Citations ajoutées le 20 novembre 2008

Jean-Benjamin de Laborde

  1. Les esprits forts sont, en fait de religion, ce que sont les beaux esprits en fait de littérature.
    (Pensées et maximes, p.28, Lamy, 1802)
     
  2. Entrez l'émulation sur un bon naturel, si vous ne voulez pas la voir dégénérer en envie.
    (Pensées et maximes, p.28, Lamy, 1802)
     
  3. La justice naît du rapport qui est entre les choses ; la loi est la mesure de ce rapport. Les esprits forts sont comme les gens ivres, qui veulent toujours faire boire les autres.
    (Pensées et maximes, p.28, Lamy, 1802)
     
  4. La flatterie est une mine que creuse le vice pour faire écrouler la vertu.
    (Pensées et maximes, p.28, Lamy, 1802)
     
  5. Il faut être né bien heureusement, pour être philosophe sans avoir été malheureux.
    (Pensées et maximes, p.28, Lamy, 1802)
     
  6. Lorsque les larmes sont l'expression de la tendresse, elles sont à l'amour ce qu'est la rosée aux fleurs, elles le nourrissent et le raniment.
    (Pensées et maximes, p.28, Lamy, 1802)
     
  7. La marche du génie est comme celle d'un corps élastique ; le moment où il se ralentit touche au moment où il s'arrête.
    (Pensées et maximes, p.29, Lamy, 1802)
     
  8. Le zèle ne diffère de la passion, qu'en ce qu'il a un objet louable.
    (Pensées et maximes, p.29, Lamy, 1802)
     
  9. Qui craint l'avenir ou regrette le passé, jouit mal du présent.
    (Pensées et maximes, p.29, Lamy, 1802)
     
  10. Ceux qui sont incapables de faire de grandes fautes, sont peu capables de faire de grandes choses.
    (Pensées et maximes, p.29, Lamy, 1802)
     
  11. On est presque consolé des fautes qu'on a faites, lorsqu'on songe combien il est aisé d'en faire de plus grandes.
    (Pensées et maximes, p.29, Lamy, 1802)
     
  12. Il est aussi ennuyeux de voir souvent ceux qu'on n'aime guère, que difficile d'aimer beaucoup ceux que l'on voit souvent.
    (Pensées et maximes, p.29, Lamy, 1802)
     
  13. Le besoin de compagnie vient presque toujours de celui de parler.
    (Pensées et maximes, p.30, Lamy, 1802)
     
  14. Il semble que l'on accorde du mérite à certaines gens comme l'on fait l'aumône à certains pauvres, uniquement parce que l'on est las de les refuser.
    (Pensées et maximes, p.30, Lamy, 1802)
     
  15. La honte d'ignorer, est le contre-poids de la peine d'apprendre.
    (Pensées et maximes, p.30, Lamy, 1802)
     
  16. Les français sont dans la société des nations, ce qu'est une coquette aimable dans le monde.
    (Pensées et maximes, p.30, Lamy, 1802)
     
  17. Le sot dort, le fou rêve ; la vie de l'un est une léthargie perpétuelle, l'autre a quelquefois des songes agréables.
    (Pensées et maximes, p.30, Lamy, 1802)
     
  18. L'amour de la gloire est dans les monarchies, ce qu'est dans les républiques l'amour de la liberté.
    (Pensées et maximes, p.30, Lamy, 1802)
     
  19. La dissipation est le bonheur de ceux que ne savent pas penser.
    (Pensées et maximes, p.31, Lamy, 1802)
     
  20. La censure est une taxe que le public impose sur le mérite.
    (Pensées et maximes, p.31, Lamy, 1802)
     
  21. La plupart des vieillards ressemblent aux vieilles chroniques, elles instruisent, mais ennuient.
    (Pensées et maximes, p.31, Lamy, 1802)
     
  22. L'amour du repos tient les hommes dans une agitation continuelle.
    (Pensées et maximes, p.31, Lamy, 1802)
     
  23. Si l'on n'a pas de plus grand plaisir que d'être seul avec ce qu'on aime, pourquoi peut-on rester si rarement avec soi-même ?
    (Pensées et maximes, p.31, Lamy, 1802)
     
  24. La naissance et les dignités sont de beaux masques, qu'il faut rarement s'aviser de lever.
    (Pensées et maximes, p.31, Lamy, 1802)
     
  25. Celui qui entre dans le chemin de la fortune, s'il ne veut pas reculer, doit se mettre comme elle un bandeau sur les yeux.
    (Pensées et maximes, p.32, Lamy, 1802)
     
  26. La critique est un remède, et la satyre un poison.
    (Pensées et maximes, p.32, Lamy, 1802)
     
  27. S'il est difficile de plaire à ceux qui ne nous plaisent pas, c'est par l'extrême difficulté de leur cacher qu'ils nous déplaisent.
    (Pensées et maximes, p.32, Lamy, 1802)
     
  28. On voit difficilement les défauts des personnes qu'on aime, mais on les sent plus vivement.
    (Pensées et maximes, p.32, Lamy, 1802)
     
  29. Il vaut mieux diminuer ce qui nous nuit, qu'augmenter ce qui nous est avantageux.
    (Pensées et maximes, p.32, Lamy, 1802)
     
  30. La mémoire ressemble aux filets, qui retiennent les choses les plus considérables et laissent échapper les moindres.
    (Pensées et maximes, p.32, Lamy, 1802)
     
  31. Croire sans examen, c'est croire que l'on croit.
    (Pensées et maximes, p.33, Lamy, 1802)
     
  32. Ce que l'on souffre en soi, pourquoi le blâmer dans les autres ?
    (Pensées et maximes, p.33, Lamy, 1802)
     
  33. La raison ne connaît bien ses forces, qu'après avoir tenté au-delà.
    (Pensées et maximes, p.33, Lamy, 1802)
     
  34. Ceux que nous méprisons injustement, ont droit de nous mépriser avec justice.
    (Pensées et maximes, p.33, Lamy, 1802)
     
  35. Celui qui a de l'esprit et n'en fait point d'usage, ressemble à la terre qui ne rapporte aucun fruit.
    (Pensées et maximes, p.33, Lamy, 1802)
     
  36. La mauvaise compagnie est comme un arbre enflammé, dont une branche met le feu à l'autre.
    (Pensées et maximes, p.33, Lamy, 1802)
     
  37. Le sage ne doit pas penser à ce qu'il a perdu, mais à tâcher de conserver ce qu'il possède.
    (Pensées et maximes, p.33, Lamy, 1802)
     
  38. La sagesse est un bien qu'on ne peut jamais perdre.
    (Pensées et maximes, p.34, Lamy, 1802)
     
  39. La fin de l'indignation est d'avoir honte de soi.
    (Pensées et maximes, p.34, Lamy, 1802)
     
  40. On doit compatir au malheur de trois sortes de personnes ; d'un riche devenu pauvre, d'un homme d'honneur méprisé, et d'un sage moqué par un ignorant.
    (Pensées et maximes, p.34, Lamy, 1802)
     
  41. Le plus faible de tous les hommes est celui qui ne peut garder son secret ; le plus fort, celui qui peut être maître de son courroux ; le plus patient, celui qui sait bien supporter la pauvreté ; et le plus modéré, celui qui est content du peu qu'il a.
    (Pensées et maximes, p.34, Lamy, 1802)
     
  42. Les malheurs affermissent l'âme, mais malheureusement endurcissent le coeur.
    (Pensées et maximes, p.34, Lamy, 1802)
     
  43. Dans la jeunesse on jouit sans posséder ; dans la vieillesse on possède sans jouir.
    (Pensées et maximes, p.34, Lamy, 1802)
     
  44. Les vertus sont le nerf des sociétés, les qualités agréables en sont le lien.
    (Pensées et maximes, p.35, Lamy, 1802)
     
  45. Les sens s'usent plutôt que le coeur, et le coeur plus rapidement que l'esprit.
    (Pensées et maximes, p.35, Lamy, 1802)
     
  46. Le coeur est plutôt désabusé, que l'amour propre.
    (Pensées et maximes, p.35, Lamy, 1802)
     
  47. L'amour propre est la plus intempérante des passions, elle n'est jamais rassasiée.
    (Pensées et maximes, p.35, Lamy, 1802)
     
  48. On loue quelquefois le courage des infortunés, pour s'autoriser à ne les pas secourir.
    (Pensées et maximes, p.35, Lamy, 1802)
     
  49. Les connaissances sont à une tête mal organisée, ce qu'est la lumière aux vues faibles ; elles l'égarent plus qu'elles ne l'éclairent.
    (Pensées et maximes, p.35, Lamy, 1802)
     
  50. L'amitié exige plus de soins, plus d'égards, plus de ménagements que l'amour, parce qu'elle n'a pas les mêmes moyens pour réparer l'offense.
    (Pensées et maximes, p.35, Lamy, 1802)
     

Lucien Arréat

  1. .Un jeune médecin me disait, en parlant de Lamartine, ce mot que j'ai retenu : « Il n'est jamais ridicule. »
    (Réflexions et maximes, p.39, Félix Alcan, 1911)
     
  2. Un de ses jeunes amis [Pène-Siefert] demandait à Chenavard : « Que pensez-vous de Victor Hugo, vous qui le connaissez bien ? - Euh ! fit le peintre de sa voix enrouée, c'est un animal énorme... »
    (Réflexions et maximes, p.39, Félix Alcan, 1911)
     
  3. Je viens de lire la correspondance d'un poète aimé et d'une femme célèbre. Avec quoi l'homme compose sa poésie ! De quel fond d'impuretés il tire son idéal ! Toujours autour de nous flotte la bienfaisante illusion qui ennoblit nos rêves et purifie même la boue de nos souvenirs.
    (Réflexions et maximes, p.39, Félix Alcan, 1911)
     
  4. Il est des pages qu'on regrette d'avoir écrites. On les renie, on ne les efface point : elles restent comme le témoin des drames de notre vie intérieure.
    (Réflexions et maximes, p.40, Félix Alcan, 1911)
     
  5. La beauté réside plutôt dans la forme, la grâce dans les mouvements, le charme dans l'expression. Ni le peintre ni le statuaire ne les confondent. Le génie grec ne les assemblait point dans une même divinité de l'Olympe. L'amour ne leur parle pas le même langage.
    (Réflexions et maximes, p.40, Félix Alcan, 1911)
     
  6. Il n'est point de beauté qui n'appelle l'idée, la représentation, de son contraire ou de son exprès, et ces contrastes cachés aident à la rendre plus sensible.
    (Réflexions et maximes, p.40, Félix Alcan, 1911)
     
  7. La perfection absolue m'apparaît comme le dernier terme, irréalisé autant qu'il est irréalisable, d'une série de valeurs construite par l'intellect : abstraction pure, concept idéal, dont le rôle est de satisfaire à ce besoin des contrastes sans lesquels nos sentiments comme nos pensées n'auraient ni expression ni vie.
    (Réflexions et maximes, p.41, Félix Alcan, 1911)
     
  8. J'entends parler d'arts qu'on ne pourrait dépasser ni rajeunir. Mais où donc finit la perfection ?
    (Réflexions et maximes, p.41, Félix Alcan, 1911)
     
  9. La moralité de l'art, c'est la beauté. Mais la beauté a ses degrés et ses conditions.
    (Réflexions et maximes, p.41, Félix Alcan, 1911)
     
  10. Ce que nous demandons à l'art, c'est le mensonge de la vie ; et peut-être rien n'est-il si beau dans l'histoire que le mensonge de l'histoire.
    (Réflexions et maximes, p.41, Félix Alcan, 1911)
     
  11. Le bienfait de l'art est de nous tromper sur notre misère, d'embellir jusqu'à nos laideurs, de masquer ou de relever jusqu'à nos appétits et à nos vices.
    (Réflexions et maximes, p.42, Félix Alcan, 1911)
     
  12. L'art nous associe dans une même recherche de la beauté, dans un même effort vers une existence noble. Son office est plus grand encore : il rattache le présent au passé lointain, il crée la société des hommes à travers le temps ; par lui nous deviennent intelligibles et respectables les moeurs, les croyances qui ne sont plus les nôtres, et ce qui fut hier revit pour une heure dans la pensée inquiète d'aujourd'hui.
    (Réflexions et maximes, p.42, Félix Alcan, 1911)
     
  13. Il se peut que l'artiste affecte des façons révolutionnaires ; l'art n'en demeure pas moins une puissance conservatrice.
    (Réflexions et maximes, p.42, Félix Alcan, 1911)
     
  14. Quel péché contre l'art que de toucher d'une main grossière à ces pures figures, à ces créations rares où s'est attachée la poésie de nos pères, et dont la beauté illumine le chemin douloureux de notre histoire !
    (Réflexions et maximes, p.42, Félix Alcan, 1911)
     
  15. Triples cuistres et fâcheux insupportables ceux qui se donnent pour être des marchands de vérités !
    (Réflexions et maximes, p.43, Félix Alcan, 1911)
     
  16. Tel peuple qui enfanta les plus beaux génies aux temps de son ignorance n'en possède plus aux temps de son savoir.
    (Réflexions et maximes, p.43, Félix Alcan, 1911)
     
  17. Il ne suffit pas que la science soit, pour que l'art soit. La beauté de l'oeuvre, la richesse de la production viennent de ce que l'artiste apporte au monde de force créatrice et de sentiments, de ce qu'il y trouve de croyance, de chaleur, de volonté, de motifs d'aimer ou même de haïr, non de ce qu'il possède de connaissances scientifiques ou de ce qu'il rencontre en son milieu de progrès matériels.
    (Réflexions et maximes, p.43, Félix Alcan, 1911)
     
  18. Je l'ai vu par quelques exemples, et je le conclus de bien des aveux : le pur rationalisme dessèche l'art comme il dessèche la religion et l'amour.
    (Réflexions et maximes, p.44, Félix Alcan, 1911)
     
  19. Il convient que l'artiste vise haut. On atteint où l'on peut ; mais les pensées nobles laissent toujours leur empreinte.
    (Réflexions et maximes, p.44, Félix Alcan, 1911)
     
  20. La source de toute poésie, c'est le sentiment profond de ce qui est inexprimable.
    (Réflexions et maximes, p.44, Félix Alcan, 1911)
     
  21. Il faut dix minutes pour bâtir un faux raisonnement, et dix ans pour le détruire.
    (Réflexions et maximes, p.45, Félix Alcan, 1911)
     
  22. On peut observer exactement et juger faux, comme faire de mauvaise cuisine avec des provisions de premier choix.
    (Réflexions et maximes, p.45, Félix Alcan, 1911)
     
  23. Une faible compréhension fait toute la force de beaucoup d'hommes. La pauvreté d'idées est à l'intelligence ce que l'entêtement est au caractère.
    (Réflexions et maximes, p.45, Félix Alcan, 1911)
     
  24. Les esprits absolus ont le plus de chance de se faire des disciples : leur philosophie a des thèses d'une effrayante simplicité, elle ne connaît ni l'espace ni le temps. Ils semblent nés avec des oeillères qui les bornent et marchent droit devant eux, fût-ce vers un précipice. Ceux qui les suivent ne voient pas le péril ; il suffit à leur confiance et à leur paresse qu'on les mène sans faire de détours.
    (Réflexions et maximes, p.46, Félix Alcan, 1911)
     
  25. N'être pas l'homme de son métier, ou n'être que l'homme de son métier, deux situations où le plus habile se dimininue, quand il ne s'abêtit pas.
    (Réflexions et maximes, p.46, Félix Alcan, 1911)
     
  26. Que de gens, parmi les humbles, valent mieux que leur renommée !
    (Réflexions et maximes, p.46, Félix Alcan, 1911)
     
  27. L'illéttré qui est un héros du coeur est supérieur à tous les habiles de ce monde.
    (Réflexions et maximes, p.46, Félix Alcan, 1911)
     
  28. La grande majorité des hommes ignorent encore que la terre tourne, et ils ne s'en trouvent pas plus malheureux.
    (Réflexions et maximes, p.47, Félix Alcan, 1911)
     
  29. Les humbles d'esprit ont cette compensation, qu'ils profitent des bienfaits de la science en gardant le bénéfice de leur ignorance.
    (Réflexions et maximes, p.47, Félix Alcan, 1911)
     
  30. Les hommes positifs, qui mesurent toute chose, restent incapables de rien entendre à l'indifférence des rêveurs. Que 4 et 7 fassent 12, ou fassent 9, je sais des artistes à qui cela est bien égal !
    (Réflexions et maximes, p.47, Félix Alcan, 1911)
     
  31. Un savoir spécial fait le savant, la supériorité générale fait un homme.
    (Réflexions et maximes, p.47, Félix Alcan, 1911)
     
  32. La vraie science ne tient pas dans le bagage des cuistres ; elle signifie l'expérience humaine tout entière. Savoir les livres doit aboutir à savoir la vie.
    (Réflexions et maximes, p.47, Félix Alcan, 1911)
     
  33. Il est noble de cultiver la science en vue des services matériels qu'elle nous promet. Son objet supérieur n'en reste pas moins l'accroissement de l'intelligence et l'enrichissement de l'âme : sans ce haut dessein, le savant ne serait plus tout le savant.
    (Réflexions et maximes, p.48, Félix Alcan, 1911)
     
  34. Si vous versez à la jeunesse le vin pur de sa science, faites briller une flamme au bord de la coupe !
    (Réflexions et maximes, p.48, Félix Alcan, 1911)
     
  35. Une culotte usée sur les bancs de l'école ne fait pas un savant.
    (Réflexions et maximes, p.48, Félix Alcan, 1911)
     
  36. À force de pédagogie subtile, il deviendra plus difficile de faire manger sa soupe à un marmot que de gouverner les empires.
    (Réflexions et maximes, p.48, Félix Alcan, 1911)
     
  37. On ne fait pas l'éducation d'un enfant avec le savoir qu'on a, mais avec son caractère.
    (Réflexions et maximes, p.49, Félix Alcan, 1911)
     
  38. Écoutez parler ces petits bonshommes qui sortent de la classe. L'école ne réussit pas même à corriger les locutions vicieuses d'un enfant, et vous croyez qu'elle changera sitôt le tempérament moral d'un peuple ! Nous vivons sur de bien étranges préjugés.
    (Réflexions et maximes, p.49, Félix Alcan, 1911)
     
  39. Le demi-savoir, qui exalte chez les uns la vanité naturelle de la bêtise, n'augmente chez tant d'autres infiniment peu le léger bagage de leurs connaissances qu'au préjudice de leur modeste bon sens.
    (Réflexions et maximes, p.49, Félix Alcan, 1911)
     
  40. Un peu d'observation vaut mieux que vingt lectures. Un éducateur digne de ce nom nous servirait mieux que vingt collèges.
    (Réflexions et maximes, p.49, Félix Alcan, 1911)
     
  41. Faites la différence de l'éducation qui forme l'esprit en l'appliquant à ce qu'il peut entendre, et de celle qui le déforme en conduisant à raisonner sur ce qu'on ignore.
    (Réflexions et maximes, p.50, Félix Alcan, 1911)
     
  42. La pire ignorance est celle qui vient d'un peu de science.
    (Réflexions et maximes, p.50, Félix Alcan, 1911)
     
  43. « Je ne sais pas. » Un mot que ne savent pas les imbéciles.
    (Réflexions et maximes, p.50, Félix Alcan, 1911)
     
  44. Ne désertons pas l'étude des lettres anciennes, mais ne craignons pas d'en faire un privilège. La faute n'est pas de garder le culte des « humanités », elle est de les faire descendre de leur rang. Ne soufflons jamais sur la lampe des sanctuaires.
    (Réflexions et maximes, p.50, Félix Alcan, 1911)
     
  45. Ce n'était pas assez des droits de l'homme. Voici qu'on nous parle des droits de l'enfant, au nom de l'État maître d'école !
    (Réflexions et maximes, p.51, Félix Alcan, 1911)
     
  46. Un État de philosophes serait une confusion ; une philosophie d'État ne saurait être qu'une borne.
    (Réflexions et maximes, p.51, Félix Alcan, 1911)
     
  47. La nature et la nécessité font les hommes inégaux et dissemblables. Nos pédagogues les voudraient égaux ou les supposent pareils. Quels monstres sortiraient de leurs mains, si la vie ne passait bientôt sur leurs erreurs un large coup d'éponge !
    (Réflexions et maximes, p.51, Félix Alcan, 1911)
     
  48. « La pédagogie ? disait confidemment Taine. Une des plus grosses sottises de ce temps. Mais, ajoutait-il, ne le disons pas trop haut ; il y a tant de gens qui en vivent ! »
    (Réflexions et maximes, p.51, Félix Alcan, 1911)
     

Paul Masson

  1. Le coeur de la femme parle hébreu. On n'y comprend rien, et quand il emploie le singulier pour dire : « Je t'aime », par exemple, il entend toute l'espèce.
    (Les Pensées d'un Yoghi , p.19, Léon Vanier, 1896)
     
  2. À peine la création fut-elle terminée que quelques séraphins mal élevés se mirent à l'éplucher. L'opposition est née de bonne heure.
    (Les Pensées d'un Yoghi , p.19, Léon Vanier, 1896)
     
  3. Le plus bel éloge qu'on puisse faire d'un cavalier, c'est de dire que son cheval et lui ne font qu'un.
    (Les Pensées d'un Yoghi , p.19, Léon Vanier, 1896)
     
  4. La plupart des Samsons qui veulent ébranler l'édifice social nous donnent bon espoir : ils sont déjà de leur ancêtre la cécité.
    (Les Pensées d'un Yoghi , p.19, Léon Vanier, 1896)
     
  5. Plus il est de race haute, plus l'homme supporte en silence l'adversité. Moins que le fer gémit l'argent sous le marteau, et moins que l'argent, l'or.
    (Les Pensées d'un Yoghi , p.20, Léon Vanier, 1896)
     
  6. Mal de dents, mal d'amour. Cette ridicule affection ne peut donc pas se passer de bandeau ?
    (Les Pensées d'un Yoghi , p.20, Léon Vanier, 1896)
     
  7. Rien de plus délicieux que les joies du foyer ; malheureusement tout le monde veut y tisonner.
    (Les Pensées d'un Yoghi , p.20, Léon Vanier, 1896)
     
  8. Il est plus facile de faire un compliment exquis que d'y répondre même médiocrement. Aussi les femmes remercient-elles généralement d'un sourire ; mais n'est-ce pas la moitié d'un baiser ?
    (Les Pensées d'un Yoghi , p.20, Léon Vanier, 1896)
     
  9. Des charmes capitonnés ne réussissent pas mieux à asservir l'amour, élément subtil, que le coton ne retient les essences qu'on y verse.
    (Les Pensées d'un Yoghi , p.21, Léon Vanier, 1896)
     
  10. Avec les goûts de byzantinisme qui tendent à prévaloir, on recherchera toujours davantage les femmes maigres sur fond d'or.
    (Les Pensées d'un Yoghi , p.21, Léon Vanier, 1896)
     
  11. Le confessionnal lui-même est pour le pécheur une pierre d'achoppement. Les malfaiteurs de boudoir ont grand'peine, j'imagine, à y maîtriser des tentations d'orgueil.
    (Les Pensées d'un Yoghi , p.21, Léon Vanier, 1896)
     
  12. Par toute son habitude la femme trahit sa nature d'esclave. Les couleurs dont elle rehausse son teint ne sont que mensonge, ses jarretières sont des liens, ses bracelets des menottes, ses colliers des carcans ; la cuirasse soyeuse qui comprime ses flancs est la plus étouffante des geôles, et les molles tricheries qui en arrondissent les contours la plus lâche des trahisons.
    (Les Pensées d'un Yoghi , p.21, Léon Vanier, 1896)
     
  13. On se fait des cadeaux, a dit quelqu'un, quand on commence et quand on finit d'aimer. C'est sans doute ce qui explique chez tant de personnes le souci de multiplier les échéances.
    (Les Pensées d'un Yoghi , p.22, Léon Vanier, 1896)
     
  14. De l'écume de mer les anciens firent faillir Astarté la blonde. Nous n'avons su en façonner qu'un calumet nauséabond.
    (Les Pensées d'un Yoghi , p.22, Léon Vanier, 1896)
     
  15. Les coquettes de profession qui se refusent par hypocrite pitié me rappellent toujours un de mes amis qui, en avalant des huîtres, évitait avec le plus grand soin de verser sur elles une goutte de citron, de crainte de les agacer.
    (Les Pensées d'un Yoghi , p.22, Léon Vanier, 1896)
     
  16. Dieu lui-même n'a-t-il pas d'avance excusé tous nos mensonges en nous donnant le rêve ?
    (Les Pensées d'un Yoghi , p.22, Léon Vanier, 1896)
     
  17. La femme, dit-on, doit être loyale et se confier tout entière ; mais peut-être n'est-il pas indispensable que ce soit au même.
    (Les Pensées d'un Yoghi , p.23, Léon Vanier, 1896)
     
  18. La plupart des réformateurs s'excusent d'être méconnus en citant l'exemple de Galilée. Mais parce qu'on a eu raison d'admettre finalement que la terre tourne, faudra-t-il croire ceux qui soutiennent qu'elle danse ?
    (Les Pensées d'un Yoghi , p.23, Léon Vanier, 1896)
     
  19. Tous les compliments sont à double fin. Devant une nature morte bien imitée on s'écrie : « Quels superbes fruits ! On y mordrait, » et à une exposition horticole : « Quels superbes fruits ! On dirait qu'ils sont peints. »
    (Les Pensées d'un Yoghi , p.23, Léon Vanier, 1896)
     
  20. Nous n'apprécions pas assez nos trottoirs qui nous permettent d'éclabousser en toute sécurité les voitures de maître.
    (Les Pensées d'un Yoghi , p.23, Léon Vanier, 1896)
     
  21. Toute peine profonde exhale, comme la statue de Memnon, un gémissement aux premiers et aux derniers feux du jour.
    (Les Pensées d'un Yoghi , p.24, Léon Vanier, 1896)
     
  22. Si l'on formait pour chaque homme un dossier des lettres d'amour qu'il a écrites pendant sa vie, il en est peu qui n'obtiendraient, grâce à ce certificat, leur entrée dans une maison de santé.
    (Les Pensées d'un Yoghi , p.24, Léon Vanier, 1896)
     
  23. Y a-t-il rien de plus mélancolique que de voir un couple de canards s'égarer dans un champ de petits pois ?
    (Les Pensées d'un Yoghi , p.24, Léon Vanier, 1896)
     
  24. Les dilettanti du coeur ne consomment pas plus de la femme que les courtiers-gourmets n'avalent du vin qu'ils goûtent ; ils se contentent de lui offrir quelques instants l'hospitalité de leur palais.
    (Les Pensées d'un Yoghi , p.24, Léon Vanier, 1896)
     
  25. L'acéré du trait ou la plénitude du sens excusent seuls le genre démodé de l'aphorisme. Les pensées détachées doivent l'être comme des flèches ou comme des fruits pleins de suc et de saveur.
    (Les Pensées d'un Yoghi , p.24, Léon Vanier, 1896)
     
  26. Pour s'assurer la longue possession de ses vassaux, la femme agit comme on faisait autrefois envers les momies, leur vidant d'abord la tête, et comblant le creux avec les plus enivrantes épices.
    (Les Pensées d'un Yoghi , p.25, Léon Vanier, 1896)
     
  27. On rencontre de par le monde d'austères moralistes toujours à cheval sur le devoir. Mais ils ont un manège en ville.
    (Les Pensées d'un Yoghi , p.25, Léon Vanier, 1896)
     
  28. Si tous les hommes descendent du singe, pourquoi l'humanité compte-t-elle tant de serpents, d'ânes, de caméléons, de bécasses et de tigres ?
    (Les Pensées d'un Yoghi , p.25, Léon Vanier, 1896)
     
  29. Dès qu'il tombe sur un miroir, le regard des filles d'Ève s'allume ; il y a toujours un peu d'argent derrière.
    (Les Pensées d'un Yoghi , p.25, Léon Vanier, 1896)
     
  30. Si jamais on veut décerner mon nom à une rue après ma mort, que ce soit une impasse.
    (Les Pensées d'un Yoghi , p.26, Léon Vanier, 1896)
     
  31. Je ne sais pourquoi la foi du charbonnier me paraît toujours un peu intéressée. N'aura-t-il pas à alimenter les feux éternels ?
    (Les Pensées d'un Yoghi , p.26, Léon Vanier, 1896)
     
  32. Pas plus que la fraîcheur du gant ne dénonce la propreté de la main, la douceur des manières ne prouve la bonté du coeur. Mais c'est une grave présomption.
    (Les Pensées d'un Yoghi , p.26, Léon Vanier, 1896)
     
  33. On aura beau médire de la bicyclette, elle n'en a pas moins sur l'équitation ce grand avantage d'avoir supprimé une bête sur deux.
    (Les Pensées d'un Yoghi , p.26, Léon Vanier, 1896)
     
  34. Le lien qui unit l'âme au corps est une espèce de mariage ; ils ne peuvent vivre ensemble sans se gourmander, et rien n'égale le chagrin de leur séparation dernière.
    (Les Pensées d'un Yoghi , p.26, Léon Vanier, 1896)
     
  35. La dernière marche d'un escalier qu'on gravit est toujours un peu plus haute que les autres.
    (Les Pensées d'un Yoghi , p.27, Léon Vanier, 1896)
     
  36. Autant l'homme est incomplet qui n'a pas senti hérisser ses cheveux au souffle brûlant des grandes passions, autant il serait funeste et stérile à lui d'y calciner sa vie. Un volcan n'est pas un four crématoire.
    (Les Pensées d'un Yoghi , p.27, Léon Vanier, 1896)
     
  37. Combien un fou n'a-t-il pas de chances de réussir auprès d'une fille d'Ève ! Ne fait-il pas plus de gambades que son singe, ne jacasse-t-il pas plus que son perroquet, n'est-il pas plus caressant que son chat favori, et ne ment-il pas plus impudemment que sa camériste ?
    (Les Pensées d'un Yoghi , p.27, Léon Vanier, 1896)
     
  38. On ne peut faire saigner un coeur sans être éclaboussé.
    (Les Pensées d'un Yoghi , p.27, Léon Vanier, 1896)
     
  39. Sans les bons, le mal serait singulièrement atténué. Prométhée n'est-il pas aussi responsable de l'incendie du temple d'Éphèse qu'Érostrate ?
    (Les Pensées d'un Yoghi , p.28, Léon Vanier, 1896)
     
  40. Certains dévots se rendent à l'Église comme à un moulin à prières.
    (Les Pensées d'un Yoghi , p.28, Léon Vanier, 1896)
     
  41. Tous les conseils ne sont pas bons pour tous ni toujours. Qui oserait au hasard déguster les flacons d'une pharmacie ?
    (Les Pensées d'un Yoghi , p.28, Léon Vanier, 1896)
     
  42. La mort est le meilleur médecin. Une visite lui suffit.
    (Les Pensées d'un Yoghi , p.28, Léon Vanier, 1896)
     
  43. C'est une grave question, qui a le mieux aimé : celui que l'amour a rendu fou ou celui qu'il a rendu sage.
    (Les Pensées d'un Yoghi , p.28, Léon Vanier, 1896)
     
  44. À voir les gens qui voyagent en troisième classe, il y a lieu de s'étonner qu'il n'y en ait pas une quatrième.
    (Les Pensées d'un Yoghi , p.28, Léon Vanier, 1896)
     
  45. Il n'y a pas de martyrs volontaires. Ceux qui se crucifient ont soin d'enfoncer les clous dans des trous déjà existants.
    (Les Pensées d'un Yoghi , p.29, Léon Vanier, 1896)
     
  46. Tel jeune poète sous le coup d'un désespoir d'amour parle de se jeter à l'eau, qui n'aurait qu'à agrandir son encrier.
    (Les Pensées d'un Yoghi , p.29, Léon Vanier, 1896)
     
  47. Le mortier est moins ancien qu'on ne croit. Durant longtemps les murs ne furent cimentés que de sang.
    (Les Pensées d'un Yoghi , p.29, Léon Vanier, 1896)
     
  48. L'insecte qui produit la noix de galle ne se pose que sur les feuilles les plus tendres. L'infortune choisit ses victimes.
    (Les Pensées d'un Yoghi , p.29, Léon Vanier, 1896)
     
  49. La vérité ne gagne pas à voyager, il suffit pour l'altérer du plus court espace : celui de l'oreille à la bouche.
    (Les Pensées d'un Yoghi , p.29, Léon Vanier, 1896)
     
  50. Bien des gens ne sont polis qu'en dedans, comme les canons.
    (Les Pensées d'un Yoghi , p.30, Léon Vanier, 1896)
     
  51. Les géologues seuls me paraissent avoir compris la mission de la noble Europe et pénétré sa pensée profonde, en éclaboussant leurs cartes de larges plaques sanglantes.
    (Les Pensées d'un Yoghi , p.30, Léon Vanier, 1896)
     
  52. Tout commerce d'amitié pour devenir florissant doit commencer par vendre à perte.
    (Les Pensées d'un Yoghi , p.30, Léon Vanier, 1896)
     
  53. Le parfait sportsman est un homme qui des pieds au genou sent le chien, du genou à la poitrine le cheval, de la poitrine au nez le tabac, du nez jusque par-dessus les oreilles la femme, et depuis les oreilles jusqu'à l'extrémité des cheveux rien du tout.
    (Les Pensées d'un Yoghi , p.30, Léon Vanier, 1896)
     
  54. Les ignorants qui ne savent que médire ou parler d'eux n'ont qu'un tort, c'est de ne pas faire les deux choses en même temps.
    (Les Pensées d'un Yoghi , p.30, Léon Vanier, 1896)
     
  55. Dans ce qu'on appelle la foi des traités il faut sans doute comprendre avant tout les traités d'art militaire.
    (Les Pensées d'un Yoghi , p.31, Léon Vanier, 1896)
     
  56. La félicité est le lot des humbles. Le petit pot de Jenny l'ouvrière a sûrement répandu plus de bonheur ici-bas que les jardins suspendus de Sémiramis.
    (Les Pensées d'un Yoghi , p.31, Léon Vanier, 1896)
     
  57. Le premier poil neigeux qu'on découvre dans sa barbe vous tourmente plus qu'une avalanche sur la tête de votre meilleur ami.
    (Les Pensées d'un Yoghi , p.31, Léon Vanier, 1896)
     
  58. Qu'est la mer à côté de la rosée ? Celle-ci est tout aussi large, beaucoup plus douce, compte autant de perles et n'a pas à son passif un seul naufrage.
    (Les Pensées d'un Yoghi , p.31, Léon Vanier, 1896)
     
  59. La franchise est une belle qualité, sans doute, mais il ne faut pas qu'elle soit gravée sur notre front au point de nous faire paraître aussi malins qu'une charade avec sa solution imprimée d'avance.
    (Les Pensées d'un Yoghi , p.31, Léon Vanier, 1896)
     
  60. Il en est des idées comme des femmes. Dix coûtent moins à nourrir qu'une seule à habiller.
    (Les Pensées d'un Yoghi , p.32, Léon Vanier, 1896)
     
  61. Je me demande parfois si sur l'arbre de la science du bien et du mal il n'y avait pas déjà beaucoup de hannetons.
    (Les Pensées d'un Yoghi , p.32, Léon Vanier, 1896)
     
  62. Toujours ménagère, la femme ne remplit une première fois son coeur que pour jauger ce qu'il contient.
    (Les Pensées d'un Yoghi , p.32, Léon Vanier, 1896)
     
  63. L'amour est le larynx du coeur, le mariage le pharynx. C'est une grande fatalité pour nous quand s'introduit un aliment grossier dans un canal uniquement préposé aux soupirs.
    (Les Pensées d'un Yoghi , p.32, Léon Vanier, 1896)
     
  64. Le poète doit demeurer étranger à toute excitation artificielle. Quand on chevauche Pégase, on n'a pas d'éperons à mettre.
    (Les Pensées d'un Yoghi , p.33, Léon Vanier, 1896)
     
  65. Trop d'humains nous rappellent que nous habitons un astre aplati.
    (Les Pensées d'un Yoghi , p.33, Léon Vanier, 1896)
     
  66. Si l'homme était à roulettes comme le tricycle, que ne donnerait-il pas pour changer ce mode de locomotion contre des jambes !
    (Les Pensées d'un Yoghi , p.33, Léon Vanier, 1896)
     
  67. Les gentilshommes de sport semblent n'avoir conservé de leur éducation religieuse que le culte de la crèche.
    (Les Pensées d'un Yoghi , p.33, Léon Vanier, 1896)
     
  68. La Bibliothèque Nationale possède environ deux millions de volumes, à peu près autant que Paris contient d'âmes. J'aime à croire pour le dépôt des citoyens reliés que la proportion des méchants et des sots y est moindre. Ce qu'il y a de certain, c'est qu'ici comme là les trois quarts sont des manuels, des extraits, des dictionnaires et des compilations.
    (Les Pensées d'un Yoghi , p.33, Léon Vanier, 1896)
     
  69. Qui attaque l'Élysée ébranle sa propre maison.
    (Les Pensées d'un Yoghi , p.34, Léon Vanier, 1896)
     
  70. Le malheureux a un avantage, c'est d'être débarrassé des flatteurs. Sur le cyprès on ne trouve point de chenilles.
    (Les Pensées d'un Yoghi , p.34, Léon Vanier, 1896)
     
  71. Les joies d'une bonne conscience nous font envisager avec indulgence la nature entière. C'est un diplôme de baccalauréat délivré au Créateur.
    (Les Pensées d'un Yoghi , p.34, Léon Vanier, 1896)
     
  72. Tout peut être traité de cinquième roue à un char, excepté celle de la Fortune.
    (Les Pensées d'un Yoghi , p.34, Léon Vanier, 1896)
     
  73. Certains portent leur point d'honneur comme un point de côté.
    (Les Pensées d'un Yoghi , p.35, Léon Vanier, 1896)
     
  74. Durant les périodes de froideur on se tait, car toute parole aggraverait le mal. De même dans les excursions de glaciers on s'avance en silence, de crainte que le son de la voix ne provoque la chute des formidables séracs.
    (Les Pensées d'un Yoghi , p.35, Léon Vanier, 1896)
     
  75. À la façon dont s'y prennent ceux qui prétendent faire leur paradis dès ce monde on serait tenté de croire que le ciel n'est autre chose qu'un mauvais lieu.
    (Les Pensées d'un Yoghi , p.35, Léon Vanier, 1896)
     
  76. « La nuit sera bientôt passée, puis surgira l'aurore, et apparaîtra le brillant soleil. » Pendant que la cicindèle enfermée au calice d'un liseron se fait ces réflexions, passe un âne qui d'un coup de dent emporte l'insecte et la fleur.
    (Les Pensées d'un Yoghi , p.35, Léon Vanier, 1896)
     

Denys Caton

  1. Oblige tout le monde, et les inconnus même,
    Autant qu'il te sera permis ;
    Et sache qu'il n'est rien, fût-ce le diadème,
    Qu'on puisse comparer au grand nombre d'amis.

    (Distiques, Livre 2, I , trad. Antoine Marie Henri Boulard , p.19, Paris, Fuchs, 1802)
     
  2. Sur des secrets cachés par le souverain Être,
    Garde-toi de porter des regards curieux :
    Vain mortel, pense à te connaître,
    Non pas à découvrir ce qui se passe aux cieux.

    (Distiques, Livre 2, II , trad. Antoine Marie Henri Boulard , p.19, Paris, Fuchs, 1802)
     
  3. Trop craindre la mort, c’est folie ;
    Fais pour vaincre ce faible un généreux effort :
    On ne saurait goûter les plaisirs de la vie,
    En se livrant sans cesse aux frayeurs de la mort.

    (Distiques, Livre 2, III , trad. Antoine Marie Henri Boulard , p.20, Paris, Fuchs, 1802)
     
  4. Ne soutiens jamais par colère
    Quelque fait que ce soit, surtout s'il est douteux :
    La raison vainement t'offrira sa lumière,
    Lorsque la passion te fermera les yeux.

    (Distiques, Livre 2, IV , trad. Antoine Marie Henri Boulard , p.20, Paris, Fuchs, 1802)
     
  5. Contraint de te mettre en dépense,
    Fais-le de bonne grâce, et selon ton pouvoir :
    Certaines lois de bienséance
    Paraissent dans les temps exiger ce devoir.

    (Distiques, Livre 2, V, trad. Antoine Marie Henri Boulard , p.21, Paris, Fuchs, 1802)
     
  6. Fuis tant que tu pourras la dépense inutile ;
    Contente-toi de peu, lorsqu'il faut ménager :
    Plus le fleuve est petit, plus la barque fragile
    Vogue sur l’onde sans danger.

    (Distiques, Livre 2, VI, trad. Antoine Marie Henri Boulard , p.21, Paris, Fuchs, 1802)
     
  7. Ne révèle à personne une action infâme,
    Dont tu rougis toi même, et que tu peux cacher.
    Quelle nécessité qu'un confident te blâme
    D'un vice que ton cœur doit seul te reprocher ?

    (Distiques, Livre 2, VII, trad. Antoine Marie Henri Boulard , p.22, Paris, Fuchs, 1802)
     
  8. Ne crois pas qu'un mortel coupable d'injustice
    Tire profit de son péché ;
    S'il couvre pour un temps son crime et sa malice,
    Un jour rendra public ce qu'il avait caché.

    (Distiques, Livre 2, VIII, trad. Antoine Marie Henri Boulard , p.22, Paris, Fuchs, 1802)
     
  9. Un homme est-il petit et de mince figure ?
    Ne le méprise point sur ces simples dehors :
    Souvent l'Auteur de la nature
    Dédommage l'esprit de ce qu'il ôte au corps.

    (Distiques, Livre 2, IX, trad. Antoine Marie Henri Boulard , p.23, Paris, Fuchs, 1802)
     
  10. Pouvant vaincre ton adversaire,
    N'use point de tes droits avec trop de rigueur :
    On a vu bien souvent, aidé de sa colère,
    Le vaincu, s'élever au dessus du vainqueur.

    (Distiques, Livre 2, X, trad. Antoine Marie Henri Boulard , p.23, Paris, Fuchs, 1802)
     
  11. Fuis dans les entretiens ces disputes frivoles
    Qui peuvent s'élever entre amis et parents :
    Quelquefois les moindres paroles
    Font naître pour des riens les plus grands différends.

    (Distiques, Livre 2, XI, trad. Antoine Marie Henri Boulard , p.23, Paris, Fuchs, 1802)
     
  12. N'use jamais de sortilège
    Pour percer les secrets de la Divinité :
    Celui, dont dépend l'homme, use du privilège
    De disposer de lui sans qu'il soit consulté,

    (Distiques, Livre 2, XII, trad. Antoine Marie Henri Boulard , p.24, Paris, Fuchs, 1802)
     
  13. Par des airs de grandeur n'irrite point l'envie,
    Qui ne voit cet éclat qu'avec un œil jaloux ;
    Si son venin ne cause aucun tort à ta vie,
    Il est toujours fâcheux d'être en butte à ses coups.

    (Distiques, Livre 2, XIII, trad. Antoine Marie Henri Boulard , p.24, Paris, Fuchs, 1802)
     
  14. Supporte constamment l'arrêt que le caprice
    D'un juge prévenu prononce contre toi :
    Nul ne jouit longtemps d'un bien que l'injustice
    Lui vend aux dépens de la loi.

    (Distiques, Livre 2, XIV, trad. Antoine Marie Henri Boulard , p., Paris, Fuchs, 1802)
     
  15. Un différend t'a-t-il attiré quelque injure,
    Tu ne dois pas la publier :
    S'en souvenir après, c'est avoir l'âme dure ;
    La dispute finie, on la doit oublier.

    (Distiques, Livre 2, XV, trad. Antoine Marie Henri Boulard , p.25, Paris, Fuchs, 1802)
     
  16. Ne vas pas te louer toi-même,
    N'en montre point non plus un mépris affecté :
    Le premier est l'effet d'une folie extrême,
    Le second marque un cœur rempli de vanité.

    (Distiques, Livre 2, XVI, trad. Antoine Marie Henri Boulard , p.26, Paris, Fuchs, 1802)
     
  17. Ayant acquis du bien, songe dans l'abondance
    Qu'il en faut user sobrement ;
    Aussitôt qu'on se livre à la folle dépense,
    Le fruit d'un long travail échappe en un moment.

    (Distiques, Livre 2, XVII, trad. Antoine Marie Henri Boulard , p.26, Paris, Fuchs, 1802)
     
  18. Prends quelquefois d'un fou le ton et l'apparence,
    Lorsqu'il est dangereux d'user de ta raison ;
    C'est un trait de grande prudence
    De paraître insensé quand il est de saison.

    (Distiques, Livre 2, XVIII, trad. Antoine Marie Henri Boulard , p.27, Paris, Fuchs, 1802)
     
  19. Entre tous les défauts les plus dignes de blâme,
    Evite l'avarice et fuis la volupté :
    Un homme passe pour infâme,
    Sur ces vices honteux sitôt qu'il est noté.

    (Distiques, Livre 2, XIX, trad. Antoine Marie Henri Boulard , p., Paris, Fuchs, 1802)
     
  20. Ne sois pas d'une prompte et facile croyance
    À tout ce qui t'est raconté.
    Des grands parleurs surtout prends de la défiance ;
    Car qui parle beaucoup dit peu de vérité.

    (Distiques, Livre 2, XX, trad. Antoine Marie Henri Boulard , p.27, Paris, Fuchs, 1802)
     
  21. Ne t'en prends qu'à toi seul quand tu te sens coupable
    Des excès où le vin conduit en sa chaleur.
    Le vin est innocent, la faute inexcusable
    N'est que de la part du buveur.

    (Distiques, Livre 2, XXI, trad. Antoine Marie Henri Boulard , p.28, Paris, Fuchs, 1802)
     
  22. Un ami qu'un vrai zèle enflamme,
    Un médecin prudent, sont deux riches trésors ;
    L'un pour lui confier les secrets de ton âme,
    L'autre pour conserver la santé de ton corps.

    (Distiques, Livre 2, XXII, trad. Antoine Marie Henri Boulard , p.28, Paris, Fuchs, 1802)
     
  23. Ton esprit trop sensible au malheur qui l'accable
    Contre son triste sort veut-il se dépiter ?
    Songe que la fortune élève le coupable
    Afin de le précipiter.

    (Distiques, Livre 2, XXIII, trad. Antoine Marie Henri Boulard , p.29, Paris, Fuchs, 1802)
     
  24. Il est certains malheurs que l’humaine prudence
    Ne peut éviter par ses soins ;
    Mais pour les supporter, use de prévoyance :
    Le trait qu'on voit partir, s'il frappe, blesse moins.

    (Distiques, Livre 2, XXIV, trad. Antoine Marie Henri Boulard , p.29, Paris, Fuchs, 1802)
     
  25. Lorsque la fortune t'outrage,
    Ne cède point aux coups du plus rigoureux sort
    D'un espoir généreux relève ton courage:
    L'espoir seul suit partout, même jusqu'à la mort.

    (Distiques, Livre 2, XXV, trad. Antoine Marie Henri Boulard , p.30, Paris, Fuchs, 1802)
     
  26. Lorsque l'occasion s'offre à toi la première,
    Ne la laisse point échapper :
    Chevelue en devant, et chauve par-derrière,
    Ce n'est que par le front qu'on la peut attraper.

    (Distiques, Livre 2, XXVI, trad. Antoine Marie Henri Boulard , p.30, Paris, Fuchs, 1802)
     
  27. Aye une prévoyance sage,
    Et des faits importants garde le souvenir,
    Semblable au dieu Janus, dont le double visage,
    Voit derrière et devant, le passé, l'avenir.

    (Distiques, Livre 2, XXVII, trad. Antoine Marie Henri Boulard , p.31, Paris, Fuchs, 1802)
     
  28. Si tu veux conserver une vigueur parfaite,
    Tu dois user de tout avec sobriété,
    Le plus souvent faire diète,
    Peu donner aux plaisirs, beaucoup à la santé.

    (Distiques, Livre 2, XXVIII, trad. Antoine Marie Henri Boulard , p.31, Paris, Fuchs, 1802)
     
  29. Respecte un sentiment reçu de tout le monde ;
    Ne sois pas seul de ton avis :
    Un esprit orgueilleux, qui dans son sens abonde,
    Méprisant le public, attire ses mépris.

    (Distiques, Livre 2, XXIX, trad. Antoine Marie Henri Boulard , p.31, Paris, Fuchs, 1802)
     
  30. Pense par-dessus tout à conserver ta vie,
    C'est là le trésor principal
    Si quelque excès t'entraîne en quelque maladie,
    N'accuse point le temps quand tu causes ton mal.

    (Distiques, Livre 2, XXX, trad. Antoine Marie Henri Boulard , p.32, Paris, Fuchs, 1802)
     
  31. Des songes de la nuit ne t'embarrasse guère 
    Ne fonde point sur eux d'espoir à ton réveil.
    Ce que l'homme désire et tout ce qu'il espère,
    Il croit le voir dans le sommeil.

    (Distiques, Livre 2, XXXI, trad. Antoine Marie Henri Boulard , p.32, Paris, Fuchs, 1802)
     

Henri de Régnier

  1. Pour les imaginations fortes, l'absence n'existe presque pas. Elle n'est qu'une présence silencieuse.
    (« Donc », p.10, Ed. du Sagittaire, 1927)
     
  2. C'est un long garçon maigre, au visage pâle, aux mains nerveuses. Assis sur une chaise, il tient sa guitare comme une sorte de métier à musique et, soigneusement, corde par corde, ses doigts ingénieux semblent tisser une étoffe de sons.
    (« Donc », p.10, Ed. du Sagittaire, 1927)
     
  3. Nous pardonnons plus aisément le tort que l'on nous fait dans l'esprit d'autrui que le tort que l'on se fait ainsi dans le nôtre.
    (« Donc », p.10, Ed. du Sagittaire, 1927)
     
  4. Il y a des êtres très purs qui meurent comme un cristal se brise.
    (« Donc », p.11, Ed. du Sagittaire, 1927)
     
  5. Certaines gens ont ceci de remarquable qu'on les rencontre toujours où l'on n'aimerait pas aller souvent.
    (« Donc », p.12, Ed. du Sagittaire, 1927)
     
  6. [...] le bonheur rend aveugle parce qu'il éblouit.
    (« Donc », p.13, Ed. du Sagittaire, 1927)
     
  7. Il y a dans la vie l'heure de la flamme et l'heure de la cendre.
    (« Donc », p.13, Ed. du Sagittaire, 1927)
     
  8. Je rencontre le peintre T... Il vient de dîner avec son confrère X... et il se frotte les mains de contentement. « J'ai été terrible. » - « Que lui avez-vous donc dit ? » - « Je lui ai parlé d'un autre peintre. »
    (« Donc », p.15, Ed. du Sagittaire, 1927)
     
  9. Il disait de A. : « Il n'entend pas ce qu'on lui dit à force d'écouter ce qu'il va dire. »
    (« Donc », p.17, Ed. du Sagittaire, 1927)
     
  10. Le vin est une espèce de fard intérieur qui embellit, un instant, le visage de nos pensées.
    (« Donc », p.19, Ed. du Sagittaire, 1927)
     
  11. Je connais des amis qui s'aimeraient vraiment beaucoup, s'ils pouvaient se supporter.
    (« Donc », p.19, Ed. du Sagittaire, 1927)
     
  12. Il n'y a ni discrets ni indiscrets. Les uns redisent tout de suite ce qu'on leur a conté ; les autres le répètent plus tard, et tous inventent ce qu'on ne leur a pas dit.
    (« Donc », p.19, Ed. du Sagittaire, 1927)
     
  13. Il y a des êtres qu'avant d'avoir vus on a déjà oubliés.
    (« Donc », p.20, Ed. du Sagittaire, 1927)
     
  14. Il vaut mieux savoir écouter que savoir répondre. Chacun est plus content de ce qu'il dit que de ce qu'on lui saurait dire.
    (« Donc », p.23, Ed. du Sagittaire, 1927)
     
  15. On n'a peut-être jamais d'autre grande passion que soi-même.
    (« Donc », p.25, Ed. du Sagittaire, 1927)
     
  16. Ce n'est pas sa vie que l'on regrette en mourant, mais la vie.
    (« Donc », p.26, Ed. du Sagittaire, 1927)
     
  17. Elle fut de ces femmes que tout le monde regrette et qui ne manquent à personne.
    (« Donc », p.27, Ed. du Sagittaire, 1927)
     
  18. Le souvenir, c'est ce qu'il reste de mémoire à l'oubli.
    (« Donc », p.28, Ed. du Sagittaire, 1927)
     
  19. Les psychologues me font souvent penser à des horlogers habiles à monter et à démonter une montre et qui oublieraient de regarder l'heure qu'elle marque.
    (« Donc », p.29, Ed. du Sagittaire, 1927)
     
  20. Vivre avilit.
    (« Donc », p.29, Ed. du Sagittaire, 1927)
     
  21. La solitude est le tombeau vivant de tout ce qui est mort en nous.
    (« Donc », p.30, Ed. du Sagittaire, 1927)
     
  22. Les femmes mentent bien parce qu'en mentant elles croient presque dire la vérité.
    (« Donc », p.30, Ed. du Sagittaire, 1927)
     
  23. La solitude est utile. Il faut parfois ne parler qu'avec soi-même. On entend alors de dures vérités ou d'agréables mensonges, selon qu'on s'analyse ou qu'on s'imagine.
    (« Donc », p.31, Ed. du Sagittaire, 1927)
     
  24. Il y a un moment cruel pour les femmes qui vieillissent et qui vieillissent dans trop de luxe, le moment où ce n'est plus elles qui intéressent, mais ce qui les entoure, où l'on regarde ce qu'il y a à leur mur et non ce qu'il y a sur leur visage.
    (« Donc », p.32, Ed. du Sagittaire, 1927)
     
  25. Il disait de X., maigre et barbu : « Il a l'air d'un fleuve à sec. »
    (« Donc », p.33, Ed. du Sagittaire, 1927)
     
  26. La tristesse enveloppe, l'ennui pénètre.
    (« Donc », p.33, Ed. du Sagittaire, 1927)
     
  27. Elle est assise. Elle tient deux glaces à main qui sont comme des raquettes de miroirs où elle jouerait avec son image.
    (« Donc », p.35, Ed. du Sagittaire, 1927)
     
  28. X. disait à Mme I. : « Vous êtes l'Immaculée Déception. »
    (« Donc », p.39, Ed. du Sagittaire, 1927)
     
  29. La goutte d'encre que la plume tire de l'encrier, n'est-elle pas un peu, sur le blanc linceul de la page, comme une sorte de noir adieu à notre pensée morte dont elle nous sert à tracer la figure et le squelette ?
    (« Donc », p.40, Ed. du Sagittaire, 1927)
     
  30. L'âme n'a de saisons que les sentiments qui la colorent.
    (« Donc », p.44, Ed. du Sagittaire, 1927)
     
  31. La perfidie est la forme de méchanceté des délicats.
    (« Donc », p.45, Ed. du Sagittaire, 1927)
     
  32. Le renom d'habileté vient souvent de maladresses dont on a su tirer parti.
    (« Donc », p.46, Ed. du Sagittaire, 1927)
     
  33. Il faudrait pouvoir peindre les faces de l'invisible et écrire les paroles du silence.
    (« Donc », p.49, Ed. du Sagittaire, 1927)
     
  34. Il se croit tout le talent qu'il refuse aux autres.
    (« Donc », p.50, Ed. du Sagittaire, 1927)
     
  35. On peut connaître les hommes, mais on ne peut guère que deviner les femmes.
    (« Donc », p.50, Ed. du Sagittaire, 1927)
     
  36. Ce qui m'ennuie dans La Fontaine, ce sont les animaux.
    (« Donc », p.51, Ed. du Sagittaire, 1927)
     
  37. Il y a plus d'animaux dans Saint-Simon que dans La Fontaine, seulement ce sont des hommes.
    (« Donc », p.51, Ed. du Sagittaire, 1927)
     
  38. Conte. La mort du Plagiaire. Il meurt en s'écriant : « C'était écrit ! »
    (« Donc », p.53, Ed. du Sagittaire, 1927)
     
  39. Le fond de l'ennui ou de la tristesse n'est pas que le temps passe trop vite ou trop lentement, c'est qu'il passe.
    (« Donc », p.54, Ed. du Sagittaire, 1927)
     
  40. Imaginons un pays que nous appellerions les Îles Ridicules. Peuplons-les de la plupart de nos amis et allons leur y tenir compagnie si nous avons quelque bon sens.
    (« Donc », p.58, Ed. du Sagittaire, 1927)
     
  41. Il a un tel sentiment de la justice que cela ressemble à de l'envie.
    (« Donc », p.58, Ed. du Sagittaire, 1927)
     
  42. Les conversations mondaines consistent le plus souvent à dire du mal d'autrui et à penser du bien de soi.
    (« Donc », p.62, Ed. du Sagittaire, 1927)
     
  43. On s'entend toujours. Il suffit de ne pas être du même avis.
    (« Donc », p.62, Ed. du Sagittaire, 1927)
     
  44. Les déceptions de l'amitié se guérissent par l'indifférence ; celles de l'amour par l'oubli.
    (« Donc », p.64, Ed. du Sagittaire, 1927)
     
  45. Aller « dans le monde » consiste à parler avec des gens à qui l'on n'a rien à dire.
    (« Donc », p.65, Ed. du Sagittaire, 1927)
     
  46. Les premières heures de l'amour sont comme les premiers pas sur la neige...
    (« Donc », p.65, Ed. du Sagittaire, 1927)
     
  47. Il faut laisser à la souffrance le temps de prendre la figure du souvenir. Alors seulement on peut tenter de la dépeindre et de la dire.
    (« Donc », p.66, Ed. du Sagittaire, 1927)
     
  48. Une femme est capable de bien des choses pourvu qu'elle se les puisse justifier à elle-même et, pour cela, une femme a, dans l'esprit, des ressources infinies.
    (« Donc », p.68, Ed. du Sagittaire, 1927)
     
  49. La médiocrité de nos pensées ne nous convainc pas plus de la médiocrité de notre esprit que l'inutilisé de nos actions ne nous persuade de la vanité de la vie.
    (« Donc », p.71, Ed. du Sagittaire, 1927)
     
  50. Il y a des gens qui regardent bien et qui voient mal.
    (« Donc », p.71, Ed. du Sagittaire, 1927)
     
  51. Ne juge pas autrui sur sa réputation, tu aurais peut-être à te mal juger toi-même.
    (« Donc », p.71, Ed. du Sagittaire, 1927)
     
  52. Il y a un certain goût de solitude qui a pour fondement la vanité. Par regret de ne pas se sentir apprécié à la valeur qu'on se croit, on se masque de mépris pour ceux qui se refusent à ce que nous voudrions d'eux.
    (« Donc », p.75, Ed. du Sagittaire, 1927)
     
  53. Les gens du monde se réunissent moins pour goûter le plaisir d'être ensemble que pour s'en répartir l'ennui.
    (« Donc », p.76, Ed. du Sagittaire, 1927)
     
  54. Les femmes ne se souviennent guère que des hommes qui les ont fait rire et les hommes que des femmes qui les ont fait pleurer.
    (« Donc », p.76, Ed. du Sagittaire, 1927)
     
  55. Les feux de l'amour laissent parfois une cendre d'amitié.
    (« Donc », p.77, Ed. du Sagittaire, 1927)
     
  56. La musique est faite des bruits de la nature et des soupirs de l'âme.
    (« Donc », p.80, Ed. du Sagittaire, 1927)
     
  57. La beauté rend les femmes à peu près égales entre elles.
    (« Donc », p.80, Ed. du Sagittaire, 1927)
     
  58. Elle disait de son stupide mari en montrant ses deux enfants : « Voilà tout ce que j'ai pu en tirer. »
    (« Donc », p.83, Ed. du Sagittaire, 1927)
     
  59. La timidité est une contraction de la sensibilité, une crampe de l'esprit.
    (« Donc », p.85, Ed. du Sagittaire, 1927)
     
  60. C'est un trait de courage mondain de dire exactement ce que l'on pense à quelqu'un qui pense autrement que vous. Si ce quelqu'un est très riche, très puissant, très spirituel, ce n'est plus du courage, c'est de l'héroïsme.
    (« Donc », p.88, Ed. du Sagittaire, 1927)
     
  61. Tout a été dit sur l'amour, et l'amour est toujours l'amour.
    (« Donc », p.89, Ed. du Sagittaire, 1927)
     
  62. Entendu. « Il la trompait, ce qui ne fait jamais plaisir à une femme, même quand elle le sait. »
    (« Donc », p.89, Ed. du Sagittaire, 1927)
     
  63. De Mme A. et de B. : « Ils ont été brouillés pendant quinze ans. Rien ne lie davantage. »
    (« Donc », p.89, Ed. du Sagittaire, 1927)
     
  64. Il y a des probités qui ne sont que l'artifice d'une ambition.
    (« Donc », p.90, Ed. du Sagittaire, 1927)
     
  65. Quelqu'un disait de X. : « C'est un génie sans intérêt. »
    (« Donc », p.91, Ed. du Sagittaire, 1927)
     
  66. L'argent donne tout ce qui semble aux autres le bonheur.
    (« Donc », p.91, Ed. du Sagittaire, 1927)