Citations ajoutées le 07 décembre 2008

Paul Masson

  1. Se glorifier de trésors qu'on tient enfermés sans profit pour personne est à peu près aussi avisé que de s'enorgueillir des mines d'or du centre de la terre qu'on foule aux pieds en marchant.
    (Les Pensées d'un Yoghi , p.66, Léon Vanier, 1896)
     
  2. Une des entreprises les plus laborieuses en toute publique occurrence est d'empêcher la fanfare de se prendre pour la procession elle-même.
    (Les Pensées d'un Yoghi , p.66, Léon Vanier, 1896)
     
  3. Il y a des gens qui se marient soi-disant par économie. C'est donner une haute idée de leurs performances.
    (Les Pensées d'un Yoghi , p.66, Léon Vanier, 1896)
     
  4. Chose singulière, nous sommes moins exigeants en matière d'espace que de temps. Nous prenons plus facilement notre parti de ne pas peser trois cents livres que de ne pas vivre trois cents ans.
    (Les Pensées d'un Yoghi , p.66, Léon Vanier, 1896)
     
  5. La vertu gît au milieu. Le vice aussi.
    (Les Pensées d'un Yoghi , p.67, Léon Vanier, 1896)
     
  6. Tout sentiment qui s'écrit est vite fané. On ne trempe pas les fleurs dans l'encre.
    (Les Pensées d'un Yoghi , p.67, Léon Vanier, 1896)
     
  7. À l'état normal le volume du coeur n'est guère plus considérable que le poing du sujet auquel il appartient. Si du moins il n'était pas plus menaçant !
    (Les Pensées d'un Yoghi , p.67, Léon Vanier, 1896)
     
  8. La plupart des lettres qu'écrivent à leurs derniers instants ceux qui recourent au suicide semblent prouver qu'ils auraient pu employer utilement encore quelques belles années, tout au moins à feuilleter des grammaires.
    (Les Pensées d'un Yoghi , p.67, Léon Vanier, 1896)
     
  9. On ne peut ouvrir un livre sans apprendre quelque chose, quand ce ne serait que l'inutilité d'écrire.
    (Les Pensées d'un Yoghi , p.67, Léon Vanier, 1896)
     
  10. L'honneur est une boussole cachée sur notre coeur, mais dont l'aiguille est toujours faussée par la petite mine d'or de notre porte-monnaie.
    (Les Pensées d'un Yoghi , p.68, Léon Vanier, 1896)
     
  11. Les billets qu'on prend à la loterie du mariage rappellent trop souvent celui de La Châtre.
    (Les Pensées d'un Yoghi , p.68, Léon Vanier, 1896)
     
  12. Un amour qui meurt de ses blessures était au moins anémique.
    (Les Pensées d'un Yoghi , p.68, Léon Vanier, 1896)
     
  13. Tous les prophètes de la vie future nous la dépeignent meilleure ou pire que celle-ci ; aucun ne l'annonce semblable. Le pessimisme a ses limites.
    (Les Pensées d'un Yoghi , p.68, Léon Vanier, 1896)
     
  14. L'esprit, comme l'imagination, nous renseigne sur le temps, mais l'esprit le proclame comme une horloge, l'imagination le révèle polychrome, comme un cadran de Flore.
    (Les Pensées d'un Yoghi , p.68, Léon Vanier, 1896)
     
  15. Il faut choisir ses opinions et les adapter à sa taille, mais on n'est pas tenu de les créer de toutes pièces. De même qu'on élit une étoffe et qu'on la fait couper à sa mesure, mais que le plus excentrique ne s'est pas encore avisé de tondre un mouton ou de planter des cotonniers spécialement pour sa jaquette.
    (Les Pensées d'un Yoghi , p.69, Léon Vanier, 1896)
     
  16. Quelle source intarissable de félicité que les enfants dans le cercle de famille ! Jusqu'à six ans leurs piaillements vous empêchent de terminer une seule phrase ; à partir de sept ans, on ne peut plus rien dire devant eux. Et dans l'intervalle, ils on généralement la fièvre typhoïde.
    (Les Pensées d'un Yoghi , p.69, Léon Vanier, 1896)
     
  17. Une mauvaise habitude ne meurt jamais ab intestat.
    (Les Pensées d'un Yoghi , p.69, Léon Vanier, 1896)
     
  18. Pour obtenir d'une personne ce qu'on désire il ne faut pas s'adresser à son coeur seul, ni à sa tête seule, mais à l'un et à l'autre ensemble, de même qu'un mendiant avisé ne sollicite que les couples marchant côte à côte et qui lui donnent par amour-propre.
    (Les Pensées d'un Yoghi , p.69, Léon Vanier, 1896)
     
  19. Sans doute l'homme a été créé à l'image de Dieu, mais à une époque où les procédés de reproduction étaient encore dans l'enfance.
    (Les Pensées d'un Yoghi , p.70, Léon Vanier, 1896)
     
  20. Plusieurs ont toutes les qualités voulues pour entretenir un parfait commerce d'amitié, mais ils ne font le commerce qu'en gros.
    (Les Pensées d'un Yoghi , p.70, Léon Vanier, 1896)
     
  21. C'est pour le coeur surtout que trois incendies équivalent à un déménagement.
    (Les Pensées d'un Yoghi , p.70, Léon Vanier, 1896)
     
  22. La plupart des femmes entendent le mot « constance » comme le lac de ce nom, dont les eaux limpides baignent quatre pays différents.
    (Les Pensées d'un Yoghi , p.70, Léon Vanier, 1896)
     
  23. Les enfants se forment souvent plus vite qu'on ne le voudrait ; ils scandalisent alors leurs éducateurs comme des échafaudages qui prendraient racine et jetteraient des bourgeons.
    (Les Pensées d'un Yoghi , p.71, Léon Vanier, 1896)
     
  24. Puisqu'il devient de mode de couler en bronze tous les hommes utiles à l'humanité, n'élèvera-t-on pas bientôt une statue à ceux qui n'ont pas inventé la poudre ?
    (Les Pensées d'un Yoghi , p.71, Léon Vanier, 1896)
     
  25. Quand je vois un de ces parchemins d'autrefois, muni de son large sceau royal, portant un arrêt de mort, je ne puis m'empêcher de songer, à la honte des animaux, que les matériaux employés à ce chef-d'oeuvre d'humanité ont été fournis par un âne, une oie et quelques abeilles.
    (Les Pensées d'un Yoghi , p.71, Léon Vanier, 1896)
     
  26. Certains visages sont la carte de l'honneur et de la loyauté, mais n'indiquent que des régions polaires.
    (Les Pensées d'un Yoghi , p.71, Léon Vanier, 1896)
     
  27. Les peuples civilisés s'offrent entre eux les vérités au bout d'une baïonnette, comme les gens mal élevés se présentent le pain à la pointe d'un couteau.
    (Les Pensées d'un Yoghi , p.72, Léon Vanier, 1896)
     
  28. La colère bannit la réflexion, mais ses conséquences lui accordent aussitôt un sauf-conduit.
    (Les Pensées d'un Yoghi , p.72, Léon Vanier, 1896)
     
  29. Qui sait si un caniche aboyant de la même façon pour exprimer qu'il a faim d'os et soif de caresses, n'est pas considéré par les siens comme un éminent virtuose en calembours ?
    (Les Pensées d'un Yoghi , p.72, Léon Vanier, 1896)
     
  30. Tout finit par des chansons. La dernière, c'est le De profundis.
    (Les Pensées d'un Yoghi , p.72, Léon Vanier, 1896)
     
  31. Les femmes honnêtes se donnent tout entières à des riens, les autres à des pas grand'chose.
    (Les Pensées d'un Yoghi , p.72, Léon Vanier, 1896)
     
  32. On quitte ses amis sous prétexte qu'ils ont changé. Pour tout ennemi de la monotonie, ce serait cependant le meilleur motif à les garder.
    (Les Pensées d'un Yoghi , p.73, Léon Vanier, 1896)
     
  33. L'orgueil ne se complaît qu'à détruire ; un seul chêne en tombant fait plus de bruit que n'en font ensemble en croissant tous les végétaux répandus sur la surface du globe.
    (Les Pensées d'un Yoghi , p.73, Léon Vanier, 1896)
     
  34. Pour beaucoup d'écrivains la fortune n'est que l'honnête récompense accordée à celui qui rapporte un objet perdu.
    (Les Pensées d'un Yoghi , p.73, Léon Vanier, 1896)
     
  35. En morale, c'est déjà être vaincu que de conclure une trêve.
    (Les Pensées d'un Yoghi , p.73, Léon Vanier, 1896)
     
  36. Les sensations modelées forment la sensualité ; ciselées, le sentiment.
    (Les Pensées d'un Yoghi , p.73, Léon Vanier, 1896)
     
  37. La nature place toujours le remède à côté du mal ; on voit même des gens qui ne prennent jamais que le remède.
    (Les Pensées d'un Yoghi , p.74, Léon Vanier, 1896)
     
  38. On peut, quoique blasé, demander des consolations à l'amour, de même qu'on peut prendre médecine sans y croire.
    (Les Pensées d'un Yoghi , p.74, Léon Vanier, 1896)
     
  39. Le génie est une longue patience, plus une occasion.
    (Les Pensées d'un Yoghi , p.74, Léon Vanier, 1896)
     
  40. Toute amitié rompue d'un côté l'est des deux.
    (Les Pensées d'un Yoghi , p.74, Léon Vanier, 1896)
     
  41. Apprendre par coeur est bien, apprendre par le coeur est mieux.
    (Les Pensées d'un Yoghi , p.74, Léon Vanier, 1896)
     
  42. L'homme vit tant qu'il désire. La femme est morte qui n'est plus désirée, même par un seul.
    (Les Pensées d'un Yoghi , p.74, Léon Vanier, 1896)
     
  43. Celui qui dans une symphonie ne découvre pas chaque fois des beautés nouvelles n'est qu'un instrument.
    (Les Pensées d'un Yoghi , p.75, Léon Vanier, 1896)
     
  44. Que l'auteur de la Vénus de Médicis n'ait en aucun point copié la nature, c'est là une vérité dont il nous faut payer cher la conquête, mais qui, une fois acquise, n'est plus jamais exposée à être détrônée de son piédestal.
    (Les Pensées d'un Yoghi , p.75, Léon Vanier, 1896)
     
  45. Le coeur aspire et étouffe, le cerveau pétille et fait trémousser. L'un est une machine pneumatique, l'autre est une bouteille de Leyde.
    (Les Pensées d'un Yoghi , p.75, Léon Vanier, 1896)
     
  46. Qui parle de supprimer les étrennes ? Une si solennelle occasion d'affirmer l'indépendance de son coeur !
    (Les Pensées d'un Yoghi , p.75, Léon Vanier, 1896)
     
  47. Certains disent : « Mon Dieu », comme on dit : « Mon général ».
    (Les Pensées d'un Yoghi , p.75, Léon Vanier, 1896)
     
  48. On recommande d'éviter l'esprit facile ; quant à l'esprit difficile, son nom seul le condamne. À quel genre alors se vouer ?
    (Les Pensées d'un Yoghi , p.76, Léon Vanier, 1896)
     
  49. En tirant un coup de fusil, un chasseur est toujours sûr d'abattre quelque chose, quand ce ne serait que son orgueil.
    (Les Pensées d'un Yoghi , p.76, Léon Vanier, 1896)
     
  50. On aurait tort d'envier aux sots une vanité qui leur sert d'utile dérivatif. C'est comme la crête qui en se gonflant prémunit les dindons contre l'apoplexie.
    (Les Pensées d'un Yoghi , p.76, Léon Vanier, 1896)
     
  51. Toute maladie du corps social trouve plus vite des avocats que des médecins.
    (Les Pensées d'un Yoghi , p.76, Léon Vanier, 1896)
     
  52. Il est peu de prédicateurs qui, quelque sujet qu'ils traitent, ne nous donnent pas une certaine idée de l'éternité.
    (Les Pensées d'un Yoghi , p.76, Léon Vanier, 1896)
     
  53. Est-il plus douce volupté au monde que d'entendre sa prose dans la bouche d'une jeune et jolie femme, heurtée au pur cristal de sa voix ? Quel baiser colombin vaut cette aérienne communion d'âmes ?
    (Les Pensées d'un Yoghi , p.77, Léon Vanier, 1896)
     
  54. Dans la vie du coeur on est toujours volé quand on s'abandonne à aimer, toujours richement rémunéré quand on se regarde aimer.
    (Les Pensées d'un Yoghi , p.77, Léon Vanier, 1896)
     
  55. Le propre des grandes passions est de rendre l'idée de la mort indifférente, soit par espoir, soit par contraste.
    (Les Pensées d'un Yoghi , p.77, Léon Vanier, 1896)
     
  56. Rien n'est plus délicieux qu'être étendu sous un arbre, en été, avec un bon livre, si ce n'est d'être étendu en été, sous un arbre, sans livre.
    (Les Pensées d'un Yoghi , p.77, Léon Vanier, 1896)
     
  57. Ce n'est pas l'enlèvement qui est difficile, c'est l'emballement.
    (Les Pensées d'un Yoghi , p.77, Léon Vanier, 1896)
     
  58. Certains naïfs s'imaginent que l'ancienneté confère des titres en amour. Pourquoi pas la vieillesse ?
    (Les Pensées d'un Yoghi , p.78, Léon Vanier, 1896)
     
  59. Ainsi que les beaux corps, l'âme gagne à être vue à nu, mais perd à être disséquée.
    (Les Pensées d'un Yoghi , p.78, Léon Vanier, 1896)
     
  60. La véritable amitié se reconnaît à ce qu'elle ne guette dans notre coeur aucune succession à prendre et qu'elle trouve toujours, pour y faire son entrée, des voies semées de fleurs et l'arc de triomphe tout dressé.
    (Les Pensées d'un Yoghi , p.78, Léon Vanier, 1896)