Citations ajoutées le 05 octobre 2008

  
Louis-Philippe de Ségur

  1. L'histoire est un appel des erreurs contemporaines aux jugements de la postérité.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCLXXVI), p.88, Alexis Eymery, 1823)
     
  2. L'histoire renferme l'expérience du monde et la raison des siècles : c'est un maître impartial dont nous ne pouvons réfuter les raisonnements, appuyés sur des faits ; il nous montre le passé pour nous annoncer l'avenir ; c'est le miroir de la vérité.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCLXXVII), p.88, Alexis Eymery, 1823)
     
  3. Devant le tribunal de l'histoire les conquérants descendent de leurs chars de triomphe ; les tyrans n'effraient plus par leurs satellites ; les princes nous apparaissent sans leur cortège, et dépouillés de la fausse grandeur que leur prêtait la flatterie.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCLXXVIII), p.89, Alexis Eymery, 1823)
     
  4. Le flambeau de l'histoire montre constamment la justice entourée de la paix, de l'amour, et de l'estime ; tandis que l'ambition, le fanatisme, la rébellion et la tyrannie sont toujours punis par de longs malheurs, et flétris par les inflexibles arrêts de la postérité.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCLXXIX), p.89, Alexis Eymery, 1823)
     
  5. L'histoire, en respectant la piété, ne peut louer des actes d'intolérance ; la plus injuste persécution est celle qui veut se placer entre le ciel et la terre, comprimer la pensée, et tyranniser les consciences.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCLXXX), p.89, Alexis Eymery, 1823)
     
  6. Les leçons de l'expérience doivent prouver éternellement aux hommes de tous les pays à combien de malheurs on expose sa patrie, lorsqu'on l'abandonne, et à quelles erreurs on se livre lorsqu'on se fie aux promesses trompeuses et à la protection intéressée de l'étranger.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCLXXXI), p.90, Alexis Eymery, 1823)
     
  7. L'amour de la patrie ne connaît point d'obstacles ; partout où il existe, il opère des prodiges.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCLXXXII), p.90, Alexis Eymery, 1823)
     
  8. Se venger de l'injustice de son pays, c'est la justifier.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCLXXXIII), p.91, Alexis Eymery, 1823)
     
  9. Un pays est près de sa décadence, dès qu'on y voit les magistrats violer la justice, et les citoyens braver les lois.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCLXXXIV), p.91, Alexis Eymery, 1823)
     
  10. Le pays le plus heureux est celui où l'on sent le moins l'action d'un gouvernement.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCLXXXV), p.91, Alexis Eymery, 1823)
     
  11. Dès que la vertu obscurcie recommence à briller au milieu d'une nation vaincue, elle se relève de ses ruines ; son exemple crée des héros, opère des prodiges.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCLXXXVI), p.91, Alexis Eymery, 1823)
     
  12. Souvent l'époque où les nations brillent du plus grand éclat précède de peu d'instants celle de leur chute ; il ne faut qu'une injustice, une trahison, pour renverser l'édifice élevé par les travaux de plusieurs siècles.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCLXXXVII), p.92, Alexis Eymery, 1823)
     
  13. On ne peut se flatter de soulever une nation contente de ses lois.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCLXXXVIII), p.92, Alexis Eymery, 1823)
     
  14. Il faut être supérieur en tout à la nation qu'on veut réformer et régénérer.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCLXXXIX), p.92, Alexis Eymery, 1823)
     
  15. Il faut respecter les habitudes d'un2 nation, parce qu'elles sont encore plus fortes que ses lois : si ses habitudes sont bonnes, elles font sa vigueur ; si elles sont vicieuses, on ne doit les attaquer qu'avec beaucoup de prudence, de temps et de ménagements ; il faut y porter non le feu qui brûle, mais la lumière douce qui éclaire.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCXC), p.92, Alexis Eymery, 1823)
     
  16. La vertu des grands hommes ne déprend pas des préjugés de leur siècle ; dignes de l'immortalité, ils pressentent la justice éternelle.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCXCI), p.93, Alexis Eymery, 1823)
     
  17. Les grands hommes ont toujours des héritiers de leur pouvoir, rarement des héritiers de leur fortune, et plus rarement encore des héritiers de leur génie.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCXCII), p.93, Alexis Eymery, 1823)
     
  18. Les grands principes font les grands hommes ; l'habileté seule ne produit que des hommes fameux.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCXCIII), p.93, Alexis Eymery, 1823)
     
  19. L'expérience de tous les siècles apprend qu'on succède aux grands hommes, et qu'on ne les remplace pas.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCXCIV), p.94, Alexis Eymery, 1823)
     
  20. On ne doit imiter des grands hommes que leurs vertus.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCXCV), p.94, Alexis Eymery, 1823)
     
  21. L'horizon des hommes de génie est plus étendu que celui de leurs contemporains.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCXCVI), p.94, Alexis Eymery, 1823)
     
  22. La renommée des grands hommes s'augmenter par la médiocrité de leurs successeurs : l'envie se tait alors, et laisse sentir plus vivement leur prix.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCXCVII), p.94, Alexis Eymery, 1823)
     
  23. L'autorité se trouve toujours entre deux écueils : le mépris qu'inspire la faiblesse, et la haine qu'excite l'arbitraire.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCXCVIII), p.95, Alexis Eymery, 1823)
     
  24. L'autorité n'existe plus dès qu'elle a rendu l'obéissance honteuse et la révolte honorable.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCXCIX), p.95, Alexis Eymery, 1823)
     
  25. L'autorité qu'on méprise est bientôt bravée.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCC), p.95, Alexis Eymery, 1823)
     
  26. Toute autorité abuse de ses avantages.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCCI), p.95, Alexis Eymery, 1823)
     
  27. Le vrai secret d'affermir son autorité, c'est de la fortifier par l'amour.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCCII), p.95, Alexis Eymery, 1823)
     
  28. Toute autorité contestée et mécontente de ses limites cherche à obtenir par la crainte ce qu'elle ne peut obtenir par la loi.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCCIII), p.96, Alexis Eymery, 1823)
     
  29. Le pouvoir est ombrageux par sa nature, comme la liberté est méfiante par son essence.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCCIV), p.96, Alexis Eymery, 1823)
     
  30. Pour maintenir le respect du pouvoir absolu, il faut qu'il brille de l'éclat de la victoire ; et la gloire militaire est ce qui fait le plus d'illusions sur la perte de la liberté.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCCV), p.96, Alexis Eymery, 1823)
     
  31. Une nation qui cède le pouvoir absolu à un homme lui donne le droit de tout oser, et s'impose la nécessité de tout souffrir.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCCVI), p.96, Alexis Eymery, 1823)
     
  32. Un pouvoir qui s'élève en s'isolant devient d'autant plus fragile qu'il est plus haut, qu'il se prive de solidité en se privant de base, et qu'aucune force ne peut s'appuyer que sur ce qui résiste.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCCVII), p.97, Alexis Eymery, 1823)
     
  33. Un pouvoir engagé dans la route sanglante de l'injustice ressent la crainte qu'il inspire, éprouve la haine qu'il excite ; c'est une pente funeste et glissante où l'on ne peut ni s'arrêter ni reculer.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCCVIII), p.97, Alexis Eymery, 1823)
     
  34. Il n'est qu'un pas de la faiblesse à la cruauté ; on abuse d'autant plus du pouvoir qu'on est plus incapable de l'exercer.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCCIX), p.97, Alexis Eymery, 1823)
     
  35. Tout pouvoir qui prend, au lieu de loi, la force pour appui, est à la fin renversé par elle.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCCX), p.98, Alexis Eymery, 1823)
     
  36. La peur, aveu involontaire qui naît du sentiment d'une grande faute, accompagne nécessairement toute domination établie contre l'opinion publique par une force étrangère.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCCXI), p.98, Alexis Eymery, 1823)
     
  37. L'opposition déplaît à toute volonté, à toute puissance ; et cependant cette volonté, cette puissance, en ont toujours besoin ; c'est elle qui fait leur vraie force, le charme de leurs jouissances ; sans elle tout languirait, rien n'existerait même dans ce monde : tout dans la nature vit par contrainte et par opposition.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCCXII), p.98, Alexis Eymery, 1823)
     
  38. En politique, comme en architecture, la symétrie est indispensable ; sans parler d'hiérarchie héréditaire, il faut différents étages pour bâtir ; et, en toute construction, égaliser c'est démolir.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCCXIII), p.99, Alexis Eymery, 1823)
     
  39. Les manifestes sont les voiles de la politique.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCCXIV), p.99, Alexis Eymery, 1823)
     
  40. On devinerait presque toutes les énigmes de la politique, si l'on voulait d'abord bien étudier les bonnes ou mauvaises qualités de ceux qui la dirigent ; car les passions et les faiblesses des gouvernants influent toujours plus sur les événements que l'intérêt des gouvernés.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCCXV), p.99, Alexis Eymery, 1823)
     
  41. Malheureusement la morale est presque toujours exclue de la politique, et les états se croient plus dispensés que les particuliers de garder leur foi.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCCXVI), p.100, Alexis Eymery, 1823)
     
  42. Tout le monde aujourd'hui s'occupe de politique : pour elle la jeunesse oublie ses plaisirs, la vieillesse ses chagrins, les femmes leur ménage, les prêtres leur bréviaire, les marchands leur négoce, les médecins leurs malades.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCCXVII), p.100, Alexis Eymery, 1823)
     
  43. Les grandes pensées ne peuvent germer et croître que dans les grandes âmes ; si elles entrent dans un esprit étroit, elles y sont étrangères, et s'en voient bientôt chassées par des passions basses et vulgaires.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCCXVIII), p.100, Alexis Eymery, 1823)
     
  44. Tout gouvernement qui est forcé à une paix désavantageuse ne la fait que pour se reposer, panser ses blessures, réparer ses forces, et se préparer à la vengeance.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCCXIX), p.101, Alexis Eymery, 1823)
     
  45. Une paix honteuse n'est qu'une trompeuse trêve ; elle ne satisfait jamais pleinement le vainqueur, et le vaincu ne peut la supporter. Tout peuple humilié doit se venger ou être détruit.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCCXX), p.101, Alexis Eymery, 1823)
     
  46. Les paix honteuses ne sont jamais longues.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCCXXI), p.101, Alexis Eymery, 1823)
     
  47. Les seules paix un peu durables sont les paix modérées, parce qu'elles ne laissent point de ressentiment.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCCXXII), p.102, Alexis Eymery, 1823)
     
  48. À la guerre la fortune se range presque toujours du côté de ceux qui la méprisent.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCCXXIII), p.102, Alexis Eymery, 1823)
     
  49. Tel est le malheur des guerres d'opinions, soit politiques, soit religieuses : chacun, voyant la vertu de son côté et le crime dans le camp ennemi, croit tous les moyens légitimes pour arriver à son but, et enfreint sans scrupule les règles de la morale et de la justice.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCCXXIV), p.102, Alexis Eymery, 1823)
     
  50. On n'est opprimé que parce qu'on est lâche ; la tyrannie ne reste puissante que parce qu'on lui obéit ; et pour qu'un peuple soit libre, il lui suffit de le vouloir.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCCXXV), p.102, Alexis Eymery, 1823)
     
  51. L'arbitraire donne de l'aliment au feu du fanatisme politique, qui ne succombe jamais plus promptement que sous l'autorité d'une force légale et d'une impartiale justice.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCCXXVI), p.103, Alexis Eymery, 1823)
     
  52. L'arbitraire, accroissant le nombre des mécontents, augmente par là même et nécessairement l'espoir et les moyens de succès des factions.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCCXXVII), p.103, Alexis Eymery, 1823)
     
  53. Un allié trop puissant devient souvent plus redoutable qu'un ennemi.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCCXXVIII), p.103, Alexis Eymery, 1823)
     
  54. Un allié puissant est un maître.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCCXXIX), p.104, Alexis Eymery, 1823)
     
  55. L'arme la plus dangereuse de la tyrannie est l'accusation pour crime de lèse-majesté, qu'on ne peut jamais définir avec précision, et qui, dans tous les temps, servit de prétexte pour condamner l'innocence, pour effrayer le courage, pour dépouiller l'opulence, pour opprimer la liberté.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCCXXX), p.104, Alexis Eymery, 1823)
     
  56. Presque toutes les fautes reprochées à la tyrannie peuvent être attribuées à la servilité des victimes qui la flattent tant qu'elle les épargne, et qui ne l'accusent que lorsqu'elles en sont frappées.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCCXXXI), p.104, Alexis Eymery, 1823)
     
  57. La tyrannie a toujours besoin des armes, puisque la force lui tient lieu de droit, et que sa main de justice n'est qu'une main de fer.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCCXXXII), p.105, Alexis Eymery, 1823)
     
  58. La tyrannie la plus violente sent toujours la nécessité de voiler ses noirs desseins sous des formes légales.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCCXXXIII), p.105, Alexis Eymery, 1823)
     
  59. La pire des tyrannies est celle qui opprime la pensée.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCCXXXIV), p.105, Alexis Eymery, 1823)
     
  60. La tyrannie ne s'aperçoit de ses erreurs qu'au moment où elle sent le besoin de l'esprit public qu'elle a détruit.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCCXXXV), p.105, Alexis Eymery, 1823)
     
  61. Le sort des tyrans est de craindre tous ceux qu'ils font trembler.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCCXXXVI), p.106, Alexis Eymery, 1823)
     
  62. Le premier masque des tyrans est presque toujours populaire.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCCXXXVII), p.106, Alexis Eymery, 1823)
     
  63. Un tyran, haï et méprisé, redoute plus ses sujets que ses ennemis.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCCXXXVIII), p.106, Alexis Eymery, 1823)
     
  64. Il n'existe pas de tyrans pires que ceux qui ont commencé leur vie dans la servitude ; ils exercent le pouvoir comme une vengeance.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCCXXXIX), p.106, Alexis Eymery, 1823)
     
  65. La peur fit toujours les tyrans : dès qu'un gouvernement sait qu'il est haï, il sent le besoin d'être craint, et il cherche à éloigner la terreur qu'il éprouve par celle qu'il inspire.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCCXL), p.106, Alexis Eymery, 1823)
     
  66. Les tyrans redoutent les historiens, comme les brigands craignent les juges.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCCXLI), p.107, Alexis Eymery, 1823)
     
  67. Le despotisme est le repos de l'anarchie.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCCXLII), p.107, Alexis Eymery, 1823)
     
  68. Sous le despotisme, les épigrammes, les satires, sont les dernières armes dont la faiblesse des peuples se sert dans l'ombre contre les tyrans.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCCXLIII), p.107, Alexis Eymery, 1823)
     
  69. Le despotisme affaiblit sa base en s'élevant : bientôt il n'a plus pour appui que la roue mobile de la fortune ; et dès qu'elle chancelle, il tombe sans secours, parce qu'il existait sans soutien.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCCXLIV), p.107, Alexis Eymery, 1823)
     
  70. Le despotisme est condamné à l'inconséquence, puisqu'il est par lui-même tout ce qu'on peut concevoir de plus opposé à la raison, à la nature, et à la justice.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCCXLV), p.108, Alexis Eymery, 1823)
     
  71. Dans tout pays libre le danger commun raille les esprits ; et la tranquillité intérieure y règne, lorsque la paix extérieure est troublée.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCCXLVI), p.108, Alexis Eymery, 1823)
     
  72. Dans les grands dangers l'envie se tait, l'intrigue s'effraie, les courtisans se cachent, et les hommes courageux se montrent.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCCXLVII), p.108, Alexis Eymery, 1823)
     
  73. Il est une fermeté de caractère qui éloigne tous les dangers, parce qu'elle empêche de les craindre. La peur les attire, le mépris les écarte, et l'on inspire toujours la confiance qu'on éprouve.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCCXLVIII), p.109, Alexis Eymery, 1823)
     
  74. Lorsque l'ambition s'empare de l'âme, elle y étouffe tout autre sentiment ; dès qu'elle parle, la nature se tait.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCCXLIX), p.109, Alexis Eymery, 1823)
     
  75. Les revers ralentissent, mais n'éteignent pas l'ambition.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCCL), p.109, Alexis Eymery, 1823)
     
  76. Ceux qui ont joué la vertu par ambition cessent de se contraindre dès qu'ils sont parvenus au pouvoir.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCCLI), p.109, Alexis Eymery, 1823)
     
  77. Tout ambitieux doit s'accoutumer aux orages de l'océan populaire, les calmer au lieu d'irriter leur furie, et capter une bienveillance qu'on ne peut forcer.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCCLII), p.110, Alexis Eymery, 1823)
     
  78. L'ambitieux armé qu'on place près de la couronne n'a, pour ainsi dire, que le bras à étendre pour la saisir.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCCLIII), p.110, Alexis Eymery, 1823)
     
  79. Les ambitieux les plus intrépides ne savent pas braver la disgrâce comme le danger.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCCLIV), p.110, Alexis Eymery, 1823)
     
  80. Les ambitieux, pour braver et violer les lois, appellent à leur appui la force militaire, ignorant que cette force, qui paraît leur garantir l'impunité, doit leur devenir plus funeste que la liberté et que la justice qu'ils redoutent. Celui qui ne veut trouver nulle part de résistance finit par ne trouver nulle part d'appui.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCCLV), p.110, Alexis Eymery, 1823)
     

Augusta Amiel-Lapeyre

  1. Chaque âme rend un son particulier. C'est la rencontre de ces sons qui produit l'harmonie.... ou le désaccord.
    (Pensées sauvages - 2e série, p.7, Desclée de Brouwer, 1930)
     
  2. Les heures qui peuvent contenir les plus grandes choses sont les plus courtes.
    (Pensées sauvages - 2e série, p.7, Desclée de Brouwer, 1930)
     
  3. Le confessionnal c'est la boîte aux lettres de la conscience.
    (Pensées sauvages - 2e série, p.7, Desclée de Brouwer, 1930)
     
  4. Ne cherche pas à abriter tes maux près des grandes joies... ni des grandes peines.
    (Pensées sauvages - 2e série, p.7, Desclée de Brouwer, 1930)
     
  5. Le psychologue est un bactériologue.
    (Pensées sauvages - 2e série, p.7, Desclée de Brouwer, 1930)
     
  6. Au déclin de la vie, les gradins qui invitent l'homme à descendre ne sont pas d'égale hauteur.
    (Pensées sauvages - 2e série, p.7, Desclée de Brouwer, 1930)
     
  7. La solitude atteint l'homme à l'âge où il la subit avec le plus de difficulté.
    (Pensées sauvages - 2e série, p.8, Desclée de Brouwer, 1930)
     
  8. Ceux-là qui sont aux deux extrêmes de l'échelle sociale peuvent avoir de la désinvolture dans leurs gestes et leurs attitudes ; on excuse les uns parce qu'ils sont « les grands », les autres parce qu'ils sont « les petits ».
    (Pensées sauvages - 2e série, p.8, Desclée de Brouwer, 1930)
     
  9. C'est quand le corps est entre quatre murs que l'esprit fait ses plus lointains voyages.
    (Pensées sauvages - 2e série, p.8, Desclée de Brouwer, 1930)
     
  10. Entre femmes il est de ces petites amitiés qui prennent comme la poudre et s'éteignent avec la même rapidité : ce sont les fusées du coeur.
    (Pensées sauvages - 2e série, p.8, Desclée de Brouwer, 1930)
     
  11. À la campagne, les jours de pluie et de bourrasque, si notre oisiveté le permet, nous abritons notre ennui au fond de notre « Moi »... où d'ailleurs nous trouvons parfois d'autres rafales.
    (Pensées sauvages - 2e série, p.8, Desclée de Brouwer, 1930)
     
  12. Le sens chrétien est l'oxygène de l'âme.
    (Pensées sauvages - 2e série, p.8, Desclée de Brouwer, 1930)
     
  13. À la rencontre des douleurs morales, nos souffrances physiques recherchent l'appui des vieux murs familiers.
    (Pensées sauvages - 2e série, p.9, Desclée de Brouwer, 1930)
     
  14. Les « nouveaux riches » de la pensée puisent sans discernement dans les trésors littéraires du passé.
    (Pensées sauvages - 2e série, p.9, Desclée de Brouwer, 1930)
     
  15. Triturer la pâte des potins sans y incorporer des antiseptiques c'est intoxiquer la société.
    (Pensées sauvages - 2e série, p.9, Desclée de Brouwer, 1930)
     
  16. L'amitié mal cultivée est envahie par les broussailles.
    (Pensées sauvages - 2e série, p.9, Desclée de Brouwer, 1930)
     
  17. Les animaux choyés ne font que bénéficier des désillusions de l'homme.
    (Pensées sauvages - 2e série, p.9, Desclée de Brouwer, 1930)
     
  18. Auprès de grandes secousses morales le corps reprend sa marche, mais l'âme ne suit pas.
    (Pensées sauvages - 2e série, p.9, Desclée de Brouwer, 1930)
     
  19. La superstition s'attache aux natures simples à la façon de ces plantes sauvages qui s'enroulent autour d'un arbuste.
    (Pensées sauvages - 2e série, p.9, Desclée de Brouwer, 1930)
     
  20. Certains n'ont pas de défaillances ; ils n'ont que des lacunes.
    (Pensées sauvages - 2e série, p.10, Desclée de Brouwer, 1930)
     
  21. L'enfance bercée par nous, berce parfois aussi notre peine.
    (Pensées sauvages - 2e série, p.10, Desclée de Brouwer, 1930)
     
  22. Le malheureux médecin « Tant pis » était un provincial, mais son confrère « Tant mieux » était né à Paris.
    (Pensées sauvages - 2e série, p.10, Desclée de Brouwer, 1930)
     
  23. Examiner - quand on le peut - les circonstances qui entourent les fautes des autres c'est presque les excuser.
    (Pensées sauvages - 2e série, p.10, Desclée de Brouwer, 1930)
     
  24. Il y a des larmes qui sont le dilettantisme de la douleur.
    (Pensées sauvages - 2e série, p.10, Desclée de Brouwer, 1930)
     
  25. Le soupir est le prolongement attristé de la parole... ou du silence.
    (Pensées sauvages - 2e série, p.10, Desclée de Brouwer, 1930)
     
  26. Le talent est le produit d'une intelligence supérieure appliquée à un labeur. Le génie est une sorte d'étincelle divine.
    (Pensées sauvages - 2e série, p.10, Desclée de Brouwer, 1930)
     
  27. À une heure de notre existence, nous croyons avoir des ailes. La vie les brise : et nous montre qu'elles sont destinées seulement à un monde prochain.
    (Pensées sauvages - 2e série, p.11, Desclée de Brouwer, 1930)
     
  28. Les prophètes de malheur commencent parfois ainsi leur prédiction : « Un beau jour... »
    (Pensées sauvages - 2e série, p.11, Desclée de Brouwer, 1930)
     
  29. Dans l'océan des vulgarités les pensées nobles apparaissent comme des îles.
    (Pensées sauvages - 2e série, p.11, Desclée de Brouwer, 1930)
     
  30. La souffrance de ceux qui vieillissent est le résultat du désaccord qui s'établit entre le corps et l'âme.
    (Pensées sauvages - 2e série, p.11, Desclée de Brouwer, 1930)
     
  31. Nous tendons dans le vide de multiples fils d'araignée pour former la toile qui pourrait retenir le bonheur.
    (Pensées sauvages - 2e série, p.11, Desclée de Brouwer, 1930)
     
  32. Nos joies ne sont pas cette gerbe de fleurs serrées que voudraient enlacer nos bras douloureux. Elles sont les rares fils d'or que nous arrachons à la trame sombre de nos jours.
    (Pensées sauvages - 2e série, p.11, Desclée de Brouwer, 1930)
     
  33. La serviabilité est la contrefaçon de la bonté.
    (Pensées sauvages - 2e série, p.12, Desclée de Brouwer, 1930)
     
  34. On endort les maux de l'enfant avec des chants. L'homme soulage les siens par de cris.
    (Pensées sauvages - 2e série, p.12, Desclée de Brouwer, 1930)
     
  35. Les pensées qui ont le plus de force sont encloses dans l'inexprimé.
    (Pensées sauvages - 2e série, p.12, Desclée de Brouwer, 1930)
     
  36. L'homme éveillé choisit ses rêves. Celui qui dort les subit.
    (Pensées sauvages - 2e série, p.12, Desclée de Brouwer, 1930)
     
  37. Alignées le long des rues, dans la petite ville, les maisons se connaissent et de leurs yeux vitrés s'entreregardent. Maisons de Paris, vous ignorez ces petites intimités et n'êtes que des isolées dans vos entassements.
    (Pensées sauvages - 2e série, p.12, Desclée de Brouwer, 1930)
     
  38. L'homme - je n'ai pas dit la femme - exerce sa malignité sur l'infériorité intellectuelle de son semblable ; mais il accorde un pardon inavoué à ses fautes morales.
    (Pensées sauvages - 2e série, p.12, Desclée de Brouwer, 1930)
     
  39. Quand notre esprit peut se mouvoir dans la phrase avec souplesse et élégance, soyons satisfaits de la cage que nous lui construisons et ne demandons pas à la rime de venir y ajouter d'autres barreaux.
    (Pensées sauvages - 2e série, p.13, Desclée de Brouwer, 1930)
     
  40. L'on ne rachète par les méfaits de l'égoïsme.
    (Pensées sauvages - 2e série, p.13, Desclée de Brouwer, 1930)
     
  41. Nous vivons, nous agissons comme si notre vie terrestre devait durer toujours. Cette impression d'éternité est donnée par notre âme.
    (Pensées sauvages - 2e série, p.13, Desclée de Brouwer, 1930)
     
  42. Ceux qui peuvent dématérialiser toutes leurs ambitions tiennent la clef du bonheur.
    (Pensées sauvages - 2e série, p.13, Desclée de Brouwer, 1930)
     
  43. Savoir donner nous confère un privilège exquis, puisqu'il force les coeurs à nous dire : « Entrez. »
    (Pensées sauvages - 2e série, p.13, Desclée de Brouwer, 1930)
     
  44. Comme les croix, les ailes sont à la mesure de chacun.
    (Pensées sauvages - 2e série, p.13, Desclée de Brouwer, 1930)
     
  45. L'amour est la nostalgie inconsciente du ciel.
    (Pensées sauvages - 2e série, p.14, Desclée de Brouwer, 1930)
     
  46. Ceux chez qui règnent la mesure et l'harmonie, ne savent pas quel voisinage leur serait le plus incommode : celui des avares, ou celui des prodigues.
    (Pensées sauvages - 2e série, p.14, Desclée de Brouwer, 1930)
     
  47. Dans notre Midi, le vin est souvent une lie dans laquelle on s'enlise.
    (Pensées sauvages - 2e série, p.14, Desclée de Brouwer, 1930)
     
  48. Quand les ailes ont poussé aux petits oiseaux, le nid se désagrège.
    (Pensées sauvages - 2e série, p.14, Desclée de Brouwer, 1930)
     
  49. Celui qui plante un clou dans l'appartement où il s'installe croit toujours plus ou moins y fixer le bonheur.
    (Pensées sauvages - 2e série, p.14, Desclée de Brouwer, 1930)
     
  50. C'est déjà aimer Dieu que d'aimer ceux qui l'aiment.
    (Pensées sauvages - 2e série, p.14, Desclée de Brouwer, 1930)
     
  51. Il n'appartient pas aux seuls aviateurs de regarder la terre de très haut.
    (Pensées sauvages - 2e série, p.14, Desclée de Brouwer, 1930)
     
  52. Aux abords d'une gare, j'entends dans la nuit profonde le cri strident d'une locomotive en partance. Ce cri est lugubre et ressemble à l'appel désespéré d'un être en détresse.
    (Pensées sauvages - 2e série, p.15, Desclée de Brouwer, 1930)
     
  53. Quand les mots affectueux de nos amis nous sont transmis par des indifférents ou des hostiles, ils nous paraissent déformés.
    (Pensées sauvages - 2e série, p.15, Desclée de Brouwer, 1930)
     
  54. Ne trouvez-vous pas souvent lassante la compagnie perpétuelle de cet être que chacun de nous appelle « Moi » ?
    (Pensées sauvages - 2e série, p.15, Desclée de Brouwer, 1930)
     
  55. On voit souvent, depuis la guerre, des yeux de femme contenir tant de douleur que leurs paupières paraissent envelopper un reliquaire.
    (Pensées sauvages - 2e série, p.15, Desclée de Brouwer, 1930)
     
  56. Nous ne pouvons nous confier pleinement qu'à Dieu seul.
    (Pensées sauvages - 2e série, p.15, Desclée de Brouwer, 1930)
     
  57. Ne dédaigne pas les phrases, les pensées qui semblent usées par le temps. Fouille-les : Elles te montreront la vérité en un relief puissant.
    (Pensées sauvages - 2e série, p.16, Desclée de Brouwer, 1930)
     
  58. La poésie, c'est souvent « le mal du pays ».
    (Pensées sauvages - 2e série, p.16, Desclée de Brouwer, 1930)
     
  59. Pour l'étude d'une âme, il n'est pas de petit détail.
    (Pensées sauvages - 2e série, p.16, Desclée de Brouwer, 1930)
     
  60. L'homme dit du bien de son sexe par amour-propre, du mal de l'autre... par amour tout court.
    (Pensées sauvages - 2e série, p.16, Desclée de Brouwer, 1930)
     
  61. Les voyages, la maladie, mettent nos défauts à nu.
    (Pensées sauvages - 2e série, p.16, Desclée de Brouwer, 1930)
     
  62. Nous demandons à nos amis la franchise absolue et nous donnons un sens péjoratif à leurs paroles.
    (Pensées sauvages - 2e série, p.16, Desclée de Brouwer, 1930)
     
  63. L'ennui c'est la vie revêtue d'un costume gris.
    (Pensées sauvages - 2e série, p.16, Desclée de Brouwer, 1930)
     
  64. Un encrier est un univers : il contient en puissance tous les modes de la pensée.
    (Pensées sauvages - 2e série, p.16, Desclée de Brouwer, 1930)
     
  65. Veux-tu m'entendre et recevoir le trop-plein de mon âme ?... Mais la tienne pourra-t-elle le contenir ?...
    (Pensées sauvages - 2e série, p.16, Desclée de Brouwer, 1930)
     
  66. Avec des « Si » on voudrait construire, avec des « Mais » on démolit.
    (Pensées sauvages - 2e série, p.17, Desclée de Brouwer, 1930)
     
  67. Les portes des vieilles maisons, comme celles des vieux coeurs, sont les plus accueillantes.
    (Pensées sauvages - 2e série, p.17, Desclée de Brouwer, 1930)
     
  68. L'aveugle doit substituer aux horizons de la terre ceux de l'âme, et créer en lui un être dématérialisé.
    (Pensées sauvages - 2e série, p.17, Desclée de Brouwer, 1930)
     
  69. Bien des aveugles sont des clairvoyants, mais combien plus de clairvoyants sont des aveugles.
    (Pensées sauvages - 2e série, p.17, Desclée de Brouwer, 1930)
     
  70. La bonté est remplacée chez l'avare par la serviabilité.
    (Pensées sauvages - 2e série, p.17, Desclée de Brouwer, 1930)
     
  71. Seigneur, où placez-vous ces étoiles éteintes qui voulurent briller loin de votre soleil ?
    (Pensées sauvages - 2e série, p.17, Desclée de Brouwer, 1930)
     
  72. Ceux qui ont la prétention de tout savoir n'ont pas souvent le talent de tout comprendre.
    (Pensées sauvages - 2e série, p.18, Desclée de Brouwer, 1930)
     
  73. C'est si bon de donner aux bons que, cet acte n'étant guère accompagné de mérite, Dieu nous oblige aussi à donner aux méchants.
    (Pensées sauvages - 2e série, p.18, Desclée de Brouwer, 1930)
     
  74. Jadis, la femme ne se croyait vraiment chez elle que devant son armoire ouverte. Aujourd'hui, son armoire c'est le monde entier.
    (Pensées sauvages - 2e série, p.18, Desclée de Brouwer, 1930)
     
  75. Comme d'un vêtement démodé dont ils rougiraient, ceux qui ne sont plus jeunes ne parlent de leur passé qu'avec réserve.
    (Pensées sauvages - 2e série, p.18, Desclée de Brouwer, 1930)
     
  76. Est-ce un vice de conformation ? certaines bouches n'articulent « Merci » qu'avec difficulté.
    (Pensées sauvages - 2e série, p.18, Desclée de Brouwer, 1930)
     
  77. Celui qui se noie, ne trouvant pas de branche à saisir, chercherait à s'accrocher à une toile d'araignée !
    (Pensées sauvages - 2e série, p.18, Desclée de Brouwer, 1930)
     
  78. Le poète a sans doute du divin dans les yeux, puisqu'il voit de la beauté à tout, même à l'homme déchu.
    (Pensées sauvages - 2e série, p.19, Desclée de Brouwer, 1930)
     
  79. La souffrance aiguë disperse nos possibilités et réduit en parcelles tout notre être moral.
    (Pensées sauvages - 2e série, p.19, Desclée de Brouwer, 1930)
     
  80. La vieillesse frappe longtemps à la porte des retardataires avant qu'on lui dise : « Entrez » ; mais une fois introduite, elle est maîtresse de la place.
    (Pensées sauvages - 2e série, p.19, Desclée de Brouwer, 1930)
     
  81. L'activité qui en ce moment agite le monde est alimentée en partie par les besoins factices que l'homme et surtout la femme se sont créés.
    (Pensées sauvages - 2e série, p.19, Desclée de Brouwer, 1930)
     
  82. Les croix dorées sont généralement en plomb.
    (Pensées sauvages - 2e série, p.19, Desclée de Brouwer, 1930)
     
  83. Bien des femmes écrivains ont l'orgueil des parvenus.
    (Pensées sauvages - 2e série, p.19, Desclée de Brouwer, 1930)
     

Natalie Clifford-Barney

  1. Plus que les mauvaises langues il y a de mauvaises oreilles.
    (Éparpillements, p.15, Persona, 1982)
     
  2. La gloire : être connu de ceux qu'on ne voudrait pas connaître.
    (Éparpillements, p.15, Persona, 1982)
     
  3. Tu es tellement plus belle que tout ce qui peut t'arriver.
    (Éparpillements, p.16, Persona, 1982)
     
  4. Marié : n'être ni seul ni ensemble.
    (Éparpillements, p.16, Persona, 1982)
     
  5. Je ne m'explique pas, je m'obéis.
    (Éparpillements, p.16, Persona, 1982)
     
  6. Ne point suivre ceux qui s'arrêtent à nous, ni les conduire !
    (Éparpillements, p.17, Persona, 1982)
     
  7. N'oser critiquer que ce qu'on admire.
    (Éparpillements, p.17, Persona, 1982)
     
  8. De mauvaise compagnie pour eux-mêmes, ils recherchent autrui.
    (Éparpillements, p.17, Persona, 1982)
     
  9. C'est de moi-même que je suis la plus curieuse.
    (Éparpillements, p.18, Persona, 1982)
     
  10. On a parfois ce que l'on désire et ce n'est pas ce que l'on désire.
    (Éparpillements, p.18, Persona, 1982)
     
  11. Je ne juge d'après leurs actes que ceux pour qui j'ai de l'antipathie.
    (Éparpillements, p.18, Persona, 1982)
     
  12. Je juge le charme des êtres par la facilité à m'exprimer en leur présence !
    (Éparpillements, p.19, Persona, 1982)
     
  13. La délicatesse : cette aristocratie de la force... Qu'ils doivent en manquer ceux qui la nomment impuissance !
    (Éparpillements, p.19, Persona, 1982)
     
  14. Être fataliste, cette façon d'accueillir, de toute sa paresse, l'évitable.
    (Éparpillements, p.19, Persona, 1982)
     
  15. Devant certains êtres je crois difficilement à l'évolution universelle.
    (Éparpillements, p.20, Persona, 1982)
     
  16. Le merveilleux c'est l'audace de sans cesse l'exiger, le créer.
    (Éparpillements, p.20, Persona, 1982)
     
  17. Être assez absorbée pour ne plus penser à tout.
    (Éparpillements, p.21, Persona, 1982)
     
  18. Je subis une crise d'équilibre !
    (Éparpillements, p.22, Persona, 1982)
     
  19. On n'est pas soi-même tous les jours, heureusement.
    (Éparpillements, p.23, Persona, 1982)
     
  20. Ceux qui ont pu s'endormir fâchés ne s'éveilleront plus ensemble.
    (Éparpillements, p.23, Persona, 1982)
     
  21. La dentelle : l'art des trous.
    (Éparpillements, p.24, Persona, 1982)
     
  22. Aimer, c'est doubler son regard.
    (Éparpillements, p.25, Persona, 1982)
     
  23. La mode : la recherche d'un ridicule nouveau.
    (Éparpillements, p.25, Persona, 1982)
     
  24. L'affinement de la souffrance : sourire.
    (Éparpillements, p.27, Persona, 1982)
     
  25. Je voudrais vous faire ce don merveilleux d'un amour que vous auriez pour moi.
    (Éparpillements, p.31, Persona, 1982)
     
  26. Qu'avez-vous vu au Salon ?
    J'ai vu... qu'on me regardait.

    (Éparpillements, p.32, Persona, 1982)
     
  27. Elle aimait à voir sur ses murs, seuls tableaux d'elle, ses miroirs.
    (Éparpillements, p.32, Persona, 1982)
     
  28. Être libre, quand ce ne serait que pour changer dans cesse d'esclavages.
    (Éparpillements, p.33, Persona, 1982)
     
  29. Que de fois on aime ce qu'on n'aime pas, et plus encore que de fois on n'aime pas ce qu'on aime !
    (Éparpillements, p.33, Persona, 1982)
     
  30. Une femme à prendre ou à laisser - non à prendre et à laisser.
    (Éparpillements, p.33, Persona, 1982)
     
  31. Que de beautés ne sont pas belles !
    (Éparpillements, p.34, Persona, 1982)
     
  32. Elle avait trente-cinq ans, c'est-à-dire parfois dix-sept et parfois quarante-sept.
    (Éparpillements, p.36, Persona, 1982)
     
  33. On est trahi par son quotidien.
    (Éparpillements, p.37, Persona, 1982)
     
  34. Mes songes sont les ombres des réalités, à moins qu'ils n'en soient les clartés.
    (Éparpillements, p.37, Persona, 1982)
     
  35. Se parler, oui, pour savoir qu'on est du même silence.
    (Éparpillements, p.41, Persona, 1982)
     
  36. Ce n'est qu'après l'avoir dite que je puis penser ma pensée.
    (Éparpillements, p.50, Persona, 1982)
     
  37. Il avait ces trois marques de l'impersonnalité : un menton fuyant, la Légion d'Honneur, une alliance.
    (Éparpillements, p.53, Persona, 1982)
     
  38. S'ils n'étaient que libres penseurs, mais ils sont libres parleurs !
    (Éparpillements, p.55, Persona, 1982)
     
  39. Que de bassesses pour monter.
    (Éparpillements, p.56, Persona, 1982)
     
  40. Comment vous vouloir du mal ? N'êtes-vous pas ce que j'aurais pu vous souhaiter de pire ?
    (Éparpillements, p.56, Persona, 1982)
     
  41. J'aurais dû choisir un jour de carnaval pour voir la vie : plus je regarde de visages, plus j'aime les masques.
    (Éparpillements, p.57, Persona, 1982)
     
  42. L'artiste, ce travailleur de sa joie, cet amant de tout hasard, choisissant parmi les réalités ses réalités, et qui, à tout ce qu'il prend, s'ajoute lui-même...
    (Éparpillements, p.57, Persona, 1982)
     
  43. Toute expression, tout art est une indiscrétion que nous commettons envers nous-mêmes.
    (Éparpillements, p.60, Persona, 1982)
     
  44. Il y a aussi des indiscrétions de silence.
    (Éparpillements, p.61, Persona, 1982)
     
  45. On en dit : « C'est un homme en vue, » c'est-à-dire qu'il ne s'élève jamais au-delà de leurs visions. - Et cela est rassurant - pour eux.
    (Éparpillements, p.61, Persona, 1982)
     
  46. La charité, seule pitié logique ?
    (Éparpillements, p.66, Persona, 1982)
     
  47. Il y a deux espèces de questions, l'interrogation et la réponse : ceux qui interrogent posent la question, ceux qui répondent la déplacent.
    (Éparpillements, p.70, Persona, 1982)
     
  48. Je l'ai perdue de vue, ou plutôt elle m'a perdue de vue : que de gens on ne voit plus que de profil !
    (Éparpillements, p.70, Persona, 1982)
     
  49. La vie la plus belle est celle que l'on passe à se créer soi-même, non à procréer.
    (Éparpillements, p.74, Persona, 1982)
     
  50. S'observer est dangereux - mais ne pas s'observer est ennuyeux.
    (Éparpillements, p.75, Persona, 1982)
     
  51. Redire une vérité ne la rend pas moins vraie, sauf peut-être pour celui qui l'a déjà dite !
    (Éparpillements, p.76, Persona, 1982)
     
  52. La plus difficile des réalisations : soi-même.
    (Éparpillements, p.76, Persona, 1982)