Citations ajoutées le 1er mars 2010

Franz Bartlelt

  1. C'est fou le nombre d'heures où il y a quelque chose à faire et le nombre de choses à faire qui ne se font qu'à une certaine heure.
    (Petit éloge de la vie de tous les jours, p.15, Folio n°4954, 2009)
     
  2. Le mieux que nous ayons à faire c'est de rêver d'un monde meilleur. Le malheur de l'homme, c'est d'avoir trop souvent rêvé d'un monde parfait.
    (Petit éloge de la vie de tous les jours, p.28, Folio n°4954, 2009)
     
  3. [...] la mondialisation de l'applaudissement.
    (Petit éloge de la vie de tous les jours, p.29, Folio n°4954, 2009)
     
  4. Le problème n'est jamais d'aller quelque part, mais seulement d'aller aussi loin que possible.
    (Petit éloge de la vie de tous les jours, p.29, Folio n°4954, 2009)
     
  5. Nos préférences sont changeantes. Nous aimons longtemps le même objet ou le même sujet, à condition qu'il change régulièrement d'aspect, qu'il nous offre l'illusion, ce cadeau merveilleux, d'être sans cesse nouveau. Il en va de la mode comme des personnes, des tentations comme des sentiments.
    (Petit éloge de la vie de tous les jours, p.39, Folio n°4954, 2009)
     
  6. Il n'est pas utile de savoir où l'on va. Ni de chercher un lieu où aller. Le monde se propose à notre appétit, quand il le veut. Il s'ouvre. Il dégage des perspectives, élargit le brin d'herbe jusqu'à la forêt et le coin de fenêtre au ciel tout entier. On ne voyage que dans l'abandon. Sans horaires. Et, de préférence, sans retour.
    (Petit éloge de la vie de tous les jours, p.47, Folio n°4954, 2009)
     
  7. Je n'espère jamais. L'espoir est la vertu des vaincus ou des perdants. Je me contente d'être bien où je suis avec ce que j'ai.
    (Petit éloge de la vie de tous les jours, p.48, Folio n°4954, 2009)
     
  8. Le paysage, ce n'est pas seulement le paysage, mais l'occasion offerte à l'homme de regarder quelque chose où il est un commencement.
    (Petit éloge de la vie de tous les jours, p.85, Folio n°4954, 2009)
     
  9. Au-dessus d'un certain niveau de richesse, personne ne craint plus le ridicule.
    (Petit éloge de la vie de tous les jours, p.91, Folio n°4954, 2009)
     
  10. [...] me fichant à peu près de tout, je me fiche aussi de ce que je pense.
    (Petit éloge de la vie de tous les jours, p.106, Folio n°4954, 2009)
     
  11. L'écriture, qui est une manière de s'approcher pour regarder, et de regarder pour voir, devine sans même pouvoir s'en faire une idée toutes les complications que recèlent les choses les plus élémentaires.
    (Petit éloge de la vie de tous les jours, p.133, Folio n°4954, 2009)
     
  12. Si les paysans, dont l'âme est naturellement musicale, prenaient le pli de ne discuter qu'à l'aide de la musique, comme des oiseaux à grosse capacité pulmonaire, la ruralité serait un enfer.
    (Petit éloge de la vie de tous les jours, p.27, Folio n°4954, 2009)
     

Adolphe Pictet

  1. L'infini environne toutes les intelligences comme l'univers entoure la terre ; mais, aux yeux du sens commun, il revêt sur tous les points l'apparence du fini, de même que les espaces célestes prennent la forme d'une voûte d'azur. Il faut le travail du philosophe et de l'astronome pour démontrer que ce n'est là qu'une illusion.
    (Une course à Chamounix, p.173, Benjamin Duprat, 1838)
     
  2. Les âmes sont concaves ou convexes : tout se grandit dans les unes, tout se rapetisse dans les autres. Et cependant ne s'imaginent-elles pas voir les mêmea choses ? — De là d'immenses mésentendus.
    (Une course à Chamounix, p.173, Benjamin Duprat, 1838)
     
  3. Le sens commun est comme la lampe de sûreté de Davy, qui met à l'abri des explosions, mais qui n'éclaire qu'à quelques pieds de distance.
    (Une course à Chamounix, p.173, Benjamin Duprat, 1838)
     
  4. L'âme humaine est un palimpseste. Sous le texte banal de la vie, elle recèle les caractères mystérieux et presque effacés d'un livre sublime, d'un évangile révélé au commencement des jours. Les ignorants et les fanatiques de toute espèce sont occupés sans relâche à barbouiller sur ces précieux fragments leurs comptes de ménage et leurs litanies ; et bien petit, hélas ! est le nombre de ceux qui recherchent et respectent ces vénérables débris d'un texte sacré.
    (Une course à Chamounix, p.174, Benjamin Duprat, 1838)
     
  5. Les erreurs qui séduisent et entraînent les cœurs généreux renferment toujours quelques portions de grandes vérités. Aussi est-il difficile, et souvent dangereux, de les combattre, parce qu'en attaquant ce qu'elles ont de faux, on risque de faire tomber les coups sur ce qu'elles ont de vrai.
    (Une course à Chamounix, p.174, Benjamin Duprat, 1838)
     
  6. Faire de la législation et de la politique avec du sentiment et de l'imagination, c'est atteler deux beaux papillons à la plus lourde des charrues.
    (Une course à Chamounix, p.175, Benjamin Duprat, 1838)
     
  7. Transplanter un arbre malade en coupant avec soin toutes les racines pour lui redonner de la vigueur : recette infaillible, au dire des novateurs, qui veulent tout améliorer sans tenir compte du passé.
    (Une course à Chamounix, p.175, Benjamin Duprat, 1838)
     
  8. Il y a des gens qui, pour le bien de l'humanité, tel qu'ils l'entendent, sacrifieraient volontiers tout ce qui fait la gloire et la grandeur de l'humanité : l'art, la poésie, la foi, la science. Dans leur zèle empressé, ils jetteraient l'équipage par-dessus bord pour sauver le navire.
    (Une course à Chamounix, p.175, Benjamin Duprat, 1838)
     
  9. L'utopie de l'égalité de fait, de l'égalité matérielle entre tous les hommes, ne peut naître que dans une âme très généreuse ou très méprisable, selon qu'il y aurait à donner ou à prendre. Les plus généreux utopistes sont les hommes de talent et de génie, qui perdraient mille fois plus que les riches dans le partage.
    (Une course à Chamounix, p.176, Benjamin Duprat, 1838)
     
  10. Ceux qui rêvent ici-bas l'égalité des biens se trompent non seulement de date, mais de monde ; l'égalité ne s'établira que négativement, par l'absence même des biens matériels, dans la vie future.
    (Une course à Chamounix, p.176, Benjamin Duprat, 1838)
     
  11. Tirer un homme à quatre chevaux pour accélérer sa croissance : voilà ce que font les gens qui voudraient développer le genre humain à coups de révolutions.
    (Une course à Chamounix, p.176, Benjamin Duprat, 1838)
     
  12. Nouvelle formule de progrès : Marche ou je t'assomme !
    (Une course à Chamounix, p.177, Benjamin Duprat, 1838)
     
  13. Un zèle ardent, en politique comme en religion, n'est qu'un instrument aveugle, d'autant plus dangereux qu'il est plus puissant. Il faut, comme la poudre à canon, l'enfermer dans du bronze, et lui tracer impérieusement sa route, si l'on ne veut en éprouver les effets destructeurs.
    (Une course à Chamounix, p.177, Benjamin Duprat, 1838)
     
  14. La religion est le véritable ciment des édifices sociaux, et surtout des républiques. Plus les pierres sont nombreuses et menues, plus le ciment doit être fort pour les unir. Les faiseurs de sociétés comprennent cela par instinct, et s'efforcent de faire du ciment ; mais, par malheur, la recette en est perdue.
    (Une course à Chamounix, p.177, Benjamin Duprat, 1838)
     
  15. À proprement parler, toute idée progressive n'est bonne et vraie que lorsqu'elle devient réalisable. Les impatients ne conçoivent pas cela ; ils avancent les aiguilles de leur montre, et s'imaginent hâter le cours du temps.
    (Une course à Chamounix, p.178, Benjamin Duprat, 1838)
     
  16. Consacrer les ressources du génie à soutenir une cause dangereuse, c'est arroser une plante vénéneuse avec de l'élixir de longue vie.
    (Une course à Chamounix, p.178, Benjamin Duprat, 1838)
     
  17. Mettre la puissance d'un grand talent au service des passions politiques, c'est livrer aux Turcs les statues de Phidias pour en faire de la chaux.
    (Une course à Chamounix, p.178, Benjamin Duprat, 1838)
     
  18. Les fautes du génie portent avec elles leur absolution.
    (Une course à Chamounix, p.179, Benjamin Duprat, 1838)
     
  19. Il y a de grandes erreurs qui sont plus près du vrai que de petites vérités.
    (Une course à Chamounix, p.179, Benjamin Duprat, 1838)
     
  20. Pour que le génie brille de son éclat immatériel et divin, il faut qu'il soit placé entre les deux pôles du vrai et du bien; comme le charbon dans la pile galvanique. Alors il luit, sans se consumer, de la plus éblouissante lumière. Enflammé par le feu vulgaire des passions, il ne répand qu'une lueur rougeâtre, et se détruit lui-même en propageant l'incendie.
    (Une course à Chamounix, p.179, Benjamin Duprat, 1838)
     
  21. Les plus belles créations du génie sont celles qui succèdent à l'époque des passions. L'expérience de la vie doit précéder l'art ; mais l'art veut du calme et s'accommode mal des orages du coeur. Les montagnes les plus belles de notre globe sont des volcans éteints.
    (Une course à Chamounix, p.179, Benjamin Duprat, 1838)
     
  22. Si vous condamnez la pensée, soyez certains que la pensée vous condamne.
    (Une course à Chamounix, p.180, Benjamin Duprat, 1838)
     
  23. La pensée est à l'action ce que la lumière est à la chaleur. La vie ne se développe que par l'union des deux principes. Toutefois si la lumière sans chaleur reste stérile, la chaleur sans lumière n'enfante que des cryptogames difformes ou nuisibles.
    (Une course à Chamounix, p.180, Benjamin Duprat, 1838)
     
  24. Séparez la philosophie de la poésie, et vous n'aurez qu'une trame sans broderie ou qu'une broderie sans trame.
    (Une course à Chamounix, p.180, Benjamin Duprat, 1838)
     
  25. Si vous voulez arriver au vrai, réconciliez-vous avec vos contraires : la lumière blanche ne résulte que de la réunion des rayons colorés du spectre.
    (Une course à Chamounix, p.180, Benjamin Duprat, 1838)
     
  26. Tout livre est un miroir où le lecteur se regarde à son insu. De là vient que, si souvent, il y voit tant de laides choses auxquelles l'auteur n'a pas songé.
    (Une course à Chamounix, p.181, Benjamin Duprat, 1838)
     
  27. Le public, dit-on, a plus d'esprit que personne au monde : c'est apparemment pour cela qu'il peut se permettre de dire tant de sottises.
    (Une course à Chamounix, p.181, Benjamin Duprat, 1838)
     
  28. Il y a des esprits qui ne s'animent et brillent que lorsqu'ils sont excités par la contradiction ; comme les chats qu'il faut frotter à rebrousse-poil pour en tirer des étincelles électriques.
    (Une course à Chamounix, p.181, Benjamin Duprat, 1838)
     
  29. L'huître se vante et dit : Je n'ai jamais erré ! hélas ! pauvre huître ! c'est que tu n'as jamais marché.
    (Une course à Chamounix, p.181, Benjamin Duprat, 1838)
     
  30. Les hommes de génie, considérés comme individus, ne sont que les vases dans lesquels viennent à fleurir ces merveilleux végétaux qui déployent leurs trésors embaumés une fois par siècle seulement. Les nains de chaque époque ne voient et ne critiquent que le vase de terre ou de bois, tandis que, bien au-dessus de leurs têtes, le cactus grandiflorus étale ses magnificences et répand ses parfums.
    (Une course à Chamounix, p.182, Benjamin Duprat, 1838)
     
  31. Le limpide ruisseau de la plaine reproche au torrent de la montagne la couleur trouble de ses eaux. Le torrent répond. Tu es pur parce que tu ne charries que ta nullité ; moi je porte dans mon sein la fertilité et la richesse, le limon et l'or.
    (Une course à Chamounix, p.182, Benjamin Duprat, 1838)
     
  32. Les esprits puissants, en marchant à leurs fins, détruisent sur leur passage de bonnes petites choses dont la voix s'élève contre eux et les accuse. Ils font comme Gargantua qui mangeait, sans s'en douter, des pèlerins dans sa salade.
    (Une course à Chamounix, p.183, Benjamin Duprat, 1838)