemin faisant, p.119, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  664. Ce qui est sain est toujours bon à voir, comme ce qui est pur, agréable à toucher.
    (Chemin faisant, p.119, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  665. Ce n'est pas l'abondance qui rend généreux; il est des riches qui ne le sont pas plus que l'enfant au sein.
    (Chemin faisant, p.119, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  666. Tout ce qui enrichit mon expérience ne me coûte pas, quand mon coeur ne le paie pas.
    (Chemin faisant, p.119, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  667. Il me semble que je suis redevable à tous ceux qui m'ont fait penser, - en bien, en mal, qu'importe ! Le roulis et le tangage nous mènent aussi au port.
    (Chemin faisant, p.120, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  668. Se méfier, c'est presque accuser.
    (Chemin faisant, p.120, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  669. La prudence n'est pas la méfiance ; la prudence vient de l'esprit et la méfiance du caractère.
    (Chemin faisant, p.120, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  670. Il est des esprits, comme des liquides, qu'on clarifie pas.
    (Chemin faisant, p.120, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  671. La privation des joies les plus communes provoque nos plus grandes révoltes.
    (Chemin faisant, p.120, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  672. Quand nous sommes arrivés à jouir de la calomnie (qui nous concerne), nous sommes déjà loin.
    (Chemin faisant, p.123, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  673. Une certaine frivolité de goûts ne vient pas dans la vieillesse, si précédemment elle n'a pas existé dans la jeunesse : elle justifierait certaines accusations.
    (Chemin faisant, p.123, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  674. Une vieille femme en blanc m'est plus désagréable à voir qu'une jeune femme en noir; en deçà, en deçà toujours, mesdames!
    (Chemin faisant, p.123, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  675. Aimer son métier, une faveur, quand on n'a pas le choix.
    (Chemin faisant, p.124, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  676. Le mari garde-malade a toujours des airs de victime, pendant ou après.
    (Chemin faisant, p.124, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  677. Écrire trop joliment, faire trop joliment les petites choses, insuffisance d'esprit.
    (Chemin faisant, p.124, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  678. Les ours aiment aussi les caresses.
    (Chemin faisant, p.124, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  679. Le jaloux vit avec une plaie.
    (Chemin faisant, p.124, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  680. Il faut s'attendre à tout en mars ; Mars est le capricieux par excellence, un terrible enfant gâté, sautant alternativement des genoux du printemps sur les genoux de l'hiver, et vice versa.
    (Chemin faisant, p.124, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  681. On n'est jamais plus économe que le lendemain du jour où l'on a trop dépensé, et plus riche de bonnes résolutions qu'après un gros péché.
    (Chemin faisant, p.124, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  682. Être sévère envers soi-même, c'est donner de l'autorité à sa morale.
    (Chemin faisant, p.125, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  683. Ne jamais accuser les autres quand soi-même on a eu le malheur de faillir, c'est tout ce qu'on peut faire de plus intelligent.
    (Chemin faisant, p.125, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  684. Après le bonheur d'aimer, louer du fond du coeur est un plaisir bien doux.
    (Chemin faisant, p.125, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  685. De jolies qualités sociales : rendre son argent gracieux, son intelligence endurante, sa noblesse accessible.
    (Chemin faisant, p.125, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  686. L'expérience ne prêche pas, elle tape.
    (Chemin faisant, p.125, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  687. Rien n'est difficile aux gens qui ne cherchent rien.
    (Chemin faisant, p.126, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  688. La mort est l'oeuvre de Dieu, donc elle n'est pas cruelle.
    (Chemin faisant, p.126, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  689. Un coeur trop bon, un pouls trop plein ont leurs dangers.
    (Chemin faisant, p.126, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  690. Il est des gens qui disent : « J'aime ! » comme s'ils avaient un vomitif dans l'estomac.
    (Chemin faisant, p.126, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  691. Un mort remplacé peut ne pas être un mort oublié.
    (Chemin faisant, p.126, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  692. Bêler devant les loups, c'est aiguiser leurs dents.
    (Chemin faisant, p.126, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  693. Les plus honnêtes assurances se trompent comme les plus douces promesses.
    (Chemin faisant, p.127, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  694. Tout imbibé de rosée, tout botté de fleurs, le chevalier printemps conduit l'hiver à la frontière en lui baisant son capuchon.
    (Chemin faisant, p.127, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  695. Quand on ne craint plus l'opinion, on est bien tenté de la défier.
    (Chemin faisant, p.127, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  696. L'hiver n'a pas beaucoup d'amis ; que lui importe? Il a ses rigueurs.
    (Chemin faisant, p.127, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  697. S'apitoyer sur soi, c'est saigner son courage.
    (Chemin faisant, p.127, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  698. Un ami de notre âge pour nous comprendre, un jeune ami pour élargir notre horizon.
    (Chemin faisant, p.127, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  699. Les fiertés ont de la race, les vanités n'en ont pas.
    (Chemin faisant, p.128, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  700. Pour payer leur dette à la terre, les dieux ont créé l'amitié.
    (Chemin faisant, p.128, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  701. Mourir sans aigreur, c'est avoir bien digéré la vie.
    (Chemin faisant, p.128, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  702. On peut facilement tirer l'horoscope d'un pédant : déplaire partout.
    (Chemin faisant, p.128, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  703. Et même les vertus ont un cabinet de toilette et se fardent aujourd'hui.
    (Chemin faisant, p.128, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  704. La discrétion augmente en raison de la distinction.
    (Chemin faisant, p.128, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  705. En mûrissant, le fruit doit apprendre à tomber.
    (Chemin faisant, p.128, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  706. Qui vous dit que cette femme que vous rajeunissez voudrait être rajeunie? Il y a des gens qui aiment tous leurs titres de propriété.
    (Chemin faisant, p.129, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  707. Il faut croire au mal pour savoir bien faire le bien.
    (Chemin faisant, p.129, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  708. On connaît tout le prix des convenances quand on leur sacrifie le suc d'une bonne réplique.
    (Chemin faisant, p.129, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  709. Certaines lèvres sont comme la rose qui s'ouvre ; on n'en attend que des parfums.
    (Chemin faisant, p.129, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  710. Se rajeunir ! c'est renier - oh ! la vilaine action ! et renier des choses si évidentes, des vérités si catholiques, pour adopter des prétentions!
    (Chemin faisant, p.129, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  711. L'esprit ne guérit pas le coeur, mais il fait comme la bonne d'enfant, il l'amuse.
    (Chemin faisant, p.129, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  712. Les fruits verts n'ont que les passionnés pour clients ; ainsi de la laideur.
    (Chemin faisant, p.130, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  713. Quand je voulais me confesser en pays étranger, je choisissais généralement l'ecclésiastique le plus dodu, persuadée qu'il n'en était pas arrivé là sans avoir vidé quelques bonnes coupes, savouré quelques longues heures de sommeil, et qu'il serait peut-être plus indulgent pour les péchés d'autrui.
    (Chemin faisant, p.130, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  714. L'embonpoint est le riche le moins envié.
    (Chemin faisant, p.130, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  715. Nos organes sont nos victimes, mais des victimes qui se vengent.
    (Chemin faisant, p.130, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  716. On finit par se tasser dans sa peine.
    (Chemin faisant, p.130, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  717. Pouvoir lire dans les yeux ce que la bouche va dire, ou tout au moins deviner en eux qu'elle va lui parler, qu'importe après cela la couleur de ces yeux? Ils sont beaux.
    (Chemin faisant, p.130, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  718. Les pacifiques ne sont-ils pas un peu de la grande famille des paresseux?
    (Chemin faisant, p.131, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  719. N'en vouloir à personne, comme c'est simplifier sa tenue de livres !
    (Chemin faisant, p.131, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  720. De tous les sentiments, le plus difficile à jouer me semble être la timidité.
    (Chemin faisant, p.131, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  721. Dès qu'un convive s'est assis à ta table, il t'oblige à plus de générosité envers lui, à plus de prudence dans ton jugement; fais-toi tirer l'oreille avant de l'accuser, et laisse décrocher ta langue plutôt que de le vendre.
    (Chemin faisant, p.131, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  722. Avril est le mois où la fleur rêve le papillon, où l'orphelin rêve un frère, où le rayon rêve un front.
    (Chemin faisant, p.131, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  723. Les prétentions se regardent en ennemies, pourquoi? Elles sont pourtant de même race.
    (Chemin faisant, p.132, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  724. La naïveté est comme la robe rose ; elle a besoin de jeunesse et de fraîcheur.
    (Chemin faisant, p.132, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  725. La lumière est indiscrète, et les femmes n'aiment pas l'indiscrétion.
    (Chemin faisant, p.132, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  726. On a malgré soi bonne opinion de soi-même, - quand on dévore une peine tout seul.
    (Chemin faisant, p.132, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  727. Les niais aimeront toujours à enseigner.
    (Chemin faisant, p.132, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  728. Écrire son âge derrière son dos, ce n'est pas encore être vrai; le vrai n'a pas besoin d'écriteau.
    (Chemin faisant, p.132, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  729. Il y a des moments où toute une révolution d'idées se lève en nous et, comme un essaim de guêpes, part dans toutes les directions.
    (Chemin faisant, p.133, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  730. Les gens sans générosité sont, comme les gens sans vaccin, à la merci du premier cancan.
    (Chemin faisant, p.133, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  731. On porte la vieillesse suivant son caractère, cette seconde peau de l'être humain.
    (Chemin faisant, p.133, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  732. L'ami auquel on ose faire certaine question sur son ami a l'amitié peu virile.
    (Chemin faisant, p.133, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  733. Ceux qui sont plaints sont souvent moins à plaindre que ceux qui les plaignent.
    (Chemin faisant, p.133, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  734. L'inspiration se lève à ses heures comme l'enfant gâté.
    (Chemin faisant, p.133, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  735. L'honorabilité du vainqueur ajoute à la gravité de la défaite.
    (Chemin faisant, p.134, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  736. Une preuve de délicatesse d'âme dans l'être qui n'a pas souffert, c'est de se sentir un peu endetté, un peu honteux devant ceux qui souffrent.
    (Chemin faisant, p.134, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  737. Les penseurs ne connaissent la solitude qu'à demi.
    (Chemin faisant, p.134, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  738. Deux genres d'absolution : celle qu'on se donne et celle qu'on reçoit.
    (Chemin faisant, p.134, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  739. Le contraste, un fard comme un autre : voyez le collier de perles blanches au cou d'un nègre, les perles en semblent plus blanches et le cou d'un plus bel ébène.
    (Chemin faisant, p.134, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  740. Vénus se trouverait chaste si elle revenait. Mars doux, Jupiter patient, et surtout Mercure honnête.
    (Chemin faisant, p.134, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  741. Une beauté qui meurt en plein succès, c'est le général qui tombe au champ de victoire, le prêtre au lit du pestiféré : la mort les aime.
    (Chemin faisant, p.135, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  742. C'est l'âme qui boite dans l'être indécis.
    (Chemin faisant, p.135, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  743. Que l'humanité hérite de tout ce que ton coeur, ô jeune femme, donnait à l'amour!
    (Chemin faisant, p.135, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  744. Un duc trapu et court perd, en prestige, la moitié de son écusson.
    (Chemin faisant, p.135, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  745. Notre nature est plus franche que nous-même ; il y a des moments où l'on est franc malgré soi.
    (Chemin faisant, p.135, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  746. Être éloigné à table petit à petit de la maîtresse de la maison, c'est monter en grade dans son amitié.
    (Chemin faisant, p.135, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  747. Un homme est aussi étonné de rencontrer une femme qui pense logiquement qu'une femme est étonnée de rencontrer un homme chaste.
    (Chemin faisant, p.136, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  748. Quelque dure que soit la tâche, il y a une âpre jouissance à se sentir de force à l'accomplir.
    (Chemin faisant, p.136, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  749. Tout fait penser un penseur, tout fait reculer un poltron.
    (Chemin faisant, p.136, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  750. Un domestique qu'on appelle Monsieur, un bourgeois qu'on appelle Monseigneur, des heureux qu'on fait sans bourse délier.
    (Chemin faisant, p.136, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  751. Il est des lèvres qui mordent sans s'ouvrir; elles donnent l'impression d'un couteau.
    (Chemin faisant, p.136, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  752. Que de gens ont des ongles au bout de la langue sans en manquer au bout des doigts !
    (Chemin faisant, p.136, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  753. Le calme de la conscience n'est comparable à aucun autre calme : le ciel s'y reflète.
    (Chemin faisant, p.137, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  754. Exemple à suivre : Deux amies savait parfaitement la faute d'une amie commune, et elles ne se sont jamais permis de s'en parler.
    (Chemin faisant, p.137, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  755. Pour les âmes subalternes, le passé n'a pas de prestige; l'être est ce qu'il est, qu'importe ce qu'il a été ?
    (Chemin faisant, p.137, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  756. On a beau faire le bien derrière le volet, le bien est indiscret comme le rayon de soleil : malgré nous il perce.
    (Chemin faisant, p.137, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  757. Le commandement est difficile à exercer ; il faut qu'il soit empreint de décision et de douceur, impératif par le fond et persuasif par la forme.
    (Chemin faisant, p.137, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  758. L'esprit au pain sec n'est pas plus heureux que l'estomac.
    (Chemin faisant, p.137, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  759. Que c'est bon, le succès d'un ami! On peut en porter toute la gloire sans modestie.
    (Chemin faisant, p.138, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  760. Les mondes s'éclipsent devant ce mot: l'Infini.
    (Chemin faisant, p.138, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  761. On aime facilement ce qu'on domine.
    (Chemin faisant, p.138, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  762. Avant de recevoir, une bonne maîtresse de maison doit faire l'examen de son humeur et la préparer aux événements.
    (Chemin faisant, p.138, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  763. La pureté donne plus l'idée de jeunesse que la chasteté.
    (Chemin faisant, p.138, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  764. Tel qu'on néglige, s'il n'est parfaitement bon, devient un ennemi.
    (Chemin faisant, p.138, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  765. Toujours au-dessus : quelle belle devise pour endurer et se taire !
    (Chemin faisant, p.138, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  766. L'éléphant et l'abeille sont sortis de la même mère : la nature.
    (Chemin faisant, p.139, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  767. Un soufflet! ce n'est pas si désagréable, puisqu'il nous en permet un autre.
    (Chemin faisant, p.139, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  768. Quand j'ai voulu faire savoir une chose, je l'ai confiée à de bonnes âmes, sous le sceau du secret.
    (Chemin faisant, p.139, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  769. Il faut élever une héritière à l'indifférence du qu'en dira-t-on, comme on élevait une Spartiate au dédain de la flèche.
    (Chemin faisant, p.139, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  770. Ne craindre aucun regard sur sa vie morale, c'est, dès ici-bas, une céleste récompense.
    (Chemin faisant, p.139, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  771. Une grande audace peut jaillir d'un tout petit courage.
    (Chemin faisant, p.139, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  772. Les grands enthousiasmes s'essoufflent vite.
    (Chemin faisant, p.140, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  773. Soupirer près d'une jeune, se plaindre près d'une vieille, deux agréables passe-temps.
    (Chemin faisant, p.140, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  774. Que c'est dur d'être plaint par ceux qu'on n'aime pas !
    (Chemin faisant, p.140, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  775. La terre n'est pas difficile ; elle prend tout.
    (Chemin faisant, p.140, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  776. Les airs de langueur, des appétits qui n'osent s'avouer.
    (Chemin faisant, p.140, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  777. Oui, l'appellation peut faire accepter la chose. Une femme, qui avait peur de la mort, s'imagina de l'appeler la tante noire, et sous ce nom familial elle la vit arriver avec moins d'effroi.
    (Chemin faisant, p.140, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  778. Le soir ferme les calices de toutes les fleurs avant l'arrivée de la nuit; c'est un amant jaloux.
    (Chemin faisant, p.141, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  779. On accepte la menue monnaie de l'amour, la menue monnaie de l'amitié, mais on n'accepte pas la menue monnaie filiale.
    (Chemin faisant, p.141, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  780. Les jeunes aiment à étonner, les vieux à convaincre.
    (Chemin faisant, p.141, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  781. J'arrive à concevoir quelque pitié pour les vieilles qui se teignent : elles croient se défendre, et se défendre est si naturel dans l'attaque ! - mais les jeunes?
    (Chemin faisant, p.141, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  782. On paie souvent pour s'ennuyer !
    (Chemin faisant, p.141, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  783. On gâche la parole humaine comme on gâche l'eau du fleuve, et quelle haute mission elle a cependant! C'est elle qui fait le bien et le mal, le juste et l'injuste, qui bénit et maudit, qui sert l'âme et le coeur : c'est une révélatrice, une des plus grandes munificences de Dieu envers l'homme.
    (Chemin faisant, p.141, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  784. Dans un beau vêtement, surveillez aussi la doublure.
    (Chemin faisant, p.142, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  785. Ce qui m'empêche d'admirer les gens qui naissent dotés d'un blason, c'est l'admiration que j'éprouve pour ceux qui s'en créent un eux-mêmes.
    (Chemin faisant, p.142, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  786. Au fond de tout, c'est le ver qui nous attend; plus nous sommes truffés de vanités, plus il se régale.
    (Chemin faisant, p.142, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  787. Je plains ceux qui n'ont pas besoin de rendez-vous avec eux-mêmes.
    (Chemin faisant, p.142, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  788. Il y a des gens qui font l'effet d'accidents dans notre vie, d'autres de famille retrouvée.
    (Chemin faisant, p.142, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  789. Il est des gens qui jouent de l'humilité comme d'un pistolet de poche; ils la sortent et la rentrent suivant l'occurrence.
    (Chemin faisant, p.143, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  790. Les gens qui voient tout sont des mouches qui nous harcèlent et nous piquent dans tous les sens.
    (Chemin faisant, p.143, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  791. Aucune caste n'a le privilège des grandes choses; aucune famille, l'héritage des vertus.
    (Chemin faisant, p.143, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  792. On peut sans fatuité se plaire avec soi-même; affaire d'habitude.
    (Chemin faisant, p.143, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  793. Une passion fait toujours tort à un droit.
    (Chemin faisant, p.143, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  794. Un caprice doit nous faire réfléchir; c'est le valet qui s'installe chez nous.
    (Chemin faisant, p.143, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  795. Il est telles économies qui ne sont permises qu'aux riches.
    (Chemin faisant, p.144, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  796. À tout âge on peut pécher par trop de jeunesse.
    (Chemin faisant, p.144, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  797. La justice n'a rien à faire avec l'indulgence, parce qu'elle n'a rien à faire avec le coeur.
    (Chemin faisant, p.144, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  798. La règle a sa beauté dans son inflexibilité.
    (Chemin faisant, p.144, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  799. Le temps s'ébat dans l'espace : c'est son jardin.
    (Chemin faisant, p.144, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  800. L'infériorité qui recherche la supériorité est une terre qui portera fruit.
    (Chemin faisant, p.144, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  801. Le repos comme la grandeur est en nous.
    (Chemin faisant, p.144, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  802. La grâce meurt avec toutes les perles de son collier.
    (Chemin faisant, p.145, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  803. Les fautes d'autrui sont des oreillers pour les nôtres.
    (Chemin faisant, p.145, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  804. C'est quand le métier disparaît que l'art se révèle.
    (Chemin faisant, p.145, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  805. Le vrai n'a qu'une couleur, celle du vrai.
    (Chemin faisant, p.145, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  806. La gaieté vient de l'humeur, la joie vient du coeur.
    (Chemin faisant, p.145, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  807. Faire passer son bienfait par dée mains qui ne peuvent pas donner, c'est donner deux fois.
    (Chemin faisant, p.145, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  808. Je crois au sang dans les veines plus que je ne crois aux privilèges du sang.
    (Chemin faisant, p.145, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  809. La vie semble neuve le matin.
    (Chemin faisant, p.146, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  810. En amour, les boutades sont comme les mouches du visage, elles aiguisent le désir; en amitié, ce sont des maladresses.
    (Chemin faisant, p.146, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  811. Un beau front semble un confessionnal : on n'ose lui mentir.
    (Chemin faisant, p.146, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  812. La vraie grande dame n'a besoin d'être ni grande ni petite, ni blonde ni brune; elle loge en elle des qualités de race, sans être de race souvent.
    (Chemin faisant, p.146, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  813. Une femme indépendante est une désagréable énigme pour l'homme.
    (Chemin faisant, p.146, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  814. L'indépendance de l'esprit nous reconquiert sur le préjugé.
    (Chemin faisant, p.146, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  815. Les plus douces chaînes sont des chaînes : à un moment donné vous en sentirez le poids.
    (Chemin faisant, p.147, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  816. Dieu a quelquefois des miséricordes particulières pour l'être calomnié ; il l'adopte, il le comble de force, il lui dit tout bas : Je suis là.
    (Chemin faisant, p.147, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  817. Le raisin vaut bien la cerise, quoique ce soit un fruit d'arrière-saison.
    (Chemin faisant, p.147, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  818. Il faut aimer son indépendance un peu comme sa fille : ne permettre à personne de l'approcher.
    (Chemin faisant, p.147, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  819. Se faire aimer est moins une science qu'un don.
    (Chemin faisant, p.147, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  820. Nous sommes vraiment des détachés quand nous n'avons plus besoin que personne nous appartienne.
    (Chemin faisant, p.147, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  821. La jeunesse n'apprécie pas l'estime.
    (Chemin faisant, p.148, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  822. Les jaloux aiment tant à faire souffrir de leur mal!
    (Chemin faisant, p.148, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  823. Garder de la crainte juste ce qu'il en faut, que c'est difficile !
    (Chemin faisant, p.148, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  824. Quand le droit n'aura plus besoin de protecteurs, nous pourrons être fiers de notre civilisation.
    (Chemin faisant, p.148, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  825. Quand on demande l'âge de certaines femmes, il semble qu'on leur enlève la chemise, tant elles en paraissent offensées.
    (Chemin faisant, p.148, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  826. Ce qui pèse le plus sur nous, ce sont nos expériences.
    (Chemin faisant, p.148, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  827. L'écho n'apportait plus que des plaintes mélancoliquement embaumées par la senteur des pins ; la douleur était allée plus loin.
    (Chemin faisant, p.148, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  828. Les airs de protection : d'arrogants seigneurs, cravachant de l'oeil leurs vassaux.
    (Chemin faisant, p.149, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  829. On ne devrait pas manger l'oeuf quand on a vilipendé le poulailler.
    (Chemin faisant, p.149, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  830. On n'aime qu'avec les sens quand, sans croire, on aime.
    (Chemin faisant, p.149, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  831. Le bon sens fait quelquefois l'office de la vertu.
    (Chemin faisant, p.149, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  832. Les qualités négatives sont comme l'ombre ; elles ont leur utilité.
    (Chemin faisant, p.149, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  833. Que je serais désolée de ne jamais mé tromper ! Il est si doux de revenir d'une erreur !
    (Chemin faisant, p.149, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  834. Quand on veut reconquérir une ville, on est aimable envers les faubourgs.
    (Chemin faisant, p.150, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  835. On peut, heureusement, être bon patriote sans avoir les vices de son pays, et bon fils sans avoir les défauts de sa mère.
    (Chemin faisant, p.150, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  836. Notre vie est d'avance tracée, nous en brodons simplement le canevas.
    (Chemin faisant, p.150, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  837. Ne se faire craindre que par sa justice.
    (Chemin faisant, p.150, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  838. Ceux qui se louent sont très agréables à côté de ceux qui se plaignent.
    (Chemin faisant, p.150, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  839. Le sourire n'est ni une approbation ni un blâme ; il est du genre neutre.
    (Chemin faisant, p.150, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  840. Tout briser, que c'est facile à côté de tout ménager !
    (Chemin faisant, p.151, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  841. La victoire sur un imbécile peut appauvrir l'imbécile, elle n'enrichit pas l'homme d'esprit.
    (Chemin faisant, p.151, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  842. On a le dédain du dire quand on sait agir.
    (Chemin faisant, p.151, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  843. Les heures sonnent inconsciemment nos douleurs ; elles leur restent cependant associées dans nos souvenirs et nos rancunes.
    (Chemin faisant, p.151, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  844. Les souffrances de la femme sont mêlées d'amour-propre, celles de la mère ne sont que de l'amour meurtri.
    (Chemin faisant, p.151, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  845. L'accomplissement d'un devoir laisse en nous de la fraîcheur, sinon de la joie.
    (Chemin faisant, p.151, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  846. Un peu de bonne volonté, et Dieu fait le reste.
    (Chemin faisant, p.152, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  847. Testament de la vie : je laisse tout à la poussière.
    (Chemin faisant, p.152, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  848. Une défaite est une entorse; on en guérit.
    (Chemin faisant, p.152, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  849. Un des charmes de la jeunesse, c'est de se croire éternelle.
    (Chemin faisant, p.152, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  850. En fait de pécheurs, les plus faciles à tenter sont les gourmands.
    (Chemin faisant, p.152, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  851. Dieu veut bien se servir de chacun de nous pour se faire aimer.
    (Chemin faisant, p.152, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  852. Les gens qui ont notre confiance sont des créanciers : il semble qu'on leur fasse un vol quand on leur tait quelque chose.
    (Chemin faisant, p.152, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  853. Toujours l'épée en main pour défendre ceux qu'on aime, c'est la croisade des gens de coeur.
    (Chemin faisant, p.153, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  854. Amassons des forces et des résolutions : la vie saura les dépenser.
    (Chemin faisant, p.153, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  855. Dieu a des miséricordes publiques et des miséricordes intimes.
    (Chemin faisant, p.153, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  856. On est quelquefois bêtement pur, ce qui n'empêche pas d'en être fier.
    (Chemin faisant, p.153, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  857. Pour tant faire, j'aime mieux être avalée par la baleine que par le fretin.
    (Chemin faisant, p.153, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  858. L'honneur ne nous oblige pas seulement à être honorable, il nous oblige à ne pas vivre avec ceux qui ne le sont pas.
    (Chemin faisant, p.153, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  859. On séduit parfois l'orgueil, on ne séduit pas la fierté.
    (Chemin faisant, p.154, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  860. Pour beaucoup de gens, voyager, c'est changer sa valise de place, colporter ailleurs son ennui.
    (Chemin faisant, p.154, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  861. L'histoire est comme la musique ; elle se transpose.
    (Chemin faisant, p.154, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  862. Qu'il y a de joie à pouvoir être soi ! qu'il y a d'équité à permettre à chacun de l'être!
    (Chemin faisant, p.154, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  863. Que de bonheur on laisse dans ses langes !
    (Chemin faisant, p.154, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  864. Quand on laisse accuser devant soi ceux qu'on aime, on est bien près de les accuser soi-même.
    (Chemin faisant, p.154, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  865. Braver, ce n'est pas toujours du courage, c'est souvent du jeu.
    (Chemin faisant, p.154, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  866. Ce n'est pas toujours par infidélité qu'on néglige ses amis : l'esprit de celui-ci fait des évolutions dans un sens, l'esprit de celui-là dans un autre, et la vie nous éloigne ainsi sans que le coeur y soit pour rien.
    (Chemin faisant, p.155, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  867. Ma voisine (la tentation) était ce jour-là plus gênante que jamais ; je cherchai d'abord à la gagner par la douceur : « Eh! voisine! lui dis-je, il me semble qu'on est bien bruyante, ce matin ; » mais la belle, voyant que je lui faisais un peu la cour, redoubla de tapage et d'audace, et force me fut de la prendre par les épaules et de la jeter hors du logis.
    (Chemin faisant, p.155, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  868. Quel honneur, un reproche !
    (Chemin faisant, p.155, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  869. Le jour de son couronnement, l'autorité est comme une jeune communiante ; elle ne veut que le bien.
    (Chemin faisant, p.155, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  870. Les forces qui ne se dépensent pas deviennent des émeutes.
    (Chemin faisant, p.155, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  871. Quand on a pris haut son vol et qu'on est bon, on regarde avec intérêt ceux qui essaient leurs ailes.
    (Chemin faisant, p.156, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  872. Un homme ne croit jamais à une faute unique chez une femme.
    (Chemin faisant, p.156, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  873. Peu de gens sauront te faire grâce de ce que tu ne veux pas entendre.
    (Chemin faisant, p.156, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  874. L'indépendance est toujours un peu notre oeuvre; voilà pourquoi nous en jouissons âprement.
    (Chemin faisant, p.156, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  875. Un auteur est quelquefois bien étonné de tout ce que le lecteur voit, en dehors de ses intentions, dans son livre.
    (Chemin faisant, p.156, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  876. L'amitié nous permet d'être laids, d'être vieux, de manquer de goût et de tournure : généreuse amitié!
    (Chemin faisant, p.156, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  877. Le chapelet de tout ce que nous aurions préféré à côté de tout ce que nous avons, a certainement plus de cinq dizaines.
    (Chemin faisant, p.157, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  878. On ne doit l'absolue vérité qu'à sa conscience.
    (Chemin faisant, p.157, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  879. Les désirs ont des jambes de gazelle : ils vont aussi vite qu'elle et par monts et par vaux.
    (Chemin faisant, p.157, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  880. L'ennemi a pu être l'ami d'hier, et ce ne sera pas le moins armé contre toi !
    (Chemin faisant, p.157, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  881. On refait tous les jours la litière de sa vie.
    (Chemin faisant, p.157, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  882. Le droit de tout dire n'appartient à personne.
    (Chemin faisant, p.157, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  883. L'homme croit trop facilement qu'un baiser lui vaudra l'absolution.
    (Chemin faisant, p.157, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  884. Être soi, ce n'est pas dire qu'on sera tous les jours le même.
    (Chemin faisant, p.158, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  885. Connaître un terrain, c'est ne lui demander que tel et tel produit ; connaître une âme, c'est ne lui demander que tel et tel sentiment.
    (Chemin faisant, p.158, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  886. L'ami qui, après le refus d'un prêt, sait nous aimer autant qu'avant, cet ami-là s'est élevé haut sur l'échelle de l'amitié.
    (Chemin faisant, p.158, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  887. Les gens qui ont l'admiration gloutonne sont de bonnes gens.
    (Chemin faisant, p.158, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  888. Il est des défauts qu'on caresse chez ses amis, par reconnaissance de ne pas leur en voir d'autres.
    (Chemin faisant, p.158, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  889. Le bonheur est comme le voleur ; il se préoccupe en arrivant d'une porte de sortie.
    (Chemin faisant, p.158, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  890. Il est plus facile à la beauté d'être généreuse envers la laideur qu'à l'esprit de l'être envers la sottise.
    (Chemin faisant, p.159, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  891. Qu'il faut avoir aimé pour arriver à maudire !
    (Chemin faisant, p.159, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  892. Les gens qui pouvant se défendre se plaignent, sont des lâches !
    (Chemin faisant, p.159, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  893. Un bon serviteur m'édifie au moins autant qu'un bon maître.
    (Chemin faisant, p.159, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  894. Il ne faut pas jouer avec le défi des jeunes ni avec la lassitude des vieux.
    (Chemin faisant, p.159, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  895. Certaines indifférences sont des récompenses ; il faut bûcher ferme pour les mériter.
    (Chemin faisant, p.159, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  896. La crainte protège l'amour, comme la paupière les yeux.
    (Chemin faisant, p.159, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  897. Il faut être plus indépendant de fond que de forme.
    (Chemin faisant, p.160, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  898. Le bruit des feuilles mortes, quelle douce mélodie !
    (Chemin faisant, p.160, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  899. J'étais heureuse quand je croyais à tous les yeux qui pleurent. O vie, pourquoi m'as-tu enlevé cette félicité!
    (Chemin faisant, p.160, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  900. Vigoureusement aimer, c'est vigoureusement vivre.
    (Chemin faisant, p.160, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  901. Croyez-moi, mes amies, n'invitez personne à votre enterrement : on en trouvera la morte plus charmante; on vous saura gré de cette attention.
    (Chemin faisant, p.160, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  902. Supporte ce que tu dois, aime qui tu peux.
    (Chemin faisant, p.160, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  903. L'oubli de soi, le grand devoir!
    (Chemin faisant, p.161, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  904. N'imitez pas les gens qui vous aiment tout en vous heurtant; c'est dans la manière d'aimer qu'est le charme de l'affection.
    (Chemin faisant, p.161, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  905. Attends Dieu et sa justice : Il est, elle sera.
    (Chemin faisant, p.161, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  906. Un homme est toujours fier d'être pris pour un juge, une femme toujours flattée d'être prise pour une victime.
    (Chemin faisant, p.161, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  907. Heureux ceux qui n'ont la fierté qu'à la hauteur du mérite, et la parole qu'à la hauteur du courage.
    (Chemin faisant, p.161, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  908. Un domestique ne doit craindre que de manquer à son devoir ; n'en faites pas un courtisan de vos caprices.
    (Chemin faisant, p.161, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  909. J'aime beaucoup la politesse pour elle-même et pour tout ce qu'on y peut renfermer d'ironie.
    (Chemin faisant, p.162, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  910. Une femme trompée peut se consoler par la pensée que toute autre femme l'eût été à sa place.
    (Chemin faisant, p.162, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  911. Filles de la terre et de l'air, ô fleurs ! princesses par votre père, plébéiennes par votre mère, vous charmez toutes les castes, vous réjouissez tous les yeux.
    (Chemin faisant, p.162, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  912. Le piano a de beaucoup augmenté la valeur du silence.
    (Chemin faisant, p.162, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  913. Le caprice, comme la mère adultère, peut donner naissance aux plus saines productions.
    (Chemin faisant, p.165, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  914. Je plains les gens à qui un titre manque ; il leur coûtera cher à un certain moment.
    (Chemin faisant, p.165, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  915. D'un nid de perdrix peut sortir par hasard un aigle.
    (Chemin faisant, p.165, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  916. Qui se gouverne tient les autres en respect.
    (Chemin faisant, p.165, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  917. Entre bons domestiques, c'est à qui aura le meilleur maître; entre mauvais, c'est à qui abîmera le plus le sien.
    (Chemin faisant, p.166, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  918. Un jeune qui n'ose pas assez, un vieux qui ose trop, deux déclassés.
    (Chemin faisant, p.166, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  919. Les vieux domestiques sont comme les vieux renards ; ils connaissent les fentes et leurs aboutissants.
    (Chemin faisant, p.166, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  920. Ils ne savent ni aimer ni haïr ceux-là qui ne fêtent pas en eux l'anniversaire de certains départs.
    (Chemin faisant, p.166, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  921. Élever, ce n'est pas chercher à faire passer son âme dans celle de son disciple, c'est placer l'âme de son disciple devant le devoir, l'honneur, la vertu.
    (Chemin faisant, p.166, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  922. Le scrupuleux rapetisse son Dieu.
    (Chemin faisant, p.166, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  923. Permettre aux vieux d'être laids, ce n'est pas, savez-vous, de la si commune indulgence.
    (Chemin faisant, p.167, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  924. La jeunesse mousse dans certains êtres comme le champagne dans le verre.
    (Chemin faisant, p.167, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  925. Les gens d'esprit ont le droit de faire des sottises ; ils n'ont pas le droit d'en dire.
    (Chemin faisant, p.167, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  926. Les saintes âmes reprennent la lutte avec amour, comme l'artiste son instrument.
    (Chemin faisant, p.167, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  927. Le renoncement est dur jusqu'à mi-côte; la fin de la route vous récompense.
    (Chemin faisant, p.167, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  928. Rien ne pèse plus que le coeur quand il est las !
    (Chemin faisant, p.167, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  929. Il faut bien débuter dans la vieillesse ; comme dans toutes les descentes, l'essentiel est de poser son pied d'aplomb.
    (Chemin faisant, p.167, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  930. Il n'est pas bon de pleurer, mais il sera bon d'avoir pleuré.
    (Chemin faisant, p.168, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  931. « Je vous le dis à vous, madame » : - Cette exception en ma faveur m'avertit au moins autant qu'elle me flatte.
    (Chemin faisant, p.168, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  932. Que faut-il pour bien recevoir? Faire oublier aux gens que vous les recevez.
    (Chemin faisant, p.168, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  933. Heureusement, la guêpe bourdonne.
    (Chemin faisant, p.168, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  934. Les gens qui ne savent pas aimer sans comparer, ressemblent à ceux qui ne savent pas recevoir un présent sans l'évaluer.
    (Chemin faisant, p.168, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  935. Les difficultés sont des défis que la nature nous jette et dont, sans parcimonie, elle encombre notre voie.
    (Chemin faisant, p.169, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  936. La joie habille un coeur tout à neuf en un instant.
    (Chemin faisant, p.169, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  937. Rien n'est dangereux pour l'esprit comme un compliment.
    (Chemin faisant, p.169, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  938. Que le génie est pauvre à côté d'un grand coeur !
    (Chemin faisant, p.169, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  939. La simplicité des manières est de bonne maison.
    (Chemin faisant, p.169, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  940. Un passé pur : un lit de roses sèches qui sentent toujours bon.
    (Chemin faisant, p.169, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  941. L'aurore attend chaque matin un nouveau monarque de vingt-quatre heures.
    (Chemin faisant, p.169, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  942. Le mensonge s'appelle trahison quand il se glisse dans un baiser.
    (Chemin faisant, p.170, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  943. On s'éloigne agréablement des gens qui ont besoin de tout blâmer.
    (Chemin faisant, p.170, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  944. Un acte ne meurt pas sans postérité : ses conséquences.
    (Chemin faisant, p.170, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  945. La loi est comme chacun de nous ; elle a besoin d'être respectable pour être respectée.
    (Chemin faisant, p.170, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  946. Que de gens nous régalent de leur présence au-delà de notre faim !
    (Chemin faisant, p.170, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  947. On s'habitue à demander et la demande perd de son amertume ; on s'habitue à donner et le don perd, hélas! de sa saveur.
    (Chemin faisant, p.170, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  948. L'argent, selon son emploi, aura pour accusateur ou pour défenseur la misère.
    (Chemin faisant, p.171, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  949. Toute la pourpre des Césars, tout l'encens des renommées, tout le char des plaisirs, tout le cliquetis des joies ne valent pas une conscience pure.
    (Chemin faisant, p.171, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  950. Une bonté dupée n'est jamais ridicule, un esprit dupé l'est toujours.
    (Chemin faisant, p.171, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  951. La dernière passion que nous inspirons nous émeut d'une manière toute différente des autres : il y a de l'étonnement et de la reconnaissance dans ce que nous ressentons.
    (Chemin faisant, p.171, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  952. Pourquoi se vanter d'être honnête homme? Se vante-t-on d'avoir les pieds propres?
    (Chemin faisant, p.171, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  953. Un bonheur humble m'édifie moins qu'un malheur bien supporté.
    (Chemin faisant, p.172, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  954. Dans l'impatience de l'attente, la chair devient maîtresse, un crime peut se concevoir, un adultère se comploter. - 0 femmes ! ne vous faites jamais trop attendre.
    (Chemin faisant, p.172, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  955. Un homme riche n'a pas besoin d'emporter la vanité de sa maison en voyage ; son domestique s'en charge.
    (Chemin faisant, p.172, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  956. La confiance est comme le sommeil ; il faut savoir la modérer.
    (Chemin faisant, p.172, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  957. Les loups sans brebis, pauvres loups!
    (Chemin faisant, p.172, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  958. Un chasseur ne compte pas la poudre qu'il perd, ni un amoureux les déclarations qu'il lance.
    (Chemin faisant, p.172, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  959. Aujourd'hui les agneaux tondent leurs mères.
    (Chemin faisant, p.173, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  960. Être capricieux, c'est ne pas être le même quand les choses restent les mêmes.
    (Chemin faisant, p.173, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  961. Le bonheur à ses petits-enfants : « Comptez sur vous plus que sur moi. »
    (Chemin faisant, p.173, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  962. Oh! les femmes, n'en dites pas tant de mal, puisque c'est un mal dont vous ne pouvez vous passer.
    (Chemin faisant, p.173, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  963. C'est vivre aux dépens de la jeunesse que de lui enlever sa gaieté.
    (Chemin faisant, p.173, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  964. Rien ne nous est dû, pas même les larmes pour pleurer.
    (Chemin faisant, p.173, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  965. Les fanges sentent mauvais : c'est un avertissement.
    (Chemin faisant, p.174, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  966. Une belle âme loge souvent dans un vilain corps ; elle échappe ainsi au vulgaire sous une espèce d'incognito,
    (Chemin faisant, p.174, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  967. La chance n'a pas de préférence entre le brun et le blond ; elle prend surtout le sot.
    (Chemin faisant, p.174, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  968. La franchise souffre de tout ce qu'elle ne doit pas dire.
    (Chemin faisant, p.174, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  969. Un baiser peut avoir plus de signification que dix.
    (Chemin faisant, p.174, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  970. L'estime est une conséquence ; elle ne peut pas être une passion.
    (Chemin faisant, p.174, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  971. Un sot qui commence à se méfier de lui-même est en progrès.
    (Chemin faisant, p.175, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  972. L'égoïsme a ses ciseleurs comme les métaux.
    (Chemin faisant, p.175, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  973. Un bon coeur est toujours près d'un précipice.
    (Chemin faisant, p.175, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  974. Nous ne sommes jamais complètement dans le présent ; on croirait qu'il est trop étroit pour nous loger.
    (Chemin faisant, p.175, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  975. Je me défie de ces gens qui restent toujours entre les portes, qui ne savent ni reculer ni avancer, ni blâmer ni approuver.
    (Chemin faisant, p.175, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  976. Dure bouchée : l'oubli d'un coeur sur lequel on a des droits.
    (Chemin faisant, p.175, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  977. L'espérance est comme le soleil; elle est à tout le monde, et chacun l'aime comme si elle était à lui seul.
    (Chemin faisant, p.175, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  978. Le silence de la nuit est solennel comme un glas.
    (Chemin faisant, p.176, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  979. En toutes choses il y a la paille et le grain.
    (Chemin faisant, p.176, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  980. La politique est comme le commerce ; il faut la faire en grand pour qu'elle intéresse.
    (Chemin faisant, p.176, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  981. Le vent a toujours l'air de nous fouiller, c'est pourquoi je le déteste.
    (Chemin faisant, p.176, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  982. Personne ne peut nous faire d'aussi beaux présents que nous-même.
    (Chemin faisant, p.176, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  983. L'homme a non seulement besoin de tous ses moyens de défense, il a souvent besoin d'en improviser.
    (Chemin faisant, p.176, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  984. L'équilibre entre les luttes et les forces rend le ciel quitte envers nous.
    (Chemin faisant, p.177, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  985. Toute l'autorité d'un pape, toute la fortune d'un empire ne peuvent rien changer à un fait : c'est ce qu'il y a de plus stable ici-bas.
    (Chemin faisant, p.177, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  986. Le devoir n'est pas toujours très poli. Il dit : Je veux! à pleine bouche, et : J'entends! à pleine menace. Ce qui est gentiment demandé est pourtant déjà accordé, monseigneur le Devoir!
    (Chemin faisant, p.177, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  987. Une main délicate cueille avec respect la dernière fleur du rosier.
    (Chemin faisant, p.177, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  988. Chaque coeur est appelé aux armes, mais sous un uniforme différent.
    (Chemin faisant, p.177, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  989. Il est des choses qu'on ne comprendrait jamais sans l'amour; l'esprit n'y suffirait pas.
    (Chemin faisant, p.178, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  990. C'est sur le vieux révolté (le Moi) qu'il faut taper sans cesse : la bride sur le cou, rien ne l'arrête, rien ne l'intimide ; il usurpe sa place partout.
    (Chemin faisant, p.178, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  991. Il y a de la générosité à comprendre ce dont on n'a plus besoin.
    (Chemin faisant, p.178, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  992. Je plains ceux qui ne connaissent pas le bonheur de devoir leur fortune au travail de leur père, ni celui de le remercier chaque fois qu'ils la dépensent avec joie.
    (Chemin faisant, p.178, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  993. J'ai toujours volontiers appelé comtesses toutes celles qui le sont, et même celles qui ne le sont pas, quand elles le désirent.
    (Chemin faisant, p.178, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  994. Rien ne fait remonter le cours des ans comme le son d'une valse enfiévrée.
    (Chemin faisant, p.178, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  995. Obéir dans la forme, c'est gracieusement se ménager le fond.
    (Chemin faisant, p.179, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  996. Oui, il y a vraiment de charmants amis! ceux qui attendent d'être rentrés chez eux pour tourner votre réception sur le gril de leur critique.
    (Chemin faisant, p.179, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  997. Le domestique doit sentir dans son maître une main et un coeur.
    (Chemin faisant, p.179, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  998. La manière de traiter un livre en le lisant révèle un peu l'esprit de celui qui le lit.
    (Chemin faisant, p.179, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  999. Ne pas intervertir les rôles, ne pas juger son Dieu.
    (Chemin faisant, p.179, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1000. Je me réjouis devant un épi bien plein, comme je me réjouis devant une jeune vie pleine de sève.
    (Chemin faisant, p.179, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1001. Une idée nouvelle est comme une jeune femme ; elle a toujours des admirateurs.
    (Chemin faisant, p.180, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1002. Il est plus salutaire de soigner sa volonté que sa beauté.
    (Chemin faisant, p.108, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1003. Une année qui commence : un nouveau juge qui se lève.
    (Chemin faisant, p.180, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1004. La vie ne nous a promis que la mort.
    (Chemin faisant, p.180, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1005. Le moment d'agir s'annonce de lui-même, mais sa cloche pour chacun de nous ne sonne qu'une fois.
    (Chemin faisant, p.180, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1006. La crainte nous rend frileux.
    (Chemin faisant, p.180, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1007. Rien ne réchauffe comme une franche explication.
    (Chemin faisant, p.180, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1008. Le riche qui ne compte pas est plus pauvre que le pauvre qui compte.
    (Chemin faisant, p.181, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1009. L'homme ne connaît la mesure que par crainte, non par goût.
    (Chemin faisant, p.181, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1010. Ce qui est logique ne révolte personne ; l'homme est né juste.
    (Chemin faisant, p.181, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1011. L'estime vient du raisonnement, la confiance du coeur.
    (Chemin faisant, p.181, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1012. Un blasé est un riche châtié dès ici-bas.
    (Chemin faisant, p.181, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1013. La vertu est bien moins exigeante que l'art : chez elle l'intention compte pour le fait ; mais lui, il veut l'exécution.
    (Chemin faisant, p.181, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1014. Honte aux heureux s'ils ne savent en faire !
    (Chemin faisant, p.182, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1015. Une femme qui parle de sa vertu cherche à la placer.
    (Chemin faisant, p.182, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1016. On ne corrige pas sa fibre, on l'arrache.
    (Chemin faisant, p.182, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1017. Notre succès a besoin de flatter ceux qui nous sont chers pour nous être très doux.
    (Chemin faisant, p.182, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1018. Les prétentions s'habillent toutes de la même loque : la vanité.
    (Chemin faisant, p.182, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1019. Le mépris est le terme de ce qui nous est permis.
    (Chemin faisant, p.182, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1020. Le coeur remplace les bons mots par des actes.
    (Chemin faisant, p.182, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1021. La haine encaisse, la colère dépense.
    (Chemin faisant, p.183, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1022. S'aimer, c'est encore une occupation.
    (Chemin faisant, p.183, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1023. Le mal guéri est comme le péché absous ; il faut en garder doucement mémoire.
    (Chemin faisant, p.183, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1024. La nature ne nous a pas tous condamnés à être légers si nous sommes Français, lourds si nous sommes Allemands, excentriques si nous sommes Anglais ; elle nous dit seulement : « Prends garde ! »
    (Chemin faisant, p.183, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1025. L'exemple fait son chemin à petits pas.
    (Chemin faisant, p.183, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1026. Il y a le catéchisme de la secte, comme il y a l'esprit de la caste.
    (Chemin faisant, p.183, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1027. Quelque habile que l'on soit, on est toujours deviné par quelqu'un.
    (Chemin faisant, p.184, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1028. L'artiste n'est pas toujours la joie de l'art, comme le fils n'est pas toujours la joie de la maison.
    (Chemin faisant, p.184, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1029. L'envie est maigre de tout ce qu'elle désire.
    (Chemin faisant, p.184, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1030. Péché d'Adam! fallait-il que tu fusses doux pour que ta peine fût si amère !
    (Chemin faisant, p.184, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1031. Il faut donner comme si on volait, presque en se sauvant.
    (Chemin faisant, p.184, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1032. Respect aux titres, comme à tous les naufragés !
    (Chemin faisant, p.184, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1033. Il faut laisser dire le monde comme il faut laisser crier l'enfant quand il a la colique.
    (Chemin faisant, p.184, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1034. Les injustices appellent l'autre vie, comme l'enfant malheureux appelle sa mère.
    (Chemin faisant, p.185, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1035. Nos yeux ne sont pas nés discrets, ils ont à le devenir.
    (Chemin faisant, p.185, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1036. Les vieilles coquettes sont comme les vieux généraux; elles aspirent toujours à quelque nouvelle bataille.
    (Chemin faisant, p.185, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1037. Les gens brusques s'autorisent de la franchise comme les voleurs de la faim.
    (Chemin faisant, p.185, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1038. Il y a des âmes qui sont nées soldats, il y a des esprits qui sont nés batailleurs.
    (Chemin faisant, p.185, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1039. Il faut écouter le critique comme le docteur, en se permettant de modifier l'ordonnance.
    (Chemin faisant, p.185, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1040. Le critique est aussi un homme de rancune, et sa personnalité passe chez lui, comme chez nous tous, avant sa justice.
    (Chemin faisant, p.186, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1041. Ceux qui doivent vivre de leur plume ont la plume nécessairement bridée.
    (Chemin faisant, p.186, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1042. La nasse laisse passer le fretin; soyons nasse pour le menu critique.
    (Chemin faisant, p.186, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1043. C'est une pénible déchéance que de se sentir moins bon, moins endurant qu'on ne l'était.
    (Chemin faisant, p.186, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1044. Un homme doit choisir son métier et sa femme.
    (Chemin faisant, p.186, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1045. Mentir au menteur, c'est boire dans son verre.
    (Chemin faisant, p.186, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1046. Les nouvelles amitiés sont comme les plages nouvelles; il leur manque le souvenir.
    (Chemin faisant, p.186, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1047. Même en dormant, ne perds pas ton but de vue.
    (Chemin faisant, p.187, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1048. Ah! qu'il fait mal le reproche de la conscience ! c'est l'enfant qui mord le sein.
    (Chemin faisant, p.187, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1049. On n'est pas d'abord à son aise dans une nouvelle vertu, comme sur un matelas cardé à neuf; puis l'union se fait.
    (Chemin faisant, p.187, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1050. Entre le travailleur et l'établi il n'y a pas de place pour la tentation.
    (Chemin faisant, p.187, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1051. C'est surtout l'innocence qu'on n'apprécie qu'après l'avoir perdue, tant on est généralement impatient de la perdre.
    (Chemin faisant, p.187, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1052. Le beau temps a toujours l'air d'un innocent.
    (Chemin faisant, p.187, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1053. Mourir! c'est retourner au bercail.
    (Chemin faisant, p.188, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1054. Le chagrin a des injustices à lui, comme la bouche amère.
    (Chemin faisant, p.188, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1055. Il y a des gens qui naissent ouatés d'indifférence et qui se croient philosophes.
    (Chemin faisant, p.188, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1056. Tout vient à point à qui sait attendre : parole d'un philosophe qui n'avait jamais attendu.
    (Chemin faisant, p.188, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1057. Quand un organe est bien portant on ne s'aperçoit pas qu'il existe ; quand la vie est facile on ne sent pas qu'elle coule.
    (Chemin faisant, p.188, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1058. Aimer et admirer à la fois, double jouissance du coeur, car on aime sans admirer et on admire sans aimer.
    (Chemin faisant, p.188, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1059. Il n'est pas prouvé que les gens qui portent la misère avec majesté puissent porter la fortune avec décence.
    (Chemin faisant, p.189, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1060. La liberté a des limites comme tous les royaumes, la liberté a des voisins comme tous les peuples, la liberté a des passions comme tous les princes, la liberté a des taches comme tous les astres.
    (Chemin faisant, p.189, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1061. Les phrases toutes faites sont la ressource de ceux qui ne savent pas en faire.
    (Chemin faisant, p.189, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1062. Nos supériorités sont comme nos enfants, nous les gâtons.
    (Chemin faisant, p.189, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1063. La jalousie qui ne s'éteint pas avec l'amour est de l'amour-propre.
    (Chemin faisant, p.189, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1064. Aux cendres d'une passion s'en rallume souvent une autre.
    (Chemin faisant, p.189, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1065. L'habileté ne plaît qu'à elle-même, tout au plus à ceux qui en profitent.
    (Chemin faisant, p.190, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1066. La vanité est comme le coq ; elle se réveille avec bruit.
    (Chemin faisant, p.190, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1067. L'homme qui accepte la plainte, qu'il se prépare à accepter le conseil.
    (Chemin faisant, p.190, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1068. Mieux vaut être aimée qu'adorée.
    (Chemin faisant, p.190, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1069. Tendre le dos, c'est une action bien simple, et pourtant si difficile !
    (Chemin faisant, p.190, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1070. Il est certains mépris qu'il faut cacher en avare, d'autres qu'il faut avouer en prodigue.
    (Chemin faisant, p.190, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1071. L'imprimerie a mis une borne entre la barbarie et nous.
    (Chemin faisant, p.191, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1072. Rien de plus piteux qu'une vieille guirlande.
    (Chemin faisant, p.191, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1073. Le bon sens s'en va gentiment quand personne ne veut le comprendre.
    (Chemin faisant, p.191, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1074. Quand tout ne vieillit pas ensemble, coeur et esprit, âme et désirs, gare à la bagarre!
    (Chemin faisant, p.191, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1075. Une question nous juge, une réponse nous mesure.
    (Chemin faisant, p.191, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1076. Bah! le dernier homme ne sera encore qu'un homme rappelant le grand-père Adam.
    (Chemin faisant, p.191, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1077. Ah! le peu que nous sommes! Un être ne fait rien dans l'ensemble des êtres, et une corde brisée dérange un violon.
    (Chemin faisant, p.192, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1078. La présence d'esprit vaut un grand capitaine.
    (Chemin faisant, p.192, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1079. Le parti-pris vit les oreilles bouchées.
    (Chemin faisant, p.192, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1080. Un vieux révolutionnaire est moins intéressant qu'une vieille breloque.
    (Chemin faisant, p.192, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1081. Que de gens ont vécu de vanités ne pouvant vivre par le coeur.
    (Chemin faisant, p.192, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1082. C'est bien simple de reculer sa chaise, et cependant c'est montrer beaucoup d'esprit.
    (Chemin faisant, p.192, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1083. Ceux qui me défendent me font souvent plus de peine que ceux qui m'attaquent.
    (Chemin faisant, p.193, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1084. Corriger sans humilier, panser sans meurtrir.
    (Chemin faisant, p.193, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1085. Un devoir mécontent est un vieux grognard qui ne désarme pas.
    (Chemin faisant, p.193, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1086. Il faut exprimer de sa vie, comme d'une grappe, tout le suc qui peut en sortir.
    (Chemin faisant, p.193, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1087. En Allemagne, la jeunesse est plus vigoureuse que jeune, elle a la force plus que l'élan.
    (Chemin faisant, p.193, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1088. N'est pas imposant qui veut.
    (Chemin faisant, p.193, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1089. Les choses douces sont comme les enfants sages ; elles reposent.
    (Chemin faisant, p.193, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1090. Dieu a commandé à l'âme d'être altière dans le corps.
    (Chemin faisant, p.194, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1091. Dieu ne nous dépouille pas sans nous couvrir ; quand II nous enlève le bonheur, Il met un lé de plus au manteau de notre foi.
    (Chemin faisant, p.194, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1092. Que d'hommes seraient enchantés de ne pas avoir une aventure, si avoir une aventure n'était bien porté.
    (Chemin faisant, p.194, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1093. L'applaudissement ne paie pas une âme fière quand elle ne peut pas s'applaudir elle-même.
    (Chemin faisant, p.194, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1094. Il ne faut pas flairer la liqueur amère qu'il nous faut avaler.
    (Chemin faisant, p.194, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1095. Triste passe-temps que de vouloir convaincre un entêté.
    (Chemin faisant, p.194, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1096. Dieu a des solutions à lui qu'il ne laisse ni prévoir ni deviner.
    (Chemin faisant, p.195, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1097. La répétition d'un conseil n'en double pas la valeur, elle la diminue.
    (Chemin faisant, p.195, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1098. Les meilleures joies appartiennent à la famille : les plus douces en sortent et les plus pures y restent.
    (Chemin faisant, p.195, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1099. Quand on en appelle à notre bon sens, il semble qu'on en appelle à notre conscience, tant est fort le lien de parenté.
    (Chemin faisant, p.195, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1100. Dieu sait ce qu'il fait; cette pensée doit nous consoler.
    (Chemin faisant, p.195, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1101. La hâte d'aimer fait que nous nous trompons parfois d'objet.
    (Chemin faisant, p.195, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1102. La tentation a aussi ses privilégiés.
    (Chemin faisant, p.196, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1103. On devient stoïque à force de larmes, et bon marcheur à force d'ampoules.
    (Chemin faisant, p.196, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1104. Le savoyard a fait connaître la marmotte, et la marmotte a poétisé le savoyard.
    (Chemin faisant, p.196, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1105. Le coeur aime qu'on lui parle de lui.
    (Chemin faisant, p.196, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1106. On aime ses économies autrement que ses rentes.
    (Chemin faisant, p.196, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1107. On jouit complètement de ses petits-enfants, comme d'un usufruit, sans en avoir la responsabilité.
    (Chemin faisant, p.196, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1108. Personne ne doit pouvoir te faire dire ce que tu ne veux pas dire.
    (Chemin faisant, p.197, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1109. Dieu n'a pas été moins bon en nous donnant l'ombre que le soleil.
    (Chemin faisant, p.197, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1110. L'expiation est un terrain à Dieu ; il le prête au pécheur dont il veut se faire un ami.
    (Chemin faisant, p.197, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1111. Un homme célébré se croit facilement le mérite d'un homme célèbre.
    (Chemin faisant, p.197, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1112. Le coup de fouet est utile aux êtres et aux choses ; il faut savoir se le donner quand d'autres ne nous le donnent pas.
    (Chemin faisant, p.197, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1113. C'est dans le dernier adieu qu'est la difficulté du dernier voyage.
    (Chemin faisant, p.197, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1114. Il y a les confidences, puis les quarts, puis les centièmes de confidences, puis les masques de confidences. Amen.
    (Chemin faisant, p.198, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1115. Ah ! que le temps serait court sans les larmes !
    (Chemin faisant, p.198, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1116. Le bien-être est comme l'usurier ; il élève facilement ses prétentions.
    (Chemin faisant, p.198, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1117. Une larme est le premier voile du regard de l'enfant.
    (Chemin faisant, p.198, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1118. Il faut mettre beaucoup de complaisance avec le malheur, comme avec le mari difficile !
    (Chemin faisant, p.198, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1119. L'intimité : on n'est intime qu'avec soi-même.
    (Chemin faisant, p.198, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1120. Il y a des gens qui semblent cirés de vanité.
    (Chemin faisant, p.198, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1121. Qui sait se dire à temps : le temps vient, le soir est venu? Et quand il est venu, qui sait à temps changer d'attitude et de vêtements ?
    (Chemin faisant, p.199, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1122. La vie! pauvre vieille condamnée à l'éternel enfantement !
    (Chemin faisant, p.199, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1123. On voit plus facilement clair dans son esprit que dans son coeur.
    (Chemin faisant, p.199, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1124. La maladie nous oblige souvent à une retraite que de nous-même nous n'aurions jamais eu le courage de prendre.
    (Chemin faisant, p.199, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1125. Le monde fait notre compte, addition et soustraction, sans que nous l'en priions.
    (Chemin faisant, p.199, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1126. Il y a même de l'élégance à laisser dire.
    (Chemin faisant, p.199, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1127. Une joue ne sait plus rougir n'est plus jeune.
    (Chemin faisant, p.200, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1128. L'art peut pactiser avec tous les genres, il a bon caractère.
    (Chemin faisant, p.200, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1129. Il faut aider la vérité partout où elle souffre.
    (Chemin faisant, p.200, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1130. Le plus bel éloge d'un jeune homme est celui que fait de lui le vieillard.
    (Chemin faisant, p.200, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1131. Les illusions courent à tous les vents, s'abreuvent à toutes les fontaines, jouent avec tous les échos.
    (Chemin faisant, p.200, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1132. Se plaire avec soi-même : une économie.
    (Chemin faisant, p.200, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1133. On dirait que le temps est jaloux quand nous sommes heureux, tant il prend plaisir a s'en aller vite.
    (Chemin faisant, p.200, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1134. Les grands soupirs ont toujours l'air de chercher une patrie.
    (Chemin faisant, p.201, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1135. La plaisanterie fane ce qu'elle touche.
    (Chemin faisant, p.201, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1136. Le crédit est une fortune que nous méritons.
    (Chemin faisant, p.201, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1137. Une femme a besoin d'être trempée dans les deux sexes : il lui faut garder la grâce du sien et prendre la fermeté de l'autre.
    (Chemin faisant, p.201, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1138. Un lâche reste toujours lâche, en bonheur, en malheur, dans ce qu'il dit, dans ce qu'il fait.
    (Chemin faisant, p.201, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1139. Un homme d'esprit se rattrape toujours, un homme de coeur reprend la maille plus difficilement.
    (Chemin faisant, p.201, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1140. Le courage ne montre pas ses bras, il les fait sentir.
    (Chemin faisant, p.202, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1141. Rien ne gêne plus qu'un être hétérogène dans un milieu intime; c'est un clou dans un coussin.
    (Chemin faisant, p.202, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1142. Parler du froid au coin de son feu, c'est le juger autrement qu'au bivouac.
    (Chemin faisant, p.202, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1143. Un étranger ne peut pas boire le thé avec la ferveur d'un Anglais, ni manger la choucroute avec la piété d'un Allemand.
    (Chemin faisant, p.202, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1144. Guerre sourde entre le fat et celui qui le comprend.
    (Chemin faisant, p.202, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1145. Il est des jours où il faut mettre double bride à ses sentiments.
    (Chemin faisant, p.203, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1146. S'immoler est plus facile que se posséder.
    (Chemin faisant, p.203, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1147. Il y a des gens qui n'attendent pas la dent du loup; ils se proposent.
    (Chemin faisant, p.203, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1148. Le bûcheron fait petit à petit son fagot : courage, vertu!
    (Chemin faisant, p.203, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1149. Le préjugé étouffe son homme sans bruit.
    (Chemin faisant, p.203, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1150. Personne n'est encore mort de pitié.
    (Chemin faisant, p.203, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1151. L'homme qui croit devrait être endurant.
    (Chemin faisant, p.203, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1152. Ce que vous faites deux fois de suite, dons ou autres choses, vous vous obligez presque à le faire toujours.
    (Chemin faisant, p.204, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1153. Rougir de l'épreuve, ce serait rougir de Dieu.
    (Chemin faisant, p.204, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1154. N'exagérons pas nos droits : c'est bien laid un nez trop long.
    (Chemin faisant, p.204, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1155. Personne n'est plus expert qu'un autre dans la science de mourir, puisqu'on ne meurt qu'une fois.
    (Chemin faisant, p.204, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1156. Une seule puissance fait trembler l'amour, c'est le caprice.
    (Chemin faisant, p.204, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1157. La résignation ne coule que goutte à goutte, c'est une huile sainte qui se distille lentement.
    (Chemin faisant, p.204, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1158. Les grandes résolutions, comme les grandes armées, sont confiantes en elles-mêmes.
    (Chemin faisant, p.205, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1159. Nos membres sont plus francs que nos sentiments ; ils s'expriment ouvertement quand ils n'en peuvent plus.
    (Chemin faisant, p.205, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1160. Les grandes relations sont comme les grands portefeuilles ; il faut nécessairement y faire entrer plusieurs sortes de valeurs.
    (Chemin faisant, p.205, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1161. La passion survit à la jeunesse, mais elle ferait souvent mieux de mourir avec elle, comme l'enfant avec la mère.
    (Chemin faisant, p.205, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1162. Même la pitié est pleine de partialité.
    (Chemin faisant, p.205, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1163. Avant la neige, la nature semble inquiète : on dirait qu'elle a peur de l'ensevelissement.
    (Chemin faisant, p.205, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1164. La jeunesse questionne et juge sans réflexion: deux irrévérences de l'esprit.
    (Chemin faisant, p.206, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1165. Le monde sera toujours étonné qu'on se passe de lui.
    (Chemin faisant, p.206, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1166. On sent très bien tout ce qui se dit derrière soi.
    (Chemin faisant, p.206, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1167. On n'a jamais passé l'âge des conseils à recevoir tant qu'on porte la carapace humaine.
    (Chemin faisant, p.206, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1168. Il n'est pas défendu de rechercher l'admiration des inférieurs, car l'affection ne peut leur venir que par elle.
    (Chemin faisant, p.206, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1169. L'Italie nous a donné le Carnaval, voilà pourquoi Rome nous a imposé le Carême.
    (Chemin faisant, p.206, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1170. Ce n'est jamais la conscience qui nous égare ; c'est l'amour-propre, quand il prend sa place.
    (Chemin faisant, p.207, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1171. La position de l'amie qui reçoit un aveu est aussi pénible que celle de l'amie qui le lui fait.
    (Chemin faisant, p.207, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1172. J'ai vu des humilités qui se rattrapaient si généreusement que, depuis ce temps-là, je suis devenue méfiante pour ceux qui baisent la poussière.
    (Chemin faisant, p.207, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1173. L'idée s'envole de l'esprit comme l'oiseau du nid, pour aller chercher sa vie ailleurs.
    (Chemin faisant, p.207, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1174. Un malheur qu'on ne craint pas pour soi, par exemple l'inconduite d'un fils quand on n'a pas d'enfant, nous semble à peu près supportable.
    (Chemin faisant, p.207, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1175. S'obstiner à pleurer sur sa ruine, c'est préparer un mauvais mortier pour la reconstruction.
    (Chemin faisant, p.207, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1176. Il faut souffler plus d'une fois sur un désir pour l'éteindre.
    (Chemin faisant, p.208, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1177. Que de méprises on commet envers ceux qu'on appelle heureux et envers ceux qu'on appelle fous!
    (Chemin faisant, p.208, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1178. L'adjectif suit la mode comme le ruban.
    (Chemin faisant, p.208, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1179. Un homme qui a rendu sa femme heureuse peut mourir avec une certaine paix.
    (Chemin faisant, p.208, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1180. Il faut toujours être prêt, et pouvoir, comme le soldat, dire à la mort : Présent!
    (Chemin faisant, p.208, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1181. On est drôle pour les autres, quand on l'est; on ne l'est jamais pour soi-même.
    (Chemin faisant, p.208, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1182. On parle esprit aux gens avec lesquels on ne peut parler coeur.
    (Chemin faisant, p.209, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1183. Il est doux de montrer au monde qu'on n'est pas sa dupe.
    (Chemin faisant, p.209, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1184. Les grands horizons provoquent l'interrogation.
    (Chemin faisant, p.209, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1185. La banalité fera toujours la guerre à l'originalité.
    (Chemin faisant, p.209, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1186. Ronge tes poings si tu le veux, c'est ton droit, mais souffre sans témoins.
    (Chemin faisant, p.209, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1187. Ah! la belle chose que le repentir! On est si convaincu de ne plus recommencer !
    (Chemin faisant, p.209, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1188. Quand toutes nos joies sont déjà dans la bière, il n'est pas difficile d'y coucher notre corps.
    (Chemin faisant, p.209, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1189. L'honneur pour soi, la réputation pour les autres.
    (Chemin faisant, p.210, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1190. La dissimulation est un art que nous apprend la vie.
    (Chemin faisant, p.210, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1191. La prudence est une grand'mère dont nous n'aimons pas à ramasser les lunettes.
    (Chemin faisant, p.210, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1192. Une limite sera toujours une tentation.
    (Chemin faisant, p.210, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1193. Rien n'est moins à nous que notre humeur.
    (Chemin faisant, p.210, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1194. Ce n'est pas assez de voir avec ses yeux, il faut voir avec ceux du sens commun.
    (Chemin faisant, p.210, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1195. Un protestant comprendra toujours mal une vierge : témoin, Schiller devant Jeanne d'Arc.
    (Chemin faisant, p.213, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1196. Toutes les craintes sont comme la fièvre, sujettes à des accès.
    (Chemin faisant, p.213, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1197. Les promesses sont gaillardes comme les maîtresses d'auberge.
    (Chemin faisant, p.213, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1198. L'entrain est une qualité de l'esprit qui rejaillit sur le corps.
    (Chemin faisant, p.213, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1199. Il est des sentiments qu'il faut savoir jouer quand on ne les a pas.
    (Chemin faisant, p.214, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1200. Il faut être dans son corps comme devant toujours en sortir, et dans son âme comme devant toujours y rester.
    (Chemin faisant, p.214, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1201. Quand nous touchons aux choses éternelles, Dieu se charge de nous rappeler qu'elles ne nous appartiennent pas.
    (Chemin faisant, p.214, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1202. L'uniforme, une apparence d'égalité.
    (Chemin faisant, p.214, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1203. Un des bonheurs de l'infériorité est de ne rien trouver difficile.
    (Chemin faisant, p.214, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1204. Venger l'ordre, c'est faire respecter ton droit et le mien.
    (Chemin faisant, p.214, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1205. Le mal chronique nous garantit souvent du mal à la mode.
    (Chemin faisant, p.215, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1206. Il y a des notes morales qu'il faut savoir présenter.
    (Chemin faisant, p.215, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1207. La reconnaissance n'a jamais brûlé les doigts à personne.
    (Chemin faisant, p.215, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1208. Le temps est un prophète qu'on n'entend pas prêcher.
    (Chemin faisant, p.215, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1209. Il y a une éducation qui vient du mari, éducation délicate ou grossière dont la femme reste imprégnée toute sa vie.
    (Chemin faisant, p.215, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1210. La raison nous demande tout en une fois ; c'est un de ses torts.
    (Chemin faisant, p.215, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1211. Le matin, le travail est d'or, l'après-midi d'argent.
    (Chemin faisant, p.216, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1212. Le regret de ne pouvoir pas donner a presque la valeur du don.
    (Chemin faisant, p.216, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1213. Les grands rieurs nous ont amusés en nous dissimulant le prix de leurs rires.
    (Chemin faisant, p.216, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1214. Dieu permet toujours à un bon coeur de s'acquitter.
    (Chemin faisant, p.216, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1215. On dirait que la médisance est un engrais, tant elle a quelquefois réussi à ses victimes.
    (Chemin faisant, p.216, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1216. Le chien ronge son os sans le juger, et le cheval traîne son fardeau sans le comparer.
    (Chemin faisant, p.216, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1217. La bonne foi est encore plus rare dans les lettres que dans les affaires.
    (Chemin faisant, p.217, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1218. Ne regrettez jamais l'argent dépensé pour connaître l'homme, bien qu'il ne vaille pas grand'chose.
    (Chemin faisant, p.217, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1219. Oh! que l'espoir va vite! Il grimpe plus d'un étage à la fois.
    (Chemin faisant, p.217, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1220. On ne peut pas se passer de l'estime, c'est là son plus grand prix.
    (Chemin faisant, p.217, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1221. La jeunesse a des besoins de dépense comme la fleur des besoins d'air, comme l'oiseau des besoins d'aile.
    (Chemin faisant, p.217, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1222. La jeunesse! un capital difficile à bien placer.
    (Chemin faisant, p.217, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1223. Les points ne sont désagréables qu'à côté des i, mais pas sur les i.
    (Chemin faisant, p.218, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1224. Il y a des choses qu'il ne faut jamais discuter mais prouver.
    (Chemin faisant, p.218, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1225. Il faut qu'une devise nous ressemble, comme il faut qu'une mode nous aille.
    (Chemin faisant, p.218, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1226. L'adjectif change le substantif, comme l'habit change son homme.
    (Chemin faisant, p.218, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1227. La vie est moins bonne à vivre qu'à rêver.
    (Chemin faisant, p.218, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1228. Se lasser, ce n'est pas donner tort à la chose, c'est s'accuser soi-même.
    (Chemin faisant, p.218, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1229. Les bonnes heures, celles où l'on sent la foi nous porter, les vérités éternelles nous soutenir, le bleu du ciel nous abriter!
    (Chemin faisant, p.218, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1230. Le monde met tout aux enchères.
    (Chemin faisant, p.219, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1231. Les grandes promesses sont comme certains beaux yeux, on s'y noie.
    (Chemin faisant, p.219, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1232. Une grande douleur n'est pas traîtresse, au moins ; une grande joie peut toujours l'être.
    (Chemin faisant, p.219, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1233. J'entends dire : Elle a tant d'esprit qu'elle ne se fâche de rien. Est-ce de l'esprit?
    (Chemin faisant, p.219, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1234. Il est des susceptibilités que l'éducation nous enlève et d'autres qu'elle nous donne.
    (Chemin faisant, p.219, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1235. L'oubli va encore plus vite que le temps.
    (Chemin faisant, p.219, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1236. La plus belle fille du monde ne peut donner que ce qu'elle a: doit-elle même le donner?
    (Chemin faisant, p.220, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1237. La timidité nous quitte quelquefois un peu tôt.
    (Chemin faisant, p.220, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1238. Écouter un Français qui parle, c'est devenir son ami.
    (Chemin faisant, p.220, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1239. Que c'est bon un départ qui ne fait pas mal! Il y en a de si poignants !
    (Chemin faisant, p.220, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1240. La honte est la lumière de la faute.
    (Chemin faisant, p.220, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1241. Quand on va faire devant moi l'éloge de certaines gens ou de certaines choses, je suis prise de crainte, tant j'ai peur qu'on ne le fasse pas à mon goût!
    (Chemin faisant, p.220, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1242. Un sac de pommes de terre a rendu plus de services que beaucoup de lois.
    (Chemin faisant, p.221, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1243. L'entrée de notre salon doit toujours être une préférence.
    (Chemin faisant, p.221, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1244. Un être content de soi est plus assourdissant qu'une fanfare.
    (Chemin faisant, p.221, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1245. Il n'y a que le vice qui coûte ; sans lui la vie ne serait pas chère.
    (Chemin faisant, p.221, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1246. Une Italienne s'autorise de son soleil comme d'autres de leur naissance ou de leur patrimoine ; et cependant le soleil n'a encore donné de rentes à personne.
    (Chemin faisant, p.221, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1247. Dans l'adversité on ne craint aucune contagion ; si peu de gens nous approchent !
    (Chemin faisant, p.221, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1248. Mettons-nous bien dans la tête que nos années ne sont pas une chaire à prêcher.
    (Chemin faisant, p.222, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1249. Il y a des figures qui ont absolument l'air d'être ravagées par l'impression.
    (Chemin faisant, p.222, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1250. Le désir est comme le brocanteur; il sait faire l'article.
    (Chemin faisant, p.222, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1251. Peu de gens sont appelés à rajeunir le monde et à faire trembler ses vieux gonds.
    (Chemin faisant, p.222, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1252. Pour peu que nous soyons quelqu'un, un ennemi nous enrichit.
    (Chemin faisant, p.222, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1253. On vieillit avec grâce quand on a peu abusé de la jeunesse.
    (Chemin faisant, p.222, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1254. L'avenir ! la longue route sur laquelle les événements préparent leur chevauchée.
    (Chemin faisant, p.223, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1255. Un amant nous permet bien moins d'être laides que féroces.
    (Chemin faisant, p.223, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1256. Les suppositions sont comme les brouillards ; elles enveloppent le fait comme eux la lumière.
    (Chemin faisant, p.223, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1257. La pudeur du sexe doit lui survivre.
    (Chemin faisant, p.223, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1258. Il est aussi difficile de lire dans la physionomie d'un nouvel an que dans le visage d'un nouveau-né.
    (Chemin faisant, p.223, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1259. Il y aura toujours des printemps nouveaux, des feuilles fraîches et des jolies femmes : pas de grèves à craindre de ce côté.
    (Chemin faisant, p.223, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1260. C'est une faveur de manger la première salade du potager.
    (Chemin faisant, p.224, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1261. Il y a des gens qui n'ont jamais besoin de permissions ; ils se les accordent.
    (Chemin faisant, p.224, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1262. C'est un luxe et une misère que de pouvoir s'exposer.
    (Chemin faisant, p.224, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1263. Mars est le mois des violettes et des congestions, car la nature crée d'une main et tue de l'autre.
    (Chemin faisant, p.224, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1264. Personne n'est sans but ici-bas, puisque chacun de nous a une âme à sauver.
    (Chemin faisant, p.224, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1265. On peut être profondément et sincèrement reconnaissant d'un oubli.
    (Chemin faisant, p.224, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1266. L'estime est froide; comme à la Naïade, on a presque envie de lui jeter un drap chaud.
    (Chemin faisant, p.225, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1267. Chacun à sa place : les frileux auprès du poêle, les Spartiates à la brèche.
    (Chemin faisant, p.225, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1268. J'aime mieux un livre mauvais qu'une mauvaise traduction.
    (Chemin faisant, p.225, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1269. Chacun crée des héros et des héroïnes à sa mesure.
    (Chemin faisant, p.225, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1270. Il est des gens près desquels il est bien facile de rester classique; ils tentent si peu notre fantaisie.
    (Chemin faisant, p.225, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1271. Quand on est dans son devoir, comme on se sent bien dans sa peau !
    (Chemin faisant, p.225, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1272. Soupirer, c'est appeler.
    (Chemin faisant, p.226, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1273. La grâce n'a pas peur de la beauté ; la beauté a peur de la grâce.
    (Chemin faisant, p.226, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1274. La vieillesse est en gare ; elle n'a plus qu'à attendre.
    (Chemin faisant, p.226, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1275. La générosité trouve sa science dans son coeur.
    (Chemin faisant, p.226, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1276. La vraie jalousie n'est pas orgueilleuse ; ce ne sera jamais son défaut.
    (Chemin faisant, p.226, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1277. Le jour est fatigué, ses yeux se ferment, tout pâlit; c'est le soir.
    (Chemin faisant, p.226, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1278. Mourir en penchant sa tête sur l'éternité, c'est s'endormir sur les genoux de sa mère.
    (Chemin faisant, p.226, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1279. Le courage est comme l'enfant, il croit tout possible.
    (Chemin faisant, p.227, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1280. Il ne faut pas aller plus profond que la profondeur pour rester dans la lumière, ni plus bas que le puits pour trouver l'eau.
    (Chemin faisant, p.227, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1281. Le regret est un vivant qui se pleure sur un mort.
    (Chemin faisant, p.227, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1282. Je crois, donc j'accepte.
    (Chemin faisant, p.227, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1283. Une habitude est comme l'angora de la maison; elle grimpe sur notre dos sans que nous la sentions.
    (Chemin faisant, p.227, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1284. Quelque timide qu'on soit devant son public, on ne peut cependant pas, quand on n'en vit pas, éprouver les émotions de la mariée devant l'autel.
    (Chemin faisant, p.227, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1285. Il y a des époques où l'on est repris violemment du mal de son mal, du désir de son désir, du regret de son regret.
    (Chemin faisant, p.228, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1286. Le don est comme la prière, il doit sortir du coeur sans contrainte.
    (Chemin faisant, p.228, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1287. La fille corrigeant la mère en fait d'illusions, cela se voit.
    (Chemin faisant, p.228, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1288. J'entends des gens me dire : « Je me suis fait une douce violence. » Moi, je n'en ai jamais connu de douce.
    (Chemin faisant, p.228, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1289. Il est bien moins difficile de concevoir le bien que de le proportionner.
    (Chemin faisant, p.228, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1290. Les très belles utopies ont le sort des ongles trop longs ; elles se brisent au premier contact.
    (Chemin faisant, p.228, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1291. Les filles millionnaires sont un bon terrain pour le scepticisme; en elles la pauvreté se venge.
    (Chemin faisant, p.229, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1292. Une des supériorités de la violette c'est devenir la première.
    (Chemin faisant, p.229, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1293. Les conquêtes sont comme les grandes fortunes; tout cela coûte fort cher.
    (Chemin faisant, p.229, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1294. Que de fervents chrétiens dans le succès seraient des âmes tièdes dans le sacrifice !
    (Chemin faisant, p.229, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1295. On loge le souvenir ici ou là, dans une larme ou dans un sourire, qu'importe? pourvu qu'on le cultive.
    (Chemin faisant, p.229, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1296. On ne peut juger qu'avec ses sentiments, on peut agir avec ceux des autres.
    (Chemin faisant, p.229, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1297. Un monsieur s'arrête devant un portrait exposé à une devanture : « Tiens, c'est ma première femme! » Avis aux intéressées.
    (Chemin faisant, p.230, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1298. Que je plains ceux que n'éclaire pas, dans leurs heures sombres, le grand jour de l'éternité!
    (Chemin faisant, p.230, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1299. L'infidélité, c'est encore une des plus aimables fautes à pardonner à son mari, quand il y met de la courtoisie.
    (Chemin faisant, p.230, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1300. Une accusation oblige toujours à s'interroger pour peu qu'on soit honnête.
    (Chemin faisant, p.230, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1301. La vanité est riche de tout ce qu'elle emprunte.
    (Chemin faisant, p.230, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1302. Le bonheur manqué et le bonheur perdu ne se pleurent pas de la même manière.
    (Chemin faisant, p.230, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1303. On va quelquefois au bagne à cause de son associé : pensez-y, belle Italie!
    (Chemin faisant, p.231, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1304. Tout ce qui est dit n'est plus à nous et ne peut plus, hélas! le redevenir.
    (Chemin faisant, p.231, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1305. Le coeur fait irruption dans l'âme, et c'est alors que commence le combat.
    (Chemin faisant, p.231, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1306. La langue Italienne sent le boudoir, le baiser entre deux portes.
    (Chemin faisant, p.231, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1307. Être au goût de tous, ce serait si peu flatteur !
    (Chemin faisant, p.231, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1308. L'insulte n'est pas l'ironie ; l'ironie, c'est l'insulte habillée.
    (Chemin faisant, p.231, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1309. Rien n'est agréable comme un couvert intime : en sortir pour donner de grands dîners, c'est comprendre combien il est dur de faire de la clientèle au lieu de faire de la science ou de l'art.
    (Chemin faisant, p.231, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1310. Se faire désirer, ce n'est ni un mal ni un bien, c'est un essai : nous désirera-t-on ?
    (Chemin faisant, p.232, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1311. Le bon ton ne s'enrhume jamais, il ne s'expose pas.
    (Chemin faisant, p.232, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1312. Le jasmin proclame son parfum, l'innocence ignore le sien.
    (Chemin faisant, p.232, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1313. La soumission à tous les préjugés fait le héros mondain.
    (Chemin faisant, p.232, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1314. Il y a des gens qui ont l'air de filer le temps à la quenouille tant ils le prennent avec douceur !
    (Chemin faisant, p.232, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1315. La nature ne numérote qu'un très petit nombre d'individus.
    (Chemin faisant, p.233, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1316. On apprend aussi à se servir de soi-même.
    (Chemin faisant, p.233, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1317. L'esprit peut avoir aussi l'oreille dure.
    (Chemin faisant, p.233, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1318. Blâme qui veut, fait mieux qui peut.
    (Chemin faisant, p.233, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1319. Hardi avec la vie, doux avec la douleur, soumis avec la mort.
    (Chemin faisant, p.233, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1320. Les regrets se dissolvent dans les espérances.
    (Chemin faisant, p.233, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1321. Pour régner, une crainte étrangle une autre crainte.
    (Chemin faisant, p.233, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1322. Pour faire une belle entrée, il faut de la confiance en soi-même; pour faire une belle sortie, il faut les qualités contraires.
    (Chemin faisant, p.234, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1323. A quoi bon ? Quand cette phrase-là s'empare de nous, adieu courage ! adieu vertu !
    (Chemin faisant, p.234, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1324. Pour l'Allemand, la femme est bien moins une compagne qu'une marmite à enfants.
    (Chemin faisant, p.234, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1325. L'ombre des êtres aimés nous protège toujours.
    (Chemin faisant, p.234, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1326. Les coquettes ont peur des dates, comme les coupables des témoins.
    (Chemin faisant, p.234, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1327. La faute du prêtre est comme la tache d'huile : elle va loin.
    (Chemin faisant, p.234, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1328. Il y a des gens qui, dans leurs manières, rappellent les vieilles douairières et les vieilles dentelles qui les ont entourés.
    (Chemin faisant, p.235, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1329. La passion et le droit ne réclament pas de la même manière.
    (Chemin faisant, p.235, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1330. Il y a des défauts dont nous sommes fiers, et ceux-là, nous sommes sûrs de les garder longtemps.
    (Chemin faisant, p.235, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1331. On pleure les premières illusions perdues d'un oeil, et les dernières des deux yeux.
    (Chemin faisant, p.235, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1332. Un envieux me fait toujours l'effet d'un voleur ; réfléchissez bien, entre eux, il n'y a que la pince-monseigneur.
    (Chemin faisant, p.235, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1333. Rien n'aide mieux l'amant que le printemps ; il lui prête ses roses avant qu'elles soient ouvertes, ses douceurs pour attendre, ses audaces pour avancer.
    (Chemin faisant, p.235, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1334. Comme l'âme doit se trouver riche sans le corps !
    (Chemin faisant, p.236, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1335. Le premier baiser vendu, comme il a dû être honteux devant lui-même !
    (Chemin faisant, p.236, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1336. La perspicacité de l'esprit engendre le doute, celle du coeur la défiance.
    (Chemin faisant, p.236, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1337. Rien comme certains successeurs pour nous faire valoir.
    (Chemin faisant, p.236, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1338. Le hasard fait beaucoup pour l'amour sans que l'amour consente à l'avouer.
    (Chemin faisant, p.236, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1339. Les étrangers auront beau dire, la réplique est de race française.
    (Chemin faisant, p.237, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1340. La sobriété poétise le vieillard, comme le clair de lune le paysage.
    (Chemin faisant, p.237, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1341. Quand on est jeune, une prétention impose comme un habit chamarré ; plus tard on déshabille simplement mademoiselle, on laisse simplement attendre monsieur.
    (Chemin faisant, p.237, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1342. On est toujours l'enfant de son temps, encore plus que l'enfant de sa mère.
    (Chemin faisant, p.237, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1343. La peur est reniée par ceux qui l'éprouvent; c'est un de ces sentiments qu'on n'avoue pas.
    (Chemin faisant, p.237, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1344. Les petits souvenirs s'arrangent fort bien avec les grands, tout ce monde-là fait bon ménage dans le coeur.
    (Chemin faisant, p.237, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1345. Une âme délicate fait de ses promesses des serments.
    (Chemin faisant, p.238, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1346. Bien des amitiés nous flattent plus qu'elles ne nous consolent.
    (Chemin faisant, p.238, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1347. À dix ans de distance, une folie peut devenir une raison.
    (Chemin faisant, p.238, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1348. On garde ses lettres d'amour autant par vanité que par amour.
    (Chemin faisant, p.238, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1349. Faute d'aigles, l'Académie accepte les pigeons.
    (Chemin faisant, p.238, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1350. Soutenir l'exemple qu'on a donné, c'est là qu'est la pierre de touche !
    (Chemin faisant, p.238, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1351. Il y a dans le premier baiser reçu quelque chose de l'émotion que donne l'Océan quand nous le voyons pour la première fois.
    (Chemin faisant, p.238, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1352. Un indiscret ne s'effraie pas plus d'un échec qu'une guêpe d'un coup d'éventail.
    (Chemin faisant, p.239, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1353. Quand Dieu a dit à l'homme : Aime et espère, il lui a dit : Souffre et tais-toi.
    (Chemin faisant, p.239, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1354. Nous prenons le succès de toutes lèvres, tant nous l'aimons.
    (Chemin faisant, p.239, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1355. La joie est une héritière qui fait sonner sa bourse en marchant.
    (Chemin faisant, p.239, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1356. Occuper les autres d'eux-mêmes, c'est toujours les servir à leur goût.
    (Chemin faisant, p.239, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1357. Une médisance se prélasse triomphalement sur les lèvres d'un bavard, comme le singe de la fable sur le dos du dauphin.
    (Chemin faisant, p.239, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1358. Le malheur attendrit surtout celui qui le porte.
    (Chemin faisant, p.240, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1359. L'épreuve, la seule décoration que nous n'osions pas solliciter.
    (Chemin faisant, p.240, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1360. La joie se fatigue aussi et montre par là qu'elle est de l'homme.
    (Chemin faisant, p.240, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1361. Pour l'Allemand, le Rhin c'est le Jourdain.
    (Chemin faisant, p.240, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1362. Que de quartiers d'audace on concède à un imbécile, quand on lui demande pardon !
    (Chemin faisant, p.240, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1363. Plus que toute autre, l'Allemande a besoin d'être simple pour charmer.
    (Chemin faisant, p.240, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1364. On a l'esprit gros comme le corps.
    (Chemin faisant, p.241, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1365. L'oeuf est pondu ; mangez-le comme vous voudrez.
    (Chemin faisant, p.241, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1366. Les bois ne donnent pas tous la même ombre, mais font tous la même cendre.
    (Chemin faisant, p.241, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1367. On a vite mangé toutes ses économies de prudence et de sagesse.
    (Chemin faisant, p.241, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1368. Quel est le plus grand tort d'une dame de compagnie? D'occuper la place d'êtres rêvés ou absents.
    (Chemin faisant, p.241, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1369. Qu'il y a de douces redites, d'innocentes bêtises et de majuscules naïvetés!
    (Chemin faisant, p.241, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1370. Il y a des hommes qui ne peuvent pas compromettre, comme il est des venins qui ne peuvent prendre.
    (Chemin faisant, p.242, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1371. Le littérateur qui sent devant lui son public en écrivant lui appartient trop ; il faut être soi, puis lui
    (Chemin faisant, p.242, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1372. Je reconnais le degré de mon amitié à ma susceptibilité pour ceux qu'on analyse devant moi.
    (Chemin faisant, p.242, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1373. Quand tu me montreras l'Homme dont nul n'a médit, je commencerai à m'affliger qu'on ait médit de moi.
    (Chemin faisant, p.242, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1374. L'amour de nous-même nous fait tout accepter.
    (Chemin faisant, p.242, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1375. Comment se plaindre, quand on a trouvé des amis plus jaloux que nous-même de notre succès?
    (Chemin faisant, p.242, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1376. Quand on lève les yeux, comme le champ est grand devant soi !
    (Chemin faisant, p.243, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1377. Il ne faut que du bon sens pour n'être pas ridicule.
    (Chemin faisant, p.243, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1378. Il faut parfois beaucoup de temps pour comprendre la vérité.
    (Chemin faisant, p.243, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1379. Quand je souffre, je ne puis m'empêcher de dire : S'ils me voyaient, quelle bonne journée pour mes envieux!
    (Chemin faisant, p.243, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1380. La douleur a beau nous montrer qu'elle nous aime, nous, nous ne l'aimons pas.
    (Chemin faisant, p.243, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1381. L'amour-propre, c'est plus que l'amour de soi, c'est l'amour de tout ce qu'on fait.
    (Chemin faisant, p.243, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1382. Il n'y a que l'exception qui nous flatte.
    (Chemin faisant, p.244, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1383. On ne sait pas toujours se passer de ce qu'on méprise.
    (Chemin faisant, p.244, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1384. L'orgueil est puni dans les deux vies : dans celle-ci et dans l'autre.
    (Chemin faisant, p.244, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1385. En fait d'esprit, qui ne s'est trompé? en fait de coeur, qui ne s'est repenti?
    (Chemin faisant, p.244, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1386. On ne doit condamner que le lièvre sans l'entendre.
    (Chemin faisant, p.244, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1387. L'entêtement est une cécité.
    (Chemin faisant, p.244, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1388. Parler de soi est une tentation que tous connaissent et à laquelle fort peu résistent.
    (Chemin faisant, p.244, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1389. Il n'est pas permis de donner à Dieu sa démission : se suicider, c'est l'oublier.
    (Chemin faisant, p.245, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1390. Femmes et fleurs perdent à trop ouvrir leur corsage.
    (Chemin faisant, p.245, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1391. Le médecin vit de la maladie de son client : quel déficit dans son budget, s'il vivait de la santé qu'il lui conserve.
    (Chemin faisant, p.245, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1392. Les générations, comme les saisons, se suivent sans se pleurer.
    (Chemin faisant, p.245, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1393. Il y a des gens qui ont besoin de faire tout comme tout le monde ; les heureuses gens !
    (Chemin faisant, p.245, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1394. L'esprit n'a pas besoin de grandes batailles pour montrer sa force ; une simple escarmouche lui suffit.
    (Chemin faisant, p.245, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1395. Allez, venez, cherchez, remuez les pôles, secouez les mondes, partout où se trouve l'homme, vous trouverez l'orgueil.
    (Chemin faisant, p.246, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1396. Avoir besoin de reconnaissance, c'est compter sur le tant pour cent.
    (Chemin faisant, p.246, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1397. La chance n'est pas prodigue : elle n'a qu'une main pour donner.
    (Chemin faisant, p.246, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1398. Tâchons dans la conversation d'aider les autres à loger la flèche dans la cible ; ils nous trouveront charmants.
    (Chemin faisant, p.246, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1399. L'étiquette est au prince ce que sa toile est à l'araignée : elle le protège.
    (Chemin faisant, p.246, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1400. L'engouement ne dure pas plus que le vent à la voile qu'il gonfle.
    (Chemin faisant, p.246, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1401. Les enfants de l'amour ne sont ni plus audacieux ni mieux réussis que les autres.
    (Chemin faisant, p.247, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1402. L'esprit de conduite est un des fils du bon sens.
    (Chemin faisant, p.247, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1403. L'indécence est une offense à chacun de nous.
    (Chemin faisant, p.247, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1404. Bouteille bouchée donne envie de boire.
    (Chemin faisant, p.247, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1405. On pleure souvent un mort qui, lui-même, ne se pleurerait pas.
    (Chemin faisant, p.247, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1406. Quoi que fasse l'étranger naturalisé, il lui manquera toujours de ressembler à sa mère adoptive.
    (Chemin faisant, p.247, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1407. On peut aimer jusqu'à l'idiotisme et n'être pas idiot.
    (Chemin faisant, p.247, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1408. Oh! l'humiliante lassitude que celle de donner!
    (Chemin faisant, p.248, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1409. Une mère gratifiée de cinq filles, je la plains comme une ville assiégée.
    (Chemin faisant, p.248, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1410. Il y a des plaisanteries d'éléphant : comment seraient-elles légères ?
    (Chemin faisant, p.248, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1411. J'aime mieux être suivie par un chien de rencontre que par un homme inconnu, et je prétends que vous êtes de mon avis.
    (Chemin faisant, p.248, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1412. On s'habitue à tout, a dit un sage quelconque : si ce monsieur-là pouvait nous donner sa science !
    (Chemin faisant, p.248, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1413. J'ai vu des gens pleurer sur leur Moi en souffrance avec tout le désespoir de la brebis à qui l'on enlève son agneau.
    (Chemin faisant, p.248, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1414. L'homme qui ne croit pas à l'honnêteté des femmes, flétrit en elles et sa mère et sa fille.
    (Chemin faisant, p.249, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1415. Sous le lierre que de jolies fleurettes attendent la main qui les découvre !
    (Chemin faisant, p.249, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1416. Quand les oiseaux chantent en choeur, la pie arrive; ainsi le bavard dans un groupe où règne l'harmonie.
    (Chemin faisant, p.249, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1417. C'est peu quelquefois de n'avoir que deux yeux pour pleurer.
    (Chemin faisant, p.249, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1418. La vraie humilité consiste à croire non seulement le mal qu'on dit de nous, mais aussi le bien, - sans se l'attribuer.
    (Chemin faisant, p.249, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1419. Dans la jeunesse les années semblent venir à nous sur la pointe des pieds, plus tard elles s'avancent à pleins talons.
    (Chemin faisant, p.249, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1420. Le repentir lave la faute sans relever en nous la confiance.
    (Chemin faisant, p.250, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1421. Le vaniteux ne peut être discret, parce que tout secret confié est une préférence, et qu'à l'occasion il en sera fier.
    (Chemin faisant, p.250, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1422. L'admiration la plus intense est la plus silencieuse.
    (Chemin faisant, p.250, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1423. Le respect humain, c'est le respect de notre amour-propre.
    (Chemin faisant, p.250, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1424. Le charme! Comment le décrire? comment l'analyser? C'est le vainqueur irrésistible : il apparaît, et le coeur s'ouvre; il nous frôle, et tout vibre en nous; il nous regarde, et nous sommes à lui.
    (Chemin faisant, p.250, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1425. C'est l'écho qui fait aimer au ruisseau le murmure, à l'homme la plainte; c'est lui qui nous a appris à être indiscrets.
    (Chemin faisant, p.251, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1426. L'homme a besoin de l'homme; c'est la plus vraie des fraternités.
    (Chemin faisant, p.251, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1427. L'impolitesse accuse plus que notre race, elle accuse notre éducation.
    (Chemin faisant, p.251, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1428. À cheval donné, on ne regarde pas la dent, dit le proverbe. Ne donne pas ton livre; laisse à tes amis le soin de l'acheter : ils seront encore plus libres dans leur critique.
    (Chemin faisant, p.251, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1429. La flatterie monte aussi bien par l'escalier de service que par le grand : toute voie lui est bonne.
    (Chemin faisant, p.251, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1430. Il ne faut pas demander à l'épée d'aimer le fourreau.
    (Chemin faisant, p.252, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1431. Un grand port laisse entrer tous les navires ; ainsi fait l'intelligence.
    (Chemin faisant, p.252, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1432. Même après la mort d'un ami, je n'ai besoin de savoir de lui que ce qu'il m'aurait lui-même confié.
    (Chemin faisant, p.252, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1433. Nos résolutions meurent généralement en pleine jeunesse, en plein épanouissement.
    (Chemin faisant, p.252, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1434. Plus je vis, moins je dédaigne et plus je plains.
    (Chemin faisant, p.252, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1435. Le paresseux aime l'ouvrage tout fait, voilà tout.
    (Chemin faisant, p.252, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1436. On se sépare avec regret d'un livre de pensées : c'est quitter un ami qui s'en va, un confident qui nous console, un témoin qui nous avertit.
    (Chemin faisant, p.252, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1437. Il faut savoir en prendre et en laisser, dit-on, - en laisser surtout.
    (Chemin faisant, p.253, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1438. Quand je dois recevoir certaines visites, je m'encourage, en me disant : « Ne serait-ce pas encore plus désagréable d'aller chez le dentiste ?
    (Chemin faisant, p.253, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1439. L'homme le moins possédé de son Moi en possède toujours assez pour vivre.
    (Chemin faisant, p.253, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1440. Le prestige du maître rejaillit sur le domestique, la faute ne rejaillit pas.
    (Chemin faisant, p.253, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1441. Si les fleurs pouvaient rougir, comme elles en auraient l'occasion.
    (Chemin faisant, p.253, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1442. Il y a beaucoup de maladies qui ne tuent pas, beaucoup de flèches qui n'empoisonnent pas.
    (Chemin faisant, p.254, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1443. L'homme rappelle l'enfant, quand il menace la foudre ne lui appartient pas.
    (Chemin faisant, p.254, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1444. Beaucoup de gens accepteraient le bénéfice de la trahison, sans consentir à trahir.
    (Chemin faisant, p.254, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1445. Il y a des centièmes d'adultère, comme il y a des centièmes d'agent de change.
    (Chemin faisant, p.254, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1446. On vit avec un penseur comme avec un vivant.
    (Chemin faisant, p.254, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1447. Dans un pan de vieux mur se cache souvent un joyeux nid.
    (Chemin faisant, p.254, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1448. Le caprice est hardi comme le moineau ; il se loge partout.
    (Chemin faisant, p.255, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1449. Un courtisan n'a pas de patrie, il est partout le courtisan.
    (Chemin faisant, p.255, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1450. Il est de ces gaietés froides comme un jour de givre; on sent que les larmes les traversent.
    (Chemin faisant, p.255, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1451. Au printemps la vie de salon pâlit devant le soleil, comme la fleur artificielle devant la vraie.
    (Chemin faisant, p.255, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1452. Les réconciliations ont plus de bonne volonté que de longue vie.
    (Chemin faisant, p.255, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1453. Vieillis dans ton cadre, meurs dans ta vieille maison.
    (Chemin faisant, p.255, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1454. L'intelligence n'a pas besoin d'ancêtres; elle a besoin de successeurs.
    (Chemin faisant, p.256, Ed. Lemerre, Paris, 1894)
     
  1455. Le meilleur succès d'un livre de pensées c'est d'avoir fait du bien à son auteur.
    (Chemin faisant, p.256, Ed. Lemerre, Paris, 1894)