Citations ajoutées le 06 août 2009

Anne Barratin

  1. La jolie femme sacrifie son coeur et son esprit à sa figure.
    (De Vous à Moi, p.110, A. Lemerre, 1892)
     
  2. Une coquette définissait la vieillesse : des printemps accumulés.
    (De Vous à Moi, p.110, A. Lemerre, 1892)
     
  3. Qui ne se croit jolie femme, quand un baiser l'a juré et rejuré ?
    (De Vous à Moi, p.110, A. Lemerre, 1892)
     
  4. Dans la ruine de l'être physique, il est des coquetteries rétrospectives qui percent le détachement comme certaines fleurs d'hiver le sol refroidi.
    (De Vous à Moi, p.110, A. Lemerre, 1892)
     
  5. Les anciens cadençaient le mouvement, nous, nous l'affolons.
    (De Vous à Moi, p.110, A. Lemerre, 1892)
     
  6. Le soleil, en Italie, c'est la beauté qui s'offre, qui vous suit, il lui manque d'être désirée.
    (De Vous à Moi, p.111, A. Lemerre, 1892)
     
  7. Ceux-là ne sont pas rares qui vous présentent les idées générales comme des idées à eux, comme des poissons pêchés dans leurs propres étangs.
    (De Vous à Moi, p.111, A. Lemerre, 1892)
     
  8. Que de joies seraient à peu près insignifiantes sans le malin plaisir de faire enrager un envieux.
    (De Vous à Moi, p.111, A. Lemerre, 1892)
     
  9. Le vide se nourrit de la faim.
    (De Vous à Moi, p.111, A. Lemerre, 1892)
     
  10. On a certaines parures pour ne jamais les porter, certains amis pour ne jamais s'en servir.
    (De Vous à Moi, p.111, A. Lemerre, 1892)
     
  11. Il est des luxes qui portent leurs châtiments : les dames de compagnie et les dentelles.
    (De Vous à Moi, p.111, A. Lemerre, 1892)
     
  12. Certaines clémences sont comme certaines patiences, pleines de menaces.
    (De Vous à Moi, p.112, A. Lemerre, 1892)
     
  13. On peut être gauche sans être naïf, et bon enfant sans être bête.
    (De Vous à Moi, p.112, A. Lemerre, 1892)
     
  14. Il est des intelligences plates comme des pays plats.
    (De Vous à Moi, p.112, A. Lemerre, 1892)
     
  15. Il est des gens qui sont tout étonnés qu'on n'accepte pas les honneurs de leur jalousie comme un honneur.
    (De Vous à Moi, p.112, A. Lemerre, 1892)
     
  16. La pudeur a peur de tout ce qu'elle devine : l'innocence s'avance de tout ce qu'elle ignore.
    (De Vous à Moi, p.112, A. Lemerre, 1892)
     
  17. On juge avec l'expérience ou avec la divination ce qui fait la si grande différence des jugements chez les moralistes féminins.
    (De Vous à Moi, p.112, A. Lemerre, 1892)
     
  18. Un grand fils aime beaucoup à montrer à sa mère qu'il en sait plus qu'elle.
    (De Vous à Moi, p.113, A. Lemerre, 1892)
     
  19. On peut avoir la fierté souple comme la taille.
    (De Vous à Moi, p.113, A. Lemerre, 1892)
     
  20. On reçoit tant de choses dans un être : sa position, son titre, son esprit. Dans l'amitié seule, on reçoit l'être seul.
    (De Vous à Moi, p.113, A. Lemerre, 1892)
     
  21. Qui accepte le plus doit accepter le moins
    (De Vous à Moi, p.113, A. Lemerre, 1892)
     
  22. Un joli trait d'esprit fait toujours plaisir, même quand il est lancé contre nous.
    (De Vous à Moi, p.113, A. Lemerre, 1892)
     
  23. Les bienfaits trop conscients ont une physionomie de créanciers.
    (De Vous à Moi, p.114, A. Lemerre, 1892)
     
  24. Une image ferme peut représenter une idée douce, comme un visage doux peut cacher une grande énergie.
    (De Vous à Moi, p.114, A. Lemerre, 1892)
     
  25. Quand la tête est pleine d'idées, la chambre est rarement pleine de bibelots.
    (De Vous à Moi, p.114, A. Lemerre, 1892)
     
  26. La concision est faite de discrétion et de force.
    (De Vous à Moi, p.114, A. Lemerre, 1892)
     
  27. La jeunesse est quelquefois prise du besoin de se souligner, de casser des vitres ou d'enfoncer des portes.
    (De Vous à Moi, p.114, A. Lemerre, 1892)
     
  28. La finesse peut s'allier à l'ignorance, comme la beauté à la vulgarité.
    (De Vous à Moi, p.115, A. Lemerre, 1892)
     
  29. On commence à partager quand on aime, pour offrir ensuite sa part avec amour.
    (De Vous à Moi, p.115, A. Lemerre, 1892)
     
  30. Il ne faut pas faire attendre les choses sérieuses.
    (De Vous à Moi, p.115, A. Lemerre, 1892)
     
  31. Le paresseux se couche sur le présent comme l'angora devant l'âtre.
    (De Vous à Moi, p.115, A. Lemerre, 1892)
     
  32. Les vacances sont faites pour les gens actifs ; les paresseux sont les premiers à s'en servir.
    (De Vous à Moi, p.115, A. Lemerre, 1892)
     
  33. La pudeur s'atténue avec l'âge, comme la timidité, mais où elle a régné, elle laisse la délicatesse.
    (De Vous à Moi, p.115, A. Lemerre, 1892)
     
  34. On apprend plus la sobriété que la délicatesse, cette sobriété d'un autre genre.
    (De Vous à Moi, p.116, A. Lemerre, 1892)
     
  35. Faisons bon visage aux ans qui viennent : ne se sont-ils pas fait annoncer ?
    (De Vous à Moi, p.116, A. Lemerre, 1892)
     
  36. On en veut à la beauté sotte, comme à une déception.
    (De Vous à Moi, p.116, A. Lemerre, 1892)
     
  37. Nos excès nous dévalisent. Quoi de plus naturel ? nous leur ouvrons les portes.
    (De Vous à Moi, p.116, A. Lemerre, 1892)
     
  38. Si l'on y pénétrait, certains coeurs ressembleraient à un champ de bataille après l'action.
    (De Vous à Moi, p.116, A. Lemerre, 1892)
     
  39. L'ironie : de la colère en fusées.
    (De Vous à Moi, p.116, A. Lemerre, 1892)
     
  40. C'est le bon sens maintenant qui nous surprend, ce brave bourgeois qui n'avait jamais étonné personne.
    (De Vous à Moi, p.117, A. Lemerre, 1892)
     
  41. Un coeur juste peut aimer sans savoir pourquoi ; il ne déteste pas sans cause.
    (De Vous à Moi, p.117, A. Lemerre, 1892)
     
  42. L'Anglaise a plus besoin de voir que de comprendre.
    (De Vous à Moi, p.117, A. Lemerre, 1892)
     
  43. Je ne vois jamais un enfant dans ses langes sans regretter qu'il ne puisse apprécier le bonheur d'y être.
    (De Vous à Moi, p.117, A. Lemerre, 1892)
     
  44. Nous prenons facilement les idées opposées aux nôtres pour des pierres jetées dans notre jardin.
    (De Vous à Moi, p.117, A. Lemerre, 1892)
     
  45. Que le besoin d'admirer s'ennuie souvent en nous !
    (De Vous à Moi, p.118, A. Lemerre, 1892)
     
  46. Les gens méfiants écrivent volontiers au crayon.
    (De Vous à Moi, p.118, A. Lemerre, 1892)
     
  47. Un Parisien, au milieu de la nature, nous la gâte un peu ; il traîne trop de civilisation avec lui.
    (De Vous à Moi, p.118, A. Lemerre, 1892)
     
  48. Il y a des jours où tout est agréable : on ne rencontre que de beaux visages, on ne frôle que de jolies tailles, on n'a que de bonnes pensée.
    (De Vous à Moi, p.118, A. Lemerre, 1892)
     
  49. Nous avons beau crier bien haut notre éloge, en sortant de notre bouche, il ne va souvent pas plus loin.
    (De Vous à Moi, p.118, A. Lemerre, 1892)
     
  50. La familiarité boit dans le verre de chacun.
    (De Vous à Moi, p.118, A. Lemerre, 1892)
     
  51. La parure enlaidit souvent, comme l'excuse aggrave.
    (De Vous à Moi, p.119, A. Lemerre, 1892)
     
  52. On peut faire son chef-d'oeuvre sans s'en douter, comme une conquête en tournant le dos.
    (De Vous à Moi, p.119, A. Lemerre, 1892)
     
  53. D'un long discours, on ne se rappelle souvent qu'une phrase ; d'un bouquet, souvent, que le parfum d'une fleur.
    (De Vous à Moi, p.119, A. Lemerre, 1892)
     
  54. La couleur fait plus oublier le dessin que le dessin la couleur.
    (De Vous à Moi, p.119, A. Lemerre, 1892)
     
  55. La mélancolie, c'est l'automne de la douleur.
    (De Vous à Moi, p.119, A. Lemerre, 1892)
     
  56. On est naïf à tout âge ; un dîner sur l'herbe ne convient cependant pas en toute saison.
    (De Vous à Moi, p.119, A. Lemerre, 1892)
     
  57. Il est de jolies traînées de nuages qui ressemblent à la longue chevelure d'une déesse, dénouée dans l'éther du soir.
    (De Vous à Moi, p.120, A. Lemerre, 1892)
     
  58. Une idylle : l'amitié du lierre pour le vieux mur.
    (De Vous à Moi, p.120, A. Lemerre, 1892)
     
  59. On peut, sans méchanceté, se réjouir qu'un envieux ne puisse pas être heureux.
    (De Vous à Moi, p.120, A. Lemerre, 1892)
     
  60. L'homme blasé, c'est le riche qui a mal administré.
    (De Vous à Moi, p.120, A. Lemerre, 1892)
     
  61. L'Allemand a la jeunesse sans son élasticité.
    (De Vous à Moi, p.120, A. Lemerre, 1892)
     
  62. La méthode est souvent gênante, comme les précautions dans une partie de campagne.
    (De Vous à Moi, p.120, A. Lemerre, 1892)
     
  63. Les audaces marchent de compagnie, l'une avec l'autre.
    (De Vous à Moi, p.121, A. Lemerre, 1892)
     
  64. La jeunesse et la santé, les deux dons qui font le plus d'ingrats.
    (De Vous à Moi, p.121, A. Lemerre, 1892)
     
  65. Les morts ne répondent pas, ils nous attendent.
    (De Vous à Moi, p.121, A. Lemerre, 1892)
     
  66. Un mauvais sermon nous pâlit l'autre monde.
    (De Vous à Moi, p.121, A. Lemerre, 1892)
     
  67. Le croisé n'est pas toujours dans l'esprit de la croisade : il prêche la paix avec violence.
    (De Vous à Moi, p.121, A. Lemerre, 1892)
     
  68. Frimousse en l'air, pied léger, la gaîté s'avance en chantonnant.
    (De Vous à Moi, p.121, A. Lemerre, 1892)
     
  69. La gourmandise remplit si bien le gourmand, qu'elle le préserve d'autres goûts et d'autres passions : un seul ami suffit.
    (De Vous à Moi, p.122, A. Lemerre, 1892)
     
  70. Il y a des phrases qui sentent bon comme des fleurs.
    (De Vous à Moi, p.122, A. Lemerre, 1892)
     
  71. L'aspect, c'est le premier défi ou la première séduction.
    (De Vous à Moi, p.122, A. Lemerre, 1892)
     
  72. L'inspiration se fait précéder de son atmosphère, puis elle se montre et parle.
    (De Vous à Moi, p.122, A. Lemerre, 1892)
     
  73. Un appartement sans bibliothèque met l'esprit en défiance contre ceux qui l'habitent.
    (De Vous à Moi, p.122, A. Lemerre, 1892)
     
  74. Est-ce flatteur d'être toujours maître de soi, de ne jamais être outrepassé par son coeur ?
    (De Vous à Moi, p.122, A. Lemerre, 1892)
     
  75. Les Grecs s'admiraient, et avec raison, mais, en perdant de leurs vertus antiques, ils ont oublié de raccourcir leur admiration.
    (De Vous à Moi, p.123, A. Lemerre, 1892)
     
  76. Aujourd'hui Pénélope serait moins appréciée ; elle a bien fait de vivre en son temps.
    (De Vous à Moi, p.123, A. Lemerre, 1892)
     
  77. Un beau son semble porter de la lumière bleue avec lui.
    (De Vous à Moi, p.123, A. Lemerre, 1892)
     
  78. Quand je bâtis des châteaux en Espagne, je commence par le belvédère.
    (De Vous à Moi, p.123, A. Lemerre, 1892)
     
  79. Comme une naissance illégitime, le don obtenu par intrigue nous laisse une certaine inquiétude.
    (De Vous à Moi, p.123, A. Lemerre, 1892)
     
  80. Le blanc n'embellit pas l'innocence, l'innocence embellit le blanc.
    (De Vous à Moi, p.124, A. Lemerre, 1892)
     
  81. La Vallière ne reste à nos yeux qu'une colombe grise malgré son beau repentir.
    (De Vous à Moi, p.124, A. Lemerre, 1892)
     
  82. Il est de mots-valets qui accompagnent bien le maître.
    (De Vous à Moi, p.124, A. Lemerre, 1892)
     
  83. Ce qui plaît peut aussi fatiguer, mais comme on le lui pardonne. !
    (De Vous à Moi, p.124, A. Lemerre, 1892)
     
  84. La voix de la religieuse est claire et sans modulations : on dirait qu'elle n'habite plus le corps.
    (De Vous à Moi, p.124, A. Lemerre, 1892)
     
  85. Toutes les vérités s'entraident : la petite s'appuie sur la grande, la grande protège la petite.
    (De Vous à Moi, p.124, A. Lemerre, 1892)
     
  86. L'Allemand apprécie peu le silence ; il chante en public, il mange en compagnie, il se promène en bandes, il faut tout à plusieurs.
    (De Vous à Moi, p.125, A. Lemerre, 1892)
     
  87. On a quelquefois de ces méchants petits cauchemars, tout éveillé ; un des miens, c'est de sentir un allemand me marcher sur le pied.
    (De Vous à Moi, p.125, A. Lemerre, 1892)
     
  88. Un nom nous embellit : le mois de mai sera toujours beau par le sien.
    (De Vous à Moi, p.125, A. Lemerre, 1892)
     
  89. Comme on crée vite des prodiges aujourd'hui ! Il est vrai qu'on a des primeurs en toutes saisons.
    (De Vous à Moi, p.125, A. Lemerre, 1892)
     
  90. Juger, le plus souvent c'est estropier.
    (De Vous à Moi, p.125, A. Lemerre, 1892)
     
  91. Qu'il est intéressant de juger son juge ! c'est toujours un droit qui nous reste.
    (De Vous à Moi, p.126, A. Lemerre, 1892)
     
  92. Les grands mots ressemblent toujours un peu à des comédiens.
    (De Vous à Moi, p.126, A. Lemerre, 1892)
     
  93. Un style sec, cassant, est désagréable comme le vent d'est.
    (De Vous à Moi, p.126, A. Lemerre, 1892)
     
  94. Il n'y a qu'une vraie bonté : celle qui ne pourrait pas faire autrement.
    (De Vous à Moi, p.126, A. Lemerre, 1892)
     
  95. La vie, homme, n'avait pas besoin de toi pour jouir ; les fleurs fleurissaient, les astres brillaient, les oiseaux chantaient, mais il te fallait, pour qu'elle prît conscience de sa joie.
    (De Vous à Moi, p.126, A. Lemerre, 1892)
     
  96. Dieu nous a estimés en nous donnant la vie, aimés en nous donnant la mort.
    (De Vous à Moi, p.127, A. Lemerre, 1892)
     
  97. Les compensations sont de bonnes grosses filles qui tricotent des bas pour leurs amis.
    (De Vous à Moi, p.127, A. Lemerre, 1892)
     
  98. Que le péché est facile devant certains attraits ! il a l'air de se faire tout seul.
    (De Vous à Moi, p.127, A. Lemerre, 1892)
     
  99. Le plus noble des besoins n'est encore qu'un besoin, comme le plus enduqué [sic] de deux n'est encore qu'un homme.
    (De Vous à Moi, p.127, A. Lemerre, 1892)
     
  100. Enfants de la même patrie, nous nous aimons à la manière des rats autour du même fromage : à qui le gros morceau ?
    (De Vous à Moi, p.127, A. Lemerre, 1892)
     
  101. Cache tes peines comme tes hontes, pour être sûr de les bien cacher.
    (De Vous à Moi, p.128, A. Lemerre, 1892)
     
  102. L'exagération des devoirs n'en est que le faux amour.
    (De Vous à Moi, p.128, A. Lemerre, 1892)
     
  103. Que le mot fatalité est glacial à côté du mot épreuve ! s'il nous convie à la même table, il ne nous verse pas le même vin.
    (De Vous à Moi, p.128, A. Lemerre, 1892)
     
  104. Il est des êtres qu'il faut traiter comme l'oiseau de passage : te voilà, bonjour ; tu t'en vas, bonsoir ; tu reviens, tant mieux !
    (De Vous à Moi, p.128, A. Lemerre, 1892)
     
  105. Qu'on est souvent loin de la romance tout en applaudissant le chanteur !
    (De Vous à Moi, p.128, A. Lemerre, 1892)
     
  106. Quand Dieu donne à l'un de nous la richesse et le sentiment de la justice, il semble dire : Je t'attends à l'oeuvre !
    (De Vous à Moi, p.128, A. Lemerre, 1892)
     
  107. Un riche ne peut pas faire de surprises, hélas ! on s'attend toujours à recevoir de lui.
    (De Vous à Moi, p.129, A. Lemerre, 1892)
     
  108. La naïveté réjouit un vieux coeur, comme un rayon de soleil une vieille fenêtre.
    (De Vous à Moi, p.129, A. Lemerre, 1892)
     
  109. La pureté du temple en est la vraie beauté.
    (De Vous à Moi, p.129, A. Lemerre, 1892)
     
  110. Le temps volé est le meilleur ; qu'on est friand dans ses minutes !
    (De Vous à Moi, p.129, A. Lemerre, 1892)
     
  111. Il est des heures qui semblent être rusées tant elles sonnent à propos.
    (De Vous à Moi, p.129, A. Lemerre, 1892)