Citations ajoutées le 29 août 2014

Louis Bouilhet

  1. La popularité peut suivre ceux qui se hâtent ; la gloire est à ceux qui savent attendre.
    (Fragment d'une lettre adressée à M. Frédéric Plessis cité par Gérard Walch dans Anthologie des Poètes Français Contemporains, Delagrave, 1906.)
     

Georges Boutelleau

  1. Nos coeurs sont pleins de larmes lentes
    Qui n'osent couler de nos yeux,
    Comme ces orages des cieux
    Qui dorment dans les nuits brûlantes.

    Parfois le chos de nos douleurs,
    Ébranlant les fibres usées,
    Fait jaillir en longues rosées
    La source intime de nos pleurs.

    Plus souvent, trouvant d'âpres charmes
    Au secret des maux évoqués,
    Nous mourons fiers et suffoqués
    Par les flots grossis de nos larmes.

    (Le Camp de Göttingen, 5 septembre 1915, p. 128)
     
  2. Être poète, c'est aimer
    L'idéal rayonnant des choses,
    Le soleil, l'amour et les roses,
    Tout ce qui naît pour embaumer.

    Être poète, c'est comprendre
    Ce que le coeur a d'infini ;
    Plaindre le pauvre et le banni,
    Avoir la main prête à se tendre.

    Être poète, c'est souffrir
    D'une espérance inassouvie ;
    C'est donner mille fois sa vie,
    Et pourtant n'en jamais mourir.

    (Être poète, dans Les poètes français du XIXe siècle, (C. Fontaine), p.341, 1889)
     

Jacques de (dit chevalier d'Aceuilly) Cailly

  1. Qu'importe d'être fat ou de ne l'être pas? On croit toujours ne le pas être.
    (Poésie dans Voyage de Messieurs Bachaumont et la Chapelle, p. 120, 1708)
     
  2. Devant un Tribunal des plus grands du Palais,
    Une mauvaise odeur à mon nez est venue ;
    Qu'est-ce donc qui sent si mauvais ?
    La Justice est bien corrompue.

    (Poésie dans Voyage de Messieurs Bachaumont et la Chapelle, p. 124, 1708)
     

Henri Chantavoine

  1. Il n'est point ici-bas d'heure si fortunée
    Qui ne doive finir et n'ait son lendemain ;
    C'est la loi de ce monde, et notre destinée
    Ne veut rien d'éternel dans le bonheur humain.

    (Poème sincère (L'adieu), p. 39, C. Lévy, 1877)
     
  2. Notre plus longue joie est vite terminée,
    Ce n'est qu'un chant d'oiseau dans l'arbre du chemin ;
    L'adieu, le triste adieu vient clore la journée,
    Sans qu'on ait eu le temps de se prendre la main.

    (Poème sincère (L'adieu), p. 39, C. Lévy, 1877)
     
  3. Mais l'absence n'est rien quand l'amitié demeure,
    Et sur les murs détruits dela frêle demeure
    Où nous avons rêvé notre songe d'un jour,

    La fleur du souvenir s'entr'ouvre épanouie,
    Et son parfum divin embaume notre vie
    De l'instant du départ à celui du retour.

    (Poème sincère (L'adieu), p. 40, C. Lévy, 1877)
     

Benjamin Constant

  1. Les hommes se blessent de l'indifférence; ils l'attribuent à la malveillance ou à l'affectation; ils ne veulent pas croire qu'on s'ennuie avec eux naturellement.
    (Adophe, p.19, Lévy frères, Paris, 1867)
     
  2. Il faut du temps pour s'accoutumer à l'espèce humaine, telle que l'intérêt, l'affectation, la vanité, la peur, nous l'ont faite.
    (Adophe, p.21, Lévy frères, Paris, 1867)
     
  3. Les lois de la société sont plus fortes que les volontés des hommes ; les sentiments les plus impérieux se brisent contre la fatalité des circonstances.
    (Adophe, p.103, Lévy frères, Paris, 1867)
     
  4. L'homme se déprave dès qu'il a dans le coeur une seule pensée qu'il est constamment forcé de dissimuler.
    (Adophe, p.152, Lévy frères, Paris, 1867)
     
  5. Ma surprise n'est pas que l'homme ait besoin de religion; ce qui m'étonne, c'est qu'il se croie jamais assez fort, assez à l'abri du malheur pour oser en rejeter une : il devrait, ce me semble, être porté, dans sa faiblesse, à les invoquer toutes.
    (Adophe, p.174, Lévy frères, Paris, 1867)
     
  6. Chacun ne s'instruit qu'à ses dépens dans ce monde [...]
    (Adophe, p. 189 (Réponse à l'éditeur), Lévy frères, Paris, 1867)
     

Antoine-Pierre Dutramblay

  1. Bien qu'on vante la solitude,
    À la longue, elle fait bâiller.

    (Apologues, Le Lapin, la Marmotte et la jeune Chatte, p. 8, 4e éd., Paris, 1818)
     
  2. On peut dormir près d'une bête :
    Il faut veiller près des méchants.

    (Apologues, Le Lapin, la Marmotte et la jeune Chatte, p. 10, 4e éd., Paris, 1818)
     
  3. De la douceur, ma chère enfant,
    Pour le faible d'autrui l'on doit être indulgent,
    Chacun a son polichinelle.

    (Apologues, Polichinelle, p. 15, 4e éd., Paris, 1818)
     
  4. Il faut avoir un caractère égal ;
    Sans trop d'émoi, sans nulle impatience,
    Prendre le bien et supporter le mal,
    Les compenser dans la même balance.

    (Apologues, Le Cerf-Volant, p. 18, 4e éd., Paris, 1818)
     
  5. Vous le voyez, le voilà le flatteur ;
    C'est un fourbe qui veut surprendre,
    Qui nous présente un appât séducteur.
    Est bien sot qui s'y laisse prendre.

    (Apologues, Le Miroir, p. 38, 4e éd., Paris, 1818)
     
  6. Quand on a de la peine, on n'est pas grand jaseur.
    (Apologues, Les deux Moineaux, p. 44, 4e éd., Paris, 1818)
     
  7. Pour consoler il faut de la mesure,
    Et dans sa marche lente imiter la nature.

    (Apologues, La jeune Fille et son Chat, p. 61, 4e éd., Paris, 1818)
     
  8. [...] L'hymen n'est pas un jeu :
    Se lier pour toujours est une grande affaire ;
    Il faut y réfléchir un peu.

    (Apologues, L'Embarras du choix, p. 64, 4e éd., Paris, 1818)
     
  9. Méfions-nous de la colère,
    Le repentir la suit à pas précipités.
    Malheur au fougueux caractère
    Qui n'a pas le remords assis à ses côtés!

    (Apologues, La Motte-Houdard, p. 77, 4e éd., Paris, 1818)
     
  10. Qu'on calomnie ou qu'on médise,
    On est cruel profondément.
    Mais qu'on soit tigre au moins, et qu'on ait la franchise
    De déchirer ouvertement.

    (Apologues, Le Tigre et le Serpent, p. 117, 4e éd., Paris, 1818)
     
  11. Quand on veut toucher l'âme, il faut parler aux yeux.
    (Apologues, Zéphire et Flore, p. 139, 4e éd., Paris, 1818)
     
  12. L'homme est plus léger que le vent ;
    Gardons-nous de donner prétexte à l'inconstance.

    (Apologues, Zéphire et Flore, p. 141, 4e éd., Paris, 1818)
     
  13. Choisissons nos amis avec poids et mesure ;
    On ne peut vivre seul : s'associer est bon ;
    Mais ne prenons pour compagnon,
    Que celui qui va notre allure.

    (Apologues, Le Lièvre et la Tortue, p. 144, 4e éd., Paris, 1818)
     
  14. Pour des opinions qui n'intéressent guères,
    On risque souvent son bonheur.

    (Apologues, Le Hibou et le Lynx, p. 149, 4e éd., Paris, 1818)
     

Étienne Gosse

  1. L'équité doit régler la conduite des rois.
    (Fables, Le Tigre et le Lion, p. 18, Paris, 1818)
     
  2. Le bonheur nous fatigue, hélas ! faut-il le dire,
    Pour le repos qu'on goûte, on a fort peu d'égards.

    (Fables, Les Canards et le Héron, p. 26, Paris, 1818)
     
  3. La nouveauté toujours
    Doit séduire les bêtes.

    (Fables, Les Canards et le Héron, p. 27, Paris, 1818)
     
  4. Le Dieu qui nous forma,
    Dans nos défauts parfois nous cache une ressource.

    (Fables, La Tortue et le Papillon, p. 35, Paris, 1818)
     
  5. Blâmer le créateur est d'un malavisé.
    (Fables, La Tortue et le Papillon, p. 35, Paris, 1818)
     
  6. La modestie embellit le mérite.
    (Fables, La Tortue et le Papillon, p. 35, Paris, 1818)
     
  7. Sans l'obtenir, souvent nous cherchons le bonheur;
    La nature l'a mis au sein d'un bon ménage.

    (Fables, Les Valisnères, p. 51, Paris, 1818)
     
  8. L'or va chercher parfois l'ignorance titrée :
    Le savoir et l'esprit
    Ne roulent pas toujours en berline dorée.

    (Fables, Le Tremblement de terre, p. 64, Paris, 1818)
     
  9. Le savoir et l'esprit
    Ne roulent pas toujours en berline dorée.

    (Fables, Le Tremblement de terre, p. 64, Paris, 1818)
     
  10. [...] L'or, ici-bas, est le suprême bien,
    Lui seul, lui seul est tout, la science n'est rien.

    (Fables, Le Tremblement de terre, p. 65, Paris, 1818)
     
  11. Qui se trouve très haut ne connaît plus personne,
    Et lui-même souvent ne se reconnaît pas :
    Bonheur produit orgueil en tout temps, c'est la règle.

    (Fables, L'Aigle et le Cerf-volant, p. 68, Paris, 1818)
     
  12. Dès qu'on est élevé parfois on déraisonne.
    (Fables, L'Aigle et le Cerf-volant, p. 68, Paris, 1818)
     
  13. Chacun aux voeux du maître asservit son penchant.
    (Fables, Le Castor et le Singe, p. 78, Paris, 1818)
     
  14. D'imiter le génie un sot se croit capable.
    (Fables, Le Cheval de manège, p. 82, Paris, 1818)
     
  15. Plus d'une fois, par leur orgueil punis,
    En bravant les petits les grands ont fait naufrage.

    (Fables, Les Cyprès et les Myrtes, p. 88, Paris, 1818)
     
  16. Isolé sur la terre on cède au moindre orage,
    Et les faibles sont forts alors qu'ils sont unis.

    (Fables, Le Cyprès et les Myrtes, p. 89, Paris, 1818)
     
  17. Au faîte des grandeurs monté,
    Plus d'un mortel gémit dans le silence,
    Et bien souvent a regretté
    Sa première indigence
    Et son ancienne obscurité.

    (Fables, Les Carpes, p. 91, Paris, 1818)
     
  18. [...] Pour les choses futiles
    Les grands réservent leur bonté;
    Ils aiment mieux celui qui sert leur vanité
    Que tous ceux qui leur sont utiles.

    (Fables, La Pantouffle et le Soulier à talon rouges, p. 93, Paris, 1818)
     
  19. La critique est utile, on nous l'a dit cent fois,
    Mais il est des censeurs de toutes les espèces;
    Et la plus grande des faiblesses,
    C'est de les écouter sans savoir faire un choix.

    (Fables, Le Sculpteur, p. 105, Paris, 1818)
     
  20. À la perfection c'est en vain qu'on s'applique,
    Trop corriger est un mauvais moyen.
    Dans les beaux-arts, et même en politique,
    Le mieux, souvent, est l'ennemi du bien.

    (Fables, Le Sculpteur, p. 106, Paris, 1818)
     
  21. On respire toujours un air pur dans les champs.
    (Fables, Le Chien de ville et le Chien de campagne, p. 116, Paris, 1818)
     
  22. Qui souffre un petit mal, en évite un plus grand.
    (Fables, L'Homme et le Ruisseau, p. 123, Paris, 1818)
     
  23. Nul n'est prophète en son pays.
    (Fables, Le Serin aux îles Canaries, p. 126, Paris, 1818)
     
  24. Le travail est toujours le chemin de la gloire.
    (Fables, Le Ver à soie et l'Escargot, p. 129, Paris, 1818)
     
  25. L'inconstance est, dit-on, sans guide.
    (Fables, Les deux Roses, p. 133, Paris, 1818)
     
  26. Ne jugeons pas sur l'enveloppe,
    Les beaux habits ne prouvent rien.

    (Fables, Le Chat et le Poisson doré, p. 140, Paris, 1818)
     
  27. L'argent parfois couvre un vaurien.
    (Fables, Le Chat et le Poisson doré, p. 140, Paris, 1818)
     
  28. Il faut aimer ceux qui nous font du bien.
    (Fables, La jeune Fille et la Poupée, p. 146, Paris, 1818)
     
  29. Un ouvrage parfait est au-dessus des hommes.
    (Fables, Le Connaisseur, p. 149, Paris, 1818)
     
  30. L'amour-propre toujours en sottises abonde.
    L'artiste, l'amateur, le docte, l'hébété,
    Au Muséum, au Louvre, aux champs, et dans le monde,
    On décide par vanité.

    (Fables, Le Connaisseur, p. 150, Paris, 1818)
     
  31. Au plus méchant la contenance impose.
    (Fables, Les deux Rats et le jeune Chat, p. 155, Paris, 1818)
     
  32. Pour sortir du danger le parler ne peut rien;
    La force seule est quelque chose.

    (Fables, Les deux Rats et le jeune Chat, p. 155, Paris, 1818)
     
  33. On peut, dans tous les rangs, avoir de la valeur.
    (Fables, Les deux Rats et le jeune Chat, p. 155, Paris, 1818)
     
  34. Nul ne peut ici-bas trahir son habitude.
    (Fables, Le Procès d'Ésope, p. 159, Paris, 1818)
     
  35. Il faut, même en frappant, du bon sens et de l'art.
    (Fables, L'Enfant qui joue au sabot, p. 179, Paris, 1818)
     
  36. Dès qu'on fut une fois coupable par l'amour,
    D'une seconde faute une faute est suivie.

    (Fables, Le Chien de l'escadre, p. 193, Paris, 1818)
     
  37. Mais quelle est la vertu qui ne doit pas faillir,
    Et qui peut se flatter d'être toujours soi-même?

    (Fables, Les deux Chats en sentinelle, p. 209, Paris, 1818)
     
  38. Parfois un habit magnifique
    Ne couvre qu'un homme indigent,
    Tandis que sous l'habit rustique
    Un autre aura beaucoup d'argent.

    (Fables, La Campagne et la Ville, p. 211, Paris, 1818)
     
  39. Les gros dévorent les petits.
    (Fables, La Campagne et la Ville, p. 212, Paris, 1818)
     
  40. Presque toujours parmi les hommes
    Les grands ne sont pas les meilleurs.

    (Fables, La Campagne et la Ville, p. 212, Paris, 1818)
     
  41. Pour toucher des ingrats nos voeux sont superflus.
    (Fables, La Poule et les oeufs de Canard, p. 217, Paris, 1818)
     
  42. Dans tous les temps le ventre a tout gâté.
    (Fables, Le Cheval, l'Ane, le Chien et le Chat, p. 222, Paris, 1818)
     
  43. Chacun défend l'esprit qu'un sot en vain condamne.
    (Fables, La Chienne qui rédige un Journal, p. 225, Paris, 1818)
     
  44. Ce qui ne plaît qu'aux yeux dans un instant s'oublie,
    Le charme dure peu quand on n'est que jolie.

    (Fables, La Tulipe et la Violette, p. 236, Paris, 1818)
     
  45. Le parfum est aux fleurs ce qu'est l'esprit aux belles.
    (Fables, La Tulipe et la Violette, 237, Paris, 1818)
     
  46. Par le public témoin d'une bévue,
    Le censeur à son tour peut être censuré.

    (Fables, Le Champ de blé, p. 239, Paris, 1818)
     
  47. Est-on laide jamais, dès qu'on est bonne mère!
    (Fables, La Cigogne, p. 240, Paris, 1818)
     

Vincent Voiture

  1. Et sans mentir, à vous qui êtes née avec tant de qualités pour commander, il vous importe extrêmement de vous accoutumer de bonne heure de haïr l'injustice, et de prendre ceux qu'on opprime en votre protection.
    (Lettre à mademoiselle de Bourbon (1630), dans Oeuvres de Voiture, T.1, p.43, Paris, 1855)
     
  2. J'ai cru qu'il était impossible qu'une personne qui fait naître de l'amitié en tous ceux qui la voient n'en eût point en elle [...]
    (Lettre à mademoiselle Paulet (1633), dans Oeuvres de Voiture, T.1, p.111, Paris, 1855)
     
  3. Le vrai secret, pour avoir de la santé et de la gaieté, est que le corps soit agité, et que l'esprit se repose. Les voyages donnent cela.
    (Lettre à Monsieur *** (1633), dans Oeuvres de Voiture, T.1, p.181, Paris, 1855)
     
  4. Toutes les grandes choses coûtent beaucoup; les grands efforts abattent et les puissants remèdes affaiblissent.
    (Lettre à Monsieur *** (1636), dans Oeuvres de Voiture, T.1, p.273, Paris, 1855)
     
  5. Sans mentir, monsieur, la Fortune est une grande trompeuse ! Bien souvent en donnant aux hommes des charges et des honneurs elle leur fait de mauvais présents, et pour l'ordinaire elle nous vend bien chèrement les choses qu'il semble qu'elle nous donne.
    (Lettre au Comte de Guiche (1641), dans Oeuvres de Voiture, T.1, p.358, Paris, 1855)
     
  6. Les neuf filles de Jupiter
    Qui savent tant d'autres merveilles,
    Avec leurs voix non pareilles,
    N'ont pas l'art de ressusciter.
    La mort ne les peut écouter,
    Car la cruelle est sans oreilles.
    Dès les vieux temps qu'Orphée harpa
    Si doucement, qu'il l'attrapa.

    (Poésies, dans Oeuvres de Voiture, T.2, p.392, Paris, 1855)